02/06/2013
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[RELIGIONS] Les religions au Jashuria

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Les croyances au Jashuria

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« On peut allumer des dizaines de bougies à partir d'une seule sans en abréger la vie. On ne diminue par le bonheur en le partageant »


SOMMAIRE

  • Les croyances au Jashuria : généralités
  • Le Bouddhisme au Jashuria
  • L'Athéisme
  • Le Taoisme / Confucianisme / Thanisme
  • L’Hindouisme
  • Le Christianisme
  • Le Judaisme
  • L'Islam



Les religions au Jashuria : généralités

La Troisième République du Jashuria est une république parlementaire laïque et la séparation des religions et de l’Etat est consacrée dans la Constitution pour le Nouveau Millénaire. Terre de naissance du Bouddhisme, ou du moins se revendiquant comme telle, le Jashuria est très fier d’être l’héritier de cette religion qui se diffuse désormais en Eurysie. Pourtant, contrairement à ce que l’on pourrait penser, le Bouddhisme ne constitue pas la seule religion dans le pays. Non seulement, l’athéisme reste particulièrement important mais en plus, la religion bouddhiste doit composer avec des religions concurrentes (bien que très largement minoritaires). Le syncrétisme entre culture et religion bouddhiste au Jashuria reste très présent dans la vie quotidienne. Même les plus athées aiment à participer aux fêtes religieuses laïcisées, qui sont autant d’occasions pour se retrouver et échanger autour de bons plats.

Les tensions religieuses au Jashuria ont réussi à être cantonnées dans le cercle interne des religions depuis le XIXe siècle. Pourtant, cette situation a été acquise au prix de dures luttes, le Jashuria ayant une histoire particulièrement tumultueuse en matière de soulèvement de population attisée par les religieux. Les principaux conflits existants sont d’ordre théologique au sein du bouddhisme. Le récente apparition du Bouddhisme tantrique dans le paysage religieux inquiète les autorités locales, qui, malgré le vœu de neutralité de l’Etat, ne peuvent s’empêcher de penser que l’apparition de gourous dans l’espace public risque d’alimenter le retour de sectes que le pays ne veut plus voir revenir. De manière générale, l'Etat n'intervient que lorsque les problèmes deviennent liés à la sécurité des personnes et au trouble à l'ordre public.

Toujours est-il que le Jashuria est une terre où il fait bon vivre pour les athées, les agnostiques et les apostats. Le droit de croire ou de ne pas croire est consacré dans la Constitution et l’Etat veille à ce que les différents clergés ne dictent pas la politique intérieure et extérieure du pays. En échange, l’Etat n’intervient pas dans les affaires religieuses, sauf si un danger est avéré pour la population. Les persécutions religieuses n’ont plus cours depuis le XIXe siècle. Les moines bouddhistes ont rangé depuis longtemps leurs matraques et les gourous de sectes sont étroitement surveillés par l’Etat. Les dernières tensions concernaient les relations entre les chrétiens fortunéens et les Jashuriens d’obédiences bouddhistes du sud du pays. Etant donné que le christianisme n’a pas le vent en poupe depuis au moins un siècle et que le processus d’évangélisation du Jashuria a concrètement échoué, les évangélistes chrétiens ne sont plus en mesure de constituer une menace pour l’ordre public. Le principal problème du Jashuria en matière de religion reste le phénomène des gourous, présent dans le Bouddhisme, qui constitue un véritable souci de santé publique et de sécurité des personnes. Le pays a mis les moyens pour surveiller les dérives sectaires et dispose une cellule renforcée au sein de l’Etat pour quantifier, qualifier et traiter les phénomènes sectaires.

Historiquement, le pays est divisé en trois religions complémentaires dont le dialogue n’est plus à prouver : le Bouddhisme, le Taoïsme et l’Hindouisme. Le pays étant au carrefour de multiples cultures et religions, le Jashuria a été pendant des siècles une terre d’accueil pour les différents courants religieux du Nazum. Si le sud du pays est hindou, c’est bel et bien le nord qui reste ancré dans les croyances taoïstes et thanistes. Le centre du pays, berceau du bouddhisme jashurien, est ce qui fait le lien entre ces deux religions. Il en résulte que même si le Jashuria est une terre où il fait bon être athée, la grille de lecture reste cependant quelque peu biaisée étant donnée la primauté des rites qui imprègnent la population.

Le Jashuria est un pays où les mortels marchent au milieu des immortels. Des milliers d’esprits et de dieux imprègnent l’espace public. Des petites idoles supervisant un carrefour aux grands temples bouddhistes en passant par les forêts où ruminent les esprits de la forêt, chaque parcelle du Jashuria est le sanctuaire d’un esprit ou d’un dieu, auquel il convient de rendre hommage, ou du moins, de présenter ses respects.

La société jashurienne est cependant profondément attachée à la spiritualité, notamment au travers des trois religions principales : le Bouddhisme, le Taoïsme – et ses mouvements connexes – et l’Hindouisme. Cependant, la question de l’athéisme ne se pose pas dans les mêmes termes que dans les sociétés occidentales. Dans le pays où les dieux et les esprits marchent aux côtés des mortels, être athée, agnostique ou apostat n’est pas mal vu car il s’agit moins de croyance que de respect de rites quotidiens qui enchantent le paysage ordinaire du Jashuria. Ainsi, de nombreux athées entretiennent les petits rituels qui permettent la vie en communauté, comme les offrandes aux esprits. La société jashurienne étant de nature tolérante et ne disposant pas de clergés unifiés capables de peser de tout leur poids dans la création d’une orthodoxie religieuse, les mœurs sont plutôt relâchées et les religions prises pour ce qu’elles sont : des croyances qui structurent un rapport au monde.

Il est impossible de comprendre complètement le Jashuria sans plonger dans la compréhensions de ses rites, ses croyances et ses pratiques. Les religions ont un fort impact sur la vie des Jashuriens, bien que dans l’hémisphère sud, la religion ne s’aborde pas de la même manière qu’en Eurysie. Les religions jashuriennes ont des racines profondes et n’ont pas subi comme beaucoup d’autres religions, les outrages du temps, car les traditions écrites sont fermement ancrées dans la pratique religieuse. L’héritage artistique religieux, avec les contributions intellectuelles et philosophiques, ont grandement contribué à la propagation des religions jashuriennes et à l’acculturation des religions extérieures, faisant du Jashuria une terre regorgeant de symboles religieux plus ou moins discrets, qui évoluent et vivent avec les êtres humains.

Les contacts intensifs des religions jashuriennes avec celles du Nazum et plus largement du monde ont grandement contribué à la diffusion de l’hindouisme et du bouddhisme à travers le monde, phénomène qui est pris avec fierté par les Jashuriens. Pour bien des Jashuriens, même les plus athées, les religions sont tellement ancrées dans les modes de vie qu’il est difficile de distinguer ce qui est de l’ordre du religieux de ce qui est de l’ordre de la culture. La religion, bien que l’Etat, lui, soit laïc, constitue l’une des forces les plus vivaces de la société jashurienne. Bien que muselée politiquement, elle influence les modes de vie. Cette richesse religieuse se concrétise dans un adage simple : « Le jour se lève 1000 fois sur Agartha. » … une manière de dire que chaque religion présente au Jashuria annonce le jour d’une manière différente. Terre de syncrétisme, le Jashuria a durant longtemps vu les religions se mélanger. Il n’est pas rare de voir des Hindous prier les tombes de Saints musulmans, de même que de voir des Musulmans faire des offrandes pour la bonne santé à des temples bouddhistes, … ou même de voir des Sikhs participer au Koi Pathong, la fête des Lumières jashuriennes. Il existe un adage au Jashuria qui dit que « Shiva est le Shiva des Taoïstes », une manière élégante de dire que chaque divinité a sa place dans le panthéon des autres fois, pour peu que l’on garde une attitude ouverte et non prosélyte.

Le principal problème du décompte des religions au Jashuria est que la diversité et la richesse de la pensée jashurienne depuis des millénaires fait que les chercheurs ont été obligés de regrouper les divers courants sous des grands ensembles afin de pouvoir les distinguer, mais même-là, les généralités tendent à atténuer la complexité. Les doctrines, les institutions, les grandes traditions, les sectes et les chemins de dévotions sont si variés qu’ils feraient à eux seuls l’objet de bien des thèses. La modernisation du Jashuria depuis le XXe siècle a coïncidé avec un fort exode rural. Cet exode a permis un nouveau brassage culturel, linguistique et religieux dans le pays, ouvrant les portes à de nouveaux cultes … mais aussi à la renaissance de certains, comme le Jaïnisme ou le Védisme, qui étaient tombés en désuétude. Grâce à la modernisation des villes, des communautés aux systèmes de croyances proches, mais disparates, se sont comme qui diraient … découvertes. Et grâce à cette découverte, de nouveaux syncrétismes ont pu avoir lieu.

Il est nécessaire de comprendre qu’au Jashuria, les traditions liées à l’herméneutique et au syncrétisme sont inscrites dans la société jashurienne. Il en résulte que dans le pays, les religions ont non seulement un fort degré de tolérance, mais qu’en plus, elles n’hésitent pas à se transformer et à interagir entre elles. Différentes visions du divin et du salut peuvent coexister en un même espace, et même changer du tout au tout au coin de la rue. On dit d’ailleurs que dans une pièce, si deux Hindouistes discutent, il y a bien trois religions qui débattent. La tolérance religieuse n’est cependant pas l’acceptation de tout et n’importe quoi. A la fin du XIXe siècle, c’est bel et bien l’Etat qui s’est porté garant de la loi et qui a veillé à ce que le prosélytisme n’envahisse pas l’espace public. Qu’il s’agisse des religieux ou des athées, l’Etat assure une même égalité devant la loi et refuse de s’immiscer dans les croyances des Jashuriens, tant que l’ordre public ou la sécurité des gens n’est pas menacée. Ce principe a été acquis au prix d’une lutte longue des institutions jashuriennes contre les représentants des différentes religions et aujourd’hui encore, les institutions jashuriennes font en sorte de s’en tenir aux règles établies par leurs prédécesseurs pour faire en sorte que chaque citoyen soit traité à égalité.




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Le Bouddhisme au Jashuria


Contrairement aux religions du Livre, le Bouddhisme s’appréhende différemment. Si dans les pays pratiquants les religions du Livre, la religion est ce qui unit l’homme à Dieu, le bouddhisme jashurien est une méthode de salut composée de morale, de médiation et de sagesse. L’action de la méditation est ici essentielle car elle permet de toucher la sagesse. Mais surtout, contrairement à ce que l’on pourrait penser, on parle bien des bouddhismes et non d’un seul bouddhisme unifié. Le Bouddhisme Mahayana regroupe une grande variété d’écoles de pensées, de croyances métaphysiques et de disciplines méditatives. Il s’est largement plus diffusé dans le monde que le Bouddhisme Theravada. Etant une collection, un assemblage de diverses traditions bouddhistes, les chercheurs comparent le Mahayana et le Theravada comme pourrait l’être la division entre les Protestants et les Catholiques. Si le Theravada forme une doctrine unifiée, le Mahayana regroupe aussi bien le Bouddhisme Zen, que des dizaines d’autres pratiques et philosophies. Professant la doctrine du « Grand Véhicule », le Bouddhisme Mahayana croit dans l’idéal de pureté et d’harmonie représenté par le Bodhisattva – ou Bouddha. Incarnation de l’être ayant éliminé tous ses désirs, il est en passe d’atteindre le nirvana et par compassion envers ceux qui souffrent, se doit d’aider toutes les créatures vivantes à l’atteindre.

Le Bouddha Shâkyamuni, dit l’Eveillé du clan des Shakya, est le fondateur du Bouddhisme originel. Et le Bouddhisme est aujourd’hui, la première religion pratiquée dans la Troisième République du Jashuria. Mais plus précisément, c’est l’école Théravâda qui a préséance en termes d’ancienneté au sein du territoire et de la population. L’histoire des bouddhismes au Jashuria débute vers le Vie siècle avant notre ère par le biais de l’apparition de Bouddha. L’Eveillé prône un rapport au monde dépassionné et en retrait du monde, dans une vie monastique, loin des richesses et de la vie en communauté. Le bouddhisme primitif, s’articulant autour de moines mendiants, était donc à ses débuts une religion sans institution, mais avec beaucoup d’apôtres portant des consignes fortes. Ce bouddhisme gagna en influence dans la région en se rapprochant petit à petit des pouvoirs locaux et chercha à influencer les dirigeants de l’époque.

La question de la souffrance et de la détresse est au cœur du projet bouddhiste. Il s’agit non seulement d’entendre et de répondre aux souffrances physiques et mentales que chacun peut éprouver au fil des épreuves de la vie, mais plus radicalement de lever une angoisse fondamentale qui imprègne l’ensemble de l’existence. Les disciples du Bouddha appréhendent la vie comme un processus sans cesse renouvelé où à tout moment, l’existence peut s’effondrer malgré son apparente solidité. Toute notre existence, notre volonté de maîtriser et de contrôler, sont des protections visant à sécuriser cette vie qui nous échappe sans cesse. Le Bouddhisme, tel que professé par l'Eveillé, vise à atteindre cet état d'éveil ou l'aspirant accepte avec joie l'angoisse que sont la vie et sa fragilité.

Les monastères bouddhistes se sont toujours menés une concurrence acharnée dans l’empire Yahudharma, bien avant la naissance du pays et notamment en raison des nombreux courants de pensées qui perdurèrent sur le territoire de l’empire pendant des siècles. La lutte des bonzes les uns contre les autres pour la primauté de leurs philosophies conduisit à de nombreux massacres, tout ça parce que le Bouddha n’a jamais désigné de successeur officiel avant sa mort.

Ce que l’on appelle l’école Théravâda, ou « Voie des Anciens » est pratiquée dans l’ensemble du sud-est du Nazum. Il s’agit de la tradition la plus ancienne et la plus proche du bouddhisme originel, qui propose un enseignement visant à atteindre la perfection ultime – le Nirvana – par une philosophie radicale : le dépouillement du désir et de la souffrance afin de se libérer du cycle des renaissances.

Les bonzes de la tradition du Théravâda prônent un non-attachement radical : absence de travail, absence d’activités, renoncement à la cuisine. Ils vivent en théorie de mendicité pour pouvoir atteindre le pinacle de cette philosophie de l’absence d’attachement au monde réel.

L’école Mahayana est cependant la plus moderne des écoles bouddhistes réformées. En effet, ses traditions sont plus socialement acceptables par la population. Dans cette philosophie, les bonzes renoncent à leur propre Nirvana pour s’adonner au don et à la compassion pour aider les individus à s’élever. Cette école a vu le jour dès l’arrivée des Chrétiens dans la région. Le Bouddhisme ancestral s’est vu imprégné de la mystique chrétienne de la charité et du don de soi pour créer une école de pensée qui vise non pas à se détacher du monde, mais à y rester et à aider son prochain à s’élever. Les bonzes de cette tradition sont les plus nombreux au Jashuria, les Théravâdas étant considérés par beaucoup comme des fondamentalistes et des mystiques trop retirés des affaires du monde.

Mais plus récemment, le Bouddhisme Mahayana s’est vu concurrencé par une nouvelle réforme du Bouddhisme, plus impatiente et prenant appui sur des rites issus d’autres religions. L’école vajrayana, ou Bouddhisme tantrique, est extrêmement minoritaire et s’organise autour de la figure du « gourou », promettant non pas le salut individuel au cours du cycle des réincarnations, mais le nirvana dès cette vie. Les autorités jashuriennes voient d’un mauvais œil le développement des nouvelles écoles monastiques liées à des gourous. Les sectes au Jashuria ont créé leurs lots de morts et de désolation, et le pays s’en souvient encore. Attirés par les promesses d’un salut individuel « immédiat », certains adeptes se risquent malheureusement dans les bras de sectes … si bien que le Bouddhisme tantrique et ses dérives restent particulièrement surveillés, bien qu’extrêmement minoritaire par rapport à l’école Mahayana.
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L'Athéisme

Contrairement à ce que l'on pourrait penser dans le pays qui accueille la plus grande communauté de bouddhistes au monde, une partie non négligeable de la population se déclare athée. L'athéisme prend le plus souvent un caractère particulier chez les Jashuriens car il s'érige en complémentarité d'une certaine recherche spirituelle. Questionnés sur leur rapport à l'athéisme, la plupart des Jashuriens déclarent avec fierté qu'ils sont des agnostiques et des athées, mais observent souvent des rites et des fêtes issues de l’Hindouisme, du Taoïsme ou du Bouddhisme, de même que le culte des ancêtres. Bien plus que dans d'autres pays, l'athéisme au Jashuria est bien vécu et tout à fait accepté au sein de la population. Leur rapport à la religion tient plus de l'aspect culturel que cultuel : respect des fêtes, participation aux festivités communes, ...

Le Bouddhisme étant très intégré dans le Jashuria sous des formes toutes aussi culturelles que cultuelles, beaucoup d'athées et d'agnostiques observent des rites bouddhistes et des pratiques de méditation sans toutefois se réclamer du Bouddhisme. La frontière reste extrêmement poreuse et elle n'offre pas une très bonne grille de lecture pour comprendre la relation que les Jashuriens entretiennent entre l'absence de religion et la recherche de spiritualité. Aujourd'hui, plus d'un tiers de la population dit ne croire en aucun dieu, mais ce n'est pas pour autant que la spiritualité ne constitue pas un domaine important de la vie quotidienne jashurienne. Ceci entre en combinaison avec la pensée pragmatique et rationnelle des Jashuriens, qui se réclament aussi très proches des sciences et des techniques modernes. On peut dire que si la population n'est pas très croyante, elle reste très attachée à la spiritualité bouddhiste.

La Constitution du Nouveau Millénaire de la Troisième République du Jashuria a introduit dans son droit canon la laïcité, c'est à dire la stricte séparation des églises et de l'Etat dans la gestion des affaires courantes. Ceci protège les athées, les agnostiques et même les apostats. Etant donné que le Jashuria ne reconnaît pas le blasphème, on peut dire que dans le pays, les hommes ont des droits, mais que les idées sont toutes critiquables du moment qu'elles n'en appellent pas à l'atteinte à la sécurité d'autrui. La communauté scientifique a particulièrement apprécié cette orientation libérale et anticléricale du Jashuria, à un moment où le pays pouvait tout à fait céder aux sirènes des Bouddhistes les plus fondamentalistes. Il n’en reste pas moins que la population, croyante ou non, est capable d’un certain détachement par rapport aux rites qu’elle observe. La pression religieuse est largement moins présente au Jashuria que dans d’autres sociétés dans la mesure où il n’existe pas de clergé aussi puissant que l’église catholique dans le pays. En l’absence de clercs organisés en lobbys, les religions restent prises pour ce qu’elles sont et n’ont pas conduit à l’apparition de troubles religieux depuis des années.
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Le Taoisme / Confucianisme / Thanisme


Au Jashuria, les philosophies orientales du Nazum ont toujours eu le vent en poupe. La présence de l'empire Yahudharma pendant des siècles dans le sud-est du Nazum a permis un immense brassage de cultures et de philosophies religieuses, qui se sont petit à petit cristallisées dans des écoles de pensée et des temples au rayonnement culturel plus ou moins important. Si le Bouddhisme reste la religion et la philosophie la plus présente au Jashuria (en concurrence avec l'athéisme), les religions du Tao, du Confucianisme et du Thanisme restent particulièrement bien implantées dans la région, notamment dans la partie nord du pays, au sein de la région d’Azur, où la proximité avec les pays des archipels ont permis une large diffusion des religions confucéennes dans le bassin jashurien. Considérées aussi bien comme des philosophies que comme des religions, le Taoïsme et le Confucianisme se mélangèrent bien avec le Thanisme - culte des ancêtres très spécifique au sud-est du Nazum - de sorte qu'elles ont réussi à survivre au travers du temps et à bien s'inscrire dans le quotidien de la population.

A l’instar des Bouddhistes et des Hindous, les temples taoïstes sont très bien implantés au Jashuria. Il existe deux sortes de temples : les « tzu-sun miao » et les « kuan ». Les « tzu-sun miao » constituent de petits temples privés, qui appartiennent à quelques grands maîtres taoïstes. On en trouve un peu partout au Jashuria, ces petits temples étant souvent très bien entretenus par les fidèles. Les « kuan », quant à eux, constituent des temples plus grands, qui accueillent les communautés de prêtres. On en retrouve principalement dans les plus grandes villes du pays, mais aussi parfois, dans les campagnes, où les prêtres s’adonnent à la méditation et à l’introspection.

Les écoles de cultivation, autrefois populaires au Jashuria, ont disparu au milieu du XIXe siècle. Elles survivent en partie aujourd'hui sous la forme des gourous du Bouddhisme. On retrouve quelques fois des écoles de pensées philosophiques se réclamant du taoïsme au sein de la société civile, mais globalement, les écoles de cultivation appartiennent au passé. En revanche, la vitalité des enseignements taoïstes, confucianistes et thanistes n'est plus à prouver et, à l'instar du bouddhisme, imprègnent la société jashurienne dans son ensemble. La mystique quiétiste du Taoïsme reste particulièrement compatible avec la mystique bouddhiste et s’est exprimée tout au long des siècles par une littérature abondante dont les Jashuriens sont parvenus à conserver les textes et les calligraphies.

La synthèse entre le Bouddhisme et le Taoïsme et ses dérivés reste un phénomène particulièrement intéressant à étudier au Jashuria. Il apparait, après des siècles d’hybridations, que le panthéon hindou, la mystique taoïste et la cosmogonie bouddhiste fonctionnent sur des rythmes qui permettent un syncrétisme d’une complexité redoutable, mais qui, au quotidien, se manifeste dans des rites et des usages qui semblent tout à fait anodin pour les pratiquants. La complexité des relations entre les trois religions est telle que des départements entiers d’études des religions s’arrachent encore les cheveux pour comprendre les liens entretenus par ces religions.
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L’Hindouisme

L’Hindouïsme au Jashuria est la première religion présente au sein de la république. Issue de l’Ashtra et de l’Aryédie, l’Hindouisme est entré dans le Nazum bien plus tôt que les autres religions. Les Hindous étaient alors intégrés à la structure de l’empire Yahudharma, qui profitait de son cosmopolitisme pour organiser selon un coexistence pacifique les différentes religions. Les choses changèrent quand les Empereur-Soleil successifs décidèrent de donner la primauté au Bouddhisme sur le reste des religions. L’Hindouisme, bien que profondément ancré au sein de la population, entra en concurrence avec le Bouddhisme local ainsi qu’avec les courants thanistes issus du nord. L’aire d’extension de l’Hindouisme jashurien se trouve principalement dans le sud du pays, où la présence de l’Iphlusia et l’ancien bassin culturel et religieux d’Aryédie ont contribué à la diffusion de l’Hindouisme et à sa permanence dans le temps.

La plupart des rites issus de l'Hindouisme se sont mêlés aux célébrations laïques du Jashuria et au Bouddhisme local. Bouddhisme et Hindouisme coexistent dans une harmonie délicate et malgré certains heurts au cours du siècle dernier, les tensions religieuses se sont principalement calmées. Le Jashuria est aujourd’hui. L’Hindouisme est principalement présent au sud du Jashuria, dans la région des perles, où il dispose de grands sanctuaires et dispose de nombreux lieux de cultes et lieux sacrés. Les Hindous de la région coexistent avec les temples bouddhistes, mais cependant, on retrouve peu de temples hindous dans le nord du pays, qui accueille une population d’inspiration religieuse taoïste et confucéenne.

L'isolationnisme des nations hindoues sur le continent nazumi empêche actuellement la diffusion de l'hindouisme au-delà de ses frontières historiques, ce qui permet au Jashuria de ne pas subir la pression des croyants hindous du nord-ouest. Les Jashuriens honorent encore les dieux de l’Hindouisme et quand bien même ils ne sont pas situés dans le bassin culturel historique de l’Hindouisme et de ses mythes légendaires, le pays dispose de merveilles d’architecture hindoues, qui n’ont rien à envier aux anciens temples d’Aryédie.

Dans l’ancien Empire Yahudharma, il y a ceux qui tiennent parole et sont tenus par la parole : ce sont les brahmanes qui disent le Véda. De l'autre côté, il y a ceux qui retiennent leur parole et sont tenus par le silence : ce sont les yogins. De là découle le Véda, l’ensemble des textes qui rassemblent la parole sacrée des brahmanes de l’ancien empire hindou. Le Véda est un mot hérité du vieux jashurien, qui signifie « vision » ou « connaissance ». Cette connaissance révélée a été transmise oralement de brahmane en brahmane jusqu’à nos jours et a été savamment compilée au travers des siècles pour consolider le védisme, le brahmanisme et leurs versions modernes : l’hindouisme.

Si l’origine des textes védiques fait débat, il n’en reste pas moins que les auteurs jashuriens s’accordent pour dire que c’est dans les alentours de 1500 ans avant J.-C que les textes jashuriens se structurent autour du Véda et de sa forme ancienne, le Triple Véda. Le Triple Véda est constitué de trois recueils de textes : un recueil de poèmes (stances) forme le Rig-Veda, un recueil de chants rituels le Sama-Veda, une collection de formules sacrificielles le Yajur-Veda. Un Quadruple Véda est généralement accepté : l’Atharva-Veda, bien que sa présence au sein des textes religieux fasse encore débat.

Le passage du védisme au brahmanisme commence avec la rédaction des Brāhmaṇa, spéculations rituelles en prose. Et la transition du brahmanisme à l'hindouisme s'accompagne de la rédaction des Āraṇyaka puis des Upaniṣad. Ce corpus littéraire est l’un des plus anciens recensés dans le Nazum aujourd’hui. A la fois précis de rituels et recueil de philosophie, ces textes constitueront la base de l’Hindouisme contemporain, mais aussi la base sur laquelle s’établira le Bouddhisme.

A la fois unique, dynamique et incréé, le Véda a rythmé la vie des anciens royaumes établis avant l’apparition de la République du Jashuria. S’il n’a été diffusé en Eurysie qu’après l’arrivée de Fortuna sur le territoire, le Véda reste un ensemble de textes qui n’a eu que peu d’impact au-delà du Nazum, puisqu’il entre directement en concurrence avec des religions bien établies comme le Christianisme et l’Islam. Le Véda n’est cependant pas la parole d’un Dieu. Il est étranger à l’idée d’un Dieu transcendant, mais décrit une cosmogonie complète.

Le Veda est tout d’abord une parole. Composé au Nazum avant l’apparition de l’écriture, il est une tradition orale passée de brahmanes en brahmans, la classe intellectuelle dont les membres étaient considérés comme des sages et des prêtres. Le Véda est tout d’abord récité et non lu, et s’actualisait dans les actes de paroles et était alimenté par la mémoire des brahmanes, se transformant de siècles en siècles. Il est à peu près certain que l'oralité originelle avait été conservée pour les textes d'un statut élevé tandis que l'on admettait l'écrit pour les autres; il est probable que la limite a varié selon les époques. En tout cas, le Véda n'était pas un objet matériel que l'on pouvait saisir ou voir même s'il n'est pas impossible qu'à une date indéterminée, l'écriture ait été utilisée comme une aide à la mémorisation. Même s'il existe beaucoup de manuscrits hindous, une déesse hindoue du livre, etc., même si les Bouddhistes ont eu un véritable culte du livre, que certains mantra ont été adorés sous leur forme écrite, etc., le Véda n'est devenu un livre que tardivement, quand décidément le pouvoir intellectuel échappait de fait aux brahmanes

Le Veda est aussi un ensemble de textes sacrés (bien que son statut véritable soit celui de l’oralité). Il est important de préciser que le texte en lui-même n’est pas saint, mais le contenu, lui, est sacré. Le Veda ne fait pas l’objet d’une vénération particulière, mais son contenu est sacré par essence. La récitation du Veda est assortie d’un certain nombre d’interdictions qui font que l’on ne peut le réciter dans certains lieux, ou à certains moments, pour en garder la teneur sacrée. De plus, sa récitation est l’apanage des brahmanes. Petite minorité au sein des peuples nazuméens, les brahmanes étaient les seuls à disposer du pouvoir d’apprendre et de réciter le Veda pendant de nombreux siècles, jusqu’à ce que la lecture se diffuse dans le sud-est du Nazum.

Les brahmanes avaient le monopole de la totalité du Véda : eux seuls pouvaient (devaient: c'était leur dû comme devoir et comme dette) l'entendre, le dire et l'enseigner ; eux seuls étaient des hommes complets parce qu'ils avaient complètement accès au Véda (à noter que les femmes avaient aussi accès au statut de brahmanes dans le sud du Nazum). En pratique, la plus grande majorité des peuples du Nazum reconnaissaient aux brahmanes une certaine précellence car ceux-ci ne pouvaient tirer leur subsistance que des dons qu'ils recevaient et de la rétribution de leurs services cognitifs.

Simultanément, les brahmanes n'ont jamais eu le monopole du religieux : chaque maître de maison, quel que soit son statut, encore aujourd'hui, est son propre prêtre et officie en tant que tel dans sa maison. Le temple n'est pas, tel une église, le lieu du peuple rassemblé pour la liturgie mais la maison privée d'un dieu et de toute façon il n'y a aucun temple à l'époque du Véda (les premiers datent du Ve siècle peut-être). Les brahmanes sont ceux à qui leur statut impose d'être les lieux de mémoire où du Véda est entreposé, des instruments qui transforment cette mémoire en parole et les passeurs de cette parole à leurs fils ou à ceux qu'ils adoptent pour ce faire. Ils s'en font les conservateurs, les récitants, les utilisateurs et les passeurs. Ils n'ont pas à le comprendre intellectuellement. Le Véda est la source silencieuse déposée dans les mémoires du flot de paroles des brahmanes et ceux-ci, en récitant, manifestent leur statut qui est de pouvoir rembourser personnellement la dette de l'humanité envers le Véda.

Si aujourd’hui le Veda est devenu un ensemble de livres écrits, c’est uniquement parce que les brahmanes ont perdu la prédominance qu’ils avaient sur les sociétés nazuméennes. Ils remplissent une bibliothèque et la récitation de toutes les formes que prend cette parole rendue à un état de littérature remplirait plusieurs bibliothèques. Sous l'influence de l'islam, du christianisme et de la modernité, dorénavant on valorise le livre et même l'écriture. Devenu un objet, il se diffuse certes plus facilement, mais est régulièrement accompagné de chants védiques.

Les divinités hindoues : 33 millions de dieux ?

Le panthéon hindou est très vaste : on appelle l’hindouisme la religion aux 33 millions de dieux, ce qui n’est pas peu dire, surtout au Jashuria, où chaque coin de rue est littéralement le territoire d’un dieu particulier ! Ce panthéon est essentiellement composé de divinités proches des dieux védiques (la plupart de leurs attributs se retrouvent chez Brahma, Vishnu et Shiva) et de croyances locales qui s’incarnent dans chaque dieu, faisant de ceux-ci des êtres aux multiples noms et aux multiples formes. Il est commun que plusieurs divinités, révérées sous des noms différents, soient les avatars d’une même déité. Si les Védas définissent l’Hindouisme en général, deux textes relatent les exploits et la vie des divinités hindoues : le Ramayana et le Mahabharata.

Au sommet de la cosmogonie hindoue trône la Trimurti, la Grande Trinité hindoue composée de Brahma, Vishnu et Shiva. rois dieux, en principe de force égale, reflet des trois aspects de la puissance divine : création, préservation, destruction. Elle peut être représentée par trois têtes reposant sur un même cou (ou six quand Brahma est représenté avec ses quatre têtes), chacune regardant dans une direction différente. Chaque membre de la Trimurti représente une facette du fonctionnement de l’univers hindou : la création, la conservation et la destruction. Au sein de cette trinité cosmique, Brahma est le dieu créateur de la matière et de l’univers au sens large. Il est l’époux de Sarasvati, qui est aussi étrangement sa fille et incarne la connaissance, l’éloquence, les sciences et les arts.

Vishnu est le dieu conservateur de l’univers. Dans son rêve, il prépare un nouveau cycle de vie. À son réveil, un lotus émerge de son nombril d’où sort Brahma pour créer un nouvel univers. Vishnu, en tant que divinité suprême, est souvent représenté avec une carnation bleue et a généralement quatre bras. Vishnu est capable de s’incarner dans des dizaines d’avatar, comme un homme-lion, un prince, ou encore son incarnation la plus célèbre : Krishna. Bouddha est aussi considéré comme un avatar de Vishnu sur terre. Vishnu a pour femme Lakshmi, la déesse de la prospérité, de la beauté et du bonheur.

Le dernier dieu de la Grande Trinité est le dieu destructeur Shiva. Incarnation du changement et de la destruction, il dissout l’univers pour en créer un nouveau. A la fois destructeur et créateur, terrifiant et bienveillant, il est une figure ambivalente de la mythologie hindoue. Shiva est peu vêtu, voire nu, car c’est un ascète. Il porte souvent une peau de tigre marquant sa maîtrise sur la nature. Il possède trois yeux (le soleil, la lune et le feu). Parvati est la femme de Shiva, mais surtout une représentation de son aspect féminin. Elle est très souvent représentée à ses côtés comme l’amoureuse, et peut prendre plusieurs formes : Durga, la guerrière, Uma, la favorable, Kali, la noire, la terrifiante. Mais très souvent elle est Mahadevi, la déesse par excellence. Ganesha, le dieu à tête d’éléphant, est le fruit de l’union de Parvati et de Shiva (qui sont, rappelons-le, la même personne). Il est le dieu de la sagesse qui apporte le bonheur et surmonte les obstacles. On lui connait pas moins de 90 aspects différents avec Skanda, le dernier fils de Shiva, représentant le concept de guerre.
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Le Christianisme

La présence du Christianisme au Jashuria est officiellement attestée depuis les débuts de la période coloniale. Si des prédicateurs et des missionnaires ont souvent été croisés au Jashuria, notamment sous l’ancien empire, où ils officiaient souvent comme conseillers des Empereur-Soleil, les communautés chrétiennes ne se sont véritablement installées dans la région qu’à partir de l’époque où Fortuna commença à coloniser les environs du territoire et à négocier des concessions. Le climat jashurien étant peu hospitalier, le Christianisme a eu tendance à ne pas trop tenter l’établissement de grandes communautés chrétiennes dans la région, préférant y lancer des prédicateurs et convertir la population locale.

Les colons chrétiens ont suivi les marchands et les frégates occidentales. Cherchant dans le sud-est du Nazum un nouvel El Dorado, ils découvrirent une terre luxuriante, mais très repliée sur elle-même, et dotée de ressources incroyables, mais difficiles d’accès. Les marchands chrétiens trouvèrent dans le Nazum des zones commerciales propices au commerce des épices et des objets manufacturés rares, mais en profitèrent aussi pour tenter d’évangéliser ce qui allait plus tard devenir le Jashuria. Malheureusement pour les missionnaires fortunéens, le culte du Dieu Unique connut très peu d’échos au sein de la population. Malgré l’établissement d’écoles et de sanctuaires évangéliques, les Chrétiens eurent beaucoup de mal à convaincre la population de la primauté de leur dieu sur l’éventail des religions jashuriennes.

La cohabitation entre les Chrétiens et les Bouddhistes ne fut pas de tout repos, les Jashuriens n’aimant pas le prosélytisme. L’histoire n’a pas été tendre entre les deux communautés et des heurts furent fréquemment rapportés dans les écrits dès que l’une chercha à prendre le pas sur l’autre par le biais d’une campagne d’évangélisation. Les siècles comptèrent leur lot de temples incendiés et de missions saccagées sur un malentendu. Si depuis le dernier siècle, les choses se sont calmées entre les Bouddhistes et les Chrétiens, leur cohabitation pendant les premiers siècles a eu des épisodes plutôt tendus.

Actuellement au Jashuria, les principaux courants du Christianisme connus sont les courants protestants. Le Protestantisme s’accommode bien du mercantilisme jashurien et il s’agit aujourd’hui de la branche de la chrétienté qui a le plus d’atomes crochus avec la culture jashurienne. Les courants catholiques et orthodoxes n’ont pas cours dans le pays. Le Christianisme reste cependant extrêmement minoritaire au sein du pays et ne se pratique que dans les catégories de populations ayant des origines fortunéennes.
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Le Judaisme

Les premières enclaves juives sont nées au Jashuria avec l'arrivée des premiers colons fortunéens. Bien que le judaïsme ne soit que très minoritaire au Jashuria, il reste tout à fait accepté parmi la population. Les premières écoles et universités jashuriennes étaient historiquement un mélange entre les écoles chrétiennes et juives, si bien que les deux religions ont été plutôt correctement accueillies dans le pays.

La présence du Judaïsme au Jashuria reste très peu connue des chercheurs. Le plus souvent confondus avec les Chrétiens, les Juifs du Jashuria ont historiquement été des marchands, ayant leurs racines entre le monde occidental et oriental. Si leur histoire reste méconnue, on leur doit de nombreuses innovations au sein du pays, notamment car ils étaient les principaux pourvoyeurs de nouvelles et d'innovations avec les marchands chrétiens de Fortuna.

Les récits attestent de la présence accrue des marchands juifs au cours du XVIIIe et XIXe siècle, notamment dans les concessions fortunéennes. C'est à cette époque que les synagogues sont sorties de leur anonymat et eurent pignon sur rue. Les Juifs présents sur le territoire jashurien sont quasiment tous des Juifs fortunéens - et non pas fortunés.

L'université des sciences sociales d'Azur finance actuellement des thèses sur l'étude des Juifs au Nazum. Les candidats restent cependant peu nombreux, préférant s'intéresser au Bouddhisme et à l'Hindouisme.
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L'Islam

L’Islam est présent au Jashuria depuis plusieurs siècles par le biais de la présence des Sultanats Arabes dans la zone d’influence de l’ancien empire Yahudharma. Sa présence est avérée dès le XIe siècle par le biais des récits de marchands et d’explorateurs d’Afarée, mais aussi par le biais des contacts culturels noués entre les territoires impériaux et les sultanats du nord. Si le Jashuria n’a jamais été véritablement une terre d’évangile pour l’Islam, il n’en reste pas moins que les canons architecturaux de l’Islam ont eu une influence particulière sur certains monuments architecturaux de l’ouest du Jashuria, à commencer par les Jardins de Kashedi. Pourtant, malgré cela, les conversions à l'Islam sont restées très marginales au sein de la société jashurienne.

La seule présence permanente et avérée de l'Islam au Jashuria est la présence des communautés soufies s'étant installées au sud du pays, à Agartha, et à l’ouest, proche de l’ancienne zone de contact avec les Sultanats Arabes. Cette communauté, essentiellement constituée de prêcheurs philosophes et de penseurs axés sur la spiritualité de l'existence, est plutôt appréciée de la population et s'est parfaitement mêlée au reste de la population jashurienne. Les récentes actions économiques et diplomatiques menées avec le Banairah et plus généralement l’Afarée dans son ensemble ont amené au Jashuria une population de cadres musulmans. Le pays n’ayant pas spécialement de mosquées à proposer à cette nouvelle population, le culte s’établit dans des endroits discrets, généralement des plateaux de bureaux sponsorisés par des entreprises étrangères.

Le rapprochement récent avec l'Althalj a permis aux Jashuriens de découvrir une autre facette de l'Islam afaréen. Un département d'étude sur l'Islam en tant qu'objet de société a même été ouvert à Agartha en collaboration avec les universités de l'Althalj afin de bénéficier de nouvelles sources à explorer.

Les idées libérales jashuriennes ont eu un effet largement positif sur la religion musulmane dans la région, ce qui a conduit à l’élaboration d’une véritable herméneutique du Coran, chose encore rare dans la plupart des Etats musulmans. Les Soufis et les Sunnites jashurienes arborent une approche beaucoup plus libérale que leurs coreligionnaires d’Afarée et en cela, se rapprochent des Stranéens. Les pratiques religieuses locales ont été purgées de beaucoup de positions rétrogrades, notamment concernant le statut de la femme et des minorités sexuelles, si bien que l’Islam y est beaucoup plus serein. Les Jashuriennes musulmanes ont la possibilité d’être imames au sein de leur communauté religieuse et de prêcher pour les hommes, comme pour les femmes, ce qui, dans une religion peu jouasse à l’idée du mélange des genres, est assez unique.

Le foulard possède une dimension beaucoup moins religieuse que dans d’autres pays. Il n’est pas considéré comme un impératif religieux et ne fait pas l’objet de prescriptions particulières. Il est en revanche porté comme accessoire et fait plutôt l’objet d’une mode sécularisée qui vient simplement couvrir les cheveux de manière différente selon les femmes. En cela, c’est l’Hindouisme et le libéralisme qui ont le plus contribué à la sécularisation du foulard, en le dépouillant de son sens religieux rigoriste et en le faisant entrer dans la catégorie des accessoires de mode. Cet état de fait a permis aux Jashuriennes de confession musulmane d'affirmer leur égalité vis à vis des hommes et de s'emparer de leur religion, bien plus que dans d'autres pays.
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Les monastères bouddhistes jashuriens

La religion bouddhiste tenait jusqu’au XXe siècle une place prépondérante dans la vie jashurienne, au même titre que l’Hindouisme. L’influence du bouddhisme s’effectuait au travers de relations socio-religieuses complexes qui prenaient la forme de l’institution monachale, ou plus généralement, de la relation entre le chapelain bouddhique et le donateur. Ce lien s’établissait assez bien lorsqu’il profitait au monastère : la production économique des domaines aristocratiques jashuriens, gouvernementaux ou monastiques était essentiellement dirigée vers les monastères et nombres les activités religieuses génératrices d’offrandes (transmission des enseignements bouddhiques, fêtes religieuses, etc.) se faisaient le plus souvent dans ses murs ou étaient organisées par des moines. Les monastères jashuriens dédiés au bouddhisme formaient des entités quasi-autonomes dans la société jashurienne et s’articulaient au réseau complexe des corporations, des fiefs seigneuriaux et des territoires civils.

La relation des moines aux donateurs s’effectuait dans le cadre de la doctrine bouddhiste. Pour obtenir l’Eveil, l’impétrant doit accumuler mérites et sagesse, la sagesse étant comprise comme la compréhension progressive de la vacuité des choses. Quant aux mérites, ils s’accumulent par le développement du don, d’offrandes et de qualités positives comme la patience, la générosité, l’éthique, … A ce titre, l’offrande est considérée comme partie intégrante de la foi et de ses pratiques. Dans le bouddhisme, il existe de multiples façons de procéder pour faire une offrande au Bouddha. En général, les disciples aménagent chez eux un petit autel sur lequel ils placent une représentation, que ce soit une statue ou une peinture. Quotidiennement, ils disposent devant la représentation du Bouddha les sept offrandes traditionnelles composées d’une coupelle d’eau, d’un peu de nourriture, de quelques fleurs, d’encens, de parfum, d’une bougie allumée (qui matérialise l’offrande de lumière) et d’une clochette (qui représente l’offrande de musique). D’ordinaire, les Jashuriens symbolisent ces offrandes par sept bols de cuivre qu’ils remplissent d’eau le matin et vident le soir.

Les besoins des moines des monastères étaient constants. Des besoins en matériaux, aux besoins en nourriture en passant par la construction d’infrastructures, les monastères étaient toujours en demande de dons pour aider à la structuration et au maintien de l’institution religieuse. Ces dons, faits par les fidèles aux moines, permettaient de gagner du mérite et s’effectuaient en parallèle de l’enseignement de la foi bouddhiste. Le don, répété, permet au moine de s’affranchir de la contrainte de devoir travailler pour se nourrir et lui permet de se concentrer sur l’enseignement et la diffusion de la foi, honorant ainsi sa mission. Il permet aussi au fidèle d’exercer sa générosité envers l’institution religieuse et ainsi, d’accumuler des mérites. Ces dons, matériels ou pécuniers, pouvaient aussi prendre des formes immatérielles, comme la protection des temples. Bien entendu, les fidèles restaient libres de décider de la teneur et de la fréquence de leurs dons. Ils ne versent de dons au monastère que s’ils estiment que l’enseignement de ce dernier est profitable à la communauté et leur permet de lutter efficacement contre leurs propres souffrances. Ainsi, il n’était pas rare qu’un monastère déméritant tombe en disgrâce et soit abandonné au profit d’un autre, plus soucieux de ses fidèles. Les fermetures de monastères par manque de dons suite à un défaut dans les services rendus à la communauté par les moines était plus courant qu’on ne le pense dans les premiers temps du Bouddhisme, ce qui a permis au fil du temps une meilleure fusion entre les besoins des fidèles, ceux des moines et le respect de leurs attentes mutuelles.

L’interrelation entre les moines et leurs donateurs a eu un impact décisif sur le maintien des structures religieuses au Jashuria et sur la prospérité des terres nazumies. En effet, cette relation de moines à donateurs a permis pendant des siècles la constitution de réseaux d’entraide mutuels importants, les moines procurant des enseignements permettant l’alphabétisation de la population et les enseignements spirituels là où l’Hindouisme préférait laisser l’Etat agir. Il en est ressorti que là où le Bouddhisme parvenait à s’implanter durablement, les liens entre l’aristocratie locale, la population et les temples restait forte, ces classes sociales occupant chacune des domaines spécifiques. Il n’était pas rare que les seigneurs locaux procurent eux-mêmes les terres au futur monastère et participe à son édification, tout en le protégeant sur le long terme, en échange de prières régulières des moines pour la famille du donateur. Ce système de donation fonctionnait selon une imbrication très hiérarchisée : la noblesse jashurienne ne peut faire des dons au monastère que si ses sujets procuraient de bonnes récoltes et de juteuses taxes et l’aristocratie ne pouvait protéger les moines sans l’aide d’une armée convenable, ou de paysans bien armés.

Les terres monastiques sont considérées dans la période pré-moderne du Jashuria comme des terrains sacrés. Cédés par les propriétaires terriens civils, les terrains devenaient sacrés dès l’édification du monastère et la cérémonie d’emménagement de l’idole. Cette idole, présente dans tous les temples, était à la fois la gardienne du caractère sacré du temple, mais aussi un puissant outil de légitimation, les moines seuls ayant le droit d’y toucher et de la déplacer. Il était inscrit dans les codes religieux et dans les lois coutumières que tant qu’une idole perdurait dans le temple, celui-ci possédait une propriété inviolable.

Les terres monastiques étaient caractérisées par leur caractère indivisible et incessible, sauf en de très rares cas et surtout, en cas de disparition de l’idole ou de la déchéance du monastère. Elles étaient cédées ad vitam aeternam aux moines, qui en avaient à la fois la propriété et l’usufruit. L’institution monastique pouvait se voir confier de nouvelles terres ou parcelles et celles-ci étaient immédiatement intégrées à la parcelle principale. Afin de valoriser les terres agricoles obtenues, les moines disposaient généralement de services d’intendance, chargés de valoriser les terres alentours pour le bénéfice des moines, qui devenaient parfois de véritables propriétaires terriens prospères (aux antipodes de leurs vœux d’ascétisme).
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