RAPPORT
« Pour un partenariat hamique »
12/09/2009 | Par Akakios Rinopoulos,
chercheur au Κέντρο Κοινωνικής Προόδου (« Centre pour le Progrès Social »)La Terre de Ham est, dans la Bible chrétienne, l’Afarée du Nord. Celle-ci est avant tout marquée géographiquement par une vaste étendue désertique qui la creuse en son centre. Peu d’Etats se stabilisent dans la région, encore moins au cœur de celle-ci où les dynamiques ethniques et culturelles difficiles se superposent à un climat et une géographie inhabitables. Sur ses extrémités cependant, fleurissent les nations parfois prospères, à l’image de la Cémétie au Nord, du Banairah à l’Est ou de l’Althalj à l’Ouest. Ces puissances, qui ne sont pas sans interactions entre elles, demeurent pourtant globalement assez peu proches, contrairement à d’autres espaces régionaux plus conflictuels comme l’Eurysie du Nord ou le supercontinent aleuco-paltoterran.
Il existe un réel intérêt à ce que ces nations se rapprochent : cultivant des racines culturelles proches en un sens, ayant développé un outil bureaucratique et économique suffisamment poussé pour former une entente régionale solide, soumis aux aléas régionaux de violence et d’instabilité, ces pays-puissances doivent pouvoir articuler leurs souverainetés pour faire de l’Afarée septentrionale un havre de prospérité ou du moins un espace protégé par ses frontières extérieures de toute ingérence étrangère. Le conflit récent au Varanya (2004-2006) l’illustre bien : l’Afarée n’échappe pas aux enjeux de pouvoir et, bien au contraire, ses tares que sont l’instabilité et la faiblesse des Etats locaux renforcent ce constat.
Mais cette alliance peut prendre différents visages : d’aucuns souligneraient les possibles divergences entre la Principauté de Cémétie, Etat chrétien et au caractère très eurysien, et les puissances sémitiques et islamiques ayant par le passé croisé le fer à de nombreuses reprises avec les princes d’Héraclée. Mais ces divergences culturelles et religieuses sont à inscrire dans un passé collectif à l’espace nord-afaréen, qui doit dépasser les conflictualités initiales (espace-frontière entre Chrétienté et Islam) pour atteindre un nouvel horizon commun pour se défendre d’une mondialisation agressive et portée par des puissances étrangères susceptibles d’interférer dans le jeu local pour en tirer des avantages indus.
Les dossiers sont nombreux où la griffe étrangère menace la stabilité régionale : les anciens territoires coloniaux, les transitions de régime, les Républiques bananières et les nouveaux espaces de peuplement sont autant d’occasions de rompre le fragile équilibre qui lie les Etats nord-afaréens. La présente note cherche à établir tant la nature des relations initiales entre la Principauté de Cémétie et les autres puissances régionales, mais aussi les potentielles frontières géographiques et techniques d’une possible association d’Etats en Nord-Afarée.
L'AFARÉE SEPTENTRIONALE, UN ESPACE AUX LIMITES ENCORE À DÉFINIRSes limites géographiques et l’intérêt qu’elles représententL’Afarée est un continent s’étendant de l’isthme de Théodosine au Nord, qui le sépare de l’Eurysie, à l’Océan austral au Sud, de la péninsule maghrébine à l’Ouest jusqu’à la Corne de l’Afarée à l’Est. Cet espace géographique est cohérent, connecté à un autre continent par une seule bande de terre qui, depuis le début du vingtième siècle, est percée d’un canal puis de plusieurs faisant de facto de l’Afarée un continent isolé de toutes parts.
Quelques espaces périphériques s’intègrent à l’ensemble continental : les archipels colonisés de la République fortunéenne, sur le flanc occidental ; sur la façade orientale, les anciens territoires insulaires de l’Empire varanyen ainsi que les îles d’Afarée australe s’intègrent également dans l’ensemble. Les connexions terrestres ou maritimes directes avec l’Eurysie méridionale, slavo-hellénique en Leucytalée orientale et latine en Leucytalée occidentale et avec le Nazum occidental, sindhique et varanyen, sont à souligner pour apercevoir la complexité des relations historiques de l’Afarée avec les autres continents – en particulier l’Afarée du Nord, terre de passage d’un continent à l’autre.
Cet espace grand-afaréen est divisible en deux sous-continents majeurs : sous l’isthme des Nets’amereti s’étend l’Afarée australe, ou Afarée dite « noire » en raison de la couleur de peau majoritaire de ses peuples. Peu dynamique, c’est un espace véritablement marginalisé de la mondialisation : sa périphérie, où quelques nations stables subsistent, s’articule principalement autour des derniers espaces coloniaux du continent qui servent de foyer de dynamique économique -non pas tourné vers l’Afarée plus particulièrement sa moitié australe mais bien vers l’Eurysie et les métropoles coloniales. Plus au nord repose l’Afarée septentrionale, ou Afarée du Nord : marquée par des populations plus « orientales » d’apparence, elle est le berceau des religions monothéistes (l’islam dans la Corne de l’Afarée, le judaïsme et le christianisme en Samarie cémétéenne toute au nord du continent).
L’Afarée du Nord est, contrairement à l’autre moitié du continent, le berceau des puissances les plus dynamiques de la région : dans l’ordre décroissant du Produit Intérieur Brut en 2008, le Banairah, la Cémétie et l’Althalj figurent parmi les treize premières puissances économiques mondiales et sont les trois plus grosses économies du continent. La division entre Nord et Sud est plus floue, mais suit globalement une logique à la fois sur le plan ethno-culturel (langues chamito-sémitiques au Nord, langues bantoues au Sud), économique et politique. La proximité géographique est d’autant plus forte entre les Etats stables d’Afarée du Nord que ceux-ci sont pour la plupart voisins, renforçant la cohérence géographique de ce potentiel bloc.
Ses frontières culturelles : convergence, histoire communeCet espace, s’il est parfaitement délimité géographiquement, n’est pas sans hétérogénéité à l’intérieur-même de ses frontières : la Principauté cémétéenne est un Etat profondément chrétien, tandis que la plupart des autres Etats de la région sont de confession mahométane et de fervents défenseurs de cette religion. Sur le plan linguistique, la Cémétie est encore une fois bien divergente de ses voisins régionaux : l’hellénique, langue majoritaire au sein des frontières de la Principauté, reste globalement un isolat linguistique du groupe sindho-eurysien entouré par des pays allophones comme le Banairah ou la République sarranide.
Mais si la Cémétie dispose des caractéristiques d’une civilisation leucytaléenne, elle est également marquée par des racines afaréennes : sa population grandement métissée est millénaire et les mœurs locales ne sont pas bien éloignées de celles d’Etats nord-afaréens n’appliquant pas la charia mahométane. Culturellement, la Cémétie est d’autant plus un Etat afaréen et oriental que sa population n’est que partiellement hellénophone de naissance et encore moins occidentale ou eurysienne : l’Afarée septentrionale est le pré-carré naturel d’une Cémétie-puissance. La Leucytalée en elle-même ne joue pas un rôle d’espace en état d’anarchie du point de vue des relations internationales ; les puissances y sont déjà installées et ne figurent pas parmi les plus dynamiques du monde.
Le croissant formé par les pays sémitiques de l’extrême-ouest du continent jusqu’à la frontière avec la civilisation varanyenne dans la Corne de l’Afarée est un espace majoritairement islamisé, rejetant le christianisme dont la Cémétie se veut porteuse et soumis à de nombreux autoritarismes. La politique étrangère portée par la Cémétie dans la région doit ainsi à la fois obéir à un impératif de stabilisation, c’est-à-dire de rapprochement avec lesdits régimes autocratiques, mais aussi de propagation des modes de vie démocratiques et de l’intérêt de la représentativité institutionnelle des populations nord-afaréennes. Si la poigne forte de l’Etat est une réponse momentanée aux nombreuses crises protéiformes qui traversent les pays du continent, son desserrement est une condition sine qua none à l’inscription dans le temps de la démarche développementaliste envisagée.
De même, la façade orientale du Nazum est un espace atone ; plus globalement, c’est l’encerclement de l’Afarée du Nord dynamique par des espaces à faible inertie qui crée un océan d’opportunités pour une potentielle « alliance hamique » en matière de développement intérieur comme extérieur.
La vision cémétéenne de l’Afarée du NordLa Cémétie se place au cœur des échanges régionaux : par le canal de Césanès, la Principauté contrôle la majorité du flux commercial circulant entre Leucytalée et Mer des Bohrins, entre Eurysie et Nazum ; par l’isthme de Théodosine d’où elle contrôle entrée et sortie, la Cémétie est maître des relations commerciales par voie terrestre entre Afarée et Eurysie. Il est de l’intérêt de la Cémétie de centraliser le contrôle des différents Etats afaréens sur ces flux : sur la façade orientale comme occidentale, l’Afarée a une carte à jouer en matière de commerce international et d’économie-pivot dans les chaînes de valeur internationales.
Les objectifs recherchés dans les relations internationales par la Cémétie sont : la stabilité collective par l’ordre régional, la prospérité économique par la juste régulation et la bonne santé des affaires politiques et démocratiques des Etats de la région, comme le soulignent les multiples déclarations de l’actuel ministre en charge du portefeuille des Affaires étrangères et en poste depuis 2002, Rhadames Khoury. Pourtant, le soutien passé de la Principauté de Cémétie à un régime autoritaire en Afarée orientale (régime du Shah de Thadamis) a entaché le caractère sacré et crédible de la mission géopolitique de la Cémétie. Les discours anti-cémétéens sur le continent se sont propagés comme un feu de poudre sous l’influence très efficace de l’« approche indirecte » des puissances extra-continentales, à commencer par l’Alguarena dont la présence en Afarée n’est plus à démontrer.
Le soutien éventuel à des régimes démocratiques ou en voie de démocratisation de la rive sud de la Leucytalée doit se faire à l’aube d’un pouvoir nouveau ; l’alternance démocratique, historique en Cémétie à l’occasion des élections législatives d’avril 2007 qui ont propulsé les partis d’opposition pour la première fois au pouvoir depuis les années 1950, doit être consacrée comme un temps fort de l’évolution des institutions cémétéennes, en particulier sur le plan diplomatique. Si le visage de la diplomatie cémétéenne reste le même, à savoir bicéphale et partagé entre exécutif (son Altesse le prince Dimitrios III) et législatif (Rhadames Khoury), depuis 2002, celle-ci peut connaître un renouveau dans les libertés prises par Rhadames Khoury dans ses prises de position à l’international. Le rôle du monarque cémétien est également central pour rassembler les dirigeants les plus conservateurs qui peuvent voir dans la dynastie princière une institution millénaire synonyme de crédibilité et de stabilité.
La vision cémétéenne de l’Afarée du Nord est elle aussi multicéphale : d’une part, sur le plan religieux, civilisationnel et historique, la Principauté s’est construite en opposition avec le reste du continent, en particulier sémito-islamique. La haine religieuse, apaisée depuis le dix-neuvième siècle, a néanmoins laissé place à une incompréhension mutuelle. Le fossé entre entente cordiale et neutralité hostile est à combler ; c’est l’intention du ministère de la Diplomatie, qui peine cependant à se faire entendre au sein de gouvernements aux intérêts divers et parfois contraires à ceux des besoin de la Diplomatie.
UN SOUS-CONTINENT AUX POTENTIALITÉS DEMEURANT À EXPLOITERDes marchés demandeursL’Afarée, plus particulièrement dans sa moitié Nord, est une région économique montante mais extrêmement fragmentaire et soumise à de rudes conditions de développement de ses économies. En plus de constituer un échelon essentiel dans le commerce international via les différentes routes maritimes qui composent les deux-tiers des échanges océaniques mondiaux (au Sud et au Nord via les canaux de l’isthme de Théodosine), les pays afaréens représentent une manne commerciale potentielle immense. Avec des populations de l’ordre de plus de cinquante millions d’habitants par Etat, avec de grandes inégalités territoriales, ethno-culturelles et socio-économiques, les potentialités de développement fructueux et prospère sont importantes pour la région. La richesse par tête se chiffre, en Produit Intérieur Brut par habitant, à environ 20 000 dollars par an en moyenne au sein des pays les plus aisés de la région ; un flux de richesse prometteur, avec la perspective de s’appuyer sur les populations plus pauvres de la zone afaréenne (comme les cémétéens par exemple) pour produire les biens à faible valeur ajoutée, en opposition avec des foyers d’innovation et à forte valeur ajoutée comme l’Althalj.
Avec un peu moins d’une dizaine de pays importants sur la scène internationale pour un total de moins de cinq billions de dollars internationaux de production intérieure brute, la zone nord-afaréenne plus particulièrement de racines sémitiques a une carte à jouer sur les marchés internationaux. Outre l’échange interne à la zone, c’est aussi les échanges commerciaux avec le reste du monde qui représentent un flux, effectif ou potentiel, non négligeable.
Mais avant d’être des producteurs, les pays de la zone afaréenne sont surtout des demandeurs : demandeurs en ressources rares, réparties de manière inégale aux quatre coins du continent ; demandeurs en biens alimentaires essentiels, avec des climats continentaux allant de la riche et luxuriante vallée du Thaon aux déserts du Banairah ; demandeurs en ressources hydriques, avec encore une fois la vallée du Thaon comme l’une des régions les plus humides du continent. Autant d’exemples qui servent à illustrer la complémentarité des Etats nord-afaréens entre eux : ce que produisent certains, d’autres le consomment. L’abondance des uns doit permettre leur enrichissement, mais la prospérité peut se faire dans la coopération et l’enrichissement de tous. Un nouveau foyer connecté au réseau électrique, c’est la perspective qu’il consomme plus de produits électroménagers, plus d’électricité, mais aussi de plus de force de travail libérée, donc d’une plus grande autonomisation des femmes et des enfants, une meilleure éducation, une plus grande productivité et toujours plus de travailleurs.
Avec grosso modo 300 millions de potentiels consommateurs, le Nord-Afarée est un immense marché marqué par la pauvreté, les défis environnementaux et le sous-développement, auquel apporter un meilleur niveau de vie passe inévitablement par la croissance économique potentielle folle du sous-continent. L’enjeu est donc double d’apporter des moyens de subsistance et de nouvelles mains capables de travailler et consommer dans des marchés nord-afaréens pouvant s’interconnecter.
Il est donc important de développer une politique commerciale intra-afaréenne qui soit à la hauteur des capacités de chaque pays : sans saper les fondements du développement financier et industriel, les pays afaréens doivent entre eux renforcer leur coopération et leur ouverture pour créer les conditions d’une coprospérité nord-afaréenne. Chacun peut apporter à l’ensemble afaréen les moyens d’une souveraineté commune en matière alimentaire, énergétique, économique et financière.
Une production locale à spécialiserJustement, en matière d’apport de chacun, les divergences et inégalités de moyens et revenus entre les différents Etats de la zone Nord-Afarée, et parfois même entre différentes régions au sein d’un même Etat (comme c’est le cas entre le Haut-Thaon et le Delta du Thaon en Cémétie), sont une faiblesse initiale qui peut être reconvertie en force. Dans une logique d’intégration toujours plus importante des Etats dans la mondialisation, l’intégration spécifique des pays afaréens dans les chaînes de valeur mondiales (CVM) doit pousser à une régionalisation du processus. Pour assurer leur souveraineté en matière de production économique, les Etats nord-afaréens peuvent subvenir à une grande partie de leurs besoins entre eux : la Cémétie peut produire les biens alimentaires dont ont besoin des althaljois, qui en retour constituent une puissance « exportatrice » d’Investissements Directs Etrangers (IDE), notamment à destination de la Cémétie où la balance courante est ainsi rééquilibrée par cet apport sans puiser dans les réserves de liquidités de la Banque d’Héraclée (banque centrale de Cémétie).
La spécialisation de chaque Etat de la zone nord-afaréenne doit permettre une meilleure intégration régionale et une plus grande résistance aux importations venant de pays belliqueux. Le démantèlement programmé des industries continentales, concurrencées puis rachetées avec l’aval des institutions locales par des puissances extra-continentales, doit être contré par une stratégie d’intégration économique régionale, de spécialisation de la production et de complémentarité entre les économies.
Des inégalités dont la réduction est un enjeu majeur du développementRépondre aux besoin des populations des différents Etats de la région peut permettre un développement toujours plus important, lui-même vertueux : une consommation pleinement encouragée permet la circulation des moyens, la création d’emploi et le financement des structures collectives comme l’éducation (l’école étant essentielle pour qualifier les travailleurs d’un pays), la politique sociale (permettant l’accès à l’école, le retour à l’emploi, le meilleur appariement des travailleurs avec leur emploi pour plus de productivité) et les « grandes politiques » (infrastructures, essentielles au meilleur fonctionnement de l’économie).
La réduction des inégalités, au-delà de représenter un enjeu social et politique, est en fait un prérequis à l’amélioration de la productivité et de la consommation. La productivité marginale des dépenses collectives auprès des plus défavorisés est bien plus élevée que la thésaurisation à laquelle peuvent s’adonner les mieux lotis ; un juste équilibre est à trouver selon chaque économie, chaque pays, pour mieux faire correspondre redistribution et intensité capitalistique (une certaine quantité d’épargne ayant un impact globalement plus positif, mais au-delà d’un certain seuil elle contribue au ralentissement de l’activité économique).
Pour éviter de tomber dans la « trappe à revenus intermédiaires » comme certains Etats en développement, il est important d’entreprendre des politiques sociales d’ampleur ou du moins d’établir des institutions de surveillance, d’harmonisation et de conseil en matière de politique économique dans la région nord-afaréenne. Une politique sociale et développementaliste, en plus de retombées économiques très largement positives et bénéfiques sur le moyen et long-terme, sert également la stabilité régionale et la paix sociale.
CRÉER UN « PARTENARIAT HAMIQUE » POUR L'AFARÉE DU NORDAssurer la sécurité collectiveLe partenariat hamique doit d’abord se concrétiser comme une zone d’« exclusion militaire de tous à l’exception de nous » : les affaires nord-afaréennes doivent se régler entre Etats nord-afaréens, notamment au travers du droit international. Le système d’égalité entre les souverainetés doit être appliqué à la lettre au travers d’arbitrages internationaux dont une institution intergouvernementale doit pouvoir servir de terrain d’entente. Il n’est pas question de créer un organisme de partage des territoires ou des stocks, mais bien d’un organe indépendant garantissant le respect de droits fondamentaux de la personne humaine et des Etats entre eux.
Si l’ingérence de cet organe doit être extrêmement limité aux sphères purement internationales et régionales dites d’« ampleur », il ne doit pas être exclu l’extension à certains processus comme l’observation électorale démocratique ou la délivrance de mandats internationaux visant à l’ingérence, consentie ou non, dans les affaires d’un Etat non-membre. Les cas de l’Empire rémien et du Varanya doivent pouvoir servir de contre-exemple de l’absence de concertation régionale en la matière, ayant de lourdes conséquences pour le continent.
Plus globalement, l’orientation des politiques défensives vers l’extérieur du continent (contre les influences extra-continentales) plus que vers l’intérieur (contre les Etats afaréens eux-mêmes) doit s’opérer sur le plan militaire d’abord, mais également en matière de renseignement, de politique industrielle et commerciale, de diplomatie et de politique culturelle (diplomatie dite « type 2 »).
La présence, encore et toujours, de territoires coloniaux dans l’espace afaréen invite les Etats indépendants de la région à s’interroger sur leur rôle de gardien moral à l’encontre des pratiques souvent abusives des puissances colonisatrices. La décolonisation doit figurer parmi les objectifs prioritaires d’un éventuel pacte ; l’impunité de la pratique coloniale et impérialiste sur le continent afaréen ne peut être entretenue comme actuellement. De nombreux territoires connaissent un joug colonial qui, bien qu’atténué en réponse aux revendications des populations colonisés, se pérennise et menace l’idéal de liberté des peuples.
Construire l’économie nord-afaréenneLa paix s’assure par le « doux commerce » : le développement intensif des échanges et de politiques économiques compatibles entre les différents Etats d’Afarée du Nord doit permettre d’assurer la prospérité et la stabilité régionale. En reprenant le principe libéral de « doux commerce », la Pax Afaraea économique est un idéal vers lequel tendre, outre la dimension d’alliance militaire défensive qui peut exister entre les Etats nord-afaréens au travers dudit « pacte hamique ».
Comme évoqué précédemment, avec un Produit intérieur brut régional estimé à un peu moins de 4 000 000 000 000 $ répartis sur une dizaine de pays majeurs, le développement d’accords commerciaux d’abord bilatéraux puis multilatéraux est un impératif essentiel à la bonne entente politique et géopolitique. Ces accords sur les tarifs douaniers doivent se doubler de contrats et de forums entrepreneuriaux visant tant à développer la culture de l’entreprise dans les pays manquant d’un tissu d’entreprises de taille intermédiaire (ETI) à culture d’entreprise qu’à permettre la signature de contrats de sous-traitance et délégation, notamment de missions de service public, à des entreprises régionales.
Certains secteurs en particulier connaissent une concurrence étrangère particulièrement déloyale, incitant au développement de stratégies régionales innovantes et protectrices, tant pour des intérêts de géopolitique et de souveraineté que pour la bonne santé des tissus économiques nationaux. Les monopoles nationaux, dans les domaines où il est rendu possible de les concilier avec les différentes économies régionales, doivent être soutenus par l’ensemble des acteurs économiques nord-afaréens afin de créer une situation particulièrement bénéfique à la croissance et l’investissement. Sans avoir étudié avec attention la structure de chaque économie nord-afaréenne, une coopération régionale sur les exportations de gaz et de pétrole afin d’en maîtriser les cours au niveau international peut être pertinent. Sur le plan agricole, la Cémétie pourrait tirer son épingle du jeu en devenant le partenaire commercial principal de la sous-région.
La diversification des économies régionales est également un enjeu majeur. Face au risque de « syndrome des ressources rares », c’est-à-dire le siphonnage de tout le potentiel économique d’un pays au profit d’un seul de ses secteurs productifs lié à la rente d’une ressource rare, il est nécessaire d’encourager les investissements de transition vers des économies diversifiées pour prévenir toute crise dévastatrice. Cloisonner les enjeux économiques et financiers du marché international du pétrole peut être un moyen de sortir certaines « pétro-dictatures » de leur dépendance économique au cours du pétrole, dont la volatilité est souvent synonyme de guerres civiles, famines et sous-développement.
La formation d’un bloc cohérent à la région : plus jamais de VaranyaSi l’intégration économique régionale doit être renforcée, c’est surtout sur le volet politique que se joue l’Afarée de demain. En renouant avec l’axe Cémétie-Banairah essentiel au développement de l’Afarée et en y intégrant l’Althalj, puissance émergente du jeu continental, une organisation internationale intergouvernementale pourrait prospérer autour du dialogue continental, de la bonne entente économique et politique et de la stabilité régionale qu’elle apporterait. Un forum nord-afaréen pourrait servir de plateforme au développement continental, avec la possibilité pour les pays partenaires mais hors de l’Afarée septentrionale de devenir membres observateurs voire de participer pleinement à certaines institutions dérivées du forum nord-afaréen.
Le « partenariat hamique » prendrait également la forme d’un canal de négociations diplomatiques permanent, permettant la résolution rapide de conflits au travers du développement du droit international et plus particulièrement régional. Une autorité judiciaire impartiale pourrait être établie, permettant la pleine expression du projet de paix démocratique. Le volontarisme des Etats pourrait être la clé de leur participation, assurant à la fois le consentement des gouvernements mais aussi leur pleine participation en termes d’objectifs pacifiques et économiques.
La guerre du Varanya doit servir d’illustration de l’échec des armes pour résoudre un conflit ancré aussi profondément que celui-ci. Entre la dictature surannée du Shah et la révolution démocratique et libérale, la population a suivi un cours naturel de l’Histoire face auquel il conviendrait de ne pas s’opposer, sous peine de finir écrasé par le rouleau compresseur de la Muse Clio.