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Activités étrangères au Grand Kah - Page 8

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Le velsnien libéré, la social-démocratie au cœur ! informations offertes par le Groupe industriel Falieri a écrit : Fabrizio Lograno, 16 septembre 2016

La guerre des chiffres entre Antegrad et Ouwanlinda: quand le décompte des morts devient un levier politique


Il faut avoir vécu dans une grotte ces derniers mois pour ne pas avoir entendu parler de la dernière crise politique en date en Afarée de l'Ouest. Non pas que cette région est particulièrement connue pour sa grande stabilité, ou ses régimes démocratiques, mais il faut bien l'admettre: cette affaire concerne indirectement la Grande République de Velsna, ou plutôt, elle est en lien avec un pays qui autrefois, figurait comme étant le joyau de l'ancien Empire colonial. A priori, ce facteur n'a pas grand chose à voir avec la situation actuelle, mais c'est précisément une situation de rapport post-colonial qui est à l'origine de l'escalade entre les deux nations de l'Ouwanlinda et de l'Antegrad, à savoir l'implication des deux pays dans la guerre civile gondolaise (à bien des égards, les escarmouches Ouwanlinda-Antegrad sont un conflit périphérique dans lequel se sont jetés les deux dictateurs).

Mais plus que tout, cette crise nous enseigne des éléments précieux de communication et de propagande dans un contexte de tension. En effet, au lendemain du bombardement de l'Antégrad de l'Ouwanlinda, puis de l'assassinat du chef d'état autoproclamé de l'Antegrad Idi Amar en réponse, il semblerait que les deux entités aient joué des coudes, dans un affrontement entre communicants: d'un côté l'Antegrad, soutenu indirectement par trois puissances afaréennes, en particulier Azur, et dont le soutien du Duché de Sylva, lié à l'ancien dictateur par les liens du commerce. De l'autre, l'Ouwanlinda, qui semble être en train de rassembler du soutien parmi des membres de la communauté internationale dans une optique alter-mondialiste, ce vers quoi le dictateur Ateh Olinga se dirige tout naturellement au vu de son engagement pan-afaréen débordant sur une forme locale et exotique de socialisme. En résulte une flopée d'engagements, de prises de paroles et de tentatives de tirer la couverture à soi depuis désormais plusieurs semaines. D'un côté, on argue que la mort d'Idi Amar était méritée au vu de la nature controversée de son régime et des attaques contre l'Ouwanlinda ayant précédé son assassinat, quand de l'autre on considère Ateh Olinga comme un danger public pouvant réitérer son action sur d'autres chefs d'état à sa portée. Sacré casse tête que de dénouer le vrai du faux dans un cadre où nous avons le choix entre des articles kah tanais probablement financés par son gouvernement et les communiqués du gouvernement de l'Antegrad que le Duché de Sylva paraît reprendre pour argent comptant et sans le moindre filtre, malgré encore une fois, la nature du régime antégrain où la liberté de presse n'est pas garantie.

Dans ce cadre, que nous reste-il de la vérité ? Pouvons nous seulement avoir des sources fiables sur les motivations des deux belligérants ? Sur la véracité des accusations que l'on porte contre eux ? Sur le décompte des morts ayant eu lieu jusqu'à présent ? Car il faut le noter: depuis le début de la crise, la victime de ce conflit dont on parle le moins semble être indéniablement la vérité. Les chiffres déployés par l'un ou l'autre camp, celui des victimes, serait ainsi devenus rien de plus que des éléments de communication que l'on reprend pour faire valoir sa position, et renforcer ses appuis diplomatiques. Mais qu'en est-il véritablement du bilan humain provoqué par cette crise ? Heureusement, les équipes du Velsnien Libéré sont parvenues à trouver plus amples informations sur le sujet, qui n'ont pas été faciles d'accès au vu de la nature de ces deux régimes où la rétention de la vérité est monnaie commune, et où celle-ci est bien souvent considérée comme une arme de guerre. Pour en savoir davantage, il nous faut reprendre depuis le début, et identifier les relais de communication des gouvernements en cause, aux évènements auxquels ils renvoient et au passif de fiabilité ou non des informations qui en sont issues.


La question des médias ouwanlindais: quand un dictateur dit la vérité (pour une fois)

De loin, l'Ouwanlinda est le pays qui a le moins communiqué sur le bilan des pertes depuis le début de l’escalade, se targuant de chiffres évoqués une seule fois dans le cadre des suites du bombardement antégrain de la base militaire de Cascade-Croco. Comme souvent, c'est Ateh Olinga lui-même qui assure le service après vente de la presse officielle du pays. Le chef d'état s’adresse volontiers à ses sujets/citoyens sans intermédiaire, et à priori sans beaucoup de filtres au vu des digressions observées dans ses discours. L'Ouwanlinda, pour une dictature de ce type, ne semble pas avoir les moyens d'un contrôle strict des médias du pays, à défaut d'en avoir la volonté, et une presse d'opposition, bien que relativement timide et probablement apeurée par la possible répression, semble exister. Du moins, les ouwanlindais semblent être en mesure de pouvoir obtenir des journaux étrangers. L'accès à internet en revanche, est plus difficile au vu de l'état des infrastructures numériques ouwanlindaises.

Dans ce contexte, qu'en est-il de la position ouwanlindaise sur cette "bataille des chiffres" ? Si l'on en croit les discours présidentiels, le bilan total des victimes des opérations de bombardement s'élève à quarante ouwanlindais. Olinga n'hésite pas à rappeler ce nombre de manière récurrente depuis l'évènement, ce qui confirme l'importance que prend celui-ci dans la communication ouwanlindaise, et dans l'argumentaire de la défense des actes qui ont suivi. Qu'en est-il de la confirmation ou non d'un tel bilan ? Comme on le sait, les ctioyens velsniens n'ont pas le droit de cité en Ouwanlinda, aussi l'accès à un bilan complet a nécdessité de la part de nos équipes la mise en place de quelque ruse et d'aide de la part de partenaires étrangers. Nous avons donc dû obtenir l'information tant recherché de la part de journalistes achosiens, dont le gouvernement a des vues plus favorables du régime olinganien. A partir de là, il a fallu pour ces derniers effectuer la difficile tâche de remonter les sources de l'information dans un pays où les infrastructures ne permettent le bon relais des communications, de même que son régime paraît peu disposé au reportage indépendant. Malgré tout, les défaillances étatiques du pays ont paradoxalement aidé ces derniers à passer les mailles du filet gouvernemental ouwanlindais. Et la conclusion de l'enquête a surpris notre rédaction: le gouvernement ouwanlindais semble avoir dit la vérité à ce sujet. Même si nous n'avons trouvé des informations que sur 38 des 40 victimes supposées, force est de constater que leur décès a bien été enregistré par les administrations olinganiennes, facilitées par les registres militaires, et par la collaboration que certains chefs de village ont offert à nos partenaires achosiens.

Cette nouvelle a été particulièrement surprenante du fait qu'il n'est pas courant pour un régime de la sorte de faire ainsi, la plupart préférant minimiser les conséquences humaines pour ne pas paraître en position de faiblesse. Mais ce n'est pas la stratégique qu'a adopté l'Ouwanlinda, qui compte sur un soutien international que cette action antégrine rendrait possible. Parfois, même ce type de régime peut faire usage de la vérité à ses propres fins, lorsque la situation s'y prête.


Exagérations et flou dans les médias antégrains:

C'est lorsqu'on comprend la stratégie de communication des dictatures que l'on peut identifier leurs besoins du moment. Tout comme l'Ouwanlinda, l'Antegrad doit absolument rassembler tout le soutien politique possible afin de tirer meilleur parti de la situation. Or, si l'Ouwanlinda, sur la guerre des chiffres, semble avoir vu en la vérité une chose bien commode qui n'avait pas besoin d'être déformée, il en a été bien différent pour les médias aténgrains, ou plutôt le médiat antégrain, puisque seul le Journal "Le Grain" semble être distribué en masse, et relayé par la télévision locale. L'Antregrad a une approche de la communication bien différente de son adversaire, et l'image d'une "dictature cool" est favorisée par le commerce international ai sein duquel ce pays est désormais un acteur. En effet, le commerce et les retombées financières associées permet parfois de passer l'éponge sur des aspects peu enviables de nos partenaires, que l'on aurait tendance à mettre sous le tapis pour faire bonne mesure. L'Antegrad a de la chance en ce sens, car le Duché de Sylva est un partenaire de longue date, en particulier dans le cadre du commerce d'uranium, mais nous reviendrons à son rôle plus tard.

Le gouvernenent de l'Antegrad donc, ne relaie sa communication officielle que par l'intermédiaire du Grain. Il convient donc de nous fier à la fiabilité de ce média par le degré de pertinence que ses articles peuvent avoir hors du cadre de la crise ouwanlindaise. Le Draim est un journal généraliste dont les thèmes d'actualité les plus récurrents sont sans conteste l'annonce d'exercices militaires, accompagnée d'annonces de résultat sportifs, curieux mélange qui peut laisser entendre l'existence d'une société de loisir, somme toute limitée. De prime abord donc, il n'y a que peu de conclusions que l'on peut tirer, jusqu'à le début de la crise diplomatique avec l'Ouwanlinda. En effet, il paraissait évident que le traitement médiatique du bombardement de Cascade-Croco par les deux gouvernements. Il est courant que les chiffres revendiqués de tels évènements ne soient pas les mêmes, entre deux gouvernements, et ce n'est pas là chose choquante dans le cadre de nos enquêtes. Mais de là à constater une telle différence entre le bilan des pertes donné par les autorités ouwanlindaises et celles de l'Antegrad, témoignent d'une différence de perception de la réalité que nous n'avions pas constaté depuis un certain temps. En effet, alors que l'Ouwanlinda annonce une quarantaine de morts dans le cadre de l'attaque, relativement proche des chiffres officiels et dont l'erreur semble être davantage dûe à la faiblesse structurelle de l’État Ouwanlindais, l'Antegrad de fent au même moment d'un communiqué évoquant le chiffre de "plusieurs millions de morts". Dans un premier temps, nous pouvions penser à une erreur de frappe, mais il s'avère que c'est bien là la version des évènements brandie par Idi Amar.

Au delà du caractère grotesque de la manœuvre, cela soulève plusieurs interrogations: en premier lieu, il paraît incompréhensible que les services de propagande aient considéré comme pertinent sur le plan médiatique pour les interêts à long terme de l'Antegrad: d'une part car le chiffre en lui même est totalement disproportionné et ne reflète en rien la réalité des faits observés par nos équipes, mais d'autre part, ce mensonge crée un précédent sur la propension du gouvernement antégrain à l'extrapolation et au mensonge, vis à vis de ses partenaires comme de sa propre population.

Dans ce cadre, l'attaque ouwanlindaise sur l'un des palais présidentiels aboutissant à la mort d'Idi Amar est au centre de la propagande gouvernementale antégrine, tout comme celle de Cascade-Croco est au centre de la propagande ouwanlindaise. Cette attaque au missile qui a totalement pétrifié la plupart des observateurs internationaux a été immédiatement suivie de condamnations de l'ouwanlinda par un certain nombre de nations, comme l'Azur ou le Finnjouri, qui du reste, n'ont pas remis en cause les chiffres des pertes avancés par leur partenaire, alors même que l'on connaît désormais la tendance à la déformation. Car sans en remettre en cause la nature profondément choquante de l'acte, dont la brutalité nous paraît inconnue en Eurysie, les chiffres avancés par l'Antégrad nous semblent sortis d'un chapeau.

En effet, le journal du Draim a bien entendu, au vu de l'ampleur de l'évènement, effectué une couverture médiatique de la mort du président et de l'attaque. Le bilan a été établit par ce dernier à une dizaine de morts, mettant l'accent sur le fait qu'il s'agissait de civils, sans en détailler davantage sur leur identité. Et le problème réside bien là: l'imprécision du Draim sur cet aspect semble d'entrée de jeu apparaître comme troublante, d'autant qu'aucun autre média n'a couvert les évènements, le Draim étant à priori le seul média du pays. Dans ce même article, est répété le bilan de "dizaines de millions de morts" infligés à l'Ouwanlinda lors des bombardements de Cascade-Croco, ainsi que des témoignages de manifestation devant l'ambassade de l'Ouwanlinda en Antegrad, ambassade qui n'existe pas, et d'agressions envers de supposés employés de l’ambassade, qui eux non plus, n'existent pas.

Ces éléments ont été le premier "cri d’alerte" sur le degré de confiance que l'on peut accorder aux chiffres exprimés par le Draim. Il a donc été décidé par nos équipes de procéder à une enquête sur le terrain, qui au vu du contexte politique, a été tout aussi difficile que celle effectuée par nos collègues achosiens en Ouwanlinda. Toutefois, à contrario du premier cas, il nous a été possible de nous rendre en Ategrad en personne. Sur place en revanche, il nous a été très difficile d'accéder à des informations pertinentes sur le bilan final de l'attaque. En premier lieu, les lieux du bombardement nous ont été rendu impossibles d'accès. Il a fallu donc nous appuyer sur des relais indirects, et qui ne sont pas des sources gouvernementales, ce qui a été, comme nos lecteurs pourront le comprendre, relativement compliqué à obtenir. Nous n'avons eu accès à aucune photographie de victime extirpée des décombres, ou de toute autre dépêche de presse émise par un autre média que le Draim. Pour extirper la vérité de sa caverne, il nous a donc fallu recourir à des méthodes alternatives. Car si le site de l'explosion n'est pas accessible au public, il en est autrement de l'endroit où les corps finissent leur course: à savoir les morgues de la capitale antégrine, où l’enregistrement des entrants a fait l'objet de notre part d'une enquête aussi fastidieuse que chronophage. Le résultat est sans appel: sur la dizaine de morgues recensée, aucune n'a fait état d'une entrée de corps en provenance du site de l'attaque dans les jours suivants. Cependant, dans le même temps, nous avons pu observer la mise en place d'une cellule de soutien de l'armée antégrine à neuf blessés. Se pourrait-il que le gouvernement de l'Antegrad troque blessés et morts afin d’alourdir le bilan de manière artificielle ? Probable. Cette hypothèse a été conformée par nos recherches que nous oavons également mené dans les différents états-civils de la capitale, où là encore, aucune décès associé à l'attaque autre que celui d'Idi Amar n'a été constaté.

Toute cette affaire a le mérite de mettre au devant de la scène le degré de véracité que l'on peut accorder à certains pays, ce qui n'a toutefois pas empêcher certains de tomber dans le piège...

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