
Citoyennes, citoyens, de toute les Républiques et du monde,
Si je m’adresse à vous aujourd’hui, c’est afin de vous faire part, à vous ainsi qu’à la communauté internationale, de changements majeurs, de transformations notables, et, par la même occasion, de rassurer les puissances voisines quant à la fonction d’Empereur-Président. J’ai entendu certains mots, certaines inquiétudes, selon lesquelles cette fonction marquerait la fin de notre démocratie. Je tiens à le dire clairement : ce n’est pas le cas.
Les élections auront bien lieu, comme prévu, de manière accélérée. Dans six mois, le peuple sera appelé aux urnes. De ces élections émergeront une nouvelle configuration politique, avec une assemblée nationale et un Sénat, qui, à leur tour, donneront naissance à trois assemblées républicaines. Parmi ces trois, une en particulier retiendra toute notre attention : l’Assemblée de Kolca. Oui, chacun d’entre vous sait parfaitement de laquelle je parle. C’est là que se joue une part essentielle de notre avenir.
Je vous annonce donc solennellement que la réforme institutionnelle concernant Kolca touche à son terme. Quels changements cela implique-t-il concrètement ? Il ne s’agit plus, désormais, d’une République Coloniale centralisant les Vice-Royautés dans une structure ambiguë, notamment du fait de la domination économique des grands propriétaires. Non, nous entrons dans une nouvelle ère. À compter d’aujourd’hui, Kolca ne portera plus le titre de République Coloniale. Voici son nouveau nom : République Fédérée de Kolca et d’Afarée, ou R.F.K.A. si l’on veut en faire un acronyme. Peut-être est-ce un peu long, mais ce nom a le mérite d’être juste. Il reconnaît enfin la place de l’Afarée dans notre République des Trois Nations, comme l’ont démontré les référendums enregistrés par Maximilien Reuter (Président du Sénat de 2000 à 2006) et Henri de Rivoli (Président du Sénat de 1976 à 1979, Empereur-Président de 1979 à 1994, Roi-Président sous deux mandats de 1994 à 2000 et de 2000 à 2006) entre 2003 et 2005.
En évoquant Henri de Rivoli, j’en viens à la fonction d’Empereur-Président. Quelle est-elle ? Pour faire simple, cette fonction résulte de la fusion des rôles de roi président et de président du Sénat, fusion validée à la fois par le Sénat et par les présidents de chacune des trois républiques. Cette fonction est donc légitime, et elle permet de garantir une stabilité dans l’équilibre des pouvoirs. J’en suis le quatrième titulaire. Le premier fut Louis Philippe Fyss, surnommé « le Père », de 1931 à 1946, que je considère ici sans détour comme le pire d’entre tous. Son mandat fut marqué par une guerre coloniale sanglante, justifiée par des violations intolérables des droits humains entre 1940 et 1946. Son fils accéda lui aussi à la fonction, et son propre fils, à son tour, occupa le poste de 1961 à 1976. Lui succéda Henri de Rivoli, de 1979 à 1994, qui devint ensuite deux fois Roi-Président, élu démocratiquement, de 1994 à 2006 (2000).
C’est à la suite des abus de pouvoir de Louis Philippe que fut instaurée une réforme fondamentale : désormais, tous les trois ans, la mandature de l’Empereur-Président est remise en question. Le Sénat, ainsi que les trois assemblées républicaines, doivent se prononcer. Pour que le mandat soit reconduit, il faut l’accord du Sénat et d’au moins deux des trois républiques. Cette reconduction peut intervenir cinq fois, soit quinze années au total. C’est ainsi que mon mandat pourra être confirmé en 2019, puis en 2022, et qu’il le sera, s’il plaît aux institutions, jusqu’en 2031. Passé ce délai, je pourrai éventuellement me porter candidat au titre de Roi-Président, mais pas à celui de Président du Sénat, ce que la Constitution m’interdit.
Si un vote venait à se retourner contre moi, je serais dans l’obligation d’organiser de nouvelles élections générales dans chacune des trois nations, afin de désigner un nouveau roi président et un nouveau président du Sénat. Il va sans dire que je ne pourrais pas me représenter à ces scrutins. Ce n’est pas une interprétation personnelle, c’est ce que prévoit expressément notre loi fondamentale.
La démocratie républicaine ne prend donc pas fin. Nous traversons un moment notable, oui, mais nullement une rupture. Mon mandat, renforcé, ne signifie pas un pouvoir absolu. Il signifie que je cumule, oui, les prérogatives du Président du Sénat et celles du Roi-Président. Cela signifie aussi que j’exerce un pouvoir d’influence, et non un pouvoir de contrainte. Je lis ici ce que dit la Constitution : " l’Empereur Président, comme le Roi-Président ou le Président du Sénat auparavant, possède un droit d’influence sur les votes. Cela signifie qu’il peut influer sur certaines décisions, mais non les imposer. " D’ailleurs, les votes d’influence sont strictement encadrés, et il m’est interdit de réutiliser ceux qui ont déjà été employés par mes prédécesseurs ou par moi-même avant 2012. Mon action est donc limitée, contrôlée, et soumise à des règles strictes.
Pourquoi dit-on du Roi-Président qu’il détient un pouvoir fort ? Parce que son pouvoir tient moins à ses prérogatives institutionnelles qu’à sa capacité de convaincre. C’est là que réside sa véritable force. Et c’est ainsi que l’Empereur-Président se distingue : par sa faculté d’entraîner, de convaincre, de fédérer.
Si la crise actuelle devait être résolue rapidement, je m’engage, publiquement, à écourter mon mandat. D’une part, parce que je souhaite rester dans la vie politique et ne pas m’en retirer trop tôt. D’autre part, parce que j’ai un profond attachement à nos institutions démocratiques, et que je ne veux pas qu’elles soient altérées par une centralisation excessive.
Concernant le remaniement du gouvernement, je confirme que les élections auront lieu dans six mois. Le processus électoral ne changera pas. Les citoyens éliront leurs représentants dans les assemblées, et le nombre d’électeurs à Kolca connaîtra une augmentation considérable. Cela n’étonnera personne. J’espère que les partis politiques sauront s’adapter à cette nouvelle donne. Certains devront sans doute revoir en profondeur leurs méthodes, car il est probable que plusieurs disparaissent dans cette recomposition.
Certains parlent de coup d’État. Le Parti Radical Colonial (P.R.C), en particulier, s’en est fait l’écho. Ils dénoncent la réforme législative engagée à Kolca. Ils ont raison sur un point : oui, j’ai forcé la main à Kolca. J’assume cette décision. Il n’est pas abstrait de dire que j’ai imposé cette réforme. Pourquoi ? Parce qu’il fallait sortir d’un blocage. Notre système électoral repose sur un équilibre entre les assemblées et le Sénat, composé de 99 membres? 33 par République. La représentation y est proportionnelle. Si un parti obtient 10 % des sièges dans une assemblée, il aura droit à 10 % des 33 sièges sénatoriaux correspondants. Ce calcul s’applique sur l’ensemble des républiques.
Le Parti Radical Colonial (P.R.C) , je le rappelle, bénéficie d’un soutien important de groupes extrémistes. Il détient actuellement 111 sièges à Kolca, soit à peine 10 sièges de la majorité absolue. Cela lui assure déjà une quinzaine de sièges au Sénat, dont 21 au total. Une majorité écrasante de ces sièges provient bien évidemment de Kolca. À l’inverse, le P.S.D. (le Parti Social Démocratique), parti du gouvernement, répartit sa représentation entre les trois républiques.
Alors pourquoi crient-ils au scandale ? Parce qu’ils savent qu’avec l’élargissement du corps électoral, ils perdront du terrain. Les nouveaux citoyens libres de Kolca n’adhéreront pas, j’en suis persuadé, aux thèses nauséabondes de ce parti. C’est l’occasion d’ouvrir cette région à d’autres courants politiques, et de voir peut-être émerger des forces plus progressistes. Jusqu’à présent, Kolca n’était représentée que par des partis de droite. Ce n’est pas un mal en soi, mais les équilibres sont appelés à changer, et cela me paraît sain.
Un dernier mot, pour conclure ce discours. Il concerne les 250 ans de la République des Trois Nations. Certains ont affirmé que ces festivités n’auraient pas lieu. C’est faux. Elles auront bien lieu, et avec toute l’ampleur que l’événement mérite. Pourquoi ? Parce que nous ne devons pas cesser de vivre, de célébrer notre histoire, parce que certains États nous menacent. Nous ne devons pas nous soumettre à la peur. Notre République fêtera ses 250 ans au début de l’année 2018, comme prévu. De nombreuses nations seront invitées, notamment à un grand défilé militaire auquel nous espérons voir nos alliés et partenaires participer. Notre propre armée défilera également, et l’année sera rythmée par une série d’événements diplomatiques, culturels et historiques d’importance.
Nous avons aussi l’intention d’ouvrir un dialogue avec l’Empire Antérinien, notre ennemi historique depuis près de deux siècles, depuis notre sécession, depuis les guerres coloniales des années 1940. Il est temps de mettre un terme à cette instabilité et de rétablir, si possible, une forme de paix durable.
Je le réaffirme ici, avec solennité : la démocratie de la République des Trois Nations n’est pas menacée. Nous ne céderons pas devant ceux qui souhaiteraient nous voir vaciller. Et vive les citoyens. Oui, j’ai parfois forcé le passage de certaines lois. On peut me qualifier de dictateur si l’on veut. Mais quelle dictature abolit la torture ? Quelle dictature supprime la peine de mort obligatoire ? Quelle dictature abolit la servitude ou le contrôle économique des masses ? Toutes ces pratiques, je les ai supprimées, et elles ne reviendront jamais. Il ne le faut pas.
Je vous remercie sincèrement de m’avoir écouté, malgré la longueur de cette allocution. Je vous souhaite à toutes et tous une excellente continuation, et je vous donne rendez-vous, très bientôt, dans les urnes.
Pour la République, la Démocratie et la Paix,
Lilian Christophe
Empereur Président de la République des Trois Nations
Président du Parti Socialiste Démocrate (PSD)

Empereur-Président choisit et élu entre 2016 et 2031.