02/06/2013
01:48:06
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[RP Ouvert] Salle de Presse d'Axis Mundis

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La Salle de Presse d'Axis Mundis est le lieu où les portes-paroles de la Convention Générale, du Comité de Volonté Publique, des Commissariats et des différentes Communes composant l'Union tiennent des breffages quotidiens devant les correspondants des médias accrédités. Cette salle est ouverte à la presse étrangère qui peut ainsi s'adresser aux différents portes-paroles de l'Union. Plus exceptionnellement, il peut arriver que des membres du Comité de Volonté Publique et délégués de la Convention s'y adressent à la
Confédération ou au monde.

HRP : Vous pouvez utiliser cet espace pour interroger des personnages de mon gouvernement au nom de vos médias nationaux ou d'une opposition intérieur au Grand Kah !
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Bien le bonjour à vous,
Je suis Lanyo Sai, journaliste d'investigation pour la rédaction internationale du journal "La Rumeur" (des Terres australes), je suis actuellement au Kah-Ta pour enquêter sur les mésestimations de production et leurs impacts sur la société kah-tanaise. J'aurais, si vous le voulez bien, quelques questions à vous poser.

- Connaissez-vous des exemples d'affaires de communes locales rapportant une production agricole, minière ou industrielle plus élevée que dans la réalité ? Voire complètement absurdes ? Si un représentant d'une commune ment sur un chiffre de production, comment réagissez-vous ?

- Le commissariat à la Planification va-t'il vérifier les stocks de marchandises sur le terrain lorsqu'il estime les productions récentes et les quantités entreposées ? Qui fait autorité pour annoncer un chiffre de production ?

- Le commissariat au Maximum a-t'il déjà constaté des stocks de produits inférieurs à la normale, et éventuellement, dû modifier des plans de distributions en cours de route ? Si oui, est-ce fréquent ?

- Des sources que j'ai pu contacter (et que je garde anonyme) affirme que lors d'une sécheresse en 2003, la région rurale de Tlextlilton s'est retrouvé avec des stocks de maïs remplis à 10 % environ alors que les registres affirmaient un taux de remplissage proche de 80 % environ et qu'une douzaine de communes ont dû demander de l'aide aux régions avoisinantes. Vous confirmez ? Si oui, comment avez-vous géré la situation ?

- Le Grand Kah a-t'il dû faire défaut sur un contrat commercial, ou reporter un contrat commercial, à cause d'une marchandise manquante ou dont les niveaux de stocks étaient dangereusement bas ?

- Dans une région où plusieurs communes partagent une zones de production, y à-t'il un certain profil de commune qui communique davantage avec le Comité de Volonté Publique pour s'exprimer au nom de l'ensemble des communes impliquées ? Est-ce que les communes qui annoncent les chiffres de production ou font état des besoins au Comité, ou au Commissariat au Maximum sont plutôt les communes les plus peuplées ? Les plus productives ? Plutôt des communes urbaines ou disposant de ressources minières ? Plutôt de culture allochtone ou autochtone ? Existe-t'il des profils particuliers d'individus qui communiquent avec les institutions planificatrices ? Sont-ils issus de milieux socioprofessionnels particuliers plutôt que d'autres ? Des traits de personnalité récurrents ?

- Certaines communes frontalières se livrent-elles à de la contrebande ? Certaines communes se réservent-elles l'usage de ressources produites localement sans en informer le Commissariat au Plan ou le Comité de Volonté Publique ? Des communes mettent-elles en réserve des ressources distribuées au nom du maintien de la société d'abondance pour annoncer des productions plus élevées ultérieurement, pour s'en servir ultérieurement, ou pour négocier avec une autre commune ?

Je vous remercie de bien avoir voulu m'accorder le temps de votre lecture, en espérant que nous puissions échanger plus amplement par la suite.

Cordialement,
Lanyo Sai
Journaliste à La Rumeur
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Réponse aux question soulevées par Lanyo Sai pour le journal La Rumeur.

Une femme d'âge mur montera au micro et déposera des notes manuscrites sur le pupitre. D'ethnie nahua, elle porte des vêtements colorés et un petit pin à la poitrine, reprenant le symbole de l'Union : le flambeau dans le cercle.

"Bonjour citoyenne, je suis la déléguée Huemac Itzel, du Commissariat à la Planification démocratique, je me chargerai de répondre à vos questions."

Elle parcours rapidement ses notes du regard, puis acquiesce avant de prendre la parole. Son ton est clair et aimable.

"Évidemment il est déjà arrivé que les rapports émis par certaines communes soient erronés. Soit à cause d'erreurs humaines soit à cause d'une volonté réelle de nuire. Si on s'en tient à la partie de l'Histoire kah-tanaise durant laquelle notre économie a strictement fonctionné sur le modèle démocratique et participatif actuel, ces cas sont cependant très rares, pour ne pas dire exceptionnels : la production des communes est décidée par elles-mêmes selon ce qu'elles pensent être en mesure de produire et les membres de la confédération reçoivent un financement qui ne dépend pas tant de ce qu'ils produisent que de ce dont ils ont besoins.

Vous devez comprendre que notre système économique, bien que comparable de loin aux variations centralisées des États d'inspirations autoritaires, ne donne pas de raisons valables à ses acteurs de mentir. Dans le cas où une commune communiquerait des informations erronées, soit par l'action d'un acteur, soit par l'action de plusieurs, une enquête est menée en coopération par la Commune supérieure – l'échelon confédéral rassemblant les communes d'une même région géographique – et les citoyens de la dite commune. Si la coopération n'est pas envisageable ou que le cas s'avère plus complexe, l’Égide peut être appelée. Cette enquête sert en premier lieu à rectifier les chiffres communiqués pour le bien de la planification participative puis, si il s'avère qu'il y a volonté malveillante, à en attester de façon à ce que la communauté ou la Magistrature puisse appliquer la justice. Cela se traduirait par des stages de sensibilisation, des travaux d’intérêts généraux et toute autre action réhabilitatrice jugée nécessaire.

Dans le cas où une volonté de saboter le fonctionnement de l’Union serait avérée, la question serait plutôt traitée à l’échelle confédérale. La question des peines concernant les ennemis avérés de l'Union est une question complexe et le sabotage en pleine conscience est généralement jugé avec une grande sévérité, les principes de Bienveillance et de Réhabilitation étant difficiles à appliquer avec un adversaire pleinement antagoniste à l'Union. De manière plus générale le ban, soit hors d'une commune soit hors de l'Union, peut être appliqué en cas de crime.
"

Elle marque un temps, passe à la seconde question.

"Le Commissariat doit être compris comme une structure décentralisée. Il n'est pas tant un ministère dirigeant l'activité économique que l'émanation des structures économiques locales facilitant leur coopération. En théorie, cependant, il existe différent échelons de responsabilité et de pouvoir délégué, de telle façon que le commissariat à la Planification peut effectivement diligenter des enquêtes ou envoyer des observateurs au sein de certaines communes pour attester des stocks, de la productivité ou – c'est un cas de figure plus fréquent – des besoins du tissu économique local.

Le fonctionnement de l’économie moderne fait la part belle à la production de masse et il convient d’insister sur le fait que, malgré la coexistence d’une économie d’artisans avec une économie de manufacture, la question des stocks et de leur disponibilité est généralement dépendante des communes, communes supérieurs et des instances qu’elles mettent en place selon leurs fonctionnements respectifs. Le rôle de la Planification est justement de mettre ces différentes instances en relation et de centraliser sous une forme standard toutes les données à disposition.

Les chambres communales sont responsables d’organiser l’émission des chiffres de production, des fonctionnaires sont présents pour assurer que cela se fasse dans les meilleures conditions possibles. Ces mécanismes font qu’à l’échelle locale, l’annonce dépend des communes. À l’échelle confédérales elles dépendent des instances du Commissariat.
"

Nouveau silence. Elle saisit ses notes puis les repose en acquiesçant à nouveau.

"Le Commissariat au Maximum a déjà constaté des stocks produits inférieurs à la normale, notamment au début de cette ère, lorsque la reconstruction du tissu économiques et la relative désorganisation de l'administration confédérale mettaient en périle le bon fonctionnement de l'Union. Actuellement c'est un problème virtuellement inexistant : pour prendre un exemple dépendant de l'économie de marché, il n'existe pas réellement de flux tendu au sein de l'économie. La plupart des denrées non-alimentaires ne sont pas périssables de telle façon que la planification de chaque année se fait sur les réserves attestées produites les années précédentes. En cas de problèmes ou d’anomalies des réserves d’urgence existent. Au cas échéant il existe des procédures. De manière générale, cependant, cela n’arrive pas. À vrai dire nous produisons en excédant, d'où notre importante politique d'exportation servant justement à développer et renforcer l'industrie confédérale. Selon nos estimations il faudrait une crise d'ampleur majeure pour gripper l'actuelle économie kah-tanaise. C'est un cas de figure que nous avons prévu, d'où la séparation de l'économie nationale, basée sur notre capacité de production et d'importation, et l'économie d’exportation, qui ne sert que de supplétif dans des plans d'investissements pérennes, mais ne finance pas le fonctionnement quotidien de l'Union.

C’est ce que la Convention Générale appelle la doctrine de la Citadelle Assiégée, une forme d'Autarcie dans les secteurs vitaux, si vous voulez.
"

Temps de latence, encore. Elle sourit en entendant la question et acquiesce.

"Comme je le disais, l’un des rares secteurs qui ne nous laisse pas réellement le temps de nous retourner en cas de crise est celui des denrées périssables : légumes, viande, ainsi de suite. Vos sources exagèrent peut-être un peu les faits, quoi que je ne puisse pas supposer de ce qu’ils vous aient dits : cependant il est vrai que la sécheresse de 2003 a donné lieu à une différence tout à fait regrettable entre les stocks connus de l’administration et ceux existants réellement. L’enquête a révélé qu’il s’agissait d’un pur dysfonctionnement lié à des prévisions mal faites et à d’importants manquements dans la communication entre la commune et les commissariats.

Naturellement, notre Confédération existe avant toute chose pour répondre à ce genre de problèmes et de dangers existentiels : les communes avoisinantes ont fourni une aide alimentaire d’urgence le temps que les réserves de la Confédération soient déployées. Notre système même a permis d’éviter la famine grâce à la mise en commun des ressources et des productions.

Le problème d’appréciation des ressources alimentaires à dispositions a donné lieu à une enquête que j’évoquais, qui a à son tour permis à la Confédération de renforcer ses mécanismes par la création de nouveaux postes d’inspecteurs et d’assesseurs, dont je parlais plus tôt, et l’envoie aux communes en présentant le besoin de fonctionnaires formés aux questions prévisionnelles. L'économie est un domaine d'une complexité exigeante, toutes les communes ne présentent pas nécessairement un personnel formé à prendre en compte les très nombreux facteurs pouvant entrer en jeu dans la tenue ou non d'un quota de production. La mise en commun des talents est, comme la mise en commun des ressources, l'une des raisons d'être de l'Union.

Les kah-tanais ont connus la faim aux lendemains de la Junte de 90'. L'entraide est pour nous un devoir inscrit dans la chair. Et comme le dit la maxime : de chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins.
"

Elle fera apparaitre une gourde cachée sous le pupitre, et avalera une brève gorgée d'eau avant de reprendre.

"Si l'on s'en tient encore à cette ère, non, ou pas de manière significative. Le circuit économique dédié à l'exportation est certes un circuit important sur le plan des ressources financières qu'il permet de dégager en vue d'investir dans l'Union-même, il n'en demeure pas moins largement indépendant du circuit de production autochtone. Notre système de planification n’est pas plus mal géré – au contraire – et pas moins productif que celui des régimes capitalistes. Dois-je vous rappeler que ceux-là produisent un tel excédent qu’ils gaspillent systématiquement ressources et bien manufacturés ? Sur ce plan notre système est plus rationnel : nous ne voyons pas au-dessus de nos moyens, ceux-là sont de toute façon suffisants pour répondre à nos besoins et nos plans d’investissement."

Elle lève un peu le menton.

"Le partage des zones de production est fréquent, notamment pour les communes se spécialisant dans des activités industrielles. Il n'existe pas spécialement de profil de communes entretenant des liens privilégiés avec le Comité de Volonté Publique, la Convention Générale ou ses commissions et commissariats. S'il le faut absolument c'est aux Communes Supérieures regroupant les communes en question que revient la mission de nommer des délégués ou de communiquer des informations. Sans quoi, les travailleurs du site de production, leur syndicat ou république, éliront eux-mêmes leurs représentants, chargés de communiquer avec les différentes communes ou avec les échelons confédéraux.

Bien que chez nous la question de l'économie soit intégrée dans la vie quotidienne, elle-même intégrée à la vie démocratique des communes, syndicats et républiques, nous préférons que tous les partis impliqués dans une question aient voix au chapitre lorsqu'il s'agit de nommer des représentants, des délégués, des ordonnateurs et ainsi de suite. Les communes plus peuplées ont-elles plus d'électeurs potentiels ? Oui, c'est un fait. Si deux villes et trois villages partagent un même centre industriel, il y aura potentiellement plus de travailleurs issus des villes, mais ils ne voteront pas tant en tant qu'habitants de leur ville qu'en tant que travailleurs.

Philosophiquement comme institutionnellement, nous évitons autant que possible les fonctionnements partisans et tribalistes. Maintenant nous ne pouvons pas nier qu’il existe une cartographie culturelle du territoire faisant qu’effectivement, d’une région à l’autre de l’Union, les profils qui se verront nommés aux postes de représentation auront tendance à être différents dans leur approche et leur niveau potentiel d’expertise. Selon des études récentes, les communes du sud nomment plus fréquemment des individus populaires sur leur lieu de travail, ce que nous appelons communément des « avocats », si vous voulez, tandis que les communes de la côte Ouest nomment quasi systématiquement des experts. Ingénieurs agronomes, par exemple, pour représenter des exploitations agricoles. C’est une division culturelle qui se retrouve aussi de façon minoritaire mais observable dans les clubs politiques les plus représentés dans ces régions. C’est aussi pourquoi la Confédération met à disposition des fonctionnaires, des experts et des formateurs. Tous les élus doivent être en mesure de remplir leur tâche quelles que soient leurs origines, et s’il leur manque une expertise sur un sujet, ils pourront être épaulés par une solide administration d’individus répondant à leurs lacunes.

Sur le plan culturel, les kah-tanais tendent à apprécier la probité et l'humilité. Les hommes, femmes et autres évoluant dans les chambres et administrations communales sont rarement des orateurs ou de fervents militants politiques. Ce sont, le plus souvent, des personnes engagées pour le bon fonctionnement de leur communauté. La plupart des personnalités plus tonitruantes tendent à chercher une carrière dans les clubs, au sein de la Convention Générale.
" Elle marque un tant, se rendant peut-être compte qu'elle-même était, par conséquent, plutôt de ceux là. "C'est une idée culturellement admise, chez nous : les responsabilités ne viennent pas avec des privilèges mais des contraintes. Ceux que l'on nomme pour nous représenter savent qu'ils sont là pour une raison."

Elle se passera une main dans les cheveux avant de sourire.

"Il est possible qu'il existe de la contrebande, s'exprimant généralement par l'exportation de denrées interdites de l'autre côté de la frontière. L'éventuelle contrebande de produits interdits sur le sol d'une commune aurait du mal à être organisée par la commune même qui interdirait les dits produits. Dans le cas d'une contrebande intercommunales, cependant, cela donnerait lieu à une enquête de l’Égide et à des condamnations de la part de la Magistrature. La raison d'être de l’Égide est justement d'assurer le respect des règles communes et les accords intercommunaux, et d'éviter les conflits d’intérêts dans le maintien du dit respect.

Les communes peuvent tout à fait décider de ne pas partager leurs ressources. C'est un modèle de sécession économique qui s'est cependant avéré intenable pour les quelques exemples historiques que nous avons, du simple fait que l'aide au développement d'un secteur économique par la confédération ne saurait s'appliquer à une activité économique ne profitant pas à l'Union. La rétention d'information auprès des Commissariats est une question sensible : est considéré comme rétention d'information ce qui concerne des secteurs d'activité censément mis à la disposition du plan et de la communauté confédérale par la commune. En théorie le pourcentage de production mis à la disposition de la redistribution est négocié et un pourcentage peut être conservé par la commune si elle souhaite en jouir ou organiser elle-même l'échange de ces ressources au sein de la Confédération ou même avec des nations étrangères. Cependant, une fois encore, les Commissariats économiques émanent des acteurs économiques et répondent déjà aux besoins de répartition et exportation selon leur volonté; S'en détacher, faire sécession, reviendrait à abandonner l'usage d'une quantité importante d'outils mis à la disposition des communes et leur profitant.

Les communes sont autorisées à procéder à la création de réserves stratégiques locales, effectivement, tant que le niveau de vie estimé par le Commissariat au maximum et validé par les communes est assuré aux habitants. La subtilité étant que ce sont ces habitants même qui décideraient d'organiser ou non une réserve stratégique de telle façon que cette règle est surtout une réminiscence de périodes plus centralisée durant lesquelles l'administration locale aurait pu prendre ce genre de décisions sans nécessairement dépendre de l'avis de la population. Le principe de démocratie directe règle une grande partie du problème. Toujours est-il : ces réserves stratégiques ne permettraient pas d'annoncer des productions plus élevées. Ou plus précisément : de telles annonces obligeraient ces communes à mettre à disposition les ressources en réserve, conformément à leurs annonces. Ce serait théoriquement possible – bien que concernant certains produits cela pourrait alerter le contrôle qualité – mais je ne vois pas bien en quoi cela profiterait à une commune. Comme dit, les ressources sont redistribuées selon les besoins d'une commune, pas selon ses moyens. Stocker plus de ressources en vue de simuler une production supérieure ne profiterait pas à la commune. De plus, la grande transparence du système politique et économique de l’Union risquerait de bien vite révéler la manipulation.
"

Ayant terminée, elle s'inclina légèrement en avant.

"Les Commissariats sont ravis de l’attention que leur porte votre journal et se tiennent à votre disposition si vous avez de nouvelles questions ou besoin d’aide. Nous espérons que votre séjour au Grand Kah se passe bien. Je reste personnellement à votre disposition."

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Journaliste dans le Paltoterra-Sylva, Henry Duchêne avait de la bouteille dans le métier. Mais du haut de ses quarante-trois ans, il avait largement perdu de son audace typique de la jeunesse, pour devenir un journaliste beaucoup plus consensuel.
Il avait donc consenti à une petite folie en quittant le Duché pour venir interroger les représentants kah-tanais au sujet des dernières affaires en Chérchérie. D'une voix grave, amplifié par le coffre que lui donnait son ventre à bière (ou plus précisément à rhum vieux), il énuméra une succession de question dans lesquelles il mettait tout de même assez de ton, suffisamment pour faire illusion sur sa réelle détermination journalistique à mettre en évidence de choquantes vérités.

-La Chérchérie est actuellement en proie à une crise complexe, amenant le Grand Kah à intervenir de façon directe et militaire en prenant parti pour les rebelles. Quelles motivations morales prétend avoir le Grand Kah pour justifier une telle opération que l'on pourrait reprocher sur de nombreux points ? Après tout, en quoi peut-il s'accorder le droit et la responsabilité de décider du camp le plus légitime entre le gouvernement en place et les insurgés ?

-Au-dela de l'aspect moral, nous devons rester lucide sur les implications géopolitiques. Qu'elle est la vision du Grand Kah sur les différents points impliqués ? On parle d'une agression directe contre un pays reconnu à l'international pour soutenir des rebelles que l'on pourrait qualifier de terroriste, mais aussi d'une offensive directe à l'encontre des forces de Loduarie Communiste. Le Grand Kah ne craint il pas de donner des arguments à ses concurrents géopolitiques ? Que compte t'il répondre à leurs potentielles accusations ?

-N'y avait il pas d'autres façons de s'impliquer, plus pacifiques et justes ? Là le Grand Kah intervient de façon violente et meurtrière pour soutenir une insurrection tout aussi sanglante. Sa réponse est ainsi proportionnelle à celle du gouvernement en place, à qui l'on pourrait en effet reprocher de mener une répression violente. Il faut en effet mentionner les suspicions d'usage de phosphore blanc contre les rebelles. Nous pouvons donc affirmer que le Grand Kah est sur la même référence morale que le régime en place de Chérchérie, dès lors quels arguments peut-il apporter pour se donner une légitimité supérieure d'intervenir, ou reconnaître la légitimité des rebelles ? Un appel au cessé le feu et à la négociation n'aurait-il pas été à la fois moins meurtrier et plus production ?

-Car en effet nous devons aborder un dernier point : Quelle est la vision sur le long terme du Grand Kah ? Là, il intervient de façon directe pour empêcher toute contre-insurrection à l'encontre des rebelles, mais dans l'hypotèse d'un succès des opérations, quelles sera la suite ? Est-ce qu'il y a déjà un plan pour les populations sinistrées ? De plus nous avons là à faire à des symptômes d'une crise plus profonde, le Grand Kah l'a t'il clairement identifié ? A t'il un plan pour la résoudre et ne pas se retrouver dans les vingt prochaines années avec le même scénario qui se répète ?
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Réponse aux question soulevées par Henry Duchêne pour le journal Paltoterra-Sylva.

Une jeune femme montera au micro et déposera quelques feuillets annotés sur le pupitre. Caucasienne et souriante, elle prote une chemise sombre et une jupe longue de même couleur, ainsi qu'un petit brassard reprenant le bouclier noir des forces de la Garde communale.

"Bonjour citoyen, je suis la déléguée Alice Saranovitch-Thiel, du Commissariat à la paix, je me chargerai de répondre à vos questions."

Elle lui sourit d’un air suprêmement aimable et acquiesça avant de poser un index parfaitement manucuré et vernis sur le sommet de ses notes, générant au passage un petit bruissement de papier que son micro capta.

– Comme vous le dites avec beaucoup de justesse, la crise en Eurysie centrale est une crise complexe dont il serait compliqué de résumer les nombreux aspects. Vous évoquez l’intervention du Grand Kah et plus spécifiquement l’intervention d’experts de notre Garde Communale et le soutien matériel qu’apporte cette dernière aux forces de l’Égide en Mährenie. Concernant la question des motivations morales, précisément, le commissariat à la paix souhaite vous confirmer qu’il n’agit pas selon des principes moraux, bien que ceux-là soient pour autant tout désignés. Comme vous le savez sans doute une grave crise migratoire mets en danger la stabilité de la région Chérchérie, Tchérie, Mährenie. L’indépendance récente de la Chérchérie est l’aboutissement d’un conflit interethnique typique de l’Eurysie, comme nous autres paltoterrans pourrions avoir quelques difficultés à le concevoir. Ce conflit enraciné n’a hélas pas pris fin avec l’indépendance de la Chérchérie, dont le nouveau gouvernement a rapidement mis en place des mesures ethno-nationalistes dépassant le strict cadre du revanchisme pour tomber à pieds joints dans une logique d’extermination. Pour rappeler quelques-unes des mesures prises par le gouvernement de Chérchérie et ses cadres actuels, tous les étrangers n’étant pas d’ethnie Chérchérie se sont vu interdire de participer à la vie économique et culturelle du pays, obligés de porter un symbole distinctif doré, elle exhiba brièvement un aigle de couleur jaune en tissus, et ont été sujet à des arrestations arbitraires menant systématiquement à des expulsions du territoire.

Au-delà du caractère choquant et inhumaine de cette politique, qui n’est pas sans faire écho aux idées fascisantes que l’Union a toujours combattue, on pourrait trouver qu’il s’agit là en sommes d’un prolongement des troubles propres au Vieux continent. Cela étant, cette politique a intensifié une crise migratoire déjà en cours. La Tchérie et la Mährenie collaboraient jusque-là pour construire des camps de réfugiés en mesure d’accueillir le flux de réfugiés dans de bonnes conditions, mais le tournant ethno-nationaliste de la Chérchérie a fait exploser la crise au-delà de toutes proportions, ce qui a poussé l’Égide en Mährenie à chercher des solutions permettant de stabiliser la région, parmi lesquelles celle d’éliminer le gouvernement Lenisk. Pour ce qui est de la question de la légitimité, outre ce que nous venons déjà de dire, le Grand Kah favorisera toujours les forces populaires et démocrates face aux tyrans.

Cela étant dit l’intervention de la Mährenie est le soutien matériel du Grand Kah sont largement liés à la présence d’un contingent Loduarien dans la région, contingent largement capable de contenir les forces révolutionnaires, faute de matériel, et d’assurer la survie d’un régime Lenisk manifestement illégitime, prolongeant par la même la crise que nous évoquions plus tôt. Une situation imposant une réponse proportionnée, à savoir de déloger par la force un régime qui n’accepte pas de négocier et qu’un trop fort soutien étranger rend imperméable à toute revendication populaire.


-Au-dela de l'aspect moral, nous devons rester lucide sur les implications géopolitiques. Qu'elle est la vision du Grand Kah sur les différents points impliqués ? On parle d'une agression directe contre un pays reconnu à l'international pour soutenir des rebelles que l'on pourrait qualifier de terroriste, mais aussi d'une offensive directe à l'encontre des forces de Loduarie Communiste. Le Grand Kah ne craint il pas de donner des arguments à ses concurrents géopolitiques ? Que compte t'il répondre à leurs potentielles accusations ?

Elle fit mine de se concentrer et fronça légèrement les sourcils avant de reprendre d’un ton factuel.

– La reconnaissance internationale de la Chérchérie fait débat : en dehors des autres nations Eurycommunistes il n’existe pour ainsi dire presque aucune diplomatie avec le régime Lenisk, fortement autarcique et que l’autoritarisme brutal rend infréquentable pour une grande partie de sas voisins. Cependant vous avez raison de dire que la situation soulève de nombreuses questions sur l’image qu’une telle intervention pourrait soulever. Je vous ai déjà expliqué les fondements pratiques et moraux de notre intervention en faveur des forces démocratiques et populaires : cette intervention se fait dans un cadre précis.

Comme vous le savez ce n’est pas la première fois que l’Union soutient ouvertement les forces de l’émancipation à travers le globe. Souvenons-nous ainsi de l’intervention en Damanie, fait à la demande des factions démocratiques ayant fait du pays une démocratie exemplaire dont peu de gouvernements et d’opinions publiques contestent la légitimité. Souvenons-nous aussi de la plus récente intervention faite au Mokhaï en faveur du parlement, opposé à la dictature du régime Saburo. Intervention organisée par le Grand Kah et prenant le nom d’Opération de Maintien de la Paix au Mokhai. Cette OMPM s’est organisée avec le soutien direct et la participation des puissances locales : partenaires de l’État du Fujiwa, la République Directe de Banairah, l’Empire du Burujoa et la République Autonome de Priscyllia, Empire Xin. Des partenaires essentiels et respectés du Grand Kah. Le Grand Kah est une nation pragmatique qui sait qu’il y a dans chaque décision politique une dose d’arbitraire et de jeu de force. Mais aussi et surtout une force qui sait respecter ses partenaires et les intérêts des peuples souverains de chaque région où s’étendent les intérêts de nos communes et où résonnent les appels à l’aide de nos frères en humanité. C’est pour ça que lorsque le Grand Kah était menacé par le désormais disparu duché de Vinheimur, soutenu dans des opérations sous faux drapeau par l’Alguarena, comme l’ont révélé l’opposition politique et la presse indépendance du pays, une part importante des nations non-alignées se sont pressées pour proposer une médiation, et nous ont publiquement fait part de leur soutien. C’est pour ça que nous entretenons d’excellentes relations commerciales avec les grands pays du sud de l’Eurysie, et les nations indépendantes de l’Afarée. C’est pour ça, aussi, que la Tchérie, décidé à ne pas inervenir en Chérchérie, n’a pas cherchée à bloquer l’intervention par les airs de nos partenaires Mähreniens.

Le Grand Kah est une grande puissance, mais en aucun cas une puissance impérialiste. Il est difficile de nous attaquer factuellement sur notre politique internationale car celle-là se construit sur une base saine de respect mutuel et d’intérêts partagés. Certaines nations de l’ONC, que certains journaux et éditorialistes considèrent comme les plus grandes rivales potentielles de notre Union, ont une façon différente d’intervenir. Et pour chaque opératoin menée par le Grand Kah avec l’accord des puissances régionales et dans un cadre prévu et consensuel, nous pouvons citer une invention en règle ou un coup d’État organisé sans autre légitimité que celle des armes et de l’économie par de potentielles nations rivales. La récente guerre coloniale visant à capturer les colonies du Kronos en Afarée, qui s’est faite avec le blocus arbitraire de la plus grande mer intérieure du globe par les forces de l’ONC, est un exemple clair de ce que le Grand Kah ne considère pas comme une politique internationale raisonnable, constructive et mutuellement enrichissante. Dans l’hypothèse où certains de nos honorables partenaires souhaiteraient nous attaquer sur nos actions, il conviendrait donc évidemment d’en parler ouvertement et avec franchise, et d’examiner tous les aspects du problème, y compris les propres actions de nos honorables partenaires. Notre interventionnisme, nous en sommes très fier, est un interventionnisme utile et souhaité par nos partenaires régionaux.


Puis elle acquiesça. La quatrième question du journaliste semblait lui plaire, plus encore que les autres. Elle sourit, d’un air triste, et sa voix se teinta d’un regret discret mais palpable.

– Il y avait effectivement des façons non-militarisées d’intervenir dans cette crise. La question de la justice, elle, rejoint celle de la morale en ça que nous ne sommes pas sûrs qu’il soit adapté d’adopter un point de vue légal là où il n’existe aucun accord international. Ou bien vous parliez d’une justice plus inhérente, comme nous parlons parfois de justice sociale, mais cela nous amènerait sur un débat d’idée bien différent, et si cela serait en soi très intéressant, notre position humaniste nous pousserait, en substance, à vous répondre que lutter contre la tyrannie est intrinsèquement juste. Cela dit nous ne basons pas nos interventions militaires sur la base seule de ce qui serait, de notre point de vue, juste ou non. Ainsi, et pour reprendre plusieurs éléments évoqués précédemment, nous devons commencer par réfuter le caractère particulièrement meurtrier de la révolution à l’œuvre dans la région. Cette guerre est par essence malheureuse et meurtrière, cependant le pouvoir Lenisk ne pouvait pas être chassé autrement que par la force. Faute d’alternatives politiques les révolutionnaires se sont saisis des seuls outils à leur disposition pour faire changer les choses : une situation que ni votre société constitutionnelle, ni notre société pleinement démocratique ne sauraient connaître. Cela étant dit, le Grand Kah et ses partenaires Mährenien ne considèrent pas être sur un niveau de violence équivalent à celui du gouvernement de Chérchérie. Ce dernier, outre ses campagnes de purges ethniques et l’utilisation systématique des travaux forcés comme outil de répression, considère par défaut l’intégralité de sa population comme potentiellement insurgée, ce qui en dit long sur son propre ressenti de légitimité. Nous pouvons confirmer ici les soupçons d’usage de phosphore blanc. Si vous le souhaitez un dossier de presse contenant vidéos et photos vous sera remis. Ce qu’il faut retenir sur cette question c’est que la Chérchérie et ses alliés loduariens appliquent une politique de terreur visant à mater la population en la massacrant sans faire de distinction entre les révolutionnaires et les civils non-impliqués. L’intervention mährenienne, elle, vise avant tout à permettre l’avancée des forces rebelles. La stratégie appliquée, si je ne peux évidemment pas entrer dans ses détails, consiste à prendre des lieux d’intérêt stratégique selon une logique de frappes chirurgicales. Bases militaires, formations de blindées ennemis, aéroports, gares, centrales. Cela étant dit l’intervention dans la région a été spécifiquement déclenchée en réponse à l’intervention loduarienne. Vous conviendrez que ceux-là ont déjà fait sortie la situation chérchérienne d’un strict cadre national.

Cela étant dit, nous ne nous considérons pas tant cobelligérants aux côtés des rebelles que soutien à ces derniers. Toute notion de négociation, de cessez-le-feu, de règlement politique de la crise se fera à leur initiative et selon leurs conditions. Nous ne faisons que donner du poids à leurs demandes.


Puis elle joint ses mains devant elle, et repris un air plus gai.

– Notre vision est avant tout celle d’une région stable et d’une nette amélioration de la situation migratoire. Politiquement cela signifie que nous souhaitons voir les rebelles gagner et appliquer leur programme politique, fermement démocratique. Dans l’hypothèse où la révolution viendrait, par une voie militaire ou politique, à bout du régime actuel, le nouveau gouvernement recevrait des assurances sécuritaires de la part de nos partenaires mähreniens. Les opérations humanitaires à l’œuvre en Tchérie pourraient effectivement s’étendre en Chérchérie. Du reste, nous soutiendrons à notre échelle toute politique du nouveau gouvernement allant dans le sens de la réconciliation ethnique et de la création d’un régime politique démocratique et transparent et d’une situation économique stable. La crise Lenisk, spécifiquement, n’est qu’un cas classique d’appropriation d’une révolution par une faction militaire la faisant tourner en aventure dictatoriale. Elle se réglera par la démocratie. La crise ethnique, elle, vient de la politique voulue par d'anciennes factions tchérienne, ouvertement fascistes. Désormais la Tchérie continue de se moderniser et d’apaiser sa situation intérieure. Un chemin que pourra suivre la Chérchérie. Une grande partie de la population est lasse des conflits ethniques, et à condition d’éviter la formation de mouvements radicaux et miliciens, tâche dans laquelle excelle l’Égide qui saura soutenir le prochain gouvernement chérchér, l’accalmie complète pourra s’obtenir. Du moins c’est ce que les révolutionnaires semblent croire et nous sommes disposés à les assister dans la bonne conduite de leurs objectifs louables.

Elle s'inclina et se redressa en passant une main sur son front, pour replacer des mèches tombées devant ses yeux.

"Les Commissariats sont ravis de l’attention que leur porte votre journal et se tiennent à votre disposition si vous avez de nouvelles questions ou besoin d’aide. Nous espérons que votre séjour au Grand Kah se passe bien. Je reste personnellement à votre disposition. Et si vous venez d'arriver, passez un excellent séjour à Lac-Rouge !"
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Debbie Fansworth, journaliste vedette de la principale chaîne d'information des Provinces-Unies, Federal Network, tout aussi respectable que parfois décriée, était connue pour ne pas mâcher ses mots et poser les questions qui fâchent. La spécialiste des interviews politiques avait la réputation d'être incisive et sans concession avec les politiques, et s'était fait connaître pour malmener les grands de ce monde.
Considérée comme l'une des femmes les plus influentes des Provinces-Unies, elle avait obtenu son accréditation sans grande difficulté auprès des autorités kah-tanaises, malgré un contexte de tensions internationales entre les puissances de l'ONC et les nations dites de l'arc socialo-communiste dont faisait partie le Grand Kah.



federalnetwork

debbie fanstworth

Mesdames, messieurs les dépositaires de l'autorité kah-tanaise, bonjour, je suis Debbie Fansworth, pour Federal Network, Lofoten, et j'ai plusieurs questions à vous poser si vous me le permettez s'il vous plaît.

Question 1 : Premièrement, et tout simplement si j'ose dire, comment qualifieriez vous les relations actuelles entretenues par le Grand Kah et les Provinces-Unies ? Atreus Fjörgyn lui même, dans une interview accordée à l'un de mes confrères sur NLBC News disait cela de vous : "Le Grand Kah n'est pas un allié, mais un vieil ami. Un allié vous dira ce que vous voulez entendre, un vieil ami, lui, vous dire ce que vous devez entendre". Cela lui fut d'ailleurs beaucoup reproché. Seriez vous d'accord avec cette déclaration ?

Question 2 : Vous n'êtes pas sans savoir que les Provinces-Unies ont un agenda démocratique chargé, et sont en pleine campagne électorale pour les législatives de 2011, visant à désigner un nouveau ou une nouvelle chef de l'exécutif au Palais de la Chancellerie. Parmi ces candidats, certains prônent le retrait de l'ONC, mais plus encore appellent à la rupture de toute relation diplomatique avec le Grand Kah, souvent qualifié de démocrature ou de soutien des pires régimes eurycommunistes par certains élus dans les médias. Quel est votre avis là dessus sur la montée de l'anti-kahtanisme ? Pourriez-vous continuer à dialoguer et coopérer avec le Lofoten si ce dernier venait par exemple à accorder leurs suffrages aux souverainistes du Køenig Halfgård ?

Question 3 : La situation internationale est très tendue en ce moment, et semble faire valoir l'adage selon laquelle la loi du plus fort règne. Alors que les Provinces-Unies ont annoncé il y a peu leur retrait total de leurs forces militaires au Prodnov, deux pays, le Pharois Syndikalli, et la RSP ont décidé conjointement de déclencher une opération militaire spéciale contre l'état souverain de la République Libre du Prodnov. Rappelons à nos téléspectateurs et à nos auditeurs que vous êtes membres de la même organisation internationale le Liberaltern. Quel est la position officielle du Grand Kah sur cette offensive déclenchée par votre allié ? Soutiendrez vous cette nouvelle guerre en Eurysie qui se prépare et interviendrez-vous d'une quelconque manière ?

Question 4 : Un mouvement antiONC, appelé ONCeptique, prends de l'ampleur au sein des Etats membres de cette organisation, certains élus lofotènes appellent désormais publiquement et sans ambiguïté à quitter cette organisation, contre laquelle les opposants dénoncent justement un jusqu’au-boutisme et interventionnisme assumé, d'après certains spécialistes, et la peur d'un conflit mondial généralisé. Ne craignez vous pas qu'un mouvement similaire parcourt votre nation ? La multiplication des interventions kah-tanaises, votre présence et influence sur de nombreux fronts et théâtres d'opérations n'alimenteraient pas le sentiment anti-kahtanais évoqué plus tôt ? Je cite dans le désordre: Pontarbello, Valheim, Kaulthie, Mokhai, colonies listoniennes, et j'en oublie certainement d'autres. Appelons un chat un chat, le Grand Kah aurait-il opéré un virage impérialiste non assumé, en disputant à l'Alguarena le titre de gendarme du monde ? J'ai posé la même question par ailleurs à la l'Alguarena, qui nourrit aussi les mêmes critiques contre elle.

Question 5 : Enfin, et cela sera ma dernière question, dans ce contexte de crispations et de tensions géopolitiques actuelles où les nations semblent se replier sur elles-mêmes et s'armer pour se défendre, sans oublier les guerres qui se profilent à l'horizon, comment jugeriez-vous votre situation sur le plan de votre politique de sécurité intérieure ? Vous n'êtes pas sans savoir que le Lofoten abrite une très importante diaspora kah-tanaise, et réciproquement, de nombreux concitoyens des Provinces-Unies travaillent et vivent dans plusieurs communes et exclaves de l'Union. Pouvez vous garantir leur sécurité ? Leurs droits et libertés sont elles garanties malgré tout ? Que pourriez vous leur adresser comme mots pour les rassurer ? Plus généralement aujourd'hui pouvez vous dire que les Lofotens sont et seront toujours les bienvenus au sein de l'Union ?

Merci de m'avoir écouté.

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Réponse aux questions soulevées par Debbie Fansworth pour Federal Network.

Une trentenaire montera au pupitre. Elle porte une chemise ample à manches longues et un pantalon droit bleu acier. Un petit pin reprenant le symbole de l'Union, le flambeau dans le cercle, est accroché à sa poitrine.

"Salut et fraternité ! Je suis la citoyenne Anton Kusov, rattachée à la coordination à la théorie politique et au rapporteur de la Volonté Publique auprès de la Convention. J'aurai l'honneur de répondre à vos questions."

Elle posa un set de note qu'elle tenait jusque-là contre elle, leur jeta un bref coup d’œil puis releva les yeux vers la journaliste lofotène.

Les critiques de monsieur le Chancelier se souviennent sans doute que les relations plus que cordiales liant nos deux nations ne datent pas de son investiture. Le gouvernement unioniste de madame Olfgarson avait déjà envoyé des signaux positifs à l'Union. Si nous devons reconnaître que la sensibilité sociale-démocrate du chancelier facilite l'amélioration de ces relations, la Confédération estime cette proximité est de l'ordre des choses. Vous évoquez le sujet dans une question ultérieure mais outre les importantes diasporas liant nos deux pays, l'Union comme le Lofoten ont travaillés en commun sur plusieurs sujets diplomatiques et culturels qui nous poussent, c'est vrai, à abonder dans le sens du chancelier. Le Lofoten et l'Union ne sont pas alliés. Nous ne menons pas de politiques communes sur la scène internationale et, bien que nous représentions en un sens la modération politique de nos blocs respectifs, ceux-là demeurent rivaux aux yeux de nombreux observateurs. Cependant le peuple kah-tanais apprécie et respecte le peuple lofoten, et aime penser que cette appréciation est mutuelle. Nous avons du respect pour le Lofoten et sommes heureux de trouver auprès de sa société civile et de son gouvernement des interlocuteurs fiables, habiles et francs. C'est une relation rare et chère en ces temps de troubles internationaux.

Elle acquiescera pensivement avant de passer à la question suivante, non sans s'être brièvement passée une main sur le visage pour repousser une mèche.

Oui tout à fait. Nous vous souhaitons d'ailleurs de bonnes élections. Ces échéances sont très appréciées par les kah-tanais, nous espérons qu'elles sont pour vous aussi l'occasion d'un moment d'unité nationale via la participation démocratique. Quoi qu'il en soit, votre question nécessite une réponse en plusieurs temps. Pour commencer la montée de l'anti-kahtanaisme n'est pas nouvelle. Notre idéologie est une idéologie de rupture. Déjà quand nous combattions les rois et les autocrates, au tout début de notre histoire, on résumait notre jeune démocratie à une horde de guillotineurs et de femmes hystériques. Elle sourit. La qualification de démocrature se base sur des désinformations ou, peut-être, une certaine ignorance de notre système. Le Grand Kah est une démocratie et s'enorgueillit de la vitalité de ses institutions et contre-pouvoirs. D'ailleurs nous approchons nous aussi d'une échéance politique importante avec la recomposition prochaine du Comité de Volonté Publique, qui aura lieu en fin d'année 2012. Si vraiment l'Union est un régime autoritaire ou mixte, il faudra probablement nous désigner aux mains de quel mouvement politique, de quelle junte ou de quelle dictature.

Quoi qu'il en soit, pour revenir à votre question, notre avis et que ce sentiment est, hélas, prévisible. Premièrement des intérêts économiques et politiques ont des raisons concrètes de s'opposer à ce qu'une bonne image de l'Union se diffuse. Nous sommes la troisième puissance économique et militaire mondiale selon certains indicateurs, nous représentons un contre-modèle à la pensée néo-libérale et capitaliste, notre système démocratique va plus loin que les démocraties représentatives et notre économie fait la part-belle à la prospérité commune plutôt qu'à l'enrichissement générationnel d'une minorité. Pour toute une gamme d'individus, qu'ils soient professionnels de la politiques ou membre de ce que nous appelons traditionnellement la bourgeoisie capitaliste, nous représentons donc un repoussoir. Ce sentiment n'est cependant pas une fatalité. Si l'on sort des frontières Lofoten, par exemple, le Grand Kah reste un modèle inspirant plusieurs peuples oppressés à travers le monde, et un pays respecté voir très apprécié des puissances dites non-alignées, comme l'en témoigne notre actualité diplomatique et culturelle chargée.

La culture, justement, nous semble être un excellent moyen de combattre ce sentiment. Un moyen pour nos peuples d'apprendre à se comprendre et à se jauger à l'aune de leurs productions objectives plutôt que par le seul biais d'une incompréhension politique.

Concernant le parti de madame Gudrün Stefersøn, nous le considérons à contre-courant de l'Histoire. Les intérêts et objectifs servis par les mouvements d'extrême droite sont assez naturellement à l’opposé total de l'éthique alimentant la politique de notre confédération. Pour autant, la seule victoire de ce mouvement ne suffirait pas à rompre les relations avec le Lofoten, non. Nous trouverions une telle position assez irresponsable. Nous continuerions, dans la mesure ou la politique du Køenig Halfgård le permettrait, à collaborer avec le peuple lofoten sur les questions culturelles et économiques, et à maintenir des relations diplomatiques cordiales. Permettez-moi ce procédé rhétorique, mais la vraie question serait plutôt "Est-ce que le Køenig Halfgård continuerait à dialoguer et coopérer avec le Grand Kah en cas de victoire électorale" ?


Elle acquiesça.

– La situation amorcée au Prodnov dans la continuité du putsch puis de l'invasion menée par l'ONC est effectivement regrettable et l'Union continue de condamner la partition du Prodnov et le non-respect de certains des accords signés entre les deux partis après la première étape de la guerre civile. Notamment concernant le maintien de troupes d'occupation étrangère sur le sol prodnovien. Maintenant si l'ONC maintient des troupes en Eurysie du Nord, ce n'est pas le cas du Pharois qui n'a plus de fantassins déployés sur le sol du pays. Ainsi nous nne devons pas confondre le soutien apporté par nos camarades au gouvernement prodnovien comme une forme de cobelligérance : selon les sources journalistiques et d'intelligence à notre disposition seuls les forces prodnovienne combattent au sol, en ce qui concerne la République Sociale, en tout cas. Le blocus initié nous semble comme à lui une posture raisonnable en réponse à la présence maintenue de forces armées étrangères sur le sol du Prodnov malgré les accords, ainsi qu'en réponse aux menaces racistes et attentats sous faux drapeau du Vogimska, membre de la coalition de l'ONC insuffisamment condamné à nos yeux.

Quoi qu'il en soit et pour en revenir à la position kah-tanais : nous n'avons aucune raison d'ingérer dans les affaires d'Eurysie du Nord. Comme expliqué, aucun de nos alliés n'y prend immédiatement part et ne nous a demandé de l'y seconder, de l'autre ce n'est de toute façon pas le but du LiberalIntern qui est avant tout une organisation à but politico-culturel et, secondement, une organisation à but défensif. Pas offensif. Contrairement à l'ONC nous n'avons pas envahis de pays en coalition, ou menés d'exercices navals visant à fermer des mers entières à la circulation ou à préparer des invasions de territoires souverains. Quand-bien même l'hypothèse d'une invasion pharoise serait avérée il s’agirait, par conséquent, de la responsabilité seule de nos camarades sur laquelle la Confédération ne tiendrait pas à s'exprimer au-delà de sa position officielle, qui est la suivante : nous sommes pour une application des accords de paix initiaux. Départ des forces d'occupation étrangères – Novigradiennes, notamment – et réunification des deux régimes autour de modalités électorales démocratiques. En attendant nous pleurons les morts. Si des kah-tanais doivent se rendre en Eurysie pour prendre part à ce conflit, ce sera en qualité d'acteurs humanitaires ou, éventuellement, d'investisseurs comme nous avions tenté de le faire en République Libre du Prodnov.


Elle continua d’un ton égal.

– Pour la prochaine question vous avez évoqué divers crises et situations ne se prêtant à nos yeux pas à un regroupement au sein d’une même catégorie générale. Pas si on veut comprendre l’action de la Confédération et le détail de sa politique étrangère. Si vous me le permettez nous allons à nouveau vous répondre par points.

Concernant le Mokhaï, premièrement, l’intervention s’est faite à la demande du parlement du Mokhaï et sur la base d’un programme d’élections démocratiques et de nécessité humanitaires suffisamment sérieux pour obtenir l’adhésion des principales puissances du nazum. Celles-là ont donné leur accord à notre projet et s’y sont joint au sein de l’Opération de Maintien de la Paix au Mokhai – ou dans un cadre plus indépendant concernant le Jashuria. Cette opération n'avait pas une visée militaire, sa composante armée visant à assurer le respect du cessez-le-feu entre milices rivales et à permettre le désarmement de celles-là et des entités eurycommunistes locales.

Concernant la Mährenie, l’objectif initial de cette opération de police était de mettre un terme aux actions de l’Ordre Rosique après que ce dernier ait mené plusieurs tentatives d’attentat ainsi qu’un assassinat politique sur le sol de l’Union. Cette opération a été menée avec l’accord et le soutien du Valheim et l’accord tacite d’une Kaulthie qui n’a approuvé nos conclusions concernant l’Ordre Rosique et ne s’est pas opposé à notre opération lorsque nous lui avons présenté. La situation de guerre civile enflammant la Kaulthie et la nécessité de régenter la région une fois l’Ordre Rosique éliminé a retardé notre départ d’Eurysie Centrale, du reste le gouvernement impérial Kaulthe a fait en sorte de retarder la conférence devant initialement être organisée pour permettre le retour du territoire Mährenien au sein de la Confédération Kaulthique. Désormais, l’évolution du régime Kaulthe vers une forme fasciste nous pousse à considérer que la Mährenie démocratique a peu de chance de voter son inclusion dans le territoire impérial. Notre politique de désengagement progressif de la région suit quant à elle son cours, notamment car l'administration locale a su trouver des partenaires diplomatique et économiques importants dans son voisinage régional, nous assurant ainsi de sa stabilité. L'Eurysie n'a pas besoin d'une nouvelle poudrière et il serait mal venu de laisser la région dans un état plus mortifère encore que celui dans lequel le maintenait les terroristes rosiques.

C’est d'ailleurs aussi parce que nous observions l’évolution de la politique Kaulthie avec une certaine inquiétude que nous avons invités les représentants du Valheim à rencontrer les délégations des pays membres du Liberalintern. C’est aussi pour éviter tout blocus étranger aux conclusions potentiellement néfastes que nous avons autorisés la vente d’équipements défensifs, médicaux et de missiles sol-mer aux communes. Nous n’avons cependant pas déployé de troupes dans ce conflit, il est resté strictement interne à la Kaulthie sur ce plan.

Enfin, concernant le Pontarbello et la question listonienne : le Grand Kah n’a pas envahi de territoire Listonien. En fait, à ce jour le seul pays à avoir ouvertement envahi un territoire listonien est l’Alguarena, membre de l’ONC. Si vous faisiez référence au raid aérien dirigé contre les forces d’invasion déployées au Pontarbello, il s’est effectué dans le cadre d’un accord défensif qui liait l’Union à la précédente administration Listonienne. C’est dans ce même ordre d’idée que plusieurs de nos hélicoptères ont été déployés aux environs du Kodeda pour mener, en partenariat avec plusieurs pays Afaréens, des opérations visant à éliminer les mercenaires mandrakiens payés pour attaquer les convois commerciaux kah-tanais se dirigeant vers la région. Des enquêtes semblent d’ailleurs démontrer que les fonds ayant poussé à l’action mandrakienne ont été fourni, une fois encore, par la fédération d’Alguarena. Nous ne serions pas surpris d’une pareille atteinte à nos intérêts, rappelons le cas du Vinheimur où le gouvernement a massivement acheté des armes Alguarenos avant de prétendre que le Grand Kah préparait des exercices à sa frontière. Nous avons à cette occasion vu les corps de kah-tanais morts ou faits prisonniers au Pontarbello, mis en scène par le gouvernement Vinhois avant que l’ensemble de la presse nationale et des partis d’opposition ne révèlent, via des lanceurs d’alerte, qu’il s’agissait d’un coup monté du gouvernement Alguarenos en collaboration avec les services secrets de la fédération de duchés. Des méthodes barbares et sinistres qui auraient pu amener à une guerre sans le soutien des puissances non-alignées ayant participé à nos demandes répétées de désescalade, et la profonde crise politique ayant provoquée les décisions irresponsables du gouvernement conservateur Vinhois. Rien de nouveau sous le soleil, donc.

De fait nous trouvons qu’il serait inconsidéré de nous qualifier de potentiels gendarmes du monde. Même si l’on ne peut nier que l’interventionnisme est un courant important dans la population kah-tanaise et ce depuis la première révolution, notre application de cette dernière répond aux demandes de nos alliés ou à des traités précis que nous appliquons avec rigueur. Nous n’avons pas vocation à devenir les gendarmes du monde. Nous sommes les obligés de nos alliés et de nos traités. La stature intercontinentale de l’Union et ses engagements anti-impérialistes lui attirent beaucoup de ceux-là. Ce comité ne déploie par les forces de la confédération sans l’accord des puissances des régions où il les déploie.

Nous considérons que le monde doit être composé d’acteurs coopérants ensemble pour la pacification des relations internationales et l’amélioration de la liberté et de la prospérité commune. Nous croyons en un monde multipolaire, pas qu’un pays devrait se prévaloir de régir ou ordonner l’actualité.


Elle attend avant de reprendre, répondant enfin à la cinquième question.

– C’est une excellente question. Nous ne croyons pour notre part pas que le contexte global se prête particulièrement à la crispation. Du moins ce n’est pas ce que nous constatons auprès des nos partenaires non-alignés ou membres de l’Internationale Libertaire. Les récentes ouvertures avec les puissances paltoterrannes, nazumis et afaréennes nous poussent plutôt à considérer que la situation géopolitique globale est en train d’évoluer en faveur d’une organisation multipolaire divisée en plusieurs blocs poreux. Quoi qu’il en soit, les législations communales prises après les attentats rosiques auxquels nous faisions référence plus tôt ont été abandonnées. Notre situation, sur le plan de la politique de sécurité intérieure, reste la même. S’il existe des citoyens kah-tanais et habitants de l'Union d'origine lofoten, inquiets pour leur sécurité et ayant besoin d’être rassurés, nous pouvons au moins leur dire ceci : ils ne sont pas en danger. L’Union n’a pas de visées liberticides ou racistes. On se souviendra des réactions très vives de notre société civile et de nos partenaires internationaux face aux tracts racistes diffusés dans la presse Alguarenos lors de l’invasion du Pontarbello : les discriminations basées sur l’identité ou l’origine n’ont pas leur place au sein du Grand Kah, et ne sauraient en aucun cas motiver une politique communale. Le Comité de Volonté Publique et l’Égide s’en assureront, si le moindre problème venait à émerger. Du reste oui, les Lofotens sont nos frères et sœurs en humanité, au même titre que tant d'autres. La politique de porte-ouverte que l’Union suit depuis sa création ne changera pas, surtout pas pour interdire l’accès de nos communes à un peuple qui a su se montrer ami et attentif à notre fonctionnement.

J'espère avoir répondu à toutes vos question.
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