Premier Conclave - 2005 - Page 3

Mes frères, mes amis, voici bien trop longtemps que Notre église demeure sans son saint-Père et que vos paroisses déplorent votre absence. La chrétienté a besoin de tous ses sujets pour mener a bien son troupeau de brebis égarées mais comment pourraient-elles être guidées ? Puisque nous nous attardons ici, pour la vanité des hommes que nous sommes, à refuser d'ouvrir les yeux sur ce qu'essaye de nous dire Le très haut.

Vous le savez, les propos réformateurs de mon saint-frère cardinal Léonard Bastarache m'ont toujours inquiétés et son cynisme m'a toujours effrayé. Avec ce conclave si éprouvant, le Seigneur ne nous dit-il pas justement qu'il est temps de se regarder dans le miroir ? Qu'un vent, un peu plus moderne, doit venir dépoussiérer certains de nos grimoires trop poussiéreux ou trop longtemps oublié ?
Il sera le guide suprême mais nous serons ici pour l'aviser et lui rappeler, à chaque fois, le bien fondé de nos traditions et des dangers à les faire s'effondrer.

Allons mes frères, je vous le demande : unissons-nous derrière un seul et bâtissons ensemble ce qui nous effraie aujourd'hui.

C'est pourquoi, je vous annonce qu'avec mes frères cardinaux catholars nous soutiendrons le cardinal Bastarache.


Les 8 cardinaux de la Catholagne ont exprimé leurs voix :

Cardinal Léonard Bastarache : 8 voix

"Mes saint-frères, et amis. Vous connaissez mes positions. Les qualifiez - pour certains - de radicales. Vous connaissez mon histoire. Mes constats. Vous savez comme j'estime notre Sainte institution et notre seigneur Jésus-Christ, et comme je n'ai à cœur dans cet esprit de réforme que je porte près des miens, que les intêréts les plus purs de la Foi et des croyants. Car je le crois sincèrement, le monde se tourne vers toujours plus d'ouverture, toujours plus de communications entre les peuples, et toujours plus de compréhension mutuelle. Et l’Église, les croyants, ont trop souvent été considérés comme des opposants à cette évolution. Le cardinal Bastarache a peut-être été appelé par la providence."

Il s'interrompt pour lancer un regard indéchiffrable à son homologue Izcal, reprenant plus doucement.

"C'est une tâche très dure qui attendra le prochain Saint-Père, et il est important que nous fassions tous corps derrière lui, ou la Foi pourrait s'étioler et la rupture la séparant de la société, se concrétiser partout où elle n'est pas portée par des gouvernements. Il faudra marcher sur une corde raide. Comprendre ce qui peut être amélioré, ce qui peut être modernisé, et ce qui tient de l'essentiel, de l'absolu, de l'intouchable. Ce sera notre rôle, espérons-le, quel que soit celui que nous décidions de nommer.

L’Église a constatée, au sein du Grand Kah, les souffrances que provoque de la rigidité morale, la corruption de certains régimes qui prétendent défendre les enseignements des pères de l’Église, et le besoin sans cesse plus important d'une autorité morale fiable et à l'heure du jour. Ce pourquoi nous nous rangeront tout entier derrière le Cardinal Léonard Bastarache. Car nous croyons sincèrement à la nécessité d'une évolution."

Cardinal René Sainte-Cigogne : Il est très clair que l'Église catholique doit retrouver un nouveau guide qui pourra diriger tous les croyants du monde. Mais j'ai bien peur que vous fassiez de nombreuses erreurs, vous voyez en le Cardinal Bastarache un digne successeur de Clément XV, mais personne n'est plus éloigné de lui. Regardez, observez les paroles qu'a eu le Cardinal Bastarache, ne vous paraissent-elles pas étranges pour un homme de foi. Vous pensez que le progressisme du Cardinal Bastarache sauvera l'Église, mais vous vous trompez. Il risque de mettre en péril l'Église catholique, en soumettant des lois contre Dieu. J'ai peur, mes frères, j'ai très peur. Monseigneur Pacelli, vous avez vous même dit que les idées progressiste du Cardinal Bastarache vous effraient, alors pourquoi voter pour lui ? Qui suis-je donc ? Je prends cela pour une puissante insulte qu'une injure blasphème ne saurait traduire. Vous pensez sûrement que du fait de mes origines maguerroises, je suis comme les fous au pouvoir ? Je ne suis point raciste ou fasciste comme le dictateur qui dirige d'une poigne de fer mon pauvre pays, je ne suis qu'un homme qui écoute loyalement la parole de Dieu. Je ne souhaite pas être amalgamé avec tous ceux que j'exsecre dans mon pays. Je souhaite la libération du Magermelk, je vous le jure. Je sais qu'avec ces paroles, c'est pour moi un aller simple vers la prison ou la mort, ma seule chance de rester en vie est pour moi la papauté, je ne pense pas que Monseigneur Bastarache aurait le courage de s'opposer à une nation de plus en plus puissante comme le Magermelk et de me protéger.

Je souhaite rappeler à vous tous mes frères toutes les fois où Monseigneur Bastarache a été accusé de corruption : comment pourrait-il diriger la plus grande religion du monde s'il se laisse corrompre par tout le monde ? De plus, Mnoseigneur Bastarache à de nombreuses fois montrer de grands doutes sur sa foi ou l'existance de Dieu, que ce soit en privé ou en public. Il serait étrange de laisser à quelqu'un qui n'est pas sûr de croire tant de pouvoir. Monseigneur Bastarache n'a que 56 ans : c'est extrêmement jeune pour devenir pape. Il n'a pas encore acquis l'experience qu'avait Clément XV quand il a pris ses fonctions papales. Monseigneur Bastarache aura bien plus de connaissances et aura approfondis sa foi dans quelques années, alors peut-être celui envoyé par Dieu. Imaginons que Monseigneur Bastarache vive jusqu'à 90 ans : l'Église resterait enfermée pendant plus de 30 années autour d'un seul homme, aussi bon ou mauvais soit-il, cela créera des tensions à un moment, à cause du ras le bol. J'ai personnellement 72 ans, j'ai acquis depuis le début de ma vie nombres de connaissances qui ont aiguisées ma foi. Depuis mon entrée dans les ordres religieux, je n'ai jamais cessé de croire en Dieu et le défendre, défendre son idéal. Je n'ai jamais cessé d'être auprès des pauvres, à les aider. Je suis surnommé au Magermelk "Évêque des pauvres". Je vous promet que jamais je ne quitterai ma mission d'aider tous les pauvres et les opprimés de ce monde, eux ont besoin d'aide, pas les grands de ce monde. La paix doit également être défendue sur notre terre, nous risquons de sombrer dans une guerre provoquée par la folie des dictateurs. Je ne sais pas si vous avez été convaincu par mon discours, peut-être hésité vous encore ? Je tiens à vous annoncer une dernière chose : si je suis élu pape, je jure que dans cinq ans, je vous laisserai la parole pour savoir si vous êtes satisfait de mon mandat. Le but est d'avoir un avis sur les actions du pape, pour savoir si c'était le bon choix. Si vous n'êtes pas content de mes actions, je démissionnerai alors de mes fonctions papales. je me dois d'écouter tous les croyants de ce monde, s'ils ne sont pas contents, je ne pourrais rester pape. Je jure, sur la Bible, sur la Sainte Vierge, sur tous les Saints, sur Jésus-Christ, sur ma foi, sur toute ma vie que si vous n'êtes pas satisfaits de mes actions, je démissionnerai. Vous avez ma parole.

Que Dieu nous entende.

Cardinal Léonard Bastarache : « Mes chers frères et amis, je tiens d’abord à vous dire que je suis honoré de la confiance que vous m’accordez. Si vous me rendez digne de succéder à Sa Sainteté Clément XV et à emprunter les mêmes pas que ceux de Saint Pierre, je ne cesserais toutefois de prendre en considérer vos conseils avisés, quel que fût votre choix lors de conclave. Je propose en effet une rupture avec Clément XV, non pas dans l’expression de la foi chrétienne mais dans l’exercice même du pontificat. S’il a consacré toute sa vie à l’étude des textes, il n’a pourtant jamais quitté cette île de Catholagne. Or, il est primordial pour le souverain pontife d’être présent à travers le monde, non seulement pour faire l’aumône, mais pour assumer la place de l’Eglise dans le cœur des hommes et sur la place publique.

Les accusations de Monseigneur Sainte-Cigogne me laissent sans voix et ne sont pas dignes d’un homme de notre foi, pourtant fondée sur la croyance dans le sacrifice de notre Seigneur Jésus-Christ, victime d’un procès irrégulier et d’accusations infondées. Je n’ose imaginer que le Cardinal Sainte-Cigogne, mon frère de foi, celui qui a eu la confiance de Clément XV, puisse s’adonner à de telles bassesses, et je l’invite à présenter les preuves de ce qu’il avance. Le Monseigneur Sainte-Cignogne espérait de ce conclave qu’il ne soit en réalité qu’une simple formalité, une élection écrite à l’avance. Selon lui, l’élection est forcément corrompue dès lors que le plan n’a pas été suivi à la lettre. Mais, à l’image de Ponce Pilate, je sais que l’homme est faillible et je prierai pour le salut de votre âme.

Vous l’avez déjà prouvé, mais vous êtes définitivement un homme de conjectures, Monseigneur Sainte-Cignogne. Vous faites le pari de sa mort prochaine pour vous permettre de revoter prochainement, tout en me projetant jusqu’à l’âge de 90 ans. Ce serait un honneur d’atteindre cet âge mais qui peut savoir ce que Dieu nous réserve ? Le Seigneur nous apprend à être humble et c’est une vertu que je m’efforcerais de respecter, avec tous les égarements qu’un homme, faillible je le rappelle, peut avoir.

Je me fierais à vos conseils avisés et si vous ne m’estimez plus digne de remplir le rôle de pape, pour une raison ou pour une autre, je renoncerais à ma fonction. C’est un tabou que je souhaite d’ailleurs lever au sein de notre sainte Eglise : loin d’être une preuve de faiblesse, la renonciation est un acte de lucidité, pour ne pas mettre en péril l’Eglise. Je suis heureux d’entendre que le Cardinal Sainte-Cigogne considère également cette option. Mais l’Eglise attend autre chose que de faux procès dignes de simples hommes politiques. Nous avons un réel rôle moral à jouer.

Cardinal Jan Salzmann : Mes biens chers frères, nous sommes réunis ici, non pas pour élire un nouveau pape, mais pour déterminer la voie que va suivre Notre Mère à Tous, l’Église, au cours de la prochaine décennie et d'avantage. Cette élection est un pari que nous faisons sur l'avenir, à l'heure où la parole du Christ et de ses disciples ne trouve guère son chemin pour être entendue. Nous sommes face à une crise majeure dans l'existence de notre foi , que ce soit par les progrès de la science qui, sous-prétexte de vérité, font reculer la Foi, que ce soit par la montée en puissance de la religion islamique qui, par la violence, fait reculer notre Foi sur tous les continents, que ce soit par les attitudes de certains qui, au sein de notre Église, s'accordent de larges privilèges, faisant alors, perdre la Foi à nos moutons. Nous sommes des bergers, nous sommes un phare dans la nuit, nous sommes la Lumière contre les Ténèbres et le Malin. Nous ne pouvons nous permettre de faire le mauvais choix en ce jour où Dieu nous donne l'opportunité de changer les choses et de rendre à notre Église, son honneur et sa grandeur. Je suis un partisan de l'unité. Et j'appelle chacun d'entre vous, à choisir, la stabilité et le renaissance de l’Église, en votant pour monseigneur Sainte-Cigogne.

Cardinal René Sainte-Cigogne : Je trouve ironique que dans votre discours, vous n'ayez rien proposé de réelement nouveau, alors même que vous vous présentez comme progressiste. Vous avez dit que vous démissionnerez si l'Église n'est point satisfaite, soit exactement la même chose que j'ai pu énoncer. La seule différence est que je l'ai juré sur tout ce que j'ai de plus cher : ma foi et la protection du peuple. Bien évidemment, vous allez reprendre la parole et le jurer, pour avoir la confiance de nos frères ici présents, mais j'ai bien peur que nous n'y trouvions pas de différence avec ce que j'ai dit. Alors peut-être n'êtes vous pas du tout ce que vous prétendez être : un renouveau pour l'Église. Vous vous contredisez vous-même.

Je vais maintenir mes propos : jamais pendant votre histoire vous n'avez défendu les pauvres de ce monde, vous faites parti de la population oligarchique qui s'est toujours battue contre les droits des opprimés. Avez-vous déjà marché avec un sans-abri, qui ne trouve pas d'endroit où se loger. Nous avons devant nous le réel problème de notre société actuelle : la pauvreté. Bien évidemment, notre monde souffre de biens d'autres cancers : la corruption, la dictature, le racisme ; mais la pauvreté reste le problème principal de notre société. Je me bats depuis toujours contre cela, pourquoi ne pas avoir confiance ? Est-ce un manque d'humanité qui vous fait voter contre les idées que je défends ? Vous n'oseriez quand même pas prétendre que la pauvreté ne vous pose aucun problème, que vous arrivez à dormir le soir sachant que des millions de personnes meurent chaque jour ans logement, du fait de mauvais soins ? Vous m'avez vu pendant le conflit au Varanya aller auprès des civils, jamais vous n'avez pu voir une image aussi humaine et courageuse de la part de Monseigneur Bastarache ! Je vous demande de vous réveiller, de faire appel à votre coeur est de voter pour défendre les droits des opprimés de ce monde.

Le maître des célébrations, Venerio Della Croce, semble hésiter... Il farfouille parmi les bulletins déjà dépouillés, semble recompter avec ses doigts, il s'apprête à lire le dernier bulletin mais n'a pas l'air confiant... Il dépose le bulletin encore fermé et s'en saisi d'un autre déjà ouvert et le place sous la lumière comme pour y vérifier l'écriture ou son authenticité... Il l'examine sous tous les angles... le repose, finalement. L'atmosphère tendue dans la salle le pousse à se saisir du dernier bulletin et à le dépouiller. A l'annonce du nom inscrit, tout l'harassement du Conclave se fait sentir. Venerio prépare sa poudre chimique pour colorer la fumée de la cheminée en noire, annonçant au monde catholique, qu'encore une fois, aucun des prefereti n'a recueilli les 135 voix nécessaires pour devenir le nouveau guide de la chrétienté ! D'un air soucieux, il jette tous les bulletins dans le feu et résume les votes en vue du temps des débats et du quatrième vote :