18/10/2017
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Activités étrangères à Teyla - Page 10

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Sous la surface de Bourg-Léon, une salle de classe de l’Académie Princière de Médecine et de Biologie du Vale. Le professeur Noamaury Blanchâtaigne présente à une poignée d’internes leur premier cours d’histoire virologique et bactériologique. C’est un champ d’étude qu’ils ont déjà exploré de façon superficielle au cours de leur scolarité, mais après avoir réussi les examens académiques et psychologiques, ils ont été jugés dignes d’accéder à des savoirs plus profonds.

Noamaury Blanchâtaigne
- Avec le Chaos de Carnavale et la monté en hégémonie de la famille Dalyoha, la Principauté a très tôt développé la conscience – et l’usage – de l’efficacité des maladies et pathogènes comme armes de guerre et outils de terreur contre ses ennemis. Dans le reste du monde, il aura fallu que des groupuscules terroristes tentent d’imiter les méthodes éprouvées depuis longtemps par les Carnavalais pour que le potentiel de destruction des armes biologiques soit reconnu tant par les responsables de la santé que par le grand public.

Depuis le temps que Grand Hôpital travaille sur le sujet, nous ne manquons pas d’études prouvant en effet que les agents de guerre biologique constituent une menace plus grave encore que les armes conventionnelles et chimiques. Les progrès réalisés depuis 80 ans par les Laboratoires Dalyoha dans les domaines de la biotechnologie, de la biochimie et du génie génétique ouvrent chaque jour de nouvelles perspectives quant à l’utilisation de ces armes. Désirez-vous éradiquer une population ? Remodeler en profondeur la structure des sols en influant sur son acidité et sa basicité ? Supprimer une espèce animale en particulier ? La faune et la flore toute entière d’une région ? Ne frapper que les plus âgés ? Que les enfants ? Que les hommes ou que les femmes ? Altérer irrémédiablement les futures grossesses d’une population ? Tout cela est rendu possible désormais, la technologie est à portée de main, faut-il seulement oser s’en servir.

On constate depuis l’utilisation de l’agent CRAMOISI dans la République du même nom, puis avec la destruction d’Estham par agents neurotoxiques, que l’intérêt pour les armes bactériochimiques augmente à travers le monde. Certains annoncent d’ailleurs se lancer dans la course à leur développement, faisant fi d’avoir cent ans de retard sur les Laboratoires Dalyoha. L’attrait des armes chimiques tient dans la facilité qu’il y a à les concevoir. Bien sûr n’importe qui ne peut pas développer un virus ou une bactérie OGM répondant précisément à ses besoins militaires, pour cela il faudra plusieurs décennies de travail, mais en ce qui concerne des souches, virus et bactéries déjà connus, les diffuser au sein d’une population ou d’une armée ne pose pas de problème technique majeur. Les seules réelles contraintes sont bien sûr de disposer d’un appareil productif suffisamment développé pour produire ces agents ou cultiver ces maladies en quantité suffisante, le reste est à la portée de n’importe qui qui y consacrera un minimum d’efforts. Par conséquent, l’utilisation des armes bactériochimiques et neurotoxiques a vocation à se démocratiser, y compris dans des sphères extérieures à la communauté scientifique. Carnavale en a conscience, nous avons ouvert une boîte de Pandore qu’il sera difficile de refermer à présent. Tout ce que nous pouvons faire, c’est de travailler assez dur et de réfléchir assez fort pour rester les meilleurs dans ce domaine d’avenir. J’ai toute confiance en nous et en vous pour cela, vous êtes l’élite médicale de ce pays mais aussi sans aucun doute l’élite médicale du monde. Pas de fausse modestie, soyez en fiers car la tâche qui nous attend ne peut être confiée à des individus incertains.

Les Laboratoires Dalyoha doivent être envisagés comme l’épée à double tranchant de la Principauté dans le domaine des armes bactériologiques. Ils ont été, dans leur histoire et dans leur esprit – précédant la date de leur création – à la fois médecins, à la pointe des soins et de la prévention contre les menaces pour la population carnavalaise, mais aussi inventeurs, concepteurs et découvreurs des maladie. Nous protégeons d’une main, frappons de l’autre. Telle, par définition, notre ambiguïté. L’histoire des Laboratoires est profondément liée à celle de la Principauté. Il n’est pas déraisonnable d’imputer à notre action de l’ombre le caractère radical et avant-gardiste d’un hygiénisme social devenu phénomène culturel à Carnavale. Notre mission, chers internes, est de ne pas relâcher nos efforts pour précéder toujours le monde de trois pas en avant. Les menaces qui pèsent sur l’humanité sont nombreuses et les défis qui nous attendent corsés. La démocratisation de l’usage des armes Bactério-chimiques nous expose, à notre tour, à un usage militaire sur notre propre sol. Conscient qu’une situation qui était autrefois considéré comme improbable, voire impensable, représente désormais une menace très réelle. Grand Hôpital a dès les années 1950 mis en place plusieurs cellules de recherche dédiées à la prévention des risques et produit, à partir des années 60, une classification des divers agents pathogènes connus en fonction de leur utilisation potentielle dans un cadre militaire ou terroriste. Nous reprendrons cette classification aujourd’hui pour exposer, à partir d’un exemple très concret, les risques et opportunités que représente l’utilisation d’armes bactériologiques en contexte de guerre.

Parmi les maladies identifiées par Grand Hôpital comme étant causées par des organismes de catégorie A (A comme Antagoniste, celles qui représentent une menace particulière sur la base de plusieurs critères de transmission, de résistance aux médicaments et de taux de léthalité), le bacille de peste, aussi appelé peste bleue est sans doute la plus tristement célèbre. Les épidémies de peste ont rythmé l’histoire de la Principauté, au point que certains leur attribuent l’ancienne couleur nationale de Carnavale, le bleu royal. Maladie ancienne, la peste fait l'objet d'écrits depuis des siècles et a joué un rôle tant de catastrophe naturelle que d’arme bactériologique dans les guerres, son usage à cette fin étant attesté depuis au moins le Moyen Âge. Le rapport que je m’apprête à vous lire à présent est réservé à la diffusion interne aux Laboratoires Dalyoha. Sentez-vous honorés d’y avoir accès, il présente un bref aperçu historique des occurrences de l’apparition du bacille de la peste bleue, occurrences non seulement naturelles, mais aussi toutes celles où la maladie a pu être volontairement conservée et ou utilisée en tant qu’arme biologique. Nous prétendons par ailleurs illustrer par ces exemples le potentiel futur d'utilisation de la peste bleue et de ses dérivés développés depuis par les Laboratoires.

Les plus anciennes références à la peste bleue se retrouvent dans le Manuscrit de la mer Blême, ouvrage antique relatant les premières mésaventures des peuples de la steppe, et qui décrit de façon très démonstrative la dévastation causée entre 1320 et 1000 avant notre ère aux peuples nomades. Ce fléau, que quelques descriptions imagées permettent d’identifier comme étant une souche de la peste bleue, est alors présenté comme un jugement divin, une punition pour les manquements à la morale des peuples Blêmes après qu'ils eurent volé des statues du panthéon rhêmiens à des marchands traversant leurs terres. Selon les textes, suite à ce vol, les oiseaux auraient déserté la région, puis les rongeurs se seraient mis à proliférer dans la steppe et bientôt dans les campements Blêmes, suivant les nomades à la trace, comme attirés par leur présence. On suppose que le phénomène est probablement exagéré, les rats étant, on le sait, attirés par les restes de nourriture des campements humains et le monde de vie nomade tendait à abandonner les déchets sur place, ce qui a pu provoquer cette impression d’être « suivi à la trace ». Pour peu que l’apparition des rats soit corrélée dans le temps avec le vol des statues, les Blêmes y ont vu « l’ombre vengeresse des démons méridionaux ». Le manuscrit de la mer Blême décrit ainsi cette histoire : « ils écrasèrent les divinités faibles du peuple Blême et ravagèrent leurs terres, les rendant stériles ». Si la stérilisation des sols imputée à la peste bleue semble davantage tenir du récit mythologique fondateur que d’un fait avéré, les descriptions des symptômes de la maladies laissent quant à eux peu de place aux doutes que les Blêmes firent effectivement face à une variante régionale de la peste bleue. « La panique gagna les camps et leurs environs, semant la panique jusqu’au cœur des maisons. La malédiction des rhêmiens affligeait les habitants de la mer, jeunes et vieux, d'une épidémie d’essoufflements sanglante et de tumeurs à l'aine ». Selon les Archives de la mer Blême, les peuples de la mer Blême, accablés par la peste, furent obligés de rendre les statues païennes aux Rhêmiens, ils étaient « marqués par cinq pustules bleue nuit et poursuivis par une centaine de vermines ». Le mot pustule désigne ici probablement des bubons, et le mot vermine peut être traduit par rats, ce qui corrobore la théorie selon laquelle la maladie était la peste bleue.

Quelque 900 ans plus tard, la peste d’Antrania (430-426 avant J.-C.) est considérée comme ayant joué un rôle dans la victoire de Fortuna lors de la deuxième guerre du Lido. La seule source qui nous soit parvenue sur la peste antranienne, l'Histoire du Bal et masques de l’historien antique Fulgurus, est le seul récit apocryphe à fournir des détails sur les symptômes de la maladie et ses conséquences en temps de guerre . Fulgurus attribue en partie le succès des galères fortunéennes à la peste, expliquant que les Antérinien ratèrent la marée en raison de l’état fiévreux d’un grand nombre de leurs rameurs. Quelques mois plus tard, alors qu’ils assiégeaient l’actuelle ville de Rivoli, la rapide propagation de la maladie au sein des troupes assiégeantes fragilisa l’installation du camp et permis aux Fortunéens de réaliser plusieurs sorties de cavalerie qui brisèrent les rangs adverses et permirent le passage de chariots de provisions. Les conséquences ne furent toutefois pas néfastes que pour l’Antérinie puisque la peste d’Antrania pénétra à l’intérieur de Rivoli et ravagea les rangs des défenseurs aussi durement que ceux des assiégeants. Fulgurus relate l'arrivée, au début de l'été, des habitants des villes du nord du pays (actuellement nommée La Marche) et de leurs alliés, sous le commandement d’Archimundus fils du dux bellorus de La Marche, au cours de la deuxième année de la guerre. Selon les archives d’Antrania, Archimundus périt officiellement sur le champ d’honneur mais Fulgurus rapporte les témoignages de soldats expliquant que leur chef avait succombé à l’épidémie de peste. La maladie, qui sévissait alors dans toute la région, était d'une ampleur sans précédent.

Bien que la peste bleue se propageait alors principalement par la morsure des rongeurs, les puces infectées pouvaient également transmettre la maladie aux humains, qui contaminent ensuite très rapidement d'autres personnes. Fulgurus rapporte que la maladie a débuté dans certaines régions de l’Afarée, puis s'est propagée en Antérinie et en Fortuna probablement en raison des réseaux marchands internes à l’empire Rhêmien. Il décrit les effets de la maladie sur les individus, notamment les nombreuses tensions et la peur qui régnaient au sein des armées et la pression exercée sur le commandement militaire qui devait composer avec un ennemi de l’intérieur décimant leurs troupes. Fulgurus décrit également la dévastation dans les villes, où les corps des mourants s'entassaient les uns sur les autres : « des créatures à moitié mortes titubaient dans les rues et se rassemblaient autour des fontaines, assoiffées d'eau qui ne parvenait jamais à les désaltérer complètement et les lieux sacrés étaient remplis des cadavres des personnes qui y étaient mortes ». Les rites funéraires se sont transformés en « sépultures des plus honteuses », la masse des cadavres ne pouvait plus être efficacement gérée par les autorités et les pratiques funéraires traditionnelles n'étaient plus respectées, ce qui rajoutait, en plus de la peur que suscitait la maladie, celle d’être mal vu par les dieux et de ne pas avoir accès aux repos des guerriers. La peste a ainsi bouleversé les valeurs morales et éthiques des sociétés qu’elle frappe : les individus se mettaient à commettre ouvertement des crimes, résolus à profiter de la vie autant qu'ils le pouvaient et méprisant toute notion d'honneur. Les rangs des autorités locales décimées, l’ordre n’était plus assuré et beaucoup de citoyens en profitèrent pour régler leurs comptes, sûrs qu’aucune enquête ne serait faite contre eux faute d’effectifs suffisant. Après avoir décrit la situation dans la ville, Fulgurus raconte que les événements correspondaient à un oracle donné aux Fortunéens, dans lequel les dieux de la ville leur auraient dévoilé que s'ils offraient en sacrifice dix fils et filles de la cité, la victoire serait leur et les dieux eux-mêmes décimeraient leurs ennemis. On ne sait pas si les Fortunéens réalisèrent un tel sacrifice mais la peste éclata dès que les Antériniens envahirent leurs terres et ravagèrent leurs armées.

On sait que la peste bleue (ou l’une de ses variantes) a éclaté à nouveau sporadiquement au cours des siècles suivants en Eurysie, principalement dans le sud, sur les côtes des mers blême et leucytaléenne. Certaines analyses récentes nous font dire que cette proximité des lieux d’apparition de la maladie avec la mer pourrait être dû aux faits que l’Eurysie commerçait alors beaucoup avec le nord de l’Afarée. Je ne souscris toutefois pas à l’interprétation quelque peu irrationnelle de certains de mes collègues qui voient en l’Afarée un continent intrinsèquement pathogène et un nid à maladie, mais je vous informe malgré tout que l’hypothèse existe et est débattue au sein de la communauté scientifique. La première occurrence d’une épidémie sur le sol de la Principauté de Carnavale remonte au deuxième siècle après Jésus-Christ. Connue sous le nom de peste viemontaise, elle s'est déclarée alors que la péninsule achevait sa quatrième guerre de succession, sous le règne d’Huberdéric de Vale (161-180 après J.-C.).

Ramenée par des marchands de retour de la Leucytalée, elle trouve probablement son origine en Eurysie de l’est, sans qu’on y ait pourtant trouvé mention d’épidémie à cette époque. Cela peut toutefois être imputable à un trou dans les archives de ces territoires. La peste bleue se propage rapidement au sein de la Principauté, déjà prospère à l’époque, et va jusqu'à causer le décès d’un tiers de la population dans certaines régions de l’ouest. Elle décime notamment les armées valaises, alors en campagne, ce qui participe à mettre fin aux troubles que traverse la Principauté à l’époque en forçant la paix. L’épidémie finira par s'atténuer progressivement au bout de sept ans. Sous les règnes des princes de Vale Théodoron (249-251 après J.-C.) et de son héritier Jacquenfleur de Vale (251-253 après J.-C.), une seconde épidémie de peste bleue se déclare cette fois au cœur de la ville de Carnavale d’où elle se propage rapidement dans le reste de la Principauté. Elle est probablement emporté par ceux qui fuient la ville, devenue un cloaque. C’est de cette époque que nous parviennent les premières observations sur les mécanismes de diffusion de la maladie et l’étude du comportement des foules en cas d’épidémie, signe que le sujet intéressait déjà les savants de ces siècles. Les archives de la Principauté mentionnent « des rues pavées de cadavres, au point d’obliger les charrettes à rouler sur les corps ». La mortalité a eu à nouveau pour effet de réduire considérablement les effectifs de l'armée de Vale et provoqué une pénurie massive de main-d'œuvre, ce qui déstabilise les dynasties régnantes. Là encore, quelques textes, notamment ceux d’Enguérandré de Fort-Théen, réfléchissent sur l’impact que peut avoir une épidémie sur le pouvoir, à la fois d’un point de vue matériel (moins d’armée, moins de travailleurs, le déplacement massif de populations, etc.) mais aussi symbolique, la maladie étant perçu comme une défaillance politico-religieuse du Prince. L'épidémie, dont les premiers cas sont signalés dès 249, fait encore rage jusqu’en 270 après J.-C., n’épargnant ni les riches ni les puissants puisque le petit-fils de Jacquenfleur de Vale, Jeanbon de Vale, décède de la maladie à l’âge de 6 ans. C’est d’ailleurs cette mort qui contraint Mathildegarde de Vale, sa mère la reine régente, à désigner pour héritier présomptif son neveu Ulcère de Vale, et donc à consacrer pour la première fois une branche cadette des Vale.

Entre le IIIe et le VIe siècle, aucune épidémie de peste n'est mentionnée dans les archives de la Principauté. Il faut attendre le milieu du VIe siècle avec la peste mathéorenne (variante de la peste bleue) ou « grande peste de Mathéor » du nom du Prince Mathéor de Val, pour que la maladie frappe de nouveau Carnavale. Elle semble être réapparue entre 541 et 542 après J.-C. dans les villes côtières du nord du territoire, sans que l’on sache si sa résurgence est dû au commerce avec l’étranger ou si elle a pu incuber à Carnavale. Aucune autre occurrence de la souche mathéorenne n’est en tout cas relevée en dehors de la Principauté, ce qui fait penser qu’elle ne remonte pas le long des routes commerciales. C'est au philosophe naturel Saturnin Nulmangeoire que l'on attribue la première description « scientifique » des symptômes de la pandémie de peste bleue. Il est aussi le premier à se montrer critique et pointer les limites d’une lecture strictement religieuse et morale, jusqu’alors hégémonique.

Selon le récit de Nulmangeoire, la maladie s’est déclarée chez les populations de pêcheurs du village d’Ambrecarrée, sur la côte nord de Carnavale. Saturnin Nulmangeoire propose plusieurs hypothèses pour expliquer le résurgence de la peste chez les pêcheurs : soit leur contact privilégié avec les navires marchands étrangers de passage, venus se ravitailler sur les côtes de Carnavale sans nécessairement s’y arrêter plus de quelques jours ; soit une origine zoologique à la peste, peut être en raison de la consommation de la chair de poissons malades. Des expertises plus modernes pointent cependant la possibilité d’une erreur de corrélation : dans les communautés côtières, la mise en quarantaine des malades se faisait souvent en les plaçant au large, sur des embarcations, pour éviter toute possibilité de contact avec les populations saines. Il est possible que Saturnin Nulmangeoire ait attribué l’origine de la maladie aux pêcheurs après avoir observé ces barques de quarantaines qui n’étaient qu’une forme de réponse des habitants de la région à la pandémie.

La peste mathéorenne a été transmise à la fois par les serfs qui ont cherché à se réfugier derrière les murailles de la Cité noire et par les troupes envoyées par les princes de Vale pour venir en aide aux populations à la campagne et qui ont propagé la maladie lors de leurs missions. Il faut rappeler que les mécanismes de transmission sont alors mal connus, bien que l’intérêt que porte les Princes de Vale à la menace pandémique donne naissance aux bases des protocoles d’étude modernes en médecine. La Couronne met en effet en place des bourses princières, distribuées par la famille régnante pour financer la recherche à plein temps d’un remède.
Au printemps 542, la peste mathéorenne pénètre dans Carnavale, où Mathéor lui-même contracte la maladie (et y survit, ce qui assoit sa légitimité sur le trône). Au cours de cette épidémie, environ 40 % de la population de la ville de Carnavale est décédée, on estime que la maladie a causé environ un demi-million de morts sur le territoire de la Principauté, soit presqu’un quart de sa population carnavalaise totale de l’époque.

En 543, la peste mathéorenne avait atteint la Clovanie et Fortuna ; elle s'est ensuite propagée sur tous le sud du continent, jusqu’à ravager la Listonie. Elle s'est peut-être également propagée sur l’île celtique en 544, les communautés sur place font état d’une maladie dévastatrice, mais les descriptions des symptômes semblent entrer en contradiction avec ceux des variantes de la peste bleue. En 545, la pandémie s’affaiblit jusqu’à presque complètement disparaitre en Eurysie, bien qu’elle ait continué à apparaître périodiquement ici et là. La bactérie reste endémique dans la population carnavalaise pendant encore 250 à 300 ans. Selon Bohémonde Nulmangeoire (fille de Saturnin ; 558 après J.-C.), la peste ne s'est en réalité jamais complètement éteinte, mais s'est plutôt déplacée d'un endroit à l'autre, profitant de la petite taille de la Principauté et de son bon réseau de routes pour circuler à l’intérieur du territoire au gré des foires et des mouvements de troupes. Bohémonde Nulmangeoire rapporte ainsi plusieurs cas de récidive, dont la dévastation de nombreux villages sur la côte occidentale, devenus de véritables villes fantômes.

La peste mathéorenne a eu des conséquences désastreuses tant sur la vie urbaine, où les rues ont été rapidement désertées et les commerces abandonnés, que sur les zones rurales, où la fiscalité a paralysé l'économie. Deux autres groupes ont été fortement touchés : l'armée, qui n'avait pratiquement plus de réserves d'hommes au sein de la population pour se porter volontaires ou être enrôlés de force pendant les dernières années du règne de Mathéor, et les monastères, dont vingt-quatre existaient avant 542 mais semblaient avoir disparu après le passage de la peste bleue. Carnavale a également souffert sur les plans politique et économique, ostracisée par ses voisins clovaniens qui redoutaient que des marchands ou réfugiés carnavalais n’importent la peste sur leur sol, la Principauté développe à cette époque une farouche conscience de son isolement et rompt progressivement les derniers liens avec l’héritage diplomatique de l’Empire Rhêmien. A chaque occurrences de la peste bleue, celles-ci étaient considérées par les écrivains contemporains comme un jugement de Dieu en réponse aux péchés des hommes. Inspirés par la tradition littéraire classique catholane, en plein essor avec la disparition progressive des paganismes locaux, les épidémies de pestes furent également supposées être « un fléau envoyé par Satan, à qui Dieu aurait ordonné de détruire les hommes pour les punir de ne pas avoir abandonné leurs anciennes superstitions ». Cette lecture vengeresse et punitive affaiblit les Princes de Vale qui, pour se défendre, entamèrent, toujours à cette époque, les prémisses des schismes avec l’Église catholane et la complaisance vis-à-vis des hérésie, devenues par la suite monnaie courante à Carnavale.

Les symptômes de la peste mathéorenne sont décrits et corroborés dans plusieurs ouvrages datant de ces époques. Les travaux des Nulmangeoire, bien entendu, sont une source précieuse pour comprendre et retracer le développement de la maladie, mais d’autres médecins et philosophes naturels commentent ce qui est alors perçu comme « un mal du siècle ». L’archevêque de Brumebrise, rapporteur de l’Église pour le Pape à Carnavale, documente longuement les conséquences de la maladie sur les populations de la Principauté et l’adaptation des autorités à ce fléau. Selon ces récits, de nombreuses victimes ont souffert d'hallucinations suivies de fièvre et de fatigue. Peu après, des bubons apparaissaient dans la région de l'aine ou des aisselles, les victimes entraient dans un état semi-conscient ou léthargique, puis elles devenaient folles. Certains patients ont développé des cloques noires couvrant leur corps, et d'autres sont morts en vomissant du sang. La maladie progressait rapidement et les personnes infectées mouraient généralement en deux ou trois jours. Dans certains cas, les bubons atteignaient une taille importante, puis se rompaient et suppuraient, auquel cas les patients se rétablissaient généralement, mais souffraient souvent par la suite de tremblements musculaires. Les survivants se retrouvaient généralement avec les cuisses et la langue atrophiées et de nombreuses amputations devaient être réalisées pour éviter les infections ou la nécrose.

La deuxième pandémie de peste, et la plus célèbre, est connue sous le nom du Père la Peste (surnommée ainsi car on la soupçonnée d’être le patriarche de toutes les maladies étant donné son ampleur et sa mortalité). C’est le Père la Peste qui a ancré la peste dans la mémoire collective eurysienne et carnavalaise. Elle est à ce jour encore considérée comme l'un des plus grands fléaux épidémiques de l’humanité. Entre 1346 et 1352, elle a causé la mort d'environ 35 millions de personnes, soit un tiers de la population mondiale de l'époque. On estime que 25 millions de personnes supplémentaires sont mortes avant la fin du siècle et qu’autant ont souffert toutes leur vie d’avoir été infectées, soit en raison de symptômes chroniques, soit à cause des amputations médicales réalisées à l’époque pour empêcher la propagation de l’infection d’un membre au reste du corps. On sait aujourd’hui que ces pratiques étaient plus néfastes que bénéfiques, la maladie étant d’origine bactérienne, mais la médecine de l’époque demeurait balbutiante et tâtonnait pour essayer de comprendre à quelle menace elle avait à faire. Entre le XVe et le XVIIIe siècle, on estime que 30 à 60 % de la population des grandes villes, notamment Carnavale, Fortuna, Théodosine et Ligert, sont morts de cette maladie. Elle a continué à sévir jusqu'au XVIIIe siècle, lorsqu'une dernière occurrence s'est produite à Port-Lodin en 1720.

La peste bleue se développe à travers trois étapes différentes : elle peut être bubonique, pneumonique ou septicémique. Selon les variants régionaux, certains commencent directement au stade pneumonique, sans apparition de bubons, ce qui rend sa détection plus lente. La forme la plus courante à travers l’histoire a été la forme bubonique (peste bleue de la mer Blême, peste d’Antrania, peste mathéorenne) dont le taux de mortalité était compris entre 30 % et 75 %. Lorsqu’elle passe à la forme pneumonique ou à la forme septicémique, la peste bleue peut atteindre des taux de mortalité s’élevant respectivement jusqu’à 90 % ou 95 % voire de 100 % chez certaines populations (jeunes enfants, personnes âgées). Le Père la Peste doit sa léthalité à sa grande virulence en raison de son temps d’incubation. Elle a alors le temps d’atteindre le stade pneumonique avant l’apparition des premiers bubons ce qui fait que les soins arrivaient presque systématiquement trop tard pour sauver la personne atteinte.

Le Père la Peste a commencé au début des années 1360 en Carnavale, qui était alors l'une des nations commerciales les plus actives au monde, très certainement importée par bateaux depuis les confins de l’Eurysie de l’est. Elle se propage rapidement à l’ouest grâce aux navires et aux caravanes marchandes qui circulent à travers tout le continent en passant par l’Afarée et en suivant les routes commerciales qui circulent à travers le continent. Le commerce d’étoffes et de fourrures hébergeait des puces qui se déplaçaient dans les vêtements des gens ou les animaux suburbains (rongeurs, chats et chiens), rendant la propagation de l’épidémie impossible à contenir, sauf en fermant les ports à tous les navires étrangers. En moins de vingt ans, la Père la Peste s’est répandue dans toute l’Eurysie et a atteint le Nazum. Le nord de l’Afarée est également touché mais la peste peine à passer les grands surfaces désertiques du centre du continent.

Apparue en 1330 au cœur des quartiers commerçants de Carnavale, en quelques jours, la maladie s'était propagée dans toute la ville et dans la campagne environnante, où elle a gagné lentement les villages et ville les uns après les autres. L'une des descriptions les plus précises et les plus cliniquement exactes de la maladie a été écrite par Julembrun Météore dans son Décamarron, qui explique le développement de la maladie depuis le début de la propagation dans les poumons en passant par les bubons dans l'aine ou sous les aisselles et jusqu'à la mort du patient par hémorragies internes.
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D'une durée de plus de 130 ans, le Père la Peste a eu de profondes répercussions sur de nombreux plans de la société carnavalaise : économiques, culturelles, scientifiques, médicales, sociales et religieuses. Avec la mort d'un si grand nombre de personnes, l’administration princière, le commerce international mais aussi les échanges internes à la Principauté ont été brutalement paralysés. Une fois de plus, les rues étaient jonchées de cadavres, le bétail errait sans surveillance dans le pays, les travailleurs qui n’étaient pas touchés par la maladie allaient de villages en villages à la recherche d’employeurs puis commencèrent à se terrer dans les bas-fonds des cités en tentant de survivre à la maladie comme à la misère. Les conséquences morales sont au cœur du Décamarron : Julembrun Météore explique que les fils se retournaient contre leurs pères, les frères contre leurs frères et que les serfs ne respectaient plus ni l’autorité de leurs seigneurs, ni celles des prêtres et reniaient tous les enseignements de Dieu. Les conséquences sont proches de celles de la peste mathéorenne mais en bien pire car la mortalité et plus élevée et la maladie incube plus longtemps ce qui empêche aux autorités locales de la réguler par les quarantaines. Les murailles ne protègent plus contre l’épidémie qui semble inarrêtable. Au cours des deux-cents années qui ont suivi l’apparition du Père la Peste, plusieurs générations doivent apprendre à vivre avec la menace de la maladie et la société se réorganise profondément pour y faire face. D’abord débordée, les Princes de Vale finissent par reprendre en main leurs terres, sans toutefois réussir à endiguer la pandémie. La mortalité infantile triple durant la période et ne diminuera que lentement, même passé le pic de virulence de la maladie, ce qui a entraîné un ralentissement de la croissance économique et démographique dans la totalité de la Principauté jusqu'à la fin du XVIe siècle.

Les chiffres économiques de la Principauté à cette époque montrent très nettement comme le Père la Peste a exacerbé une récession de l'économie carnavalaise qui avait commencé au début du siècle. Cette mauvaise situation économique, imputable à la mort de nombreux paysans et la sécessation quasi-totale du commerce extérieur provoque de vives tensions pendant plus d’un siècle. Carnavale doit faire avec des soulèvements paysans dans de nombreuses régions de l’ouest notamment, comme avec la tentative de sécession de la ville de Bourg-en-Bourdon (la révolte des fourchus), et la grande marche de la faim (aussi appelée « guerre de trois semaines » qui a menacé la capitale Carnavale). Ces troubles ont tous été attribués directement ou indirectement au Père la Peste en raison des famines qui sévirent sévèrement dans les premières années suivant le déclenchement de l’épidémie, puis le déclassement rapide d’une grande part des travailleurs, notamment les artisans et la bourgeoisie commerçante frappée de plein fouet par la rupture du commerce international. Le dépeuplement a ainsi accéléré l’exode rurale en affaiblissant les devoirs traditionnels, déjà fragiles, des paysans les obligeant à rester sur leurs terres au service d’un seigneur. Des régions entières de la Principauté furent ainsi partiellement désertées, les survivants n’étant plus assez nombreux pour former des communautés fonctionnelles, ils se regroupèrent par la force des choses en ignorant l’ancien découpage des terres de la noblesse. La pénurie soudaine de main-d'œuvre bon marché a incité les propriétaires terriens à se disputer les paysans en leur offrant de meilleurs salaires, davantage de libertés et en abolissant partiellement ou totalement le servage. Ces bouleversements profonds du tissu social et économique carnavalais pourrait être à l'origine des premières formes de capitalisme en Eurysie occidentale. Par ailleurs les bouleversements sociaux, la rupture avec les hiérarchies traditionnelles et les places laissées vacantes par la mortalité au sein des élites ont très certainement accéléré certaines des grandes transformations civilisationnelles dans la région comme la Renaissance et, plus tard, la Réforme protestante.

Les arts ont également souffert. Le Père la Peste a profondément bouleversé les représentations esthétiques et religieuses de la société où la croyance en Dieu a tantôt été renforcée, tantôt ébranlée. L’incompréhension face à la calamité et l’absence de réponse aux prières ont suscité chez les Carnavalais des ruptures profondes de représentations. On date de cette époque l’émergence des mouvements rationalistes et lucifériens, mais également la renaissance des mouvements hérétiques et sectaires catholans dans la région. La représentation de la vie humaine en est transformée : les représentations des sculptures et bas-reliefs se mettent à faire apparaitre des vers et des escargots dévorant les personnes malades, les peintures choisissent comme sujets des gens socialisant avec des squelettes, la gamme chromatique des couleurs s’assombrit tendanciellement et les thèmes sont largement plus pessimistes. Les artistes abandonnent partiellement les anciennes traditions picturales consistant à peindre des objets idolâtrés par la religion catholane. La spiritualité, le monde céleste et immatériel s’efface progressivement pour laisser place à des représentations plus réalistes de la chair et des blessures. Les visages tordus et grimaçants soulignent les affres de la maladie, la souffrance, la peur, la détresse et la mort.

L’art religieux évolue également pour répondre aux angoisses du siècle. Thomathusalem de Carnavale compose le Dies Irae « jour de commère », figurant le jugement d’un homme aux portes de la mort, que ses voisins critiquent en raison de ses pêchés commis pendant sa vie. L’hymne montre le passage du monde des vivants à celui de Dieu, figurant la montée progressive des trompettes célestes appelant les âmes devant le trône de Dieu, où les sauvés seront délivrés et les non sauvés jetés dans les flammes éternelles. L’allégorie déjà populaire à l’époque, de la Danse Macabre, qui représente une chaîne de personnages emportés vers les enfers par un squelette, devient un sujet central dans l’art carnavalais dont on retrouve encore aujourd’hui des traces dans la sculptures et sur de nombreuses façades de bâtiments. Enfin, de nouvelles philosophies religieuses et interprétations des textes voient le jours, tel que l'Ors moriendi (l'heure de mourir), instructif et populaire, qui éduque les Carnavalais à se préparer au trépas, à mettre de l’ordre dans leurs affaires, à mener un vie pieuse et à confesser le plus régulièrement possible leurs vices. Rejeté par certains, le clergé prend dans le même temps une importance renouvelée dans la vie quotidienne, l’imminence de la mort rend la proximité des prêtres d’autant plus nécessaire qu’ils sont les seuls à avoir le pouvoir d’absoudre l’homme de ses pêchés.

Le bouleversement n’est pas que symbolique et impacte à différents degrés plusieurs générations successives : les enfants, souvent orphelins ou délibérément abandonnés, grandissaient en voyant autour d’eux les horreurs de la mort dès leur plus jeune âge. L’absence d’adultes et l’affaiblissement des institutions ainsi que l’augmentation de la criminalité et des bandes de pillards expose de nombreux jeunes Carnavalais à des sévices qui forgent les adultes qu’ils deviendront plus tard (lorsqu’on leur en laisse l’occasion). C’est une société plus brutale mais également paradoxalement plus humaniste qui émerge du Père la Peste, les volontés et desseins de Dieu importent désormais moins que le salut du corps ici-bas et la promesse de la Jérusalem céleste ne suffit plus à accepter les souffrances terrestres. Symptôme emblématique d’une jeunesse sacrifiée, le jeu enfantin de la marelle, très populaire aujourd'hui mais souvent pratiqué sans que l'on connaisse vraiment son histoire ou sa signification, serait révélateur de leur vision du monde : la marelle représente une croix que l’on foule au pied, profanation signe d’un anticléricalisme montant, mais peut également figurer les croix tracées sur le sol au-dessus des sépultures, faute de pierre tombale en assez grand nombre pour enterrer correctement tout le monde. Les enfants, espoir de la nation, jouent au-dessus des morts sur lesquels ils sautent telle une ultime provocation. La marelle mène cependant au ciel, elle rappelle que nul n’échappe à la mort. Le memento mori « souviens-toi que tu es mortel » redevient à la mode et est décliné en bijoux, souvent sobre, que portent les Carnavalais en signe d’humilité de leur condition. « Un deux trois soleil » est aussi la déclinaison d’un jeu des enfants de l’époque : le soleil fait référence à l'anneau bubonique visible sur la peau des personnes atteintes de la maladie et, devenue son symbole, que l’on traçait sur les portes des maisons pestiférées. « Un deux trois soleil » consiste ainsi à courir pour toucher ces portes maudites, une façon de braver la peur de la mort malgré les interdits et les tabous. Des comptines, des chansons que l’on peut dater de cette époque sont des références aux maux qui frappent la Principauté. On peut par exemple citer : « je m’en irai au marché ; les poches pleines de bouquets » qui peut faire référence à l'utilisation de ceux-ci pour masquer l'odeur des corps en décomposition et protéger les médecins des patients infectés, ou bien aux fleurs jetées sur les tombes des défunts ; « il pleut des cendres ; c’est la fête à la salamandre » fait référence à l'incinération des morts lorsque les enterrements devenaient trop laborieux, la salamandre étant un signe princier. Le peuple compte ainsi ses morts pendant que la noblesse fait bombance. Enfin, le célèbre « jeu du puits » fait très certainement référence au fait que les enfants vivaient avec la conscience qu'eux aussi pouvaient succomber à tout moment au Père la Peste et à la mort, ce qui donne une image du climat culturel de l'époque. La mort devient centrale, la culture carnavalaise se teinte de morbidité et la désacralisation touche toutes les sphères de la société.

Le bouleversement qui intéresse certainement le plus les Laboratoires est celui qui s’est joué sur le plan médical et scientifique. La famille Dalyoha a toujours rappelé la filiation qui existe entre la création de Grand Hôpital et l’expérience du Père la Peste.
Bien que de nombreux médecins aient fui lorsque la maladie a atteint Carnavale, d'autres ont tenu la ligne face à la maladie et ont continué à soigner les malades, souvent au prix de leur propre vie. Échaudés par les précédentes épidémies, les Princes de Vale ont immédiatement débloqué des fonds, créant sources et primes pour encourager les médecins à s’engager contre le Père la Peste mais aussi développer des clubs de recherche pour tenter de découvrir un remède. À l'époque, les médecins ne disposaient en effet d'aucun traitement efficace, en raison de lacunes de l’époque en matière d'épidémiologie. L’existence de micro-organisme n’est encore que soupçonnée et les causes de la maladie est imputée à des raisons farfelues, voire religieuses ou ésotériques. Même à la très en avance Académie Princière de Philosophie Naturelle de Vale (plus tard Académie Princière de Médecine et de Biologie du Vale), les travaux de recherche commencèrent par émettre l'hypothèse que la Père la Peste pourrait être apparue en raison de la conjonction des planètes Saturne, Mars et Jupiter et d’un dérèglement de la composition de l’éther céleste. Divers remèdes furent essayés, parmi lesquels le jeune intermittent, l’apposition de pierres précieuses, le fait de sauter une nuit sur deux, de l'exercice physique la tête en bas, ressentir des émotions fortes pour chasser les humeurs malignes, des lavements réguliers à l’eau de mer et l'abstinence sexuelle. Si de tels soins peuvent aujourd’hui faire sourire, ils donnèrent lieu à la naissance d’un marché du médicament, certains marchants se spécialisant dans la vente de substances et de gri-gri supposés suivre les recommandations des médecins.

En 1546 (presque deux cents ans après le début de l’épidémie tout de même), la première théorie complète sur l’origine et le fonctionnement des infections fut publiée par Élisée Libellule (1478-1553). Libellule émit l'hypothèse que le Père la Peste était causé par un agent infectieux de taille infime qu'il appela malus minus minusculus. Il suggéra que les minus minusculus causaient la contamination et étaient transmis par des particules invisibles à l’œil nu. Ce changement de paradigme bouleversa complètement la façon dont les Carnavalais menaient leurs recherches. Jusque-là, bien que certaines personnes soupçonnaient le rôle joué par les animaux dans la propagation de la maladie (beaucoup de chats et des chiens étaient tués à l’époque), personne ne soupçonnait encore que les rats puissent être impliqués. Cette erreur d’analyse avait d’ailleurs provoqué un certain nombre de catastrophes et de politiques contre-productives, telles que les quarantaines qui, en augmentant la densité de population dans les villes, exposait les communautés aux rats infectés. Le rapprochement physique des colonies de rongeur et des humains pouvait avoir pour conséquence d’augmenter le taux de morsures de pratiquement 100% et de celui du taux de mortalité de 70%.

Plus généralement, le Père la Peste accéléra la prise de conscience de la noblesse carnavalaise de la nécessité de mettre en place des politiques de santé publique. Jusque-là, les médecins, ou barbiers-chirurgiens, fonctionnaient en corporation privée, en concurrence les uns avec les autres et jugés sur les résultats de chacun. Ceci impliquait notamment que la société était en proie à de nombreuses formes de charlatanisme, chacun pouvait prétendre avoir développé un remède miracle aux troubles de la société. Malgré l'existence d'ouvrages médicaux, de traités moraux et de proclamations papales fournissant des explications rationnelles (du moins dans la vision médiévale du monde) pour expliquer l’origine des maladies et comment s’en prémunir, les idées irrationnelles ou superstitieuses prévalaient majoritairement au sein de la population et y compris chez les guérisseurs, rebouteux et herboristes. Les catholans attribuaient par exemple la maladie aux lépreux, qui eux-mêmes l'attribuaient aux juifs, qui l'attribuaient aux sorcières. Ces croyances menèrent à de nombreux mouvements de persécutions désespérées, en particulier au début de l'épidémie : des femmes, des lépreux et des juifs étaient attaqués, vus comme étant les responsables des malheurs de Carnavale. On les accusaient de propager délibérément la peste dans le cadre de vastes complots organisés, mais aussi parce que leur hérésie innée avait pollué la société et provoqué la colère de Dieu.

La ville de Carnavale à elle seule a massacré plus de 20 000 de ses habitants de confession juive. En 1351, 70 grandes communautés juives et 180 plus petites avaient été exterminées, et plus de 350 massacres distincts avaient eu lieu à travers la Principauté. Ces persécutions étaient souvent plus que le résultat de la haine religieuse et avaient une portée politique. Elles servaient notamment de moyen détourné d'attaquer les princes de Vale dont les juifs étaient perçus comme les usuriers et donc les financeurs, ou l'Église qui tentait d’endiguer ces mouvements de colère populaire et craignait de perdre son autorité à décider seule qui était ou non hérétique. En effet, dans certains cas les personnes accusées souffraient simplement de retards de développement physique, de malformations et de troubles mentaux, et sont devenues des cibles par opportunisme et lapidées pour sorcellerie. L'une des conséquences du Père la Peste a été de provoquer l’exode hors de la péninsule de nombreux juifs carnavalais.

Grâce aux épidémies, la corporation se structure rapidement, aidée par des financements princiers, et une forme de proto-méthode scientifique voit le jour. L’Académie Princière de Philosophie Naturelle de Vale obtient de très nombreux privilèges et, face à l’urgence de la situation, confronte certains interdits de l’Eglise comme la dissection des cadavres.

L’Eglise catholane, pendant le Père la Peste, a dû s’adapter localement à la situation à Carnavale. La maladie a modifié les pratiques religieuses du quotidien, mais aussi les croyances fondamentales. Un tout nouveau panthéon de saints de la peste a par exemple vu le jour, censés soulager les affres ou tenir à distance la maladie, ainsi que de nouvelles confréries religieuses, la fondation de sanctuaires dédiés à la protection de la population contre l’épidémie. Des sectes religieuses ont également été fondées à cette époque, dont certaines qui donneront plus tard naissance au mouvement luciférien international. Mise devant les nécessités de la situation, l’Eglise catholane de Carnavale va parfois prendre des initiatives qui l’éloigneront du Pape comme par exemple la canonisation de nouveaux saints, tel saint Arthurbain qui, selon la tradition locale, serait né en 1299 avec un troisième bras au niveau du ventre. Après avoir tué sa mère en couche en raison de sa difformité, il est élevé par son père, un riche bourgeois ayant fait fortune dans les coquelicots. A la mort de son père, emporté par la maladie, il distribua la fortune familiale aux pauvres et fonda plusieurs léproserie destinées à accueillir les plus vulnérables. Selon la légende, saint Arthurbain réalisa plus guérisons miraculeuses par apposition de son sexe sur le front des malades, au point d’être rapidement surnommé « Arthurbain bite-en-d’or » et de faire du bouton d’or son emblème. Sa notoriété grandit dans toute la Principauté jusqu’à attirer l’attention d’un noble local qui l’invita à manger en son château. Convaincu de réaliser l’apposition de la bite sur la tête du fils du noble atteint par la peste, son hôte en profita pour la lui trancher d’un coup de hachoir à viande pour garder le miraculeux membre qu’il conserva dans un bocal rempli de vinaigre. Arthurbain mourut d’hémorragie dans les heures qui suivirent et fut emmené au paradis par plusieurs chérubins selon le témoignage des autres invités au dîner. Son membre continua de réaliser des miracles et Arthurbain fut canonisé quelques années plus tard, son membre devenant une sainte relique encore aujourd’hui conservée dans la chapelle éponyme, qui se trouve dans le quartier des hologrammes à Carnavale. La bite-en-or y est toujours vénérée à ce jour et fait l’objet de nombreux pèlerinages internationaux.

En 1855, une nouvelle pandémie de peste éclate. Cette fois-ci, les Carnavalais ne sont pas pris au dépourvu et lui donnent le nom de malpeste, l’identifiant rapidement comme une variante du Père la Peste. Apparue dans le sud de la Principauté, la contamination est attribuée à la saleté des Clovaniens. Elle atteint la ville de Carnavale en 1856 et ce malgré les précautions sanitaires prises dès la découverte des premiers malades. La malpeste se répand à toute vitesse dans les bas-quartiers de Carnavale. En un mois, les Princes de Vale renoncent à la contenir et acte que la pandémie est désormais incontrôlable pour se concentrer sur les soins aux populations touchées. La propagation de la malpeste prit au dépourvu les autorités de Carnavale, elle était en effet beaucoup plus rapide qu'auparavant en raison des moyens de transport plus modernes, l’usage du train et de la voiture, mais aussi en raison du développement urbain de Carnavale qui favorisait le fait de vivre en promiscuité les uns avec les autres.

Le premier événement marquant a été la découverte du corps sans vie d'un ouvrier loduarien dans le sous-sol d'un hôtel du quartier des oranges. Une autopsie pratiquée par un médecin hygiéniste de Grand Hôpital révèle la présence de symptômes ressemblant à ceux de la malpeste, ce que confirment les prises de sang. Immédiatement, les ghettos loduariens sont mis en quarantaine, provoquant un vif débat politique à l’intérieur de la Principauté. Les racistes et les hygiénistes demandent l’épuration ethnique de la Cité noire, ce à quoi s’opposent les syndicats patronaux qui ont besoin de main d’œuvre étrangère sous payée. Le cas du quartier loduarien est tranché lorsque les Princes de Vale autorisent Grand Hôpital à tester un protocole de traitement de la maladie en communauté fermée. La zone fait l’objet d’une expérimentation à ciel ouvert pendant plusieurs mois ce qui permet à la Principauté et à Grand Hôpital de faire de nombreuses observations précieuses sur le comportement des foules en cas de pandémie et la façon de traiter efficacement une épidémie, lorsqu’il est possible d’en circonscrire l’étendue. La quarantaine est finalement levée après 7 mois, mais les communautés loduariennes continueront de faire l’objet d’inspections régulières, maison par maison, pendant les dix années suivantes. Certains chercheurs carnavalais théorisent alors l’utilisation des maladies comme outil de coercition sociale, afin de justifier des restrictions de libertés au sein d’une population apeurée et dépendante aux médicaments que le gouvernement lui fournit.

Alors qu’on pensait la malpeste endiguée, une seconde épidémie se déclare lors de l’effondrement d’une avenue suspendue ce qui ouvre l’accès à un quartier inondé. Les sans domiciles fixes sont exposés à la vermine et la peste se diffuse rapidement hors des quartiers inondés. Cette fois-ci cependant, l'expérience acquise dans la lutte contre les rats permit d'enrayer l'épidémie par la diffusion massive de pesticides sur les nids infectieux, ce qui permet à la ville de se débarrasser non seulement des rongeurs, mais aussi des SDF.

Décrire l’histoire intime de Carnavale et de la maladie ne doit pas se limiter à la façon dont la société a combattu les différentes épidémies de peste, mais également comment elle les a utilisées à des fins militaires, mais aussi de contrôle social.

La première trace écrite de ce que nous considérons aujourd'hui comme une « guerre biologique » remonte à une tentative présumée d'utiliser la peste bleue lors du siège de Draculvoda par les forces turco-mongole au début du XIIème siècle. Lorsque l'armée tatare fut frappée par la peste, son chef catapulta les cadavres des victimes sur les Blêmes assiégés. La ville, en proie à la maladie, fut obligée de se rendre peu de temps après. L’enrôlement des Blêmes comme mercenaires dans les armées tatares participa à propager l’épidémie à travers la région, jusqu’à atteindre Carnavale quelques années plus tard.

Bien que cette mesure ait été considérée comme la cause de l'épidémie de peste parmi les Blêmes, il est plus probable que la maladie ait été transmise par les rats, car les puces infectées quittent leur hôte dès que le cadavre refroidit. L’anecdote parvint à Carnavale en même temps que la maladie, provoquant l’intérêt des généraux carnavalais qui la mentionne dans leurs traités de stratégie dès les années 1380, au cœur de l’épidémie. Il ne fallut pas attendre longtemps pour qu’elle soit d’ailleurs appliqué. Malgré les réticences et les tabous religieux quant à l’instrumentalisation de ce qui à l’époque était encore perçu comme un fléau divin, Brunoctave, Duc d’Ordinaire, qui menait ses troupes lors de la bataille du Pont des vaches en 1422, prend la décision de faire catapulter les corps de soldats atteints du Père la Peste ainsi que deux milles cinq-cents charrettes remplies d'excréments dans les rangs des troupes ennemies. D’après de nombreuses chroniques de l’époque, les soldats enduisirent également leurs lames et la pointe de leurs flèches dans des substances et liquides infectés par la maladie, afin de provoquer des infections aux blessures infligées à leurs ennemis. Une façon de rendre plus complexe et couteux les soins dans le camp adverse, tout en distillant la peur et en attaquant directement le moral ennemi.
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La pratique est de plus en plus théorisée au fil des années, les Carnavalais étudient l’usage guerrier des maladies et développe même des outils pour tenter de conserver l’infection dans des lieux sécurisés, de façon à pouvoir s’en servir plus tard au moment opportun. Sans compréhension de l’épidémiologie et ignorant le fonctionnement des bactéries, la plupart échouent mais les quelques succès permettent, en tâtonnant, l’émergence d’intuitions médicales. L’une des expériences les plus célèbres est celle du cloitre des gémissants, une léproserie sur le domaine du Duc de Bâtoncourt qui gardait enfermé des malades atteints de la pestes dans un lieux fermé, dans le but de les relâcher au bon moment dans les régions frontalières pour les déstabiliser. Les malades ayant tendance à mourir, le Duc de Bâtoncourt renforçait régulièrement son cheptel de serfs sains afin que la maladie continue de se propager en interne. La réputation de Bâtoncourt étant devenue exécrable, il finit par être dénoncé aux Princes de Vale qui détruisirent la léproserie mais pas avant d’y avoir enfermé le Duc. La réputation de ce dernier nourrit depuis une légende noire et lieux où se tenait la léproserie, depuis enseveli sous les champs OGM, est réputé hanté.

En 1471, lors de la bataille des tours courbées opposant les forces du Duc de Brillemuraille et celles des barons coalisés de la ligue des feuilles, les barons prirent la décision de lancer les cadavres des victimes de la peste dans les rangs de l'ennemi. En 1489, la Duchesse de Bellémeraude se fait confectionner un onguent avec les tripes purulentes d’un pestiféré et s’en enduit les lèvres. Elle embrasse ensuite sur la bouche le Duc de Ventremou au banquet donné par Thédéon Dalyoha. La Duchesse de Bellémeraude et le Duc de Ventremou mourront quelques semaines plus tard, emportées par la maladie, ce qui en fait le premier assassinat bactériologique de l’histoire carnavalaise. On soupçonne la technique d’être réutilisée à plusieurs reprises, l’assassinat par la maladie permettant en effet de camoufler des assassinats politiques en les faisant passer pour des accidents.

L’histoire carnavalaise est ponctuée d’utilisation des miasmes et des germes comme méthode de guerre militaire et social. Plusieurs chroniques témoignent par exemple de l’utilisation volontaire de certaines maladies pour réduire la population dans certains ghettos urbains, ou au sein des communautés paysannes des nobles adversaires. La décimation de villages ou la dispersion forcée de populations finit même par faire l’objet de législations de la part des Princes de Vale, afin d’en punir la pratique, ce qui est un indice fort que la pratique s’était démocratisée. En 1612, la loi carnavalaise interdit l’entreposage de carcasse de bétail infecté à des fins militaires. En 1615, cette loi est élargie pour punir le stockage de viscères et de tout organe susceptible d’être infecté. Pour mener à bien leurs enquêtes, les prévaux du Prince sont d’ailleurs autorisés à obliger les suspects à consommer une partie des stocks incriminés pour les forcer à avouer leurs crimes. La position des Princes de Vale fluctue avec le temps sur le sujet de la guerre bactériologique. Si le soucis d’éviter des catastrophes sanitaires sur le territoire carnavalais est souvent mis en avant pour justifier les politiques de répression, certains souverains se montrent beaucoup plus complaisants, certainement influencés par la famille Dalyoha. Le clan – que nous remercions au passage pour nous avoir accordé l’usage de cette salle – s’illustre en effet comme l’une des premières familles nobles à saisir l’intérêt stratégique non seulement de l’usage des maladies dans un contexte de guerre, mais aussi la recherche et l’étude sur le sujet. On sait aujourd’hui que le rachat de l’île de Bourg-Léon par les Dalyoha au XVIème siècle est justifié par la volonté de limiter les risques d’une fuite de pathogènes dangereux. Bourg-Léon est une île isolée du continent par la mer ce qui facilite grandement les procédures de quarantaine. La famille Dalyoha reçoit plusieurs privilèges l’autorisant à réaliser des expériences sur les villages de pêcheurs locaux. Ce sont les premiers pas d’une forme de recherche en épidémiologie, prélude à un avenir glorieux pour la science mondiale.

Au début XXème siècle, le progrès technologique et scientifique accélère largement la recherche sur le sujet. En 1901, à l’aube du siècle nouveau, les Laboratoires Dalyoha fondent plusieurs unités de recherche secrètes afin d'étudier les agents de guerre biologique et la diffusion des pathogènes au sein d’un grand groupe de personnes. S’il n’est pas à exclure que le souvenir saisissant du Père la Peste ait contribué à focaliser l’attention des pionniers de la recherche sur cette maladie en particulier, la peste bleue présente des qualités intrinsèques qui en font une excellente base de travail pour étudier et créer des armes bactériologiques.
Le médecin en chef des Laboratoires, le professeur Bernarlequin Ulexandre, a justifié son intérêt pour la peste, car elle pouvait causer un nombre de victimes disproportionné par rapport au nombre d'organismes libérés. Elle présentait également l'avantage d'être une arme non seulement très dangereuse, mais dont l'origine pouvait être dissimulée pour la faire passer pour un phénomène naturel. L’usage était donc tout aussi concret que symbolique : il devait être possible d’éradiquer une population – ou une armée – tout en saisissant les opinions publiques pour faire croire à un châtiment religieux. Par ailleurs, l’effet démoralisateur est bien plus efficace que pour les armes conventionnelles : la maladie est invisible, omniprésente, cause un grand nombre de malades et de blessés qui occupent l’adversaire et peuvent complètement immobiliser une troupe, voire la faire se débander. Il faut rappeler que les premières théorisations du soft power et des opérations psychologiques datent de cette époque, l’étude de l’utilisation d’une épidémie pour saper le moral d’un adversaire s’inscrit dans cette dynamique.
Les Laboratoires Dalyoha, sous la direction de Bernarlequin Ulexandre, vont alors se lancer dans une série d’expérimentations confidentielles, dont un certain nombre sur la population carnavalaise. Les premières expériences ont consisté à larguer des bactéries à partir de bombes aériennes, sous prétexte de mater des grèves de mineurs dans le sud du pays. L’utilisation de bombes a échoué, car la pression atmosphérique et les températures élevées tuaient presque toutes les bactéries sur le coup. Aujourd’hui, nous sommes en mesure de produire certains spécimens OGM capables de résister à ces chocs mais à l’époque le feu restait encore le meilleur moyen de supprimer n’importe quel pathogène. Bernarlequin Ulexandre reporta alors ses recherches sur les premiers vecteurs de propagation de la maladie : les animaux. Les puces pouvaient être utilisées à la fois pour protéger les bactéries et pour cibler les humains. Je me permet une aparté pour vous dire que, de nos jours l’étude de l’emploi de tardigrades plutôt que de puces est un secteur de recherche très prometteur, et que le laboratoire n°87 recherche justement deux jeunes médecins supplémentaire pour travailler sur son projet d’élevage. La tentative de pulvérisation de puces infectées à partir de conteneurs à air comprimé sous prétexte d’épandage échoua également, car elle exigeait que les avions volent trop près du sol. Finalement c’est la professeure Martine Ferme qui proposa l'utilisation de bombes d'argile pour protéger les parasites, ce qui résolut le problème et permit d'obtenir un taux de survie des puces de 80%.
À plusieurs reprises pendant le début du siècle, les Laboratoires Dalyoha menèrent des expériences visant à tester l’efficacité de la peste bleue comme arme biologique en dehors du territoire de la Principauté. Le 7 novembre 1915, sous prétexte de lutter contre une famine dans un pays dont j’ai oublié le nom, nous avons répandu des bacilles de la peste sous forme de grains de riz et de blé mélangés à des puces infectées. Cette opération consacra la possibilité de provoquer volontairement une épidémie localement, mais ne causa la mort que de 25 personnes, ce qui fut jugé insatisfaisant. Quelques semaines plus tard, le 19 janvier, des avions carnavalais ont largué des bactéries de la peste sur la capitale régionale. En l'espace de deux jours, la peste bubonique est apparue pour la première fois dans cette ville, tuant 101 personnes en 32 jours. A nouveau, la théorie se vérifiait, mais la léthalité n’était pas au rendez-vous. Nous devions nous donner les moyens de décimer au moins plusieurs milliers de personne, de façon à provoquer un choc et une mobilisation suffisante pour paralyser la logistique de l’ennemi. Notons que dans chacun de ces deux exemples, aucune mortalité excessive n'a été constatée parmi la population de rats, ce qui fait penser qu’il était possible de maintenir la maladie sous forme latente sur un territoire grâce aux animaux. Cependant, comme la communauté internationale commençait à s’alarmer de ces déclenchements de peste, Carnavale a dû cesser ses activités provisoirement afin de ne pas attirer les soupçons. La dispersion d’un mélange de grains de blé et de riz, de morceaux de papier, de coton et d'autres particules donne toutefois des résultats réellement prometteurs. Vous n’ignorez pas que c’est à cette époque que Bourg-Léon commence à se doter d’un cheptel de cobaye humain en interne, plusieurs expériences à petite échelle sont menées pour optimiser la transmission des pathogènes. Dans le même temps, les premiers essais visant à faire muter le bacille de peste bleue afin d’augmenter sa léthalité voient le jour.

A partir de là, tout va s’accélérer jusqu’au Chaos de Carnavale. Le docteur Christorphée Dalyoha, directeur de Grand Hôpital dans les années 30, expose en interne la stratégie des Laboratoires, je le cite : « Les Obérons nous surclassent en tout point d’un point de vue industriel. Si les Dalyoha ne veulent pas être éclipsés avant la fin de ce siècle, nous devons investir toutes nos forces dans la création d’armes non conventionnelles, afin de faire peser une menace d’un genre si nouveau sur nos ennemies que ceux-ci ne sauront comment y répondre ». Ces mots trouvent un écho particulier aujourd’hui n’est-ce pas ?

Je ne ferai à personne l’affront de retracer la chronologie du Chaos de Carnavale mais c’est pendant ces sept années que la science Dalyoha a pu montrer toute son efficacité, au point de rivaliser avec des fortunes plus conséquentes (celle des Castelage) et avec la supériorité industrielle écrasante des Obéron. Si le Chaos trouva son paroxysme à Carnavale, on oublie parfois que l’arrière-pays fut un enjeu militaire majeur puisque tenir certaines régions permit d’assurer – ou de couper le cas échéant – les approvisionnements en nourriture dans la capitale. Dans la presse d’opinion qui commente les affrontements, des journaux possédés par les Obéron accusent le clan Dalyoha d’avoir largué sur ses domaines des insectes capables de propager la peste, le typhus, le paludisme, l'encéphalite B et d'autres maladies. Si le clan Dalyoha a nié à l’époque, nous savons aujourd’hui en interne que les accusations étaient fondées, précisant toutefois que ce cocktail bactériologique était composé d’organismes mutés afin de répondre précisément aux besoins militaires des Dalyoha, notamment une léthalité rapide mais un faible taux contagion afin d’éviter que toute la Principauté ne soit frappée d’épidémie. On estime qu’au plus fort des combats, Bourg-Léon possédait des usines de production capables de produire 500 tonnes d'agents par mois destinés à être utilisés comme armes.

Avec la fin du Chaos, les Dalyoha ont signé un certain nombre d’accords de non-agression avec les familles survivantes, l’un d’eux promettant notamment l’abandon de toute utilisation d’armes bactériologiques contre des Carnavalais. Il ne s’agissait bien sûr que d’un traité très théorique et les Obéron ont toujours – à raison – considéré avec méfiance le pouvoir de nuisance de leur rival historique. Cependant l’accord ne prévoyait pas l’arrêt de la production d’agents pathogènes, seulement leur non-utilisation sur le sol de la Principauté. Rien n’empêchait donc leur production pour un usage extérieur, une subtilité que les Laboratoires ne se sont pas gêné d’exploiter. En 1956, une grande étude théorique produite en interne estimait que la dissémination délibérée de 50 kg de de bacilles de peste sous forme d'aérosol au-dessus d'une ville de 5 millions d'habitants pourrait provoquer des cas de peste pulmonaire chez près de 150 000 personnes, dont 36 000 risqueraient de mourir de la maladie. Ces chiffres pouvaient être multipliés par trois en cas d’utilisation de variantes OGM plus infectieuses. Les bacilles de la peste resteraient alors viables dans la zone pendant au moins une heure, dans un rayon de 10 km, ce qui permet de frapper une large zone. Le rapport pontait également du doigt l’importance de certains comportements humains dans un tel cas de figure, notamment la possibilité importante que les personnes cherchant à fuir les lieux transportent les bacilles avec elles, provoquant ainsi une propagation encore plus importante.

Malgré la signature de traités sur les armes biologiques avec les familles Castelage et Obéron, les Laboratoires Dalyoha ont poursuivi leur programme de développement jusqu’à aujourd’hui, avec une augmentation substantielle de sa taille et de sa portée à partir des années 1960, puis une seconde fois à partir de 1987 à l’occasion du plan de modernisation de Grand Hôpital. Un département entier et une portion souterraine de Bour-Léon lui fut attribué en 1967 sous la direction d’Olivier Dalyoha, père d’Ambroise et grand-père de monsieur Blaise Dalyoha, en collaboration avec le docteur Léopoldin de Rougemoignon dont le portrait vous sera familier puisqu’il est affiché dans le réfectoire de l’Académie. Rougemoignon occupera ce poste jusqu’en 1985 avant d’être remplacé par le docteur Géminéon jusqu’en 1998 lorsqu’il sera promus directeur de Grand Hôpital. J’ai aujourd’hui l’honneur de remplir le rôle de directeur de ce prestigieux département. Notons toutefois que l’industrie de production médicamenteuse ne se trouve pas uniquement sur l’île de Bourg-Léon. Pour des raisons de sécurité je ne vous révèlerai pas où se trouvent tous les laboratoires mais certains sont dans Carnavale elle-même, sous couverture civile. S’il est de notoriété publique que les Laboratoires Dalyoha produisent et développent des agents bactériologiques et chimiques offensifs – du moins le secret est-il évanté depuis Estham et CRAMOISIE© – une partie de la production demeure volontairement dissimulée sous couvert de recherche légale et civile en biotechnologie, pharmacie, fabrication de médicaments et, dans certains cas, d’agents chimiques destinés à l’industrie. Vous seriez étonnés de voir qu’il est possible d’héberger un petit laboratoire dans une usine de peinture. La clef est de ne jamais consacrer plus de 15% de l’activité à ces recherches militaires, afin de diluer nos travaux dans le reste des commandes que passe l’entreprise. Cette discrétion, qui n’est en théorie pas nécessaire à Carnavale considérant sa législation permissive, vise précisément à se défendre contre une ingérence étrangère, qu’il s’agisse d’espionnage industriel ou d’une franche invasion militaire.

Je termine en précisant que la recherche sur les armes bactériologiques et les biotechnologies ne saurait se passer de collaborations avec d’autres secteurs de la recherche scientifique, d’où la multiplication des laboratoires de recherche. Mon collègue, que vous avez peut-être eu comme enseignant, le docteur Crogère, met à disposition de nos équipes toutes ses avancées en chirurgie, notamment les travaux portant sur le système nerveux. Quant à la doctoresse Edith Pioupiou, elle nous communique chaque semaine les progrès de ses laboratoires en matière de génie génétique.
Dans les années 1970, une collaboration avec les Industries Obéron a ouvert la voie à l’utilisation d’armes bactériologiques à longue portée. Cette étape a été possible grâce à nos progrès significatifs réalisés en matière de planification et de mobilisation en temps de guerre des Laboratoires, mais aussi grâce aux avancées des Industries Obéron en fuséologie. Nous étions en mesure de produire massivement de grandes quantités de divers agents, en particulier des versions OGM de la peste et de la variole, qui sont des souches particulièrement résistantes. La collaboration industrielle entre les Laboratoires et les Industries a permis d’envisager, dès la fin des années 1970, la possibilité de mener une attaque stratégique à l'aide de la peste ou de la variole grâce à des missiles balistiques intercontinentaux équipés d'ogives conçues pour contenir ces agents particuliers et favoriser leur dispersion à l’impact. Je n’entrerai pas en détail dans le domaine de la fuséologie que je maîtrise mal mais les missiles se décomposaient à une certaines hauteur en un myriade de petites ogives portant la charge bactérienne qui se dispersait dans l’air quelques mètres au-dessus du sol. Un système de leurre voyait par ailleurs le jour afin de focaliser l’attention de l’adversaire sur l’explosion sans lui laisser le temps de se rendre compte que le danger avait déjà été diffusé dans l’air. De telles armes pouvaient, dès le début des années 1980, ravager un pays de l’intérieur si utilisées contre les centres de population ennemis.

Parallèlement à ces progrès, les Laboratoires se sont concentrés sur la création de maladies mortelles incurables. Notre objectif était de tirer profit de notre avance dans le domaine pour prendre nos concurrents de vitesse en empêchant le développement de remède en cas d’attaque. Parmi les agents créés à l’époque figurait une forme de peste génétiquement modifiée, sèche et résistante aux antibiotiques. La production d'un tel agent pathogène était en fait une priorité absolue des Laboratoires depuis le milieu des années 70. Ce premier bacille de peste OGM a donné des résultats très prometteurs en milieu contrôlé et, même les Laboratoires ne parvenaient pas, dans un premier temps, à stopper la maladie qu’ils avaient inculqué. La crainte que l’agent ne s’échappe de Bourg-Léon et ne ravage la Principauté fut réelle à ce moment, entrainant un moratoire de deux ans sur la recherche, qui fut reprise en 1976. Le docteur Léopoldin de Rougemoignon imposa à l’époque un dédoublement des équipes afin de développer en parallèle et la maladie, et son antidote, ou tout du moins son vaccin. Cette ambition n’était pas que philanthropique : en développant le mal et son remède, Carnavale se dotait d’un poids considérable en cas de conflit puisqu’elle seule était en mesure d’arrêter le fléau qu’elle avait elle-même provoqué.

Grand Hôpital, dont les médecins ignoraient majoritairement que nous avions développé des souches de peste OGM, développa en toute innocence le système de santé de Carnavale dont un aspect unique pour l’époque comprenait une agence appelée « système anti-peste ». Celle-ci était chargée de protéger le pays contre les maladies hautement dangereuses d'origine naturelle ou artificielle, notamment grâce au déploiement de politiques publiques d’urgence et adaptée à une menace bactériologique non conventionnelle et particulièrement mortelle et virulente. En vérité, Grand Hôpital avait déjà mis en place, pendant les années 1960, un programme national destiné à lutter contre la guerre biologique sur le sol carnavalais. Ce n’est toutefois qu’au milieu des années 1970 que les agences en responsabilités ont commencé à inclure des tâches liées à la défense contre des souches OGM, ce qui incluaient notamment des laboratoires spécialement dédiés à l’identification de la maladie, son fonctionnement et son séquençage ADN. Plusieurs protocoles théories ont été conçus dans ces années-là, puis éprouvés en situation de test avec des pathogènes OGM obsolètes issus des Laboratoires Dalyoha afin de voir comment les agences carnavalaises réagissaient face à une menace inconnue. Ces tests ont permis une nette amélioration des protocoles de défense et une meilleure compréhension des réflexes humains lorsque notre espèce est exposée à ce genre de situation critique, ce qui a toujours été le plus grand facteur d’incertitude pour nous.

En ce qui concerne l'utilisation des variantes de la peste, à l’heure actuelle, celles-ci montrent leur efficacité principalement lorsqu’elles sont disséminées sous forme d'aérosol, ce qui provoque une épidémie de peste pulmonaire. Les symptômes apparaissent rapidement, probablement dans les 15h à 6 jours suivant l'exposition, et la plupart des personnes touchées décèdent peu après l'apparition des symptômes. Bien sûr les résultats varient grandement selon qu’est utilisée une souche naturelle de la peste bleue, ou bien génétiquement modifiée résistante aux médicaments. En théorie, l’utilisation des souches naturelles de bacille de peste bleue, variantes du Père la Peste, résistent mal aux antibiotiques, ce qui a permis l’extermination de la maladie aujourd’hui. Néanmoins, certains variants naturels présentent des caractéristiques précieuses dont ont pu s’inspirer les Laboratoires pour développer des souches plus agressives. Un isolat de peste provenant de l’île d’Anna contenait par exemple un plasmide transférable multirésistant. Plus tard dans les années 1990, une deuxième souche a été identifiée qui contenait un plasmide codant pour le gène de la phosphotransférase modifiant la streptomycine, ce qui entraînait une résistance élevée à la streptomycine. Les deux organismes contenaient des plasmides qui se transféraient facilement à d'autres souches de peste bleue, ainsi qu'à Escherichia coli. Ces formes de résistance naturelle aux médicaments dans des isolats bacille de peste a grandement accéléré les progrès de nos unités de recherche pour complexifier encore davantage les bactéries OGM multirésistantes notamment aux fluoroquinolones.

En termes moins barbares, nous disposons aujourd’hui d’une gamme d’agents pathogènes dont le spectre d’utilisations potentielles va de : immobiliser une troupe entière en forçant leur prise en charge immédiate par des unités de soin intensif à décimer totalement une population sans espoir de solution médicamenteuse. Bien sûr, une fois les agents relâchés il est parfaitement possible de les étudier pour mettre en place un remède, mais si l’infectiosité est élevée, le temps que les vaccins et médicaments soient mis au point, les victimes peuvent se compter en millions. Rappelant que la grippe listonienne du début de siècle dernier, qui n’avait aucune modification génétique artificielle, a causé entre trente et cinquante millions de morts à travers l’Eurysie. Imaginez à présent la léthalité d’une bactérie spécialement conçue pour ravager massivement les populations humaines. Par ailleurs, je le dis avec malice, comprenne qui voudra, absolument rien n’empêche de relâcher à intervalles réguliers différents agents non concurrents. Bactéries et virus ne fonctionnent pas du tout selon les mêmes principes, multiplier les natures de menace diminuera d’autant l’efficacité des efforts de nos ennemis pour les endiguer. Je ne parle même pas des conséquences désastreuses pour une société si un % de la population comparable à celui du Père la Peste venait à mourir. Le risque d’effondrement pur et simple de l’État n’est pas à exclure et gênerait d’autant la recherche pour trouver un vaccin. La déstabilisation des nations conduirait à des exodes massifs de population, créant un enchaînement de crises inimaginables à travers le monde. Bien sûr, aucun être humain avec un cœur ne peut souhaiter un cataclysme d’une telle ampleur, heureusement vous avez été sélectionnés pour votre absence profonde d’empathie ce qui nous permet d’étudier sereinement cette hypothèse, sans a priori moraux susceptibles de nous gêner.

Aujourd’hui, chers internes, il n’est pas exagéré de dire que Carnavale possède, depuis le Chaos, le programme de guerre biologique le plus offensif, le plus vaste et le plus sophistiqué au monde. En tant que ses futurs artisans, votre responsabilité est de le maintenir à la pointe, de développer d’une main les outils qui nous permettront de nous défendre contre nos propres armes, et de l’autres les armes pour combattre ceux qui voudraient s’en prendre à nos intérêts. N'oubliez pas que nous sommes en mission.

En comparaison des capacités des Laboratoires Dalyoha, la menace que représente le bioterrorisme reste d’un niveau largement inférieur, frisant bien souvent l’amateurisme. Nous avons ici et là plusieurs exemples d’attaque par colis piégés contenant des agents toxiques ou bactériologiques. On peut par exemple penser aux lettres piégées à l’anthrax, l’agent pathogène avait le plus souvent été envoyé par le biais du système postal national. Cette technique artisanale a fait une vingtaine de victimes ces dernières décennies à travers le monde après avoir développé des symptômes d'anthrax pulmonaire par inhalation. La léthalité de l’anthrax reste toutefois minime et le procédé hasardeux. Sur la vingtaine de personnes ayant respiré la substance, seules six d'entre elles sont décédées des suites de la maladie. Elles ont dans la plupart des pays touchés donné lieu à une nouvelle législation antiterroriste et à des mesures appropriées pour sensibiliser et alerter le public et la communauté médicale afin qu'ils soient prêts à faire face à de nouvelles attaques de ce type. De fait, si l’anthrax est un bon exemple d’attaque bioterroriste frappant de peur les populations, elle doit son succès au caractère nouveau du procédé. A partir du moment où l’État se rend compte de la menace et décide d’y réagir, son efficacité diminue largement et le procédé est en général abandonné. Ce constat nous fait penser que le bioterrorisme « artisanal » ou « amateur » ne peut donner de résultats probants sans des moyens minimaux. Plus ces moyens sont grands et plus la recherche peut se déployer dans le temps long, plus son efficacité grandit, ce qui tend à valider la stratégie des Laboratoires Dalyoha de se constituer en fleuron de ce secteur.

Aujourd’hui, certains pays se lancent plus que tardivement dans la course. Les déclarations du Faravan, suscitent légitimement certaines formes d’inquiétude particulières, notamment en raison du retard technologique de ce pays en la matière et de son absence notoire dans le champ de la recherche scientifique en biotechnologie. En matière d’armes bactériologiques, des mesures de sécurité, de confinement et des protocoles de réponse en cas de fuite ne s’improvisent pas ce qui fait craindre que le pays souffre de son empressement et se mette lui-même en danger. Non, inutile de murmurer, je sais que certains se réjouiront de la chute d’un ennemi, mais la recherche et le développement scientifique sont l’affaire de toute l’humanité. Ne saluons jamais l’échec de nos concurrents car leurs erreurs sont autant de succès qui ne nous permettent pas d’avancer et nous retardent tous.

Nous allons maintenant…

On toque à la porte.

- Entrez.

Un médecin entre dans la salle de classe.

- Professeur Blanchâtaigne, je vous dérange ?

- Je suis en train de donner cours, que se passe-t-il ?

- Il semble que l’OND lance son assaut.

- Ah bon.

En soupirant, Noamaury Blanchâtaigne se lève et se tourne vers sa classe.

- Assez de théorie pour aujourd’hui, il est temps de passer aux travaux pratiques.
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Philippe Géminéon
Face à la fenêtre de son bureau, mains dans le dos, le docteur Philippe Géminéon observe silencieusement les jardins de Boug-Léon. L'automne les a teinté de rouge et de bruns avant de déposséder les arbres de leurs feuilles. Il y a une atmosphère crépusculaire, même dans le plus bel endroit du monde.

Derrière Géminéon, Balthazar Métaphore, son âme damnée condamnée, semble attendre qu’il daigne sortir de son mutisme.

- T’arrive-t-il parfois de douter, Balthazar ?

- Pas alors que mon nom s'apprête à entrer dans l'histoire, non. Pas au sens où vous semblez l’entendre maintenant en tout cas.

- Es-tu donc si fier de toi ?

Le jeune médecin semble dérouté.

- Pourquoi pas ? J'ai travaillé dur pour concevoir cet agent, depuis que j'ai eu l'honneur d'intégrer le département pour la guerre bactériologique. Je ne vois pas en quoi il y aurait à rougir de ma création.

- Tu as créé une vie c'est vrai. Une vie qui s'apprête à en ôter de nombreuses autres.

- Tout ce qui est vivant tue pour se nourrir. Une bactérie ou un homme, je ne vois pas la différence.

- Tant d’efforts engagés. Au nom de l’immortalité. Pour ma propre éternité j’ai ôté tant de vie, et je m’apprête à en supprimer encore par milliers.

- Vous semblez avoir des remords. Je pensais que vous vous étiez fait retirer les parties de votre cortex dédiées à ce type d’émotion ?

- La plasticité cérébrale a quelque chose de mystérieux. Je n’ai pas eu la chance de naitre psychopathe, je crois que mes terminaisons neuronales se reconstituent…

- Il faudrait peut-être refaire une opération bientôt alors ?

- Bientôt, en effet. Mais en attendant, je doute.

- Nous les avons prévenu pourtant, à plusieurs reprises. Nous ne pouvons pas nous en vouloir s’ils se jettent eux même sur nos armes.

- Ce sont des êtres de morale, cela les rend faibles, mais c’est pour les faibles qu’on ressent de la pitié.

- Pas de pitié pour les ennemis de la Principauté.

Philippe Géminéon soupira. Bientôt il grefferait son cerveau dans ce corps jeune et vigoureux. Plusieurs études récentes montraient qu’une partie de la clef de compréhension du fonctionnement de ce que l'on appelait parfois "conscience" était à rechercher au niveau réseau bactérien qui formait notre flore intestinale. Unique à chacun d'entre nous, changer de carcasse, transplanter son cerveau à l'intérieur de Balthazar Métaphore ne se ferait donc pas sans quelques changements malgré tout. Peut-être qu’en intégrant le corps du jeune homme, Philippe Géminéon gagnerait un peu de son inhumanité ? Si cela fonctionnait, il aurait alors enfin la paix…

On toque à la porte du bureau.

- Entrez.

Le professeur Noamaury Blanchâtaigne, le directeur du département des Laboratoires dédié à la guerre bactériologique
C’est le professeur Noamaury Blanchâtaigne, le directeur du département des Laboratoires dédié à la guerre bactériologique. Il est l’un des artisans de l’agent CRAMOISI et plus récemment de l’agent PROMETHEE. Dans le petit monde des Laboratoires Dalyoha, on le surnomme affectueusement « le docteur de la peste ».

- Noamaury, asseyez vous, vous êtes au courant des dernières évolutions de la situation ? Comme nous nous y attendrions l'OND joue la prudence, ils débarquent mais ne semblent pas pressés de pénétrer dans Carnavale. Pas de menace sur nos propres côtes, c'est à noter. J’ai eu Améthyste Castelage au téléphone il y a une heure qui m’a donné son feu vert définitif pour la contre-attaque bactériologique, j’ai juste besoin que vous me confirmiez tout une dernière fois.

Le vieux professeur s’assoit sur le siège que pousse vers lui Balthazar Métaphore en le remerciant d'un signe de tête.

- Vous comptez utiliser l’agent GILGAMESH. Un vieux nom pour un nouveau cocktail. Docteur Métaphore vous avez travaillé sur sa conception. C'est une belle réussite mais je dois vous rappeler que c’est loin d’être l’agent le plus dangereux que nous ayons à notre disposition.

- C’est surtout un agent à transmission cutanée et à dispersion volatile. A moins que l’armée ennemie soit totalement vêtue de combinaisons hermétiques, il leur sera impossible de se protéger totalement. Nous combattons sur notre sol, l’utilisation du GILGAMESH servira de coup de semonce pour provoquer de nouvelles négociations de paix. L’OND considère à tort qu’elle a vaincu en prenant le contrôle des airs. Tant qu’elle y restait, elle n’avait pas tort : nous ne pouvions pas frapper leurs populations civiles sans entrainer une escalade qui aurait amené à notre destruction totale. Notre but n’est pas d’anéantir l’ennemi, juste de le frapper suffisamment fort pour lui faire réaliser notre potentiel. En envoyant des troupes sur notre sol, l’OND nous offre cette opportunité. Nous allons décimer leur armée et ensuite revenir sereinement à la table des négociations.

- Je comprends. Je suis juste déçu que nous repoussions encore une fois l’usage de nos armes les plus terribles.

- Malheureusement pour vous, Noamaury. Mais la raison politique commande à ne pas jeter toutes nos forces dans une bataille que l’on ne peut gagner. Contrairement à la noblesse suicidée, je n’ambitionne pas de ne laisser que des cendres derrière moi.

- Bien sûr bien sûr. GILGAMESH, donc. C’est une bonne souche, rapide, puissante. Provoque la mort en quelques heures dans environ 40% des cas. Létalité de 99% si elle n'est pas prise en charge. Les 60 autres pourcents provoquent un mini comas suivi d'une convalescence longue, certains ne s'en remettent jamais vraiment, sauf bien entendu si sûr si on possède les bons médicaments.

- Vous comprenez où je veux en venir Noamaury. J’ai besoin que Grand Hôpital se tienne prêt à accueillir des milliers de nos ennemis. Si tout se passe tel que nous l'ambitionnons, l’OND ne pourra pas rapatrier tout le monde et nous en prendrons en charge la plus grande partie. Autant de poids dans la balance des futures négociations.

- Je vais mobiliser nos cellules dédiées à la prévention des crises bactériologiques majeures. Normalement toutefois la bactérie ne survit que quelques heures dans l’air avant de mourir, si elle ne trouve pas un hôte entre temps sur lequel se greffer elle ne représente rapidement plus de danger. En théorie, le risque que la pandémie se propage à Carnavale est donc relativement faible, ou tout du moins pas dans des proportions dangereuses pour notre population.

- En théorie tout se passe bien. Dans la pratique, c'est la catastrophe. Très honnêtement, s’il y a quelques morts du côté des bas-quartiers, ce ne sera pas une perte. Nous mettrons les dégâts collatéraux au bilan de l’OND voilà tout.

- Peut être un peu plus que "quelques" morts. Tout dépend si les milices Dalyoha font du zèle...

- Les ambulances sont en train d'être chargées. Pas de contre-indications Noamaury ? Il est encore temps de changer notre fusil d'épaule et de choisir un autre agent.

- Disons que… j’ai toujours rêvé de voir utilisé l’une de nos pestes les plus létales en situation réelle mais si vous souhaitez envoyer un message mesuré, j’imagine que le GILGAMESH suffira. Le ratio morts/malades est raisonnable. Assez pour foutre un bordel monstrueux dans leurs rangs en tout cas. Le genre de bordel dont on ne se relève pas.

- Alors Ave. Soyons heureux d’avoir assez vécus pour pouvoir mettre en application une vie de travail.

- Ave.

Balthazar Métaphore reste silencieux. On peut voir ses yeux briller.

Le docteur Balthazar Métaphore






Clinique Dalyoha, des Saintes-Muettes, bas-quartiers de Carnavale

Clinique Dalyoha, des Saintes-Muettes, bas-quartiers de Carnavale

- Combien de patients accueillons nous, sœur Josiannette ?

- Cent-douze d’après l'appel de ce matin, sœur Isabélène.

- Et combien en état de marcher ?

- Soixante-dix-huit, mais sur de petites distances.

- Cela suffira, l’OND les cueillera rapidement. Pouvez-vous prévenir le Docteur Géminéon s’il vous plait ?

- Je m’en occupe tout de suite sœur Isabélène.

Pendant que la nonne passe un coup de fil, elles atteignent l’entrée de la clinique. Le brouillard est déjà épais et assombrit tout malgré l’avancé de la matinée. Transperçant la brume artificielle, une ambulance silencieuse s’arrête dans l’allée. Sœur Josiannette ne peut s’empêcher dans un petit geste puéril d’excitation. Une livraison express de Grand Hôpital… ce n’est pas tous les jours.

ambulance
16467
OP principale visant Teyla

Le bonsoir de Balthazar

votre image ici

Opération clandestine (?) visant l'armée de l'OND (Teyla)

Pays infiltrant: Principauté de Carnavale
Pays infiltré: Teyla
Prévisionnel de la date (RP) de l'action clandestine : 16/10/2017 + 21
Prévisionnel de la date (HRP) de l'action clandestine : xx/xx/xx + 7
Type d’opération : menace existentielle, opération à 100 000 points.


Province cible : #23511

RECONTEXTUALISATION / FRISE CHRONOLOGIQUE DES EVENEMENTS PRE-OPERATION :

L'OND débarque sur le sol de la Principauté où elle ne rencontre aucune résistance : tout les matériel et les soldats se trouvent dans la Cité noire, le reste de la Principauté n'est que champs OGM à pertes de vue, terre stérile et polluées, décharges toxiques et parfois de vastes exploitations où sont élevées des bovins chimériques pour leur viande. Carnavale laisse le temps à l'OND de s'installer et de concentrer ses forces dans les hub logistiques décrits dans l'opération Sodome & Gomorrhe. Comme précisé par l'OND, tout cela est assez rapide.

Citons la :

L’opération Hippo est le principal effort contre la Principauté. C’est le plus massif, atteignant des effectifs sans précédent. Hippo vise d’abord à sécuriser une zone transformable en hub logistique, puis à exploiter la tête de pont initiale pour sécuriser l’ensemble des axes menant dans la capitale carnavalaise pour enfin en conduire le siège. Il suit globalement les phases décrites précédemment, en commençant par le largage de la brigade parachutiste sylvoise dans l’arrière-pays. Contrairement aux autres opérations, l’assaut héliporté de l’opération Hippo est mené notamment par la brigade d’aérocombat faravanienne, qui permet de conserver une jonction à tout moment avec les parachutistes et de sécuriser immédiatement un nombre important d’objectifs secondaires (infrastructures etc.). Suivent immédiatement le débarquement des brigades de différentes nationalités. Cette opération étant la clé du conflit, elle est ultra-prioritaire en termes d’appuis feu et de logistique.

Une fois la zone de débarquement sécurisée, les forces coalisées entameront leur progression à l’intérieur même de la ville. Celle-ci sera particulièrement méthodique, en établissant des corridors sécurisés pour soutenir l’avancée et en avançant le long des grands axes vers le centre-ville. Les forces de l’OND établissent plusieurs corridors humanitaires et incitent les civils à quitter la ville (voir « Volet humanitaire » plus bas). Les forces de l’OND tirent parti de leur mobilité et de leur mécanisation pour alterner entre usure de la force ennemie par avancée méthodique avec appui-feu et « foudroyance », lançant régulièrement des raids blindés (« thunder runs ») pour isoler certains points de résistance ou sécuriser des zones d’intérêt particulier et des raids héliportés en avant de la force principale dans le cadre de missions de « recherche et destruction ». L’emploi de ces deux tactiques devrait accélérer la désintégration des forces armées carnavalaises.


Avant toute chose, il faut savoir que Carnavale est entourée par ses quartiers les plus pauvres et malfamés qui forment comme une ceinture périphérique sur son flanc. Tout cela est expliqué dans ce message et dans celui-ci. Autrement dit, l'OND ne pénètre pas dans les hauts-quartiers du centre ville mais dans un dédale d'immeubles, construits sur plusieurs niveaux et où progresser est assez complexe. On peut se référer à ce message pour comprendre que l'architecture carnavalaise peut avoir un effet déroutant, voire carrément hypnotique ce qui rend difficile de se repérer et d'identifier une potentielle menace. Comme Carnavale est construite sur plusieurs niveaux, la vision satellite n'aide pas particulièrement, voire peut même être trompeuse en croyant déceler des passages qui n'existent pas dans la réalité.

Ces problématiques sont renforcées par le brouillard artificiel que provoque Carnavale pour se protéger.

La présence des bas-quartiers en périphérie implique plusieurs choses : tout d'abord, aucune personne de la classe moyenne, aucun dignitaire ne sera dans les rangs des gens qui rejoignent les corridors humanitaires puisque ces populations n'habitent pas ici. Ensuite, les bas-quartiers, majoritairement habitués à vivre coupés des autorités et suspicieux des militaires, ne vont pas se jeter massivement dans les bras d'une troupe inconnue. Les premiers réflexes sont surtout de se calfeutrer chez soi ou de tenter de faire tomber des groupes isolés de soldats dans des pièges pour les détrousser ou voler leurs équipements.

Pendant les trois jours où l'OND se prépare, Carnavale met en place son protocole de défense : les cliniques Dalyoha des bas-quartiers sont mobilisées pour compter le nombre de malades à disposition. Les milices Dalyoha parcourent la ville dans leurs ambulances blindées pour distribuer au personnel médical des comprimés contenant l'agent GUILGAMESH. Celui-ci est enrobé d'une cire qui se dissout dans l'estomac quelques heures après ingestion. Les milices Dalyoha contrôlent donc le timing du déclenchement de l'épidémie. Lorsque l'OND commence à pénétrer dans la ville et à mettre en place ses corridors humanitaires, les milices dirigent les malades vers les corridors en leur assurant qu'ils y seront pris en charge.

Ainsi, les personnes que recueille l'OND sont les malades expulsés des cliniques Dalyoha...

C'est lorsque l'OND aura finit de débarquer ses troupes et commencera à pénétrer à l'intérieur de la ville, exposée sur les grands axes, que le piège se referme. Des centaines de civils infectés par l'agent GUILGAMESH se présentent aux soldats pour être pris en charge. La maladie incube secrètement en eux et frappera l'ensemble des forces de l'OND qui ne s'attendent pas à tant de cynisme dans les prochaines heures. Le pathogène est de nature inconnue, fabriqué sur-mesure par les Laboratoires Dalyoha. Il est extrêmement infectieux, par voix volatile et cutanée, ce qui signifie qu'un contact, même bref, avec un infecté suffit à transmettre l'infection. La sueur, le souffle, sont des vecteurs de transmission de l'agent GUILGAMESH. Lorsqu'ils sont redirigés vers les autorités sanitaires de l'OND : il est trop tard. Les forces d'encadrement, les soldats sont déjà infectés. Il faudra plusieurs heures avant que les médecins de l'OND ne détectent la présence dormante de l'agent GUILGAMESH. A ce moment-là, celui-ci circule à toute vitesse au sein des forces militaires de l'organisation.

Dans le même temps, avec un petit décalage pour s'assurer que les infectés commencent à être pris en charge, surgissent du dédale urbain les drones tueurs de la Principauté. Ces derniers ont deux fonctions : la première, la moins importante, est de provoquer un effet de panique au sein des troupes de l'OND qui sont en train de canaliser les populations infectées. Les soldats vont chercher à riposter et mettre les civils à l'abri, ce qui va provoquer des mouvements de foules et des manquements aux protocoles de sécurité sanitaire. Le deuxième est le plus crucial : les drones ont pour mission de décharger l'agent pathogène GUILGAMESH sur les hub logistiques de l'OND, moins susceptibles d'être en contact immédiat avec les malades.

La stratégie est vicieuse, cynique et donc probablement insoupçonnée par l'état-major de l'OND. Les drones réalisent des tirs rapide pour faire croire que leur objectif principal est simplement d'assassiner quelques soldats. En réalité, la menace est ailleurs : sous forme d'une trainée qu'on pense être un simple chemtrail, l'agent GUILGAMESH est relâché dans l'air à proximité des soldats. Comme il peut rester viable dans l'air pendant plusieurs heures, il sera respiré par les militaires qui ne se doutent de rien et pensent même probablement avoir repoussé la menace avec le départ des drones. L'agent GUILGAMESH reste en sommeil pendant une durée aléatoire, comprise entre un et deux jours, avant que les premiers symptômes ne commencent à apparaitre. Il laisse ainsi le temps aux personnes infectées de le propager au sein des troupes. Carnavale compte sur les aller-retours des militaires, la circulation au sein des camps, les patrouilles, etc. pour propager la maladie et infecter, par ricochet, les zones arrières ou trop isolées auxquelles les drones n'ont pas forcément accès. Étant donné que l'OND est en phase d'installation de ses hubs et prend possession de l'arrière pays, les déplacements sont nombreux et les officiers ne restent pas cloitrés dans leurs tentes, ils sont amenés à faire des inspections, donner des instructions de vive voix et se déplacer sur le terrain pour prendre la mesure de la situation par eux-mêmes.

Il n'y a donc aucun cloisonnement (du moins cela n'a jamais été mentionné dans la stratégie de l'OND) entre les troupes qui au contraire sont censés converger vers Carnavale. La maladie se transmet de façon exponentielle, comme dans les départs d'épidémie, en moins d'une journée le virus circule tant qu'il n'est plus possible de mettre en place des quarantaines pour empêcher sa progression. Après l'apparition des premiers symptômes, la mort survient en quelques heures seulement.

Heure H : Débarquement des premières unités.
H+2 : Début de la phase d’exploitation.
H+12 : Jonction avec les dernières unités parachutistes isolées. Chaque force amphibie devrait avoir terminé de débarquer une brigade. Début des travaux d’aménagements de hub logistiques.
J+3 : Sécurisation complète des îles centrales (Beaver) et australes (Platypus). Possible redéploiement des troupes en métropole. Siège de la capitale et de Fort-Marin complètements établis.
J+3 ; H+1 : Entrée dans Carnavale
J+3 ; H+3 : Contact avec les infectés
J+3 ; H+4+5 : Attaques de drones
J+4 ; H+1 : Apparition des premiers symptômes
J+4 ; H+2 : L'alerte sanitaire est donnée
J+4 ; H+4 : Premier mort dû à l'agent GUILGAMESH officiellement déclaré
J+4 ; H+10 : La Principauté de Carnavale prend officiellement contact avec l'OND pour leur expliquer les protocoles de soin à mettre en place et les mettre en garde contre un rapatriement de leurs hommes malades qui risqueraient de propager la maladie en dehors des zones de combat. Elle propose que Grand Hôpital prenne en charge les malades, en échange d'un cessez-le-feu immédiat, de la reddition des forces armées sur son sol et de l'ouverture de nouvelles négociations de paix.
J+4 ; H+12 : Effondrement logistique complet des forces de l'OND

Une journée et neuf heures après être entrées dans Carnavale, les forces de l'OND sont ravagées. L'assaut prend fin dans le sang.

A aucun moment la Principauté n'a eut besoin d'exposer ses troupes. Celles-ci, appuyées des médecins des Laboratoires Dalyoha, n'interviendront si nécessaire que pour emporter les malades de l'OND et les confier à Grand Hôpital.



Cette opération se repose sur plusieurs forces et éléments concrets :
  • Les Laboratoires Dalyoha ont une histoire de près d'un siècle de création de pathogènes génétiquement modifiés. L'agent CRAMOISI et l'utilisation d'agents neurotoxiques à Estham témoignent de cette expertise et de leur capacité à frapper un territoire massivement. Par ailleurs, je m'inspire dans ce RP de certaines formes de pestes modifiées en URSS qui étaient résistantes aux antibiotiques et à toute forme de médicament connu. Carnavale possède les antidotes dans ses Laboratoires, mais l'OND ne peut espérer endiguer la maladie dans des hôpitaux de campagne, et certainement pas dans le court laps de temps entre l'apparition des premiers symptômes et la mort.
  • Carnavale a une très longue expérience en épandage de produits chimiques sur ses champs. Elle sait optimiser la diffusion des agents dans l'air et possède donc les moyens technologiques d'adapter ce savoir-faire à un contexte militaire.
  • Cela fait plusieurs mois que Robotic & Toc, entreprise de pointe spécialisée en dronotique, travaille en collaboration avec les Laboratoires Dalyoha dans le but précis de diffuser des pathogènes par drone. On sait (bien que ce ne soit pas officiel) qu'elle a déjà pu expérimenter ses drones à CRAMOISIE©, dans le désert rouge. Carnavale est donc préparée et a développé des armes spécialisées pour cet objectif en particulier.
  • La stratégie de l'OND consiste à encercler Carnavale et donc à se rapprocher fortement du centre urbain insondable. Par ailleurs, afin de se prémunir contre des tentatives de percées de leurs lignes, leurs troupes sont nécessairement condensées et pas éparpillées, probablement au niveau des axes routiers ou positionnés dans des endroits stratégiques pouvant servir de camp de base. La proximité de la ville de Carnavale permet très facilement de faire circuler des drones à l'intérieur de la ville pour les faire surgir à quelques kilomètres seulement de l'OND, ce qui rend leur interception et leur détection compliquée.
  • L'OND ne possède pas de base aérienne sur place. Ses avions décollent soit depuis Teyla, soit depuis les portes avions. En plus de ça, quand on regarde dans le détail, l'OND n'a débarqué comme DCA mobile que 20 canons antiaériens mobiles niveau 5, tout le reste est de la DCA fixe prévue contre les avions. Autrement dit sur les milliers d'hommes déployés, l'OND n'a que très peu d'outils adaptés contre l'usage des drones de dernières génération de Carnavale qui, de toute façon, surpasse sa DCA en nombre. Les drones de Carnavale peuvent donc théoriquement surgir du dédale urbain de la Cité noire, répandre l'agent GUILGAMESH puis retourner se dissimuler dans la ville pour ressurgir ailleurs et ce avant que l'aviation n'ait eu le temps de les localiser. Par ailleurs, même si cette dernière parvient à les avoir dans son viseur, elle fait face à un dilemme : soit les drones survolent les troupes de l'OND et tenter de tirer dessus au missile revient à prendre le risque de tirer sur ses alliés, soit les drones sont au cœur des buildings carnavalais et tirer au missile dans la Cité noire causerait la mort de centaines de civils.
  • Même s'ils sont abattus, les drones diffusent l'agent GUILGAMESH en continue dès lors qu'ils survolent les troupes ennemies. Les détruire revient donc à relâcher des nuages entiers de maladie.
  • L'OND se prépare à découvrir des armes chimiques... mais pas à les affronter. Comme expliqué dans son pavé : elle n'est dotée que de deux compagnies de reconnaissance NRBC (Nucléaire Radiologique Biologique Chimique). Or, on peut lire ici que "Les compagnies de reconnaissance NRBC caratradaises sont maintenues en réserve opérationnelle et sont prêtes à être déployées pour inspecter les installations industrielles et militaires carnavalaises liées aux armes chimiques. Elles sont également préparées à effectuer des reconnaissances en cas d’attaque chimique carnavalaise." l'OND s'attend donc à une attaque chimique comme à Estham et pense qu'elle devra faire de l'exploration de lieux contaminés. Elle ne s'attendent pas à ce que Carnavale porte la contagion directement dans leurs rangs, par vecteur humain, qui plus est en utilisant sa propre population.
  • Par ailleurs, la formation des compagnies NRBC de Caratrad date de 2016 soit moins d'un an avant l'offensive. La science carnavalaise, qui fabrique des agents pathogènes génétiquement modifiés depuis plus d'un demi-siècle, surpasse largement leurs compétences. Les médecins déployés sont des novices sans expérience de la guerre bactériologique, contrairement à Carnavale qui expérimente, y compris sur sa propre population, depuis plusieurs décennies.
  • L'OND se pense maîtresse du terrain, sa description des forces carnavalaises témoigne d'une confiance excessive dans l'absence de capacités de riposte face à elle. Faute d'aviation carnavalaise encore en état de combattre, l'OND estime que le ciel n'est plus une menace. Autrement dit, elle ne s'attend pas à être attaquée et pense pouvoir assiéger la ville tranquillement : d'ailleurs elle installe ses camps comme pour accueillir des populations réfugiées et non riposter face à un assaut venu du ciel.

  • Citons la :

    "Sur le plan terrestre, l’armée carnavalaise est extrêmement faible, malgré une masse théorique conséquente. La différence entre une armée et troupe armée réside dans l’organisation : dans le cas des forces terrestre carnavalaises cette organisation est inexistante, sinon impossible. Aucun moyen de communication ou de transport n’est disponible, de même que l’absence de tout matériel lourd empêche de constituer des unités de combat cohérentes. De ce fait, les troupes carnavalaises ne devraient pas être en mesure d’offrir une résistance efficace à une armée moderne totalement mécanisée, ce qui devrait jouer d’autant plus sur le moral et la résistance réelle offerts lors des combats. La quasi-absence de matériel antichar rend toute lutte en terrain découvert impossible, et rend extrêmement difficile la lutte contre les véhicules blindés, même en terrain urbain. Ces faiblesses permettront à l’OND d’atteindre une supériorité locale de mouvement et de puissance de feu dans l’intégralité des combats à venir."

  • Cet aveuglement est renforcé par le fait qu'une fois de plus, l'OND n'a fait aucune OP de repérage préalable contre Carnavale. Si ses radars pouvaient sans doute détecter un avion et la surveillance satellite repérer un aéroport militaire, identifier un drone dans le chaos urbain de la Cité noire est infiniment plus complexe. Le "bruit" électromagnétique des centaines de milliers d'appareils, véhicules, installations électriques, etc. camoufle la contre offensive de Carnavale jusqu'au dernier moment et limite le temps de réactions des soldats ennemis.

Beaucoup de voyants sont donc au vert pour agir contre l'OND (à Teyla).


OBJECTIFS DE L’OPÉRATION

Réussite majeure :
  • Les troupes qui participent aux offensives Otter et Hippo sur le sol carnavalais sont totalement mis hors-jeu par l'agent GUILGAMESH. Le ratio morts/blessés est laissé à l'appréciation de l'arbitre mais les rangs des soldats sont suffisamment balayés pour qu'aucune offensive ne soit plus possible avant des mois (perte du matériel, disparition d'un grand nombre d'officiers, choc des états-majors et des opinions publiques face au désastre). La priorité militaire de l'OND devient la prise en charge de ses malades le plus rapidement possible. Les effectifs de l'OND ne sont pas en assez bon état pour aider leurs malades et le pathogène est ingérable sans moyens médicaux modernes ce qui les oblige à faire appel à Carnavale s'ils veulent espérer sauver leurs hommes.

  • A DISCUTER : puisque les dégats sont essentiellement humains, Carnavale peut récupérer le matériel abandonné sur place par l'OND.



Réussite mineure :
  • Les troupes qui participent aux offensives Otter et Hippo sur le sol carnavalais sont en partie mis hors-jeu par l'agent GUILGAMESH. Le ratio morts/blessés est laissé à l'appréciation de l'arbitre mais les rangs des soldats sont suffisamment éclaircis pour qu'aucune offensive ne soit possible avant plusieurs semaines de récupération et un roulement des troupes. La priorité militaire de l'OND devient la prise en charge de ses malades le plus rapidement possible. L'OND possède néanmoins suffisamment de forces encore en bon état pour gérer l'exfiltration elle-même et défendre ses positions en cas de contre-attaque des forces de Carnavale.

  • ALTERNATIVE :

    Seule la force Hippo est décimée. La force Otter, elle, parvient à se placer en quarantaine ou à évacuer à temps et n'est donc pas touchée par la maladie (au prix d'abandonner les hommes et le matériel de Hippo sur place ?).



Echec mineur :
  • Des soucis logistiques empêchent l'utilisation de l'agent GUILGAMESH. Pour ne pas risquer de provoquer une fuite catastrophique du pathogène, Carnavale reporte son attaque.


Echec majeur :
  • La manipulation de l'agent GUILGAMESH fait l'objet d'un vice de procédure qui entraîne une réaction en chaîne catastrophique. De nombreux médecins sont touchés et doivent être pris en charge en urgence et mis en quarantaine. L'intégrité des Laboratoires enterrés est compromises, plusieurs ailes du bâtiment sont scellées en urgence pour éviter une fuite massive de pathogènes qui, s'ils étaient libérés, pourraient provoquer une pandémie mondiale. La catastrophe est d'une telle ampleur qu'elle ne peut pas être dissimulée. Le monde découvre avec horreur le potentiel des Laboratoires, ce qui légitime l'opération de l'OND.

  • ALTERNATIVE :

    La diffusion de l'agent GILGAMESH par le biais de personnes infectées est un risque très grand, la Principauté laisse s'échapper l'agent dans les bas-quartiers, provoquant un début de pandémie sur son propre sol.



LIMITES ET CONTRAINTES DE L’OPERATION
(ne pas hésiter à demander aux concernés l’ajout d’éventuelles contraintes supplémentaires)

Plusieurs limites et contraintes sont à prendre en compte dans l’arbitrage de l’opération :
  • Bien que l'OND n'en ait pas fait mention dans sa stratégie, il est probable que ses états-majors aient pu anticiper l'utilisation d'armes chimiques ou bactériologiques directement contre leurs troupes et aient pris des mesures en conséquence.
  • Les drones porteurs des pathogènes peuvent être abattus avant d'atteindre leurs cibles.
  • La nature humanitaire de la mission de l'OND prévoit forcément la présence de médecins et de matériel médical. Précisons toutefois qu'iil n'est pas possible de soigner l'agent GUILGAMESH dans un hôpital de campagne (ni nul part ailleurs qu'à Grand Hôpital d'ailleurs).


Moyens engagés :
37 drones de reconnaissance dernière génération, porteurs des pathogènes.
1 000 ans de savoir-faire.
Beaucoup d'amour.
6540
La peste ? Comme c'est mignon.
Je ressors d’Ebola y'a trois ans. Et j'ai eu chikungunya cette année. Et le choléra aussi, mais en fait, c'était juste la bread sauce caratradaise.

Un siècle d'expérience laborantine contre dix millénaires d'exposition à des réservoirs naturels de maladies aux noms les plus terrifiants les unes que les autres. Paludisme, fièvre jaune, Ebola, Sylva était le foyer d'un nombre considérable de maladies qui avait forgé son expérience dans ce domaine, tant au niveau de l'expérience médicale pour y répondre que de la rigoureuse discipline inculpée par la force des choses aux habitants. Ça, et la rumeur disant que les sylvois sont faits en grande majorité d'alcool, ce qui les désinfecte automatiquement d'un peu tout et surtout du désespoir. L'opération carnavalaise reposait sur plusieurs éléments bien préparés, mais souffrait de certaines vulnérabilités à laquelle les sylvois allaient dans une certaine mesure pallier sans même le savoir.

Volet technique :

La métropole carnavalaise représente plus de soixante-cinq milliers de kilomètres carrés. Considérant la densité de la ville, on peut supposer qu'elle ne représente qu'une petite fraction de cette superficie, dont l'essentiel est occupé par les champs sur lesquels sont actuellement déployés l'OND (à savoir Faravan, Caratrad, l'Empire du Nord, Sylva et Teyla, volet Opération 5). En supposant que les drones soient extrêmement efficaces dans la dispersion d'agents aérosols, on peut supposer qu'ils sont aptes à couvrir 10 km² par jour (performance des meilleurs avions d'épandage). Cela représenterait en une journée 370 km² avec les 37 drones mobilisés, soit 1% de la moitié de la surface de la métropole, et ce, en une journée. Si les forces de l'OND ne sont pas non plus nécessairement réparties sur une telle surface en trois jours, le manque de moyens de reconnaissance de Carnavale fait que les drones devront d'eux-mêmes fouiller la région pour localiser et cibler les forces démocrates, ne permettant pas de faire une razzia en frappant droit au cœur l'OND.

Cela prend également en considération que les avions puisse opérer librement, or, ils sont confrontés à deux éléments. Premièrement, rien que les troupes sylvoises intègrent quatre-vingt canons antiaériens et vingt DCA mobiles respectivement dans les forces aéroportées et blindées sylvoises. S'ajoute à cela 23 radars mobiles sylvois et les forces anti-aériennes de l'Empire du Nord. Les drones épandeurs qui s'exposeront aux forces sylvoises seront conséquemment menacés par les unités de DCA (en supposant que l'épandage se fasse à basse altitude où il sera efficace, autrement le pathogène sera excessivement peu concentré en plus de se disperser par le vent, exposant le voisinage et la ville).

S'ajoute à cela un dernier point, aérien. Si les forces aériennes opèrent depuis des porte-avions, elles assurent une patrouille constante en relayant les escadrilles en vol, signifiant la présence permanente d'intercepteur pour localiser et abattre les drones. Rien que sur le porte-avion sylvois, on dénombre 36 chasseurs bombardiers pouvant se relayer sous la forme de six escadrilles de six chasseurs, la même chose pouvant se faire auprès des alliés. En plus de cela, les deux avions radars et les deux avions de guerre électronique, ayant une meilleure autonomie que des avions à réaction, peuvent, eux aussi, se relayer en permanence pour localiser et aveugler les drones (quand bien même une automatisation du trajet limiterait l'efficacité du brouillage, cela signifie également un plan de vol préprogrammé sans improvisation ou manœuvres d'évasion).

Volet sanitaire :

Carnavale est connue pour son usage extensif d'agents chimiques ou pathogènes et les sylvois brillent par leur expérience face à ce genre de menaces. Notons en effet que les maladies infectieuses graves font partie des risques naturels auxquels sont exposés les sylvois depuis leur arrivée sur le continent, quand ils s'appelaient encore « Mounakaz » et que Carnavale n'existait pas. Cela a permis de développer une culture sanitaire incluant la reconnaissance des malades, leur responsabilisation, une absence d'hésitation à communiquer sur d'éventuels symptômes et une prise au sérieux des cas communiqués par l'ensemble des pairs. Les unités contaminées peuvent de cette manière rapidement être identifiées et cloisonnées (d'autant que l'énorme zone à couvrir et les tactiques modernes impliquent de se répartir sur une grande surface plutôt que de se concentrer sur de petits volumes).

Sylva a qui plus est récemment eut affaire à une épidémie d’Ebola en Sylva trois ans auparavant, suite à l'exposition de population à des chauves-souris infectées. Cela permit de constituer un exercice grandeur nature d'ampleur, apte à rappeler que les bons réflexes sur les mesures d'hygiènes, le cloisonnement, l'auto-quarantaine et l'attention aux signes précurseurs et symptômes de contagion. Les épidémies de masse n'ont rien de nouveau pour les sylvois (qui connaissent chaque année une nouvelle variante de dengue). L'impact moral que peut avoir un tel coup est fortement pondéré par cette tradition et culture façonnée par les épidémies.

S'ajoute à cela le volet NRBC auquel n'est pas inconnue Sylva. Si cette préparation est discrète, elle est bien présente et anticipée depuis un moment contre Carnavale[/url], d'autant plus suite au passif avec les komunteranos quand fut communiqué qu'ils prévoyaient d'employer des armes bactériologiques contre les populations civiles sylvoises. Le poing qu'agite Carnavale n'a rien de nouveau pour les sylvois. Il est un peu plus impressionnant avec ses petits gants, mais il est d'une banalité sans non. Les sylvois sont rudement préparées à une Carnavale bien trop confiante en ses solutions scientifiques contre une invasion militaire d'ampleur.

Volet médical :

Vient enfin le dernier point, le fameux agent GILGAMESH développé à partir de souches agressives de la peste ou de la variole. Ce sont là des maladies mortelles quand elles ne sont pas traitées et d'autant plus dangereuses que les pathogènes sont issus de variantes modifiées à posteriori pour accroître leur résilience à un peu tout. Mais Carnavale n'est pas la seule à disposer d'un génie biologique et les armées démocrates intègrent également des unités médicales doublées d'un appui logistique et de centres de recherche depuis la métropole. Si les éléments précédemment cités permettent de contenir et cloisonner la propagation du mal avec la responsabilisation et mise en quarantaine, ce volet-ci permet de proposer une réponse définitive à celui-ci. Même sans directement traiter les malades, l'accompagnement pour s'occuper des symptômes permet déjà d'éviter les causes de la mort et d'aider à la survie jusqu'au rétablissement. En plus de cela, l'important dispositif logistique déployé par l'OND permet un rapatriement des malades selon des normes sanitaires strictes (respect des règles de quarantaine, désinfection des appareils contaminés...) jusqu'à des hôpitaux dédiés en Sylva ou dans d'autres pays de l'OND.

Ces rapatriements permettront une analyse d'urgence et la mise à disposition de premiers éléments d'adaptation pour aller au-delà du traitement des symptômes et proposer progressivement des mesures plus adaptées sur le long terme et la prévention. Rien que Sylva dispose d'une importante capacité académique et scientifique (bien supérieure à celle de Carnavale), auxquelles s'ajoutent celles de l'ensemble de l'OND qui atteignent une quantité de moyens scientifiques et hospitaliers simplement démesurés, apte à répondre rapidement à ce genre d'urgences. Le risque de saturation est moindre grâce à l'ensemble de ces éléments de force.
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Ministère des Affaires étrangères du FaravanMinistère des Affaires étrangères du Faravanlogo du sérénissime, immense et magnifique ministere des affaires etrangeres de la glorieuse et supreme republique du faravan, pour le royaume de teyla, je vais être honnete je voulais arrondir aux .000 points

Ministère des Affaires étrangères du Faravan


De : Dara Sahdavi, ministre des Affaires étrangères de la République faravanienne.
A : Son Excellence Pierre Lore, ministre des Affaires étrangères du Royaume de Teyla.

Mes hommages à la Reine Catherine III, Courvoisier de son premier nom, Catherine III de choix, Reine du Royaume de Teyla, Mère des hommes et femmes de tous, duchesse de manticore, guidant et unissant la nation sous un titre unique de Reine. Que la paix soit sur vous, votre famille, vos proches et votre nation.

CONFIRMATION D'UNE COMMANDE AUPRES DES INDUSTRIES AERONAUTIQUES DU FARAVAN:
Cher ministre,

Très estimé collègue et homologue, je vous fait savoir que les Industries Aéronautiques du Faravan ont l'honneur de confirmer votre dernière commande en date concernant l'acquisition d'un avion de guet aérien et de commandement de type "Rokh". Ce dernier vous sera vendu pour le prix convenu de 40000 points de crédit internationaux. Dans la mesure où ce type d'aéronef est actuellement en cours de production de masse dans nos chaînes d'assemblage, il sera possible de vous le livrer dans les plus brefs délais. Ainsi, nos Industries Aéronautiques du Faravan seront en mesure de vous proposer sa livraison sous un délai de quelques mois tout au plus. Je me permets de vous remercier une fois de plus pour la confiance que vous accordez à notre complexe militaro-industriel et dans nos capacités aéronautiques. L'avion que vous avez commandé est à la pointe de la technologie et adapté aux meilleurs standards de l'Organisation des Nations Démocratiques. Nous pourrions presque affirmer qu'il s'agit du meilleur avion au monde dans sa catégorie. A ce titre, nous n'avons aucun doute quant au fait qu'il saura satisfaire sans problème les exigences que nous savons être les vôtres.

Ce contrat renforce d'autant plus notre partenariat dans le domaine aéronautique qui jouissait déjà d'échanges d'une rare richesse. En effet, nos relations en la matière sont anciennes et datent d'avant même la création de l'Organisation des Nations Démocratiques. Nous avions déjà pu consolider des partenariats qui avaient abouti à l'échange de matériel très tôt dans nos relations bilatérales. Après cela, et avec la création de l'alliance que nous avons fondé conjointement, l'armée de l'air faravanienne avait eu l'opportunité de se déployer chez vous pour faire face à la menace loduarienne d'alors. Nos forces aériennes avaient alors été en mesure de renforcer significativement leur interopérabilité et leur compréhension mutuelle. Cette coopération a par ailleurs porté ses fruits avec notre invention conjointe contre la Principauté de Carnavale lors de l'opération Dreamland puis Downpour. Nos armées ont su démontrer tout leur savoir-faire en termes de coopération et de missions interalliées. Nous vous remercions par ailleurs vis-à-vis de la contribution que vous avez apportée à la reconstitution des pertes que nous avons subis lors de l’opération Dreamland. Votre contribution industrielle nous à grandement aidé et témoigne là encore des liens que nous entretenons.

Votre commande renforce davantage ce partenariat que nous entretenons et ouvre une nouvelle page de collaboration entre nos deux forces aériennes. Le contexte international fait que ces liens sont encore amenés à se développer. On l’a vu en République translavienne ou l’armée de l’air faravanienne est déployée pour y assurer sa sécurité à la suite de la crise en Hotsaline. Vous pouvez d’ailleurs compter sur notre participation continue à cette mission de sûreté de l’espace aérien translavien. Je sais à quel point cette mission est importante pour vous et c'est un honneur pour nous que d’y participer. Je tiens par ailleurs à vous confirmer notre intention de participer à la No Fly Zone que vous avez proposé sur l’ensemble de la Confédération. Nous sommes tous comme vous attachés au principe de la paix et du dialogue et nous ne pouvons que constater le potentiel d’escalade dangereux que représente cette crise si une solution durable n’est pas trouvée. Nous pensons a ce titre que instaurer un cessez le feu et s'assurer de son respect reste notre meilleure solution pour parvenir à une désescalade qui contribuera durablement à la paix localement. Nous discuterons plus amplement de ces points avec vous via les canaux onédiens appropriés.

En attendant, nous tenons encore une fois à vous remercier pour votre commande et vous confirmons son arrivée prochaine. Les Industries Aéronautiques du Faravan restent à votre disposition pour toutes questions relatives à ce contrat.


1x avion de guet aérien IAF “Rokh” de 8ème génération

- 40000 points de crédits internationaux



En espérant bonne réception de cette lettre et en l'attente de votre réponse future, je vous prie d'agréer, monsieur le Juge fédéral, l'expression de mes sentiments les plus distingués.pour les nordistes, sceau de la république accompagné de la signature du ministre des affaires etrangeres, monsieur Dara Sahdavi
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Sylva : « je me suis déjà fait percer les oreilles, donc je devrais logiquement pouvoir survivre à un coup de canon dans le ventre ! »

La naïveté de nos voisins outre-espérance nous fait bien rire, mais le déni ne les sauvera pas de la maladie.

Volet technique :

Sylva contredit ici son propre plan.

Citons la :
L’opération Hippo est le principal effort contre la Principauté. C’est le plus massif, atteignant des effectifs sans précédent. Hippo vise d’abord à sécuriser une zone transformable en hub logistique, puis à exploiter la tête de pont initiale pour sécuriser l’ensemble des axes menant dans la capitale carnavalaise pour enfin en conduire le siège.
Il est bien spécifié que l’OND converge vers Carnavale où elle constitue UN hub logistique qui devient une zone de contamination privilégiée. Les forces de l’OND se concentrent également sur « des axes menant dans la capitale carnavalaise pour enfin en conduire le siège ». Les positions de l’OND sont donc connues et identifiées : ses forces se rassemblent sur les grands axes et autour de la ville. La mention d’un siège suppose que l’OND est suffisamment proche de Carnavale pour empêcher des sorties ou des percées. Autrement dit, les forces de l’OND forment un cordon resserré, elles ne sont pas éparpillées aux quatre vents. Enfin, au stade où les drones attaquent, l’OND est déjà partiellement dans la ville, là où l’efficacité des DCA non mobiles et de l’aviation est très limitée.

Citons la :
Une fois la zone de débarquement sécurisée, les forces coalisées entameront leur progression à l’intérieur même de la ville. Celle-ci sera particulièrement méthodique, en établissant des corridors sécurisés pour soutenir l’avancée et en avançant le long des grands axes vers le centre-ville. Les forces de l’OND établissent plusieurs corridors humanitaires et incitent les civils à quitter la ville
L’OND sécurise des corridors dans les grands axes de la ville. Là encore ses positions sont connues par Carnavale. Comme précisé dans le plan de bataille de l’OND, les forces déployées sont conséquentes pour sécuriser les avancées de l’OND. Autant de cibles à infecter.

Enfin, Carnavale ne compte pas que sur la contamination par épandage direct de l’agent GUILGAMESH. Au contraire, le gros de la contamination se fait par transmission humaine dans les premières heures après avoir pénétré dans la Cité noire. L’OND organise des corridors humanitaire, encadre des populations paniquées, désordonnées, qu’elle cherche à faire sortir de la ville. Les aller-retours sont donc nombreux entre l’intérieur de Carnavale et l’arrière-pays. Les drones n’ont pas besoin de vaporiser directement au-dessus de la tente du lieutenant-colonel pour le contaminer : il suffit que celui-ci reçoive un compte rendu oral d’un officier qui aura lui-même discuté avec un chef de brigade qui aura été en contact avec un soldat encadrant un infecté. On sait que la transmission d’une maladie, en particulier dans des espaces densément peuplés (ville, camp militaire…) est exponentielle. Un homme en contamine deux qui en contaminent quatre... en quelques heures, ces chiffres deviennent rapidement vertigineux.

Citons la :
Les forces de l’OND tirent parti de leur mobilité et de leur mécanisation pour alterner entre usure de la force ennemie par avancée méthodique avec appui-feu et « foudroyance », lançant régulièrement des raids blindés (« thunder runs ») pour isoler certains points de résistance ou sécuriser des zones d’intérêt particulier et des raids héliportés en avant de la force principale dans le cadre de missions de « recherche et destruction ».
Cette tactique montre bien que l'OND fonctionne par alternance, autrement dit qu'il y a des relais entre ses différentes forces sur le terrain qui alternent de place selon les moments. Une brigade contaminée a donc de nombreuses occasions d'en croiser une autre avec qui elle échange de position, les militaires zigzaguent, se déplacent dans les rues et ruelles, là où les blindés ne peuvent pas pénétrer et où la DCA et l'aviation sont inutiles. Les drones carnavalais ont autant d'occasion de frapper qu'un grand nombre de militaires avancent avec précaution, par progrès-retraites successifs, pour sécuriser des zones.

Volet sanitaire :

Confondre « se préparer sur son propre sol à des épidémies connues et d’origines naturelles » et « faire face à une arme de guerre de haute technologie spécialement conçue pour tuer dans des hôpitaux de campagne montés en trois jours » est un abus de confiance qui risque de perdre le Duché de Sylva. Les quelques anticorps développés au pays contre le paludisme ne suffiront pas à contrer un pathogène génétiquement modifiés à dessein de tromper le système immunitaire. Tout comme avoir eu les oreillons enfant n’immunise pas contre la rage, qui appartient pourtant au même groupe de virus, vivre pied nus dans la jungle ne rend pas immortel à une peste OGM. Il s’agit au mieux d’une belle histoire à raconter à son camarade mourant, à qui on ment en promettant qu’il va s’en sortir dans un ultime acte de pitié.

De la même façon, les réflexes sanitaires des Sylvois (utiles) en cas d’épidémies chez eux sont évidemment obsolète dans un contexte militaire sur un sol étranger. Se placer spontanément en auto-quarantaine dans un camp militaire monté la veille où le seul isolement possible se fait dans une tente en toile trouve rapidement ses limites. De la même façon, l’agent GUILGAMESH étant volatile, se laver les mains trouvera ses limites, particulièrement dans un camp militaire sans eau courante où les sanitaires sont partagés.

Repérer ses symptômes, c’est utile, mais l’agent GUILGAMESH est précisément conçu pour ne se réveiller qu’une journée après l’infection. Autrement dit, lorsque les premiers symptômes apparaissent, au moment où l'alerte est donnée, les camps sont déjà massivement contaminés et il ne reste plus qu’à prier pour être passé entre les gouttes. On ne parle pas ici d’une épidémie sur plusieurs semaines ou plusieurs mois, où chacun aurait le luxe de s’examiner et de s’isoler, de signaler les cas contact et d'éviter de sortir. Il s'agit d'une contamination massive, ultra virulente, rapide, en deux temps, et dont le pathogène a été génétiquement modifiés à des fins spécifiquement militaires, c'est à dire précisément pour contourner les mesures sanitaires basiques. Si vous êtes contaminé, alors tous ceux à qui vous avez parlé ces 12 dernières heures le sont aussi.

La préparation NBC de l’OND n’est pas à nier. En revanche il est illusoire de penser que celle-ci puisse se déployer efficacement en trois jours. Un centre NBC demande une logistique lourde, l’installation de pièces stériles, l’approvisionnement en matériel et en énergie, le tout dans des complexes spécifiquement dédiés à ce type de menace. Or l’OND n’a rien spécifié de tout cela, elle ne possède que des camions et, d’après son plan de préparation, une centaine de médecins dont les trois quarts ont pour mission de faire de la reconnaissance. Tenter de gérer une épidémie dans l'urgence sans la logistique et les infrastructures dédiés c'est tout simplement prendre le risque de contaminer encore plus de monde en faisant fuiter la maladie. Inutile de le nier : l’OND est sans doute prête à se défendre chez elle, mais pas à Carnavale où elle a privilégié la rapidité et sous-estimé la menace.

Enfin, on relativisera certainement « le faible impact » que peut avoir une épidémie sur le moral des Sylvois. Il ne s’agit pas ici de serrer les fesses face à un virus saisonnier, connu et bénin, mais de voir ses camarades tomber par dizaines, souffrir de toux sanglantes et d’hémorragies oculaires, un camp entier incapable de faire trois pas hors de sa tente, évacués par des médecins en combinaisons hazmat. C’est une scène apocalyptique, pas un confinement à la campagne.

Volet médical :

L’agent GUILGAMESH est conçu pour frapper à retardement, mais frapper vite. Entre le moment de l’apparition des premiers symptômes et l’effondrement logistique de l’OND, moins d’une journée se déroule. Le temps de rapatrier l’agent dans un laboratoire, celui-ci a déjà quasiment terminé son œuvre. En imaginant que l’OND détecte l’agent GUILGAMESH aux premiers symptômes et le rapatrie à Teyla, le pays le plus proche, dans la foulée, trois heures se sont déjà écoulées. Il en faudrait le triple pour rejoindre Sylva. Autant dire que l’identification d’un agent OGM carnavalais, la découverte d’un remède et la conception d’un médicament adapté et livré sur place en quantité suffisante, le tout en moins de 24h est impossible. Par ailleurs, certaines maladies OGM n'ont tout simplement pas de traitement connus, d’où leur dangerosité.

En fin de compte, même si par miracle l’OND parvenait à rapatrier l’ensemble de ses troupes en urgence pour les soigner toutes à temps, l’objectif recherché par la Principauté serait atteint : briser leur élan, casser leur moral, gagner la bataille de Carnavale.
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