[AFFAIRES ETRANGERES] Bureau fédéral aux affaires étrangères de l'Alguarena. - Page 5

Cher madame María Paula Noboa,

Sans doute ai-je quelque peu négligé nos discussions car trop rares furent les contacts diplomatiques entre les Îles Fédérées de l'Alguarena et le Pharois Syndikaali, je m'en désole. Qui sait si certaines évènements fâcheux n'auraient-ils pu être évités si, chacun pour sa part, avait pris temps et soin de ménager l'autre ?

Ce qui est fait est fait, nonobstant, et c'est le front ceint d'une inquiétude morbide que je vous interpelle aujourd'hui quant à la situation dramatique du Pontarbello. L'affaire date de la semaine dernière mais nous avons attendu d'en avoir tout le détail pour révéler à la presse l'immensité tragique de la situation. En effet, le régime de Santialche s'est rendu coupable de manière évidente de crimes de guerre, comme le témoigne la vidéo que je vous fais parvenir en assassinant froidement quatre civils et diplomates venu respectivement de la République Hafenoise, de Porto Mundo et de Shati Alqahwa, contrevenant par cet acte à toutes les règles de la guerre, si tant est qu'il en existe.

Jamais au grand jamais des civils ne doivent être pris pour cibles, surtout désarmés, surtout exprimant aussi clairement que dans cette situation leur souhait de parlementer. Dans la plus mauvaise foi des analyses, sans doute aurait-on pu souligner la légitimité du Pontarbello à les arrêter vivants, mais nous voyons-là que tel ne fut pas son choix et ce furent les balles qui répondirent à leurs demande de pourparlers.

De telles exactions ne peuvent raisonnablement être défendues par aucun pays, aussi j'invite les Îles Fédérées, dont la voix pèse dans le concert des nations, à se joindre à nous pour dénoncer ce crime abominable. Je n'ignore pas le poids, a minima économique, de votre nation sur la région et je pense qu'un geste d’apaisement serait avant tout autre chose de participer aux négociations entammées par le Pharois (et laissées lettre morte par le régime de Santialche) visant à libérer rapidement les militaires que celui-ci maintient prisonnier, au mépris de toute justice.

L'Alguarena ferait ici démonstration de son désir de voir réaffirmer le respect que nous devons aux soldats, en particulier entre des pays qui ne sont pas ouvertement en conflit ou en guerre. Du moins jusqu'à ce crime.

Il va sans dire qu'une telle intervention de la part des Îles Fédérées serait un grand pas en avant pour de futures collaborations entre nos nations respectives et qu'étant la puissance écrasante de la région, il serait incompréhensible que votre nation reste bras ballants devant une telle injustice.

Malgré les inimités que peuvent avoir des nations aux agendas et aux visions du monde différentes, j'ai bon espoir qu'en matière de condamnation des crimes commis envers des civils, nous trouvions un terrain d'entente et que pour des choses aussi fondamentales que le droit des innocents à être épargnés par les atrocités de la guerre, l'Alguarena et le Pharois Syndikaali sauront parler d'une même voix et réaffirmer leurs valeurs partagées.

Cher madame María Paula Noboa,

Je vous remercie chaleureusement pour vos mots. La dernière nation à avoir commis la mort d'un soldat Pharois était l'Empire Latin Francisquien et nous savons tous quel fut son malheureux destin. Aujourd'hui comme hier, j'aime à penser que le crime ne paie pas.

Je vous accorderai volontiers que les ambitions coloniales de l'Empire Listonien sont une faute historique, comme n'importe quel acte de spoliation de terre, par ailleurs, lorsqu'il est réalisé par la force au détriment de ses propriétaires légitimes. Le Syndikaali a plusieurs fois exprimé son soutien aux populations locales lorsque celles-ci, après la crise économique qui coupa la métropole impériale de ses routes commerciales ultra-marines, ne pu assurer seul la survie de ses citoyens. Certains de ces gestes menèrent à des indépendances, aussi croyez bien qu'il n'y a guère de nation plus sincèrement attachée à l'autodétermination des peuples que la notre.
C'est de fait d'autant plus fâcheux qu'à l'heure où nous nous présentions face au Pontarbello, en portant la parole du mouvement décolonial, celui-ci choisit d'ouvrir le feu. Un acte criminel qui le place au banc des nations, pour l'heure.

Ne vous en faites guère pour la défense des colonies listoniennes. Chacune a su trouver, avec ou sans notre aide, l'intégration régionale nécessaire à sa souveraineté. Et sauf à penser que les criminels du Pontarbello se lanceraient dans une croise à des milliers de kilomètres de chez eux, face à l'armée de Saint-Marquise, ou passeraient les portes des Détroits de la Manche Blanche, il s'en trouveraient naturellement coulés bien avant d'avoir atteint ne serait ce que les premières gouttes de ces ZEE. L'océan est vaste et Santialche un tout petit poisson.
Par ailleurs, nous ne doutons pas qu'en tant que votre influence s'exerce tout autour du territoire Pontarbellois que vous enclavez de vos eaux, nulle opération militaire extérieure à celui-ci ne pourra être commise sans que vous n'en soyez avertis et disposé sinon à intervenir, à nous prévenir pour appréhender les criminels.

La nature terroriste du régime de Santialche étant désormais chose acquise, j'espère pouvoir compter sur votre aide si jamais le moindre de ces criminels venait à avoir la sottise de s'aventurer hors de son trou.

Vos dires semblent donc corroborer les déclarations de la dictature, ce qui est une bonne nouvelle pour la communauté internationale endeuillée. Vous confirmez donc également nos craintes de voir le régime de Santialche instrumentaliser son crime et tourner l'affaire en prise d'otage. Si nous n'avions pas révélé nos propres informations, qui sait si les victimes n'auraient pas tout simplement disparues pour être révélées plus tard, et mise dans la balance d'odieux chantage.

Nous vous tiendrons au courant de l'évolution de la situation.