13/05/2013
16:04:33
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EDLF - Grand Kah

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Kotios, 1 Février 2005

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Il fallait y croire quand même : Un membre du gouvernement Francisquien à Kotios, c'est de la folie.

En fait, pas totalement.

Il y a quelques jours avant tout cela, quelques hommes ont été avertis de l'arrivée d'un homme francisquien a protéger à tout prix. Évidemment c'est la Francisquia Militia.

Savant parfaitement ce qui se préparait, elle n'a pas hésitée et a convenue de défendre à la fois le ministre francisquien mais aussi la dégélation Kah-Tanaise qui se rendrait au point de rendez-vous jusque-là tenu secret.

À 13h, la délégation francisquienne arrive et est chaleureusement accueilli par un capitaine de troupes mais très vite ils sont poussés à l'intérieur du bâtiment car on ne sait pas ce qu'il peut se passer dans ce territoire alors, pas de risques inutiles.
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Actée s'était déjà rendue en Eurysie à de très nombreuses reprises. Elle aimait bien, le vieux monde. Des berges chaleureuses de Fortuna aux jours sans fin, glaçants et splendides, du Makt. Pendant très longtemps son rapport avec ces régions avait été celui, un peu bourgeois, elle devait bien se l'admettre, de l'autrice célèbre. Elle faisait le tour des conventions. Des universités. Se traduisait dans toutes les langues et précédait toujours son succès, pour y confronter sa pensée à l'interprétation de ses lecteurs. Romancière adepte du réalisme magique, elle avait surtout brillé dans ses analyses socio-politiques, ses thèses sur la société et les individus. Sa façon toute particulière de concevoir l'individualité dans la communauté. De réintroduire une notion de « Moi », de « Soi », dans le grand rêve communaliste. Communiste. Une réponse constante aux critiques que les libéraux faisaient à sa famille politique.

Son arrivée à Kotios se fit d'ailleurs sous cet angle. Une citoyenne du Grand Kah, fût-elle membre de la Convention et, plus important encore, du Comité, n'en restait pas moins qu'une citoyenne. Elle vint seule, par ses propres moyens, salua quelques officiers de la Garde en faction dans la région, dîna avec les juges – elle entretenait une correspondance de nature personnelle avec plusieurs d'entre eux – s'arrêta dans les universités pour rencontrer les élèves, les professeurs, visita les ruines des quartiers touchés par la guerre… Prenait des notes. On aurait pu penser qu'elle venait humer l'air de la révolution, peut-être en préparation d'un nouvel écrit ? Peut-être par pure curiosité ? Kotios était une commune. La première qui survivait sans intégrer le Kah. Une anomalie, dans la conception historique et idéologique de l'Union. Peut-être que sa déléguée venait simplement l'analyser, la comprendre, de façon à adapter la politique que suivrait désormais son commissariat.

Le masque tomba finalement lorsqu'elle rencontra quelques-uns de ses vieux amis, envoyés sur sa demande en Francisquies, et restés de leur plein gré à Kotios pour y former le Club du Salut Public (Section Kotioïte du Grand Kah).

– "Ce ne sont pas des vacances, pas vrai ?"

La question venait de la citoyenne Zaïd. Elles s'étaient bien connues sur les bancs d'une même commune supérieure. Actée secoua doucement la tête.

– "Qu'est-ce qui m'a trahi, cette fois ?"

– "Mais vous, citoyenne. Vous ne prenez jamais de vacance. Tout pour l'Union. Ce sont vos mots, pas les miens."

Elle croisa les bras. Actée ne put s'empêcher de sourire.

– "Bon, d'accord. Mais que cela reste entre nous. Je vais rencontrer un Francisquien." Elle leva une main pour faire taire toute remarque. "Affaire communale, tout ça est très officieux, compris ?"

Le citoyen Arthem, particulièrement prompt à l'inquiétude, se redressa dans son fauteuil.

– "Où ça ?"

– "Ici, à Kotios."

– "La Garde sait ?"

– "C'est officieux." Elle secoua la tête.

– "Vous n'allez pas vous y rendre seule." Et, prenant les autres à témoin. "C'est inconscient."

Elle était bien d'accord, mais haussa tout de même les épaules. Finalement, la citoyenne Mérédith, qui était installée à l'écart, se racla la gorge.

– "La Section Défense se chargera de votre sécurité. On ne pourra pas mettre ça sur le compte de l'Union."

– "Ça me va."


Elle se présenta devant l'hôtel particulier. Rien n'indiquait que les hommes qui lui faisaient face étaient autre-chose que de simples civiles. Tout le monde avait des armes à Kotios, ceux-là ne faisaient pas taches. Ses propres compagnons, cependant, indiquaient clairement leur allégeance. Deux hommes et trois femmes, portant de longs manteaux blancs, les brassards de la Section Défense, des bérets noirs et des pistolets mitrailleurs à la ceinture. Celle qui semblait faire office de cheftaine, le nez et les lèvres constellées de piercing, portait un pin aux couleurs de l'Arc-en-ciel indiquant que cette cellule en particulier était une section militarisée LGBT+. C'était inhabituel, mais le message politique se voulait bienveillant : ces cellules en particulier de la Section Défense donnaient plus dans le social, la police de proximité et l'éducation populaire que la guérilla et la chasse au réactionnaire. Les gardes entrèrent à la suite d'Actée et de ses hôtes, ne leur accordant qu'un bref regard, le temps de considérer leur équipement et le niveau de menace qu'ils représentaient.

Actée, pour sa part, était détendue. Elle s'imaginait le pire mais n'en laissait rien paraître. Si c'était un piège... Non. Ce n'en était sans doute pas un. C'aurait été grotesque. Stupide. Même de leur part. Arrivée dans le salon où allait se dérouler la suite de l'entretien, elle approcha directement du ministre et lui tendit la main.

– "Quel plaisir d'enfin vous rencontrer en personne."

Elle souriait de son air toujours un peu froid, mais semblait sincère.
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Un geste, et tout aurait pu déraper.

Golionios vit du coin de l'œil ses hommes tenir fermement leurs armes et baissant la main à plat pour leur faire signe de ne pas bouger d'un centimètre. Il avait eu très peur qu'ils mettent en joug la citoyenne


Xénophilos Golionios : Citoyenne Actée. Installons-nous.

Cette rencontre à Kotios ne lui faisait pas réellement plaisir et en plus avec une représentante du Grand Kah, il y avait de quoi démotiver tous les diplomates francisquiens mais Golionios n'est pas un simple diplomate, c'est LE diplomate. Bien qu'il dû se forcer, il serra tout de même la main de la citoyenne.

Xénophilos Golionios : Avant que nous commencions avez-vous des questions sur cette rencontre?
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Les membres de la Section Défense, eux, étaient très calmes. Ils discutaient à voix basse, lançaient des regards en coin à leurs homologues francisquiens, ne semblaient pas vraiment inquiets.... Ce n'était probablement pas une question de professionnalisme, le corps Section Défense avait participé à la guerre, avait déjà démontré qu'il était parfaitement capable. Seulement ils étaient ici chez eux. Ils ne devaient pas considérer être nécessairement obligés de jouer les gros bras. Leurs fusils parlaient d'eux-mêmes, inutile de les accompagner d'un comportement peu accommodant, ou d'un quelconque stress susceptible de les pousser à des décisions stupides.

Actée pris place face à son interlocuteur. Elle inspecta une dernière fois la salle des lieux, puis plante son regard froid dans celui du ministre. Elle eut un petit sourire.

– "Initialement nous devions nous rencontrer à votre capitale, ce que j'ai refusé pour les raisons que vous connaissez. Le but de cette rencontre est, vous me reprendrez où je me trompe, d’établir les bases d'un dialogue informel entre nos pays et nos cultures." Elle se redressa sur sa chaise, et se força à afficher un sourire poli. "Ma question serait donc : que faisons-nous ici, quels sujets voulez-vous aborder ? J'insiste encore sur le fait que votre initiative me surprend autant qu'elle me plait."

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Xénophilos Golionios : Mon but est simple : Une diplomatie entre l'empire francisquien et le Grand Jah saine et sereine. Avez-vous remarquée que si ce n'est par Kotios ou bien le Damann nos deux pays se sont forgés une image de l'un et de l'autre abominable? Il est évident que ne sommes extrêmement différents mais tout de même...Nos deux nations se voient comme des terroristes.

Il est temps de remédier à tout ça et manu militari.

Puisque nous sommes à Kotios, parlons franchement et librement : Je veux que nos deux nations se côtoient et pour ça je voudrais commencer par vous parler de construction de lignes directes entre nos deux pays. Des lignes de voyage évidemment
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Manu militari, comment vous y allez monsieur le ministre. Elle se retourna sur sa chaise, lançant un regard amusé aux nombreux miliciens qui s'accumulaient de part et d'autre du petit salon. Ce n'est pas évident à dire en ces circonstances mais tout n'a pas à être un acte de guerre. Puis elle pivota à nouveau vers Xénophilos, retrouvant par la même son sérieux. Si vous me permettez de vous reprendre, je tiens à signaler que les kah-tanais – et donc l'Union dans son ensemble – n'ont rien contre la francisquie en tant que nation. Nous n'avons aucune haine existentielle envers votre peuple, sa culture ou ses frontières. Vous êtes globalement réactionnaires mais c'est un souci d'éducation et de système, pas de nation. Non. Si nous avions un problème avec votre nation cet échange n'aurait pas lieu d'être.

Elle se redressa un peu, son ton se fit neutre.

Cependant. Nous avons un problème, un problème très net, avec votre gouvernement. C'est vrai. Il incarne à nos yeux l'une des constructions sociétale les plus vile et haïssable qui soit. Et toute votre histoire récente illustre votre administration comme une machine folle, dévorant ses enfants et, à l'occasion, écartant ses jambes pour pondre de nouveaux meurtres. C'est vrai. L'Empire est une nation qui a tué, autant ses propres ministres que les citoyens étrangers. Et souvent – toujours ? – pour des raisons soit obscures, soit totalement ubuesques. Nous n'attendons pas grand-chose de votre gouvernement.

Elle joignit les mains sur la table, indiquant d'un signe au ministre de la laisser terminer.

Maintenant même une institution que nous considérons vérolée peut donner, à l'occasion, naissance à des initiatives souhaitables. Et être, par moment, traversée par quelques individus plus recommandables que les autres. Je pense à vous, dans le cas présent. Bref. Tout accord entre nos deux gouvernements serait aberrant. Contre-nature. Mais nos peuples peuvent s'entendre, à cela je n'ai rien à redire ou à vous apprendre. Vous savez que le Kah est internationaliste. Que pour nous les hommes et femmes sont victimes des frontières qu'ils habitent, et des systèmes qui les oppresse. Pour toute notre détestation de votre monarchie, nous n'avons rien contre ses sujets.

Actée écarta les mains.

Les lignes de voyage sont envisageables. Je ne peux pas me prononcer sur leur succès, considérant le passif qu'a votre nation à assassiner les étrangers se trouvant sur son sol, ou à les refouler à la frontière sans explication, mais sur le principe rien n'empêcherai d'ouvrir la possibilité à ces voyages. Malgré l’improbabilité de leur exécution finale. De même d'autres alliances entre nos sociétés civiles – bien que le terme n'ait aucun sens chez nous où la société civile se gouverne elle-même ni chez vous ou elle est entièrement dominée par un monarque – est envisageable. Accords universitaires, échanges culturels, commerce de produits de consommation culturelle et ainsi de suite. À défaut de rapprocher votre gouvernement de notre union, cela permettra à nos peuples de mieux se comprendre. Ce genre d'initiative évitera peut-être, comme vous dites, que nous continuions à nous percevoir comme autant de terroristes. Nous pourrions aussi ouvrir des consulats – notez bien, je ne parle pas d'ambassades pour le moment – pour accompagner ces initiatives.
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Xénophilos Golionios :

Évidemment. Je connais parfaitement cette idée qui dit que les pays ne se connaissant pas ne se déteste pas et bla bla bla. Vous pouvez le nier si vous le souhaitez mais si l'on demande à un kah-tanais et un francisquien ce qu'ils pensent l'un de l'autre je peux déjà vous dire ce qu'ils vont vous répondre.

En ce qui concerne l'ouverture de consulats je vous arrête tout de suite : C'est un non. Le peuple francisquien a déjà beaucoup de mal à tolérer qu'une ambassade étrangère puisse prochainement prendre place à Latios alors un consulat Kah-tanais... Cependant si l'idée de voir un consulat kah-tanais brûlé toutes les semaines ne vous dérange pas, je ne peux pas vous faire changer d'avis.

Les francisquiens ont toujours détestés ce qui est étranger à eux, ceci serait une provocation. Pour autant, puisque vous semblez favorable aux lignes de voyages alors parlons-en :

Je propose d'abord une première ligne de test car il est effectivement possible que ce soit un échec mais cette ligne ne relierait pas nos capitales car là encore, le risque est grand. Je vous propose de relier la ville de Kronotias à Cuetlachquiauhco, elle pourrait peut-être avec leur nombre restreint se rapprocher, il vaut mieux viser petit pour le moment.
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Détrompez-vous. Le racisme et la xénophobie ne font plus partie de notre culture depuis plus d'un siècle. C'est votre gouvernement et ses agents que nous méprisons au plus haut point. L'homme, oppressé et bloqué dans un cercle culturel l'empêchant d'acquérir les moyens de son émancipation politique et personnelle, est perçu comme une victime. Ce qui n'est pas nécessairement beaucoup mieux, je vous l'accorde.

Elle eut ensuite un petit rire.

Comme c'est folklorique. Vous venez me voir pour normaliser les relations mais admettez vous-même que votre peuple en est à ce point bloqué dans les conceptions racistes imposées par votre régime pendant des décennies que ce qui fonctionnerait avec n'importe quelle nation "normale" est impensable avec la vôtre. Elle secoua la tête. Enfin soit. Pas de consulat. Mais si les vôtres sont du genre à brûler les structures de l'Union je les vois mal ne pas faire de même avec ses ressortissants. Concernant Cuetlachquiauhco, maintenant, c'est envisageable. Je veux dire, n'importe quelle ville serait envisageable : comprenez bien une fois encore. Si vous haïssez les étrangers ce n'est pas notre cas. Nous ouvrir à des pays extérieurs n'a rien d'un évènement pour le Kah. Quand bien même la réciproque n'est pas vraie. Il n'y aura pas de problèmes venant de notre côté de la frontière, si je puis dire. Tout de même : cette ville est un bon choix. Elle est relativement isolée mais bien équipée, moderne, avec une vie culturelle et étudiante très intense. Saviez-vous que les plus vieilles structures monumentales construites par l'homme mise à jour pour le moment se trouvent à proximité ? Une espèce de cirque à flanc de colline. L'une de mes camarades du comité en parle constamment. C'est fatiguant, mais je suis sûre que ce doit être très intéressant à voir.
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Le Ministre était presque amusé des réponses que donnait la citoyenne

Xénophilos Golionios : Alors je pense que nous pourrons déjà faire appel à des spécialistes en la matière pour l'ouverture de cette ligne.

Je pense que l'entreprise Fraercisquia pourra parfaitement répondre à nos attentes du côté francisquien.

En ce qui me concerne j'en ai finis.
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Très bien. Et à ce propos, il pourrait être intéressant que l'empire intègre l'Organisation Mondiale de l'Aviation. Non pas que ce soit nécessaire, mais cela faciliterait l’ensemble des protocoles d'approche et de transit entre nos deux pays.

Elle se leva de sa chaise, époussetant les pans de son manteau.

Nos services vous tiendront au courant des réponses que donneront les communes concernées à votre offre. Je suis sûre que tout se fera aisément. Et si nous n'avons rien à ajouter...

Elle acquiesça. Les miliciens de la Section Défense se redressaient, cessant de discuter, saisissant leurs armes et faisant corps près de la porte.

Il ne me reste qu'à vous souhaiter un bon voyage de retour.
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Le ministre francisquien fit de même et parti du lieu de rencontre avant de quitter la commune de Kotios
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