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Activités étrangères au Gondo - Page 9

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GONDO, LA GUERRE SALE (partie 3)
La présence clovanienne, retour du colonialisme au XXIème siècle


Par Patrick LEFORESTIÉ et Annaluanda KITSESHEDI
Publié le 29.06.2016 à 9h21

clovafarée
Maximilien Dietrich, patron du géant de l'hôtellerie TOURHOTEL, est salué par la garde présidentielle gondolaise à son arrivée au Gondo.


"Le colonialisme, c'est maintenir quelqu'un en vie pour boire son sang goutte à goutte." Voilà ce que nous aurions pu écrire, en une phrase plutôt qu'en mille, en suivant la maxime d'écrivain de Massa Diabaté. Mais il fallait encore qu'AFAREA AWAKENS se penche pour décrire et décomposer les faits, les détails et la réalité du néocolonialisme clovanien au Gondo. Loin d'être une locution accusatoire dont se gargariseraient, par effet d'automatisme, quelques orateurs intentionnés performant une rhétorique eurysiophobe, la question du colonialisme est bien sur la table. Que le préfixe « néo » qu'on y appose ne fasse pas perdre de vue la description de l'entrée de la Clovanie au Gondo et la nature de sa politique en Afarée. Il ne vise qu'à resituer l'action de la République Impériale Pétroléonienne dans son contexte, qui n'est pas celui d'un dix-neuvième siècle exacerbé par les progrès du charbon, de l'acier, des économies industrielles eurysiennes et du nationalisme, mais celui d'un vingt-et-unième siècle qu'on pensait définitivement débarrassé des logiques impériales, et noyé dans une soupe numérique et médiatique où flottent, pêle-mêle, les espoirs d'une gauche utopique et les exactions périphériques d'un libéralisme débridé. Il faut laisser les effets de tribune et cesser de se gargariser de mots anathèmes, et repartir du réel.

Le réel, pour nous, commence le 5 septembre 2010. Dans la nuit tropicale, les premiers transporteurs de troupes atterrissent sur la surface bitumée de l'aérodrome de Porzh-Erwan, et dans la banlieue de Sainte-Loublance, première phase du déploiement d'un contingent clovanien de 18'000 soldats au Gondo. Non seulement toléré par le régime présidentiel en place, mais surtout accompagné, sollicité et facilité par lui, cette intervention est le fruit d'un accord négocié au printemps entre Désiré Flavier-Bolwou, chef de la République Libre et Démocratique du Gondo, et Gaspard Razoumikhine, Ministre Impérial des Affaires Étrangères de Clovanie. Déjà englué dans un conflit ouvert face à la guérilla mené par des groupes d'oppositions tels que le Groupe d'Action Légitime Kwandaoui (GALK), le Mouvement Pitsi-Libertés (MPL) et d'autres, le gouvernement de Sainte-Loublance voit alors la Clovanie comme un appui providentiel. Le royaume eurysien, fort de considérables moyens militaires et industriels, cherche alors à redorer son blason sur la scène international, à une époque où l'Occident est marqué de vexations intempestives que lui infligent tour-à-tour l'oligarchie carnavalaise et l'autocratie loduarienne. C'est donc dans ce pacte faustien, entre un régime afaréen à bout de souffle, et un Etat nationaliste en quête de gloriole militaire, que se noue le destin du Gondo dans les années qui suivent.

Déjà perçu comme un gigantesque terrain d'entraînement pour son matériel neuf et ses recrues enthousiastes, le Gondo est pour la Clovanie l'occasion d'un déploiement qui s'accroît et se renforce au fil des ans. Galvanisés par leurs succès, notamment par l'élimination de la guérilla dans toute la région côtière sud constatée dès décembre 2010, les Clovaniens renforcent leur influence et leur emprise sur le territoire contrôlée par le gouvernement légitimiste. Un personnage, celui de l'envoyé spécial Ives de Tholossé, incarne ce véritable cheval de Troie militaire et diplomatique que l'Empereur Pétroléon V vient de planter dans le coeur de l'Afarée. L'envoyé se met aussitôt au travail, obéissant aux impératifs cachés de cette intervention qui n'a rien d'humanitaire ; dès l'annonce de la sécurisation des plages, les capitaux clovaniens se rendent au Gondo pour y prospecter le potentiel touristique de la région autant que pour y constater l'aubaine d'un pays aux ressources minières considérables, livré à leur contrôle incontestable.

À partir d'avril 2011, c'est donc avant tout pour la défense de ses investissements et l'affermissement de son emprise sur le Gondo que la Clovanie organise de nouvelles manoeuvres, parvenant à décapiter le GALK à travers une opération aussi vive que violente dans l'intérieur des terres, et provoquant le reflux du Mouvement de Libération Likra dans les vallées encaissées de l'Est du pays. Les routes sont dégagées entre les grandes villes de la côte, et des opérations tactiques ouvrent à l'exploitation les mines de la région Gonda Central. Les échecs majeurs qu'essuient les troupes clovaniennes, avec la capture d'un cargo transportant du matériel militaire par des pirates alliés à l'Armée Démocratique en 2013, et plus tard la chute de Cap-Franc aux mains des rebelles après une bataille ayant fait plus de 3500 morts dont plus d'un millier de combattants clovaniens, ne sont cependant pas de nature à contraindre la Clovanie à revoir sa politique au Gondo. Au contraire, Legkibourg accentue sa stratégie d'emprise et intensifie ses efforts pour garder le contrôle du terrain.

Mis en difficulté par les succès foudroyants des rebelles dans l'interception des convois, le contingent clovanien répond par le renforcement de ses bases et de ses ateliers, produisant en 2014 des munitions pour son usage et celui des forces gouvernementales dans sa base de Sarcopte. Par ailleurs, la Clovanie déploie une escadre navale dans la zone maritime sud pour renforcer la sécurité des navires qui alimentent autant ses forces militaires que ses entreprises sur place ; cinq patrouilleurs, deux corvettes, deux frégates, et quatre sous-marins dont deux équipés d'ogives balistiques quadrillent les eaux territoriales gondolaises sur la façade sud. Le rôle d'auxiliaire a été renversé en quelques années ; désormais, c'est bien la hiérarchie clovanienne qui imprime sa volonté sur le champ de bataille, la police et l'armée gondolaises étant mises devant le fait accompli d'un allié mieux équipé et plus fanatisé qu'elles.

Car fanatisme est bien le mot : se décrivant eux-mêmes comme les « forces du Bien », les Clovaniens identifient leur présence militaire au Gondo comme celle d'anges gardiens, ainsi que le dépeint la propagande qu'ils diffusent au sein de la population. Au contraire, leurs opposants sont « les avatars du Malin », les pires d'entre eux étant « les communistes », dont l'idéologie diabolique est à l'exact inverse des valeurs proclamées par la phraséologie militaire clovanienne. Ces discours, qui transparaissent même dans les échanges diplomatiques, ainsi que l'a montré la réaction de la Clovanie à la Déclaration de 33 Etats pour la paix au Gondo, indiquent un raidissement mental teinté de fanatisme pseudo-religieux. Ce langage, qui n'est même pas celui du gouvernement officiel gondolais, a de quoi inquiéter même les alliés de la République Pétroléonienne. Après la chute de Cap-Franc, le Maréchal Joffrin déclare que « tous les civils doivent combattre les communistes », cette « malédiction ». Les patrouilles se multiplient, rendant le soldat clovanien ostensible dans les villes gondolaises, mais établissant un rapport d'autorité entre le prétendu protecteur et les citoyens de la République Libre.

L'emprise militaire de la Clovanie non seulement sur la population dont elle prétend assumer la sécurité, mais sur l'appareil d'Etat gondolais, est abordée par nos confrères du Globe Diplomatique dans un article du 28 novembre 2015. Ils y estiment que « le contrôle du Gondo sur la gestion de ses infrastructure touristique a été formellement abandonné par le second traité clovano-gondolais. » « Le président peut-il seulement se défaire de son allié ? »interrogent-ils ; nous sommes alors à la fin de l'année 2015... Selon eux, le piège pourrait se refermer sur « DFB » : ayant abandonné des pans entiers de son économie au nouvel arrivant, qui assure désormais la sécurité du régime et donc un rôle politique primordial au Gondo, le régime présidentiel pourrait n'être bientôt plus qu'un jouet dans la main de l'état-major clovanien.

Car cet état-major ne vise pas seulement le contrôle militaire ; comme on l'a dit plus haut, dès le début des opérations clovaniennes au Gondo, cette présence s'accompagne de lucratifs investissements. Le secteur hôtelier est le plus marquant ; Tourhôtel, entreprise spécialisée dans l'hébergement touristique, acquiert des terrains et lance dès 2011 la construction de plus de soixante-dix hôtels de luxe. Selon le Globe Diplomatique, les conditions d'acquisition de ces terrains relèvent du « land grabbing », ce procédé par lequel les puissances financières évincent les populations locales, au mépris de leurs droits, et accaparent la propriété foncière pour la détourner de l'usage social habituel et la vouer à la productivité économique. Cette pratique, pointée comme un marqueur essentiel du néocolonialisme économique, est caricaturale au Gondo. Confiés à des entreprises clovaniennes, les chantiers de l'hôtellerie qui fleurit comme champignons le long de la côte sécurisé par l'armée est un marché juteux. Par ailleurs, c'est également à des capitaux clovaniens que sont confiés la régie des transports publics, via RMTBV qui prend le contrôle de la flotte de bus de ville gondolaise...

C'est donc non seulement dans les secteurs économiquement profitables, mais aussi dans ceux qui la rendent visible auprès de la population, que la Clovanie investit des moyens conséquents. Dans les rues de Sainte-Loublance, l'armée étrangère assure ainsi la distribution de nourriture autant que le maintien de l'ordre, se substituant à la police loyaliste dans le plus grand silence consensuel de la Djéroua et du Président. Mais c'est la « Nouvelle École Gondolaise » qui est, parmi les projets fantasques de Legkibourg, le plus détonnant ; ce système offre une éducation gratuite aux enfants gondolais, dans des établissements scolaires où ils apprennent le français, « la langue et l'histoire clovanienne », un enseignement historique « basé sur l'union de la nation gondolaise » et « l'effacement des ethnies » ; en somme, un véritable programme de réécriture de l'identité gondolaise au service de l'Etat clovanien ! Cette tentative grossière de faire disparaître la diversité des cultures locales, d'effacer les traditions en formatant les jeunes esprits par un récit national idéologique et autoritaire, est sans doute l'attentat le plus odieux à la souveraineté et à la dignité du peuple gondolais. Comment peut-on expliquer le Désiré Flavier-Bolwou laisse faire pareil embrigadement de la nation dont il a la charge, dans un nouvel ordre strictement et irréfutablement colonial ?

Comment peut-on dès lors ignorer que, de toute évidence, la solution de la paix au Gondo ne peut se satisfaire d'un accommodement avec les structures installées par la Clovanie pour proroger sa domination ? Au XXIème siècle, l'ère des impérialismes est terminée ; assurément, l'opinion publique mondiale, qu'elle soit afaréenne, nazumie ou eurysienne, ne saurait s'accommoder d'aucune forme de colonialisme. Il faut bien écrire colonialisme, qui caractérise factuellement la situation, là où l'accusation de fascisme à l'encontre du régime clovanien en minimise le degré de spoliation Nord-Sud qu'on a constaté dans ces pages. Alors oui, au-delà d'une opposition de principe, et d'un affrontement idéologique, c'est bien au nom du principe universellement accepté par tous les Etats qu'il faudra que la présence clovanienne au Gondo prenne fin. Et pourtant, face à la cruauté du conflit, peut-on se satisfaire des offres alternatives à ce régime de la plantation ? C'est ce que nous aborderons dans une prochaine édition.
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Déclaration de l'ambassade azuréenne à Sainte-Loublance

Sainte-Loublance, le 25 septembre 2016

Les 22 et 23 septembre dernier, les citoyens gondolais étaient appelés aux urnes pour les élections présidentielles. Si le Diwan ne peut qu'approuver le procédé de consultation citoyenne pour affermir la légitimité des Etats, il s'inquiète néanmoins de nombreux faits qui viennent entacher le vote et sapent ainsi le caractère unificateur du suffrage national. Les incidents rapportés dans certains bureaux de vote feront vraisemblablement l'objet d'investigations poussées et amèneront le Président présumément réélu, Monsieur Désiré Flavier-Bolwou, à permettre que toute la lumière soit faite et que des conséquences soient tirées de ces incidents.

Si les circonstances l'avait permis, l'Azur aurait souhaité adresser de sincères félicitations au dirigeant élu de la République Libre et Démocratique du Gondo. Cependant, la situation gravissime qui prévaut sur le terrain n'incite pas à l'optimisme. De nombreux observateurs gondolais ont qualifié le processus électoral d'"anticonstitutionnel", du fait de la partition de fait du territoire national entre des autorités concurrentes, à savoir le gouvernement civil et les groupes armés rebelles des régions périphériques.

Quel que soit le modèle institutionnel du Gondo, l'Azur regrette qu'il soit instrumentalisé et que puissent être privés de leur droit constitutionnel au vote les populations habitant dans des territoires tenus par les rebelles où l'élection n'a donc pu se dérouler. De même, l'Azur regrette l'attitude unilatéraliste du gouvernement officiel que très nombreuses voix dénoncent à l'intérieur et à l'extérieur du Gondo.

En tant qu'Etat afaréen responsable, en tant que signataire de la Déclaration de 33 Etats appelant à la paix au Gondo, le Diwan tient à formuler ses amers regrets quant au fait que l'élection s'est ainsi tenue sans qu'aucune trêve permettant sa réalisation à l'échelle du territoire national n'ait été trouvée ni même recherchée. Le Diwan déplore la situation présente qui ouvre une voie de légitimité à une partition politique durable du territoire de la nation gondolaise dans le prolongement d'affrontements sans fin. Une telle solution, contraire aux intérêts profonds du peuple gondolais et de tous les Etats afaréens soucieux du respect de leur souveraineté intégrale, risque de devenir une réalité de fait. La tenue des élections présidentielles en-dehors de toute considération pour la paix entre les camps politiques qui s'affrontent par les armes plutôt que par les urnes risque de faire préférer à certains l'idée d'une indépendance provinciale plutôt que d'une solution pacifique nationale.

Le Diwan exhorte donc une nouvelle fois les autorités gondolaises et Monsieur le Président Désiré Flavier-Bolwou à faire preuve de mesure et à démontrer leur légitimité par leur capacité à dialoguer avec leurs opposants et à réunir leur peuple autour d'une trêve durable. L'Azur se tient prêt à porter assistance à un tel processus. Au-delà de lui, c'est toute l'Afarée qui appelle à la fin des atrocités et de la division au Gondo, car il ne saurait y avoir d'unité afaréenne sans unité gondolaise.
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Victoire écrasante sur les ethno-séparatistes du M.L.L

Hugues Drovolski abordait cette journée d'automne avec entrain. Aujourd'hui devait être un jour spécial, des nouvelles du front nord-est lui étaient parvenues. En tant que chef du Bureau Central de Renseignement et d'Action, il était censé être l'homme qui en savait le plus sur les évolution politiques et infra-politiques du Gondo, ce qui lui supposait une certaine longueur d'avance sur ses subordonnés. Il avait pris soin, au cours des quelques mois de construction du B.C.R.A, de bâtir un système d'information pyramidal au sommet duquel il se trouvait, récoltant toutes les informations sans que tous les agents n'en sachent trop en dehors de leur zone de compétence. Sans doute cette forme d'organisation prédisposait-elle une certaine dose de nombrilisme et d'ambition chez Drovolski. En tout cas, ce dernier avait aujourd'hui de quoi regonfler son orgueil.

Saluant l'hôtesse d'accueil au rez-de-chaussée, il sut déceler dans le ton de sa réponse un je-ne-sais-quoi de plus enjoué que d'habitude, quelque allégresse que Drovolski craignait qu'elle ne lui ait volée. En effet, si d'autres étaient au courant de la nouvelle, l'effet d'annonce tomberait totalement à plat et Drovolski perdrait la place centrale qu'il s'était attribuée par anticipation dans la diffusion de vigueur engendrée par la réception du précieux renseignement. Il affecta un air neutre et réprima son sourire de tout à l'heure, dans l'espoir de maintenir un peu plus longtemps un semblant de suspens. Un agent de logistique, un gobelet de café à la main, croisa Drovolski dans le couloir et le salua avec une joie que personne au B.C.R.A ne lui avait jamais vue. Drovoslki abandonna ses illusions. Tout le monde était déjà au courant, bien évidemment. Un événement comme celui-ci ne passe pas inaperçu. Les rumeurs avaient dû circuler sur les routes, dans la rue, dans les commerces, les cafés, les restaurants. Chacun avait dû se passer le mot et en savait maintenant autant que Drovolski. Autant, et peut-être plus, puis Drovolski était le seul à penser que les autres ne savaient pas.

Résigné, le chef du B.C.R.A se résolut à transformer son projet de grande annonce en simple confirmation. Comme convenu avec les autorités militaires, il réunirait tout le personnel dans son bureau et brancherait la radio. Le général Hochette prononcerait son discours et chacun regagnerait calmement sa besogne après quelques applaudissements. Une fois tout les fonctionnaires du Bureau Central de Renseignement et d'Action de Sainte-Loublance réunis, c'est-à-dire au total un peu moins d'une trentaine de personnes, Drovolski trouva quelques paroles à prononcer avant le discours du général.

"Fonctionnaires du B.C.R.A, je pense qu'il est inutile de vous préciser la raison de cette réunion. Nous allons bientôt entendre les mots du général Hochette, à travers lesquels vous pourrez apercevoir les fruits de notre travail acharné. Si les tâches que vous menez au quotidien au Bureau peuvent parfois vous sembler vaine, sachez que nous progressons, et que le bras guerrier de la politique clovanienne au Gondo s'appuie aussi sur votre travail. Ce n'est pas parce qu'on ne tient pas un fusil qu'on ne combat pas. Vos renseignements à tous sont précieux dans la progression vers la victoire. Écoutons maintenant le général."

Hugues Drovoslki fit signe à sa secrétaire qui monta le volume du poste radio trônant au centre du bureau. La voix claire d'un quarantenaire se fit entendre.

"Gondolais, Gondolaises, Clovaniens, Clovaniennes, le général Hochette vous parle. Ces derniers jours ont été ceints par la gloire et c'est le cœur allègre que je prononce ce discours. Rassemblant nos forces dans un élan de courage et de vigueur patriotique, nous avons sû nous tailler un chemin de victoire dans la jungle de l'est gondolais. Hier, les forces du despotisme ethnique, de la cécité racialiste, et de la barbarie séparatiste ont abandonné le sud du fleuve Gonda. Des milliers d'hommes et de femmes ont pu retrouver leur vraie patrie, celle de la nation gondolaise libre et unie.

Quelque trois mille sept cents hommes ont fendu la forêt pour racheter de leur courage un territoire longtemps perdu par les forces du Bien. Avançant sans peur dans l'obscurité, ils ont déjoué les pièges des pirates du M.L.L. Des mines factices avaient été dispersées par ces derniers, ce qui n'a pas effrayé nos soldats dans leur quête de libération et qui a surtout révélé la vraie nature de nos ennemis : beaucoup de discours, mais finalement un refus de nous faire face. Je n'apprendrais rien à personne en rappelant qu'une grande tyrannie est le signe d'une faiblesse intrinsèque, d'une peur pour le despote de se faire renverser. Le M.L.L a tenté de briser notre irrésistible avancée par des pièges et des attaques surprises, mais nos forces aériennes ont su déjouer tous leurs plans. Comme la conscience divine d'un homme plane toujours au-dessus de son esprit et guette ses mauvaises actions, nous prévoyions d'en haut les fourberies des séparatistes Likras pour en désamorcer les effets.

La victoire est éclatante, le Mouvement de Libération Likra est réduit à poussières au sud du fleuve Gonda. Ce dernier marque à ce jour la limite entre la civilisation et la barbarie, entre la liberté et le despotisme, mais il ne saurait demeurer à une telle fonction dans l'avenir. Les exigences de notre mission nous poussent à ne pas laisser les milliers de Gondolais et de Gondolaises vivant au nord du fleuve végéter plus longtemps dans le marasme du séparatisme et de la guerre civile.

Malgré la joie de la victoire, il nous faut aussi déplorer la mort d'un soldat clovanien, le seul que nous ayons perdu dans cette offensive. Augustin Hélion était l'homme le plus brave de son bataillon, médaillé à plusieurs reprises. Peu avant la fin des combats, il a rejoint le ciel des patriotes illustres en donnant sa vie à la Patrie et à l'alliance divine entre la Clovanie et le Gondo, victime de son immense courage. La Clovanie et le Gondo se souviendront de son nom."

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ELECTION PRESIDENTIELLE DE 2016
De nouvelles preuves accablent Désiré Flavier Bolwou


Par Eva RANSAELA
Publié le 24.01.2017 à 10h36

https://lh3.googleusercontent.com/proxy/7JLNawLWQwYDnHda3rNQwcjaz2YCaFnbBHe7gkf6F9mi8wW5KzUvRzXZudmyQsphLPQH4Y8amJtJCHVTzCKF4jgH9SJ9PmST_BCITv59
Paul-Henri Logoré reconnaît sa défaite dès l'après-midi de l'élection.


Les suspicions de fraude électorale pesaient lourdement dans l'atmosphère de Sainte-Loublance depuis l'élection du 22 septembre 2016, durant laquelle le Président de la République Libre et Démocratique du Gondo, Désiré Flavier-Bolwou, briguait avec succès sa réélection à ce poste. Dénonciation d'opposants en exil, territoire morcelé par la guerre, et près d'un Gondolais sur trois n'ayant pu se rendre aux urnes ; mais c'est désormais les organisations internationales comme Amnistie International qui mettent en cause les autorités du gouvernement officiel pour la manipulation du scrutin via une série d'anomalies constatées par des observateurs internationaux. La réputation du régime, qui se prétend garant de l'ordre constitutionnel face à l'insurrection communaliste et provincialiste qui divise le pays, est durement entachée sur la scène internationale.

« Un nombre d'enveloppes valant dix, vingt fois le nombre d'inscrits » dans « des dizaines » de bureaux de vote à travers le territoire contrôlé par l'armée républicaine constitue aux yeux des observateurs un « délit électoral manifeste » en contradiction avec la loi gondolaise, ayant pour effet de caractériser un « bourrage d'urnes. » Dans la foulée de ces dénonciations, le rapport d'Amnesty International démontre des « irrégularités volontaires » destinées à fausser le scrutin. Les autorités rétorquent qu'il s'agit « d'allégations infondées » étant donné l'interdiction faite à de nombreuses ONG et observateurs de pénétrer sur le territoire national. Ce bannissement des observateurs avait déjà suscité des inquiétudes sur la sincérité du scrutin présidentiel ; il avait été qualifié d'abusif par de nombreux acteurs internationaux qui redoutaient « une manipulation de la loi et des faits » face à un gouvernement prétextant contre-espionnage, lutte contre le sécessionnisme et intégrité de l'Etat pour refouler les garants d'une élection transparente en-dehors du pays. Mais désormais de « nouvelles preuves » permettent d'identifier que « la plupart des irrégularités ont été commises avec l'autorisation active des services de l'Etat », selon des sources nombreuses et anonymes, qui insistent sur « l'inconstitutionnalité » de l'élection.

L'ensemble des opposants dénonce « une élection truquée », Monsieur Ongalolu du PAREAF appelant notamment à la « démission de Désiré Flavier-Bolwou » dont il juge la présidence désormais « absolument illégitime. » Une dérive autoritaire évidemment accueillie par l'Armée Démocratique et les autres groupes rebelles, réunis une nouvelle fois par une déclaration commune faisant état d'une « parodie d'élection ». Des manifestations spontanées ont éclaté dans de nombreux bureaux de vote, dans des localités pourtant tenues par le régime ; des « troubles à l'ordre public », balaie le prétendument réélu chef de l'Etat, dont la « victoire nette » a été reconnue par son opposant, Monsieur Paul-Henri Logoré, dès les résultats préliminaires annoncés par les instituts.

Alors que les opérations militaires se poursuivent dans l'est du pays, jetant des centaines de réfugiés sur les routes, le toujours-déjà président a promis de se « remettre au travail » (après un aller-retour entre son bureau et le balcon présidentiel acclamé de vivats, sans doute !). On commence à connaître la chanson ; répression brutale de l'opposition, appel continu à une force de substitution clovanienne qui place le Gondo dans un état de dépendance structurelle à l'Eurysie, poursuite de la guerre civile et de l'exploitation de la nation sont au programme de ce second mandat qui pourrait bien être le dernier de la R.L.D.G.
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https://i.imgur.com/xGtCDBk.png

Communiqué diplomatique conjoint
27.01.2017


Le 22 septembre de l'année dernière se tenait l'élection présidentielle au Gondo, dans un contexte de partition du territoire, de guerre civile ouverte malgré les répétés appels pour un cessez-le-feu émis par la communauté internationale, et les doutes exprimés par les organisations non-gouvernementales sur la sincérité du scrutin après l'expulsion de leurs observateurs. De ce scrutin entouré de circonstances préoccupantes émergeait l'annonce de la réélection du Président Désiré Flavier-Bolwou pour un nouveau mandat à la tête de la République Libre et Démocratique du Gondo. Cette annonce a suscité des dénonciations unanimes de l'opposition, mais aussi des organisations internationales qui ont fait état d'irrégularités entachant la sincérité du scrutin.

Les circonstances de cet événement, connaissant la présence de forces armées clovaniennes dans la répression des groupes d'opposition ainsi que des manifestations à l'intérieur du territoire contrôlé par le gouvernement officiel, témoignent d'un regrettable enfoncement du régime de Sainte-Loublance dans un état de dépendance vis-à-vis de son « allié » autant que dans une pratique du pouvoir désormais identifiée comme « anticonstitutionnelle » non plus par les multiples partis d'opposition que compte le pays, mais désormais par les ONG et la presse internationale. L'exclusion de nombreux citoyens gondolais de l'élection présidentielle est contraire à la loi de ce pays, ce qui caractérise l'illégitimité des autorités qui prétendent en être issues.

Le Pacte Afaréen de Sécurité regrette profondément le rejet systématique des appels à un cessez-le-feu, qui aurait permis notamment l'organisation d'élections sincères. Il regrette l'exclusion d'opposants et leur traque à travers une guerre civile sans avenir, et l'ignorance des préoccupations exprimées par ses partenaires afaréens. Il regrette l'entrée de la République Libre et Démocratique du Gondo dans un régime de dépendance néocoloniale vis-à-vis de la Clovanie, un Etat sauvage qui conduit une nouvelle offensive aérienne agressive contre la République d'Ouwanlinda. L'utilisation des bases clovaniennes au Gondo pour frapper d'autres régions de l'Afarée constitue un pas supplémentaire intolérable dans le développement de l'emprise clovanienne. Elle offense le principe d'unité afaréenne et de résolution de leurs différends par les Afaréens eux-mêmes via des pratiques diplomatiques civilisées, principe promu par le Pacte Afaréen de Sécurité.

Les conditions créées par le Président Désiré Flavier-Bolwou sont celles de l'illégitimité de son mandat constitutionnel et de la menace qu'il représente à l'égard des Etats afaréens. Les trois Etats du Pacte Afaréen de Sécurité dénoncent ce jour leurs relations diplomatiques régulières avec Sainte-Loublance et appellent à la mise en oeuvre, sans condition et sans délai, d'une transition politique associant l'ensemble des groupes de la majorité et de l'opposition dans le cadre d'un cessez-le-feu immédiat et pérenne, qu'il lui appartient au premier chef de faire prévaloir.

Le Pacte Afaréen de Sécurité appelle ultimement la République Impériale de Clovanie à interrompre toutes ses opérations au Gondo et en Ouwanlinda, à retirer ses troupes du Gondo et à rapatrier l'ensemble de son armement vers le territoire national, de manière immédiate et intégrale.


Califat constitutionnel d'Azur
Royaume de Finejouri
Fédération Centrale et Démocratique d'Antegrad
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Quitte le pouvoir !

Tiani Jah Kouyane
Chanteur gondolais-azuréen
27.01.2017
2641
- document sans titre -

Drovolski rechignait à se mettre au travail. L'aiguille de l'horloge de son bureau trottait fatalement et le bruit de ses petits pas tambourinaient dans l'esprit du chef du B.C.R.A. Le brouhaha des rues se faisait doucement entendre malgré le double-vitrage et l'empêchait de se concentrer. C'était toujours lorsque les affaires les plus importantes pressaient que l'esprit de Drovolski semblait fuir hors de la pièce. Son cerveau fondait à l'intérieur de sa boîte crânienne et n'importe quelle occupation semblait préférable à celle dont il fallait s'acquitter le plus urgemment possible. Les ordres qu'il avait reçus plaçaient entre ses mains le futur proche de millions de personnes, sur plusieurs continents.

Lui seul dans le B.C.R.A était au courant de ce qui se tramait dans les hautes sphères de l'état-major clovanien. Il avait pour mission de révéler au grand jour un document de la plus haute importance. Ce document ferait vaciller la situation géopolitique du Gondo et la changerait pour des décennies.

Les élections présidentielles de 2016 avaient été la source de remous internationaux inédits qui avaient attiré au couple clovano-gondolais l'inimitié frontale de trois nouveaux ennemis afaréens. Depuis son initiation en 2010, l'opération militaire clovanienne au Gondo avait été incomprise par de nombreux acteurs de la scène internationale, et surtout à l'échelle afaréenne, mais rarement ces critiques avaient dépassé la limite des mots. Or, les derniers événements soulevaient des menaces concrètes qui remettaient en question la survie de l'Armée Impériale sur le sol gondolais.

Mais les élections de 2016 avaient été le moment d'un autre retournement de situation. Chacun était conscient que la popularité de Désiré Flavier-Bolwou n'était plus au beau fixe et qu'il allait devoir trouver une nouvelle stratégie pour décorer son pouvoir d'une légitimité démocratique. Mais personne ne s'attendait à ce qu'il fisse ce qu'il fit pour remédier à ce problème. Le président avait pris à ce moment un risque inconsidéré et aurait tout perdu si sa manœuvre avait été découverte. Trahir sa nation et son allié indispensable, pactiser avec le diable, voilà ce qui s'appelait jouer à la roulette russe.

Les négociations avaient eu lieu dans le plus grand secret et les services présidentiels avaient limité au maximum les potentielles traces écrites de leurs échanges. Rien n'était arrivé aux oreilles de personnes. Rien, jusqu'à ce que Flavier-Bolwou commette la pire erreur de sa vie. Un courrier dans lequel toute la manigance était exposée fut produit, inutilement, alors que l'affaire aurait pu se régler à l'oral, comme d'habitude. Ce courrier, bien évidemment, était arrivé entre les mains des services de renseignement clovaniens. Tout y était écrit : le président demandait des subsides à l'Armée Démocratique et leur garantissait en échange certains territoires après la guerre. La Clovanie ne saurait souffrir une telle trahison.

Ce document, Hugues Drovolski ne le possédait pas. On ne lui avait pas demandé de se le procurer, ni de le divulguer, mais de le produire.
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COMMUNIQUÉ IMPÉRIAL À L'INTENTION DES PEUPLES GONDOLAIS ET CLOVANIEN

C'est le cœur infiniment lourd que Nous avons à révéler au monde l'une des pires trahisons que la Clovanie ait pu endurer ces derniers siècles. Tous les Clovaniens, tous les Gondolais savent combien l'Armée Impériale a donné pour le Gondo. Nombre de nos soldats, de nos frères et de nos fils sont morts sur le sol du Gondo, dans le seul et unique but de repousser plus loin les frontières entre la civilisation et la barbarie, avec pour seul et unique horizon l'établissement éternel de la paix sur le sol du Gondo.

Nous avons la conviction profonde que le peuple du Gondo mérite la prospérité et qu'il serait promis à un avenir admirable si la guerre était éradiquée sur son sol. C'est pourquoi nous avons tout mis en œuvre au service de notre allié. Nous lui avons donné tout ce que nous avions pour l'accompagner dans cette guerre contre la haine et le chaos. Notre sang et nos larmes ont abreuvé son sol, dans l'espérance d'y voir fleurir le calme et la liberté. Tous ces efforts n'ont pas abouti à ce que nous espérions. Devant l'échec, la Clovanie pensait avoir en face d'elle un ennemi coriace et déterminé. C'était sans compter les bâtons dans les roues qui lui venaient de l'intérieur.

Le Président Flavier-Bolwou nous a trahi. Il a trahi la Clovanie, son allié le plus fidèle et le plus cher, mais aussi son peuple, celui qui plaçait tous ses espoirs dans ses mains. En 2016, en prévision des futures élections présidentielles, Désiré Flavier-Bolwou a pactisé avec le démon communiste, faisant la manche de quelques deniers pour l'aider à financer son semblant de campagne. En échange, des régions entières du nord du Gondo furent jetées en pâture aux hordes rouges, destinées à passer sous le joug communiste sans résistance aucune. Par cupidité et soif inextinguible de pouvoir, Désiré Flavier-Bolwou a livré d'un coup de crayon des milliers de gondolais innocents à la tyrannie, à la guerre et à la mort.

Voici le document que nos services ont intercepté, envoyé par les services du président gondolais aux communistes de l'Armée Démocratique.

De : DFB
Pour : Y. Sangaré

Cap Franc et Togubele en plus des autres territoires promis. Attendons argent.

Rien n'a été ajouté ou enlevé au texte de cette infâme missive. Nous l'avons récupérée du bout des doigts, de peur que sa malignité pestilentielle ne nous contamine. Nous voulions que le peuple Gondolais sache quelle genre de pourriture habite son palais présidentiel, quel genre de traître les gouverne dans le mensonge.

Il est inutile de préciser que l'Armée Impériale se retirera au plus vite du territoire gondolais et que la République Impériale rompt toutes ses relations avec le gouvernement présidentiel. Nous demandons à tous les Clovaniens installés au Gondo de regagner leur mère Patrie sans regrets. Peuple gondolais, puisses-tu profiter un dernier moment des vestiges de notre aide passée avant que ton infâme gouvernement ne te les confisque et que ton pays soit ravagé par la destruction.
2256
sigle

Communiqué du Diwan azuréen

Ce 28 avril dernier, l'état-major clovanien au Gondo, engagé dans le cadre de la guerre civile menée par le régime gondolais contre son opposition, a prononcé une annonce surprenante, déstabilisante et malvenue. Justifiant sa volte-face par des informations non vérifiées faisant état d'un rapprochement entre le gouvernement et les factions rebelles réalisé à son insu, l'état-major clovanien a annoncé le retrait prochain de ses troupes. Depuis, le Président Désiré Flavier-Bolwou a dénoncé le revirement de la République Impériale de Clovanie et les a menacées de sanctions.

Conformément à ses multiples déclarations précédentes, le Califat constitutionnel d'Azur considère que le retrait des troupes clovaniennes doit être effectué sans délai. Cette décision, tardive et brusquée, révèle en fait la profonde illégitimité de la présence des troupes clovaniennes au Gondo. Il est souhaitable que cette présence parvienne à son terme ; l'Azur souhaite voir le territoire gondolais débarrassé de toute présence directe et indirecte de la Clovanie en Afarée. Le gouvernement clovanien, qui s'est illustré pour son mépris de la souveraineté gondolaise et de la dignité de l'Afarée toute entière, devrait tirer toutes les leçons de l'échec flagrant et manifeste de l'ensemble de ses opérations militaires, malgré le prix du sang élevé payé par sa jeunesse.

L'Azur ne souhaite pas commenter les informations non vérifiées brandies par l'état-major clovanien au sujet d'un rapprochement entre le camp présidentiel et l'opposition. Le Diwan se refuse à toute ingérence et appelle l'ensemble des parties prenantes et des observateurs internationaux à la retenue. L'appel à un cessez-le-feu entre les forces gouvernementales et l'ensemble des factions rebelles demeure la position du Ministère azuréen des Affaires étrangères. L'Azur se tient prêt à jouer un rôle de facilitateur pour qu'un cessez-le-feu soit décrété et que des négociations visant à rétablir une paix durable puissent voir le jour.

Le Diwan confirme qu'en cohérence avec la position du Pacte afaréen de sécurité, l'ordre constitutionnel doit être rétabli au Gondo. Cela est une étape fortement désirable pour que le pays, réconcilié autour d'autorités légitimées par un accord politique solide au niveau local, soit invité à rejoindre le Pacte. Le Califat constitutionnel d'Azur annonce cependant être prêt à rétablir des relations diplomatiques officielles avec Sainte-Loublance quand un cessez-le-feu sera annoncé.


signature
Houria Ben-el-Teldja
Ministre des Affaires étrangères de plein exercice
01.05.2017
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Appel à l'Afarée

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L'Antérie, le Finejouri et l'Azur appellent à la réunion de tous les Etats afaréens au sein du Pacte fondé le 21 novembre 2016 dernier. Trop de guerres intestines, de massacres impunis, d'injustices, d'ingérences et d'impuissance supportés par l'Afarée, le plus grand continent, le plus ancien et le plus jeune continent de l'Humanité, doivent laisser place à une ère nouvelle. Cette ère sera celle de la souveraineté reconquise et de la puissance affirmée. Elle sera celle de la paix entre nos Etats, de la coopération et de la diplomatie. Elle sera celle de la décolonisation et de l'éradication de l'impérialisme. Elle sera le fruit des efforts concentrés et d'un travail patient ; le Pacte afaréen de sécurité est l'enceinte où ce travail peut être mené. Ni une alliance rigide, ni un mot creux, le Pacte est un espace par et pour les Afaréens, et le lieu de règlement des crises communes. Tous les Etats afaréens capables d'affirmer les valeurs d'indépendance, de paix et de solidarité afaréenne sont appelés à rejoindre le Pacte de sécurité, en signant la Charte qui nous liera comme une feuille de route, un engagement.

Trop longtemps les vœux pieux, les phrases creuses, les tentatives vaines ont comblé de leur inertie les aspirations de nos peuples à la solidarité, et l'intérêt supérieur de nos pays s'est trop souvent contenté de demi-assurances et de précaires équilibres, dépendant des grandes puissances étrangères pour la défense de son propre voisinage. L'Afarée doit reprendre ses droits chez elle et affronter la réalité en adulte.

Nous appelons solennellement tous les Etats afaréens souverains, qu'ils nous aient ou pas témoigné de leur solidarité, à nous rejoindre définitivement par la signature de notre Charte. L'Ustyae Cliar Sochacia, la République du Banairah, l'Empire islamique du Churaynn, la République faravanienne, les Tamurt N'Althajj, la République Libre et Démocratique du Gondo, le Royaume de la cité du désert, la République sacrée et universaliste de la Mandrarika, la République d'Ouwanlinda, l'Île Démocratique d'Anna, la République anterienne côtière d'Ëdango, la Commune de Jadida, la République du Bajusid, le Royaume d'Ameria, le Royaume de Myènè, l'Etat azzymérien, l'Union des Corporations du Phéniskus, la République Fédérale de Kéran, l'Empire Kémimide, la Cité de Qadisha, la République de Kwesara, l'Empire sarranide et l'Empire tikarite sont ainsi invités à nous rejoindre.
15200
Les journalistes.


Nadia ajusta la mise au point. Dans son viseur, la façade claire de l'Hôtel Mirador. Cinq ans de vent salé lui avait retiré tout éclat.

Cela faisait bien cinq ans que l’Armée Démocratique avait pénétrée Cap-Franc. Ce qui aurait dû devenir le phare de l’économie touristique Gondolais était depuis une ville en perpétuelle mutation. Un hub logistique attendant de la guerre. Qu’elle soit un retour de flamme du gouvernement du sud, ou une extension plus en avancée des forces socialistes. Un théâtre d’expérimentations politiques et économiques sans précédent sur la côte Ouest de l’Afarée. Un lieu paradoxal d’entassement cosmopolite, accueillant les marines marchandes de différents pays, les observateurs militaires d’autres, et plus d’espion qu’on aurait aimé l’avouer.

En somme, ce que l’on pouvait dire de ces cinq années, c’est que le monde ne s’était pas effondré. Contrairement aux prévisions les plus dramatiques et aux attentes d’un certain nombre d’observateurs, critiques ou compagnons de route des démocrates, la vie avait continué son cours, les grands changements annoncés par la révolution se mettaient en place, progressivement et sans esclandre. On ne pouvait brusquer tout le pays quand la guerre faisait encore rage. Et puis Cap-Franc était une bête à part. Une ville « classe moyenne », encore que le terme avait peu de sens au Gondo. Un territoire que la prise par les armes ne suffirait pas à intégrer, durablement. Un avant-goût de ce que serait la capitale où l’on avait pu croire, sincèrement croire, aux promesses des Clovaniens.

Tout ce qu’il restait de celles-là, c’était un étrange sentiment d’amertume.

Et les hôtels, évidemment. Ces immenses fantômes de béton témoignaient encore de ce qu’aurait pu devenir le pays, si la guerre n’avait pas tout suspendu. Elle déclencha. Le clic de l'obturateur parut dérisoire face à l'immensité silencieuse du bâtiment. Elle abaissa son appareil, le laissant pendre à son cou.

Leurs façades perdaient de leur charme immaculé à mesure que le vent salé ternissait la peinture crème et saumon. On avait vidé les fontaines et les piscines pour éviter qu’elles ne se changent en nid à moustique. Les chambres restaient inoccupées. Devant, l’étendue blanche de grandes plages, que les blancs auraient tant aimé privatiser. D’immenses fantômes qui témoignaient encore de ce qu’aurait pu devenir le pays. En principe, le sort des hôtels était en suspens. Nadia le savait, un débat de fond persistait concernant leur existence.

L’héritage Clovanien était par nature polémique et la proposition économique qu’ils avaient formulée pour la région était difficile à aborder sans état d’âme. En faire un hub hôtelier majeur. Accueillir une population eurysienne fortunée tous les été. Cette société de service aurait été très éloignée des rêves émancipateurs portée par les idéologues de l’armée rouge. Très éloignée du peuple paysan et ouvrier que l’on voulait voir se dresser dans l’intérieur des terres. Cela dit, les bâtiments étaient déjà construits, les investissements étaient là, il n’y aurait pas grand-chose à faire pour en tirer des dividendes, des richesses utiles à la nation. Le Gondo ne pouvait pas se construire sans capitaux, tôt ou tard il faudrait se demander comment les acquérir.

Alors les hôtels attendaient et, parce qu’ils étaient meublés, parce qu’ils pouvaient en pratique fonctionner, avaient endossés de nombreux rôles jamais trop éloignés de leur fonction initiale. On y avait logé les observateurs étrangers, les journalistes, les réfugiés, les réunions locales des bureaux politiques, militaires, communaux. C’était dans une salle de conférence d’un de ces complexes luxueux qu’on avait appris le départ des clovaniens, et dans l’un des nombreux bar lounge que se rassemblait traditionnellement la classe à part des journalistes de guerre. Ces rapaces à temps partiels, s’abattant sur le pays agonisant quand ses spasmes faisaient croire à sa mort prochaine.

Après cinq ans d’occupation et de guerre à basse intensité, la grande victoire communaliste semblait s’annoncer. Des années à entraîner des troupes et amasser du personnel en prévision d’une guerre de vitesse avait donné naissance au résultat le plus « décevant » qui soit, selon les mots que murmuraient les journalistes, aussi bas que la décence le permettait. Les Cloveniens, conscients sans doute que l’Armée Démocratique était depuis longtemps devenue l’investissement personnel d’un ennemi autrement plus puissant, avaient fuis la région. Ils s’étaient retirés à la hâte et, car la nature a horreur du vide, avaient aspirés dans leur départ les forces de l’Armée Démocratique. Le pays se remplissait de troupes hostiles au gouvernement, gagnant cette guerre sans bataille finale. Sans ennemis, même, à vaincre.

Les journalistes s’étaient abattus sur le pays. Réactivant leurs contacts, prenant les premiers transports kah-tanais pour Port-en-Truite, jouant des coudes pour obtenir des places dans telle division blindée ou logistique, tous venaient observer ce qu’on estimait être le dernier acte du conflit. Les lounges des hôtels s’étaient à nouveau remplis. L’Armée Démocratique, dans un sursaut de souverainisme, avait donnée pour consigne officieuse de favoriser le personnel de presse proprement gondolais. « C’est d’abord à nos concitoyens que nous devrons des explications », souligna ainsi le mémo diffusé au sein de la branche militaire de l’organisation. On pouvait difficilement leur retirer ça.

Nadia, qui pensait que ses origines kah-tanaises ne lui vaudraient aucun traitement de faveur, avait pour cette raison renouée avec un vieux contact, rencontré aux prémices du conflit, quand l’Armée Démocratique était encore prostrée dans ses montagnes, et que les observateurs régionaux avaient les yeux rivés vers le Mouvement de Libération Licra. Téophile Lufua, pour qui elle avait prise des photos, avait accepté de refaire équipe. Elle se souvenait encore de cette discussion, quelques années plus tard. Lorsqu’il avait dit que le président mourrait bientôt. Qu’il voudrait capter ses derniers mots. Il disait, sur le ton de l’humour mais sans cacher sa sincérité, qu’il voulait son nom dans tous les manuels scolaires du pays. Sans doute adossés aux derniers mots d’un Désiré Flavier-Bolwou vaincu.

« Bientôt, bientôt, vous verrez. »

C’était il y a des années. Parfois, il y avait des années où il ne se passait rien. Puis des semaines où...

Nadia poussa la lourde porte vitrée du bar de l'hôtel. Elle fendant un air poisseux qui sentait le tabac froid et le sel apporté par le vent du large. L'endroit était calme, mais pas silencieux. Le ronronnement asthmatique de la climatisation et le ressac lointain qui parvenait à travers les baies vitrées servaient de bruit de fond aux murmure fébrile des conversations. Un tapis de voix basses et de mots étrangers que le cliquetis d'un verre ou un rire trop franc déchiraient sporadiquement.

C'était une ambiance unique, qu'elle connaissait intimement. Celle d'un état-major ou d'un vestiaire avant une compétition de haut niveau. L’air, chargé d’électricité et d’espoir, avait une lourdeur palpable, presque tangible. Un orage approchait, indubitablement. La photographe se dirigea vers le comptoir, où un charmant jeune homme lui tendit deux bouteilles d'eau d'une marque clovanienne.

La condensation glacée fut un choc bienvenu contre ses paumes. « C’est fou », dit-elle en remarquant l’étiquette. « Combien de temps peut-on vivre sur du stock ? »

Le barman avait haussé les épaules, il ne gérait pas les réserves. Il préféra changer de sujet.

« Vous êtes kah-tanaise. »

Elle sortit une pince à billet d’une poche de sa veste. Les terminaux utilisés en ville étaient connectés au système bancaire mondial, mais elle savait d’expérience que les gens du cru préféraient le cash. Bien sûr c’était un réflexe qui devenait absurde dès-lors qu’elle ne s’adressait plus à un boutiquier mais à un employé, dans une structure plus importante encore.

« Je suis kah-tanaise », confirma-t-elle en lui tendant les billets.
« C’est votre accent. »

Il lui sourit et elle acquiesça. Il y avait de très nombreux accents au sein même du Grand Kah, mais elle comprenait ce qu’il voulait dire. Quiconque apprend le Syncrelangue en guise de première langue tend à déformer certaines voyelles. Le barman fit disparaître les billets sous le comptoir et lança un regard à la ronde. Il n’y avait pas d’autres cliens. Les journalistes, rassemblés en petit groupe, occupaient toutes les tables, déployaient des cartes de la région, discutaient à voix basse, l’excitation les poussant parfois à hausser le ton, mais jamais bien longtemps. Il se recentra sur Nadia.

« Vous êtes ici pour prendre des photos ?
– C’est ça. » Elle fronça les sourcils. « Comment vous avez deviné ?
Je vous ai vu arriver hier. Votre appareil qui pendait autour du cou. »
Ah.
– Vous avez pris quelques photos en ville ?
– Oui. » Elle haussa les épaules. « Je veux tout documenter.
Qu’est-ce que vous pensez de Cap-Franc ? »

La kah-tanaise leva un peu le menton. Cap-Franc ? Cap-Franc était grise. Inquiète. Excitée. Pleine de vie. La ville n’avait pas qu’un visage. Il aurait fallu plusieurs jours, plusieurs semaines pour développer un avis digne d’intérêt. Ses clichés de la veille ne racontaient qu’une sensation. Il allait se passer quelque chose. L’épicentre du conflit quittait la ville, s’élançait sur la route. Le pays se concentrerait ailleurs. Un soupir de soulagement traverserait le béton et les routes de terre.

« Vous êtes du coin ? », demanda-t-elle.
– Oui.
– On m’a dit que c’était différent avant l’arrivée de l’Armée Démocratique.
– Pas tant que ça. » Le barman la scruta un instant, comme s’il espérait trouver quelque chose dans son regard. Une révélation, un secret. Il fit un geste de main, comme pour chasser une mouche. « On vit. »

Nadia se retourna et traversa le lounge. En se rapprochant de sa table, elle entendit percer la voix de Téophile, plus nette que les autres. Il était en train de bassiner un petit groupe de confrères avec l’une des tangentes dont il avait le secret.

« Les évènements de Sainte-Loublance sont le dernier spasme d'un régime en fin de vie. Je dirais même, d'un cadavre que les clovaniens tenaient animé. Sans le marionnettiste, le cadavre retombe. Reste l'odeur de charogne, et les vers… »

Elle approcha de la table et tendit l’une des bouteilles d’eau à Téophile. Il fit une drôle de mine en constatant la marque, mais l’ouvrit quand même en la remerciant. Nadia pris place dans un fauteuil et salua le petit parterre de journalistes qui entouraient « leur « table.

« Messieurs. » Puis à l’adresse de Téophile. « Les évènements de Sainte-Loublance ? Il s’est passé quelque chose ?

Téophile ne répondit pas tout de suite, tendant l'oreille vers la table voisine.

« Coup d'État, » lâcha l'un des confrères en se penchant vers eux, la voix basse. « Ça vient de tomber. Des types ont ouvert le feu sur la garde républicaine. »

Nadia secoua la tête.

« Des "types" ? L'Armée Démocratique ? »

Théophile se redressa dans son siège. Il semblait prendre tout ça avec beaucoup de calme, ce qui avait pour effet d’agacer Nadia.

« Sans doute l’armée nationale.
Merde. »

Elle se passa une main sur le front et contint du mieux qu’elle put l’irritation qui commençait à poindre en elle, comme une sensation corrosive, se frayant un passage de ses entrailles à sa tête.

Ils arrivaient littéralement après la bataille. Certes, un reporter se devait de recevoir les évènements comme ils avaient lieu. Elle ne pouvait pas scénariser le réel. Mais l’ennemi de l’Armée Démocratique avait toujours été le gouvernement Flavier-Bolwou. S’il se faisait renverser, au dernier moment, par ses propres hommes.

« Qu’est-ce qu’on fait ? », demanda-t-elle enfin. Théophile sourit.
« J’ai tout prévu. Tiens d’ailleurs, les gars, si vous voulez bien nous excuser. »

Il indiqua l’entrée du bar d’un geste. Là venait d’enter un gondolais en uniforme bleu gris. Son col haut et son brassard indiquaient son appartenance à la branche civile de l’Armée Démocratique. Il parcourut le lieu des yeux, s’arrêta sur plusieurs journalistes jusqu’à croiser le regard de Théophile. Son visage s’illumina et il lui sourit avant de se diriger vers sa table. Les collègues de Théophile et Nadia s’étaient déjà éloignés.

L’homme en uniforme se pencha pour serrer la main de Théophile puis de Nadia, et pris place dans l’un des fauteuils qu’avaient libéré les autres journalistes. Il y eut un moment de flottement, puis il indiqua Nadia d’un signe de tête.

« Alors camarade, c’est votre photographe ?
C’est ça. Maxence je te présente Nadia, on a déjà bossé ensemble à plusieurs reprises. Nadia, Maxence Kabishi. Le citoyen Kabishi est notre liaison avec l’Armée démocratique. »

Elle lui sourit.

« Salut et fraternité.
– Ah, une kah-tanaise ! »

Il lui rendit son sourire, mais Nadia sentit une vieille tension se nouer dans son ventre. Être kah-tanaise ici, c'était marcher sur une ligne de crête. Pour certains, elle était une alliée naturelle. Pour d'autres, l'avant-garde d'un impérialisme qui ne disait pas encore son nom. Elle préférait se voir comme une photographe, quand bien même un regard n'était jamais apatride. Maxence ne fit pas plus de commentaire.

« Alors Théophile, tu frayes avec les socialistes ?
– Oui, mais je n’en suis pas un. Et ça ne posera pas de problème, j'espère ?
– Mais non, mais non. On est pour la liberté de la presse, je te signale, mon ami.
– Bon.
– Et toi citoyenne ?
– Je suis kah-tanaise.

Bien sûr. »

Il haussa les épaules, comme si cela n’appelait pas à d’autres commentaires de sa part, puis joignit les mains devant lui.

« Et vous êtes tous les deux accrédités ?
– Oui. »

Téophile lui tendit un document papier qu’il commença à consulter, distraitement.
 
« Bon super. » Maxence marqua un temps. « Et... On vous a demandé quelque chose contre cette accréditation ?
– Mes papiers, les journaux avec lesquels j’ai bossé... »

L’officier releva les yeux du document pour les plonger dans ceux du journaliste.

« De l'argent ?
– Non. »

Nadia inclina la tête sur le côté.

« C'est fréquent ? »

L'officier sourit.

« On ne sait jamais.  » Il tendit le bras pour rendre les documents à Théophile. « Je lis que vous écriviez pour Le Courrier ?
– Ils m’ont acheté des photos  », dit Théophile.

L’officier le fixa un long moment puis, lentement, acquiesça.

« Faut bien manger. Donc vous voulez suivre la prise de Sainte-Loublance ?
C’est ça.
Vous êtes un peu en retard ; Les choses avancent très vite, maintenant. Très, très vite.  » Il souffla du nez puis se leva de son siège. « Mais comme tout est en règle, je vais vous trouver un arrangement. Le comité vous a déjà donné tout ce qu’il faut en termes d’autorisations, alors moi je peux vous trouver un véhicule et vous mettre en contact avec qui il faut. » Il écarta les mains. « Cent kilomètres, c’est une bonne journée de route. Et la capitale ne va pas tomber d’ici demain ou après-demain. »

Nadia se leva à son tour.

« Merci citoyen. »

Il leva un chapeau imaginaire dans sa direction.

« Faites-nous un bel article, hein ? »


Maxence n'avait pas mentit, et moins d'une heure plus tard ils étaient sur la route. La silhouette de Cap-Franc avait disparu dans le rétroviseur. Théophile tenait le volant d'une main assurée, l'autre tapotant un rythme nerveux sur sa cuisse. La nationale s'étirait devant eux, une langue de bitume craquelé bordée de champs silencieux. Le pays était "sûr", disait-on. Pour Nadia, assise à la place du mort, la notion semblait toute relative. Elle se battait avec une immense carte du pays, essayant de la plier dans l'espace exigu de l'habitacle. Son regard parcourait les lignes, dessinait les frontières invisibles entre les différentes factions gondolaise, essayait d'imaginer ce qu'il en était vraiment, maintenant que tout les fronts s'effondraient.

Ils passèrent devant un ancien poste de contrôle clovanien, une simple guérite de tôle rouillée et des barrières de béton éventrées.

« Alors, qu’est-ce qu’on sait ? » dit-elle enfin, le doigt traçant leur route sur le papier froissé.
On sait que les Clovaniens sont partis sans demander leur reste, » répondit Théophile, l'œil sur la route. « Et que ça tire dans la capitale.
La Garde Républicaine ?
Contre qui, c'est la question. Probablement l'armée. Le président sera mort ou en fuite avant même qu'on atteigne la banlieue. »

Le doigt de Nadia s'arrêta sur la tache urbaine de Sainte-Loublance.

« Et l'AD, elle fait quoi ? Elle regarde ? »

Cette fois Théophile ne répondit pas immédiatement, semblant mobiliser sa mémoire.

« Officiellement… Officiellement ça ne change rien : si une force armée s’oppose à la victoire de l’Armée Démocratique, elle sera désarmée.
Mais ils ne vont pas entrer dans Sainte-Loublance.
Pas à ma connaissance. Mes contacts m’ont dit qu’ils allaient peut-être mener des raids pour tester les défenses des infrastructures clefs. Aéroports et ports…
Et foutre la ville sous le siège ?
Trop tôt pour le dire. Ils attendront sans doute d'y voir plus clair avant de tenter quoi que ce soit. Mais ils veulent éviter que des étrangers ne débarquent. » Il lui lança un regard en coin. « Sauf tes camarades. »

Elle replia la carte et fixa la route devant elle. Il lui sembla étrange d'imaginer les colonnes clovaniennes qui l'avaient empruntée, des années plus tôt. Et plus étrange encore de visualiser ce qui allait bientôt suivre : des colonnes d'Ocelot fournis par son propre pays, le logo de l'Armée Démocratique peint à la hâte sur les drapeaux confédéraux. Des colonnes qui fonceraient vers la capitale. La puissance de feu que ses compatriotes avaient injectée dans ce conflit était terrifiante. Qui, en effet, pourrait bien les arrêter ?

« Et la base Sarcopte servira de hub logistique à tout ce beau monde pour sécuriser le reste du pays. C’est ça ?
J’imagine qu’ils veulent faire joujou avec tous les blindés que des camarades leur ont filés.
Jusque-là c’est cohérent. Ils n’ont jamais voulu mener de combat dans la capitale même. Et les forces gouvernementales…
Oui, sans les Clovaniens ça va être rapide.
– Espérons qu’on arrive à temps. »

Mais à temps pour quoi ? Théophile avait besoin de phrases, de mot. C'était un reporter, il s'intéressait au narratif, aux personnages. Elle, cependant, arriverait toujours à extraire la vérité hors de l'image. Quoi qu'ils fassent, ils arriveraient à temps pour l'Histoire. Fut-elle chaotique, sale. Celle d'un effondrement.

Elle se permit une pensée optimiste. Peut-être que les choses commenceraient à aller mieux pour le pays, bientôt, très bientôt.
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