07/05/2013
04:42:00
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Activités étrangères dans l'Empire Listonien - Page 2

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Comme un cancer, le Pharois Syndikaali contamine tout ce qu’il touche. Quelle chance avait Albigärk d’être épargnée ? Aucune. L’ouverture des frontières et plus généralement la contrebande endémique de ces eaux avaient fait de certains de ses quartiers de véritables zones de non-droit comme il en existe tant sur cette portion de territoire.
Que l’amoureux de l’ordre et du travail honnête ne s’alarme pas trop. Ici, point de vandalisme tapageur ou de règlements de comptes outranciers. Le trafic est organisé au cœur des hangars, par des professionnels. Au Syndikaali, le marché noir est une affaire de professionnels. Ou au moins une affaire de famille.

Sur le port, les grues soulèvent de lourdes caisses scellées, tamponnées de mentions anodines et cryptiques. « Frais. » « Fragile. » « Poisson. » Rien qui n’attire le regard des douaniers, dépassés et achetés par les riches équipages de pirates qui sévissent dans la baie d’Albi. A Albigärk, rien à craindre. Si proche du Syndikaali, il n’y a que des amis. La retraite est simplissime, et les ennemis se font discrets. Personne ne souhaite prendre une balle dans le front pour quelques kilos d’héroïnes qui demain auront déjà disparus, renfournés dans une nouvelle cale, vers des destinations plus exotiques.

La bonne intelligence, c’est celle du commerce. Nul complot derrière tout cela, aucune intelligence maléfique ou décadence des mœurs, rien que ce simple petit fait qui change tout : ici on fait du commerce. Et de cela tout découle.

Fallait-il s’étonner qu’il entre sur ce territoire des armes, des drogues et des livres interdits ? Albigärk est une ville libre, indépendante, elle l’a toujours été. Malgré l’interdiction du port d’armes à feux, celles-ci circulent encore sous le manteau. Les habitudes ont la vie dure, et il est si simple de s’en procurer. La tentation est trop forte, le simple citoyen cède, le voila désormais un brin plus pirate qu’auparavant.
Malgré les tentatives de l’Empire Listonien, la culture pharoise ne décline pas. Comme une blessure qui ne guérit pas, la mâter par la force c’est la renforcer. Elle se nourrit de l’interdit, de l’aura de mystère et de charme que celui-ci lui procure. L’appel de l’argent roi séduit plus sûrement que toutes les leçons de moralité, ici l’aventure entrepreneuriale prend un sens très littéral.

Le marché noir prospère car le Syndikaali l’y encourage. C’est ainsi qu’il procède. Il infecte la plaie pour y déposer ses larves de mouches. Celles-ci finiront par s’envoler et s’en aller pondre ailleurs. Ainsi la peste se répand. L’ordre est une chose vicieuse, le pouvoir est maudit, aussi le combat libertaire ne lui oppose-t-il pas un contre-pouvoir. Il le pourrit de l’intérieur.

Le pouvoir Listonien était atteint de gangrène, Albigärk ne tarderait pas à se détacher d’elle-même.
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Est-ce parce que son territoire est si souvent nimbé de brouillard que le Syndikaali avait à ce point développé le goût du secret ? Des siècles déjà au paravant, les rois d’Albi avaient compris l’importance de garder un œil sur leur capitale… et une porte de sortie en cas de fronde. Ainsi était née la forteresse de Seinä, « le mur », l’arrière-garde des têtes couronnées, la dernière solution. Un lieu perché sur une colline et entourée de forêt, censé protéger la famille royale des attaques venues de la mer.

Depuis plus de deux cents ans toutefois, la forteresse avait été abandonnée. Concentrant ses forces sur sa marine, la jeune république pharoise suivie du Syndikaali n'avait accordé que peu d’importance à ses territoires terrestres, jugés peu stratégiques. Ses principaux ennemis d’alors, Genevier et Tapiolie, ne se seraient de toute façon pas amusés à s’enfoncer dans la tourbière marécageuse et dans les vastes pinèdes de l’intérieur du pays , impropres à la circulation piétonne d’une force militaire conséquente.

La fin des conflits sur la péninsule et l’apparition de nouvelles puissances régionales avait toutefois poussé le Syndikaali à repenser quelque peu sa stratégie de contre-espionnage. L’apparition de l’Empire Listonien au cœur du territoire Pharois imposait une surveillance drastique de ses activités afin de prévenir de toute attaque. Si le Syndikaali avait accès une grande part de sa stratégie de défense sur la puissance de sa flotte, la prise d’ALbigärk changeait la donne en faisant peser sur le pays la menace d’une invasion terrestre.

La citadelle de Seinä s’était ainsi vu offerte à de nouveaux occupants pour le moins atypiques : les services secrets. Placée en amont de la cité, dans les hauteurs, elle disposait d’un angle particulièrement intéressant pour tendre vers elle les antennes de cette nouvelle station d’écoute. Téléphone, fax et récemment communications internet, les antennes avalaient goulument tout ce qui provenait de la cité, assurant au Syndikaali un suivi quasiment en temps réel des actions jugées compromettante pour la sécurité de sa population et l’intégrité de son territoire.
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- « Bonne soirée monsieur Merlon. »

- « Bonne soirée Angelica. »

- « Bonne soirée monsieur Merlon. »

- « Bonne soirée à vous aussi monsieur Ernesto. »

Sa serviette sous le bras, son manteau sur les épaules, Merlon referma la porte du bureau. Il n’était pas encore sorti de l’aéroport, loin de là, mais avait quitté les quartiers réservés au personnel de la tour de contrôle. Albigärk était une métropole d’envergure internationale mais l’étroitesse de son territoire, enclavé au milieu du Pharois Syndikaali, empêchait l’extension outre-mesure de ses infrastructures civiles et militaires. L’aéroport en était l’exemple le plus remarquable. Installé à quelques kilomètres de la ville à peine, il jouxtait sa banlieue nord qui devait supporter le bruit des décollages et atterrissages à toute heure du jour et de la nuit.
Enfin moins ces derniers temps tout de même. Le regain de tensions entre l’Empire Listonien et le Syndikaali avait poussé ce dernier à fermer à deux reprises son espace aérien, empêchant physiquement les avions n’ayant pas reçu l’autorisation d’atteindre Albigärk. Pour monsieur Merlon, c’était des vacances forcées bienvenues, même s’il espérait que la situation ne s’enliserait pas assez longtemps pour que la direction de l’aéroport envisage d’en profiter pour faire quelques coupes dans la masse salariale du personnel.

Merlon devait toutefois se rendre chaque jour sur place, pour du mi-temps. On ne savait jamais ce qui pouvait se passer, dans le ciel. Qu’un avion en détresse demande la permission d’atterrir en urgence, qu’un aéronef militaire – listonien ou pharois – décide de se poser malgré l’interdiction ou tout simplement que l’espace soit réouvert subitement, il fallait des gens dans la tour de contrôle afin d’assurer le service minimum.

Merlon était des gens dont la présence avait été réclamée. Cela lui convenait plutôt. Il y voyait le signe qu’on lui faisait confiance, avant de se dire qu’il était peut-être un peu bonne poire sur ce coup-là. Au moins ne ferait-il peut-être pas partie des premiers renvoyés le jour du grand plan social de restructuration des ressources humaines. La vague de licenciement, quoi.

D’un geste mécanique, il apposa son badge de sécurité sur le lecteur de la porte dont le voyant passa du rouge au vert. Merlon se sentait toujours un peu privilégié, en faisant cela. Le sentiment qu’on lui donnait accès à des lieux interdits aux profanes, où seule une petite élite pouvait pénétrer. Une élite de contrôleurs radios en l’occurrence, et de quelques pilotes qui passaient prendre un café en attendant le départ du prochain vol.
C’était là un sentiment un peu puéril pour quelqu’un de son âge – quarante-huit ans au printemps tout de même, mais qui contribuait à rendre le quotidien de son travail supportable. Travailler dans l’aéronautique était quelque chose de prestigieux, même dans cette région historiquement hostile à tout ce qui ne touchait pas à la mer, en ce sens la colonisation d’Albigärk, quelques années seulement avant sa naissance, avait été une chance. Le Syndikaali ne possédait pas d’armée de l’air et une aviation civile relativement peu développée en comparaison de ses voisins. De fait on n’y formait pas de pilotes. Bien sûr il aurait pu passer la frontière, aller en Tapiolie ou au Genevier mais pourquoi s’embêter alors qu’Albigärk accueillait déjà le fleuron de la culture universitaire de la région et que l’Empire Listonien, du fait de son étalement à travers le monde, était extrêmement dépendant des vols civiles ?

Monsieur Merlon avait donc demandé une bourse d’étude, suivi a formation pour devenir pilote. Ses notes malheureusement n’étant pas excellente, il s’était réorienté en cours de route vers un poste d’ingénieur aéronautique et avait fini par obtenir un emploi à l’aéroport d’Albigärk. Une place sûre et confortable, dans une ville particulièrement vivante, à l’embranchement de deux cultures, la sienne, celle des pharois, et l’autre, sudière et chaleureuse, des listoniens.

- « Bonsoir Merlon ! »

- « Bonne soirée les gars ! »

D’un geste de la main accompagné d’un sourire, il avait passé la sécurité. Deux braves types chargés de surveiller les allées et venues des voyageurs et qui pour autant qu’ils portaient en bandoulière chacun un fusil mitrailleur n’en était pourtant pas moins de vraies crèmes, d’une grande humanité.

Encore une porte, un couloir dont le néon clignote – il serait vraiment temps d’envisager de le faire remplacer celui-là, cela va faire quoi ? Un an que a lumière est défectueuse ? – une porte à nouveau, toujours le même geste, la carte, le lecteur, le petit bip du voyant passant au vert. Et puis enfin la rue. Une grande baffe d’air glacial qui vous percute la gueule comme on aime. L’hiver pharois était rude, même sur la côte sud, un peu à l’abri des courants gelés septentrionaux, dans la baie d’Albi.

Esquissant un frisson de principe, monsieur Merlon resserra un peu son écharpe autour de son cou, la remonta sur son nez puis glissa un par un chacune de ses mains dans une moufle, la serviette coincée entre les genoux pendant l’opération. Le vent soufflait fort entre les building brutalistes d’Albigärk la bétonnée. Ou Evora, comme le gouvernement Listonien souhaitait la faire renommer. Une mesure ridicule, de l’avis de monsieur Merlon, la ville avait porté le même nom pendant plus d’un millénaire, l’Empereur croyait-il vraiment qu’un tampon sur un papier parviendrait à changer cela ?

Dans la rue, des flocons blancs voletaient comme des feuilles en automne. Même la chaleur de la ville ne parvenait pas à empêcher la neige de tomber. Monsieur Merlon se mit en marche, remontant une rue largement désertée à cette heure, vers la navette qui devait le ramener chez lui.

La province n’était pas grande mais en tant qu’ancienne capitale, elle avait toujours accueillie les forces vives de la péninsules d’Albi et de fait la ville jouissait d’une indiscutable dynamique. Les infrastructures y étaient développées et la jeunesse étudiante avait en son temps constitué un vivier d’esprits enthousiastes mis au service de la métropole et contribuant à son développement.
Le monorail faisait partie des réussites de la cité, bringuebalant sa population d’un bout à l’autre du territoire dans une charmante petite ambiance début de siècle. A part les jours d’affluence, monsieur Merlon aimait beaucoup prendre le monorail. Heureusement ce soir il n’y avait pas foule. Pour courageux qu’ils soient, l’hiver faisait rentrer les Pharois dans leurs tanières aussi sûrement que la peste. Quant aux Listonien, la plupart supportait déjà mal le climat rude le reste de l’année, les plus malins et argentés préféraient passer leurs vacances de noël dans des contrées plus hospitalières.

En regardant par-dessus son épaule, monsieur Merlon constata avec amusement que les traces de ses pas commençaient imperceptiblement à ressortir sur le sol, signe qu’une fiche pellicule de neige s’y était déposée. Demain matin, Albigärk serait blanche. Demain après-midi, elle serait bouillasseuse.
Créant ex nihilo une piste de pas de l’aéroport à la station de monorail, monsieur Merlon était devenu tout blanc lui aussi lorsqu’il l’atteint enfin. Un auvent de fer et de verre protégeait les quelques travailleurs attendant le passage du train et monsieur Merlon les rejoignit silencieusement sur les bancs de la station. Certains lisaient le journal ou fumait quelque chose dégageant une forte odeur de colle – un étudiant sans doute. Deux autres commentaient l’actualité à voix basse.

- « Certains disent que le Syndikaali va intervenir militairement à Albigärk… tu te rends compte ?? »

- « Si ça pouvait nous débarrasser de ce putain de couvre-feu, j’en viendrai presque à le souhaiter. »

Monsieur Merlon laissait trainer son oreille, curieux de tromper l’ennui, mais le train avait fait son apparition au bout de la rue, glissant silencieusement sur le sillon des rails creusées au milieu des pavés et la conversation s’interrompit là. Tout le monde s’était levé et on entra dans le wagon à la file indienne, esquissant des « pardon » ou des « madame voulez-vous ma place ? » ou bien « mais ils n’ont pas encore mis le chauffage à cette époque de l’année ? ».

Merlon parvint à se trouver une petite place assise près d’une fenêtre et s’y ratatina, tout au plaisir de pouvoir profiter du voyage sans avoir à se tenir à une barre pour garder l’équilibre. Les portes s’étaient refermées, le train redémarrait.

- « Police d'Evora. Contrôle des autorisations dérogatoires je vous prie. »

Un vent d’agacement parcouru le wagon. Au fond, deux hommes qui jusque là semblaient parfaitement anodins, venaient d’enfiler des brassards verts et rouges – couleur listonienne – et exigeaient de voir leurs papiers. Depuis que le gouvernement impérial avait décrété le couvre-feu, une dérogation officielle de l’employeur était nécessaire pour circuler passé dix-huit heure de l’après-midi. Une décision particulièrement impopulaire mais que des contrôles réguliers permettaient de faire respecter.

- « Enfin dix-huit heure c’est trop tôt c’est infernal je sors du travail à quelle heure je fais mes courses moi ?! »

- « Désolé madame, ce n’est pas moi qui fait les règles. »

L’un des deux hommes se tenait devant monsieur Merlon à présent, le visage inexpressif.

- « Votre dérogation monsieur. »

Monsieur Merlon retira l’une de ses moufles et alla fouiller au fond de sa poche un papier plié en quatre qu’il tendit avec un sourire à l’agent de police.

- « Drôle d’époque, hein ? »

L’autre dépliait le papier, avisa ce qui y était écrit ainsi que le tampon de l’aéroport, puis le rendit à Merlon.

- « Je ne vous le fais pas dire monsieur. Bonne fin de journée à vous. »

Il était en train de ranger le papier replié dans sa poche quand des voix courroucées s’élevèrent un peu plus loin dans le wagon.

- « C’est complètement illégal ! Anticonstitutionnel ! J'ai des droits ! Albigärk est une terre d’anarchistes et de libres penseurs et vous voulez nous imposer un couvre-feu, bâtards fascistes !! »

- « Monsieur je vous le redemande, présentez moi votre dérogation. »

- « Non ! Vous ne bafouerez pas notre droit de circulation ! Et vous avez refermé les frontières ! Pour qui vous prenez-vous, Listonien ? Vous n’êtes pas en territoire conquis ici ! »

Les voyageurs semblaient mal à l’aise, on chuchotait ici et là et les déplacements se faisaient dans une fébrilité certaine.

- « Monsieur je vous le demande une dernière fois, votre dérogation. »

- « Allez bien vous faire foutre ! »

Il y eut un bruit d’électricité, un grognement de douleur et des mouvements précipités. Monsieur Merlon gardait les yeux rivés sur la vitre à sa droite. Le train s’était arrêté à présent et quelques instants plus tard, il vit les deux contrôleurs en extraire un homme manifestement groguis. On chuchotait.

- « Il l’a mérité. »

- « C'est horrible... »

- « S’il avait accepté de coopérer cela n’aurait pas dégénéré. »

- « C’est inquiétant quand même ce qui se passe… »

- « En soixante ans je n’ai jamais vu ça… ! »

Monsieur Merlon ne donna pas son avis. De toute façon, personne ne le lui avait demandé. Le train avait redémarré à présent, s’engouffrant plus loin dans les profondeurs d’Albigärk la vénéneuse. Encore deux arrêts et il serait chez lui, au chaud. Il n’était pas si tard, contrairement à ce que les nuits polaires et le couvre-feu pouvaient laisser croire. A peine 20h. Avec un peu de chance, le film que diffusait chaque soir la première chaîne n’aurait pas beaucoup commencé. Il se ferait réchauffer un plat au four, des lasagnes de légumes de la veille, et s’ouvrirait une bière, les pieds dans ses chaussons en poils de phoque.

Encore un arrêt. Plusieurs personne descendirent. Le train repartit. S’arrêta à nouveau. Monsieur Merlon fixait toujours la neige qui tombait doucement à travers la fenêtre de la vitre, comme un petit spectacle. Il ne fit pas mine de se lever. Le train repartit à nouveau. A nouveau des arrêtes, jusqu’au centre-ville, puis encore, et encore, dans les quartiers sud, vers le port.

Monsieur Marlon descendit, la serviette sous le bras, le nez dans son écharpe. Il marcha une dizaine de minutes dans des rues vidées de leurs habitants par la nouvelle loi en vigueur, laissant des traces de pas bien nettes sur un trottoir immaculé.

Il poussa la porte d’un bar. Le petit panneau « fermé » tangua sur la porte déverrouillée.

- « Tilaa kaaoksesta, citoyen Rooperti. »

- « Tilaa kaaoksesta, citoyen Paavali. »

Paavali alla s’asseoir au bar. L’endroit était obscure, le rideau de fer censé protéger la devanture avait été baissé. Rooperti lui offrit un verre de calva qu’il bu en silence. L’alcool de pomme était fort, lui réchauffait les entrailles, de quoi lui donner la force de rentrer chez lui à présent.

Quand il ressortit du bar, il avait laissé sa serviette sur le comptoir.
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09/02/2006, Abords de la colonie de l'Empire Listonien au Nord Ouest de l'Althalj, Alsukhur fi mahab Alriyh


Vas y, parle.

L'homme vêtu simplement d'un jeans et d'un tshirt regarda un instant derrière lui. Une femme regardait par une petite fenêtre, plutôt une ouverture, de cette demeure en terre et d'un mortier grossier ; scrutant les environs, on aurait dit une civile qui regarde tranquillement l'horizon, flânant et rêvassant. A ses côtés, une collègue, en tailleur sur une natte, faisait tourner les photos sur un téléphone portable à clapet, et prenait des notes sur un calepin posé sur son genou droit.

Il sortit d'un sac à dos Westpack ayant vu de meilleurs jours, un petit appareil photo numérique et en sortit la carte mémoire pour la donner à la femme en tailleur qui la prit d'une main disponible sans un remerciement ou un regard, fixant les photos du téléphone.



Un homme seulement et il n'est pas Althalj, il est des contrées du Varanya et était passé par Asefsaf pour se ravitailler...


La femme assise sur le tabouret hocha la tête et insista.



On doit en être sûr. As-tu essayé par les entrées au Nord d'Alsukhur ?


Les enjeux étaient importants. La situation au sein de l'Alzili fi Alriyh avait eu un impact majeur sur la politique interne et internationale de l'Althalj et la nation avait été très engagée émotionnellement vis à vis de leurs pairs Afaréens. Les discours de la Qari Ijja Shenna avaient été on ne peut plus clairs sur l'irresponsabilité des nations dans cette crise précédente et en avait découlé une politique d'intervention régionale afin d'assurer la stabilité et une approche humanitaire vis à vis des Afaréens que les Althaljirs appelaient les "courageux".

L'organisation d'aide régionale avait pris divers formes. Une restructuration de l'intervention armée avait aussi été mise en place, des patrouilles sillonnant le Sahra' pouvant aller jusqu'à 1,000 kilomètres des frontières de l'Althalj. Les patrouilles avaient été réfléchies afin que les hommes y soient présents afin de pouvoir être des interlocuteurs privilégiés vis à vis de populations pour certaines conservatrices des us et coutumes patriarcales. La réputation actuelle des Althaljirs restait bonne bien que certains "patriarches" rechignaient à reconnaître la position de la femme dans la société de l'Althalj comme une non-abération.
Une coordination des patrouilles avec des avants postes au sein du Sahra' avait permis de rassurer les populations locales et l'aide humanitaire, omniprésente, avait aidé les villages à recouvrir un semblant de normalité. Les cultures ou bétails n'étaient plus subtilisées au creux de la nuit et le banditisme avait reflué plus loin vers le Nord... vers les anciennes contrées Ariciennes.



Oui bien entendu, mes agents ont suivi les instructions et nous avons récupéré des photos afin de donner des indications supplémentaires, précisa l'homme, plutôt sûr de lui. Il fit un bref signe de tête vers la carte mémoire.



Ce sont principalement les réminiscences de l'Alzili fi Alriyh.
Bien que Listonia a par le passé souhaité intégrer les populations Afaréennes, la presse a été assez dure avec les mots employés vis à vis des Jashuriens ; "sauvages" ou "barbares" si je me souviens bien. Quand nous avons sondé les courageux de l'Alzili fi Alriyh, ils souhaitaient tenter leurs chances vers le Grand Kah plus au Nord. Ils savent que l'Althalj filtre les passages vers le Tahbit Taht Alriyh.


L'officier hocha la tête une fois de plus. Elle porta son index à son menton et essuya doucement la poussière qui s'était accumulé des dernières heures dans ce lieu dit désertique. Sa réflexion n'avait rien de confidentielle, toutes étaient ici au fait de la situation, du contexte. Elle demande brièvement à la femme en tailleur si elle n'avait rien vu dans les photos prises par les chameliers et celle-ci fit un non de la tête sans perdre de vue les photos du téléphone qu'elle annotait avec soin.


D'accord, on continue avec la surveillance. On ne veut pas d'embrouilles avec les Listoniens, donc vous gardez vos distances. Ce qui est clair, c'est qu'il n'y a pas d'Althaljirs qui tentent d'entrer illégalement au sein de ce territoire d'Eurysie. Ca nous aurait étonné si je peux être franche... La Maktaba a besoin de ces informations, car nous savons que les courageux sont aussi sous notre responsabilité. Ce n'est pas notre place de le dire, mais Listonia devrait faire attention au traitement des nôtres.


L'homme releva la tête et fit un salut militaire, les deux mains de part et d'autre des visages, paumes ouvertes, doigts fermés et se retira.
L'officier soupira et demanda qu'on contacte le poste de liaison de Tifuzzel. Elle envoyait une autre voiture dés ce soir avec les informations récoltées sur le terrain en plus des documents cryptés envoyés électroniquement ; topographie, postes frontières et équipements visibles, routes et axes de communications entrant et sortant de l'Alsukhur fi mahab Alriyh, nombres de courageux, situations de ceux-ci et une estimation de leurs origines.
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Pour EVORA!

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ar tous les temps, en tout lieux, la Francisquia Militia agit et lorsque la nation listonienne à EVORA a appelée à l'aide elle n'a pas hésitée une seconde et est partie en direction de la ville Listonienne. Que l'état listonien le veuille ou non, elle mettra tout en place pour qu'EVORA reste EVORA.[/i]

Servir pour toujours

À EVORA, la tension monte chaque jours alors que le gouvernement pharois et le gouvernement listonien n'ont toujours pas trouvé d'accord quant à l'avenir de la ville qui sombre un peu plus dans l'influence pharoise. Propagande et pirates face aux autorités listoniennes, le combat est rude mais la justice doit triompher et le souvenir traumatisant qu'à laissé Kotios ne peut pas se reproduire.

Vouloir renouer avec son passé historique est une chose, se réveiller 50 ans plus tard en affirmant haut et fort que l'on est pas ce que l'on est en est une autre.

De Kotios et de la haine pharoise est née la Francisquia Militia, cette unité paramilitaire francisquienne d'élite ayant pour but d'intervenir partout à l'étranger là où les peuples seraient en danger ainsi que les intérêts de l'empire francisquien. À EVORA, les tensions sont trop fortes et alors même que la nation listonienne et l'empire francisquien se rapproche d'un côté, le Pharois Syndikaali et l'empire francisquien semble pour la seconde fois en 2 ans s'éloigner de plus en plus.


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La milice n'a pas finie de faire parler d'elle en mer du nord. Si le conflit Damann semble être marqué par une longue pause grâce à la Seconde Conférence de Ciardhai, la milice francisquienne ne cherche que le combat. Elle est faites pour le combat. À EVORA, la Francisquia Militia semble bientôt y trouver son compte alors que le Pharois Syndikaali cherche à reprendre le contrôle de la ville.

D'abord Kotios puis finalement EVORA? C'est la goutte qui fait déborder le vase...


[i]Pour la première fois depuis le début du conflit, la Francisquia Militia est entrée à EVORA avec pour mission de la libérer et d'assurer sa souveraineté à 16h43 heure locale le 29/01/2005.


Message secret
Information secrète réservée aux personnes autorisées
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Rien n'est ce qu'il paraît.
Les choix sont réversibles, toutefois les convergences délicates de l'univers font qu'un point de non retour transforme, à un moment précis et naturel, la flexibilité situationnelle en une fatalité irréversible.
Et alors qu'est ce que ça veut dire ?
XVIIe siècle, qari Randija Alealam




Par la grâce d'Ilâh, la curiosité était de famille et avait toujours permis aux femmes et aux hommes de réussir dans la vie. Réussir en Althalj est un concept qui peut différer des notions et standards Eurysiens ou même outre-Althaljirs.
L'argent, le statut social, la puissance, la famille, la reconnaissance et le bien être sont peut être légèrement dans le désordre, mais une grande partie des centres d'intérêt de "l'homme", et non de l'Homme, peuvent s'y résumer et y être classifiés ainsi, si l'on exclue la partie des pulsions physiques et charnelles, pour sûr.
Wiwul Ik Fuduliiyn fait toutefois partie de ceux, qui de par leurs éducations et leurs jeunes vies d'Althaljirs, avancent dans les saisons avec une facette Althalj naïve, qui se résume par le concept d'altruisme Althalj. La réussite au sein de cette nation n'est pas précisément décrite à travers le matérialisme de toutes choses. Ainsi ceci peut être mal interprété et il est bon de confirmer qu'il n'est pas enviable pour les populations de cette nation de ne pas disposer d'un toit au dessus de la tête ou de bijoux en or et argent, ainsi que de beaux habits leur permettant de sublimer leur quotidien.
Tout est une question de priorité. L'Althalj voit dans le bien être, la famille, la beauté de toutes choses un salut, une réussite qui apportera à travers les âges cette plénitude, cette paix intérieure que chaque Althaljir recherche et en fait... que l'Homme, oui celui-ci, recherche lorsque les années sont comptées et que la réalisation qu'une vie est passée et ne peut être rattrapée.

Wiwul a eu la chance de grandir dans la région de Tifuzzel, où l'herbe est verte et salée des embruns marins, où les moutons sont dodus et où les paysages d'herbe rase pourraient faire penser à une contrée immaculée d'Eurysie ou de certaines côtes de la magnifique Saint-Marquise. Wiwul a eu de la chance, car Tifuzzel est très marquée par la tradition et les valeurs Althalj. Le bien-être est une priorité et la faible densité dans une région bercée par un vent constant rappelle que ce bien-être passe par celui de ses voisines et voisins aussi. C'est en se serrant les coudes que le bien-être de la communauté permet un bien-être individuel. Et alors, au fil des saisons, Wiwul a appris qu'apporter une pierre à l'édifice sociétal ne se fait pas par l'acquisition d'une demeure au sein de la capitale Icemlet ou en gravissant les échelons pour atteindre le rôle de conseiller de la qari locale ou même régionale... mais par l'entraide.
Sa famille s'occupa bien de ce jeune homme plein de vie, jouant aux cerfs volants sur les rochers décharnés de la Dorsale Glacée plongeant sur les rivages du grand océan jusqu'à Lacrima Di Perla plus au Sud. Très assidu à l'école, il avait le goût des mots et de la littérature Althalj et Banairaise dés son plus jeune âge et à travers les ouvrages prêtés au sein de la communauté, Wiwul commença à découvrir la beauté de la vie, des choses simples, de l'Histoire et de la nature.

Avec un entrain qui lui est propre, Wiwul obtint, grâce à Ilâh, à sa famille et aux habitants de son bourg natale et un peu d'argent, un visa à Lacrima di Perla afin d'étudier l'Anthropologie. Ce petit bout de terre, loin de l'Eurysie et pourtant si proche, donna à Wiwul l'opportunité d'une émancipation rapide, une énergie nouvelle pour la beauté de l'être humain et à travers lui un fond écologiste qui s'affirma de plus en plus. Les années en tant qu'étudiant lui furent fructueuses et avec un Diploma de Antropologia à l'Universidade da Fortuna de Lacrima di Perla, le jeune diplômé décida de retrouver ses contrées et le cadre familier d'une société gérée par la gente féminine et où l'homme avait de plus en plus de reconnaissance pour sa contribution à l'Althalj, l'opportunité d'augmenter sa réussite altruiste et de recherche du bien-être.

Rêvant de voyager, sa première destination était assurément de voir la Région de Westmer et les foules de touristes Saint-Marquois, mais les livres et média parlaient de la Région de Grandlake comme une merveille naturelle à en couper le souffle. Les montagnes, Deeppoint et ce climat si particulier qui provenait de l'altitude, des vents du Nord et des vents du Sud, faisant de ce bijou géographique la région du monde avec une diversité de faune et flore inégalée. Des rapaces, aux mammifères, aux insectes, aux arbres centenaires, à cette fougère d'un pan de forêt primitive et à ces champignons de toutes les formes et couleurs, Wiwul savait que Saint-Marquise le comblerait de cette joie qu'il retrouvait chez lui et partout où le monde et la nature souriaient.

Mais il n'en fut point le cas, car de retour chez lui, la catastrophe de Silma frappa de plein fouet les Côtes sous le Vent. Affaire étouffée médiatiquement à l'étranger, la pollution, des plages et des rochers, apportée par la houle et le vent de la région, teinta la région de ses petites boulettes marrons qui collent, tâchent et tuent.
L'Althalj en fut fortement émue et les Althaljirs se déplacèrent de loin pour nettoyer ce qui pouvait l'être, sauver ce qui devait l'être. Oiseaux, plages, faune marine, tels les phoques Afaréens, rochers et flore aquatique, l'Althalj prit d'autant plus conscience de l'importance d'un altruisme écologique.

Wiwul repoussa ses projets de voyages à demain et souhaita utiliser sa plume dans le journal local, qui deviendra en quelques années, le journal le plus lu de l'Althalj, le Mendiant, l'Almutasawilin. Contribuant à la rédaction des évènements désastreux de Silma, mais aussi de la nécessité de suivre les décisions de la Maktaba en terme de contribution au développement responsable de l'Althalj, Wiwul travailla en collaboration avec des nombreuses journalistes de renom d'Icemlet et Acilmum, telles Fariza Aibnat Al'Iimam et Tayma Aleazima.
Mais c'est en 2005 que Wiwul retrouva la fibre anthropologique et altruiste vis à vis des siennes et siens et s'aventura dans le Sahra' et aux abords de l'Alzili fi Alriyh afin de couvrir la crise migratoire des Afaréens vers les territoires, colonies, Eurysiennes en Afarée. Le manque de considération de l'Aricie, le dénigrement d'une situation nécessitant un dialogue ou un accès aux humanitaires, paracheva de le spécialiser sur ce sujet dont il devint l'Envoyé Spécial pour l'Almutasawilin.



Non tu ne peux pas faire ça, c'est trop dangereux, insista le chef de la rédaction à Acilmum.
Tu risques ta vie. Les passeurs, les malfrats, les gardes, les courageux, il y a une vraie traite humaine et les conditions sont terribles. Tu pourrais te faire exécuter s'ils apprenaient que tu es journaliste !


Wiwul connaissait les risques et il n'accepta pas un "non" de sa hiérarchie dans ce qu'il considérait comme le meilleur moyen de couvrir cette actualité, cette crise des courageux qui tentaient le passage en Eurysie.
Et le voilà dans un groupe en provenance d'Afarée noire et du Sahra' du Nord avec un calpin, un téléphone pour les derniers recours et un peu d'argent pour payer qui de droit. Les histoires de ses compagnons de voyage étaient fascinantes, des attentats de l'Ardchouja, à la guerre dans le Varanya, à la décadence de contrées du Sud de l'Afarée du fait d'un immobilisme latent, la corruption endémique et des mauvaises saisons menant à une spirale infernale vers les tréfonds de la pauvreté.
Wiwul leur parlait de l'Althalj, bien qu'il lui faille cacher ses intentions réelles, mais le postulat d'une société sous la coupe féminine leur paraissait une aberration qu'ils souffriraient à vaincre avec le temps, mais nul ne posa la question du courage de Wiwul



... les hommes ne sont pas des esclaves des femmes, qu'est ce que vous racontez ?! Les femmes ont une place importante dans la société, ça ne vous empêcherait pas de pouvoir fonder une famille et trouver le bonheur des choses simples...


L'Eurysie offrait l'argent, de l'argent qui pourrait être envoyé à leurs proches si nécessaire en Afarée, ou alors leur permettre un nouveau départ, vers... la réussite.
La religion et le machisme n'arrivaient pas à être outrepassés et donc l'Althalj resta la seconde option. Tant de milliers de kilomètres à travers l'Afarée pour ne pas tenter l'Eurysie ? Ils avaient déjà tout abandonné et risqué leur vie maintes fois. Wiwul s'émue une fois de plus de la détresse humaine et paya un passeur pour vivre cette vie de courageux et relater au monde la terrible réalité de ce monde, que l'Homme, celui là oui, n'était pas heureux, qu'Il souffrait et que l'égoïsme et le dénigrement étaient les armes de la planète afin de préserver sa notion de bonheur et de réussite.

Il pleura lorsqu'il prit un coup de matraque dans le dos, il hurla lorsque le kérosène lui brûla les yeux et les poumons dans l'embarcation de fortune, balayée par les vagues et où chaque minute au sein de la nuit était une éternité de peur et d'angoisse, d'un chavirement et pire... d'une interception des colonies Eurysiennes en Afarée qui n'hésitaient plus à fermer les yeux sur la traite humaine des anciens âges, alors que nous étions aujourd'hui en 2006. Wiwul regardait ses confrères trembler de froid, eux qui n'avaient jamais subi de telles températures, les vagues aspergeant son eau glacée et engouffrant les corps de ceux n'ayant pu survivre à quelques jours sans plus de nourriture et un peu d'eau potable. Les silences de plomb devant une mère éplorée et un enfant n'ayant plus de larmes pour pleurer, la marine de Listonia intercepta enfin l'embarcation qui avait dérivé vers le Nord Ouest, de leur point de départ du Nedjma vers la République Populaire du Merua pour se retrouver à quelques 1,600 kilomètres de l'Afarée, une embarcation à sec depuis des lustres, les femmes et hommes... restants... épuisés et accablés.

Et le sourire qui ne vient pas aux lèvres tant la fatigue pèsait sur le visage, sur le corps que l'on brinquebalait littéralement pour monter à bord du navire côtier.
Un sourire, car le Saint Empire Platan de Listonia est une nation chrétienne et charitable ; pour preuve l'intégration de ses populations coloniales, une diversité d'un ancien empire, en mal de reconnaissance, mais qui avait réussi à recouvrer la lignée de bienveillance sous Philipe Ongro III, un Empire Listonien éclairé.

Et dans une désillusion propre à l'individu dans le désarroi et dont l'espoir est passé d'un néant à un exponentiel, le pot aux roses fut révélé. Ils n'étaient vraisemblablement pas les seuls à avoir été "secourus". Faisant la queue devant un de ces camps de réfugiés bien en dessous des capacités nécessaires à des conditions "humaines", Wiwul pria en silence Ilâh de l'avoir épargné dans ce terrible cauchemar digne du tableau du "Radeau de la Méduse" du Saint-Marquois Théodore Géricault et une garde l'interpella à son tour. Meurtri et épuisé, il regardait hagard les courageux le dos courbé et les yeux vitreux qui répondaient machinalement aux questions.



Tu comp... ...tugais ? Le garde était bienveillant, mais il n'avait pas saisi la phrase.
Entende o português?

E se, balbultia-t-il la gorge sèche, presque sur le point de tousser. On lui demandait d'où il venait et sans vraiment réfléchir plus longuement, les mots lui vinrent un peu désordonnés.

Je viens de l'Althalj C'est de là bas que je viens.

Et il ne savait pas en fait où ils allaient... Merua ou l'Empire Rémien... on y parle encore le latin comme dans l'ancienne Aricie tiens...

Empire Latin ! Non de Dieu, il n'avait même plus la force de se corriger, il laissa tomber ses épaules devant le regard dubitatif du garde. Il avait parlé trop fort pour compenser sa gorge arrachée.

Et comme les Listoniens se regardaient un peu dans le blanc des yeux, ils prirent la décision de le faire entrer dans le campement des courageux en provenance d'Afarée. Il n'y avait qu'eux se dit-il toutefois... Il voyait la possibilité d'une banquette ou juste de se coucher par terre au sec avec peut être un bouillon pour se désaltérer, une manne qu'il engloutirait avec raison.

Wiwul se retourna un instant et vit un confrère, un courageux d'Afarée noire qui le regardait intensément, envieux et il ne semblait pas savoir trop quoi répondre devant les questions en Portugais, qu'il ne comprenait pas évidemment. Les gardes lui posaient des questions et lui montrèrent une carte et pointèrent du doigt sur l'Althalj et derechef il opina, car Wiwul était passé et lui, il venait de l'Althalj.

C'est au moment où les gardes Listoniens expliquèrent qu'ils renvoyaient les courageux chez eux que la peur, d'avoir été si loin et de se retrouver maltraités, esclaves ou pire encore, s'accentua. Les courageux paniquaient et suppliaient, la scène était tellement difficile à regarder et encore plus à subir... Wiwul perdait la notion de ce qui était raisonnable et décida de continuer, jusqu'à Fortuna où son nom serait affiché dans un de leurs registres comme un ancien étudiant et diplômé national. Oui, prendre le bus était la meilleure option, ils seraient accueillis à la frontière, car l'altruisme et le bien-être de tout un chacun était un des objectifs de l'humanité, oubliant ses années d'étude et son éducation reprenant le dessus. Le Croissant ou la Croix Rouge devaient déjà être sur place, tout était limpide, la société s'occuperait d'eux, eux qui avaient tant souffert et méritaient le salut de l'Eurysie et pour Wiwul, un retour chez lui, afin de relater cette épopée de l'enfer, cette catastrophe à l'échelle mondiale qui était oubliée ou sciemment ignorée.

Les gardes jetèrent les migrants par dessus le bus.

Et armés, les Listoniens poussèrent les courageux dans cette contrée enneigée et vide à perte de vue, cette frontière étrangement dépeuplée et s'arrêtèrent au bord de la route tandis que les courageux restaient fixes et éberlués devant la situation.

Un garde fit un signe de la main comme pour chasser une mouche.
Il faisait très froid pour qu'il y ait de la neige dans cette région chaude de l'Eurysie, toutefois nous étions en Février.

Wiwul tremblota dans un manteau de misère récupéré au campement, ces doudounes bien trop fines et usées qui ne sont plus des doudounes du tout, sans rembourrage.

Rien n'est ce qu'il paraît.
Les choix sont réversibles, toutefois les convergences délicates de l'univers font qu'un point de non retour transforme, à un moment précis et naturel, la flexibilité situationnelle en une fatalité irréversible.
Et alors qu'est ce que ça veut dire ?



"28 Afaréens retrouvés morts à quelques kilomètres de la frontière Listonienne se dirigeant dans un vent glacé vers le Nord, vers la réussite."
Libre Antenne TibAir (journal du 11/02/2006)
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13 février 2006 – Port de Macao

Les choses bougeaient de manière imperceptible dans le port listonien de Macao. Tout avait commencé par la vente de la petite boutique de BD de Manuelo Camillo Di Paolo. Le pauvre homme, ruiné depuis la censure des ouvrages jashuriens, avait dû quitter son activité et trouver un emploi dans une usine de surimi, du moins, c’était ce que les gens disaient quand ils se remémoraient le souvenir du sympathique vendeur de BD.

A la place, une petite blanchisserie avait remplacé la boutique de Manuelo dans l’avenue : « Chez Sajani ». Cette petite entreprise familiale était devenue au fil des années un des plus importants acteurs de la blanchisserie dans le Nazum et ailleurs. On reconnaissait les boutiques de cette entreprise jashurienne grâce à leur apparence soignée de petite boutique familiale, très accueillante, qui s’implantait un peu partout. « Chez Sajani » faisait tout : couture, blanchisserie, mercerie, … Ses couturiers et ses blanchisseurs travaillaient dur et bien pour satisfaire les besoins de leurs clients, de plus en plus exigeants en matière de prestation. Il n’en restait pas moins que malgré une activité de laverie pas chère, « Chez Sajani » était une blanchisserie respectable qui n’avait aucun mal à s’implanter dans les territoires étrangers.

La petite blanchisserie qui accueillait une dizaine d’employés n’était pas la seule chose qui avait changé suite au départ de monsieur Camillo Di Paolo. Sans que personne ne s’en émeuve, les boutiques du centre-ville changeaient peu à peu d’enseignes. Ce n’étaient bien entendu par les grandes boutiques chics de Listonie, mais les petits commerces du quotidien, des petites aires de restauration aux commodités, en passant par les services de proximité. Sans que personne n’y prenne garde, des boutiques, tenues par de sympathiques jashuriens, émergeaient à la place des traditionnelles boutiques listoniennes.

Les fonds de commerce étaient progressivement rachetés à bas prix. La censure des œuvres jashuriennes avait mis une partie des disquaires et des libraires listoniens sur la paille. Pas de panique ! Le bail était immédiatement racheté par de petites entreprises jashuriennes, désireuses de commercer dans le délicat port de Macao. Les affaires étant les affaires et l’argent n’ayant pas d’odeur, les Listoniens acceptaient sans sourciller le rachat des fonds de commerce tandis qu’imperceptiblement, les rues de Macao se transformaient.

Sans que personne n’y prenne garde, les devantures changeaient, les clients aussi. L’ambiance devenait très différente, très animée, matin, midi et soir. Il régnait autour des boutiques jashuriennes une certaine bonhommie. Le bruit de la monnaie qui s’échangeait contre des services de blanchisserie, le rire des enfants devant le marchand de nouilles, le bruit des bouteilles d’alcool que riz que l’on débouchait le soir … La concentration des entreprises jashuriennes à Macao commençait à avoir un effet tangible sur la cité.

La « Rizière » faisait parti de ces nouveaux bars branchés d’origine jashurienne qui s’était installé non loin de l’avenue principale de Macao. Le fond de commerce avait été racheté suite au départ d’une maison d’édition listonienne, qui n’avait pas réussi à redresser la barre suite à la censure des œuvres jashuriennes. Les propriétaires de la Rizière, un couple de jeunes jashuriens en quête de dépaysement, y avait installé un bar servant uniquement des spécialités jashuriennes. En quelques semaines, le lieu était devenu très populaire et proposait aux expatriés jashuriens comme aux Listoniens, un avant-goût de la cuisine traditionnelle, mariée aux cocktails et alcools contemporains vendus par les Jashuriens.

La Rizière, depuis son lancement, était devenu le point de chute d’une partie des travailleurs jashuriens branchés, mais aussi un lieu où s’échangeaient les nouvelles sur Macao, le Jashuria et les relations avec la Listonie. On jouait à s’y faire peur, en imaginant le pire entre la Listonie et le Jashuria, mais on se plaisait aussi à imaginer un avenir autre ... des utopies post-coloniales aux communes autogérées. Entre deux gorgées d’alcool de riz, les habitués de la Rizière s’improvisaient fins politiques, imaginant une commune libre de Macao. Après tout, l’exclave du Kah non loin était une commune libre ! Pourquoi pas Macao ? L’Empire Listonien était bien trop loin : ici, à Macao, les choses se faisaient différemment que diable ! Et puis, il y avait cette censure, intolérable aux yeux de certains locaux, qui n’appréciaient pas que l’Eglise mette le nez dans leurs affaires.

Mais toutes ces discussions alcoolisées restaient bon enfant. La Rizière était devenue malgré elle, le foyer d’une contestation douce et alcoolisée de l’ordre établi. Le bar restait dans les règles, bien entendu et l’ordre public n’était pas troublé, mais il servait désormais de soupape de décompression à des Listoniens et des Jashuriens particulièrement déçus de la censure d’Etat. Dans les salles feutrées, on se prenait à rêver d’une commune sans aucune censure, où la liberté d’expression serait reine et où les individus ne dépendraient pas d’une obscure métropole sur un autre continent !

Mais pour l’instant … tout ceci n’était qu’un vœu pieux …

Pourtant, chaque soir, au fond de la salle principale, un petit homme à lunettes et à la jambe plâtrée écoutait. Et malgré son calme apparent … monsieur Sarani sentait monter en lui, les germes de la contestation.
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L’Empire Listonien, une puissance coloniale vieillissante au cœur d’une Eurysie du Sud qui réclamait pourtant une paix fragile alors même que le continent dans son entièreté menaçait à tout moment de se transformer en une véritable poudrière. La course à l’armement que menait cette nation aux colonies dispersées à travers le monde était une véritable aubaine pour les marchands de morts. Quelle avenir pour les relations qu’elle entretenait avec une nation telle que la république fédérale de Novigrad ? Bien évidemment aucune officiellement tandis que cette dernière s’auto-proclamait publiquement comme une oasis démocratique au centre d’une région particulièrement troublée. Toutefois c’était sans compter le renouement avec des traditions qui dataient d’une Novigrad impérialiste, d’une monarchie interventionniste qui fut autrefois la puissance menaçante de la région. Cette nostalgie d’une époque dorée se retrouvait notamment dans les pratiques des services secrets fédéraux qui depuis près d’un an tentaient de renouer avec ces fameuses traditions. Si Novigrad n’avait aucun intérêt à se mêler aux tensions actuelles, elle avait tout intérêt à ce que le détroit nordique continue d’être revendiqué détournant ainsi plus ou moins le commerce mondial vers le canal rémien, celui-ci restant plus aisément influençable par les autorités de la nation capitaliste du sud-est de l’Eurysie. C’est donc dans cette optique que la fameuse DRN opta pour une approche subtile afin de conserver un œil sur les activités listoniennes, prétextant un travail de conseil stratégique, ce qui était véridique dans certaines situations bien qu’intéressé, la direction des renseignements novigradiens tenta sa chance en proposant ses services à l’état-major listonien. C’est ainsi que commença l’opération clandestine « frumentarii » en hommage aux espions de la période rémienne novigradienne.


Ogli Papaz


[21 février 2006 – Listonia, capitale impériale]

Ogli Papaz était un homme de conviction, il croyait réellement en ce qu’il faisait et en la suprématie de sa mère patrie. Son histoire n’était pas si classique, elle était l’exemple même d’une intégration réussie au cœur de la culture novi. En effet, Ogli n’était pas novigradien de naissance, natif du sol impérial rémien notamment au sein de l’enclave frontalière d’Élassénie, il avait fui pendant l’enfance avec sa mère, la pauvreté endémique de l’empire pour la promesse d’une vie prospère à Novigrad. Lors de l’adolescence se retrouvant livré à lui-même à la suite du décès de sa mère, il n’avait pas trouvé d’autre solution que de mentir sur son âge pour réussir à s’enrôler dans l’armée fédérale. C’était-là que le véritable Ogli était né, son expérience militaire le marqua durablement, l’idéalisme patriotique qu’on lui inculqua le transforma à un tel point qu’il effaça bientôt dans sa mémoire ses origines rémiennes. Bientôt alors qu’il avait déjà un beau curriculum vitae au sein des corps expéditionnaires de l’armée fédérale, on lui offrit un poste qu’il ne pouvait refuser, une promotion pour rejoindre la police secrète, c’était la consécration d’une carrière tant les membres de cette police profitaient d’une influence palpable. Finalement après tant d’années à arpenter le pays, on le muta vers le service le plus prestigieux de l’institution, la division des légendes, le service des renseignements extérieurs.

Ce matin-là, il s’était réveillé fébrile et titubant. La gueule de bois de la veille était encore bien présente, une migraine puissante dévastait son crane et le teint blafard qu’il affichait montrait les abus de la nuit précédente. Comme tous les jours depuis maintenant presque trois mois, il devait se rendre auprès de l’Etat-Major listonien dans le centre-ville de la capitale, il tenait-là un rôle de consultant étranger où il se faisait d’ailleurs discret. Pour se rendre présentable alors qu’il subissait une gueule de bois terrible, il avait sa technique bien à lui, un shot de vodka dès le matin et c’était terminé car après-tout on ne pouvait pas avoir la gueule de bois si on était toujours plus ou moins saoul. Il enfilait ensuite son costume mais pas n’importe lequel, bien qu’il eût une préférence pour la mode plus raffinée de Novigrad, il était nécessaire pour lui de porter uniquement des costumes de facture listonienne afin de s’assurer de n’éveiller les soupçons d’aucun observateur étranger, sa mission était d’ailleurs un secret d’état. Sur son chemin, il évitait tout contacts inopportuns, préférant la même routine vers son lieu de travail, c’était surtout une stratégie pour rassurer ses observateurs car il s’en doutait, les services listoniens ne le laissaient probablement pas sans une surveillance spéciale. Au cœur de l’Etat-Major il rencontrait parfois des officiers supérieurs, des hauts-fonctionnaires et des conseillers spéciaux qui décidaient de la politique étrangère un peu folle que menait l’Empire Listonien, il appuyait parfois certaines décisions en conseillant comme l’aurait fait sa direction. Bien évidemment c’était un excuse pour avoir accès à des informations confidentielles, régulièrement il prenait des notes sur ce qu’il voyait, écoutait des conversations au détour d’un couloir, finalement il en apprenait beaucoup sur les lieux. N’hésitant pas à brouiller les pistes, il aimait à se donner l’image d’un diplomate étranger hédoniste qui n’était ici que pour profiter des avantages financiers de sa fonction. Le soir lorsqu’il rentrait chez lui, il adoptait toujours le même rituel, invitant des prostitués dans l’appartement qu’il louait afin de boire et faire la fête. Depuis l’extérieur, cela donnait l’impression d’une débauche continue mais c’était bien-là une stratégie réfléchie, en effet il profitait toujours de cette soirée pour s’éclipser prétextant l’achat de cigarettes. Alors qu’il changeait d’habits et sortait par la porte-arrière, on pouvait encore voir à travers la fenêtre de l’appartement les silhouettes des prostitués ivres qui dansaient, de cette façon il s’assurait de donner l’impression à ceux qui le surveillaient qu’il n’avait jamais quitté le logement. Profitant de cette espace de liberté, il rejoignait un parking à quelques rues de son appartement, c’était-là qu’il garait une voiture qu’il avait lui-même dérobée quelques semaines auparavant. Il conduisait alors jusqu’à la sortie de la ville et continuait encore une demi-heure, c’était-là dans une ferme abandonnée qu’il retrouvait régulièrement son contact, un criminel local qu’on payait par l’intermédiaire des mafias novigradiennes, le criminel ne connaissait pas réellement l’enjeu de sa mission, il se contentait de transmettre un colis à l’agent novigradien, celui-ci lui donnait alors une lettre codée qu’il devait transmettre au réseau complexe de communication qu’avait mis en place la DRN, cette lettre contenant généralement les observations de l’agent tandis que le colis pouvait contenir des armes, des instructions ou tout simplement de l’argent. Finalement, il rentrait usant du même rituel pour couvrir son retour dans l’appartement et il pouvait alors profiter de sa soirée de débauche bien méritée.
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En signant le traité de Bonne Entente, Empire Listonien et Pharois Syndikaali avaient chacun fait un pas en avant vers une désescalade des tensions dans les mers du Nord. Mais certaines des closes du-dit traité restaient encore à être mises en place. La plus symbolique d'entre-elles, la tenue d'élection à Albigärk afin de désigner une nouvelle municipalité suite au renvoie de l'ancienne maire Silvia, faisait couler beaucoup d'encre.

Un engagement particulièrement attendue par la société civile de l'ancienne capitale d'Albi, qui s'était révélée avide de pouvoir s'en servir comme tribune pour enfin mettre à plat ses désirs, envies mais aussi la conflictualité des opinions qui la traversaient. Si le gouvernement listonien n'avait pas encore donné de date pour la tenue des élections, les citoyens, eux, ne semblaient pas l'avoir oubliée pour autant.



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Et la cité s’agita

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L’avaient-ils entendu, les Listonien, cette sourde rumeur venue des contrées lointaines du nord de l’Eurysie ? Confortablement assis sur un océan gelé, croyant pouvoir bâtir leur empire sur la glace épaisse, ils n’avaient pas vu s’agiter sous la surface de l'eau des monstres autrement plus imposants que ceux que l’on trouve dans les régions chaudes du monde.

Albigärk n’est pas une concubine que l’on délaisse impunément. Derrière ses airs coincés de bibliothécaire, la cité étudiante s’avère plus folle que ne le laissent à penser ses austères immeubles bétonnés. Faites-y la sourde oreille et la voila qui se rebiffe, se vexe, et d’un air ingénu versera du poison dans votre thé.

Ils avaient demandé des élections, et les élections tardaient. Elles tardaient trop. La démocratie n’est pas une chose avec laquelle les libertaires aiment à plaisanter. Ils en connaissent certes les limites, mais également la valeur et à peine sortis du couvre-feu inique imposé par l’Empire, le sang pharois se réveille et réclame plus de liberté ! Toujours plus ! Autodétermination ! Corpus de lois nouvelles ! Statut particulier ! La région a sa singularité et entend qu’on la respecte. Albigärk la vénéneuse n’a jamais aussi bien portée son nom, rattachée à l’Empire Listonien, elle pourrait bien lui refiler la gangrène si d’aventure ce dernier trainait trop à régler le problème.

Un jour Albigärk en eut assez d’attendre. Chauffée à blanc par les activistes et groupes de pression pullulant entre ses murs, alors que les beaux jours pointaient le bout de leur nez et le printemps avec eux, promesse de températures plus clémentes, elle vit s’amasser devant la mairie une petite foule estudiantine. Population sujette à l’action, on le sait, ils s’étaient réunis là d’abord sans prétention puis se voyant de plus en plus nombreux et galvanisés par leur jeunesse et leur puissance d'agir, le sitting avait tourné en occupation.

Tentes, réchauds, en une après-midi la chose était faite : la place de la mairie était occupée. Aux slogans électoralistes de « Election ou agitation ! » et « Demain nous appartient ! » s’ajoutaient ici et là « Albigärk indépendante ! » ou « Evora est Pharois ! ». Des revendications différentes laissant entrevoir le caractère bigarré des profils de manifestants, principalement issus des couches de la classe moyenne-supérieure éduquées qui peuplait en grande majorité la province.

Encore pacifiste et bonne enfant pour l’heure, sans réaction de la part des autorités listoniennes, le mouvement semblait parti pour durer.
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Et aux étudiants se joignirent les pêcheurs...

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La foule s’était épaissie devant la mairie d’Albigärk, survoltée par le discours donné la vieille au soir par l’ancienne mairesse de la ville, madame Silvia. Si l’objectif avait été de pacifier la population pharoise sur le sol de la province, la manière de faire avait été pour le moins maladroite et l’objectif clairement manqué. A la jeunesse éduquée qui avait composé le gros du mouvement dans ses premières heures s'étaient désormais joint les travailleurs du port de la ville, pêcheurs pour la plupart, dockers, commerçants, gens de mer traditionnellement proches du monde albien. Vieux briscards, de nationalité listonienne, genevienne, tapiolienne ou pharoise, la question importait peu. Dans la baie d'Albi et autour de la péninsule, les communautés s'étaient toujours mélangées en bonne intelligence, se souciant peu des frontières, des douanes et des différences. Du moins, jusqu'à ce qu'un certain Empire ne cherche à cloisonner l'ancienne capitale...

Sur une estrade faite de palette, une femme tenait également un discours, entouré par une dizaine de militants du parti Cœur d’Albi.

- « L’avez-vous entendue ? Ces paroles honteuses ! S’il vous fallait une preuve du mépris des Listonien pour nous, madame Silvia vous l’a donnée hier ! »

Il y eut des huées dans la foule.

- « Elle vous parle d’identité listonienne, une identité basée sur la violence coloniale, l’exploitation des peuples et la spoliation de leurs richesses ! L’identité listonienne ? A Albigärk ? je ne la vois pas ! L’envahisseur n’est dans nos murs que depuis cinquante ans. Il a pu recouvrir nos immeubles et nos maisons avec ses couleur, le cœur d’Albi est albien ! Notre culture, notre identité nous vient des eaux froides de l’océan du nord, nous l’avons forgée et la forgeons chaque jour dans l’adversité d’un territoire difficile et sur ces terres inhospitalières, rien ne nous a été donné ! Nous n'avons rien pris par la force, contrairement à eux ! Et nous avons bâti un pays dont nous pouvons être fiers ! Par la révolution nous y avons arraché une Commune, la Commune d’Albigärk, et nous recommencerons si cela est nécessaire ! »

Hourras et applaudissements.

- « Les Listonien ne comprennent rien à ce monde, loin de leurs vignes et de leurs oliviers, de leurs siestes et de leur beau temps ! Ce sont des paresseux qui ne savent que s’emparer du travail des autres ! Ils nous traitent de poissonniers avec mépris, mais c’est notre honneur que de vivre du travail de la mer ! Nous ne nous reposons pas sur les fruits de la conquête mais sur ceux de notre labeur, en tant que citoyens libres ! Cet Empire qui ne nous a jamais compris, jamais accepté, qui nous a imposé son couvre-feu inique au mépris de notre tradition libertaire et de nos droits les plus fondamentaux ! Cet Empire pour qui nous ne sommes que des pions sur un échiquier géopolitique, une pièce de plus sur son grand jeu de dupe international ! Cet Empire qui n'a ni coeur ni âme, rien qu'une feuille de compte dans la poitrine ! Cet Empire, nous allons nous en débarrasser ! »

De nouveaux hourras dans la foule !

- « Le Cœur d’Albi milite pour la grande réunification, il n’y a que des avantages ! D’une main, mettons fin au mépris du colon ! De l’autre, unifions les grandes puissances régionales autour de notre belle cité ! Ils parlent de richesse ? Mais l’Empire Listonien dépense plus des deux tiers de son PIB en achat d’armes pour défendre ses conquêtes coloniales, alors que cet argent devrait revenir au peuple ! »

Dans la foule : « dehors les marchands d’armes ! »

- « Le Syndikaali a un PIB par habitant dix fois supérieur à l’Empire Listonien ! Le Genevier également et la Tapiolie aussi ! Quel intérêt à devoir supporter la misère des colonisateurs, des barbares conquérants quand nous pourrions goûter à la prospérité et la richesse en retrouvant nos frères de l’autre côté de la frontière ? »

Une femme : « Assez de travailler pour ces parasites sudistes ! »

- « Madame Silvia a fui la ville ! Boutée dehors par le Syndikaali ! Elle a été la première étape d’une grande dynamique ! Dehors les envahisseurs ! »

La foule : « Dehors les envahisseurs ! »

- « Non à leur mépris ! »

La foule : « Non au mépris ! »

- « Qui ne se sent pas Albien n’a rien à faire en Albi ! »

La foule : « Albi aux Albien ! »

- « Aux élections, nous irons voter en nombre ! Pour la réunification ! Pour la fin de la colonisation ! Pour retrouver notre unité perdue et dans la Fraternité nous unir en boutant hors de ces terres cet Empire qui nous divise ! Aux listoniens qui aiment Albigärk, à ceux qui n'ont pas peur de se retrousser les manches, pas peur de la liberté, de l'aventure, à ceux qui ont la mer dans la peau et le froid chevillé au corps, à ceux pour qui l'éclat de la neige vaut mille soleils latins, à ceux là, ceux qui se reconnaissent d'ici avant d'être de là bas, si loin, à l'autre bout du continent, dans un pays qui ne s'intéresse pas à vous, qui vous cloisonne comme des bêtes à la première occasion, qui vous aurait laissé mourir de faim si cela servait ses intérêts, à ceux là nous disons : vous êtes notre frères, joignez-vous à nous et faisons de cette ville la gloire de l’Eurysie ! »

La foule : « les listoniens avec nous, pour Albigärk ! »




Elle est la candidate du Coeur d'Albi

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La candidate de la paix.
La candidate de la prospérité.
La candidate de la justice.
La candidate de la liberté.

Madame Josefiina Pitkänen

Pour la réunification !
1889
Ligue marchande trylonienne



La ligue marchande trylonienne rejoint la colonie listonienne aux abords du territoire




A une longueur d'une petite centaine de miles nautiques tout au plus, la Ligue marchande trylonienne a prit l'occasion de rejoindre la colonie listonienne au plus vite, sous un ciel des plus cléments aux abords des côtes.

Occasion rêvée, et zone d'influence maritime disputée, la "LMT" a prit ses marchandises et quelques navires pour rejoindre le port marchand de la petite colonie - visiblement ouverte aux commerce et dont les relations semblent très calmes entre les deux empires.
Remplis de marchandises de première nécessité, les objets de grande valeur n'ont pas été prit - il est d'abord question d'établir un comptoir commercial civil sans protection de l'Empire, et en attente de recevoir cette bénédiction, il est hors de question de sortir les objets de valeur des entrepôts.

Sous surveillance des forces spéciales et de renseignement de l'Empire trylonien, la LMT débutera son petit marchandise et pour la première fois hors du territoire national.
En effet, cette ligue marchande très jeune n'est héritière d'aucune autre organisation commerciale trylonienne, et n'a de soutien que par la corporation des commerçants.




Marchandage



Du pain et des fruits



La LMT n'emportera que du pain et des fruits/légumes communs - pas d'exotisme à vendre étant donné l'inexistence du comptoir et le manque d'informations sur le territoire.

Au retour des navires pour se réapprovisionner, des informations seront échangées dont quelques membres des services de renseignements emprunteront en civil lors du réapprovisionnement.


La LMT a donc établi le plan suivant :

- Rejoindre les côtes les plus proches de la petite colonie;
- s'y installer en ouvrant un comptoir commercial civil (dans la mesure du possible);
- Explorer toute la colonie en vendant leurs marchandises et pour récolter des informations sur les lieux et le cabinet du gouverneur de la colonie.

- Livraison d'informations par les services de renseignement lors du réapprovisionnement du comptoir. Ils seront également à bord des lignes commerciales de transit qui viennent réapprovisionner les marchands au-delà du premier port.
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Ruelle malfamée



Nouvelles initiatives de la League Marchande trylonienne




Le messager royal, avec sa tenue délabrée pour se camoufler aux abords des quartiers malfamés du coin, aux abords du coeur de la petite colonie, arriva donner son message au chef de mission des Services Secrets tryloniens. Il ne semblait pas être dévisagé d'une manière particulière - après tout les résidents qui étaient ici étaient tous noirs et esclavagés par les durs quotas de production imposés par l'Empire listonien. Il reparti aussitôt en divaguant dans ses itinéraires pour masquer sa présence en tant que messager sur la colonie.

L'Empereur commande le retour immédiat de tous les agents mobilisés - la mission est terminée et l'équipe doit être affectée à une autre mission. Les marchands ainsi délaissés seront en capacités de se défendre seuls à présent - cependant, ils ne commanderont toujours pas de matériel de grande valeur et apprendront régulièrement à vivre sur leurs réserves.


Aucune autre information. Ne serait-ce que la discrétion absolue même si le voile s'emble s'être envolé, d'une manière mesquine et insensée alors qu'aucune équipe n'était suivie... La lettre a été rédigée en langue locale et n'a fait aucunement mention de l'Empereur ni même d'une quelconque mission - à première vue en tous cas. En effet, un codage secret était utilisé sur la lettre au moyen de mots incompréhensibles sans avoir au préalable été formé à la cryptographie trylonienne.



Ainsi, les marchands tryloniens poursuivront leurs activités commerciales en toute tranquillité dans la petite colonie d'esthétisme inspiré de l'ère néo-coloniale portugaise - souffrant atrocement de soucis sociaux et de rejets des africains ainsi que de leur traite au sein de la colonie et de l'Empire.

La proposition de récupérer de ces noirs pour leur donner du travail, à manger et un toit a été étudiée par la diplomatie mais au final rejetée - et sera exclusivement utilisée comme main d'oeuvre pour les marchands tryloniens ressentant le besoin d'aide pour vendre leurs marchandises.


Sur l'aspect social, la League favorisera les individus candidats à s'y intégrer d'origine trylonienne ou des africains d'origine avec peu de moyens - lesquels sont souvent assimilés à des brigands. Les candidats de l'Empire listonien seront juste ignorés.

Ainsi, il en coule de source que la League se montrera plus méfiante encore vis-à-vis de l'État - dans l'état actuel où leur activité commerciale est légale - pourrait du jour au lendemain être expulsée. De la sorte, rien ne pourrait justifier un départ prématuré, forcé ou décidé par la League, mais il est judicieux pour la corporation de se préparer à toutes éventualités. Et donc à exercer au besoin dans l'illégalité s'ils ne peuvent rejoindre la Trylonie dans le cas où leurs droits fondamentaux seraient bafoués.

Aux intentions controversées, l'Empire listonien, bien qu'étant sur liste grise dans les papiers de l'ambassadeur trylonien - le soucis est de mise, et il est donc du devoir de la League de se tenir prête à toutes les éventualités. Que leur vie en dépende ou non - et peuvent se souvenir de ces quartiers malfamés où vivent des noirs qui dorment sur leurs excréments pour leur rappeler qu'un mouvement de travers et indiscret peut leur coûter très cher.



La proposition émise par le commissaire commercial trylonien sera étudiée par l'Empereur afin de lever l'option de vendre plus et d'étendre les catégories de ventes vers la colonie - ou si le statu quo est privilégié.

Quoi qu'il en sera décidé, les répercussions seront très épineuses pour le jeune gouvernement - dont le Ministère du Commerce, des Finances et du Budget a préféré s'abstenir de toutes recommandations publiques, la situation actuelle dans les couloirs du Palais du Daraj n'est connue que par le Sénat qui a observé la décision - mais pour autant ne divulguera absolument rien. Dans les faits, le Sénat ne connait qu'un minable pourcent des décisions de ce plan - tout ce qui est secret, il n'en n'a pas conscience.

Pour autant, la League sera subjuguée à son devoir de vendre toujours plus et ce par tous les moyens légaux à leur dispositions, et ce même avant que les produits n'atteignent 25% de leur date limite de consommation. Pour la plupart, ce sont des aliments OGM de longue conservation - donc en soit, ils n'ont pas la possibilité de s'inquiéter.



Les services auxiliaires de la League Marchande trylonienne ont également préconisé, et dont le Ministère de la Santé a approuvé la décision sous la bénédiction de l'Empereur - l'invitation de main d'œuvre humanitaire pour, tant inciter les jeunes déboussolés, perdus et n'ayant pas d'avenir - à faciliter leur entrée en Trylonie. Ou s'il n'est pas possible, de leur proposer à manger ainsi que des vêtements propres et quelques sacs plastiques pour faire leurs course de manière plus hygiénique ainsi que du savon et de l'eau.

En effet, les préoccupations de l'autre côté de la frontière ne sont pas seulement pour absorber de la main d'œuvre, mais aussi de prévenir les maladies qui pourraient se développer dans cette colonie très peu aidée - et dont un foyer de contamination aussi proche pourrait devenir très problématique. Ainsi, le gouvernement trylonien espère alimenter la bonne santé des quartiers malfamés proches de ses frontières pour éviter au maximum tout risque épidémiologique.

Pour en finir avec ce délabrement, les services auxiliaires proposeront également de rejoindre le Collectif Economique Impérial - lequel permettra tant de faciliter l'entrée sur le territoire trylonien, d'assurer l'employabilité et la formation de la main d'oeuvre tant qu'elle fasse preuve de fidélité et de grâce envers l'Empire. Les services proposés, peu orthodoxes, passeront par des activités illégales comme la prostitution - dont le Collectif sera secrètement le proxénète hors territoire.
Géré par un directoire nationaliste trylonien - l'organisation, pouvant paraître comme "vicieuse", offrira du résultat en peu de temps. Les recettes seront reversées au Trésor Impérial.
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Marché



De part les vents flottants en mer, les petits navires commerciaux et les bateaux de pêche, le chantier naval trylonien de la ville intermédiaire portuaire - sujette à beaucoup de convoitises notamment pour les migrants du Nord et de l'Ouest cherchant à trouver refuge en Trylonie [...]

La League Marchande trylonienne était... toujours présente. Et avec un commerce très fruité, pourtant amer pour les marchands locaux car la League prenait toujours un petit peu plus de marge chaque jour passant avec ses magnifiques fruits et légumes brillants. Le goût de synthèse tout droit sorti d'usine, la belle pelure des pommes de terre à la peau presque transparente jusqu'aux tons plus terreux pour l'illusion de l'agriculture biologique...

En dépit de ce fait, les autorités locales ne semblent pas se mettre au travers de la League et c'est une très bonne chose. En réalité, pour le peu que la League soit embêtante, c'est même un échange de bons procédés pour la petite colonie mal ravitaillée dont fruits et légumes ne peuvent pas tous être produits ici, et le transport de ces denrées prennent du temps. Ce qui laisse très peu de temps aux consommateurs pour les acheter et ensuite les manger.
Dans les deux cas qui suivent, c'est bien trop cher pour l'Empire de transporter toutes les denrées en quantités suffisantes - et le fait est bien là : la colonie a besoin de la Trylonie pour manger à sa faim - autrement ils en meurent de faim pour une bonne partie d'entre eux. Seuls les grands propriétaires peuvent avoir le luxe de manger convenablement et encore - tant que les réserves de la colonie sont suffisamment élevée sinon ce sont les administrateurs qui mangent sur le dos des citoyens.

De part la trajectoire commerciale trop lointaine des terres fertiles ou des nations acceptant de leur en vendre en quantité suffisante - il est de facto trop cher pour être autosuffisant sur ce domaine.
D'une autre, il est également trop compliqué d'asservir la colonie avec une influence aussi proche de la Trylonie. En effet, la Trylonie est à moins de 100 kilomètres du petit bout de terre - et en fait donc un partenaire privilégié pour recevoir de ces denrées presque devenues précieuses en Afarée aux abords des zones poissonneuses. Pour autant, tout le monde ne peut pas manger de poisson tous les jours - et également, les zones poissonneuses alentour sont moyennement constituées de poissons - et appliquer une politique agressive de production ne ferais que tuer encore plus rapidement la colonie.



C'est alors que la League entre en jeu et fournit au plaisir tant de la Listonie que de la Trylonie des denrées, un échange d'argent de plus grande valeur vers un pays qui demande de gros investissements étrangers. Le profit engrangé rien que pour les échanges monétaires est en pleine croissance et tant les réserves restent hautes, les autorités tryloniennes n'ont aucunement le besoin de s'en inquiéter. Pour autant, la League fera parvenir à ses employés de la monnaie trylonienne pour égaliser un peu plus les échanges et ne pas créer de changement trop brutal.
Les échanges de marchandises seront également privilégiées par la monnaie trylonienne au moyen d'un rabais de maximum 10%.

La diversification des endroits dans la colonie s'est révélée être un franc succès et désormais toute la colonie peut bénéficier des denrées d'origine trylonienne. La supplantation du commerce agricole qui grignote toujours un peu plus les marchands listoniens qui peinent à trouver des producteurs bon marchés et donc - sont obligés de vendre leurs denrées bien plus chères, se retrouvent de plus en plus sur la paille.
Tant est fait, mais pourtant les prix sont pas si sévères que ça. Dans les faits, les marchands tryloniens ont toujours une marge de profit de 10% alors que les marchands lystoniens en ont une de 10% également, mais leurs producteurs offrent leurs services à un prix de vol. Pourtant, les musulmans sont ceux qui produisent à moindres coûts... pas ceux qui volent, étonnement - les mêmes qui vendent moins cher que leurs voisins.


Désormais, et maintenant que les comptoirs sont établis, Sa Majesté Impériale a prit la décision et lors d'une lettre officielle, assermentée d'un sceau rouge avec le logo impérial, de définir les sécurités liées à l'entreprise sur le sol national et à l'international. Ainsi, la diplomatie trylonienne pourrait être engagée pour médier à certaines problématiques.
Cependant, la League restera propriété privée contenant une centaine d'investisseurs et n'engagera pas l'Empire aux pratiques effectuées par la League - seule la responsabilité des marchands et du collectif pourra être engagée sur les questions juridiques, sociales et économiques.

A partir du réseau marchand, la League sera en plus d'avoir la bénédiction impériale, d'obtenir un quasi oligopole sur le marché des denrées, voire à terme un monopole. Dans le cas actuel, il en advient que seuls 5% demeurent à la League, du fait qu'ils soient étrangers et que les lois sur l'agriculture en Trylonie se révèlent opaques - qui ne dépendent que de certaines régions, et dont le mauvais étiquetage des produits, ne pouvant être vérifiés, peut induire à l'erreur par les consommateurs.
Le point clef et l'objectif prochain à atteindre par les marchands sera de confirmer la confiance des consommateurs aux produits tryloniens pour qu'ils consomment plus encore.
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28 Mars 2006,
Almada, Empire Listonien,
Quelque part sur les quais du port civil,


Les intérêts du jour font les bons comptes de demain


Almada, Coeur économique de la Listonie
Almada se présente comme le poumon de l'économie impériale, ce qui en fait un site d'intérêt majeur du point de vue des investisseurs Fortunéens

Une épaisse volute de fumée s'élevait vers les cieux tandis qu'en digne étendard du parallélisme une chute de cendres tombait à même le sol bétonné acariâtre du port. Décidément, Dom Francis d'Aldajerca n'était point prêt d'arrêter la consommation du tabac, et pourtant ce n'était pas faute d'avoir tout tenté afin de se libérer de ce démon du quotidien, qu'il s'agisse de cures, de voyages au fin fond du monde loin de toutes sources de vente potentielle ou la dévotion à la littérature et à la culture de l'âme dans d'obscur temple, rien ne fonctionnait et tout en ce bas monde semblait le rediriger inlassablement vers son addiction.

Le représentant du conglomérat Via Sannita, puissante association de capitaines d'industrie se spécialisant dans l'art de développer les travaux public d'infrastructure au sein des diverses composantes de la Sérénissime et qui avait notamment planifiée les extensions récentes du port militaire de Santa Leone, l'agencement des derniers entrepôts et lieux de stockage à la mode au sein de Miraglia ainsi que l'établissement de la voirie de Rio de Canossa, s'était aventuré loin du territoire républicain cette fois ci. Mandaté par les comités d'actionnaires à la tête des entreprises associés il avait ainsi pris la tête d'un comité d'investigation et flanqué de ses associé s'était précipité dans un vol d'affaire officiel à destination de la Listonie.

Objectif ? Réaliser une enquête sur les sites d'intérêts afin de préparer le terrain pour l'intensification des échanges commerciaux entre la Sérénissime et l'Empire Listonien, chose qui devait autant assurer la prospérité économique du sud de l'Eurysie plus encore que mettre un terme aux décennies passés de discorde et de mésentente tournant autour des querelles territoriales du siècle dernier qui n'avait à dire vrai d'un point de vue strictement financier plus aucune raison d'être. Un point sur lequel les magnats du privé fortunéens comme listoniens pouvaient s'accorder à l'inverse des politiques dont certains des plus retords et vieux jeux s'accusaient encore mutuellement de fascisme et d'impérialisme par interposition, procuration ou que savait-on encore, en bref l'inimité était encore présente au sein des vieilles strates de la politique et chacun y allait de ses armes. Cependant si l'on accordait encore un tant sois peu d'importance à leurs réquisitions respectives, dans les faits on balayait d'un revers de main ces dernières, après tout l'ère était à la finance, à la croissance, à la consommation et pas au nationalisme à deux lyres.

Toujours était-il que Dom Francis avait encore des doutes, était-ce réellement judicieux de s'associer, même uniquement sur le plan économique avec les Listoniens ? Après tout, ces derniers s'illustraient désormais depuis des mois par leur capacité à se fâcher avec toutes sortes de nations, qu'il s'agisse de la prospère et exotique Jashuria au Nazum jusqu'à l'austère mais pas moins excentrique Pharois Syndikaali dans le grand nord du vieux monde en passant par l'Empire des Mansas de Trylonie à la lumière du soleil d'afarée et depuis peu maintenant la nation des premiers peuples d'Aleucie du Ségren. Techniquement parlant le moins qu'on puisse dire c'est qu'ils ne discriminaient pas dans l'art de se créer des rivaux, voir même des ennemis semi voilés. Mais à cela, les investisseurs du conseil d'administration avaient vite répliqués en balayant d'un revers de main toute forme d'inquiétude que ce soit. En effet le gouvernement avait semble-t-il préparé le terrain et demeurait quoi qu'il arrive en embuscade afin de s'assurer que tout aille pour le mieux concernant les affaires du privé, il surveillait ainsi de très près les arrières du Conglomérat, laissant ainsi libre court aux manoeuvres de ce dernier avec une seule exigence, qu'il s'en tienne aux obligations du contrat.

Et celles ci, les règles du jeu comme on aimait à les nommer étaient simple, les financiers investissaient dans des projets d'infrastructure et dans le domaine du fret de tel manière à favoriser l'économie civile Listonienne pour non pas nécessairement intensifier les échanges mais tout du moins fluidifier ces derniers afin de maintenir un cour du négoce stable, ce qui était relativement important dans la vision fortunéenne de l'économie. Quoi qu'il en soit, les huiles avaient été clairs, même si aucune vague n'était souhaité, cela ne voulait pas dire que la tâche des investigateur serait de tout repos, ni même courte, car il ne s'agissait pas simplement de simple repérage. Il avait en effet été conclu que les comité du conglomérat en tant qu'investisseur disposerait d'un droit de regard sur l'utilisation des fonds. Une garantie logique émanant de l'observation réalisée au cours des derniers mois quand à la course à l'armement sans artifices auquel le gouvernement impérial se livrait, favorisant plus son industrie de l'armement ou dépensant des sommes colossales dans l'achat de matériel étranger et notamment auprès des puissantes sociétés de l'Alguarena qui n'en étaient pas à leur coup d'essai dans l'art de faire proliférer le matériel de destruction massive.

En effet, c'était là un risque réel, que l'Empire Listonien piétine toute forme de bon sens requis qui voudrait le développement de la prospérité à travers l'économie civile des échanges, du fret et du négoce afin de préférer la sidérurgie brute associée aux matériaux explosifs afin de construire des chars et des bombardiers plutôt que des cargos, des trains ou ou des avions de fret. Une vision possible et insupportable qui ne favoriserait personne sauf l'état-major Listonien éventuellement, mais certainement pas le milieu de la finance ni même les citoyens lambdas. C'était donc un enjeu primordial pour Dom Francis que d'ouvrir l'oeil et de veiller à ce que les recommandations qu'il fournisse au travers d'un rapport aux autorités compétentes Listonienne s'employant à définir les modifications de la voirie et plus généralement le développement urbain et notamment portuaire, soient si non suivies au moins considérés, quitte à fournir de multiples plans d'opportunités et alternatives le cas échéant. En effet, l'Empire Listonien demeurait vaste et répandu aux quatre coins du globe et même si des troubles s'élevaient ça et là avec diverses nations, tous les restes de son empire colonial n'étaient pas encore assaillis de toutes part par l'instabilité ce qui laissait une bonne marge de manoeuvre afin de permettre de tirer des bénéfices conséquents sur le long terme, si tant est que l'Empire arrive à se maintenir.

Mais points d'élucubrations sur la question, c'était le plan technique qui importait, et tandis qu'il achevait son mégot, Dom Francis ne pouvait que faire une constatation cinglante. Almada était une fort belle vite certes, et très certainement le nouveau poumon de l'économie Listonienne pour des raisons et des faits concrets, cependant... L'on pouvait faire mieux que en l'état, en termes de fluidité du trafic notamment et de capacité d'import export, tout particulièrement au niveau du port et de certains axes importants. Bloc note dans une main, crayon dans l'autre, l'intéressé s'en allait ainsi avec ses confrères réaliser des mesures, inspecter des zones délaissés et apprécier la valeur de l'efficacité des lieux, n'hésitant nullement à déverser un flot constant de critiques acerbes associés à des commentaires tantôt satisfaits, tantôt indigné. La Listonie d'aujourd'hui était passable, mais la Listonie de demain devrait faire mieux que son état actuel afin de prendre le train de la mondialisation et ne pas rester sur le carreau.

Toujours est-il que la journée s'annonçait longue, très longue.
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