02/06/2013
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Encyclopaedia Universalis de Novigrad - Page 2

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RFN a écrit :
B) L’Antiquité (Part V) :

La Guerre des Quatre Cités. (-322 à -293)

Bataille navale opposant la Ligue Aros-Sovinor à la flotte de Novir.

« En temps de paix, les fils ensevelissent leurs pères ; en temps de guerre, les pères ensevelissent leurs fils. » - Célèbre citation du philosophe Hecaton (-341 à -291).

Il n’est pas de plus célèbre épisode antique que celui de « la guerre des quatres cités » ou aussi surnommé « la seconde guerre du bayrön ». Premier épisode fondateur de la nation novigradienne, cette période qui vient mettre fin à l’âge d’or des cités helléniques dans la région, va s’étaler sur près d’une trentaine d’années au détriment de toute une génération. Les historiens considèrent d’ailleurs cette période guerrière comme l’une des plus meurtrières de l’antiquité novirienne. Tout commence comme on peut s’y attendre par une dispute territoriale entre la cité d’Aros et celle de Novir. Ces deux cités rivales se mènent alors une véritable guerre commerciale à travers la campagne novigradienne.

Acte I – Un conflit inévitable. (-322 avant notre ère)

Bien que le monde hellénique se soit considérablement agrandi grâce notamment aux expéditions menées à travers le bassin leucitaléen. Et tandis que la domination culturelle et commerciale des cités a permis le développement rapide du territoire antique novigradien. Certaines vieilles rivalités ne faiblissent pas au cœur même de la civilisation hellénique, Aros qui n’a jamais pardonné son humiliation subie quelques siècles auparavant mène une politique d’harcèlement systématique des affaires noviriennes et cela depuis déjà un bon moment. Cette opposition s’explique non seulement par l’histoire commune des deux cités mais aussi par le fonctionnement complètement opposé qu’elles tentent d’exporter auprès des cités voisines. En effet, si Novir est un exemple précoce d’une forme de démocratie bien que sélective, Aros est une cité autoritaire à mi-chemin entre la théocratie et la domination militaire de la société. Profitant d’une agriculture traditionnelle et efficace, la cité d’Aros ne manque de rien pour sa subsistance, cela lui permet de former et d’entrainer systématiquement ses citoyens-soldats grâce à une éducation offerte à tous par la cité. De l’autre côté, Novir est une cité marchande côtière qui profite de son accès à la mer pour étendre son réseau commercial et faire venir des marchandises exotiques qui se vendent à prix d’or auprès des cités voisines. La richesse dégagée par ce juteux commerce permet à la cité d’entretenir une armée de mercenaires professionnels sous le commandement d’un stratège (Στρατηγός) élu directement par l’assemblée novirenne. Les deux cités mènent alors une campagne d’influence visant à convaincre les populations de la région à favoriser le commerce auprès de l’une ou de l’autre cité.

Acte II – La ruse d’Hectelion.


La jalousie du Roi Hectelion n’était un secret pour personne dans le petit monde hellénique du troisième siècle avant notre ère. Celui-ci jalousait profondément les richesses que détenait l’Archonte de Novir grâce à son commerce avec les contrées exotiques par-delà les mers. Faisant fi des déclarations de l’Oracle d’Aros qui lui conseilla vivement de ne pas se risquer à une guerre ouverte ce qui fâcherait les divinités, le jeune Roi sentait son désir de gloire et de revanche s’accroitre de jours en jours. Habile politicien et personnage intriguant, Hectelion était toutefois obsédé par la rivalité avec Novir, convaincu qu’il obtiendrait la gloire éternelle s’il venait à vaincre l’ennemi héréditaire de sa cité. Depuis longtemps, Aros rêvait de s’exporter vers les côtes, mais Novir faisait tout pour empêcher la fondation des colonies maritimes arosiennes, craignant pour sa sécurité et son monopole, la cité novirienne était consciente qu’elle avait beaucoup à perdre si Aros réussissait à devenir une puissance maritime.

La situation changea inévitablement avec l’invasion des Salvins à l’ouest et le renforcement progressif au fil des années du jeune Royaume de la cité de Sovinor. Une nouvelle puissance était née et celle-ci avait un accès à la mer, une opportunité qui ne manqua pas de convaincre le Roi d’Aros qui voyait-là un moyen indirect d’obtenir la flotte dont il rêvait tant. Aros tenta alors timidement de s’attirer les faveurs de Sovinor en envoyant plusieurs délégations chargées de promouvoir la culture arosienne et les possibilités qu’offriraient une telle alliance notamment au niveau de la production agricole arosienne qui était particulièrement conséquente pour l’époque tandis que la jeune cité sovinorienne avait encore parfois du mal à subvenir à ses besoins. Bien évidemment la cité de Novir voyait alors d’un mauvais œil ce rapprochement diplomatique qui risquait à tout moment d’être l’origine d’une ligue anti-novirienne. C’est dans ce contexte que Hectelion mis au point sa célèbre ruse qui lui vaut encore aujourd’hui d’être un personnage central de l’histoire hellénique de la région. Conscient qu’il perdrait la guerre s’il attaquait la toute puissante Novir seul, Hectelion avait absolument besoin de convaincre Sovinor de rejoindre sa guerre, mais la cité refusait préférant un isolationnisme précoce qui n’arrangeait bien évidemment pas les affaires d’Aros.

Le jeune roi mit alors au point un plan pour atteindre son objectif stratégique. C’est dans les geôles de la cité qu’il trouva la solution qui lui manquait. En libérant quelques contrebandiers qu’il détenait en prison, il obtint d’eux qu’ils le mettent en relation avec une bande de pirates qui écumaient alors les eaux entre Novir et Sovinor. En échange d’une belle somme, les pirates acceptèrent de mener des raids sur les colonies côtières de Novir. Au même moment, Hectelion réussissait à convaincre le vieux Roi de Sovinor de mener une expédition pour coloniser un îlot où se trouvait soi-disant un trésor divin. Une petite flottille en provenance de Sovinor s’engagea alors en direction de la pointe de Pyreä qui annonçait la baie des Novis. C’était toutefois une ruse d’Hectelion qui savait qu’une flotte novirienne se dirigeait au même endroit pour punir les pirates qui campaient sur cette îlot. Les flottes se rencontrèrent alors par surprise et ce fut le chaos, la flotte novirienne ne sachant distinguer la différence entre les pirates et les sovinoriens, se mit à pourchasser la flottille du Roi de Sovinor dont le navire sombra d’ailleurs à la suite de son éperonnage par une trière novirienne. La bataille navale fut courte et dévastatrice pour les salvins, seulement deux navires revinrent au port de Sovinor annonçant par la même occasion la mort de leur Roi. Hectelion lui, se frottait les mains, il venait d’obtenir une raison évidente de convaincre les salvins de combattre à ses côtés contre la cité de Novir.

Ce véritable coup de maître avait permis la levée d’une alliance inattendue entre la cité d’Aros et celle de Sovinor. Le jeune héritier cédant aux affres du chagrin accepta sans contestations la demande d’Hectelion qui réclamait à Sovinor de fournir une armée à Aros dans sa guerre contre Novir. L’équilibre des forces s’en trouvait ainsi complètement changé et fort d’une puissance renouvelée, les ambitions du Roi d’Aros se focalisaient maintenant sur Novir, la cité rivale. C’était le début d’une longue guerre. Dès le printemps, il était à la tête d’une armée de trois milles hoplites d’Aros et de deux milles cinq-cents fantassins de Sovinor, traversant le lac de Valinor, l’armée se dirigea vers le sud en plein territoire novirien. C’est le célèbre épisode du « marathon d’Hectelion », ce dernier conscient que Novir était déjà entrain de former une armée pour défendre les frontières, poussa son armée selon la légende à traverser environ 450km en seulement 6 jours pour fondre tout droit sur la colonie portuaire de Pyreä qui appartenait alors à la Cité-République de Novir. En surnombre, ses troupes prirent la colonie très facilement et s’établirent sur place en vue de lui construire une flotte digne de ce nom.

Acte III – Une solution à l’Est.

Avec la conquête de la colonie de Pyreä, l’alliance entre Aros et Sovinor devenait une menace d’ampleur pour la cité de Novir. Le Sénat novirien se déchirait déjà sur la marche à suivre tandis que l’adversaire constituait une flotte afin d’encercler la célèbre cité marchande. Les uns réclamaient une attaque préventive en finançant à grand frais des cohortes de mercenaires étrangers, tandis que les autres insistaient sur l’urgence de fortifier la cité et de se terrer jusqu’à ce que l’orage passe. De ce débat émergea finalement une idée, celle de la diplomatie, tout commença avec l’histoire d’un sénateur racontant comment son cousin qui commerçait alors avec des hoplites en provenance de la cité d’Helladēs, avait par hasard surpris un officier se vanter d’avoir entendu son supérieur se plaindre de la menace qu’était devenue Aros. Cette anecdote en apparence anodine convainquit l’Archonte d’envoyer au plus vite des émissaires pour négocier une alliance avec cette cité à l’est. En échange d’un accord commercial particulièrement juteux pour la cité des Kopts, cette ethnie qui peuplait les environs d’Helladēs, une alliance était née divisant encore plus le futur territoire novigradien.

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RFN a écrit :
B) L’Antiquité (Part VI) :

Le siège de Novir (-293)

Illustration d'une charge des hoplites d'Aros et Salvins.

« La force de la cité ne réside ni dans ses remparts, ni dans ses vaisseaux, mais dans le caractère de ses citoyens. » - Archonte Eurypide (-288).

Du haut de la tour ouest, il pouvait sans peine apercevoir les étendues verdâtres de l’arrière-pays noviren. Là où abondaient habituellement les champs et les vergers fruitiers se pressant à l’orée du fleuve qui scindait la campagne en deux, se tenaient désormais en lieu et place plusieurs centaines de cahutes et autres constructions hâtives qui formaient le camp de l’ennemi. Des prairies fertiles dont il se souvenait encore, il n’en restait plus rien. Les champs avaient été piétinés, les fermes incendiées et les vergers abattus dès le début du printemps. Depuis la terre environnante n’avait plus la même splendeur, comme si la présence de milliers d’étrangers avait finalement eu raison des grâces qu’offrait jusqu’ici Gaïa à cette région habituellement si prospère. Au loin, le scintillement des heaumes et des cuirasses que portaient les envahisseurs était perceptible depuis les remparts de la ville. Ils paraissaient innombrables et bien plus nombreux que ce qu’aucun sénateur novirien n’avait jamais imaginé. Détournant son regard vers la mer, il distinguait les dizaines de trières qui patrouillaient le littoral, empêchant toute tentative de fuite par les flots. La cité était définitivement encerclée et vulnérable, il n'en avait plus aucun doutes désormais. Tandis qu’il se penchait vers le bord de la muraille, l’air songeur, il se remémorait les événements qui avaient conduit au siège de la cité. La conquête de Pyreä par Hectelion, la ligue formée aux côtés des Salvins de Sovinor et enfin l’encerclement de la cité. À cette époque, les sièges n’étaient pas courants, les combats se déroulaient généralement à découvert et se terminaient au bout de quelques heures à peine. La stratégie d’Hectelion qui pouvait se résumer par un simple « laissons-les mourir de faim » n’était pas très orthodoxe et elle avait surpris les conseillers militaires de la cité, il faut dire que ce n’était vraiment pas l’usage de l’époque. Les fortifications noviriennes avaient été construites à la hâte et les réserves de la ville en nourriture étaient de plus en plus basses. Même les mercenaires pourtant plus aguerris que les conscrits noviriens, commençaient à perdre espoir, toutes tentatives de contre-attaque ayant jusqu’ici échoué face à la discipline redoutable des hoplites d’Aros. La situation était désespérée et le Stratège Thésée, nouvellement élu par le Sénat, se trouvait face à un dilemme terrible, celui d’une ultime confrontation ou d’une mort lente et misérable. C’était un homme à l’air austère, les épaules larges et de haute stature. De fins cheveux bouclés noirs tombaient en bataille sur son front proéminant tandis qu’il portait une épaisse barbe hirsute décorée par quelques anneaux en argent. Sa peau tannée par le soleil et ses mains abimés étaient le seul témoignage de son origine modeste, fils d’un berger de la région, il s’était fait une réputation en servant longtemps la cité comme misthophoros, c’est-à-dire mercenaire professionnel. À l’heure où Novir faisait face au plus grave péril de son existence, il s’était vu remettre le commandement des défenses de la cité alors même qu’il ne l’avait jamais réclamé jusqu’ici préférant une vie simple et sans responsabilité. C’était probablement ce qui faisait sa popularité parmi ses propres hommes, Thésée était un homme honorable et loyal, il ne brillait pas d’une ambition démesurée.

« Maître Thésée, toujours aucune nouvelle des émissaires. » Déclarait un petit homme trapus et presque chauve qui l’observait d’un œil craintif. « Voilà presque une saison qu’ils s’en sont allés en direction d’Helladēs, je crains qu’attendre leur retour soit futile. Nous ne pouvons compter que sur nous pour nous sortir de cette mauvaise situation… » Répondait-il en sortant de son songe et avec une pointe de déception dans la voix. « Les dieux nous mettent au défi, ils sont en colère contre nous. Nous devrions sacrifier un bœuf pour réclamer leur bénédiction ! » Renchérissait presque aussitôt le petit homme. Thésée ne lui répondit pas tout de suite, préférant jeter une dernière fois un œil vers les étendards arosiens qui pullulaient au-delà des remparts. La bataille était inéluctable et il savait qu’elle serait funeste. « Nous ne pouvons nous permettre aucun sacrifice, les hommes se plaignent déjà de la faim, nos options se réduisent à mesure que la saison avance. Bientôt nous n’aurons plus qu’une seule alternative, le combat. » Annonçait le commandant tandis qu’il descendait les marches de la tour s’aidant de son compagnon pour ne pas dégringoler. « Mais Maître… Hectelion est redoutable, ses lances ont massacré plusieurs centaines des nôtres. » Dit le serviteur d’une voix alarmiste. « Je sais. » Déclarait Thésée, le visage grave, il y avait bien évidemment de la résignation dans son regard.

*

Hectelion se tenait fièrement devant ses officiers, bombant le torse et prenant une posture digne de la statut d’un demi-dieu. C’était un homme indéniablement robuste, son physique impressionnant contrastait avec la splendeur des bijoux qui ornaient sa longue crinière blonde. D’un œil arrogant et méprisant, il balayait l’assemblée du regard, conscient de sa propre réputation d’ores et déjà légendaire auprès de sa cité. « Voyez comme ces misérables se terrent derrière leur mur de pierre. » S’écriait-il entre deux rires ronflants. Devant-lui s’étendait les fortifications de la cité de Novir, des murailles blanches et mal entretenues qui étaient la dernière défense qui le séparait de son vœu ultime. Derrière-lui, quelques dizaines d’officiers se tenaient en rang, l’observant avec un mélange d’admiration et de crainte. La discipline et la rigueur étaient les deux vertus qu’on valorisait au sein de l’armée d’Aros, en présence du Roi, les hommes montraient le meilleur d’eux-mêmes. C’était une tradition qui servait tout particulièrement pendant la bataille mais qui n’offrait que rarement le loisir de l’initiative, toute la tactique étant suspendue aux décisions du souverain de la cité. Si de nombreux officiers désapprouvaient en réalité les méthodes du Roi, ils n’osaient jamais le dire en sa présence. Hectelion était un homme colérique qui pouvait prendre ombrage de la plus petite réflexion déplacée, il était rancunier et il n’hésitait d’ailleurs pas à provoquer ses propres hommes en duel. Bien évidemment, ils étaient peu nombreux à accepter le défi, le Roi ayant la réputation d’être un guerrier redoutable. Depuis plus d’une saison, ils campaient dans l’arrière-pays, espérant un acte désespéré des assiégés. Pour la plupart, l’imminence d’une bataille était le seul espoir qu’ils avaient de rentrer chez eux et l’attente de cette dernière commençait à les rendre nerveux. Hectelion ne faisait rien pour rassurer ses hommes, s’isolant la plupart du temps dans sa tente en compagnie des prêtes qui le conseillaient et qui lui remplissaient la tête de prophéties mythologiques qui l’obsédaient terriblement. « Bientôt nous dinerons sur les cendres de cette cité, j’en fais le serment ! » Annonçait-il pour la énième fois à l’attention de ses troupes. Pourtant une fois de plus, il ne disait rien de ses plans. Au-dessus d’eux, un aigle survolait les environs d’une distance anormalement basse, une clameur s’éleva presque aussitôt parmi les prêtres qui s’étaient jusqu’ici tenues à l’écart du Roi. Soucieux, Hectelion se tournait vers eux tandis qu’un prêtre au teint blafard et aux longs cheveux grisonnants s’approchait de lui pour lui chuchoter quelque chose à l’oreille. Était-ce un signe ? Nul ne le savait parmi l’assemblée qui observait la scène d’un air pantois alors que leur souverain s’isolait une nouvelle-fois dans l’intimité de sa tente. Ils avaient tous le pressentiment que cette-fois-ci les choses allaient être différente, l’histoire était en marche.

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