"Bonjour à toutes et à tous, Mes chers concitoyens, Mesdames et Messieurs,
Je me tiens devant vous aujourd’hui pour vous confirmer l’émergence d’une nouvel guerre, bien que non officiellement déclaré, en Eurysie centrale.
Depuis les frappes balistiques du 12 juin 2017 menées par la République d’Hotsaline contre des éléments militaires des Communes Unies d’Altrecht, une escalade militaire est malheureusement en cours. Ce conflit régional, profondément regrettable, semble désormais prendre une dimension internationale avec l’intervention militaire des Communes Unies du Grand Kah, de la Fédération des Peuples Estaliens et de la République Populaire et Sociale d’Illirée aux côtés des Communes Unies d’Altrecht, tandis que le Royaume de Teyla s’est rangé aux côtés de la République d’Hotsaline.
Ce conflit, initié par les autorités hotsaliennes pour des motifs idéologiques, constitue une guerre supplémentaire et inutile dont le continent eurysien aurait pu se passer, d’autant plus que le conflit avec la Principauté de Carnaval reste malheureusement actif.
Par ailleurs, alors que les autorités teylaises s’étaient montrées exemplaires et diplomatiques lors du sommet entre la République de Lermandie, son alliée la Grande République de Westalia, et la Fédération de Sterus, leur soutien au bombardement hotsalien sur la souveraineté altrechienne, au nom d’une alliance militaire, suscite incompréhension. Cette décision entache la réputation du Royaume de Teyla en tant que médiateur diplomatique reconnu et érode sa crédibilité aux yeux du monde civilisé. Nous devons également dénoncer la tentative des autorités teylaises de contraindre la République Impériale de Karty à rejoindre ce conflit, sans que les autorités kartiennes aient été préalablement informées d'une attaque planifié par leurs alliés. Ce comportement est inacceptable.
C’est pourquoi, avec le soutien du Président de la République Michel Duval, mon gouvernement condamne fermement les responsables de cette guerre. Nous appelons les autorités teylaises à assumer leurs responsabilités et à renoncer à soutenir les actions militaires disproportionnées menées par la République d’Hotsaline. Nous appelons également les dirigeants hotsaliens à prendre leurs responsabilités et à engager des démarches diplomatiques afin d’éviter la perte inutile de millions de vies civiles.
À nos citoyens présents dans les zones touchées par le conflit, nous leur demandons de prendre toutes les précautions nécessaires pour s’en éloigner rapidement et prudemment, en rejoignant le territoire national ou des nations amicales et neutres. En raison de l’intensité du conflit, les autorités lermandiennes ne peuvent garantir la sécurité des transports aériens dans les zones concernées. Néanmoins, nos services diplomatiques communiqueront des instructions aux ambassades présentes en Eurysie afin d’assurer leur sécurité et consulteront nos alliés dans un objectif de meilleure coordination.
Matilde Gerarld: "À présent, les dernières nouvelles concernant la guerre en Eurysie centrale. Nous venons d’apprendre que la Première ministre Elisabeth Miller a tenu une déclaration officielle lors d’une conférence de presse. Elle y condamne fermement le recours à la force armée par les autorités hotsaliennes en réaction au changement de régime en Altrecht. Elle dénonce également le soutien apporté par le Royaume de Teyla aux agresseurs, ainsi que la tentative des autorités teylaises de contraindre la République Impériale de Karty à rejoindre le conflit. Direction Volkingrad, capitale kartienne. Bonjour Frédéric Lefrançois. Cette tentative de pression exercée par le Royaume de Teyla sur la République Impériale de Karty a-t-elle eu des effets favorables pour le camp hotsalien ?"
Frédéric Lefrançois: "Bonjour. Eh bien, c’est tout le contraire. La chancellerie kartienne a catégoriquement rejeté ce qu’elle considère comme une tentative de chantage diplomatique de la part de Teyla, fondée sur une faveur obtenue via une protection liée à des ingérences extérieures. Par ailleurs, les forces armées hotsaliennes ont lancé des bombardements en Kaulthie, dans des zones frontalières proches de Karty. Cette agression a provoqué une vive réaction de la classe politique kartienne, qui a publiquement dénoncé ce qu’elle qualifie de “stupidité diplomatique” de Teyla. Je m’appuie notamment sur les propos de Sebastian Okovia, député kartien, qui a dénoncé sans réserve l’hypocrisie du Royaume de Teyla, l’accusant de ne pas assumer ses erreurs en tentant de forcer Karty à s’engager dans un conflit qu’elle n’a ni provoqué ni approuvé."
Matilde Gerarld: "Étant donné que la classe politique kartienne n’a pas validé l’appel à l’aide dans le cadre de l’alliance militaire entre Teyla et Karty, la chancellerie kartienne risque-t-elle une rupture diplomatique avec Teyla ?"
Frédéric Lefrançois: "Selon plusieurs représentants de la chancellerie, la cheffe du gouvernement kartien semble être prête à assumer cette éventualité. Elle estime que Teyla n’a pas compris la posture diplomatique de Karty, fondée sur une indépendance politique exercée dans le respect et la courtoisie envers les États souverains. Une chose est certaine : le comportement de la diplomatie teylaise, combiné aux bombardements incontrôlés de son allié hotsalien, notamment sur un pays neutre comme la Kaulthie, a gravement entaché sa crédibilité sur la scène internationale."
Matilde Gerarld: "La déclaration des autorités lermandiennes était très attendue à Karty. Comment la chancellerie a-t-elle réagi aux propos de la Première ministre Miller ?"
Frédéric Lefrançois: "Vous savez, Karty n’a pas la réputation d’être un partenaire international facile à manœuvrer. Pourtant, la déclaration de la Première ministre Miller a été accueillie avec respect ici, notamment pour avoir dénoncé le manque de diplomatie du Royaume de Teyla. Ce qui est assez cocasse, c’est que Teyla avait joué un rôle majeur dans un sommet de négociation diplomatique entre la Lermandie, son alliée Westalia, et la Fédération de Sterus."
Matilde Gerarld: "Frédéric Lefrançois, en direct de Volkingrad. Merci pour tous ces éléments. Julien Gauthier…"
Julien Gauthier: "Avant toute chose, il est essentiel d’évoquer les relations diplomatiques entre le Royaume de Teyla et les Communes Unies du Grand Kah. Ces deux États incarnent des visions politiques radicalement différentes : les Communes du Grand Kah adoptent un régime proche de l’anarchisme, tandis que le Royaume de Teyla repose sur un modèle libéral. Ce qui semble avoir irrité la diplomatie teylaise, c’est le soutien indirect du Grand Kah à la Principauté de Carnaval, notamment par le biais d’une aide humanitaire. Il est donc plausible que les autorités teylaises aient choisi de soutenir un allié, en l’occurrence Hotsaline, qui rejette fermement le changement de régime en Altrecht. Cela dit, Teyla semble avoir surestimé sa puissance diplomatique et militaire. Dans ce conflit, elle dispose de peu d’alliés capables de compenser le nombre croissant d’adversaires. D’où la pression exercée sur la chancellerie kartienne. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Karty a rappelé une partie de ses forces stationnées en Lermandie afin de renforcer sa propre sécurité."
Julien Gauthier: "Comme vous pouvez le voir sur cette carte, Hotsaline se retrouve géographiquement isolée de son allié teylais, tandis que le camp pro-Altrecht encercle progressivement son territoire. Il ne faut pas oublier que Hotsaline ne partage de frontières qu’avec des États neutres."
Matilde Gerarld: "Et qu’en est-il des nations qui se sont officiellement déclarées neutres ?"
Julien Gauthier: "Outre Karty, déjà mentionnée, Rasken semble déterminée à ne pas s’impliquer dans ce conflit, soutenue dans sa position par une force aérienne et navale velsnienne, notamment issue des unités du Grand Kah. Par ailleurs, les autorités raskenoises se sont affirmées protectrices des Gradenbourgeois, une population kresetchnienne située au nord de la Kresetchnie, à la frontière avec Rasken, dans ce qui est temporairement appelé l’Administration Provisoire de Réintégration Territoriale."
Julien Gauthier: "Pour garantir la sécurité de cette région, Rasken a instauré une “No Fly Zone” dans l’espace aérien gradenbourgeois. Toutefois, qu’ils soutiennent ou non cette mesure, une partie de la population locale se montre très critique à l’égard des actions hotsaliennes, comme en témoigne un article d'un journal local intitulé Le Petit Montagnard, dénonçant la politique de déstabilisation menée dans la région. Il est également important de rappeler que ce territoire n’est plus occupé par les forces armées raskenoises depuis plusieurs mois, à la suite de négociations entre Rasken et la Confédération de Kresetchnie. Enfin, un autre acteur mérite d’être mentionné : le Bergrun, un Etat membre de la Confédération de Kresetchnie. Ce pays rejette catégoriquement l’intervention de Velsna, qui prétend défendre l’intégrité territoriale de Rasken sous prétexte de protéger la souveraineté de la Confédération de Kresetchnie, dont Hotsaline est membre. Autrement dit, la situation est tout bonnement explosive."
Matilde Gerarld: "Et étant donné que Westalia est un partenaire de Teyla dans le domaine de la sécurité maritime, ne risque-t-elle pas d’être appelée à entrer dans le conflit ?"
Julien Gauthier: "Une demande de la diplomatie teylaise est envisageable, mais son acceptation par Westalia me semble peu probable pour plusieurs raisons. Premièrement, le contexte électoral : les élections législatives auront lieu en septembre prochain, et le gouvernement de gauche actuellement en place est politiquement affaibli. Il serait risqué pour lui d’adopter une posture militariste dans un conflit lointain, surtout provoqué par un allié de Teyla. Deuxièmement, les relations étroites entre Westalia et les Communes du Grand Kah rendent toute intervention diplomatiquement délicate. Troisièmement, la République de Lermandie exercera sans doute une pression forte sur Westalia pour qu’elle reste en dehors du conflit, même si je doute que ce soit nécessaire. Enfin, si Westalia devait s’engager militairement, la destruction de ses forces armées serait presque inévitable, ce qui irait à l’encontre de ses intérêts stratégiques."
Matilde Gerarld: "Un échange très instructif. Merci à Frédéric Lefrançois et à Julien Gauthier, reporter et chroniqueur chez Lermandie 1."
Pays concerné : Hotsaline, Grand Kah, Estalie, Mahrénie, Kaultie, Illirée, Teyla Date : 14/09/2017 Localisation : Velsna
Dépêche AGP : Dans le cadre de la crise altrechoise, le Sénat des Mille et le Gouvernement communal se félicite du retrait progressif de la flotte kah tanaise de la région de la Manche blanche orientale, l'un des garants selon ses membres, du démarrage d'un processus de paix durable, et un feu vert pour des négociations subséquentes visant à reconnaître la légitimité du régime de l'Altrecht, tout en assurant la sécurité de la République d'Hotsaline et de ses partenaires de la Confédération.
"Le flotte kah tanaise se retire, les missiles hotsaliens cessent de voler, et nous pouvons désormais démarrer les vraies tractations. Au boulot !" s'est félicité le Maître de la Garde Carlos Pasqual.
Crise au Chandekolza, la Sérénissime République d'Achos met à profit ses relations
Suite à la dégradation de la situation au Chandekolza, la pérennité de la base militaire de Pell Iawn risque d'être compromise, en particulier suite au refus des autorités achosienne de traiter avec les colons velsniens. Néanmoins, l'apport de soutien terrestre, aérien ou maritime aux troupes sur place est impossible dû au blocus des forces coalisées. De ce fait, afin de réduire la distance en cas de situation de crise et afin de permettre une réponse urgente immédiate, la Tribune de la Sérénissime République d'Achos décide, en accord avec le traité signé avec les Communes Unies du Grand Kah, de stationner une flotte dans le port de la base Kah-tanaise au Jadida.
Cette flotte restera en stand-by, et ce jusqu'à nouvel ordre, mais restera prête à aller aider les troupes de Pell Iawn en cas de conflit. Force en présence :
Communiqué de l'ambassade d'Azur à Lac-Rouge 04.11.2017
Le Diwan a pris connaissance des faits, rendus publics il y a quelques temps, de la prise de contrôle des territoires non-autonomes occupés par la Principauté de Carnavale. A la fin de l'hiver 2016-2017, en plein coeur d'une terrible guerre, les populations libres de la Fédération des Marquises et les populations opprimées des îles Saint-Marin ont pu opérer la réunification de leur archipel par les forces de sécurité fédérales, assistées par les Provinces-Unies du Grand Kah. A notre connaissance actuelle des faits, l'absence de toute violence sur des civils désarmés, et l'engagement des Marquisois pour la neutralisation des armes carnavalaises présentes sur leur archipel, représentent un espoir magnifique pour la liberté des peuples celtiques, et de tous les peuples opprimés à travers le monde.
L'Azur salue l'opération de décolonisation par le peuple marquisois libre du territoire non-autonome, placé depuis trois siècles, après une brutale invasion de l'Archipel par l'Armada de Vale - dont les chefs sont les ancêtres des pouvoirs actuels -, sous la tutelle d'un régime cruel, immoral et barbare. La lutte des Marquisois, menée dans le respect des principes humains essentiels, couronnée de succès dans son intervention contre l'escalade et la prolifération d'armes destructrices telles que les sites de lancement de missiles Bonne Santé VIII, est la lutte de l'Humanité toute entière. Elle fait rejaillir sur l'Union toute entière la gloire de ses martyrs. Le Diwan reconnaît la valeur de cet engagement et félicite le Grand Kah pour l'appui donné à une oeuvre d'émancipation qui résonnent avec le combat toujours d'actualité contre l'impérialisme et l'annexionnisme.
La réunification territoriale et politique de l'archipel est désormais à portée de main. Elle contredit toutes les intentions délétères d'acteurs motivés par la violence des oppresseurs et l'appétit de conquête. Elle se lève comme une aube à l'occident du monde, illuminant les jours de tous les peuples colonisés, et en particulier des Celtes, dont la liberté ne cessera plus d'allumer de grands brasiers de révolte et d'indépendance. Vive la Fédération des Marquises ! Vive la réunification des frères et l'indépendance des peuples !
Ils étaient trois marins, jeunes, qui ont pris la mer pour un plus bel avenir.
L'artiste Nolwenn Larenn nous dévoile son nouveau banger : la reprise d'une chanson iconique du monde briton, partagée sur tous les ports de l'Espérance Nord, dont le rythme et la ritournelle témoignent de l'envie de danser que donne l'actualité aux Marquisois. Cette envie s'envole avec l'espoir à nouveau réactivé de la liberté : la liberté de tout l'archipel.
Faut-il faire la patiente recension des brimades subies par les populations celtes des Marquises et de Saint-Marin ? De l'invasion, de la colonisation étrangère, du travail forcé, de l'émigration, de la taxation, du linguicide ? De l'invisibilisation de toute une grande nation, qui, disséminée à travers les îles et les vagues de la mer, semble méprisée par les grandes cours royales et les régimes princiers des continents ? Faut-il refaire le portrait d'archipels excentrés, de phares battus par la mer, de chaleur et de sel, du passage des navires dans ces terres en sautoir sur les routes commerciales des empires ? Faut-il dire la richesse accumulée, non pas dans les pauvres villages, la misère des habitants, les joues creusées d'une Celtie populaire officiant pour les grandes armadas des princes ? Faut-il à nouveau raconter la révolte, les armes, le feu, la fédération ?
Les fédérés ont passé la frontière ! Les fédérés ont passé la frontière ! Comme dans l'Antiquité où, libres dans les forêts, allaient par la campagne les nouvelles du monde d'un village à l'autre, où ils pouvaient surgir et résister contre leurs envahisseurs casqués et disciplinés comme du fer, les habitants des îles celtiques se sont passé la nouvelle : les soldats de la Fédération sont entrés en zone occupée ! Ils ont pris le contrôle de l'archipel ! Tir Deiridh, Tir Bhriste, et désormais Tir Martolod, dépouillé de son nom c'halleg, Saint-Marin dont la traduction dans la langue de l'occupant est une insulte à la mémoire des morts et des vivants, nos îles sont unies, pour la première fois, sous la même bannière !
Nos forces sont à Fort-Tempête ! à Fort-Marin ! Elles tiennent le territoire ! Elles le défendront jusqu'au bout ! La joie éblouit soudain le ciel gris au-dessus de la mer, comme une éclaircie après la bourrasque, l'un de ces cieux où s'envolent goélands et cormorans. La lumière ! Filtrant à travers les arbres, tombant sur les ports, reflétant les bas-fonds turquoises de la côte, brillant dans les yeux noirs, gris, verts, marrons, bleu du peuple ! Elle illumine les joyaux véritables, en fait resplendir la splendeur révélée, et désigne la volonté même des esprits : celle de l'archipel, uni et libre. Ils étaient trois marins, jeunes, qui ont pris la mer pour un plus bel avenir. Le peuple des Marquises met les voiles vers sa réunification. Au-dessus du pont, des gréements, de la surface écrêtée de l'écume, sous le vent, les oiseaux et le grand soleil, que claque notre étendard ! Notre jour est là !
La détonation fait vibrer ses jambes. Fumée blanche par un interstice ; la porte blindée vient de sauter sur ses gonds. L'équipe s'affaire alors à la désosser rapidement. Le levier à air comprimé la fait cliqueter. Elle inspire, bloque sur ses abdos, balance un coup de pied sur le métal renforcé ; la porte cède. En équipement, les autres se faufilent dans l'interstice. Leurs casques sanglés disparaissent dans la coursive qu'éclairent la lampe-torche fixée à leur fusil d'assaut. Go, go, et Vega s'élance à leur suite. Le compartiment suivant est celui de la mise à feu. Le boîtier lugubre y repose. De sa main gantée, elle en effleure la surface noire. Du basalte, un mélange de composés inconnus sur la Terre. On dirait la surface d'une comète, la liquéfaction d'une purée de saphir rigidifiée. La coque héberge une nymphe d'électronique connectée sur les étoiles par réseau satellitaire. Depuis la station orbitale, les ombres numériques de la volonté de Pervenche Obéron peuvent encore agir. Vega valide l'indication de son ailier et ordonne au démineur d'introduire la grenade électronique sur l'appareil. Cette arme provoque l'explosion invisible des neurones raffinés du cerveau magnétique. Court-circuit. Entièrement grillé, le silo numéro soixante-six du site de lancement des Bonne Santé VIII est neutralisé. Noir et sombre comme une cathédrale vide, il résonne lugubrement. Mission accomplie. Dans son cylindre, Vega lève les yeux. On aperçoit les étoiles. Le mastodonte ne s'y lancera plus jamais. D'ailleurs, il est vide.
Les forces spéciales viennent d'installer le contrôle kah-tanais sur Fort Marin. On hisse le drapeau au triskell. C'est une libération et ça doit en avoir l'air. La Garde communale établit un périmètre de sécurité autour des zones stratégiques. Depuis les airs, un AWACS communique le dégagement des nuées au-dessus de la mer. Les miliciens sont poussés vers un ancien orphelinat, dont les couloirs vides sont abandonnés. Le parquet craque. Vega constate leur allotissement dans des pièces vermoulues. La pluie tombe dehors. Désarmés, les Carnavalais lancent des regards torves. La jeune soldate pourrait leur écraser la gueule. Son supérieur le lui interdit sans un mot. Ce sont nos frères désormais. Et ça en a tout l'air.
Les Marins aiment les fourmis-soldats qui viennent de soustraire leur archipel au contrôle de la Ruche noire. L'ambulancière qui a aidé son équipe à identifier les entrées latérales de la base Obéron a la peau veloutée, constellée de taches de rousseur. Vega lui dévore la douceur de ses jambes. Les femmes des Marquises sont savoureuses comme de la crème. La génisse laiteuse aime les claques, et repose en paix sur le corps de la soldate. Les cinq soleils des Tzitzime voguent sur ses muscles bruns, comme des formes bleues gravées dans la pyramide.
Dans l'habitacle blanc et acier du transporteur lourd, Vega ferme les yeux. Ballotée comme ses camarades de l'autre côté de l'océan, c'est la nuit en-dehors. L'opération a été une réussite et le Commissariat ajuste des redéploiements. Elle dort les bras croisés, assise sur le banc, indifférente aux bavardages. Le bruit des moteurs de l'appareil est assourdissant. Son entraînement lui fait tout endurer. Le vacarme se mue en descente. Les feux de l'avion s'éteignent. Le routeur radar également. Les mouvements de troupe se dissimulent dans les ombres opaques du Golfe. C'est au pilote de négocier les manoeuvres d'atterrissage sur la piste numéro trois de la Citadelle. Dans la nuit complète d'un brouillard artificiel, les transferts militaires se poursuivent d'une base à l'autre de l'Union. Vega ouvre les yeux. En alerte, prête à l'atterrissage, son esprit est concentré sur le présent.
De l'autre côté de la Terre, la pluie tombe doucement sur le parc de Tlacuahian. Le soleil vient de se lever, un oiseau multicolore passe comme un ruban de soie au-dessus de la brume. Une chanson réveille Xia.