17/05/2013
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Il Palazzo Ducale

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Il Palazzo Ducale

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La vieille salle d'audience des doges Fortunéen au sein même du palais de Fortuna


Situé en plein coeur du centre historique Fortunéen, siégeant sur l'île principale de la Lagune et bordant la célèbre place San Salieri et sa Basilique, s'élève Il Palazzo Ducale, le palais des doges. C'est en ce lieu aux milles et unes légendes qu'a été proclamée l'avènement de la République afin de succéder au gouvernement communal au cours du moyen-âge, désigné comme siège du pouvoir et résidence des dirigeants de la République. Cette antique bâtisse n'a plus grand chose à voir avec son état d'origine, rénovée à travers les âges et embellie de multiples oeuvres d'arts, de mobilier exotique et dernièrement équipée des nouvelles technologies, elle remplie ainsi encore son rôle de lieu de pouvoir à merveille. Toutefois, si les officiels de l'administration républicaine sont aussi nombreux que le service de sécurité officiant en son sein ainsi qu'aux alentours et ce au sein des innombrables salles, bureaux et autres antichambres composant les lieux, l'on trouve aussi une faune plus exotique. En effet, une partie des lieux est ouverte au public durant des jours et des heures précises et ce sous la forme de visites guidées et strictement encadrées, bien qu'elles ne concernent qu'une seule aile du Palais, celle ci offre un avant-goût des merveilles que l'on peut y trouver, galeries de portraits et autres peintures, chambres d'époque ayant appartenu à des dignitaires, hall hébergeant des maquettes de vaisseaux médiévaux ou bien peut être l'ancienne salle d'audience des Doges où s'organisent encore de temps à autres de fastueuses réceptions, il y en a pour tous les goûts. Ainsi, touristes, vacanciers et autres lettrés viennent des quatre coins du monde afin de pouvoir contempler le patrimoine dont la ville qui sombre s'enorgueillit, ceci sous les regards vigilants de la garde ducale, mais aussi d'ombres fugaces courant entre les murs du palais, au sein de passages oubliés de tous.
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Gouvernement Républicain

(2003 - 2010)

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Francesca Federica Di Fortuna, Doge de la Sérénissime



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Il Signore Patrizio Derrizio, Conseiller Ducal de la "Terra Incognita"



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Amadeo Dandello, Grand Amiral d'Il Stato da Màr



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Léandro Silvario, Gouverneur de Canossa



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Juan di Forenza, Amiral de Canossa
6111
15 Juillet 2003,
Fortuna, Palais des Doges,

Une visite surprise


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Francesca Federica di Fortuna, Doge de la Sérénissime

Le soleil pointait timidement à l'horizon, éclairant progressivement l'ensemble de la Lagune de sa douce lumière et marquant par la même occasion le début d'un nouveau jour au sein de la cité qui sombre. Pourtant, tandis que la plupart s'éveillaient péniblement de leur torpeur, une poignée était déjà à l'oeuvre depuis au bas mot quelques heures. L'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt disaient-on, en l'occurrence il s'agissait de l'avenir de la République. Retranchée dans son bureau en plein coeur du Palais des Doges, Francesca Federica avait passée une nuit pour le moins courte. Là bas, dans cette antique pièce siégeaient tapisseries du Varanya vieilles de plus de trois siècles, des vases de porcelaines venus d'orient installés sur des bustes de marbres sculptés à travers toutes les carrières du vieux monde, ainsi qu'une volée de portraits des quatre derniers doges, tous des Di Fortuna. Un mince échantillon des trésors qui se trouvait dans le vieillissant siège du pouvoir Fortunéen, pour autant, ce qui attirait immédiatement l'attention lorsque l'on pénétrait en ces lieux n'était pas ces reliques d'un autre âge, mais bien les interminables piles de dossiers disposés ça et là, parfois dans un désordre innommable. D'ordinaire, si ceux ci était présents en grands nombre, il ne s'agissait en moyenne que d'une pléthore de rapports parfois sans grande conséquence et largement négligeable sur divers secteurs économique, rien de bien affolant en soit, à peine des chiffres, parmi lesquels se glissaient d'authentiques sujets sensibles. Mais ces dernières décennies, lesdits sujets sensibles n'avaient cessés d'augmenter et ce de façon imprévisible. Les travers de la mondialisation croissante et de la course au progrès diront nous. La fin soudaine du mandat du dernier Doge n'avait par ailleurs en rien arrangée la situation, et des cas déjà sur la table lors de son ère avaient ainsi été transmis à la nouvelle Doge. Les sujets abordés étaient variés, concernant les réformes doctrinales mais aussi la modernisation du matériel de la flotte notamment, les prochains grands accords commerciaux, les plans d'investissement de Canossa ou bien le développement des industries de l'aéronautique. Toutefois, à ceci prévus de longue date s'étaient rajoutés à l'improviste des nouvelles nécessitant une attention toute particulière et un tact important.

La situation au Varanya en premier lieu, un des leaders mondiaux de la production de pétrole qui se voyait déchiré de l'intérieur par une guerre civile larvée. Ce qui avait de quoi faire froncer les sourcils au plus ignorant des économiste en soit, mais qui faisait surtout grincer les dents des politiciens Fortunéen pour d'autres raisons. En effet, les relations entre la Sérénissime et l'Empire meurtrie étaient relativement mauvaise depuis plusieurs décennies désormais, ce alors que plusieurs illustres familles avaient de nombreux liens, parfois du sang avec les riches bourgeois locaux, et par cet intermédiaire de nombreux intérêts, en cause l'asile accordée par les Shah précédents et encore aujourd'hui d'actualité à une des familles Patriciennes subissant la très controversé Loi d'exil. Celle ci ayant été instaurée lors du grand "nettoyage" républicain orchestré au siècle dernier. Alors que la plupart des autres "victimes" de ladite loi avaient vues leur Fortune être saisie par le gouvernement et la plupart de leurs possessions démantelés, les Litaris, car c'était là le nom de cette famille, avaient réussis à fuir la capitale avec leurs biens et s'étaient trouvés des amis et protecteurs en la personne du Shah de l'époque et de ses proches. Encore proche du pouvoir Varanyen aujourd'hui, ils participaient activement à entretenir une discorde permanente avec la Sérénissime, profitant d'un large soutient de la faction des héritiers au sein du sénat qui ne cessait depuis peu de réclamer la levée de la loi d'exil, mais aussi un positionnement du gouvernement du doge en faveur du pouvoir central de Thadimis. Ceux ci timidement soutenus, et c'était là le vrai problème par une bonne frange du reste de la classe politique qui pensait tout d'abord d'un point de vue économique, restaurer les relations avec le Shah était pour eux une nécessité et les considérations démocratiques ou quelques quels soient n'avaient pas leur voix au chapitre. Une attitude classique, aussi vieille que Fortuna, le temps c'était de l'argent et beaucoup voyaient là une opportunité de sortir avec une influence importante sur la région de cette sinistre affaire.

Plongée dans ses pensées, et méditant sur l'approche à employer sur ce sujet sensible, Francesca fut brusquement tirée hors de cet état par la collision d'un poing avec la porte du bureau désormais en mouvement. La tête de l'un des valets émergea alors, suivit de l'ensemble de son être et d'un plateau qu'il portait sur lequel siégeait une tasse de thé.


Valet - Votre Grâce, le thé que vous avez demandé.

Annonça-t-il en déposant la tasse sur une table basse proche du fauteuil où siégeait le Doge, ceci avant de s'éclaircir la gorge, visiblement ennuyé.

Valet - Votre Grâce, la Signora Alexandra Rimini, est aux portes du Palais et demande une entrevue.

La doge arqua un sourcil face à l'annonce. Il n'y avait point de rendez-vous quel qu'il soit à l'ordre du jour avec la famille Rimini. Pour autant, cette situation qui se présentait n'était pas totalement inattendu, les intéressés étaient une des familles Patriciennes ayant conservée son siège au sénat, membres fervents de la faction des républicains, ils étaient largement versés dans la Finance par l'intermédiaire de plusieurs banques prestigieuses leur appartenant. Il y a peu, lesdites banques avaient réalisés une série d'investissements et d'offre de crédit à des taux avantageux, ceci à destination de plusieurs arsenaux à travers le territoire républicain, la famille avait même pour l'occasion remis à pied d'oeuvre ses propres industries d'armement et aciéries, délaissés largement depuis près de trente ans. Des mouvements d'autant plus curieux qu'ils s'affichaient de plus en plus régulièrement sur la scène politique en soutient au front démocratique du Varanya, et pour cause, de tous les patriciens Fortunéen, les Rimini étaient ceux avec le plus de liens du sang au sein des grandes fortunes du lointain empire et par la même occasion, ceux qui avaient le plus d'intérêt à voir les rebelles triompher. En cette période où la question du positionnement du gouvernement républicain dans cette crise revenait de plus en plus souvent sur le devant de la scène politique, les motivations de cette visite surprise étaient claires comme de l'eau de roche. Qui plus l'illustre Dame savait à qui s'adresser, une autre famille fut-elle en place au sein du Palais des Doges, jamais n'aurait-elle pris la peine de se déplacer. Mais les Di Fortuna avaient eux aussi des raisons de se positionner dans le même sens.


Francesca Federica di Fortuna - Dites à Madame Rimini que j'accepte de la recevoir séant.
7821
15 Juillet 2003,
Fortuna, Palais des Doges,

L'heure n'est plus à l'attente


Valet - Si Madame veut bien se donner la peine...

Après environ une dizaine de minutes, la porte du bureau du Doge venait à nouveau de s'ouvrir, plus largement cette fois ci. Le valet, dans l'encadrure de celle ci exécutait une brève révérence et d'un geste de la main invitait son interlocutrice à pénétrer dans la salle.

Alexandra Rimini -
Je vous remercie.

Répondit simplement cette dernière alors qu'elle émergeait désormais dans le bureau, arborant une tenue sombre et austère, contrastant ainsi avec les riches atours que la Dame se plaisait à afficher dans la sphère publique, mais conservant tout de même un port altier auquel l'on associait communément un regard que certains qualifiaient d'inquisiteurs tandis que d'autres le jugeait simplement déterminé. Voilà sous quel apparence Alexandra Rimini, héritière de l'une des plus grandes fortunes de la République et propriétaire de plusieurs des banques les plus prospères du Monde, ce sans compter les multiples compagnies et industries faisant partie du patrimoine familiale. En soit, l'une des personnalités les plus influentes de la République, représentée jusqu'au sénat par son Frère, tenant du siège sénatoriale accordé ad vitam aeternam à sa dynastie.

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Alexandra Rimini, Matriarche de ladite dynastie patricienne

Alexandra Rimini - Votre grâce...

Entama-t-elle, hochant brièvement la tête en guise de salutation à l'attention du Doge, ce sous le regard désapprobateur du Valet encore présent à la lisière de la salle.

Francesca Federica di Fortuna - Signora Rimini... Prenez donc un siège je vous prie. Que me vaut l'honneur de votre venue pour le moins inattendue ?

Répondit le Doge, lui adressant le même geste de salutation accompagné d'un large sourire bienveillant que quiconque avec un minimum d'expérience sur la scène politique Fortunéenne saurait déterminer comme on ne peut plus faux et caractéristique du concept de masque de chaire qui avait été élevé au véritable rang d'art au sein de la cité qui sombre. L'intéressé se contenta d'un léger rictus en coin alors qu'elle prenait place au sein d'un fauteuil, faisant face à la dirigeante de la Sérénissime...

Alexandra Rimini - Est-il vraiment nécessaire de le préciser ? Vous savez pertinemment quel est l'objet de ma visite, la question serait plutôt de savoir si vous souhaitez que je vous l'expose avec les formes...

Le faciès du Doge se changea alors, adoptant une expression plus neutre et authentique tandis que d'un geste de la main, Francesca Federica congédiait le Valet qui se retira en exécutant une révérence, fermant la porte derrière lui.

Francesca Federica di Fortuna - Allons droit au but si vous le voulez bien. Je ne suis point d'humeur pour les apparences.

Madame Rimini acquiesça, joignant ses mains devant elle.

Alexandra Rimini - Soit. Comme vous devez le savoir, la situation au Varanya est encore en mouvement, les autres états se positionnent ça et là en fonction de leurs intérêts, et pour la grande majorité en faveur du Tyran faisant office de "Leader bienveillant" pour peu qu'il abdique en faveur de son fils. Comme si changer la devanture de la structure allait renforcer les fondations pourris qui menacent de s'effondrer à tout moment.

Francesca Federica di Fortuna - Et la majorité des ténors de la sphère publique s'accordent à dire qu'il convient de se ranger du côté du Shah à notre tour.

Alexandra Rimini - En effet, mais hormis les héritiers qui agissent pour des raisons éminemment politiques, la majorité est simplement prudente. Une simple coalition d'intérêts économiques, tous espèrent un réchauffement des relations afin de développer leurs affaires, et le maintient d'un semblant de Statut Quo et le pardon des trahisons du passé semblent un bien maigre prix à payer. Et tout comme eux, les Rimini ont aussi un certains d'intérêts à faire valoir, mais pas avec le Shah encore en place.

Francesca Federica di Fortuna - Bien évidemment, nul n'ignore les liens entre l'illustre maison des Rimini et un certains nombre de grands bourgeois de cette lointaine contrée, d'ailleurs si je ne m'abuse, votre mère elle même est originaire du Varanya... Cependant, vous ne me ferez pas croire que votre démarche et votre présence sont seulement en rapport avec les liens du sang. De quelles opportunités parlons nous concrètement ?

Alexandra Rimini - Des dizaines, voir des centaines. Nos "cousins" démocrates ont la main mise sur une part importante de l'économie locale et sont favorables à nos... Investissements. Des milliers d'actions dans des industries et compagnies diverses et variés... Après tout, les idéaux aussi nobles soit-ils ne payent pas l'équipement nécessaire à une révolution. Et dans tous les cas, il faudra reconstruire après avoir détruit.

Francesca Federica di Fortuna - Car le Shah et sa famille n'abandonneront jamais le pouvoir. La guerre civile semble alors inévitable. Toutefois si le tyran triomphe...

Alexandra Rimini - Nous pouvons nous attendre au pire à une purge généralisée, bien que cela soit improbable dû aux... "Exigences" des soutiens étrangers de Thadimys. Mais à minima, nos chers cousins verront leurs possessions saisies et avec elles tous nos projets.

Le Doge arqua un sourcil


Francesca Federica di Fortuna -
"Nos projets" ?

Arrivée avec un élégant sac à main, la Rimini plongea sa main dans ce dernier, faisant émerger de ce dernier une lettre cachetée à la cire écarlate comme aux temps jadis qu'elle tendit au Doge qui s'empressa de l'ouvrir, sortant alors de ce dernier un long papier sur lequel se trouvait une pléthore de noms et de signatures. Une inspection poussée de ces derniers amena Francesca à plisser des yeux.

Francesca Federica di Fortuna - Les Cantari ont approuvé un soutient aux démocrates du Varanya ? Il me semblait pourtant que le Sénateur Andrea était une des voix les plus virulentes s'opposant catégoriquement à ne serait-ce que l'idée de procéder ainsi.

Alexandra Rimini - Le sénateur réprouve l'idée en effet. Mais ses petits enfants pensent autrement, et à l'heure actuelle ce sont eux qui tiennent les rênes de plus de la moitié des possessions familiales, le vieil Andrea perd de chaque jour plus de contrôle sur sa maisonnée. D'ici quelques semaines, son influence sera réduite à peau de chagrin et il sera forcé quoi qu'il arrive de revoir sa position.

Le Doge fronça légèrement les sourcils tout en continuant la lecture du document.

Francesca Federica di Fortuna - Voilà qui change beaucoup de choses. Il semble que j'ai largement sous estimé le nombre de vos partisans.

Alexandra Rimini - Il est vrai qu'ils ne sont pas les plus visibles, mais tous pensent comme nous qu'il faut prendre des risques afin d'obtenir des gains conséquents. Tous ont intérêt à soutenir la montée des rebelles, peu importe qu'ils intègrent des extrémistes et des communistes. Vous noterez d'ailleurs la présence de...

Francesca Federica di Fortuna - De mon cher paternel. En effet... Les péchés du père doivent être poursuivis par ses enfants après tous, et ce à chaque génération.

Alexandra Rimini - Les Litaris sont une plaie depuis trop longtemps.

Francesca Federica di Fortuna - Un poison insidieux qui fera pourrir les fondations de la Sérénissime si nous pardonnons les affronts du passés et leur permettons de regagner la cité... Mais faisons fis de ces considération, inutile d'aller plus loin, vous nous avez convaincu. Que comptez vous faire, et surtout qu'attendez vous du gouvernement afin de faciliter vos affaires avec les démocrates du Varanya ?

Un large sourire se forma sur le visage de la Rimini.

Alexandra Rimini - Peu de choses à dire vrai, un mandat afin "d'apporter de l'aide humanitaire" aux populations civiles, l'assurance que l'état de la mer nous laissera toute latitude pour ceci et l'exécution de toutes les actions nécessaires afin d'empêcher les héritiers de tenter d'interférer. Nos banques, nos arsenaux, industries et nos sociétés de sécurité se chargeront d'assister le peuple Varanyen dans les épreuves qu'il traverse.

Le Doge laissa échapper un bref soupir. Les prochaines allaient s'annoncer mouvementés sur la scène politique.

Francesca Federica di Fortuna - Vous avez notre bénédiction. Dédiez vous à votre entreprise, nous assurerons vos arrières. Cependant, tenez vous le pour dit, cette entrevue n'a jamais eut lieu, et si toute cette affaire tourne mal, le Gouvernement ne prendra pas le retour de bâton pour vous.

Alexandra Rimini - Bien évidemment. Sur ce votre grâce, je vais me retirer et vous souhaite une agréable journée.

Francesca Federica di Fortuna - De même Signora Rimini...

Sur ces mots, la patricienne s'éclipsa, laissant le Doge à nouveau seul en son bureau. Se tournant vers la tasse de thé qui avait été largement délaissée sur le côté, la constatation fut saisissante, le si précieux liquide contenue en celle ci était froid. Fronçant les sourcils, Francesca fit mander le Valet qui se présenta prestement devant elle.

Francesca Federica di Fortuna - Allez donc me chercher une nouvelle tasse de thé... Et pendant que vous y êtes allez faire mander l'Aquila... J'ai des instructions à transmettre à la Cour.

L'intéressé s'inclina et s'exécuta prestement.
9733
6 Juin 2004,
Fortuna, Palais des Doges,

Murmurer à l'oreille de la bête


Le Palais des Doges comportent de nombreuses ailes et salles, toutefois l'existence de certaines, dissimulés derrières de faux murs, librairies amovible et autres passages dérobés demeure un secret connue d'une poignée de personnes.
Le Palais des Doges comportent de nombreuses ailes et salles, toutefois l'existence de certaines, dissimulés derrières de faux murs, librairies amovible et autres passages dérobés demeure un secret connue d'une poignée de personnes.

D'aussi loin qu'on se souvienne, Fortuna, la ville qui sombre, avait toujours fasciné. Déjà par son agencement relativement particulier, si ce n'est unique dû à sa présence même sur la lagune et les contraintes en résultants, mais aussi grâce aux nombreuses légendes et mythes étroitement liés à l'histoire même de la ville. Depuis le Moyen-âge, elle avait en effet rayonné aux yeux de tous en tant que coeur de commerce et haut-lieu de mécénat, mais même dans les ombres, tel une gemme noire elle captivait les regards de par les multiples intrigues se jouant en son sein. Combien de contes, fables et autres ragots existent-ils, mentionnant de sinistres meurtres et disparitions soudaines ne trouvant aucune explications, clamant l'existence d'immenses richesses dissimulés au fin fond de cryptes engloutis, ou bien murmurant la présence de multiples cultes et autres sociétés secrètes disposant chacune d'un siège au sein de grottes courant sous la lagune ? Beaucoup trop à dire vrai, ce qui participait largement à établir une certaine aura mystique dans les esprits de nombre d'être. Pour autant et jusqu'à preuve du contraire, il ne s'agissait là que de légendes sans fondements, des exagérations et des on-dits détournés à travers les siècles trouvant leur origine dans quelques beuveries. Du moins, c'est là ce que toute personne non initiée répondra. La vérité n'est jamais simple, et il en va de même pour la cité sur la lagune, si nombre des mythes et contes la concernant sont certainement faux ou largement déformés, une certaine part de vérité y trouve cependant sa source.

Bien que la ville ne soit pas un gruyère digne d'une théorie du complot comme certains le pensent, elle dispose tout de même de ses mystères et secrets. Ou plus précisément, certaines bâtisses bien précises en dispose. En soit, plusieurs demeures délaissés, vastes villas patriciennes et autres lieux hautement stratégique ou célèbre disposent de leurs lots de passages et de pièces à l'abri des regards indiscrets. Certaines remontent à l'époque moderne, où les complots étaient monnaie courante, d'autres plus récentes étaient le siège de sociétés secrètes désormais dissoutes et ne sont plus que des ruines d'un autre âge, une poignée encore existe à des fins uniquement stratégique afin d'assurer la défense de la ville face à d'éventuels invasions. Mais de manière générale, peu sont encore usités. Il n'en est cependant pas de même au sein du siège même du pouvoir Fortunéen, le palais des doges. En effet, les lieux disposent d'un certains nombre de salles non répertoriés sur les cartes officielles et dont les accès sont largement dissimulés, connus uniquement de quelques occupants des lieux, à commencer par le Doge, mais aussi de ses fidèles serviteurs des ombres de la Masquarade. Dans les faits, il s'agissait là d'un moyen pour l'organisation de pouvoir contacter la plus haute autorité de la république à l'abri des regards indiscrets, mais les salles secrètes avaient aussi une seconde utilité, celle de stocker loin des regards de nombreuses pièces de collections, certaines précieuses dont des répliques étaient affichés quand à elles en public, d'autres qui feraient scandales si l'on venait à apprendre que le gouvernement républicaine en avait la possession, et une poignée encore servant d'outils et d'accessoires afin de planifier quelques actions en comité restreint.

En ce début de journée de juin, alors que le soleil s'élevait à peine, le Doge qui s'était levé de bonne heure pour s'enfermer dans son bureau avait expressément fait savoir que nul ne devait la déranger jusqu'à nouvel ordre, ni même pénétrer sur son site de travail par ailleurs. Pour la plupart du personnel, il ne s'agissait que d'un caprice afin d'obtenir quelques heures de calme absolue pour méditer sur quelque projet que ce soit, mais pour les initiés aux mystères des lieux, c'était là le signe que "la Cour" était de visite. Aussi, pour les uns comme pour les autres, mieux ne valait-point risquer l'ire de sa Grâce.

Mais tandis que chacun vaquait alors à ses occupations, au sein d'une salle poussiéreuse où plusieurs bibliothèque emplis d'ouvrages anciens côtoyaient des cartes venues tout droit d'un autre âge avec au coeur même des lieux, un large planisphère qui semblait pour sa part être à aux normes géographiques de l'époque, une étrange assemblée s'affairait à discuter avec le Doge. Un triumvirat de silhouettes encastrée dans des robes d'ébènes arborant chacune un masque dont les traits rappelaient un canidé, que l'on surnommait au sein de la masquarade, le Cerbère.


Francesca Federica di Fortuna - J'ose espérer que la Cour apporte des nouvelles de bonne augure cette fois.

Deux des silhouettes se penchèrent en avant, s'inclinant, un pied devant, l'autre légèrement en arrière tandis que que le poing droit se plaçait alors sur leur torse alors que gauche venait se dissimuler dans leur dos. La troisième demeura droite comme un piquet, mains jointes devant elles tout en fixant droit dans les yeux sa Grâce.

Le Cerbère - Vos humbles serviteurs se sont occupés de cette regrettable bavure Donna Francesca... Les documents ont été récupérés et sont de retour à la place qu'ils doivent occuper. Les brigands ainsi que les avares et autres collaborateurs ayant eu vent de l'affaire ont tous reçu leur juste châtiment. Le statut Quo est par conséquent restauré.

La patricienne plissa des yeux l'espace de quelques secondes, laissant échapper un soupir que l'on devinait contenir un subtil mélange de dépit mais aussi de soulagement.

Francesca Federica di Fortuna - Il est regrettable d'avoir eut à prendre de pareille mesure, mais nous sommes satisfait de l'action de la Cour. Mais dites moi donc, vos agents sont-ils encore présents dans les mers du nord ? Ou bien sont ils déjà de retour dans des eaux plus chaudes ?

Le Cerbère - Le Vieillard et ses gens se sont éloignés des terres Pharoises mais demeurent encore sur les rivages nordiques afin de régler quelques derniers détails avant de quitter les lieux.

Le Doge ne laissa échapper nul sont à l'écoute de la réponse, portant sa main à son menton, vraisemblablement plongée dans d'intenses réflexions. Ce avant de se diriger vers le planisphère et de pointer du doigt dessus une péninsule eurysienne placée depuis peu sous le feu des projecteurs.

Francesca Federica di Fortuna - Très cher Cerbère, êtes vous au fait des récents évènement ayant eut lieu sur les côtes du soit disant "Empire Latin Francisquien" ?

La voix du triumvirat laissa échapper un léger ricanement, faisant signe dans un même temps à ses comparses de se retirer plus en arrière, ce tandis qu'il avançait d'un pas léger vers le planisphère.

Le Cerbère - Nul au sein de la Cour n'ignore la sinistre affaire opposant les latins aux Pharois, bien au contraire, celle ci accapare toute l'attention et laisse tomber plus encore dans les ombres nos actions passés. Un malheureux évènement en soit, mais fort bienvenue nous concernant à dire vrai. Ce qui encore plus vrai à ce jour vis à vis des nouvelles annonces réalisés par le gouvernement impérial. Cependant, votre grâce doit déjà en être informée elle même, la question qui se pose alors est la suivante: Que souhaitez vous donc que la Cour accomplisse ?

Une mine irritée s'éleva alors sur le visage de la dame, ce tandis qu'elle balayait les régions nordique de son regard.

Francesca Federica di Fortuna - Simplement un avis. Vous n'êtes pas sans savoir que Dom Altarini s'est encore une fois illustré lors de son émission. Et bien évidemment, comme à chaque fois, la société fortunéenne a été emportée dans ses frasques et se passionne désormais des troubles au nord. La la barbarie des latins n'était déjà plus à démontrer, mais les nouvelles annonces de ce gouvernement de sauvages ne vont point faire taire l'affaire, au contraire, elle va s'amplifier et dans l'état actuel des choses, la République se trouve indirectement impactée.

Le Doge marqua une pause, parcourant de l'index de sa main gauche le planisphère, s'arrêtant sur le territoire de l'empire.

Francesca Federica di Fortuna - En soit, nous pourrions laisser faire, ce ne serait qu'un débat de plus, un de ces états voyous qui servirait la rhétorique républicaine par ses actions. Cependant, au vue des récents développement, de la possibilité d'escalade, mais surtout de la création de cette alliance du nord, le futur semble relativement incertains. Une guerre en Eurysie, aura obligatoirement des conséquences, à minima économiques. Aussi la question se pose, si théoriquement nous ne sommes pas directement concernés, devons nous toutefois laisser faire ?

Le Cerbère - Sauf votre respect Donna Francesca, depuis quand le Palais Ducal se souci-t-il d'être concerné ou non par les affaires d'autrui afin d'intervenir de manière plus ou moins explicite ? Nous savons tous deux très bien que la doctrine du statut Quo n'est qu'un prétexte et un faire-valoir en déclin. Vos prédécesseurs comme vos ancêtres n'ont eu aucun scrupule à s'ingérer dans les affaires des royaumes et états d'antan d'Afarée et de Nazum. Vous flairez une opportunité qui permettrait d'obtenir une relative influence, la question ne se pose donc pas, il faut la sairi. Cependant, la véritable question serait plutôt de savoir si l'un ou l'autre des partis daignerait écouter vos arguments, et ce peu importe lesquels.

Francesca Federica di Fortuna -
Précisément. Si nous voulons tirer le plus de bénéfice de l'affaire, il faudrait pour cela opérer une médiation, même discrète. Le problème étant que les Pharois comme les Latins sont entêtés et que nul ne semble enclin à reculer pour l'heure, la situation est tendue à l'extrême et si quelque acteur non local venait à émettre un avis, il est certains que les sauvages fransquiens à minima ignoreront ce dernier. Et c'est là tout le problème, ces gens là semblent être incapable d'un minimum de bon sens et de tact diplomatique. Aussi, les amener à la table des négociations semble... Complexe. Cependant...

Le Cerbère - La bête, aussi entêtée soit-elle dispose toujours d'une faiblesse. Si elle refuse d'écouter...

Francesca Federica di Fortuna -
Il faut alors passer par un intermédiaire qu'elle ne pourra ignorer... Un intermédiaire qui pour sa part daignera entendre notre avis et considérera celui ci... Le Makt devrait faire l'affaire... Cher Cerbère... Veuillez faire savoir au Vieillard que nous souhaitons qu'il demeure quelque temps encore dans le nord, nous lui transmettrons éventuellement de nouvelles instructions. Sur ce, soyez remercié pour vos services, vous pouvez disposer.

Sur ces mots, l'homme masqué s'inclina légèrement et s'éclipsa sans demander son reste avec ses comparses, ce tandis que le Doge demeura encore sur place quelques instants, méditant sur quelques mots à transmettre aux officiels du pays démocrate nordique.
9131
10 Juin 2005 au crépuscule,
Fortuna, Palais des Doges,

Achever le travail


Francesca Federica di Fortuna, Doge de la Sérénissime
Francesca Federica, Doge de la Sérénissime

Une nouvelle journée s'achevait au sein de cette immense fourmilière administrative qu'étais le Palais des doges. En effet, le soleil meurtrie à demeurer haut dans les cieux pour baigner la cité des doges de sa douce lumière depuis le petit matin commençait à chanceler et il était clair qu'il ne tarderait point à laisser sa place à l'obscurité de la nuit dominée par une lune pleine des plus bienveillantes. En soit, rien de moins que le signal de mère nature envoyée à la cité qui sombre et à ses habitants afin de cesser grandes et petites oeuvres et profiter, pour la plupart du moins, d'un repos bien méritée en ce début de soirée qui approchait à grand pas. Cependant, point de repos pour les plus braves comme l'on dit et sa Grâce le Doge, la tête de la république, était de ceux qui devaient continuer leur veille car après tous les affaires et nécessités de la nation ne pouvaient toutes attendre. En l'occurrence, celles ci prenaient la forme de murmures susurrés à l'oreille du Doge par l'un des porteurs de masques se glissant régulièrement dans son étude afin de rendre compte de diverses informations sur des sujets diverses. Qu'il s'agisse d'un individu flanqué d'un pardessus et d'un tricorne, d'une bure monastique doublée d'une capuche ou même d'un costume associé à un panama, c'était toujours un individu différent qui se présentait de façon parfaitement aléatoire mais toujours calibrée afin de ne point empiéter sur une visite ou un rendez-vous.

Malheureusement pour le laquais de la Masquarade, il dû écourter sa discussion des plus passionnantes et sans nul doutes importantes lorsque le son caractéristique du poing rencontrant le bois de la porte retenti. Ni une ni deux, tel un voleur surpris en plein méfait, il s'éclipsa sans demander son reste et sans dire mot. Apparaître et disparaître étant un art chez ces gens, l'on ne trouva plus trace de sa présence en à peine quelques secondes, à peine le son lointain et étouffé d'un mécanisme dissimulée dans une bibliothèque pouvait-il être un tant sois peu perceptible, et encore. Son invité éclipsé, sa Grâce pu ainsi d'une voix ferme commander à quiconque quémandait un instant de son existence de pénétrer en son sanctuaire. En l'occurrence, Donna Francesca avait déjà une idée bien arrêtée sur l'identité de la personne qui allait pénétrer dans son étude, en effet les formes, protocoles et autres mesures de sécurités limitaient amplement toute forme de surprise, si l'on omettait bien évidemment certains gens de l'ombre qui avaient leurs propres accès. Mais là dans l'immédiat, point de mystère, il s'agissait d'un des Valets du Palais, celui ci se présentait d'ailleurs plusieurs fois chaque journée afin d'enquérir l'occupante du Palais des Doges de diverses requêtes, demandes de rendez-vous et autres arrivées de documents ou missives, cependant en cette fin de journée la nouvelle qu'il apportait était pour le moins inattendue. Un invité surprise ayant décidé d'esquiver habilement les protocoles en se présentant directement aux portes du Palais. D'ordinaire, une tel chose n'aurait conduite qu'à une opération "Sourde-oreille" de la part de la soldatesque en fonction officiant pour la sécurité, de même que pour le personnel du palais, toutefois certaines personnes disposaient de passe-droits.


Un accord donné expressément par un signe de main significatif et quelques minutes plus tard, et voilà que le Valet s'en revenait avec l'intéressé souhaitant partager quelques mots avec sa Grâce.

Valet - La Signora Alexandra Rimini.

Une annonce brève, mais largement suffisante. La tête de l'antique maison patricienne des Rimini, qui était aussi une des ténors des sphères financières et ce notamment de par sa position au sommet d'un conglomérat bancaire, n'était selon toute vraisemblance pas venue au sein du Palais des Doges afin de profiter du protocole et échanger quelques courtoisies vis à vis des derniers débats au sein du sénat.

La Signora Alexandra Rimini
La Signora Alexandra Rimini

Retranchée dans son fauteuil qu'un oeil avisé désignerait assurément comme étant vieux d'au moins un siècle si ce n'était deux, le Doge affichait un grand sourire se voulant aimable, main jointe devant elle sur son bureau où s'étendait de tout son long un planisphère ayant la particularité de disposer de quelques menus annotations ça et là sur diverses zones sensibles du globe réputés pour les coups d'éclats récents ou non s'y étant déroulé. L'un d'entre eux n'étant ni plus ni moins que la lointaine Varanya déchirée par une guerre civile depuis des mois.

Alexandra Rimini - Votre grâce... Veuillez m'excuser pour cette irruption quelque peu cavalière en votre domaine, mais je devais m'entretenir avec vous d'affaires des plus urgentes. En espérant bien évidemment ne point vous perturber dans l'accomplissement de vos devoirs.

D'un geste de la main gauche le Doge intima l'ordre au Valet de ce retirer, ce qu'il fit en prenant soin de fermer la porte derrière lui, ce tandis que de la main droite sa Grâce invitait la Signora Rimini à prendre un siège en face d'elle, ce qui serait plus convenable afin de converser.

Francesca Federica Di Fortuna - Inutile de vous excuser Signora Rimini, j'ai toujours du temps pour vous et ce malgré que je doive en accorder ici et là afin de de satisfaire les besoins de la nation. Mais je suppose que ce n'est point pour prendre part à l'initiative de revitalisation de nos provinces d'outre-mers que vous venez me voir.

Un sourire de courtoisie harmonisée avec des sourcils un tant sois peu incliné apparurent sur le visage de la patricienne tandis que cette dernière jeta un bref regard le long du planisphère, arrêtant ce dernier un instant sur le Varanya où étaient représentés avec justesse les zones d'influences respectives des forces loyalistes et rebelles, et ce à jour en fonction des récents mouvements du front.

Alexandra Rimini - Est-ce ci évident que ça ? Je vais devoir étoffer mon jeu d'actrice je le crains. Peut être que en faisant mine de m'intéresser aux vigneron de Caspary... Mais pas dans l'immédiat. Votre Grâce semble être au fait des récents évènements advenus au Varanya.

Francesca Federica Di Fortuna - Des victoires sur des victoires. Une avancée satisfaisante. Rien de bien anodin d'après les pronostics de nos experts militaires.

La Rimini fronça légèrement les sourcils en piquant du nez face à cette remarque, apposant son index droit sur l'emplacement de Thadimis.

Alexandra Rimini -
Mais la situation n'a déjà que bien trop traînée. Les dernières phases du conflit à moins d'un retournement de situation miraculeux sont en passe d'advenir, et au vue de la passivité de la nation malgré votre soutient officiel... Ce serait là l'occasion idéale afin de faire constater l'engagement de la Sérénissime. Qui plus est... Il me semble que vous avez déjà accomplis quelques autres projets là bas. D'ailleurs... Une simple question, pourquoi donc avoir accordé la grâce aux Litaris ? Ne craignez donc pas qu'ils essayent de vous rogner les ailes et qu'ils lancent une vendetta une fois revenue à Fortuna ?

Le Doge effaça immédiatement le sourire jusqu'à alors encore présent sur son faciès, adoptant une expression plus neutre sur un sujet qui ne l'était certainement pas. Oh bien évidemment, sa Grâce avait profité du chaos à venir au Varanya afin de porter un coup fatal à une crise purement Fortunéenne qui n'avait déjà que trop durée. L'exil des Litaris, les doges renversés au cours de la Longue Semaine, était terminé et c'était là un fait que l'on devait à un édit d'Il Palazzo Ducale ayant reçu l'aval d'une large partie du sénat et autorisant l'ensemble de la dynastie à revenir sur le territoire Fortunéen. Ce qui avait tardé à dire vrai suite à la mort de Dom Salvadore, le patriarche de la dynastie. Toutefois, les déboires de l'armée impériale au cours de l'année dernière avaient finalement fait changer d'avis les réfractaires et ceux ci avaient fait en sortes avec la complicité d'agents de la Sérénissime, de quitter en catimini le pays avec autant d'avoirs qu'ils le pouvaient afin de rallier Balsarah d'où ils purent s'embarquer à direction de la capitale républicaine.

Francesca Federica di Fortuna -
C'est un risque devenu minime depuis le décès tragique de Dom Salvadore. Son ainé et successeur est plus... Conciliant.

Un ton clairement ironique accompagnait ces paroles et la Rimini ne pu que pencher légèrement la tête face à ceci.

Alexandra Rimini - Plus conciliant ? Vraiment ? Allons, nous savons toutes deux que ce n'est point car il est conciliant que vous l'autoriser, lui et son sang, à revenir vous voler dans les plumes.

Francesca Federica di Fortuna - Il est vrai. Dom Ramon n'est pas seulement conciliant, c'est aussi un jeune homme adepte de la débauche, ambitieux à l'excès, et des plus prévisibles par dessus le marché. Il compte bien accomplir ce que son père n'a pu, restaurer la place de sa maison au sein de la scène politique républicaine, et notamment en s'imposant comme la tête des héritiers.

Alexandra Rimini - Rien que ça ? Pourtant, Dom Juan Altarini a la main haute sur la faction à l'heure actuelle, il ne laissera jamais un tel parvenu faire comme il l'entends.

Francesca Federica di Fortuna - Précisément. Depuis le décès de Dom Salvadore, le noyau dure des héritiers s'est fragmentée avant d'être cimenté à nouveau autour de Dom Altarini. Les divisions internes ont été calmés, mais n'ont pas cessés d'exister. Le retour des Litaris va très certainement remettre le feu aux poudres et nous allons assister à un nouveau festival de querelles internes voir à une dislocation des héritiers entre des sous factions Litaris et Altarini.

Alexandra Rimini - Habile. Diviser pour mieux régner... Tandis qu'ils s'affronteront pour le contrôle de la faction, vous aurez les mains libre pour jouer de l'équilibre. Les lectures de Montevelli te réussissent bien. Mais ma position demeure, il faut finir le travail Francesca, il faut achever ce que nous avons commencé en engageant Fortuna derrière les révolutionnaire du Varanya.

Le Doge laissa échapper un léger soupir face à tant d'insistance.

Francesca Federica di Fortuna - Soit. Nous ferons en sortes d'apporter le nécessaire afin de soutenir la marche finale vers Thadimis.

Sur ces mots, la Rimini hocha verticalement la tête en signe d'acquiescement avant de se lever et d'amorcer sa marche vers la porte.

Alexandra Rimini - Je te remercie chère amie. Et tout compte fait après réflexion, je vais peut être adresser quelques investissement à tes vignerons de Caspary... Sur ce je souhaite à votre Grâce une bonne soirée.
5200
28 Avril 2008,
Fortuna, Palais des Doges,
Aux alentours de 11 h 30,
Is this music ?



Bureau du Doge
Bien que tranchant nettement avec l'architecture et le mobilier traditionnel des lieux, l'étude de travail du Doge a été réaménagée afin d'accueillir un style plus moderne.


Cela faisait désormais environ une demi-heure que les cloches de la Basilique San Salieri, à quelques quartiers de là, avaient donné de la voix, signifiant ainsi à tous et toutes au sein du coeur historique de la cité qui sombre que le temps passait à vive allure et que bientôt la matinée ne serait plus. Ainsi donc, tous et toutes vaquaient à leurs occupations aussi diverses soient-elles, les gondoliers filaient à toute vitesse par la force des rames à travers les canaux, les guides touristiques clamaient diverses anecdotes sur tel ou tel bâtisse à leurs clients qui ressemblaient à s'y méprendre aux ouailles des prêtres quémandant l'hostie, l'on apercevait même les postiers passer sans s'arrêter, encore en retard assurément. Une activité foisonnante en somme si l'on comptait aussi les habitants des quartiers proches ainsi que les passants qui venaient s'ajouter tel la cerise sur le gâteau au sein d'une foule déjà conséquente orbitant au coeur même de la ville pour diverses raisons.

Un état de fait qui contrastait toutefois grandement avec le centre du pouvoir fortunéen qu'était le Palais des Doges, contrairement à la chaussée, au Sénat situé par delà le Rialdo ou même à la Basilique, il régnait un calme presque religieux au sein de la demeure de l'exécutif. Une ambiance surprenante pour les non-initiés, l'on aurait de fait pu croire que étant un des sièges emblématiques de l'institution la plus connue de la Sérénissime, il y aurait plus... De mouvement. Mais de mouvement, hormis les patrouilles des membres de la garde républicaine et les allez et venues des valets , il n'y en avait guère, à peine quelques visites officielles de temps en temps par des personnalités.

Pour autant, cet état de fait n'était pas pour déplaire à sa Grâce le Doge. De fait, Francesca Federica di Fortuna, debout depuis les aurores, siégeait sans discontinuer sur son fauteuil en cèdre, s'affairant à plancher sur divers dossiers, dispenser signatures et approbations et planifier quelques manoeuvres futures au sénat, entre autre. Ce n'était pas peu dire que de mentionner que sa Grâce ne manquait nullement de travail ces temps ci, à dire elle était même complètement dépassée si bien qu'elle avait dû appeler en renforts quelques secrétaires afin de trier une part de la paperasse annexe, ce dans l'optique de se focaliser sur les sujets prioritaires. Et ceux ci n'étaient pas peu nombreux, entre les visites officielles à l'étranger dans quelques semaines à préparer en amont, un suivi méticuleux des négociations au Prodnov, la consultation de rapports nouvellement rendus sur crise très préoccupante en Aleucie, ou encore les recommandations de l'amirauté ainsi que de LA Cour quand aux discordes régionales voisines, sa Grâce ne savait plus réellement par où commencer. Et c'était bien évidemment là uniquement les sujets concernant l'international, car de facto il y avait tout autant de points d'intérêts internes nécessitant l'attention du Doge, en tête de file les élections sénatoriales qui, si elles avaient été reportés pendant un certains temps suite à une gestion pour le moins calamiteuse et quelques évènements malheureux, se profilaient finalement à l'horizon. Les cartes de la scène politique étaient en train d'être rebattus et il était plus que jamais l'heure de garder l'oeil ouvert et vif car les résultats, même si les estimations se voulaient positives, n'étaient nullement à prendre à la légère et ce peu importe leur teneur. Au delà de ça il y avait aussi les divers sujets inhérent à la politique et à la direction d'une nation mais inutile de tous les mentionner car il y en aurait assurément pour des heures.

Quoi qu'il en soit, même les travailleurs les plus acharnées ont leurs limites et après plusieurs heures derrière son bureau, le Doge décida finalement de s'octroyer une pause. En pleine étude du cas des tensions à la frontière Clovano-loduarienne, un mal de crâne naissant avait été le signal qu'il ne fallait point forcer le destin, car après tout dans son métier, la rigueur et l'excellence étaient systématiquement nécessaire et agir en subissant la fatigue ou divers maux ne donnait jamais de résultats satisfaisants en général. Fort de cette logique, la Patricienne avait déserté son poste afin de gagner la fenêtre de son office, ouvrant cette dernière et largeur afin de laisser pénétrer une bourrasque marine des plus rafraichissantes et fort bienvenue à dire vrai.

Un superbe bol d'air frais empli d'embruns porté par la douce brise marine du Lidos, un des petit plaisirs de sa Grâce. Certes pas un privilège car tout le monde résidant dans le centre historique pouvait en profiter, mais tout de même. Joignant cela à l'activité populaire, et notamment à quelques mélodies s'élevant à quelques rues du Palais, assurément jouées par des artistes en vadrouille, et l'on avait une distraction simple, mais efficace. Toutefois, aujourd'hui n'était semble-t-il nullement un de ces jours où sa Grâce pourrait profiter dudit petit plaisir.

De fait, les portes de l'office s'ouvrirent discrètement, laissant entrer Il Signore Rafaello Ostos, le plus ancien des valets du Palais ayant servi sous trois doges de la dynastie Di Fortuna, Francesca Federica elle même, son père ainsi que son grand père avant elle. Ce dernier, dont le faciès et la gestuelle témoignait d'une certaine agitation doublée d'une gêne certaine s'inclinant maladroitement devant le Doge.


Rafaello Ostos - Votre grâce... Veuillez pardonner cette intrusion, mais vous devriez venir immédiatement à l'entrée du palais... Il y a une esclandre et... Il signore Francesco...

Le sang du Doge ne fit qu'un tour, et celle ci quitta alors précipitamment son office sans même prendre le temps de refermer la fenêtre, traversant à grandes enjambées les immenses couloirs du palais en laissant sur la touche le vieux Rafaello qui peinait à suivre.
6334
1er Janvier 2011
Fortuna, quelque part sous [REDACTED]
Aux alentours de [REDACTED]


Acte I - Prémices aux grâces perfides

Salle de Balle du Concile

Is this music ?


D'aussi loin que l'on se souvienne, le chiffre dix avait toujours eut une certaine importance dans la culture fortunéenne, l'on pouvait soupçonner là une attention presque maladive portée sur l'ordre et qui tendait à obtenir des chiffres ronds, une dizaine qu'importe le domaine devenant là une marque repère autant qu'un symbole de réussite et d'avancement et il en allait de même en matière d'années. Les décennies étaient toujours très marquantes dans la conception chronologique de l'histoire par les citoyens de la Sérénissime mais plus encore pour sa caste dirigeante qui observait l'évolution du monde avec attention et devant se positionner à intervalles régulières afin d'analyser les évolutions récentes avait pris le parti de s'ancrer sur un laps de dix années. Une longue tradition vieille de plusieurs siècles initiée par les premiers patriciens afin d'accorder leurs violons pour établir des stratégies commerciales ambitieuses avec des gains faramineux, ladite tradition s'était progressivement étendue à d'autres domaines à un tel point qu'à partir du XVIIe siècle l'on pouvait presque parler d'authentiques plans de dix ans destinés à établir de grandes lignes directives autant économiques, sociales, politiques que militaires et ainsi de suite. Une véritable institution en somme qui n'avait rien à envier sous bien des angles à d'autres modèles à travers le monde, quoique celui de la Sérénissime se révéla plutôt précoce alors que les monarchies prospéraient encore et prospéreraient pour certaines jusqu'à l'époque contemporaine.

Un seul détail faisait toutefois une différence radicale avec tout ces conseils d'états, assemblées gouvernementales et autres souffleurs royaux, ce que l'on nommait désormais le Concile, n'avait rien d'officiel et était à dire vrai aux antipodes de toute forme de démocratie qui faisait pourtant depuis près de cinquante ans désormais les atours publics de la plus vieille et grande république marchande du globe. En plus d'un millénaire, l'on pouvait affirmer sans sourciller si l'on était proche des arcanes du véritable pouvoir que le coeur et l'âme de la Sérénissime n'avait pas évolué d'un seul pouce, un miracle autant qu'une anomalie en ce bas monde, les vieux usages, les antiques manigances, les concordats immémoriaux, tout cela subsistait sous une forme altérée et remise au goût du jour et dissimulée mais existait tout de même. Une société dans la société, un gouvernement dans le gouvernement, un coeur dans un coeur. Les patriciens, qui aux yeux de nombre de pays étrangers apparaissaient tantôt comme des reliques poussiéreuses d'un autre âge dépassés par l'ère, comme des richissimes bourgeois déconnectés de la réalité et enfermés dans des paradis dorés pour d'autres ou même comme des ovnis de la politique n'ayant aucune conscience des réalités actuelles pour certains, étaient pourtant très au fait de comment l'on gouvernait un état et plus encore savait vivre avec leur temps.

Leurs privilèges d'antan avaient été modifiés et étaient nés une seconde fois sous une forme autant acceptable que détournée, leur emprise sur la politique en apparence altérée par une constitution se voulant novatrice et moteur de démocratie véritable n'avait jamais été aussi puissante et leurs empires économiques dictaient encore le rythme du coeur financier fortunéen. Le monde n'avait guère changé, pas plus que le système, il fonctionnait toujours de la même manière, seuls les artifices avaient évolués et peut être aussi la taille du petit monde secret des patriciens qui avaient été forcés à la suite de la plus ignoble des trahisons il y a de cela près de 80 ans de réparer les fissures qui avaient mis à mal l'unité et le fonctionnement du système. Ce n'était plus seulement les vieilles, richissimes et influentes familles qui avaient un siège à cette auguste assemblée secrète, mais désormais l'on acceptait les plus méritants et ceux qui pouvaient apporter des choses essentielles, une vision, des projets différents, là où l'âge et la prudence obstruaient une avancée pragmatique, sous réserve évidemment que les nouveaux arrivants sachent tenir leur langue quand au grand mystère, et s'ils ne pouvaient guère le faire, il y avait toujours les porteurs de masques.

Qu'elle ironie quand on y pensait, c'était là tout ce que les conspirateurs et théoriciens transblêmes dénonçaient et craignaient, vociférant à qui voulaient l'entendre l'existence d'un vaste complot fortunéen faisant la promotion d'un agenda malveillant, ou même maléfique à visée globale. Ils n'avaient pas tout à fait tord mais ils visaient encore à côté, un fait des plus amusants. Heureusement, la folie assumée de ces gens ne donnait guère envie de les croire, plus avantageux encore, cela participait à discréditer quiconque s'approchait de la vérité, après tout personne n'oserait s'associer à des propos aussi absurdes que les fols des montagnes du Nazum n'est-ce-pas ?

Quoi qu'il en soit, et en dépit des éléments isolés autant que des crises s'imposant comme des défis auxquels le concile devait s'opposer, la première décennie de ce nouveau millénaire s'achevait et il était temps de faire les comptes. Et des comptes, il y en avait beaucoup à faire, même trop en vérité. Les mutations de ces dix dernières années étaient pour ainsi dire colossales et concernaient d'innombrables domaines allant de la géopolitique pure à la macro économie dans son ensemble, rien n'était épargné et pour ainsi dire il n'était pas faux d'affirmer que l'ensemble des cartes à l'échelle globale avaient été rebattus. Les puissances du siècle dernier n'étaient plus les même et de nouveaux géants s'étaient élevés, des alliances avaient été faites et entraînaient chaque jour plus encore le monde dans un jeu dangereux alors que des axes alternatifs et concurrents peinaient à s'affirmer, créant une course perpétuel à la surenchère qui avait déjà causé de nombreux dégâts à un tel point qu'il était utopique encore de croire que le Statu Quo était maintenu, en plusieurs déjà il avait volé en éclat, cédant sous les vagues et les assauts répétés des nations comme des cataclysmes.

En tout état de cause, la tenue du Concile serait l'occasion de mettre sur le tapis l'ensemble des sujets d'actualité et plus encore, avec en premier lieu l'obligation incontournable qu'était le bilan du Doge et la fin du mandat actuel qui était désormais actée. Les élections officielles orchestrée par le sénat ne seraient tenus que dans quelques jours, mais dans les faits la réelle désignation du tenant du titre se déroulerait dans les antichambres dorées et mystérieuses. En tout état de cause, les prochaines heures décideraient si Francesca Federica, la Doge sortante obtiendrait une nouvelle fois la confiance de ses pairs afin de tenir le gouvernail de la galéasse Fortunéenne vers des eaux moins tempétueuses ou si l'on allait confier la tâche à quelqu'un d'autres, les nom d'Altarini, de Ludo ou encore de Montevelli revenant régulièrement sur le bout des langues depuis plusieurs sabbats désormais. Les grâces perfides du jour allaient s'annoncer comme décisive pour l'avenir de la Sérénissime pour à minima la prochaine décennie.
2161
Gouvernement Républicain

( 2011 - 2018 )



Francesca Federica di Fortuna

Francesca Federica di Fortuna, Doge Sérénissime de Fortuna, Patrice de Fortuna



Patrizio Derrizio

Il Signore Patrizio Derrizio, Ministre della Terra Incognita (Affaires étrangères), Patrice de Fortuna, supplée par Il Signore Nobello Camberlini en tant que Vice-Ministre



Amadeo Dandello

Il Signore Amadeo Dandello, Grand Amiral d'Il Stato da Màr, Première chaire de Santa Léone, Patrice de Fortuna


Léandro Silvario

Son éminence Léandro Silvario, Gouverneur de Canossa di Paltoterra et Archevêque de Rio de Canossa,



Juan di Forenza

Sa Grâce Juan di Forenza, Amiral de Canossa, Première chaire de Marisma,Patrice de Fortuna et Doge Consort,



Lian Lù

Il Signore Lian Lù, Ministre du Travail et de l'Industrie Trans-Globale



Elia Maro

La Signora Elia Maro, Ministre de la Justice et de l'Ordre Républicain, Juge du Conseil des Dix,



Adam Morello

Il Signore Adam Morello, Ministre de la Culture et de l'Universalisme



Hectore Baskari

Dom Hectore Baskari, Ministre de l'économie et de la Coprospérité, Patrice de Fortuna



Aria Ludo

Dona Aria Ludo, Ministre de l'éducation et du Dialogue universel, Patrice de Fortuna



Salvador Sil Makraen

Salvador Sil Makraen, Capitano Generale de la Légion (Armée Terrestre)




En ce début d'année 2011, le Sénat Fortunéen réunie au sein de l'hémicycle en assemblée plénière via ses 368 membres élus démocratiquement par l'ensemble du Peuple Fortunéen à travers le globe, a tenu session sous la direction de l'Altoparlante Lucrezia di Miraglia afin d'acter la fin du Mandat de Donna Francesca Federica di Fortuna et de tenir les élections devant mener soit à l'octroie d'un nouveau Mandat pour le Doge sortant, soit à l'élévation d'un nouveau Doge.

Se sont déclarés comme candidats preferato à cette illustre Fonction :

- La Signora Francesca Federica di Fortuna, Doge sortant de la faction des Républicain dit Res Publica.

- Donna Aria Ludo, Sénatrice de la Faction des Aigles dit Aquila.

- Dom Juan Altarini, Sénateur de la Faction des Héritiers dit Eredità

- Il Signore Leander Troya, Sénateur de la Faction de Canossa

Le vote ayant suivi a résultée d'une majorité accordée à 219 voix en faveurs du Doge sortant, obtenant ainsi une majorité absolue entérinant sa réélection à la fonction suprême.

Une seconde session tenue quelques jours plus tard a vue la délivrance d'un vote de confiance par le Sénat quand au maintiens de certains ministres du précédent mandat et à l'établissement de nouveaux, ce sans aucun heurt particulier à noter.
10864
Anno domini 2013 : Retribution



La matinée était déjà bien avancée en ce 2 mai fatidique, pourtant loin au sud de l'Eurysie en plein coeur de l'île Mère de Régallia là où le monde entier allait et venait, rien ne laissait présager qu'un énième drame allait frapper par le choc et la stupeur de sa violence l'entièreté du continent. Non pas que le dérapage eut été surprenant in fine, tout le monde avait vu venir une évolution calamiteuse des faits de loin, mais pas comme ça. Pas ainsi.

Il était un peu avant onze heure lorsque la nouvelle tomba tel le couperet de la Guillotine, le Doge Sérénissime, retranché dans son étude depuis l'aurore avait eut à manoeuvrer entre l'étude de l'ordre du jour législatif au sénat, les divers rapports économiques en provenance des secteurs clés et en vogue de ce second trimestre, ou encore les brèves de presses pertinente sur la géopolitique internationale et notamment celle suivant les dernières déclarations majeurs quand à l'état du marché et l'avancée des troubles dans certaines régions tel que le Paltoterra. Entre temps, quelques décrets et ordonnances avaient été signés et envoyés à l'exécution tandis que l'on avait passé en revue un ou deux projets de développement prometteurs.

La surprise fut donc de taille lorsque le son caractéristique de la main humaine frappant le bois de la porte de l'étude retenti soudainement, un son non pas discret comme pouvait l'être celui des valets et autres servants venus apporter d'autres dossiers et documents ou bien un service à thé pour une légère pause entre deux affaires cruciales, ni même un son solennel qu'usait les officiels du gouvernement ou encore les chambellans menant des invités ayant rendez-vous avec la tête de la République, ni même ce son enjoué et bravache à la limite de l'arrogance dont certains Patrice usant de leurs privilèges avaient l'habitude de provoquer lors d'une visite à l'improviste. Non, rien de tout cela, le son se voulait fort, erratique et avec agitation, comme si l'on avait voulu transmettre par le geste uniquement une atmosphère de crainte et de stress. Le Doge Sérénissime ne pu s'empêcher de froncer les sourcils et de métamorphoser son faciès à l'égal de celui d'une statue pour le reste, arborant une expression de plus sérieuses alors qu'elle donnait l'autorisation verbale d'entrer à quiconque ce trouvait derrière la porte.

Lorsque ces dernières s'ouvrirent, elles laissèrent entrer la svelte silhouette bien connue de l'actuelle tête effective de la Diplomatie Fortunéenne en l'absence de Dom Derrizio alternant régulièrement entre les jours de travail et la villégiature pour préserver sa "santé". Il Signore Nobello Camberlini n'avait de toute évidence pas bonne mine, et cela n'avait rien avoir avec le fait qu'il semblait essoufflé, ayant vraisemblablement quitté en quatrième vitesse la Torre Bianca afin de se précipiter immédiatement au Palais des Doges, la sueur sur son front qui ne cessait de revenir au galop en dépit d'être chassée minutieusement par un mouchoir de soie ainsi que son expression médusée ou encore sa main libre tremblante étaient autant de signes que quelque chose de terrible venait de se produire selon toute vraisemblance et à priori hors du territoire républicain pour que que ce soit la Terra Incognita qui se déplace, mais concernant pour autant la Sérénissime, donc un de ses "contacts" plus ou moins proches.


Nobello Camberlini - Mes excuses votre Grâce de vous déranger aussi abruptement mais... Mais... Il se passe quelque chose à Velsna qu'il faut que vous voyiez absolument...

Intriguée, Francesca Federica invita le maître de la Torre Bianca par intermittence d'un geste de main afin que celui ci la rejoigne à hauteur de son bureau, curieusement ce dernier n'avait toutefois point de porte-documents ou quelque papiers que ce soit avec lui. Finalement, en s'approchant ce dernier sorti son téléphone d'une poche interne de son veston, allumant ce dernier et cherchant frénétiquement pour compenser ses mains tremblantes quelque chose dessus. Lorsque celui ci eut finalement trouvé ce qu'il cherchait, il mit en évidence ce qui semblait être une vidéo. Celle ci était plutôt courte, mais les scènes qu'elle décrivait se passaient de commentaires. Puis une autre vain, une troisième, une quatrième, une cinquième et ainsi de suite. Chaque fois de diverses sources, des passants, des gens à leurs fenêtres filmant et mettant la chose en ligne, des équipes de journalistes menant une étude sur l'architecture ou interrogeant des patrons de Bistrot sur la gastronomie locale interrompus dans leurs directs par l'invraisemblable. Panique dans les rues, les gens du communs dans l'incompréhension, d'autres fuyants comme si le diable lui même était à leurs trousses, des mouvements de foules parfois massifs. Virent alors les images des Palazzios mis à sac, parfois brûlés et des horribles hurlements que l'on entendait s'élever de l'intérieur de ceux ci. Les colonnes de fumée étaient édifiantes et se suffisaient à elle même, pas besoin de voir le sang en tant que tel pour comprendre, quoi que la finalité la plus édifiante. Velsna semblait se déchirer si l'on en croyait cela, les lieux et les sites emblématiques correspondaient, mais qu'en était-t-il vraiment de la situation ? Beaucoup de questions subsistaient et se présentaient, mais pour l'heure une en particulier retenait l'attention du Doge.

Francesca Federica di Fortuna - Quand est ce que ces clichés et enregistrements ont été faits ?

Le vice ministre sua à nouveau à grosses gouttes, combattant la chose avec plus de férocité via son mouchoir de soie, laissant quelques secondes de silences s'écouler face au regard inquisiteur du Doge avant de finalement révéler la terrible vérité des faits.

Nobello Camberlini - Quelques minutes à peine pour la plupart, une heure ou légèrement au delà tout au plus pour les plus anciens mais... Ce n'est guère un Canular à grande échelle votre Grâce, cela continu, encore et encore et s'étend à travers la ville de Velsna avec pour épicentre le sénat... Les premiers heurts semblent venir de là bas des témoignages éparses et confus. Et il y en a d'autres, de plus en plus. Tout se déroule... En direct.

Le doge écarquilla les yeux face à cette réponse, Velsna avait récemment eut à subir une offensive massif sur les internets et réseaux sociaux de trolls et autres soldats d'une avant-garde cybernétique décidés à semer le trouble et à désinformer massivement certainement dans le cadre d'un agenda étranger. Il aurait parfaitement pu être possible qu'il ne s'agisse que d'une vaste farce et non pas du pire scénario possible. Une croyance, un espoir aussi vain qu'absurde qui s'apparentait en soit à du déni. Au fond d'elle même, Dona di Fortuna n'était pas le moins du monde surprise de la tournure des évènements, de ce qui se déroulait céans sous ses yeux. Pour autant, elle n'en demeurait pas moins profondément choquée, de par la violence des évènements, son déchaînement soudain et plus encore de par les souvenirs que cela éveillait en elle. La ville qui sombre avait vu ses allées et ses canaux se gorger de sang eux aussi par le passé et si elle n'avait jamais vécue la chose profondément, les récits glaçants de son paternel, du paternel de ce dernier ainsi que les images, les enregistrements, les rapports et même les retombées inévitables, en cela elle était parfaitement au fait de ce qu'il était possible d'accomplir de pire et du traumatisme profond que cela avait été. Même enterrée sous de nouvelles fondations et volontairement mis sous le tapis après toutes ces années, il y en avait encore des relents, des conséquences. Autant de non-dits détestables que l'on ne souhait plus revoir émerger. Plus jamais. Et pourtant... Le cycle se répétait encore et encore, dans la ville soeur cette fois, qui allait affronter son destin. Plongée dans ses pensées, le Doge en fut subitement sorti lorsque le Vice-Ministre devint pâle subitement...

Nobello Camberlini - Dame Fortune toute puissante... C'est le Maître de l'Arsenal... Ils ont lynchés le Maître de l'Arsenal !

En effet, au même moment et devant le grand public et les caméras des téléphones, ce qui semblait être un simili d'exécution à l'ancienne prenait place. Exécution que de nom car au vue de l'état du cadavre à peine reconnaissable, il était l'évidence même que le pauvre exécutant de l'administration avait déjà passé l'arme à gauche. Heureusement en un sens car il n'aurait pas à souffrir l'abominable sort qu'on lui avait réservé afin d'être certains de faire un exemple. Car c'était bien cela, un exemple. Aux yeux des néophytes, tout ceci pouvait paraître encore pure chaos et crise de folie, mais le Doge n'en était point et avait déjà une idée de ce qu'il se tramait en sous mains. Et si c'était cela, ce n'était pas bon, mais pas bon du tout. Maudit soit cet ogre bouffis d'orgueil, et maudits soient tous ces autres puissances à l'affut. Désormais, tout le monde, de Fortuna à Manticore en passant par Lac-Rouge et Lyonnars, tout le monde avait du sang sur les mains à son échelle. Et le pire, c'est que ce n'était que le début, à peine une mise en bouche pour un prologue précédant un premier acte guerrier qui s'annonçait. La situation n'était pas bonne, non, très loin de là, elle était odieuse, voir même calamiteuse, prenant de très loin la pire expectative possible. L'expression du Doge, neutre et propre au marbre se mua progressivement en un rictus d'irritation.

Francesca di Fortuna - A quel Faction est affilié l'ambassadeur de Velsna déjà ? Hmmmm... Peu importe. Vice Ministre. Convoquez le immédiatement au Palais. Et faites émettre par le notre une notice à tous nos concitoyens recommandant un départ immédiat de Velsna et ses dépendances au vue de la situation.

Nobello Camberlini - Mais... Votre Gr...

Francesca di Fortuna - FAITES LE !

Les mots, sans plus aucune retenue ni calme apparent tombèrent avec le fracas de la foudre alors que le choc du poing serré de sa Grâce sur son bureau donnait plus de voix encore à la chose tandis que l'irritation s'était muée une nouvelle fois, ne laissant plus que l'ire et le courroux sur le visage d'ordinaire si gracieux de l'Arbitre tirant toutes les ficelles de la Sérénissime Fortuna directement ou non. Il n'en fallut cependant pas plus au Vice-Ministre qui sans demander son reste ni même chercher à protester se confondit en de brèves excuses avant de filer prestement à grande enjambées, laissant son interlocutrice seule, avec tout loisir pour s'avachir dans son fauteuil en passant sa main sur son visage, émettant dans le même temps un long soupir de frustration. Ceci fait, le Doge pris quelques secondes avant de reprendre un semblant de contenance, décrochant immédiatement le téléphone fixe du bureau de son socle avant de presser successivement les numéros pour prendre contact avec le standard sécurisé de l'amirauté du Palais.

Francesca di Fortuna - Passez moi immédiatement le Colonel Ribiero. Comment cela il s'est absenté ? Les raisons ne m'importent pas... ALLEZ LE CHERCHER TOUT DE SUITE !

Les étoiles semblaient s'être alignés à ce moment là contre le Doge pensa-t-elle, comme si tous avaient complotés pour ruiner cette pourtant si belle journée qui s'annonçait. Pestant dans sa barbe inexistante, la voix grave du Colonel se fit finalement entendre à l'autre bout du fil après une poignée de minutes, de toute évidence l'on avait retrouvé ce dernier en dépit de ses "urgentes affaires".

Francesca di Fortuna - Oui, oui Colonel, la bonne journée aussi... Faites silence maintenant et écoutez très attentivement ce que je vais vous dire car je ne le répèterais pas. Nous avons un code Lys Rouge. Transmettez céans à l'amirauté un ordre de mobilisation préventive de la flotte et faites savoirs au Grand Amiral et au Capitaine Général de la Légion de se rendre immédiatement au Palais des Doges pour une réunion d'urgence. Aie-je été assez claire ? Bien. Allez donc.

Et sur ces mots elle raccrocha, s'intéressant ensuite à l'interphone en liaison avec son secrétariat, émettant des consignes de convocations à cette réunion d'urgences à effet immédat à destination de divers ministres et une autres poignées d'individus notamment Dom Sergio Scaela. Ceci fait, le silence retomba pendant un court instanet alors que le Doge se disait que la journée allait être très longue, le son caractéristique du frottement de la pierre mêlée au grincement du bois se fit subtilement entendre et d'un passage secret annexe émergea dans la salle deux silhouettes, respectivement l'une en costume et le second en uniforme d'officiers militaires, tout deux arborant un masque aux traits oscillant entre tristesse et colère. Ces derniers se fendirent d'un salut règlementaire face à un Arbitre qui n'était pas le moins du monde amusé à l'heure actuelle.
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