11/03/2013
10:02:24
Index du forum Continents Afarée Cémétie

ACTIVITÉS | Ο Αετός του Θάον

Voir fiche pays Voir sur la carte
943
ACTIVITÉS INTERNES
Ο Αετός του Θάον
L'Aigle du Thaon

Dernière mise-à-jour : 02/09/2003

Aigle Cémétie Egypte pyramides Sphinx
La Cémétie regorge de vallées, oasis et ruelles grouillant de complots, histoires et affaires.

Cémétie croix symbole dynastique

La Principauté de Cémétie et les régimes l'ayant précédé le long des berges du Thaon ont connu et continuent à connaître une effervescence, entre autres politique, malgré l'apparente immobilité des institutions et des façades ; la monarchie cémétéenne est millénaire, tout comme ses ennemis et rivaux. Des conspirations visant à renverser les princes de la Cémétie antique aux trahisons politiques modernes, en passant par les assassinats et traquenards en tout genre, et le passé, le présent et l'avenir de la Principauté restent et resteront marqués par ces histoires en-dessous de la surface, sorte de fresque des gargouillements immoraux des bas-fonds de la société cémétéenne - mais aussi et surtout, des hautes sphères.

SOMMAIRE
  • ...
6433
RÉCIT

L'arène des fauves


08/09/2003

Président Vouli Cémétie Parlement Alexis Tsipras Antonis Nicopoulos

Être invité dans le bureau du président du Parlement cémétéen n'est jamais de bonne augure.


Au siège du parti conservateur cémétéen, le Χριστιανοδημοκρατικό Μέτωπο (ΧΔΜ, « Front Chrétien-Démocrate »), l'heure n'était pas aux réjouissances

: alors que l'opposition parlementaire fêtait le début des hostilités avec la majorité en place, les conservateurs accusaient le coup après un recul historique en voix et en sièges obtenus au cours du dernier scrutin. Il faut dire que le parti n'avait pas atteint le seuil critique de « seulement » cent-quatre-vingt-dix députés élus au cours d'élections législatives depuis la fondation du mouvement, sur les ruines de la précédente organisation politique conservatrice. Diriger le seul parti de la droite parlementaire cémétéenne était une tâche ardue : chacun y allait de sa sensibilité pour briser l'union précieuse, mais fragile.

Les conservateurs cémétiens ont beau apprécier l'unité, nationale entre autres, nombreux étaient les parlementaires à vouloir marcher seuls

, quitte à faire payer à la majorité fragilement entretenue le prix de leur départ capricieux. Du moins c'était ce qu'en pensait Antonis Nicopoulos, le président de la Vouli, le Parlement cémétéen : devenir l'arbitre suprême du pouvoir législatif de la Principauté de Cémétie n'était pas dans les ambitions de tout le monde, mais s'y maintenir était une autre paire de manches que d'y arriver. Car pour s'accrocher à une position aussi précaire, il faut savoir composer avec toutes les opinions qui composent une majorité battant aussi large que celle établie entre le ΧΔΜ, très conservateur, et les libéraux du Κεμετιακό Φιλελεύθερο Κόμμα (ΚΦΚ, « Parti Libéral Cémétéen »).

Les libéraux du ΚΦΚ, eux, pouvaient se réjouir : ils progressaient dans les urnes et les sondages, malgré leur alliance récente avec les conservateurs en pleine perte de vitesse

. La perte de plusieurs dizaines de députés en une seule échéance politique n'était pas un coup de semonce de l'opinion publique adressé aux conservateurs : c'était un désaveu, un coup de tromblon qui avait fini de mettre le feu aux poudres. L'aile libérale du ΧΔΜ avait quitté le navire aux profits d'un parti moins réactionnaire, l'aile réactionnaire avait déserté pour rejoindre un parti moins libéral. Déchiré entre ses deux ailes, le ΧΔΜ ne pouvait aujourd'hui plus compter que sur son noyau, qui avait aussi fait sa grandeur : son conservatisme bon teint, qui avait fait fureur à une époque où il faisait croire à une troisième voie entre socialisme et nationalisme.

Mais la partie n'était pas fini, encore moins commencée : le ΧΔΜ conservait, grâce à son alliance de circonstance avec le ΚΦΚ, la majorité absolue

- ç'en était joué à quelques voix près. Le tiers des citoyens cémétiens qui avait honoré l'appel au vote conservateur était le noyau dur ; Antonis Nicopoulos, qui avait annoncé il y a plusieurs mois une contre-offensive face aux velléités de l'opposition, préparait désormais une invasion. Beaucoup de terrain avait été perdu par le parti au pouvoir au cours de ces longues années de règne incontesté, mais avoir l'aval du prince ne faisait pas tout. Sur le plan politique, économique, financier, social et religieux, les autres mouvements politiques avaient une longueur d'avance : les groupes de réflexion et les cercles d'étude allaient bon train pour un « renouvellement idéologique », là où les conservateurs stagnaient.

Cémétie croix symbole dynastique

Antonis Nicopoulos (Alexis Tsipras) président de la Vouli, Parlement de Cémétie Christodoulos Perrakos (Geórgios Alogoskoúfis) premier ministre du gouvernement de Cémétie
Antonis Nicopoulos, chef du Parlement cémétéen
et Christodoulos Perrakos, premier ministre de Cémétie

ANTONIS NICOPOULOS : « Christodoulos. Je suis rassuré de vous avoir à mes côtés en ces heures sombres ; je sais comment vous comptez sur mon aide et moi sur la vôtre : sortir de cette impasse nous coûtera beaucoup à tous les deux, je n'en doute pas. C'est pour cette raison exacte que je vous ai contacté pour que ce rendez-vous ait lieu : nous ne pouvons pas permettre aux nationalistes de conquérir une once de plus. L'affaire Correa est un premier revers que nous leur infligeons, mais pas le dernier ; nous devons poursuivre cette contre-offensive médiatisée. Maintenant qu'ils ont dévoilé leur jeu, à nous d'utiliser le nôtre. Nous montrons notre dos depuis bien trop longtemps. »

CHRISTODOULOS PERRAKOS : « Antonis, j'entends votre colère mais à trop nous hanter dans la reconquête de l'électorat perdu, vous l'avez dit très justement, nous pourrions y perdre des plumes... N'engageons pas le parti dans plus qu'il ne peut supporter : 2003 l'a peut-être essoufflé, mais les années à venir n'en seront pas moins difficiles. De plus, pour une affaire de leur côté, nous en cumulons beaucoup plus. L'affaire Bordèlès ne fait que commencer : l'instruction judiciaire et l'enquête ont été retardées pour les élections, mais nous ne pouvons nous permettre de faire durer plus longtemps l'attente sinon les soupçons de la presse deviendront des armes pour l'opposition. »

ANTONIS NICOPOULOS : « Personne n'aime les lengadociens à part eux-mêmes, mais nous ne pouvons pas enterrer cette histoire... La direction du parti est restée très vaguement au courant sur ce dossier. Christodoulos, je sais que vous le démentirez, mais je vous pressens impliqué dans cette histoire. Pour le bien du parti, il faudra peut-être montrer patte blanche, voire faire un pas vers l'opinion publique. Rappelez-vous que vous ne dirigez jamais seul ; même le prince ne peut se targuer d'être seul aux commandes. Mais investi par un mandat électoral comme je le suis, je ne peux vous assurer mon plein soutien, affiché qui plus est, qu'à la condition de votre honnêteté la plus totale. »

CHRISTODOULOS PERRAKOS : « Nous... Nous verrons plus tard en ce qui concerne l'affaire Bordèlès. De mon temps, on ne chassait pas les sorcières pour un enlèvement, encore moins un journaliste, lengadocien qui plus est ! Ces fichus latins se sont mieux intégrés en moins d'un siècle dans notre société que les hiptiques en plusieurs millénaires. Mais le parti a d'autres dossiers brûlants, Antonis : vous et votre justice n'irez pas loin sans le comité national. Ne vous mêlez pas d'affaires liées à l'exécutif, encore plus quand il s'agit de votre propre camp. Le ΧΔΜ accomplit les besoins du prince depuis plus longtemps que vous n'êtes en vie, Antonis, et la monarchie a toujours su récompenser la loyauté de notre parti. Contentez-vous de tirer à boulets rouges sur l'opposition. Oh, et tâchez d'amadouer les lengadociens : eux au moins, ils ne peuvent pas nous faire de mal... »
5209
RÉCIT

L'arène des fauves


07/01/2004

Réunion politique Cémétie Grèce

Les réunions de militants sont souvent l'occasion pour les cadres des partis de rappeler leur engagement.


Bain de foule. Au milieu des militants haletants brandissant des étendards aux couleurs du drapeau hiptique - le bleu et le blanc rappelant étrangement la bannière cémétéenne, d'origine hellénique -, un cortège d'agents de sécurité évoluait, entourant avec précaution un vieil homme, courtaud et basané, présentant un faciès souriant mais railleur, ses dents brillantes fendant son visage d'une oreille à l'autre, narguant les classes populaires aux dents jaunies venues observer le phénomène de foire politique se pavaner devant sa clientèle nouvellement acquise. En grand prince, le politicien laissait ses mains traîner parmi ses fidèles, haranguant la masse en lui donnant l'espoir infime de toucher un des grands hommes de Cémétie.

Du moins, c'était ainsi que se présentait Iskandar Kanaan : homme politique sulfureux, sa réputation le précédait et faisait de lui un roc incontournable de la vie politique nationale - odieux avec les uns, il savait aussi se montrer un redoutable chef de guerre en temps de campagne électorale pour assurer des sièges à ses ouailles. Si son fréquent manque de loyauté par pur intérêt personnel en avait fait un homme redouté, cette absence de constance en avait fait la bête noire du cirque politique ; mais son isolement dans les années 1990 après quelques sorties médiatiques désastreuses avait aussi eu l'avantage de l'éloigner des élites et de le rapprocher, toujours selon lui, des masses populaires.

Une affiliation qu'il revendiquait désormais comme sienne, se faisant le porte-parole des « oubliés de Cémétie » : classes populaires, ouvriers mais surtout hiptiques. La foule venue l'acclamer aujourd'hui était principalement constituée d'hiptiques, alors même que les helléniques sont majoritaires au niveau national : son populisme ethnocentré avait su plaire à la communauté hiptique, mais avait aussi eu l'effet de lui aliéner de fait plus de la moitié de la population nationale. En dénonçant « l'État bourgeois, libéral et hellénique », Iskandar Kanaan n'était plus le bienvenu au sein des structures politiques dans lesquelles il avait fait ses armes.

Mais il avait su s'y accoutumer : aujourd'hui, la Νότια Συμμαχία/ⲣⲉϥⲡ ⲣⲏⲉ (ΝΣ, « Ligue du Sud »), un parti politique régional qu'il avait élevé sur la scène politique nationale en 1999 en faisant entrer onze députés affiliés au mouvement nationaliste hiptique dont il était aussi président, rayonnait au sein de la vie politique du pays, allant jusqu'à occuper soixante-dix sièges au cours du dernier scrutin législatif - un score sans précédent pour un parti supposé enterré et un homme politique présumé en fin de carrière. Malgré son grand âge, Kanaan assurait lui-même ses réunions politiques avec les militants, occupant la scène plusieurs heures durant pour vanter ses idées et son parcours.

Cémétie croix symbole dynastique

Iskandar Kanaan (Boutros Boutros-Ghali) président de la Ligue du Sud parti copte de Cémétie
Iskandar Kanaan, président du parti nationaliste hiptique

ISKANDAR KANAAN : « Mesdames, messieurs, coreligionnaires et frères de sang, je viens à vous avec d'heureuses nouvelles. Le bureau national de la Ligue du Sud et moi-même avons défini notre stratégie ainsi que nos listes pour les élections municipales de cette année. Vous savez combien les élus locaux du parti ont contribué à notre grandeur, notre place sur la scène politique régionale puis sur la scène politique nationale. Dans cette ville d'Ischopolis qui nous a vu naître, moi et nombre d'entre vous, nous entamons une tournée nationale pour réaffirmer mon attachement aux territoires et aux hiptiques qui y habitent et y prospèrent, contre l'hostilité générale de la population dominante.

Comme vous le savez, nous sommes forts de notre glorieux passé, mais nous devons aussi en tirer des conclusions. Là où les autorités voudraient nous faire croire et vous faire avaler que nous, les hiptiques, sommes les acteurs d'une agression ayant eu lieu à Ménorophon l'an dernier, montant en épingle une affaire judiciaire qui n'en est pas une, je sais où repose la vérité et où réside le mensonge éhonté ! Nous savons qui tremble derrière ces fausses accusations, ces pantomimes de procès d'intention, alors même que nos scores sont hauts, autant dans les urnes que nous remplissons que dans les sondages pourtant falsifiés par l'élite pour nous faire croire à notre marginalisation !

Non, nous ne sommes pas marginaux, non, nous ne sommes pas les violents. Les perpétuateurs des crimes commis contre notre peuple sauront être entendus devant la justice populaire ! Les helléniques continuent à monopoliser les meilleurs emplois, les meilleures maisons, les meilleurs patrimoines. Dans leur tour d'ivoire, les riches n'entendent pas les ventres des affamés ! Trop longtemps, nous avons cru en une communauté de destin, simulacre de Nation qu'aucune réalité ne justifie. Les helléniques monopolisent notre démocratie et nous accusent d'en être les saccageurs ! Pourtant, nous ne sommes pas de ceux qui appellent à la guerre civile, au soulèvement populaire et au nettoyage de notre pays.

Non, nous ne cèderons pas aux appels de haine des plus riches. Nous devons assurer cette main que nous tendons aux helléniques du reste du pays pour construire un avenir d'abord ensemble, puis séparément. L'avenir des hiptiques doit se faire par notre propre main. La gestion des dominants touche à sa fin : gouverner n'est pour eux plus qu'une question de temps. Notre poussée populaire à la Vouli a su faire craquer les digues ! Quand les puissants se rendront compte de leurs trop nombreuses incuries par nos cris, las de gouvernance mais assoiffés de pouvoir, oseront-ils abandonner les rênes du gouvernement à des hommes véritablement libres, et laisser les hiptiques décider pour eux-mêmes ? »
21123
RÉCIT

L'arène des fauves


27/05/2004

Ménorophon ville de Cémétie Le Caire en Egypte pyramides

Ménorophon est la seconde plus grande ville de Cémétie et chef-lieu du gouvernorat du Bas-Thaon.


L’audience était aux anges. Sur la scène de la salle de l’Unité (Ενότητα) à Ménorophon, deuxième plus grande ville de la Cémétie et chef-lieu du gouvernorat du Bas-Thaon, trois personnalités politiques parmi les plus connues du pays se serraient la main. Si le caractère peu pratique de la poignée de main était pourtant si peu visible de l’auditoire, c’était en raison de la symbolique forte de l’instant : les trois hommes forts des gauches, aux postures différentes mais aux objectifs peu ou prou similaires ; à savoir, l’union de la gauche. Pourtant, il restait à savoir qui des trois remporterait le meilleur accord pour son propre parti : d’une part, les sociaux-démocrates du Λαϊκό και Κοινωνικό Κίνημα (ΛΚΚ, « Mouvement Populaire et Social ») souhaitaient renouveler le corpus idéologique de leur parti après plusieurs défaites électorales retentissantes pour ce qui était jusque-là le second parti politique en Cémétie ; d’autre part, les agrariens de l’Αγροτική Συνέλευση του Κεμέτ (ΑΣΚ, « Assemblée Agrarienne de Cémétie ») se savaient ayant le vent en poupe mais désirant à nouveau siphonner l’électorat traditionnel du ΛΚΚ. Restait les sociaux-libéraux de l’Εναλλακτική Αλληλεγγύη (EA, « Alliance Solidariste »), nouveaux sur la scène politique nationale mais fraîchement récompensés de leur opportunisme politique par la victoire aux élections municipales dans le dème – plus petite division administrative de la Cémétie, équivalent de la commune – de Ménorophon sous la houlette de leur président, le chanteur ex-arkencan Raul Correa.

Trois hommes politiques se tenaient ainsi sur l’estrade devant les centaines de chaises alignées, lorgnant tous ces militants de gauche venus réclamer l’union salvatrice d’une tendance politique en plein renouveau. Positionnement sans doute involontaire, les trois hommes se tenaient dans l’ordre qu’occupaient leurs partis respectifs au sein de la vision hémicyclique de la vie politique nationale : de gauche à droite, Yiorgos Soout pour l’ΑΣΚ, Theodoros Petrotis pour le compte du ΛΚΚ et Raul Correa pour l’EA. Si le premier et le troisième étaient présidents respectifs de leurs mouvements, Theodoros Petrotis n’était lui que membre du bureau national du ΛΚΚ en tant que vice-président du parti. Un léger écart de prérogatives entre les trois personnages, qui pour l’heure n’était pas visible mais pouvaient constituer un frein à un renforcement de l’union – dans la mesure où la présence d’un second ne vaut pas celle du chef dudit parti.

Tous les trois armés d’un microphone dans une main, les interlocuteurs affichaient une certaine aisance accompagnée de larges sourires forcés. L’observateur attentif pouvait également relever la cordialité des relations interpersonnelles, si ce n’est qu’elles relevaient purement du jeu politique. L’expression corporelle jouait un rôle quasi-essentiel dans l’expression publique, au point de rendre l’art oratoire esclave d’une communication gestuelle cruciale. Avant d’entamer la discussion en elle-même, celle pour laquelle tous les spectateurs étaient présents dans la salle ce soir-là, les orateurs échangeaient des banalités – untel se félicitait pour la victoire dans une commune notable du pays, un autre revendiquait un plus grand nombre d’adhérents cette année que l’an passé. Sans crier gare, Raul Correa se racla la gorge, se saisit de son microphone après que ses deux confrères se furent tu et pris la parole.

Cémétie croix symbole dynastique

Yiorgos Soout (Naguib Sawiris) premier secrétaire de l'Assemblée Agrarienne parti de gauche radicale de Cémétie Theodoros Petrotis (Leonídas Kýrkos) vice-président du Mouvement Populaire et Social parti de gauche de Cémétie Raul Correa (Francky Vincent) président de l'Alternative Solidariste parti centre-gauche de Cémétie
De gauche à droite : Yiorgos Soout (ΑΣΚ), Theodoros Petrotis (ΛΚΚ) et Raul Correa (EA)

RAUL CORREA : « Camarades, citoyens, citoyennes, merci. Merci tout d’abord d’être ici présents ce soir seulement deux semaines après le raz-de-marée électoral qui a permis à l’union de la gauche, que j’ai présidé pour cette victoire-là, de triompher dans la municipalité de Ménorophon. Comme vous le savez, si j’ai participé à la présidence de cette union politique locale, c’était aussi et avant tout pour construire une union plus large, nationale cette fois-ci. Alors bien sûr, traiter d’union avec des comités politiques locaux ça n’est pas la même affaire que lorsque l’on s’adresse directement à des pontes de formations politiques d’ampleur nationale – et pourtant, les voici. Ces messieurs, mes confrères de la gauche, ont accepté mon invitation ce soir dans le but de présenter notre ligne commune, mais aussi nos divergences – car nous en avons et nous souhaitons les rappeler, afin de souligner ce qui a été sacrifié afin d’arriver à un consensus. Au-delà de toutes nos positions passées, il s’agit de transcender les principes stériles et les positions obsolètes pour faire triompher la cause de gauche : l’outil social, l’égalité des chances et la justice. Afin de laisser mes camarades s’exprimer plus amplement sur le sujet de l’union et leurs points de vue respectifs, je les invite à prendre la parole à ma suite. »

THEODOROS PETROTIS : « Et je remercie Raul Correa de nous inviter ce soir pour ce congrès politique qui est on ne peut plus prometteur. Comme vous le savez, mon parti, le ΛΚΚ, est la deuxième formation politique du pays, tant dans les urnes qu’au Parlement cémétéen. Aussi, je souhaite rappeler que l’union de la gauche est aujourd’hui possible grâce à la bonne entente entre les trois partis concernés, et grâce à d’âpres discussions qui ont permis de dégager une ligne claire – au prix de, comme le soulignait à l’instant Raul Correa, quelques menus sacrifices. Grâce à ces efforts communs, nous sommes fiers d’aujourd’hui présenter au monde une plateforme politique commune aux gauches cémétéennes, car il est de notre devoir de permettre l’alternance en brisant le monopole politique des conservateurs sur les institutions, en offrant une véritable alternative politique au flou idéologique de la droite traditionnelle tout en refusant l’accession au pouvoir de la droite radicale et en rendant à la gauche et au peuple le pouvoir qu’ils méritent. »

YIORGOS SOOUT : « Je remercie moi aussi mes camarades Petrotis et Correa, grâce à qui nous sommes présents ici ce soir. Si les récentes réussites électorales de mon parti ont permis d’imposer la vision agrarienne à gauche, la prétendue radicalité de notre programme politique n’est qu’un mirage entretenu par les autorités en place afin de discréditer l’alternative de gauche, en radicalisant un parti qui ne l’est pas. Si je ne nie pas le positionnement à la gauche radicale du parti agrarien, je remets cependant en question la grille de lecture des conservateurs, qui voudraient voir dans le parti agrarien le « péril rouge » qu’ils ont décidé de combattre en signant récemment le « Pacte anti-bolchévique ». Mais trêve de clarifications : aujourd’hui est un jour unique pour la gauche cémétéenne, qui va connaître son renouveau alors même que l’offre politique se morfond entre nationalistes racistes et libéraux-conservateurs. Mais comme vous le savez, pour arriver à trouver un terrain d’entente pour cette union de circonstance, nous avons tous dû faire des concessions. L’union et la démocratie ne sont possibles que si tous les participants se mettent d’accord et trouvent un consensus. »

RAUL CORREA : « Bien. Comme vous le savez, chaque parti a sa propre ligne, qu’il convient également de rappeler avant de présenter notre plateforme politique commune, afin de nuancer nos positions et ne pas léser la potentielle union en faisant fi des intérêts de chaque parti dans la course politique. Comme vous le savez, je préside l’EA, que j’ai moi-même fondé, et j’y ai établi ma ligne politique afin d’en faire un parti d’appoint à la gauche mais aussi une formation politique représentative de ce qui pourrait se rapprocher d’une gauche centriste et libérale – libérale tant sur le plan moral et politique qu’économique. Ayant grandi en Arkencheen, je puis revendiquer de connaître des paysages politiques où le social-libéralisme et la sociale-démocratie sont un succès, et avec lesquels nous devrions composer.

L’EA est avant tout un parti social-libéral ; libéral keynésien, trouvant dans les libertés économiques individuelles une forme de continuation de la démocratie directe et un affranchissement des carcans corporatistes qui bloquent le développement économique du pays. En outre, le conservatisme social et moral ambiant est un frein à l’égalité des chances et aux libertés individuelles, et contre lequel il convient d’agir afin d’assurer aux différentes communautés vivant sur le sol cémétéen des traitements idoines, en lieu et place des inégalités existantes. Pour les travailleurs comme pour les employeurs, il est essentiel d’assouplir les réglementations très lourdes du corporatisme afin d’assurer une plus juste et saine concurrence, tout en individualisant les outils de production par l’entreprenariat ainsi encouragé. La monarchie n’est foncièrement pas un obstacle à l’égalité, dans la mesure où la Σύνταγμα, la Constitution cémétéenne, reste le garant des libertés individuelles contre l’arbitraire d’une monarchie trop forte. Je persiste à croire qu’il existe un électorat pour la gauche libérale en Cémétie, une frange de la population qui reste fermement convaincue de la nécessité d’une justice sociale et d’une plus grande égalité des chances mais aussi une plus ferme défense des libertés individuelles contre les comportements monopolistiques – qu’il s’agisse de comportements anticoncurrentiels dans le domaine politique ou dans le domaine économique. C’est ainsi que je présenterais la pensée qui anime la formation politique que je préside ; j’invite mes confrères ici présents à définir succinctement leurs lignes politiques respectives. »

THEODOROS PETROTIS : « Ce que je vais m’empresser de faire. De par son ancienneté et son positionnement sur certaines questions, le ΛΚΚ a eu plus d’une fois l’occasion de renouveler son corpus idéologique ; de parti social-conservateur à sa fondation, « monarchiste de gauche », le ΛΚΚ a évolué vers des positions plus égalitaires, prônant un interventionnisme économique étatique et un secteur public renforcé au profit de meilleurs services assurés par l’État aux citoyens, tout en assurant une égalité de traitement et des mesures sociales concernant le travail, l’éducation et le niveau de vie en général, en renforçant les dépenses étatiques. Pourtant, le parti ne prône pas seulement l’État-providence à l’occidentale : par réformisme, il convient de jouer le jeu démocratique et de participer aux élections afin d’assurer l’alternance ; jamais le ΛΚΚ ne s’est destiné à être autre chose qu’un parti de gouvernement. La démocratie chrétienne est également un des piliers fondateurs de la gauche sociale-démocrate. En outre, le ΛΚΚ revendique l’héritage monarchiste comme véritablement social et populaire, les princes de Cémétie ayant montré leur grand attachement au peuple et aux intérêts des classes moyennes et populaires ; une position qui, comme je le sais, n’est pas véritablement partagée par les autres sensibilités du spectre politique de la gauche. »

YIORGOS SOOUT : « La question des institutions politiques est un de nos points de divergence ; là où les solidaristes et les sociaux-démocrates s’accommodent facilement de l’autorité princière, les agrariens voulaient jusqu’à présent apporter une réflexion sur le républicanisme, le monarchisme et les alternatives. Mais si la ligne du parti agrarien reste profondément républicaine, cette position reste secondaire et peut être sacrifiée sur l’autel de l’union dans la mesure où d’autres revendications du parti sont intégrées au programme commun. Pour décrire plus longuement l’ΑΣΚ, il est essentiel de rappeler que les mouvements ouvriers et paysans ont trouvé leur écho direct dans notre parti et que nous comptons bien représenter ces strates-là de la société dans nos revendications, chose que je pense nous avons correctement réussi à faire jusque-là au sein de la plateforme commune que nous allons vous présenter ici-même. Pour aller plus loin, je décrirais l’ΑΣΚ comme défendant une redistribution juste des terres agricoles dans les milieux ruraux, une plus grande représentation syndicale et associative des producteurs et des travailleurs dans les institutions cémétéennes, mais aussi la nationalisation de nombreux secteurs stratégiques – au profit de la communauté. En plus de vouloir porter une réflexion sur le monarchisme ambiant, nous souhaitons également réformer les institutions religieuses et leur influence dans la société ; de manière plus générale, l’ordre moral religieux est en lien direct avec l’ordre socio-économique – trop rigide pour nos concitoyens. »

RAUL CORREA : « Maintenant que nous avons fait un premier tour de table des intérêts recherchés par chacun des partis dans cette plateforme politique commune, nous pouvons passer à la présentation de celle-ci. Après plusieurs semaines de débats plus ou moins intenses entre les différentes structures qui composent nos partis respectifs, nous sommes arrivés à dénicher des terrains d’entente : concernant le rôle de l’État, concernant l’alignement géopolitique de la Cémétie, concernant la démocratie et concernant les affaires sociales.

Tout d’abord, le premier combat mené par le programme commun sera le rehaussement du niveau de vie par des mesures sociales fortes : la mise en place d’un temps de travail, fixé à une semaine de quarante heures de travail maximum, figure parmi les propositions de notre programme. À cette mesure moderne, nous souhaitons ajouter l’augmentation du salaire minimum. En plus de cela, la discrimination à l’embauche entretenue entre hiptiques et helléniques – et vice-versa – doit cesser, par des mécanismes incitatifs et la répression des comportements économiques discriminatoires ; des comportements qui aboutissent également à des inégalités territoriales, à l’encontre des communautés hiptiques rurales en opposition avec les villes helléniques malheureusement mieux desservies. À ce combat social, s’ajoute également une meilleure éducation, plus centralisée : un plus grand contrôle du travail des mineurs, mais aussi une meilleure scolarisation de ceux-ci figurent dans les mesures fortes de notre programme.

Au-delà du simple aspect social, c’est tout le rôle de l’État qui doit être revisité : sans plus être simplement un arbitre des relations économiques, il doit participer activement à celles-ci et encourager par ses investissements et sa direction planifiée des tendances et des secteurs économiques. En outre, le dirigisme économique viendra supplanter les mécaniques corporatistes et balayant les corporations qui exercent encore aujourd’hui une influence anticoncurrentielle et contraire aux libertés économiques. L’atomicité des acteurs économiques doit être rétablie, afin que seul l’État soit le véritable maître et arbitre des comportements économiques, un rôle d’acteur providentiel que nos contemporains ont trop oublié au profit des corporations et comportements monopolistiques. Les entreprises-clés devront également être nationalisées, afin d’assurer des services publics pas soumis à des besoins de rentabilité tout en maintenant également des moyens vitaux pour ces entreprises par les deniers de l’État.

Le troisième point de la plateforme politique commune est celui des libertés démocratiques et individuelles ; nous ne pourrons dire que nous vivons en démocratie qu’une fois que nos libertés individuelles seront assurées, non plus uniquement par les textes de la Σύνταγμα, la Constitution cémétéenne, mais par une application stricte et rigoureuse de celle-ci en toute circonstance. Les exceptions à celles-ci et les comportements antidémocratiques doivent être, comme il en paraît primordial mais parfois trop anodin pour être considéré par nos dirigeants, sévèrement réprimandés comme garanti par la loi. Un rappel juste et nécessaire, alors même que les accusations vont bon train contre l’exécutif. Les libertés économiques devront être consacrées et les comportements oligopolistiques des corporations sanctionnés, au risque de voir celles-ci écraser toute concurrence au détriment de la démocratie économique.

Sur le plan géopolitique, nous devons reconsidérer le rôle de la Cémétie. D’une part, la Principauté est désormais engagée dans un traité anticommuniste qui constitue un obstacle évident aux libertés politiques, dans la mesure où des organisations marxistes pourraient ne pas pouvoir concourir aux élections dans les instances officielles quand bien même lesdites organisations prôneraient le réformisme démocratique. Sur le plan international, la coopération doit être de mise : en Leucitalée avec l’Empire rémien, mais aussi avec des États qui pour l’instant ne sont pas le bienvenu en Cémétie, comme la République populaire d’Astac. De manière plus générale, le pragmatisme diplomatique doit servir les intérêts populaires, assertissant la position de la Cémétie comme démocratie-phare et modèle d’inspiration sociale pour les puissances riveraines de la mer leucitaléenne et au-delà, en Afarée. Une vraie réflexion géopolitique et géostratégique doit être menée ; l’isolationnisme traditionnellement cultivé par les instances dirigeantes du parti conservateur doit être rompu, et la relative ouverture de la Cémétie sur le monde, entretenue par l’influence libérale du Κεμετιακό Φιλελεύθερο Κόμμα (ΚΦΚ, « Parti Libéral Cémétéen ») au sein du gouvernement cémétéen, doit être élargie afin de renforcer notre force économique et nos intérêts étrangers ; la Cémétie prend une place toujours plus importante sur la scène politique mondiale sans pour autant assurer d’aucune manière le rôle de chef afaréen qui lui incombe. Pourtant, il convient de démarquer toute politique étrangère issue de l’union de la gauche cémétéenne d’un quelconque rapprochement avec les États communistes, autoritaires et antidémocratiques, de l’Internationale, à laquelle il convient également de refuser toute concession, qu’il s’agisse du sol cémétéen ou d’autres territoires proches pouvant avoir une influence sur notre propre pays. À ce sujet, le président et représentant ce soir de l’ΑΣΚ, Yiorgos Soout, souhaite s’exprimer. »

YIORGOS SOOUT : « En effet, et je remercie Raul Correa de m’accorder ce temps de parole pour traiter d’un sujet certes différent mais néanmoins éminemment inquiétant pour la gauche cémétéenne. Comme vous devez vous en douter, ce congrès n’est pas uniquement une réunion servant de conférence de présentation de la nouvelle plateforme commune de la gauche. Je cherche ainsi à ouvrir une parenthèse pour débattre plus amplement de ladite Internationale ; si le marxisme et le communisme n’ont pour l’instant qu’une influence lointaine en Cémétie, sans doute parce que des mouvances politiques préexistantes ont su capter les revendications et les complaintes des classes ouvrières, il n’est pas à exclure que la gauche cémétéenne ne s’étoffe dans les années à venir de nouveaux mouvements, qui sont bien entendus invités à traiter avec nous au sein de la plateforme commune. L’ΑΣΚ en particulier se revendique comme une fédération de partis locaux et d’assemblées, et est donc largement ouverte à l’adhésion de nouvelles structures politiques, qu’elles soient agrariennes ou marxistes. Néanmoins, la mise en place d’instances internationales partagées avec des régimes hautement autoritaires constitue un frein majeur à l’intégration du marxisme dans le corpus idéologique de la gauche cémétéenne, y compris au sein du parti agrarien. En aucun cas le débat démocratique ne doit être bouleversé par la coercition ; sortir de l’ordre établi oui, mais pas par les armes. De même, si nous prônons le retrait des forces cémétéennes engagées au Varanya, nous ne pouvons pleinement encourager les factions communistes varanyennes, de peur de les voir s’en prendre à l’ordre démocratique proposé par la faction révolutionnaire majoritaire. »

RAUL CORREA : « Parfait. Maintenant que nous avons clôt cette parenthèse sur le marxisme en Cémétie, je propose d’avancer dans notre présentation ; en l’occurrence, nous avons un calendrier électoral à mettre en place pour ladite plateforme commune. Comme il a été entendu entre les différentes parties prenantes, ce programme politique commun est valable pour une durée de dix ans jusqu’en 2014 ; date à laquelle nous déterminerons l’utilité du renouvellement du programme commun. Il est bien entendu envisageable de revisiter ce programme en y intégrant des enjeux modernes qui auraient pu ne pas exister au moment de la signature du programme commun, je pense notamment aux enjeux du monde numérique, de l’anonymat et des libertés en ligne que nous aurons tout le loisir d’explorer et de débattre au cours des années à venir. Pour l’instant, nous nous en tenons aux aspects précédemment cités : le social, le dirigisme, la démocratie et la sortie de l’isolationnisme. Je laisse la parole à Theodoros Petrotis pour présenter le calendrier électoral et les enjeux de l’union de la gauche pour ces échéances. »

THEODOROS PETROTIS : « Étant donné les circonstances actuelles et l’absence d’alternance de la part des conservateurs, il devient crucial d’assurer la victoire électorale. Si les idées sont une part importante de toute victoire électorale, elles ne doivent pas empiéter sur le jeu démocratique où tout se joue : pour cette raison, les listes d’union de la gauche sont vouées à se multiplier au niveau national comme local. Aussi, il a été entendu d’une juste répartition des listes et têtes de liste sur tout le territoire national pour les prochaines élections législatives, qui auront lieu en 2007. Si les législatives restent les élections incontournables de notre paysage politique, les autres échéances électorales et démocratiques ne sont pas en reste : pour les gouvernatoriales de 2008 et les municipales de 2009, des candidats et listes d’union de la gauche sur le modèle expérimental de ce qui a été négocié et établi à Ménorophon devrait permettre aux gauches de s’établir fermement dans le paysage local après le reflux politique des dernières élections. »

RAUL CORREA : « Voilà un calendrier politique et électoral qui saura répondre aux attentes et aux revendications des cémétiens, en tout cas nous l’espérons. Ce congrès est le point de départ d’une reconstitution de l’offre politique nationale, qui saura causer suffisamment de remous sur la scène politique pour faire renouer l’électorat avec les idées de gauche, loin du marasme intellectuel que sont les droites entre libéraux, conservateurs, populistes et nationalistes. L’union de la gauche est devenue la seule sortie de l’impasse conservatrice, alors que la droite peine à renouveler son corpus idéologique et que la situation sociale ne cesse de stagner ; tandis que la Cémétie connaît une embellie économique depuis deux ans, il paraît incongru de ne pas profiter du regain d’activité économique pour favoriser les vrais moteurs de notre économie, à savoir le secteur privé, tout en assurant une plus grande égalité dans l’éducation, le niveau de vie et la justice, le tout assuré par un État dopé par des dépenses publiques en bonne santé ; cessons l’État régalien, vivons l’État-providence. »
21653
RAPPORT
Εναλλακτικό άνοιγμα - « Ouverture alternative »
01/08/2007 | Par le comité « Ouverture alternative » dirigé par Abraam Tadros

Cémétie croix symbole dynastique

Marquée à l’international par l’éclatement des territoires coloniaux de l’ex-Empire listonien, concrétisant l’effondrement de la troisième puissance économique mondiale et puissance impérialiste de premier plan, l’année 2007 est un tournant géopolitique majeur de l’histoire contemporaine. Au cœur de la géopolitique mondiale, les anciens espaces coloniaux lusophones sont désormais en proie à des troubles internes forts, auxquels la Cémétie doit répondre en tant que participant à la prise d’indépendance nationale et l’autonomisation effective, loin des dangers de nouveaux impérialismes qui se développent peu à peu sur plusieurs continents.

La situation politique interne à la Principauté de Cémétie n’est pas actuellement favorable à une politique étrangère radicalement différente ; pourtant, il existe une marge de manœuvre à la coalition des gauches Συμμαχία της Αριστεράς της Κυβέρνησης (Symmachía tis Aristerás tis Kyvérnisis, « Alliance de la Gauche de Gouvernement »), abrégée ΣΥΜΑΡΚΥ/Symarky, dans la mesure où chaque composante de l’union électorale peut se retrouver dans les propositions qui vont suivre. Les sociaux-libéraux de l’Εναλλακτική Αλληλεγγύη (EA, « Alternative Solidariste ») dans des mesures d’ouverture, les agrariens de l’Αγροτική Συνέλευση του Κεμέτ (ΑΣΚ, « Assemblée Agrarienne de Cémétie ») par un protectionnisme d’équilibre et les sociaux-conservateurs du Λαϊκό και Κοινωνικό Κίνημα (ΛΚΚ, « Mouvement Populaire et Social ») par le rôle de la monarchie princière dans la nouvelle politique diplomatique proposée et l’indépendance renouvelée de la Cémétie au cœur du jeu mondial.

Avec un Produit intérieur brut de 664 milliards de dollars internationaux bruts en août 2007, la Principauté de Cémétie se place onzième dans le classement économique mondial, derrière le Banairah avec lequel elle partage la direction de l’Afarée sur le plan économique, ces deux États figurent au sommet de l’économie continentale, géographiquement comme statistiquement. Sur un autre plan, la Cémétie est peuplée de plus de 52 millions d’âmes, soit dix millions de plus qu’il y a cinq ans : un record d’explosion démographique qu’il convient de prendre en considération quand il s’agit de traiter de l’expansion économique ou du poids géopolitique d’un pays démographiquement et économiquement émergent comme la Cémétie.

La Cémétie ne peut se passer comme du jeu mondial comme le fait actuellement la coalition en place des libéraux du Κεμετιακό Φιλελεύθερο Κόμμα (ΚΦΚ, « Parti Libéral Cémétéen ») et des conservateurs du Χριστιανοδημοκρατικό Μέτωπο (ΧΔΜ, « Front Chrétien-Démocrate »), qui se reconnaîtront néanmoins dans les propositions de ce rapport qui se destine, avant de venir nourrir le corpus idéologique de la coalition des gauches, à l’ensemble de la classe politique cémétéenne. Au travers de ces vingt-cinq propositions-clés propres à l’année géopolitique 2007, il s’agit surtout d’esquisser des perspectives d’action pour replacer la Principauté au cœur du jeu géopolitique mondial.

Cémétie croix symbole dynastique

DE LA CHUTE DES EMPIRES AUX ÉTATS-NATIONS : UNE DÉCOLONISATION QUI RYTHME LE JEU MONDIAL

Si l’effondrement des territoires coloniaux de l’ancien espace impérial listonien acte surtout la fin de la puissance listonienne en elle-même, elle trahit aussi une dynamique globale de décolonisation du monde au tournant du nouveau millénaire qui condamne autant les empires marchands que coloniaux. En replaçant le curseur du jeu géopolitique mondial sur les États-nations en construction ou en reconstruction, comme la nouvelle grande puissance mondiale l’Alguarena, issue de la centralisation des pouvoirs de l’ancienne fédération d’Arkencheen, la décolonisation et le retrait des anciens impérialismes est un climat propice au remplissement nouveau de ce vide géopolitique laissé par les anciens empires.

Les territoires désormais indépendants ou en cours d’autonomisation sont avant tout devenus des territoires de guerres par procuration entre différentes strates d’influences étrangères. Entre ingérence dans les indépendances et condamnation des néo-impérialismes, la politique étrangère de la Cémétie doit servir de jeu d’équilibre, tant de refuge des intérêts indépendantistes que de stabilisation des microclimats de tension instaurés par la décolonisation rapide et hasardeuse de l’ancien espace impérial listonien.

Si l’année 2007 est placée sous le signe des conflits dans l’ancien espace impérial listonien, la décennie des années 2000 en elle-même est avant tout préfigurée par la guerre civile varanyenne, opposant le régime impérial de Thadamis à différentes mouvances révolutionnaires avec la participation reconnue de plusieurs pays dans le conflit, à commencer par la Principauté de Cémétie par le vote de l’intervention militaire dès le 16 mars 2004 puis la mise en place de l’opération Behedetite dans un contexte d’effondrement de l’autorité impériale et d’un vide géopolitique laissé par une grande porte ouverte aux nouvelles puissances impériales au travers de l’appel d’air des mouvements révolutionnaires auprès des forces étrangères. En ce sens, l’opposition indirecte entre l’Alguarena et la Cémétie a rythmé la première moitié de la décennie, entre 2002 et 2006 jusqu’à l’effondrement du dernier bastion impérial soutenu par la Cémétie sur l’île de Bina.

Mais la géopolitique afaréenne et mondiale ne se limite alors pas non plus au simple conflit varanyen, et la convergence croissante de différentes puissances au travers des deux coalitions opposées n’a pas suffi à générer des axes géostratégiques majeurs, qu’il s’agisse de la coalition loyaliste au Shah (Fédération d’Albel, Principauté de Cémétie, Reinaume d’Aumérine et République du Magermelk voire République du Walserreich) ou des soutiens aux révolutionnaires varanyens (Fédération d’Alguarena et République de Fortuna principalement). Au contraire, les convergences provisoires du conflit ont suscité des divergences, tant entre un pôle démocratique (Cémétie et Sainte-Marquise) qu’avec un pôle autoritaire (Magermelk et Empire francisquien) au sein des loyalistes que de la désormais indifférence entre puissances impérialistes au sein du camp révolutionnaire, en l’occurence Alguarena et Fortuna.

Il convient donc de prime abord de condamner l’impérialisme alguarénan et par son truchement de condamner les franges dangereuses de la révolution varanyenne, notamment les courants islamistes du جبهه اسلامی (« Front de l’Islam » en farsi varanyen) au sein du جبهه ملی وارانین (« Front National Varanyen »). Pourtant, les dynamiques entreprises au Varanya par la coalition au pouvoir en Cémétie ont engendré un cycle de violences et de massacres, notamment de milliers de morts tant du côté cémétéen qu’impérial, mais plus globalement d’une défaite majeure pour la coalition loyaliste et les forces engagées par la Cémétie : ce déshonneur ne saurait rester sans leçons retenues pour tous les camps engagés dans le conflit et la Principauté ne peut se permettre au nom de l’ordre établi de commettre de telles erreurs. En ce sens, la condamnation et la dénonciation de tous les crimes de guerre, exactions et opérations entreprises par le gouvernement Perrakos main dans la main avec les autorités impériales du régime de Thadamis doivent être sans équivoque. De même, doivent être tenus pour responsables les ressortissants varanyens directement impliqués dans le conflit et les dirigeants cémétiens de l’époque.

Mais agir sur le passé ne suffit pas à combler un présent de vide géopolitique en Cémétie et dans son étranger proche : pour assurer une véritable participation de la Principauté à l’équilibre régional et global entre les puissances, Héraclée doit servir de puissance d’appoint à tous les indépendantismes en refusant toutes les ingérences étrangères : la Cémétie doit condamner les ingérences étrangères dans les crises néo-nationales, comme au Pontarbello en Aleucie méridionale où depuis le début de l’année 2007 s’entredéchirent indépendantistes, loyalistes et à travers eux influences étrangères en conflit par procuration.

En ce sens, la Cémétie doit accompagner les indépendances dans leur construction nationale et étatique, donc au travers d’une contribution économique comme politique voire militaire et géostratégique. Plus globalement, la Cémétie doit pouvoir servir de garants des nouveaux États issus de la décolonisation, en particulier lorsqu’il s’agit de l’étranger proche de la Principauté : le Nazum occidental, l’Afarée, l’Eurysie méridionale et l’espace leucitaléen. Le jeune territoire du Jadida, entre Nazum et Afarée, doit pouvoir être un pays libéré de toute influence étrangère et impérialiste, avec la possibilité d’une co-construction nationale en partenariat économique direct avec le Banairah et la Cémétie en lieu et place d’une République fortunéenne limitrophe qui pourrait contester la souveraineté de ce jeune État.

Contre l’indépendance factice de territoires décolonisés, la Principauté de Cémétie doit pouvoir assurer un jeu d’équilibre entre puissances dans les tentatives de vassalisation de nouveaux États peu structurés. La responsabilité directe des anciennes puissances et métropoles coloniales doit directement être engagée dans le processus de reconstruction postcoloniale, en compensation des coûteuses guerres coloniales et impérialistes parfois infligées aux populations indigènes. En ce sens, la Cémétie doit assurer une pleine coopération entre anciennes métropoles et colonies tout en limitant les potentielles influences informelles pouvant être laissées en guise de néocolonialisme des territoires impliqués.

Les territoires décolonisés servent souvent de prétextes pour nourrir des instabilités régionales ; si le Varanya ne rentre pas dans cette catégorie, son instabilité a servi de contexte pour une déstabilisation très forte du bassin de la mer des Bohrins, amputant à la région de nombreuses vies et un fort potentiel économique et commercial. De même, le conflit pontarbellais joue un rôle mineur mais majeur en devenir dans la déstabilisation de l’espace entre Aleucie et Paltoterra, avec les perspectives d’une escalade du conflit ou la mise sous tutelle alguarénane du petit territoire fraîchement indépendant. En ce sens, la Cémétie doit traiter avec les États volontaristes en matière de décolonisation pour assurer une entente globale sur la question, un recul des inégalités métropole-colonie voire une co-construction impulsée par des experts étrangers et des puissances anticolonialistes comme les Nets’amereti en Afarée ou le Yuhanaca au Paltoterra.

Cémétie croix symbole dynastique

Mais si la décolonisation est un processus en marche entamé dès le vingtième siècle, notamment dans le cadre afaréen avec le retrait des troupes coloniales de Kiniakeia, ancien territoire mandataire désormais pleinement intégré à la Principauté de Cémétie, il reste encore à faire, avec la pleine coopération des autorités métropolitaines des quelques empires coloniaux restants afin de limiter tout bellicisme dangereux – mais en maintenant tout de même une cadence soutenue dans les réformes autonomistes et/ou indépendantistes. En ce sens, il convient également d’appuyer la politique étrangère de la Cémétie envers le monde colonial et postcolonial en assurant un équilibre géopolitique dans l’étranger proche cémétéen.

Comment interagir avec les puissances coloniales, dans la mesure où elles jouent un rôle souvent majeur et amplifié par leur espace colonial sur la scène internationale ? Ces États impérialistes ne peuvent être coupés de toute relation avec la Cémétie, dans l’idée d’un besoin vitale de coopération internationale tant pour la Principauté que pour lutter contre une nouvelle forme d’isolationnisme par la pureté morale. Aussi, il convient de jouer un jeu d’équilibre entre condamnation des impérialismes et pleine coopération avec autonomistes plutôt qu’indépendantistes comme avec les États concernés dont la Principauté de Cémétie ne peut se passer dans l’idée d’un co-développement avec les territoires coloniaux.

Une des principales préoccupations de la doctrine anticolonialiste cémétéenne doit passer par le soutien direct aux autonomistes et aux nationalistes helléniques dans l’étranger proche de la Principauté mais aussi au-delà, en Leucitalée comme en Afarée, en Eurysie et au Nazum. À cheval sur trois consciences communautaires, la Cémétie peut se targuer de défendre d’une part Eurysiens méridionaux en l’incarnation des helléniques, Afaréens par le truchement de son caractère continental et hiptique, et Nazuméens par la conscience anticoloniale du pays. Le recul des influences coloniales et impérialistes doit servir de base à l’élaboration d’une co-construction globale avec les puissances postcoloniales.

Sur le continent afaréen, la géopolitique postcoloniale et coloniale est plus complexe : la perspective d’ingérences étrangères dans le cadre d’un conflit, qu’il soit d’indépendance ou autre, est concrète et réelle comme l’illustre le cas de la guerre du Varanya. En ce sens, la préférence pour les mouvements autonomistes et légalistes, plus qu’aux groupuscules violents pouvant être source de déstabilisation, est à préférer dans le mode opératoire du soutien cémétéen, quitte à accepter par pragmatisme et équilibre le maintien d’une présence coloniale moindre mais pas nullifiée sur le continent afaréen et au-delà. En ce sens, il convient avant tout d’établir des partenariats stratégiques avec les autorités autonomes et de soutenir discrètement les autonomismes légalistes sur le plan intérieur comme extérieur.

Mais s’il est préférable d’adopter une position d’apaisement vis-à-vis des puissances coloniales et impérialistes, il est également pertinent de placer la Cémétie tant en partenaire de choix de ces États qu’en pilier exigeant d’une politique ultramarine égalitaire et avant tout structurante pour les territoires concernés par la colonisation. En ce sens, en incarnant la seule option pour la stabilité coloniale et le commerce avec l’Afarée pour les nations eurysiennes, la Principauté de Cémétie se placera en protectrice des territoires coloniaux tout en maintenant un carcan de stabilité institutionnelle sur la région, en lieu et place de la déstabilisation promise par les ingérences étrangères et extra-afaréennes. Il s’agit ainsi de condamner et d’agir contre les répressions tout en encourageant le dialogue démocratique dans les espaces colonisés et également de contenir toute expansion coloniale et impérialiste.

Cémétie croix symbole dynastique

UN JEU MONDIAL ENTRE MONTÉE ET CHUTE DES PUISSANCES : SE PLACER DANS L’INTERRÈGNE

Entre émergence de nouvelles puissances et le recul d’anciennes, notamment coloniales, la scène internationale est surtout marquée par de grosses dynamiques divergentes qui favorisent tant l’instabilité que l’instauration d’un climat de vide géopolitique permanent, sorte d’interrègne géopolitique où les empires laissent place aux États-nations dans un cadre global d’affrontement de tous contre tous. Cette anarchie naturelle des relations internationales n’est pour l’instant contredite d’aucun mécanisme, aucun système international cherchant à réguler ces relations chaotiques entre États belliqueux sur le plan économique, culturelle, diplomatique et avant tout militaire.

Il convient donc à chacun d’établir sa propre direction internationale, en s’appuyant non pas sur leur arsenal militaire et/ou diplomatique mais bien sur l’état de relative égalité entre toutes les puissances qui peuplent la carte du monde. À l’exception des solitaires État pharois et Alguarena qui cumulent puissance économique et influence mondiale sans pour autant cultiver une posture hégémonique en s’appuyant sur un réseau diplomatique et géopolitique suffisamment construit, aucun État ne se démarque des autres sur la scène internationale.

Ainsi, en s’appuyant sur l’étude sur le calcul du niveau de puissance des nations menée par le chercheur Aristhon Enpeuplid dans la revue elpidienne Akademias, seule l’Alguarena se démarque des autres puissances en cumulant la première place au score de puissance militaire avec le double du score cémétéen et plus du triple du score de puissance industrielle de la Principauté ; les écarts demeurent beaucoup plus modestes entre les autres puissances, soulignant l’état de relative égalité entre nations sur la scène internationale. Est ainsi nécessaire de souligner le besoin impérieux d’organiser des partenariats horizontaux, en grand nombre pour établir des axes géopolitiques au profit de la création d’une classe d’États hostiles aux puissances impérialistes et cherchant à défendre des intérêts similaires sur la scène internationale, loin de l’anarchie initialement entretenue.

En premier lieu, l’Afarée doit jouer le rôle de base arrière de la Cémétie, voire l’Afarée du Nord de pré-carré cémétéen dans lequel mener et des expériences politiques en matière de construction et co-construction nationale et des opérations de stabilisation pour assurer le commerce et la prospérité à un continent trop longtemps traversé par des dynamiques contradictoires sur ce plan-là. Le premier pas de cette stabilisation continentale commence par l’établissement d’une communauté afaréenne nourrie par des traités volontaristes créant en Afarée les racines et le socle d’une première forme de stabilité intergouvernementale, d’abord pour stabiliser le continent puis ensuite pour exporter un modèle d’entente internationale au profit d’abord des espaces méridionaux puis enfin pour le monde entier, idéalement.

Au-delà d’une simple politique afaréenne, la Cémétie doit mener une véritable politique eurafaréenne, associant métropoles coloniales, territoires colonisés, puissances émergentes et Vieux Continent pour organiser le développement commun autour de la décolonisation, le rejet des impérialismes extérieurs à l’espace leucitaléen et la prospérité maritime et commerciale. Sans pacification de son étranger proche que constituent l’Afarée du Nord et l’Eurysie du Sud, la Principauté de Cémétie ne peut espérer se projeter au-delà de ses propres frontières : le défaut crucial d’alliés afaréens à la Cémétie lors du conflit au Varanya justifie en partie la défaite cuisante infligée tant sur le plan géopolitique que tactique à la Principauté par le camp révolutionnaire.

Ainsi, les puissances eurysiennes, en particulier helléniques et méridionales, doivent servir de point d’appui à la Principauté de Cémétie pour organiser une politique économique régionale mais aussi une diplomatie du consensus, prenant notamment appui sur la figure symbolique du monarque princier son Altesse Dimitrios III pour nouer des relations personnelles avec les souverains et les dirigeants du continent. Cette vision personnelle des relations diplomatiques ne doit pas être étendue au continent afaréen, sous peine de faire basculer la Cémétie dans le paternalisme avec des États postcoloniaux peut-être très à vif sur le sujet.

Le rôle d’équilibre de la Cémétie, entre Afarée, Leucitalée, Nazum et Eurysie, doit servir d’argument de force ; le canal de Césanès qui relie Occident et Orient au travers de l’isthme de Théodosine doit être investi comme l’unique voie d’eau directe entre la mer des Bohrins et la Leucitalée, avec le relatif effondrement de l’ancien Empire rémien. Outre l’établissement de partenariats avec les États eurysiens, afaréens et nazuméens, qui paraît être une évidence, il s’agit surtout de replacer la Cémétie au cœur de la mondialisation des échanges par sa position géographique de choix. Pour aller plus loin, le Nazum occidental puis oriental doivent être des espaces de choix pour la politique étrangère de la Principauté : le Jashuria, lui aussi traversé par une voie d’eau essentielle à la circumnavigation maritime, peut ainsi être une autre puissance d’équilibre sur laquelle s’appuyer pour mener une politique d’affirmation des espaces postcoloniaux.

En ce sens, la Cémétie doit prendre en compte son attachement varanyen historique au travers d’une forme de nostalgie impériale et de renouer contact avec tout l’espace post-impérial varanyen : d’une part le Varanya républicain en lui-même, qui doit devenir un partenaire réconcilié avec la Principauté malgré les différends cultivés sous d’autres gouvernements, mais aussi d’autres parts les anciens territoires de l’Empire varanyen que sont l’île de Bina, désormais très hellénisé qui doit être intégrée à une vraie politique régionale dans la mer des Bohrins, les îles Chesmites, la cité-État d’Ictre et la satrapie d’Iskandriane, qui peuvent jouer un rôle de relais important de la politique extérieure cémétéenne au-delà du continent afaréen : il s’agit ici d’intégrer le Nazum dans la politique d’étranger proche de la Cémétie au travers des anciens territoires varanyens.

Cémétie croix symbole dynastique

Mais comment concilier néo-impérialismes dans la sphère postcoloniale et assurance de ne pas déstabiliser des espaces déjà fragiles par des velléités expansionnistes trop bruyantes ? Si les impérialismes extérieurs doivent être repoussés par la plume plus que par l’épée, la diplomatie pragmatique adoptée par la Principauté doit aussi faire figure de leitmotiv pour la Cémétie dans ses relations afaréennes, dans la mesure où peut être tolérée la mise sous tutelle de puissances mineures par des puissances afaréennes plus importantes si tant est qu’il s’agit d’un processus assurant stabilité, prospérité et juste équilibre entre puissances, surtout si le bellicisme afaréen permet de faire sortir les puissances coloniales d’Afarée.

Une des facettes majeures de la nouvelle géopolitique de la Cémétie doit aussi être la capacité à traiter d’égal-à-égal avec d’autres puissances majeures, dans l’objectif tant d’incarner le rôle de chef de file des petites puissances postcoloniales et colonisées par une direction forte assurée par un appareil militaire princier en plein état de marche (quatrième puissance militaire mondiale selon Akademias). Aussi, le maître-mot de la politique extérieure de la Principauté doit devenir celui de souveraineté : assurer à la Cémétie des capacités suffisantes pour assurer sa souveraineté en toute circonstance, au profit encore une fois des petits États que celle-ci se charge de représenter auprès des grandes puissances que dans l’idée d’une prospérité renouvelée de la nation cémétéenne.

Le pragmatisme géopolitique de la Principauté de Cémétie ne doit pas la limiter dans le développement et d’un philocémétisme régional et global, à des positions stratégiques, et d’un satrapisme qui marque l’idée d’une direction cémétéenne dans l’espace hellénique et varanyen. Le redressement de la politique étrangère cémétéenne est un rôle lourd pour les prochains gouvernants, qui vont devoir réhabiliter une institution tombée en désuétude depuis des décennies au profit d’un isolationnisme qui n’a rien fait de plus pour la souveraineté cémétéenne que de l’affaiblir dans son étranger proche et à l’international, loin de garantir une quelconque indépendance de ses intérêts.

Si la condamnation de l’ordre établi par les puissances impérialistes est une chose, la bonne diplomatie et la résolution par la plume plutôt que par l’épée doit jouer un rôle majeur pour convaincre l’électorat cémétéen de l’évidence diplomatique plutôt que militaire, avec un recours plus que limité et en derniers recours à la chose militaire ; une position qui paraîtra d’autant plus acceptable par la population cémétienne et l’opinion publique que la guerre au Varanya a été un échec décisif dans l’établissement d’une politique étrangère cémétéenne forte, au-delà des affirmations du gouvernement Perrakos qui sont restées lettre morte en matière géopolitique et diplomatique.
23370
RAPPORT
« Pour un partenariat hamique »
12/09/2009 | Par Akakios Rinopoulos,
chercheur au Κέντρο Κοινωνικής Προόδου (« Centre pour le Progrès Social »)

Cémétie croix symbole dynastique

La Terre de Ham est, dans la Bible chrétienne, l’Afarée du Nord. Celle-ci est avant tout marquée géographiquement par une vaste étendue désertique qui la creuse en son centre. Peu d’Etats se stabilisent dans la région, encore moins au cœur de celle-ci où les dynamiques ethniques et culturelles difficiles se superposent à un climat et une géographie inhabitables. Sur ses extrémités cependant, fleurissent les nations parfois prospères, à l’image de la Cémétie au Nord, du Banairah à l’Est ou de l’Althalj à l’Ouest. Ces puissances, qui ne sont pas sans interactions entre elles, demeurent pourtant globalement assez peu proches, contrairement à d’autres espaces régionaux plus conflictuels comme l’Eurysie du Nord ou le supercontinent aleuco-paltoterran.

Il existe un réel intérêt à ce que ces nations se rapprochent : cultivant des racines culturelles proches en un sens, ayant développé un outil bureaucratique et économique suffisamment poussé pour former une entente régionale solide, soumis aux aléas régionaux de violence et d’instabilité, ces pays-puissances doivent pouvoir articuler leurs souverainetés pour faire de l’Afarée septentrionale un havre de prospérité ou du moins un espace protégé par ses frontières extérieures de toute ingérence étrangère. Le conflit récent au Varanya (2004-2006) l’illustre bien : l’Afarée n’échappe pas aux enjeux de pouvoir et, bien au contraire, ses tares que sont l’instabilité et la faiblesse des Etats locaux renforcent ce constat.

Mais cette alliance peut prendre différents visages : d’aucuns souligneraient les possibles divergences entre la Principauté de Cémétie, Etat chrétien et au caractère très eurysien, et les puissances sémitiques et islamiques ayant par le passé croisé le fer à de nombreuses reprises avec les princes d’Héraclée. Mais ces divergences culturelles et religieuses sont à inscrire dans un passé collectif à l’espace nord-afaréen, qui doit dépasser les conflictualités initiales (espace-frontière entre Chrétienté et Islam) pour atteindre un nouvel horizon commun pour se défendre d’une mondialisation agressive et portée par des puissances étrangères susceptibles d’interférer dans le jeu local pour en tirer des avantages indus.
Les dossiers sont nombreux où la griffe étrangère menace la stabilité régionale : les anciens territoires coloniaux, les transitions de régime, les Républiques bananières et les nouveaux espaces de peuplement sont autant d’occasions de rompre le fragile équilibre qui lie les Etats nord-afaréens. La présente note cherche à établir tant la nature des relations initiales entre la Principauté de Cémétie et les autres puissances régionales, mais aussi les potentielles frontières géographiques et techniques d’une possible association d’Etats en Nord-Afarée.

Cémétie croix symbole dynastique

L'AFARÉE SEPTENTRIONALE, UN ESPACE AUX LIMITES ENCORE À DÉFINIR

Ses limites géographiques et l’intérêt qu’elles représentent

L’Afarée est un continent s’étendant de l’isthme de Théodosine au Nord, qui le sépare de l’Eurysie, à l’Océan austral au Sud, de la péninsule maghrébine à l’Ouest jusqu’à la Corne de l’Afarée à l’Est. Cet espace géographique est cohérent, connecté à un autre continent par une seule bande de terre qui, depuis le début du vingtième siècle, est percée d’un canal puis de plusieurs faisant de facto de l’Afarée un continent isolé de toutes parts.

Quelques espaces périphériques s’intègrent à l’ensemble continental : les archipels colonisés de la République fortunéenne, sur le flanc occidental ; sur la façade orientale, les anciens territoires insulaires de l’Empire varanyen ainsi que les îles d’Afarée australe s’intègrent également dans l’ensemble. Les connexions terrestres ou maritimes directes avec l’Eurysie méridionale, slavo-hellénique en Leucytalée orientale et latine en Leucytalée occidentale et avec le Nazum occidental, sindhique et varanyen, sont à souligner pour apercevoir la complexité des relations historiques de l’Afarée avec les autres continents – en particulier l’Afarée du Nord, terre de passage d’un continent à l’autre.

Cet espace grand-afaréen est divisible en deux sous-continents majeurs : sous l’isthme des Nets’amereti s’étend l’Afarée australe, ou Afarée dite « noire » en raison de la couleur de peau majoritaire de ses peuples. Peu dynamique, c’est un espace véritablement marginalisé de la mondialisation : sa périphérie, où quelques nations stables subsistent, s’articule principalement autour des derniers espaces coloniaux du continent qui servent de foyer de dynamique économique -non pas tourné vers l’Afarée plus particulièrement sa moitié australe mais bien vers l’Eurysie et les métropoles coloniales. Plus au nord repose l’Afarée septentrionale, ou Afarée du Nord : marquée par des populations plus « orientales » d’apparence, elle est le berceau des religions monothéistes (l’islam dans la Corne de l’Afarée, le judaïsme et le christianisme en Samarie cémétéenne toute au nord du continent).

L’Afarée du Nord est, contrairement à l’autre moitié du continent, le berceau des puissances les plus dynamiques de la région : dans l’ordre décroissant du Produit Intérieur Brut en 2008, le Banairah, la Cémétie et l’Althalj figurent parmi les treize premières puissances économiques mondiales et sont les trois plus grosses économies du continent. La division entre Nord et Sud est plus floue, mais suit globalement une logique à la fois sur le plan ethno-culturel (langues chamito-sémitiques au Nord, langues bantoues au Sud), économique et politique. La proximité géographique est d’autant plus forte entre les Etats stables d’Afarée du Nord que ceux-ci sont pour la plupart voisins, renforçant la cohérence géographique de ce potentiel bloc.

Ses frontières culturelles : convergence, histoire commune

Cet espace, s’il est parfaitement délimité géographiquement, n’est pas sans hétérogénéité à l’intérieur-même de ses frontières : la Principauté cémétéenne est un Etat profondément chrétien, tandis que la plupart des autres Etats de la région sont de confession mahométane et de fervents défenseurs de cette religion. Sur le plan linguistique, la Cémétie est encore une fois bien divergente de ses voisins régionaux : l’hellénique, langue majoritaire au sein des frontières de la Principauté, reste globalement un isolat linguistique du groupe sindho-eurysien entouré par des pays allophones comme le Banairah ou la République sarranide.

Mais si la Cémétie dispose des caractéristiques d’une civilisation leucytaléenne, elle est également marquée par des racines afaréennes : sa population grandement métissée est millénaire et les mœurs locales ne sont pas bien éloignées de celles d’Etats nord-afaréens n’appliquant pas la charia mahométane. Culturellement, la Cémétie est d’autant plus un Etat afaréen et oriental que sa population n’est que partiellement hellénophone de naissance et encore moins occidentale ou eurysienne : l’Afarée septentrionale est le pré-carré naturel d’une Cémétie-puissance. La Leucytalée en elle-même ne joue pas un rôle d’espace en état d’anarchie du point de vue des relations internationales ; les puissances y sont déjà installées et ne figurent pas parmi les plus dynamiques du monde.

Le croissant formé par les pays sémitiques de l’extrême-ouest du continent jusqu’à la frontière avec la civilisation varanyenne dans la Corne de l’Afarée est un espace majoritairement islamisé, rejetant le christianisme dont la Cémétie se veut porteuse et soumis à de nombreux autoritarismes. La politique étrangère portée par la Cémétie dans la région doit ainsi à la fois obéir à un impératif de stabilisation, c’est-à-dire de rapprochement avec lesdits régimes autocratiques, mais aussi de propagation des modes de vie démocratiques et de l’intérêt de la représentativité institutionnelle des populations nord-afaréennes. Si la poigne forte de l’Etat est une réponse momentanée aux nombreuses crises protéiformes qui traversent les pays du continent, son desserrement est une condition sine qua none à l’inscription dans le temps de la démarche développementaliste envisagée.
De même, la façade orientale du Nazum est un espace atone ; plus globalement, c’est l’encerclement de l’Afarée du Nord dynamique par des espaces à faible inertie qui crée un océan d’opportunités pour une potentielle « alliance hamique » en matière de développement intérieur comme extérieur.

La vision cémétéenne de l’Afarée du Nord

La Cémétie se place au cœur des échanges régionaux : par le canal de Césanès, la Principauté contrôle la majorité du flux commercial circulant entre Leucytalée et Mer des Bohrins, entre Eurysie et Nazum ; par l’isthme de Théodosine d’où elle contrôle entrée et sortie, la Cémétie est maître des relations commerciales par voie terrestre entre Afarée et Eurysie. Il est de l’intérêt de la Cémétie de centraliser le contrôle des différents Etats afaréens sur ces flux : sur la façade orientale comme occidentale, l’Afarée a une carte à jouer en matière de commerce international et d’économie-pivot dans les chaînes de valeur internationales.

Les objectifs recherchés dans les relations internationales par la Cémétie sont : la stabilité collective par l’ordre régional, la prospérité économique par la juste régulation et la bonne santé des affaires politiques et démocratiques des Etats de la région, comme le soulignent les multiples déclarations de l’actuel ministre en charge du portefeuille des Affaires étrangères et en poste depuis 2002, Rhadames Khoury. Pourtant, le soutien passé de la Principauté de Cémétie à un régime autoritaire en Afarée orientale (régime du Shah de Thadamis) a entaché le caractère sacré et crédible de la mission géopolitique de la Cémétie. Les discours anti-cémétéens sur le continent se sont propagés comme un feu de poudre sous l’influence très efficace de l’« approche indirecte » des puissances extra-continentales, à commencer par l’Alguarena dont la présence en Afarée n’est plus à démontrer.

Le soutien éventuel à des régimes démocratiques ou en voie de démocratisation de la rive sud de la Leucytalée doit se faire à l’aube d’un pouvoir nouveau ; l’alternance démocratique, historique en Cémétie à l’occasion des élections législatives d’avril 2007 qui ont propulsé les partis d’opposition pour la première fois au pouvoir depuis les années 1950, doit être consacrée comme un temps fort de l’évolution des institutions cémétéennes, en particulier sur le plan diplomatique. Si le visage de la diplomatie cémétéenne reste le même, à savoir bicéphale et partagé entre exécutif (son Altesse le prince Dimitrios III) et législatif (Rhadames Khoury), depuis 2002, celle-ci peut connaître un renouveau dans les libertés prises par Rhadames Khoury dans ses prises de position à l’international. Le rôle du monarque cémétien est également central pour rassembler les dirigeants les plus conservateurs qui peuvent voir dans la dynastie princière une institution millénaire synonyme de crédibilité et de stabilité.
La vision cémétéenne de l’Afarée du Nord est elle aussi multicéphale : d’une part, sur le plan religieux, civilisationnel et historique, la Principauté s’est construite en opposition avec le reste du continent, en particulier sémito-islamique. La haine religieuse, apaisée depuis le dix-neuvième siècle, a néanmoins laissé place à une incompréhension mutuelle. Le fossé entre entente cordiale et neutralité hostile est à combler ; c’est l’intention du ministère de la Diplomatie, qui peine cependant à se faire entendre au sein de gouvernements aux intérêts divers et parfois contraires à ceux des besoin de la Diplomatie.

Cémétie croix symbole dynastique

UN SOUS-CONTINENT AUX POTENTIALITÉS DEMEURANT À EXPLOITER

Des marchés demandeurs

L’Afarée, plus particulièrement dans sa moitié Nord, est une région économique montante mais extrêmement fragmentaire et soumise à de rudes conditions de développement de ses économies. En plus de constituer un échelon essentiel dans le commerce international via les différentes routes maritimes qui composent les deux-tiers des échanges océaniques mondiaux (au Sud et au Nord via les canaux de l’isthme de Théodosine), les pays afaréens représentent une manne commerciale potentielle immense. Avec des populations de l’ordre de plus de cinquante millions d’habitants par Etat, avec de grandes inégalités territoriales, ethno-culturelles et socio-économiques, les potentialités de développement fructueux et prospère sont importantes pour la région. La richesse par tête se chiffre, en Produit Intérieur Brut par habitant, à environ 20 000 dollars par an en moyenne au sein des pays les plus aisés de la région ; un flux de richesse prometteur, avec la perspective de s’appuyer sur les populations plus pauvres de la zone afaréenne (comme les cémétéens par exemple) pour produire les biens à faible valeur ajoutée, en opposition avec des foyers d’innovation et à forte valeur ajoutée comme l’Althalj.

Avec un peu moins d’une dizaine de pays importants sur la scène internationale pour un total de moins de cinq billions de dollars internationaux de production intérieure brute, la zone nord-afaréenne plus particulièrement de racines sémitiques a une carte à jouer sur les marchés internationaux. Outre l’échange interne à la zone, c’est aussi les échanges commerciaux avec le reste du monde qui représentent un flux, effectif ou potentiel, non négligeable.

Mais avant d’être des producteurs, les pays de la zone afaréenne sont surtout des demandeurs : demandeurs en ressources rares, réparties de manière inégale aux quatre coins du continent ; demandeurs en biens alimentaires essentiels, avec des climats continentaux allant de la riche et luxuriante vallée du Thaon aux déserts du Banairah ; demandeurs en ressources hydriques, avec encore une fois la vallée du Thaon comme l’une des régions les plus humides du continent. Autant d’exemples qui servent à illustrer la complémentarité des Etats nord-afaréens entre eux : ce que produisent certains, d’autres le consomment. L’abondance des uns doit permettre leur enrichissement, mais la prospérité peut se faire dans la coopération et l’enrichissement de tous. Un nouveau foyer connecté au réseau électrique, c’est la perspective qu’il consomme plus de produits électroménagers, plus d’électricité, mais aussi de plus de force de travail libérée, donc d’une plus grande autonomisation des femmes et des enfants, une meilleure éducation, une plus grande productivité et toujours plus de travailleurs.

Avec grosso modo 300 millions de potentiels consommateurs, le Nord-Afarée est un immense marché marqué par la pauvreté, les défis environnementaux et le sous-développement, auquel apporter un meilleur niveau de vie passe inévitablement par la croissance économique potentielle folle du sous-continent. L’enjeu est donc double d’apporter des moyens de subsistance et de nouvelles mains capables de travailler et consommer dans des marchés nord-afaréens pouvant s’interconnecter.

Il est donc important de développer une politique commerciale intra-afaréenne qui soit à la hauteur des capacités de chaque pays : sans saper les fondements du développement financier et industriel, les pays afaréens doivent entre eux renforcer leur coopération et leur ouverture pour créer les conditions d’une coprospérité nord-afaréenne. Chacun peut apporter à l’ensemble afaréen les moyens d’une souveraineté commune en matière alimentaire, énergétique, économique et financière.

Une production locale à spécialiser

Justement, en matière d’apport de chacun, les divergences et inégalités de moyens et revenus entre les différents Etats de la zone Nord-Afarée, et parfois même entre différentes régions au sein d’un même Etat (comme c’est le cas entre le Haut-Thaon et le Delta du Thaon en Cémétie), sont une faiblesse initiale qui peut être reconvertie en force. Dans une logique d’intégration toujours plus importante des Etats dans la mondialisation, l’intégration spécifique des pays afaréens dans les chaînes de valeur mondiales (CVM) doit pousser à une régionalisation du processus. Pour assurer leur souveraineté en matière de production économique, les Etats nord-afaréens peuvent subvenir à une grande partie de leurs besoins entre eux : la Cémétie peut produire les biens alimentaires dont ont besoin des althaljois, qui en retour constituent une puissance « exportatrice » d’Investissements Directs Etrangers (IDE), notamment à destination de la Cémétie où la balance courante est ainsi rééquilibrée par cet apport sans puiser dans les réserves de liquidités de la Banque d’Héraclée (banque centrale de Cémétie).

La spécialisation de chaque Etat de la zone nord-afaréenne doit permettre une meilleure intégration régionale et une plus grande résistance aux importations venant de pays belliqueux. Le démantèlement programmé des industries continentales, concurrencées puis rachetées avec l’aval des institutions locales par des puissances extra-continentales, doit être contré par une stratégie d’intégration économique régionale, de spécialisation de la production et de complémentarité entre les économies.

Des inégalités dont la réduction est un enjeu majeur du développement

Répondre aux besoin des populations des différents Etats de la région peut permettre un développement toujours plus important, lui-même vertueux : une consommation pleinement encouragée permet la circulation des moyens, la création d’emploi et le financement des structures collectives comme l’éducation (l’école étant essentielle pour qualifier les travailleurs d’un pays), la politique sociale (permettant l’accès à l’école, le retour à l’emploi, le meilleur appariement des travailleurs avec leur emploi pour plus de productivité) et les « grandes politiques » (infrastructures, essentielles au meilleur fonctionnement de l’économie).

La réduction des inégalités, au-delà de représenter un enjeu social et politique, est en fait un prérequis à l’amélioration de la productivité et de la consommation. La productivité marginale des dépenses collectives auprès des plus défavorisés est bien plus élevée que la thésaurisation à laquelle peuvent s’adonner les mieux lotis ; un juste équilibre est à trouver selon chaque économie, chaque pays, pour mieux faire correspondre redistribution et intensité capitalistique (une certaine quantité d’épargne ayant un impact globalement plus positif, mais au-delà d’un certain seuil elle contribue au ralentissement de l’activité économique).

Pour éviter de tomber dans la « trappe à revenus intermédiaires » comme certains Etats en développement, il est important d’entreprendre des politiques sociales d’ampleur ou du moins d’établir des institutions de surveillance, d’harmonisation et de conseil en matière de politique économique dans la région nord-afaréenne. Une politique sociale et développementaliste, en plus de retombées économiques très largement positives et bénéfiques sur le moyen et long-terme, sert également la stabilité régionale et la paix sociale.

Cémétie croix symbole dynastique

CRÉER UN « PARTENARIAT HAMIQUE » POUR L'AFARÉE DU NORD

Assurer la sécurité collective

Le partenariat hamique doit d’abord se concrétiser comme une zone d’« exclusion militaire de tous à l’exception de nous » : les affaires nord-afaréennes doivent se régler entre Etats nord-afaréens, notamment au travers du droit international. Le système d’égalité entre les souverainetés doit être appliqué à la lettre au travers d’arbitrages internationaux dont une institution intergouvernementale doit pouvoir servir de terrain d’entente. Il n’est pas question de créer un organisme de partage des territoires ou des stocks, mais bien d’un organe indépendant garantissant le respect de droits fondamentaux de la personne humaine et des Etats entre eux.

Si l’ingérence de cet organe doit être extrêmement limité aux sphères purement internationales et régionales dites d’« ampleur », il ne doit pas être exclu l’extension à certains processus comme l’observation électorale démocratique ou la délivrance de mandats internationaux visant à l’ingérence, consentie ou non, dans les affaires d’un Etat non-membre. Les cas de l’Empire rémien et du Varanya doivent pouvoir servir de contre-exemple de l’absence de concertation régionale en la matière, ayant de lourdes conséquences pour le continent.

Plus globalement, l’orientation des politiques défensives vers l’extérieur du continent (contre les influences extra-continentales) plus que vers l’intérieur (contre les Etats afaréens eux-mêmes) doit s’opérer sur le plan militaire d’abord, mais également en matière de renseignement, de politique industrielle et commerciale, de diplomatie et de politique culturelle (diplomatie dite « type 2 »).

La présence, encore et toujours, de territoires coloniaux dans l’espace afaréen invite les Etats indépendants de la région à s’interroger sur leur rôle de gardien moral à l’encontre des pratiques souvent abusives des puissances colonisatrices. La décolonisation doit figurer parmi les objectifs prioritaires d’un éventuel pacte ; l’impunité de la pratique coloniale et impérialiste sur le continent afaréen ne peut être entretenue comme actuellement. De nombreux territoires connaissent un joug colonial qui, bien qu’atténué en réponse aux revendications des populations colonisés, se pérennise et menace l’idéal de liberté des peuples.

Construire l’économie nord-afaréenne

La paix s’assure par le « doux commerce » : le développement intensif des échanges et de politiques économiques compatibles entre les différents Etats d’Afarée du Nord doit permettre d’assurer la prospérité et la stabilité régionale. En reprenant le principe libéral de « doux commerce », la Pax Afaraea économique est un idéal vers lequel tendre, outre la dimension d’alliance militaire défensive qui peut exister entre les Etats nord-afaréens au travers dudit « pacte hamique ».

Comme évoqué précédemment, avec un Produit intérieur brut régional estimé à un peu moins de 4 000 000 000 000 $ répartis sur une dizaine de pays majeurs, le développement d’accords commerciaux d’abord bilatéraux puis multilatéraux est un impératif essentiel à la bonne entente politique et géopolitique. Ces accords sur les tarifs douaniers doivent se doubler de contrats et de forums entrepreneuriaux visant tant à développer la culture de l’entreprise dans les pays manquant d’un tissu d’entreprises de taille intermédiaire (ETI) à culture d’entreprise qu’à permettre la signature de contrats de sous-traitance et délégation, notamment de missions de service public, à des entreprises régionales.

Certains secteurs en particulier connaissent une concurrence étrangère particulièrement déloyale, incitant au développement de stratégies régionales innovantes et protectrices, tant pour des intérêts de géopolitique et de souveraineté que pour la bonne santé des tissus économiques nationaux. Les monopoles nationaux, dans les domaines où il est rendu possible de les concilier avec les différentes économies régionales, doivent être soutenus par l’ensemble des acteurs économiques nord-afaréens afin de créer une situation particulièrement bénéfique à la croissance et l’investissement. Sans avoir étudié avec attention la structure de chaque économie nord-afaréenne, une coopération régionale sur les exportations de gaz et de pétrole afin d’en maîtriser les cours au niveau international peut être pertinent. Sur le plan agricole, la Cémétie pourrait tirer son épingle du jeu en devenant le partenaire commercial principal de la sous-région.

La diversification des économies régionales est également un enjeu majeur. Face au risque de « syndrome des ressources rares », c’est-à-dire le siphonnage de tout le potentiel économique d’un pays au profit d’un seul de ses secteurs productifs lié à la rente d’une ressource rare, il est nécessaire d’encourager les investissements de transition vers des économies diversifiées pour prévenir toute crise dévastatrice. Cloisonner les enjeux économiques et financiers du marché international du pétrole peut être un moyen de sortir certaines « pétro-dictatures » de leur dépendance économique au cours du pétrole, dont la volatilité est souvent synonyme de guerres civiles, famines et sous-développement.

La formation d’un bloc cohérent à la région : plus jamais de Varanya

Si l’intégration économique régionale doit être renforcée, c’est surtout sur le volet politique que se joue l’Afarée de demain. En renouant avec l’axe Cémétie-Banairah essentiel au développement de l’Afarée et en y intégrant l’Althalj, puissance émergente du jeu continental, une organisation internationale intergouvernementale pourrait prospérer autour du dialogue continental, de la bonne entente économique et politique et de la stabilité régionale qu’elle apporterait. Un forum nord-afaréen pourrait servir de plateforme au développement continental, avec la possibilité pour les pays partenaires mais hors de l’Afarée septentrionale de devenir membres observateurs voire de participer pleinement à certaines institutions dérivées du forum nord-afaréen.

Le « partenariat hamique » prendrait également la forme d’un canal de négociations diplomatiques permanent, permettant la résolution rapide de conflits au travers du développement du droit international et plus particulièrement régional. Une autorité judiciaire impartiale pourrait être établie, permettant la pleine expression du projet de paix démocratique. Le volontarisme des Etats pourrait être la clé de leur participation, assurant à la fois le consentement des gouvernements mais aussi leur pleine participation en termes d’objectifs pacifiques et économiques.

La guerre du Varanya doit servir d’illustration de l’échec des armes pour résoudre un conflit ancré aussi profondément que celui-ci. Entre la dictature surannée du Shah et la révolution démocratique et libérale, la population a suivi un cours naturel de l’Histoire face auquel il conviendrait de ne pas s’opposer, sous peine de finir écrasé par le rouleau compresseur de la Muse Clio.
10559
RAPPORT DU MINISTÈRE DE LA GUERRE
Quelle multiplication des compétiteurs stratégiques sur l'isthme de Théodosine ?
19/07/2011 | SECRET DÉFENSE
Par Filippos Mavrelis, chef du bureau Afarée Septentrionale-Leucytalée Orientale (ASLO)

Cémétie croix symbole dynastique

Au nombre de six, les puissances présentes sur l'isthme de Théodosine et le traversant de sa rive occidentale à sa rive orientale, connectent ainsi de fait la mer Leucytalée à la mer des Bohrins, ou mer Blême. Cette axe commercial et stratégique historique, traversé depuis l'antiquité par les marchands dans le sens vertical (Eurysie-Afarée) ou horizontal (Eurysie/Afarée du Nord-Nazum/Afarée de l'Est), est une denrée stratégique précieuse pour la Principauté de Cémétie, qui peut se targuer, avec l'Empire de Théodosine, de bénéficier d'une des deux grandes infrastructures permettant de percer l'isthme dans sa largeur et connectant ainsi effectivement les deux mers adjacentes par un canal artificiel. La rente de fait tirée de cette situation d'aubaine est extrêmement bénéfique à la Cémétie, qui contrôle ainsi la grande majorité des échanges commerciaux dans la région, à savoir une bonne partie des échanges intercontinentaux.

Face à la Cémétie, construite sur le modèle binational mais centralisée et unifiée, l'Empire rémien est apparu vers le vingtième siècle comme l'homme malade du pourtour leucytaléen, accablé par la mauvaise gouvernance liée à divers facteurs (féodalisme, décentralisation, corruption, déclin démographique), entraînant une dégradation de la qualité du service des infrastructures portuaires, maritimes puis canalicoles. Dès lors, la Cémétie apparaît comme bénéficiant d'un monopole de fait sur la circulation intermaritime sur l'isthme, seulement concurrencée par la circulation terrestre des autres territoires et la circulation sur le canal de Théodosine, rapidement embouché par les grands flux maritimes internationaux. La mise à niveau du canal de Césanès en Cémétie au cours des années 2010 devrait répondre à cette demande croissante de circulation de gros porteurs.

Mais le sujet du présent rapport n'est pas de traiter de la dimension économique et commerciale du canal de Césanès, de son concurrent local direct ou de ses concurrents potentiels. L'émergence de nouvelles puissances locales susceptibles de se pencher sur l'édification d'infrastructures concurrentes au canal de Césanès est en revanche un risque géopolitique réel pour la sécurité de la Cémétie et les intérêts de l'Etat, qui se verrait directement concurrencé dans son environnement proche. Outre la concurrence économique et commerciale qui serait grandement préjudiciable à la Cémétie et à ses recettes fiscales liées à la circulation dans ses eaux territoriales, l'émergence d'alternatives infrastructurelles sérieuses, qu'il s'agisse d'un troisième canal ou du renforcement du dispositif portuaire étranger, le développement d'une stratégie non-coopérative de la part d'un autre Etat de l'isthme représente un danger pour les intérêts nationaux.

En ce sens, il convient d'évaluer les intentions, capacités et perspectives des différentes puissances locales présentes dans l'isthme, en élargissant le cadre de cette étude au cas particulier de Théodosine, où les capacités souveraines sont dupliquées par la lutte d'influence se déroulant dans la cité impériale. Les cinq compétiteurs stratégiques potentiels locaux de la Principauté de Cémétie dans l'isthme de Théodosine sont les suivants, dans l'ordre géographique du nord au sud : la République Hellénoïde, l'Empire de Théodosine, la Principauté de Grisolia, le Royaume-Uni de Caratrad et la République du Tanska.


LES COMPETITEURS STRATEGIQUES POTENTIELS

Sur les cinq rivaux potentiels, l'ensemble sont des Etats d'obédience chrétienne, de culture eurysienne et ethno-culturellement orientés vers l'Eurysie, contrastant avec un isthme théodosien géographiquement proche du Levant afaréen. En ce sens, l'isthme de Théodosine, Cémétie comprise, est un espace phileurysien, éloigné du Levant afaréen plus islamisé et arabisé au sud. De plus, la présence de territoires officiellement ultramarins (en réalité coloniaux) de Grisolia, de Caratrad et du Tanska fait de l'isthme un territoire découpé pour moitié entre Etats helléniques orthodoxes et « autochtones » et pour moitié entre puissances coloniales d'Eurysie occidentale. Ces territoires forment un espace contigu, au cœur de l'isthme, et participent à scinder en deux le monde hellénique entre hémisphère eurysien (Novigrad, Hellénoïdos, Théodosine) et hémisphère afaréen (Cémétie, Basse-Héthoumie).

En sus des éléments culturels mentionnés précédemment, ces territoires sont apparus plus récemment comme des territoires stratégiques, à savoir que les Etats en question sont des acteurs nouveaux sur la scène internationale. Emerge ainsi ce que certains observateurs ont pu qualifier de « piège de Thucydide » concernant l'apparition de nouveaux compétiteurs stratégiques dans l'environnement régional direct de la Principauté. Pourtant, le Levant afaréen demeure relativement mal organisé en termes de relations internationales, avec des Etats encore en quête d'identité stratégique (Grisolia, Caratrad, Tanska, Hellénoïdos) et des puissances fermement arrimés dans le contexte leucytaléen (Novigrad, Cémétie).

Il apparaît donc que les territoires coloniaux mentionnés ne sont pas encore des outils de puissance pour ces nouveaux Etats de la scène internationale, mais ils demeurent des ressources stratégiques avec lesquels ils pourraient composer si à l'avenir ces ils venaient à développer une politique de puissance, notamment dans la région. Outre la circulation maritime et stratégique, particulièrement appréciable, entre Occident et Orient par le truchement de l'isthme, celui-ci est également un point d'ancrage au cœur de la Leucytalée, près de deux puissances régionales majeures (Cémétie et Novigrad) et à proximité d'autres pôles de puissance (Banairah) et espaces contestés (Corne de l'Afarée, mer des Détroits, Leucytalée, Afarée du Nord, Kronos afaréen, Iskandriane, Mokhaï).

Parmi les acteurs extra-régionaux, le Tanska apparaît comme une puissance économique émergente mais militairement peu équipée, tandis que Grisolia et Caratrad sont encore moins en mesure d'avoir des capacités de projection de puissance, tant sur le plan économique que militaire. Dès lors, ces jeunes Etats représentent une menace actuellement extrêmement faible pour la Cémétie et demeurent largement distancés dans la course de puissance. La jeunesse relative de leur politique internationale en font également des forces isolées, ouvertes au rapprochement diplomatique et commercial. En ce sens, il convient d'élargir les horizons stratégiques de la Cémétie en développant une cohérence régionale sous sa férule, notamment au travers d'un accord de démilitarisation, d'une entente économico-commerciale et d'une infiltration en profondeur des administrations et dimensions stratégiques de ces territoires faiblement contrôlés par leurs métropoles.

Autre acteur local de l'isthme, la République Hellénoïde a la particularité d'être une jeune nation hellénique et orthodoxe du pourtour leucytaléen, donc culturellement fortement compatible avec Novigrad et la Cémétie. Le relatif isolement du régime, ses capacités militaires très autocentrées et son économie lourdement administrée en font un Etat ne représentant aucun danger pour la Cémétie, qui bénéficierait largement plus d'un rapprochement avec Hellénoïdos que d'une antagonisation stratégique. Les acteurs de l'isthme hors-Théodosine représentent dans leur ensemble une clique d'Etats neufs, peu militarisés, aux économies encore très rigides et au potentiel plus positif que négatif pour la Principauté de Cémétie. Une ouverture économique serait, à confirmer par une expertise du ministère de l'Economie, fortement bénéficiable à la Cémétie.


LE CAS SPECIFIQUE DE THEODOSINE, DE SON CANAL ET DE LA LUTTE D'INFLUENCE

La spécificité de Théodosine et du réduit impérial rémien de l'isthme est que ce territoire présente une rivalité naturelle avec la Cémétie dans l'isthme, d'abord de par ses infrastructures maritimes dont le canal de Théodosine, et d'autre part en raison de la concurrence historique entre le modèle national cémétéen (et novigradien) et le modèle impérial théodosien en Leucytalée hellénique. De plus, une nouvelle dimension stratégique est apparu à Théodosine au cours des dernières années voire décennies, à savoir l'émergence d'une lutte d'influence dans les ruines de l'Empire sur le contrôle stratégique du territoire théodosien. En raison de sa position, l'Empire rémien-théodosien est un territoire naturellement attirant pour les puissances étrangères, ayant d'ailleurs donné à Théodosine la réputation d'être un « nid d'espions ».

Dès lors, il convient de circonscrire les intérêts étrangers et nationaux présents dans l'isthme et de définir la portée de cette rivalité rémanente entre la Cémétie et l'Empire rémien, au-delà de la simple compétition économico-commerciale et stratégique des canaux. Largement affaibli économiquement et militairement par le départ successif des différentes composantes de son espace impérial, l'Empire rémien demeure un empire dans son titre et ses pratiques mais en réalité ne revêt plus que le caractère d'une cité-état juchée entre Afarée et Eurysie, avec des territoires réduits à une péninsule eurysienne et des terres sur l'isthme de Théodosine, lui conférant dès lors le titre métonymique d'Empire de Théodosine.

Théodosine ne représente ainsi donc pas un risque direct pour la Principauté mais demeure un intérêt stratégique régional pour quiconque la contrôle officieusement, rendant les luttes intestines internes à l'Empire cruciales pour quiconque souhaite mettre la main sur le canal de Théodosine et l'ensemble des capacités que propose l'Empire rémien. Si la Cémétie est longtemps passée pour la puissance hellénique défiant l'Empire, c'est Novigrad qui exerce aujourd'hui ce rôle de puissance proche du siège impérial, en témoigne la présence d'émissaires de la puissance helléno-slavique à l'oreille de l'empereur. La survie de l'Empire tient peut-être même d'une prouesse novigradienne, tant Novigrad est présente en soutien à la monarchie impériale.

Mais Novigrad demeure également un partenaire incontournable de la Principauté de Cémétie dans le pourtour leucytaléen, partenariat notamment marqué par la signature d'un accord diplomatique majeur entre les deux Etats au cours de l'année 2010 après plusieurs années de rapprochement des deux sociétés, tant sur le plan institutionnel que sur le plan commercial, culturel ou démographique. Novigrad est une puissance militaire notable, une puissance économique majeure et une puissance d'influence également, en témoigne sa présence influente dans les affaires impériales. Un tel partenariat doit être poursuivi afin d'assurer une entente fraternelle entre deux Etats helléniques et orthodoxes dont les objectifs se recoupent.

Néanmoins, la présence de Novigrad au sein de l'Organisation des nations commerçantes, alliance formelle d'Etats proches de l'Alguarena, pose la question d'un désalignement des intérêts stratégiques novigradiens avec la Cémétie. Si la prudence est de mise dans des accusations aussi lourdes, la retenue doit également être de mise en ce qui concerne la proximité avec l'Alguarena. Novigrad est ainsi le deuxième partenaire de la Cémétie, avec le Banairah, à figurer parmi les Etats-membres de l'ONC. Si l'alliance onécienne ne représente pas un danger direct pour la Cémétie, les capacités de nuisance de l'Alguarena n'en demeurent pas moins décuplées et font de la puissance leucytaléenne un relai des intérêts stratégiques de l'archipel aleucien. Il convient donc de participer discrètement à la lutte d'influence dans l'isthme théodosien en limitant l'implantation des intérêts stratégiques alguarenans à trop grande proximité des frontières de la Cémétie.
16428
RAPPORT DU MINISTÈRE DE LA GUERRE
Opération Harsomtous : perspectives stratégiques de la Cémétie dans l'archipel des îles Chesmites
17/06/2012 | SECRET DÉFENSE
Par Mihail Chronopoulos, chef du groupe de travail Iskandriane

Cémétie croix symbole dynastique

Harsomtous, dieu mineur de la mythologie cémétéenne antique, est la figure proue de la nouvelle opération extérieure d'ampleur menée par la Principauté de Cémétie en mer Blême. Si la présence stratégique de la Cémétie dans la mer des Bohrins ou mer Blême est établie depuis 2004 avec l'intervention militaire au Varanya et sur l'île de Bina dans le cadre de l'opération Behedetite, son ancrage territorialisé et terrien est plus que précaire, en témoigne le départ permanent des forces cémétéennes au Varanya en 2006 suite au coup d'Etat contre le micro-État satrapique de l'île de Bina. Face à la possibilité d'un retour de l'instabilité dans la région de la mer Blême au travers du conflit interne à l'Iskandriane mais pouvant escalader aux territoires voisins comme le fragile Varanya, la Cémétie a décidé d'intervenir préventivement.

Le motif de l'opération Harsomtous est également de démontrer aux puissances régionales que la Cémétie, bien que passivement présente au travers de ses forces navales en constante circulation dans la mer Blême, se pose en puissance sanctuarisatrice de l'espace maritime régional. Les territoires marins entre les îles Chesmites et les ports militaires de la façade orientale de la Cémétie sont ainsi placés sous la protection constante du deuxième groupe aéronaval (GAN), fort d'un porte-hélicoptère et d'un cheptel d'une vingtaine de navires de guerre de surface. Ce groupe aéronaval dédié à la sécurisation et la protection de la mer Blême existe en miroir du premier groupe aéronaval, lui destiné à assurer la protection des littoraux cémétéens dans la mer Leucytalée. En plus de ces deux groupes aéronavals constitués autour d'un porte-hélicoptère chacun, la mise en service du premier porte-avions conventionnel de la flotte cémétéenne en 2011 permet un roulement des effectifs entre porte-aéronefs des différents groupes, mais introduit surtout la possibilité de l'évolution de ces formations et de leurs moyens à l'avenir.

Le but de la présente note n'est cependant pas de déterminer l'intérêt d'une division binaire entre Leucytalée et mer Blême dans la lecture stratégique de la puissance maritime que doit être la Cémétie au travers de ses forces navales au vingt-et-unième siècle. Elaborée au cours de l'année 2011 et mise en place de façon bilatérale et pleinement consentie par le partenaire chesmiens, l'opération Harsomtous a pour but premier de placer la jeune République archipélagique dans un cocon géostratégique, la prémunissant tout d'abord de la menace d'un éventuel retour de la souveraineté continentale (ex-satrapie d'Iskandriane) et d'autre part de limiter tout risque d'ingérence extérieure, qu'il s'agisse de la menace pirate en hausse dans la région ces dernières années ou plus simplement d'une présence extérieure hostile aux intérêts tant cémétéens que chesmiens.

Dès lors, il convient d'établir un agenda stratégique à atteindre pour les deux partenaires, c'est-à-dire une feuille de route théorique des objectifs qu'il est pertinent d'atteindre en l'état avec les moyens engagés. La question d'une évolution du dispositif de l'opération Harsomtous, alors même que l'opération extérieure vient à peine d'être engagée, peut toutefois être soulevée dans un esprit cathartique. Dans une première partie, seront évoqués les besoins formulés par le partenaire chesmien dans sa recherche de sûreté stratégique, ainsi que les différentes menaces pesant sur l'archipel. Dans une seconde partie sont listés les moyens engagés et consentis par la Cémétie au service de la souveraineté insulaire des îles Chesmites, avec les engagements pris et les mesures attendues. Enfin, une partie sera dédiée aux objectifs au moyen terme et aux résultats attendus. En quatrième et dernière partie figure l'analyse des risques sur le long terme d'une intervention cémétéenne en Mer Blême Orientale (MBO).


BESOINS EN SÛRETE STRATEGIQUE DES ÎLES CHESMITES FACE AUX MENACES REGIONALES

Le décès du dernier souverain iskandriote Sophoclès IV Heliocleios, en novembre 2010, a achevé de mettre le feu à la poudrière politique qu'était l'ancienne satrapie d'Iskandriane. Conglomérat de trois ensembles ethno-linguistiques, trois religions et quatre entités politiques informelles, marquée par un centralisme fort et de graves disparités géo-économiques, la Satrapie (référée ci-après en tant qu'ex-Iskandriane, bien que l'ensemble géographique actuel ne se revendique pas en tant que tel) tenait par la force du régime, aux forces armées marquées par la corruption et l'autoritarisme. Sans considérations idéologiques aucunes, il est nécessaire de souligner que le terrain déjà glissant pour le régime a été particulièrement fragilisé par les méthodes autoritaires du régime du satrape.

Au nord, la Yaghobie désormais unifiée en un simili-État regarde en chien de faïence le sud révolutionnaire, ou Iskandriane républicaine. Le coup d'État révolutionnaire de Gordhangas Katsariades a achevé de mettre à plat les difficultés de concorde entre les différentes ethnies, langues, religions et convictions en ex-Iskandriane. Au sud, l'État révolutionnaire, marqué par des méthodes toujours plus autoritaires et sanglantes, tient d'une main de fer la moitié méridionale de la vallée du Yaghob, notamment l'ancienne capitale confédérale Iskanderabad. Encaissée dans la vallée du Kshatrapstan, le front loyaliste soutenant l'héritière du trône Magdalini Heliocleios temporise l'éclatement du conflit, se sachant en infériorité numérique majeure. Enfin, au large des côtes iskandriotes, l'archipel des îles Chesmites, récemment intégré à l'ensemble politique iskandriote par le jeu des alliances de circonstance, a définitivement pris son indépendance de toute entité continentale.

Après avoir basculé de la tutelle millénaire du Varanya impériale dans les années 2000 jusqu'à atterrir dans l'escarcelle iskandriote puis à prendre définitivement le large, l'archipel des îles Chesmites se trouve en 2012 dans la difficile équation entre sa posture stratégique particulièrement valorisante et les menaces prédatrices toujours plus importantes. La figure tutélaire traditionnelle de la région des Deux Détroits, le Varanya impérial, a disparu progressivement jusqu'à l'éclatement de la guerre civile ayant achevé le régime monarchique. L'Iskandriane, un temps son successeur, s'est retrouvé dans une impasse politique certes différente de la situation varanyenne mais néanmoins comparable sur le plan de l'instabilité du régime central et de sa chute à terme.

La principale menace interne au conflit iskandriote pour les îles Chesmites est indubitablement le régime révolutionnaire. La faction loyaliste, bien que réclamant la réunification de l'ex-Iskandriane, est loin de disposer des moyens de projection tactique nécessaires à une intervention sur le sol de l'archipel, étant privée de façade maritime et engagée dans une lutte existentielle avec le régime révolutionnaire. Plus au nord, la Yaghobie semble au contraire être un soutien du phénomène centrifuge à l'œuvre en ex-Iskandriane ; en cas de nouvelles négociations quadrilatérales entre les différentes factions d'ex-Iskandriane, les indépendantistes yaghobes paraissent être de puissants alliés contre le centralisme iskandriote. De plus, les moyens de projection de la Yaghobie demeurent faibles et ses perspectives maritimes sont complètement coupées par la présence des forces révolutionnaires entre la Yaghobie et la mer Blême.

Le régime révolutionnaire-républicain de Gordhangas Katsariades paraît donc être le principal obstacle à la souveraine indépendance des îles Chesmites. Si le conflit continental en ex-Iskandriane risque d'occuper les forces révolutionnaires pour une certaine période de temps, l'issue des combats, pour l'instant favorable aux forces révolutionnaires, laisserait le champ libre au gouvernement de Gordhangas Katsariades pour se tourner vers les îles Chesmites et l'invasion de l'archipel. Le régime révolutionnaire a d'ailleurs déjà déclaré publiquement vouloir ramener les îles Chesmites dans sa souveraineté institutionnelle, rejetant et son particularisme institutionnel confédéral et ses velléités indépendantistes récentes. Outre les déclarations officielles du régime d'Iskanderabad, le camp révolutionnaire est le seul pour l'instant en mesure de poser une menace sérieuse sur la sécurité et la souveraineté de l'archipel.

Dotées de plus de 120 000 soldats et de moyens de déplacement légers d'après les dernières estimations de source militaire, les forces révolutionnaires disposent de moyens humains pour envahir l'archipel. Si l'absence de force navale pour le régime d'Iskanderabad en fait une menace à relativiser, ses capacités de projection informelles ne sont pas moins amoindries, d'autant plus que l'archipel des îles Chesmites n'est doté d'aucun moyen naval capable de repousser ne serait-ce qu'une flottille de petits navires légers d'origine civile militarisés. En ce sens, le Parlement chesmien a formulé des propositions très claires concernant ses demandes à adresser par voie diplomatique à différentes puissances, dont la Principauté de Cémétie, qui s'est montrée volontariste en matière d'assistance sur la question. Les experts militaires de la Principauté ont ainsi pu déterminer les moyens approximatifs nécessaires à repousser différents types d'invasion de l'archipel depuis le continent et l'ex-Iskandriane.

D'autre part, il est apparu nécessaire de prémunir l'archipel contre les menaces exogènes à la région. En 2004, au Varanya, le soutien extra-afaréen au front révolutionnaire a été décisif dans l'établissement d'une bascule contre le régime impérial, alors même que le régime de Thadamis disposait d'un certain avantage sur les révolutionnaires en matière d'expertise tactique. L'absence de contrôle des façades stratégiques d'accès au Varanya, notamment par voie océanique au sud, a été décisif dans l'amorce d'un basculement stratégique favorable aux révolutionnaires varanyens. Il convient ainsi de circonvenir à des scénarii identiques d'ingérence extérieure, en opérant une double-protection et une double-surveillance des côtes de l'archipel, tant vers le nord que dans les autres directions azimutales.


MOYENS SOUVERAINS ENGAGES PAR LA CEMETIE DANS LA SECURISATION EN MER BLÊME ORIENTALE

Dans le cadre de l'accord bilatéral convenu entre les gouvernements de la Principauté de Cémétie et de la République des îles Chesmites, les forces armées de la Principauté mobiliseront des forces conventionnelles telles que listées ci-dessous. La Cémétie s'est engagée à défendre l'archipel sur une période de deux ans renouvelable ; l'intérêt de la Principauté est de garantir que la souveraineté des îles Chesmites ne soit plus menacée à la fin de cette première période, avant de renouveler la présence de ses forces armées dans la région au travers d'une présence semi-permanente sur le territoire des îles Chesmites. En ce sens, le partenaire a concédé une zone d'accueil des forces armées de la Cémétie sous la forme d'un port militaire dont la souveraineté est concédée sur dix ans, sauf cas de force majeur.

La présence de la Cémétie dans le cercle méridional de la mer Blême doit se pérenniser afin d'entraver efficacement la menace qu'ont pu représenter à une époque les puissances exogènes. En l'occurrence, le conflit varanyen est un vibrant exemple de la nécessité d'un engagement stratégique profond et renouvelé de la Cémétie dans sa recherche de sûreté stratégique pour la Principauté et pour l'Afarée. Le rejet de la candidature des îles Chesmites au Conseil afaréen a illustré l'isolation stratégique de la Cémétie à l'égard des autres puissances du continent, peu désireuses de s'immiscer de la sorte dans l'instabilité régionale afin d'en chercher une solution.

Liste des moyens engagés dans l'opération Harsomtous a écrit :
Forces terrestres et amphibies engagées
  • 30 000 soldats professionnels
  • 30 000 armes légères d'infanterie (VIIIème génération)
  • 500 mitrailleuses lourdes (Vème génération)
  • 200 mortiers légers (Vème génération)
  • 300 lance-roquettes (IIème génération)
  • 50 lance-missiles anti-chars (Ière génération)
  • 10 mortiers tractés (Vème génération)
  • 20 canons anti-aériens mobiles (Ière génération)
  • 20 véhicules de combat d'infanterie (Ière génération)
  • 100 véhicules légers tout-terrain (Ière génération)
  • 20 vedettes (Ière génération)
  • 20 missiles de croisière sol-mer (Ière génération)

Deuxième groupe aéro-naval (présent dans la région de la Mer Blême Orientale)
  • 10 patrouilleurs (Ière génération)
  • 8 corvettes (IIème génération)
  • 1 frégate (Ière génération)
  • 4 destroyers (Ière génération)
  • 1 croiseur (Ière génération)
  • 10 sous-marins d'attaque (Ière génération)
  • 1 porte-avions (Ière génération)
  • 30 avions de chasse (Ière génération)
  • 10 avions d'attaque au sol (Ière génération)
  • 1 pétrolier-ravitailleur (Ière génération)
  • 1 navire-cargo (IIème génération)
  • 1 transporteur de chalands de débarquement (Ière génération)
  • 5 chalands de débarquement (Ière génération)


OBJECTIFS MOYEN-TERME ET PERSECTIVES DE L'ENGAGEMENT CEMETEEN

Au-delà du simple engagement de la Cémétie auprès de la jeune République des îles Chesmites, il convient de définir plus précisément les intérêts stratégiques poursuivis par la Principauté dans la région et déterminer la pertinence de l'intervention militaire dans le cadre plus large des relations internationales. La menace directe posée par le régime révolutionnaire d'Iskanderabad est une fenêtre d'opportunité adéquate pour soulever la question de la politique blêmienne de la Cémétie : quel rôle doit occuper la Principauté dans un espace l'ayant tactiquement rejeté il y a quelques années ? Comment organiser l'architecture stratégique de la région de telle sorte à en limiter la fragilité, à la rendre imperméable aux ingérences étrangères et à maintenir à flot l'influence cémétéenne ?

L'opération Behedetite était, toutes proportions gardées, un engagement timoré et tardif dans une course perdue d'avance. L'absence de vision globale et anticipatrice des conséquences a coûté la vie à de nombreux citoyens cémétiens, invitant à repenser tout engagement futur au prisme d'une finalité pertinente et non pas en cherchant le gain politique immédiat. Le régime de Thadamis, perdu dans ses dérives autoritaires et népotiques, aurait chu inévitablement. La santé du régime républicain des îles Chesmites, sont attachement à l'hellénité et à la modernité démocratique, en font un phare politique et idéologique au cœur d'une mer morcelée par les intérêts autocratiques néfastes. Le régime de Sozb est tenu par sa population, faisant de la jeune République un rocher de stabilité face aux remous des continents voisins.

En ce sens, il convient de centrer la politique de la Cémétie en matière d'interventions extérieures sur son socle de valeurs, en voyant dans la paix régionale et la stabilité un véhicule de démocratie, et non pas un inhibiteur comme au Varanya où le régime impérial certes garant de stabilité était un ferme opposant aux pratiques démocratiques, précipitant sa chute. Un dispositif de gouvernance trop rigide se verrait inévitablement menacé par les velléités démocratiques. En ce sens, il convient d'opposer la vision libérale des îles Chesmites à la conception révolutionnaire et dictatoriale de l'Iskandriane républicaine. Aussi, il est préférable à terme d'orienter la politique extérieure de la Cémétie vers des partenaires adoptant des valeurs démocratiques, sous peine de voir le dispositif de stabilité s'effondrer sous le poids des contestations à la manière d'un printemps révolutionnaire.

Aussi, pour se maintenir dans la région du sud de la mer Blême, les îles Chesmites sont un tremplin crucial. Outre le contrôle de la région des Deux Détroits qui relie la mer Blême à l'océan afaréo-nazuméen, l'archipel est également un vecteur extra-territorial de puissance pour la Cémétie, qui garantirait ainsi son statut d'acteur géopolitique régional. La sanctuarisation de la mer Blême est un objectif primordial face à la multiplication de ses acteurs potentiellement hostiles aux intérêts stratégiques de la Principauté de Cémétie. Développé en ce sens, le deuxième groupe aéronaval doit devenir la colonne vertébrale de cette nouvelle politique blêmienne de la Cémétie. La présence de l'unique porte-avions de la marine cémétéenne, l'un des rares au monde en activité, est également l'occasion de redorer le blason de l'armée cémétéenne, injustement écorné au cours du dernier conflit où s'était pourtant illustrée la supériorité aérienne de la Principauté face aux troupes révolutionnaires varanyennes.


ANALYSE DES RISQUES DE L'OPERATION HARSOMTOUS ET CONCLUSION

Sorte de plaidoyer de l'« avocat du diable », il est nécessaire de dresser une analyse des risques encourus au cours de la réalisation de l'opération Harsomtous. Cette dernière, bien que lancée sans grands risques encourus, pourrait néanmoins se voir la cible d'influences étrangères souhaitant justement nuire à la réputation des forces armées de la Principauté. En outre, une évolution inattendue de la guerre civile en Iskandriane pourrait impliquer d'autres acteurs régionaux face auxquels la Cémétie n'a pas prévu de riposte particulière, comme par exemple la Fédération des sultanats voisine ou, moins probable, le Banairah. Le dispositif stratégique actuellement déployé au travers de l'opération Harsomtous paraît néamoins paré à garantir l'indépendance de l'archipel tout en faisant prévaloir la supériorité navale de la Cémétie, avec une projection efficace d'un porte-avions sans concurrence dans la zone. Ainsi, la supériorité aérienne de la quarantaine d'aéronefs embarqués à bord du groupe aéronaval de la mer Blême est elle aussi garantie.

Des scénarii-catastrophe existent. Une attaque exogène à la mer Blême, une ingérence diplomatique ou militaire venant chambouler les plans du Ministère de la Guerre. Néanmoins, le présent document et les moyens mis en œuvre en général par le Ministère tendent à réduire ces incertitudes, permettant d'assurer sans affabulation que l'implantation stratégique de la Principauté de Cémétie dans l'archipel des îles Chesmites devrait se dérouler sans obstacle, et mener à terme à une coopération intime entre les deux partenaires permettant d'assurer tant la stabilité de l'écosystème blêmien que la sûreté des intérêts cémétéens dans la région.
Haut de page