30/05/2013
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[Divers] Chroniques d'un archipel

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Juin 2006


L’effervescence battait son plein sur l’île de Tenatonuea. Depuis deux jours, les plus vaillants spaoyans s’affrontait sur les flots. La compétition s’achèverait dans la soirée et la finale était proche. Institution en Spaoya, la course de pirogue à balancier offrait de nombreuses occasions de tester les limites des spoyans au cours de l’année. Ce week-end, il s’agissait de la compétition phare de la discipline, la course de vitesse en équipe sur des bateaux de construction traditionnelle.

Parmi les concurrents engagés dans la compétition, se trouvaient le très estimé Chef Insulaire de Tabanaea, Hau’oli’oli Keaunui. Dans la pirogue adverse, on pouvait voir, déjà prêt, la chef Insulaire de Tenatonuea, Laka Oline. Tout aussi estimée que son confrère, elle avait en plus, la pression d’être responsable du chantier naval de la Fédération. La qualité de la fabrication de son embarcation n’était plus à démontrer. La lutte allait être acharnée.

Pour l’occasion, le Président de la Fédération s’était présenté pour lancer le coup de départ de la course et assister les juges au moment de l’étroit finish. Tout le gratin était présent et la presse aussi était présente pour couvrir les festivités, l’agence de d’information de Spaoya allait se faire plaisir.


« Monsieur le Président, quel pronostic donnez-vous à cette course ? L’enjeu est grand !

- Oh l’enjeu n’est qu’une médaille autour des cous, en revanche, cette course promet une franche partie de rigolade. Et puis, qu’importe qui gagne, c’est le sport ! Ma pirogue a bien fini au fond du lagon, on en est plus là ! Que le meilleur l’emporte. D’ailleurs, c’est l’heure ! »


Quittant le carbet des assoiffés, le président se dirigea vers la plage où attendaient les deux pirogues à balancier simple. Habituellement fabriquée en composite et matériaux modernes, les nouvelles pirogues n’avaient plus rien à voir, si ce n’est la forme, avec les deux embarcations prêtes pour concourir. La première, celle de l’île Tabenaea était fabriquée à base de planches cousues en elles grâce à de la fibre de cocos. La seconde barque, de l’île Tenatonuea, leader fédéral en fabrication de pirogue était construite à l’ancienne, dans un tronc évidé, le balancier fixé également à l’aide de fibre de cocos.

« Messieurs, Mesdames, l’esprit de Spaoya coule en vous et nos traditions sont conservées grâce à ce genre d’évènement. C’est le cœur plein de fierté que je vais tirer le coup de départ de cette course.

Je le rappelle, vous devez mettre les pirogues à l’eau, embarquer, effectuer le parcours balisé dans le lagon, qui s’étend sur 7,8 km. La première équipe à franchir le ruban l’emporte. En ma qualité de président de la fédération, j’assiste les arbitres, très performants cela dit.

Concurrents, Spaoyans, êtes-vous prêt ? »


Alors que les dix participants à cette finale signalaient d’un signe de tête leur accord, Anala Kahala tira en l’air le coup de départ.

En bonne guide, Laka Oline prit les devant de la pirogue Tenatonuean et s’installa devant avec adresse. Son équipe, éprouvée à la discipline fut la première à entrer dans l’eau. Quelques mètres plus loin, pleine de force brute, la pirogue de Hau’oli’oli entrait dans l’eau à son tour. Sur l’ensemble du circuit, deux techniques s’affrontaient. Les Tenatonueans étaient du genre technique, tandis que les Tabenaeans avaient optés pour la puissance.

Les deux bateaux fusaient à des vitesses quasi similaires de sorte qu’à la mi-parcours, il était impossible de prédire l’issue de la course. Tandis que l’équipage de Keaunui prenait un peu d’avance, celui de Oline fit une courbe plus serrée sans perdre en vitesse. En bonne course traditionnelle, les équipements moderne de départage des arrivants n’étaient pas installés. Ce serait jugés à l’œil des arbitres. Après un passage de récif coraliens un peu technique, les deux navires entamaient la dernière ligne droite. Au coude à coude, le rythme était donné. Chaque coup de pagaie importait.

Alors que le ruban s’accrochait à l’avant de la pirogue de Laka Oline, il fut tendu presque instantanément à celle de Tabenaea. La foule acclamait les deux navires alors que leurs occupants, essoufflés par le sprint final commençaient à débarquer sur la plage. Les arbitres se concertaient et partageaient leur vision de l’arrivée de la compétition. Si la pirogue de Tenatonuea avait l’air d’avoir franchi la ligne d’arrivée en première, pour d’autres, elle était arrivée en seconde, tout dépendait du point de vue.

Après des délibérations houleuses pleines de punch coco/ananas, le groue d’arbitre se mit enfin d’accord. L’équipe de Tenatonuea l’avait effectivement emporté, d’un coup de rame peut-être, mais d’un coup de rame opportun.

Les festivités battèrent leur plein jusque tard dans la nuit, chaque occasion était bonne à fêter. Même les perdants fêtaient avec joie la fin de la compétition. La cohésion était l’un des forts de la fédération et c’est ce qui la faisait tourner en débit des nombreux problèmes que pouvaient rencontrer l’archipel. La nouvelle politique internationale du président tout fraichement élu allait peut-être permettre un accès aux besoins plus facile pour la population.


« Mes félicitations à tous les participants ! Ce fut encore une belle compétition. Gageons que l’équipe de Hau’oli’oli n’en restera pas là et que la prochaine fois, elle coiffera au poteau les indétrônables Tenatonuea ! En attendant, comme il est de coutume sur nos îles : La main dessus ! »

Ainsi s’achevait trois jours de compétition traditionnelle acharnée entre les insulaires.
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