15/05/2013
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Activités étrangères à Porto Mundo

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Activités étrangères à Porto Mundo

Ce topic est ouvert à tous les joueurs possédant un pays validé. Vous pouvez publier ici les RP concernant les activités menées par vos ressortissants à Porto Mundo. Ceux-ci vous permettront d’accroître l'influence potentielle de votre pays sur les territoires locaux. Veillez toutefois à ce que vos écrits restent conformes au background développé par le joueur de Porto Mundo, sinon quoi ils pourraient être invalidés.
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L’horreur

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C’est une vidéo toute simple, prise d’un seul plan, venant souligner en contraste toute la froide brutalité des images. Dans un décor luxuriant, s’avancent sur un terrain de terre quatre individus en habits civils. Un homme fin et élancé, vêtu d’un costume quelque peu étrange pour le climat, à ses côté un homme barbu et vêtu légèrement, bedonnant. Deux mètres devant eux, un Pharois, reconnaissable sinon à son uniforme – la marine du Syndikaali n’en porte pas – aux couleurs de l’écusson sur son épaule, orange, noir et blanc. Un zoom attentif sur celui-ci révèle son statut de capitaine et d’officier. A son bras va une élégante jeune femme, elle sourit, habillée d’une robe blanche qui s’agite dans la brise. Elle semble heureuse et salue ce qu’un léger travelling de la caméra révèle être une colonne de véhicules militaire, arborant pavillon pontarbellois. Le Pharois porte un microphone à sa bouche :

- « Chers amis, vous vous trouvez ci-présent en face d'un territoire Pharois souverain. Les diplomates à mes côtés sont madame Evangelista Isaias mandatée par le gouverneur O Prefeito du Shibh Jazirat Alriyh, monsieur Arthuro Leon diplomate de la République Hafenoise et monsieur Fabricio di Flor porte-parole de Porto Mundo, tous trois acteurs majeurs dans le processus d'indépendance des ex-colonies listoniennes. »

On le voit ensuite réaliser, de son bras libre, un salut militaire en direction de la colonne de véhicule.

- « Capitaine Jaska, officier de marine du Pharois Syndikaali, votre représentant est le bienvenue pour venir discuter en bonne compagnie. »

Le temps semble soudain suspendu et puis…
… l’horreur.

Plusieurs éclairs de lumières proviennent des pontarbellois et la robe blanche éclate de rouge et le chaos, la caméra peine à suivre, probablement que le soldat qui la manipule a ouvert le feu également. Les détonations saturent le son et les vibrations dans l’air, provoquées par les coups de feu, brouille l’image qui tremble. Le rouge, juste le rouge. Le rouge sur une robe blanche. L’horreur.


L’annonce de l’attaque de l’enclave pharoise du Pontarbello avait été suivi par une communication relativement discrète de la part des autorités du Syndikaali, comme si celles-ci avaient tenue à préparer leur communication, ou à laisser monter l’émoi et l’incompréhension de la population face à une situation difficilement compréhensible.
Puis, un matin, avait été annoncé à la presse une prise de parole conjointe de la part de l’Amirale Iines, cheffe de l’état-major du Syndikaali, accompagnée du ministre de la Défense territoriale, le Citoyen Sakari, ainsi que du maire de Porto Mundo, Edmudo Estrella, du délégué présidentiel de la République Hafenoise, monsieur André Marquez, et de monsieur Filipe Guimor, représentant du Gouverneur de Shati Alqahwa, son Excellence Paolo O Prefeito.

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L'Amirale Iines, le ministre Sakari de la Défense territoriale, le maire de Porto Mundo, Edmudo Estrella

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Le délégué présidentiel André Marquez, le représentant impérial monsieur Filipe Guimor

Les quatre entités politiques à avoir perdu un ambassadeur ce jour-là, lâchement assassinés par une force militaire manifestement hostile au dialogue, et prête à toutes les horreurs, y compris bafouer les règles de la diplomatie internationale pour leur soif de sang.

Alors que cessait le crépitement des flashs d’appareils photos, le ministre Sakari, qui était le plus jeune du groupe, approcha son micro.

Sakari : « Je vous remercie d’être présents pour cette conférence de presse. Nous sommes désolés d’avoir tardé à développer la position officielle du Syndikkali et donner de plus amples explications sur les événements tragiques du Pontarbello mais étant donné la manière dont ceux-ci se sont déroulés et les différents acteurs impliqués et venus de plusieurs pays différents il nous était impensable de nous précipiter pour vous offrir des explications qui n’aient pas été coordonnées au préalable.

Je vais d’abord laisser la parole à l’Amirale Iines pour un bref récapitulatif de la situation, puis ces messieurs de Porto Mundo, de la République Hafenoise et de l’Empire Listonien prendront la parole, ainsi que moi-même, pour exprimer nos positions respectives quant aux suites à donner à cette affaire. Amirale Iines, je vous en prie. »

Iines : « Merci monsieur le ministre. La situation, mesdames et messieurs, et relativement simple au point que cela en puisse être déroutant. Comme personne ne l’ignore, le Syndikaali a signé le 4 octobre 2006 le Traité de Fraternité avec l’Empire Listonien, lui accordant, contre divers engagements politiques et militaires, une présence locale sur chacune des provinces impériales d’outre-mer. Un traité bénéfique à la fois pour l’Empire, qui peut encore aujourd’hui compter sur le soutien de la marine pharoise et de son économie, mais également pour les populations locales qui ont obtenu l’aide du Syndikaali lors de la crise impériale ayant coupé les populations locales de leur métropole. Shati Alqahwa, la République Hafenoise et Porto Mundo pourront en attester.

Au regard du Traité de Fraternité, une cinquantaine de militaires se trouvaient en Aleucie du sud, sur le territoire pharois de ce qui est aujourd’hui le Pontarbello. Une collaboration parfaitement pacifique avec les populations locales ayant mené, malgré une faible présence humaine, à divers actes de collaboration entre civils et militaire tout au long des trois années où les Pharois ont été sur place. Nous avons assisté, de loin, à la lente chute de la région vers un régime de plus en plus dictatorial et autoritaire, des rapports réguliers que notre présence sur place, en tant qu’observateurs, ont permis d’établir.

Nous pensons que c’est notre présence, à même de pouvoir dénoncer les crimes commis par les nouvelles autorités du Pontarbello, qui a conduit à la nécessité pour le régime de s’en prendre aux Pharois. Le 20 novembre 2008, comme le montre la vidéo que nous venons de passer, plusieurs diplomates venus des colonies listoniennes idépendantes se sont présentés face aux forces militaire du Pontarbello, enjoignant à l’ouverture d’un dialogue.

Notre souhait été, a minima, de pouvoir négocier, aux côtés des différents territoires indépendantistes, une position commune à tenir pour l’avenir de ces régions, lors des discussions avec l’Empire. Une position que le Syndikaali a tenu au Shibh Jazirat Alriyh, aux côtés de son excellence le Gouverneur O Prefeito et de ses équipes, ayant mené pour l’heure à une désescalade des tensions dans la région.

Je ne commenterai pas le triste spectacle que documente la vidéo, comme vous avez pu le constater, l’armée du Pontarbello a ouvert sur des civils, se rendant coupable de crimes de guerre envers plusieurs nations souveraines. Nous déplorons la mort du Capitaine Jaska, le délégué Pharois, de monsieur Fabricio di Flor le porte-parole de Porto Mundo, monsieur Arthuro Leon, le diplomate de la République Hafenoise et de madame Evangelista Isaias mandatée par le gouverneur O Prefeito du Shibh Jazirat Alriyh, ainsi que de six soldats de la marine pharoise, lâchement abattus lors de ces négociations.

Pour l’état-major Pharois, c’est un crime et une acte de guerre caractérisé, appelant à une réponse ferme et ambitieuse, je laisserai le citoyen ministre Sakari développer plus longuement. Je salue le courage des hommes tombés dans ce simulacre de combat, ils étaient des fils et des filles de la mer, nous ne les oublions pas. »

Sakari : « La parole est à monsieur Edmundo Estrella, maire de Porto Mundo. »

Estrella : « Bien. Je ne chargerai pas la mulle, ce qui s’est passé au Pontarbello est une crime qui aurait pu être évité avec un peu plus de préparation et deux fois moins de naïveté. Nous pensions que ces gens étaient disposés à discuter, ils ne le sont pas. Soit. Fabricio di Flor était un ami loyal, je n’ai pas pour habitude de laisser ce genre de saloperie arriver sans réagir. Porto Mundo rendra coup pour coup, cela je peux vous le garantir, et ces pseudos compatriotes pèseront très vite les conséquences de leurs actes.

Les Listoniens ne laisseront pas passer un pareil affront et j’engage ma responsabilité et mon honneur dans le rétablissement de cette opération. Je n’ai pas, comme ces messieurs-dames du Pharois, perdu de soldats au Pontarbello, mais je considère qu’aucun de mes compatriotes n’a à subir la présence d’une dictature métèque sur un territoire impérial souverain. Nous avons tout donné au Pontarbello, et voilà que sous la houlette d’un régime fantoche ceux-là se pensent en mesure de nous attaquer ? Ils découvriront rapidement ce qu’implique la colère d’Edmundo Estrella, et que ma croix de chevalier de l’Ordre de Saint-Hugo n’a pas été gagnée en assassinant des civils venus parlementer. »

Sakari : « Je… vous remercie monsieur le maire, monsieur André Marquez vous portez la parole de la République Hafenoise. »

Marquez : « Oui, je voulais avec vous partager ma peine et ma consternation face à l’évidence des crimes de guerre commis par le Pontarbello et qui font, bien entendu, s’inquiéter sur l’état du pays où pareil exactions sont commises impunéments. La dictature pontarbelloise n’a pas présenté d’excuses et elle semble multiplier les provocations diplomatiques, protégée qu’elle se croit par sa voisine l’Alguarena. Il y a assurément association de malfaiteur et un axe du mal se dessine en direct sous nos yeux peinés. J’ai… excusez-moi… »

Sakari : « Prenez votre temps… »

Marquez : « Je connaissez personnellement monsieur Arthuro Leon dont revoir la mort a été… dur… je vous l’avoue. La République Hafenoise est un petit territoire, c’est certain, et le conseil municipal ne compte pas beaucoup de gens, nous sommes pour ainsi dire une famille. Je pense à la veuve de monsieur Leon, Isabella, et les enfants qu’il laisse derrière lui. C’est un crime odieux, assurément, et nous condamnons avec la plus grande fermeté ces agissements assassins. Nous pensions pouvoir travailler, malgré nos divergences, avec le Pontarbello en tant que territoires listoniens indépendants mais la cruauté et la vilenie du régime ont empêché toute action allant en ce sens, j’en suis navré, vraiment. Il nous est impossible de reconnaître le Pontarbello comme l’un de nos pairs à présent, et ce qui aurait put être une belle indépendance semble se dessiner comme un massacre sordide. Ceux qui collaborent et collaboreront aujourd’hui et demain avec ce régime ont du sang sur les mains, assurément, et je pense malheureusement aux mercenaires de la Brigade Jaguar, un groupuscule militaire alguarenos qui s’était déjà rendu coupable de crimes similaires.

Tout cela n’augure assurément rien de bon et en tant qu’Aleucien, je me sens particulièrement concerné par ces événements. Nous allons prendre des mesures appropriées sur le territoire Hafenois, afin de nous protéger de toute ingérence équivalente et monsieur le maire José Esteban a annoncé qu’il prendrait contact sous peu avec le Pharois Syndikaali et la République de Saint-Marquise pour renforcer la protection militaire de ces deux nations sur notre sol, afin d’empêcher tout événement comparable de se reproduire.

A Port-Hafen, nous pensons que la paix est un processus qui se construit dans le temps, comme l’indépendance. Port-Hafen est la première colonie listonienne a avoir acté son indépendance, dans un moment où les temps nous étaient particulièrement défavorables. Aujourd’hui, grâce à la collaboration de nos alliés régionaux et internationaux, notre territoire se porte bien, malgré sa taille. Cet exemple, nous l’avons voulu inspirant pour les autres territoires d’outre-mer et nous pensons pouvoir envoyer un message simple : la démocratie, le débat, sont des valeurs cardinales pour l’instauration d’une paix régionale durable, voilà le chemin que nous avons souhaité montrer et incarner, loin de la violence et des crimes. Je vous remercie. »

Sakari : « Monsieur Filipe Guimor ? »

Guimor : « Je me permets de rebondir sur l’intervention de mon compatriote Hafenois mais d’abord, bien évidemment, je dois parler de nos pertes et mes pensées vont à la famille d’Evangelista Isaias. Une personnalité délicieuse et appréciée de tous à la cour de Son Excellence O Prefeito, également une diplomate de talent qui aimait les voyages plus que tout. Elle est née à Listonia en 1970 et est morte assassinée à 38 ans, après plus de dix ans à parcourir l’Afarée pour les services du Gouverneur. C’était un continent qu’elle aimait par-dessus tout, et je suis certain qu’elle aurait aimé y revenir et y passer encore de longues et heureuses années en compagnie de son fiancé. Evangelista, ce fut un honneur de te connaître et nous ne laisserons pas ton crime impuni.

Comme l’a esquissé monsieur Marquez, l’indépendance est un processus complexe et très circonstancié régionalement. Le Shibh Jazirat Alriyh en est un exemple frappant puisque, contrairement à nos compatriotes Mundistes et Hafenois, notre indépendance n’a pas été proclamé, bien que le Gouverneur O Prefeito ait plusieurs fois réaffirmé, soutenu par sa voisine Althaljir, la nécessité absolue de gagner en autonomie par rapport à l’Empire. L’indépendance, si l’on veut éviter les bains de sang, est loin d’être un long fleuve tranquille. En témoigne les événements du Kodeda et l’établissement de la dictature pontarbelloise. Pour autant, il est certains territoires où cela s’est passé sans heurts et je pense à la République Hafenoise, à Porto Mundo et dans une certaine mesure, à la Commune d’Albigärk bien que pour cette-dernière, le contexte historique en fasse un exemple peu généralisable.

Je ne me permettrai pas de conjectures abusives, néanmoins, je tiens à souligner tout de même qu’un facteur récurrent dans ces situations est toujours la présence du Syndikaali qui a su, par sa doctrine internationaliste, accompagner les régions vers plus d’autonomie, grâce à un processus démocratique et pacifique. Les Pharois ont toujours tenu parole quant à leur engagement vis-à-vis des populations locales et sans leur intervention, le Shibh Jazirat Alriyh aurait dépérit économiquement, plongeant mes cocitoyens dans la famine. »

Marquez : « Ce fut la même chose en République Hafenoise. »

Guimor : « En effet, nous sommes nombreux à pouvoir le confirmer. »

Sakari : « Je vous remercie. La fraternité n’est pas un vain mot au Syndikaali et nous avons toujours tenté d’apporter notre aide, sans la conditionner à une quelconque forme de domination ou de vassalisation. Ce sont les valeurs libertaires d’humanisme qui nous animent. »

Guimor : « Et sans aucun doute cela a contribué à vous voir accorder la confiance et le crédit de nos gouvernements respectifs, fussent-ils républicains comme à Port-Hafen, de gouverneur délégué comme au Shibh Jazirat Alriyh ou… »

Estrella : « ? »

Guimor : « Municipal.

Estrella : « Hmpf. »

Guimor : « Si nous avions des doutes encore hier, force est de reconnaître la pertinence des diagnostiques libertaires aujourd’hui : toute volonté indépendantiste doit s’ancrer dans un processus d’interconnexions régionales et menée par la volonté populaire. Ceux qui prennent leur indépendance sans pouvoir s’appuyer sur ces deux piliers ne peuvent que finir comme de sordides dictatures, massacrant ceux qui étaient hier encore leurs compatriotes. Pour tous les peuples du monde, deux chemins se dessinent désormais, le Pontarbello a cristallisé les limites d’un modèle, Port-Hafen, Porto Mundo ou le Shibh Jazirat Alriyh sont les expressions d’un autre et il appartient désormais aux populations qui se projettent dans l’indépendance de choisir leur destin en connaissance de cause. J’en ai terminé. »

Sakari : « Je vous remercie monsieur Guimor. En ce qui concerne le Syndikaali à présent, notre position et celle de l’état-major est claire : en pénétrant sur un territoire souverain Pharois, en assassinant des civils et des diplomates, et en ouvrant le feu sur des soldats Pharois, le Pontarbello s’est ouvertement rendu coupable de crimes de guerre à l’encontre des Pharois. La dernière fois qu’un tel scénario s’est produit, il s’agissait des exactions commises par l’Empire Latin Francisquien, ayant conduit à une entrée en guerre et la mise en place d’une Fatwarrr! sur décision du Doyen Pêcheur, en concertation avec le gouvernement du Syndikaali.

Les crimes du Pontarbello sont d’une gravité extrême, appelant à une réponse proportionnée et internationale. J’ai autorité, accordé par la majorité des deux chambres, et ratifiée par le Doyen Pêcheur, pour déclarer la Fatwarrr! à l’encontre du Pontarbello, ce qui implique la légalisation de tous les actes de pirateries qui ne soient pas des crimes de sang sur ses possessions terrestres et maritimes. A cela s’ajoute, concernant le Syndikaali, le bannissement des navires pontarbellois des ZEE pharoises et assimilées, coupant de fait plusieurs routes commerciales. Nous annonçons enfin la mise en place de sanctions économiques ciblées dont la liste détaillée sera fournie à la presse à la fin de cette conférence.

Il est évident qu’en l’état, nous avons conscience que ces sanctions ne peuvent à elles seules déstabiliser le gouvernement pontarbellois, toutefois nous attendons, au vu de l’évidence des crimes de guerre commis par ce régime, le soutien des nations frontalières, à commencer par celui du Grand Kah et des Îles Fédérées de l’Alguarena, sans quoi leur complicité avec le régime de Santialche serait un déshonneur et la confirmation de leur soutien à des Etats voyous.

Je prends à présent la parole au nom de nos quatre entités politiques, et sous le contrôle de ces messieurs leurs délégués ici présent, pour affirmer la non-reconnaissance du Pontarbello en tant qu’entité indépendante de l’Empire Listonien, mais comme un groupe terroriste et criminel ayant pris possession illégalement d’un territoire souverain sur lequel ils exercent la terreur et la rétention des populations locales. En conséquence de quoi, nous adapterons notre comportement politique et militaire pour nous adapter à ce nouveau contexte international. Je vous remercie de votre attention. »

Comprenant que les discours viennent de se terminer, les flashs des appareils photos reprennent alors que plusieurs mains se lèvent à présent dans le parterre des journalistes pour pouvoir poser des questions. Un assistant, resté discret jusque-là, s’avance sur l’estrade pour organiser le tour de parole.

Journaliste 1 : « Citoyenne Marjaana, pour le Journal de Pharot, quelle position le Syndikaali va-t-il adopter pour la libération de nos concitoyens retenus au Pontarbello ? Une réaction par rapport au collectif ayant voulu les traduire devant tribunal international ? »

Sakari : « En ce qui concerne nos concitoyens, nous travaillons actuellement à négocier leur libération qui sera effective le plus rapidement possible. Le Pontarbello est criminel, mais il connaît les répercussions politiques qu’aurait la maltraitance de prisonniers de guerre Pharois. La priorité du gouvernement est donc de trouver une porte de sortie pour nos concitoyens et nous vous tiendrons informés de l’évolution des discussions. En ce qui concerne les coups de mentons nationalistes, vous savez qu’il ne faut pas accorder trop d’importance à ce genre de chose. En se rendant coupable de crimes de guerre, le Pontarbello s’est ostracisé de la communauté internationale, autant vous dire qu’un tribunal international serait très national, les concernant, en plus de tourner à la parodie judiciaire. Je demanderai aux citoyens du Syndikaali de ne pas se laisser gagner par l’agacement au vu de ces comportements de matamores. Les Etats voyous survivent avant toute chose par leurs outrances et nous savons que la montée des tensions les sers en leur permettant de fédérer leur population autour d’un récit victimaire. C’est à nous qu’il appartient de ne pas entrer dans ce jeu. Comme dit le proverbe « froid comme l’océan ».

Journaliste 2 : Aapeli Esa, pour la gazette universitaire d’Albigärk, doit-on considérer les Îles Fédérées de l’Alguarena comme complices de la situation ? Sommes nous en droit d’attendre une collaboration de leur part ? »

Sakari : « Le Capitaine Mainio attendait la tenue de cette conférence de presse pour interpeller la communauté internationale sur les événements du Pontarbello et il est évident que nous considérons – au moins par défaut – l’Alguarena comme un partenaire dans la baisse des tensions et la libération des prisonniers de guerre. Etant donné le poids économique et militaire qu’exerce les Îles Fédérées sur le Pontarbello, leur responsabilité est engagée dans les exactions du régime et il est naturel d’attendre que le gouvernement d’Aserjuco prenne position, sans quoi les faits démontreraient son soutien politique à une dictature criminelle. »

Journaliste 3 : « Felicio Lua, pour El Diaro Mundo et monsieur Edmundo Estrella, vos mots sont durs à l’égard du Pontarbello, assez éloigné de la retenue professionnelle de vos homologues, ne craignez vous pas d’agraver les tensions que le ministre Sakari souhaite apaiser ? »

Estrella : « Pardon mais c’est du journalisme à charge que vous me faites-là ? »

Journaliste 3 : « Une simple question que se posent nos compatriotes. »

Estrella : « Je ne pensais pas mes compatriotes si demeurés alors, je crois plutôt que vous essayez de faire votre petit buzz sur un événement tragique. »

Journaliste 3 : « Non pas du tout… »

Estrella : « Laissez moi vous répondre quand même. Nous sommes face à un acte de guerre, qui, si ce n’était la bonne volonté du Syndikaali, aurait pu conduire à une intervention armée sur le sol du Pontarbello. Dans un contexte pareil, non les mots ne sont pas trop dur, ce qui est dur c'est de perdre des proches sous un feu nourri, voilà ce qui est dur, tout journaliste politique avec un minimum de cervelle se rendrait compte que face à des barbares, l’apaisement des tensions est aussi une démonstration de force, il y a des régimes qu’on calme avec une paire de claques. »

Journaliste 4 : « Sandoval Rogério pour l’Hafenois Libéré, monsieur Marquez, comment la République qui ne dispose pas d’armée propre, entend-elle contribuer autrement que diplomatiquement pour réclamer justice pour nos morts ? »

Marquez : « Je vous remercie pour votre question. Assurément Port-Hafen a conscience de son poids modeste sur la scène internationale. Néanmoins, contrairement au Pontarbello, nous pouvons compter sur un grand nombre de soutiens internationaux qui ont reconnu notre gouvernement et, permettez moi de le dire, la diplomatie est une arme, sans conteste, car elle mobilise derrière elle bien plus que ne le ferait un fusil brandit. Otre contribution sera proportionnelle à nos moyens, mais nous prendrons part autant que possible à cette demande de justice. »

Journaliste 5 : « Antonio Banderas, pour Porto Mundo Soir, monsieur le maire, vous vous êtes exprimé au nom de l’Empire Listonien lors de votre intervention, n’est-ce pas paradoxal de vous placer aux côtés de régions indépendantistes tout en revendiquant votre héritage impérial. »

Estrella : « Je m’appelle Edmundo Estrella, je suis né en métropole, qu’est-ce que je suis censé faire ? Renoncer à mes origines ? J’ai déjà payé le prix de la liberté pour mes compatriotes, en devenant un criminel aux yeux de mon pays d’origine, pour le crime d’avoir abandonné en rase campagne un Empereur impuissant, est-ce que cela veut dire que je dois haïr tous les Listoniens ? Pour la faute d’un seul homme ? Non, certainement pas ! Je reste attaché aux miens et je n’oublie pas que le Pontarbello est un territoire peuplé de compatriotes, soumis à un régime criminel, et ma solidarité vis-à-vis d’eux n’a rien à voir avec mon positionnement politique par ailleurs. Êtes vous à ce point binaire pour n’envisager le monde qu’en termes de calculs géopolitiques ? Bordel c’est la foire aux cons ou quoi ce soir ? »

Journaliste 6 : « Monsieur Guimor, votre présence ici au nom de Son Excellence O Prefeito acte-t-elle l’ambition de ce-dernier de se positionner politiquement comme porteur d’une parole indépendante à l’international ? Ou votre position est-elle également celle de la Listonie ? »

Guimor : « Ma position n’engage que la voix de Son Excellence le Gouverneur Paolo O Prefeito, je ne sais pas si l’Empire Listonien souhaite réagir ni son positionnement vis-à-vis du Pontarbello. Cela n’empêche pas Son Excellence, qui a mandaté sa déléguée et qui fut assassinée, de prendre position en son nom propre. Nous aussi n’oublions pas que nous comptons des compatriotes au Pontarbello et que nos pensées vont d’abord à eux, qui doivent désormais vivre sous le joug du régime de Santialche. »

Journaliste 7 : « Citoyen Armas pour le Trois Mats, le Pharois Syndikaali s’est-il rendu coupable de négligences en laissant sa base militaire peu armée face à une dictature hostile ? »

Iines : « Les choix ayant conduit à la situation actuelle sont en effet malheureux, néanmoins il faut également prendre en compte qu’un renforcement militaire dans la région aurait pu être perçu comme une marque d’hostilité vis-à-vis des puissances politiques voisines. Une position que nous savions intenable, et c’est ce qui explique le faible développement de ce territoire et la présence très limitée de soldats sur place. Nous estimions possible d’engager des pourparlers rapidement avec le régime de Santialche qui alors n’avait pas encore révélé son caractère criminel. Ce fut une erreur d’appréciation et nous le regrettons car nos concitoyens en payent le prix aujourd’hui. Néanmoins, il a été convenu qu’il n’y avait pas vraiment de solution convenable pour la situation très précaire de ce territoire, n’étant pas stratégique militairement et souffrant d’un manque de compétitivité évident par rapport aux routes commerciales du Grand Kah, au sud. Peut-être que la meilleure solution aurait été de tout simplement l’abandonner, mais nous tenions à nous rendre disponible pour les populations locales, comme nous l’avons été à Port-Hafen, Porto Mundo, Jadida et dans la plupart des autres territoires ultra-marins de la Listonie quand ceux-ci furent coupés de la métropoles et livrés à eux-mêmes. »

Journaliste 7 : « Portez vous le même diagnostique sur les autres enclaves qui pourraient faire l’objet d’une conquête militaire rapide de leurs voisins ? »

Iines : « L’état-major a observé chaque situation au cas par cas et à ce jour, hormis l’enclave du Tahoku, il ne nous apparaît pas que celles-ci soient menacées par des pouvoirs autoritaires. Dans quasiment tous les cas nous avons pu établir des liens diplomatiques solides avec les puissances régionales ce qui nous rend confiants vis-à-vis du futur de ces régions. Par ailleurs, ces enclaves ne semblent pas avoir émis le souhait de se diriger vers l’indépendance, de fait elles sont toujours des territoires listoniens souverains et il n’est pas de la responsabilité politique ou militaire du Syndikaali de défendre l’empire de la Listonie, notre présence est avant tout une aide pour les locaux, et une force de dissuasion. »

Journaliste 7 : « Qui n’a pas très bien fonctionné au Pontarbello. »

Iines : « Pour le moment. »

Journaliste 8 : « L’écho des dunes pour monsieur Guimor, même question que mon confrère de l’Hafenois Libéré, quelle marge de manœuvre possède le Shibh Jazirat Alriyh en tant que territoire rattaché à l’Empire ? Les positions d’O Prefeito engagent-elles plus que sa parole ? »

Guimor : « A l’image de nos compatriotes de Port-Hafen, Son Excellence le Gouverneur jouit d’une popularité certaines dans les milieux aristocrates listoniens et appartient à la famille éloignée de l’Empereur. Nul doute que sa voix saura trouver son oreille. Par ailleurs, nous pouvons compter sur le soutien de l’Althlaj qui fut toujours à nos côtés dans les situations critiques, ainsi, non, la parole de Son Excellence porte assurément plus loin que sa seule province. »

Sakari : « Bien, je vous remercie pour vos questions, nous allons à présent laisser la parole à la presse internationale. »
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16 mai 2009 - CONFIDENTIEL - Après la pointe sud d’Aleucie, les services secrets alguarenos veulent inciter le gouvernement fédéral, à créer de nouvelles dynamiques étendues vers l’ensemble des anciennes colonies listoniennes.


Chantier de nivellement et d'aménagement d'un espace péninsulaire.
La création de valeurs ajoutées au sein des micro-nations d'Eurysie du Nord et de partout ailleurs dans le monde, un enjeu économique et politique de premier ordre pour l'orientation de la politique étrangère alguarena.


Les territoires ultramarins listoniens ont longtemps été au cœur de sa réussite économique, aujourd’hui démantelé, quel avenir pour ces régions d’exception laissées à la marge de l’Empire lusophone? Les experts apparaissent unanimes, si l’Empire listonien a su traverser les centenaires qui séparent sa création de son déclin, c’est en partie grâce à la parcellisation de sa souveraineté à travers le monde, une souveraineté éclatée entre plusieurs provinces ultramarines.

Si ces territoires excentrés ont longtemps pu profiter du cadre imposé par l’Empire colonial listonien, qui y apporta les instances et la législation nécessaire pour permettre la création d’une société paisible et prospère sur place, le déclin de ce dernier impose aujourd’hui de reconsidérer la situation locale.

Situées aux embouchures de plusieurs continents, les anciennes provinces coloniales de l’Empire listonien, à l’instar de celle du Porto Mundo, occupent des emplacements géographiques intéressants, pour former des hub commerciaux à l’international et faire office de points d’étape aux principaux flux économiques mondiaux. Leur éloignement du régime impérial listonien, peut toutefois tendre à les inviter à repenser leur architecture économique et commerciale, pour compenser des subventions impériales ou des bénéfices directement liés à leur rattachement à l’Empire.

Si le statut de colonie est un terme peu sexy que beaucoup se rechignent à formuler, il est acquis le fait selon lequel les micronations cultivent suffisamment de dépendances vis-à-vis d’un autre état, pour conserver à des degrés divers, certaines caractéristiques de la colonie, même longtemps après leur indépendance. Incapacité à exploiter les ressources naturelles et autres matières premières souhaitées par l’industrie, manque d’attractivité des cerveaux et autres intellectuels, recul du niveau intellectuel dans le milieu estudiantin par la perte de subventions émises aux établissements scolaires depuis la métropole impériale, etc…

Sans jamais plus apparaître sous la définition formelle d’une colonie, ces provinces devenues micronations peuvent être le théâtre de guerres d’influence, des influences économiques, commerciales ou simplement politiques. En matière de développement des relations commerciales et économiques en Eurysie du Nord, l’établissement d’une sphère d’influence au Porto Mundo pourrait dès lors apparaître comme une solution privilégiée pour la Fédération d’Alguarena, qui pourrait voir dans cette micronation l’entièreté des conditions favorables à son rapprochement, plutôt que privilégier une nation avec plus de consistance économique, voire avec plus d’indépendance, que ce soit sur les plans énergétiques, alimentaires, sécuritaires et autres. Plus la nation est “petite”, plus elle tend à exprimer le besoin de s’internationaliser, pour trouver l’expertise ou les ressources nécessaires à son développement. De ce constat, les lobbies alguarenos et les sphères politiques en étant plus ou moins proches, sont tentés de chercher la mise en relation de leurs contacts avec les principaux acteurs ou décisionnaires locaux, que ce soit sur les thématiques commerciales, économiques, politiques ou encore culturelles.

Développer les intérêts stratégiques et géopolitiques de la Fédération d’Alguarena en Eurysie du Nord, sur les ruines encore fumantes d’une Union Albienne réduite à peau de chagrin, pourrait constituer l’un des plans majeurs de développement de la politique étrangère alguarena.

Pouvant compter sur des partenaires commerciaux et militaires fiables, à l’image du Makt, la Fédération d’Alguarena caresse l’espoir de consolider ses atouts commerciaux et économiques dans la région, en proie à la mauvaise fréquentation considérant l’importance des passages de navires douteux, affiliés à la piraterie pharoise.

Longtemps désertée et mal-aimée à cause de ses foyers de tensions multiples, l’Eurysie du Nord est susceptible de motiver un nouvel intérêt de la part de la Fédération d’Alguarena, considérant le recul des alliances régionales présentes sur place, et la parcellisation grandissante de son paysage politique, aujourd’hui composé de petites nations naissantes.

Le pavage territorial de routes commerciales et indirectement, d’intérêts politico-économiques sur place ou vers d’autres anciennes colonies ultramarines, seraient à ce jour, le meilleur levier de projection de puissance identifié par la Fédération d’Alguarena, afin de garantir la continuité commerciale, voire d'accélérer les dynamiques de flux d’ordre économique. En sus de ces points, les experts économiques alguarenos ont longtemps avancé l’idée théorisée du “cycle 3P”, un cycle de Prospérité, de Partage et de Paix, à même de pacifier la région par l’instauration de dynamiques commerciales qui n’invitent plus à la guerre et au conflit, tant il y a d’interdépendances entre les parties prenantes et autres entités politiques régionales. Considérant la permanence des tensions politiques et militaires sur le plan local, notamment les dernières en date autour de la diplomatie étrangère Norstalkiane et de la crise politique majeure qui ébranla le Prodnov, l’Eurysie du Nord est un théâtre privilégiée pour l’application d’une telle théorie, invitant dès lors les sphères économiques paltoterranes et celles eurysiennes, à sonder les points d’accroche préalables à la mise en place d’une relation commerciale bipartite, gagnante-gagnante.

Le passif de la Fédération d’Alguarena est un des grands atouts de sa politique étrangère vis-à-vis des micronations et territoires ex-coloniaux. Composée de deux anciennes colonies, l’une anglophone (Heenylth) et l’autre hispanophone (Encolanas + Arcoa), la Fédération d’Alguarena a vu, avant qu’elle ne devienne une fédération, ses communautés s’entredéchirer lors de guerres coloniales imposés par des Empires dont les communautés natives n’avaient in fine, que faire de leurs intérêts suprarégionales. Au terme de ces guerres coloniales, les provinces précitées ont pris de la distance avec les nations colonisatrices, jusqu’à entamer les premiers processus d’indépendance, en Heenylth, en Arcoa et aux Encolanas. Craignant qu’une situation heureuse ne débouche sur l’éclatement de nouvelles guerres de conquêtes, les trois micronations qui représentaient jadis les empires coloniaux en Paltoterra ont fait le choix de se reformer en un même et seul bloc.

C’est alors que la Fédération s’est composée, le 9 octobre 1833, pour nouer des relations privilégiées entre micronations et s’extirper des menaces imposées par les sphères impérialistes et coloniales du monde entier. Depuis, les nains palotterrans ont parcouru un sacré chemin, se faisant la première puissance économique mondiale. Une réussite qui fait office d’exemplarité, pour proposer l’alternative à différentes provinces qui se sont voulues indépendantes, sans toutefois avoir pu sonder, assumer, encaisser, les différentes conséquences qui en découlent.
Nouer des partenariats privilégiés avec la première puissance mondiale, envisager pourquoi pas à terme l’intégration de nouvelles micronations au sein de la Fédération d’Alguarena? Voilà des questions en suspens, qui sont autant de pistes favorables aux interactions entre les lobbies alguarenos et les sphères décisionnaires de ces micronations nées récemment.

En se libérant du joug colonial et en proposant une alternative politique à l’indépendance de leurs territoires, les micronations qui composent actuellement la Fédération d’Alguarena ont développé un modèle de réussite tape à l’oeil pour les provinces qui, peu à peu à travers le monde, se reforment sous des régimes autonomes et indépendantes. Des formations politiques nouvelles, générées en marge des empires décadents comme a pu l’être l’Empire listonien, donnant naissance à une demi-dizaines de micro-états, et avant lui l’Empire varanyen, donnant naissance à la courte expérience politique de Bina et l’actuelle république varanyenne.

A ses détracteurs qui présenteraient la Fédération d’Alguarena comme un empire colonial à part entière, l’intéressée a de quoi leur offrir du répondant, sur la base de l’argumentaire précédemment évoqué.

Les atouts charme de la Fédération d’Alguarena pour amorcer la coopération vers de nouvelles contrées et le développement de relations privilégiées avec les microétats, susceptibles de conduire à l’élargissement de la Fédération, sont des armes qui apparaissent encore à aiguiser pour l’actuelle présidente fédérale Mazeri Abrogara. Des points forts que les services secrets alguarenos ne manquent pas de lui rappeler, afin de créer la confrontation avec le Pharois Syndikaali et l’empiétement au sein de sa sphère d’influence.

Car si les services secrets savent leurs marges de manœuvre relativement limitées en ce qui concerne la création de points de tensions militaires entre les deux états que sont Fédération d'Alguarena d'une part et Pharois Syndikaali de l'autre, la création d'actions d'influence politique et économique dans les régions satellites du Pharois Syndikaali reste une carte à jouer, quitte à la renforcer de quelques opérations militaires coups de poing, en vue d'y installer des intérêts favorables, la création de la Brigade du Jaguar Paltoterran ayant pour cela, des prédispositions réelles, si l'on prend en compte les opérations passées de cette dernière au Pontarbello, dans le renversement du régime impérial listonien puis après ça, la défaite des brigades solaires kah-tanaises.
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Rapport d'analyse interne à la Bolsa Alguarena de Valores, destiné à étayer l’intérêt de la Fédération d'Alguarena, pour le Porto-Mundo.


19 mai 2009 - La Fédération d’Alguarena, un débouché commercial crédible pour l’industrie à taille humaine du Porto-Mundo?


Illustration quelconque du Porto-Mundo, destiné à illustrer une aggloémration régionale et côtière.
Cumulant les atouts et les points d'accroches, la Fédération d'Alguarena peut-elle tendre à moyen et long terme, parmi les principaux partenaires économiques et commerciaux, du Porto-Mundo?


L’éclatement de l’Empire listonien a obligé ses anciennes colonies, aujourd’hui indépendantes, à former de nouvelles dynamiques économiques et commerciales à travers le monde. Le Porto-Mundo, l’une de ces anciennes colonies, s’est donc depuis naturellement repositionné au sein de la région nord-eurysienne. Si son industrie encore faiblement développée peut légitimement suffire à satisfaire les marchés intérieurs porto-mundois, les possibilités de développement en matières d’exportation restent ici encore inexploitées.

Le Porto-Mundo, aujourd’hui indépendant, peut effectivement construire avec une autonomie des plus totales, sa propre politique douanière, ses propres taxes réglementant l’entrée et la sortie de territoire des marchandises. Par conséquent, il peut apparaître particulièrement aisé pour lui, de construire une nouvelle politique douanière visant à simplifier les mouvements de marchandises à ses frontières. Mais pour justifier de réglementations spécifiques, il faut motiver celle-ci par l’identification de débouchés commerciaux crédibles, des débouchés commerciaux susceptibles d’inciter les pouvoirs publics à donner suite aux requêtes des lobbies industriels locaux.

Qu’est-ce qu’un bon débouché commercial? A l’heure où la mécanisation des transports est acquise à chacun et où la mondialisation n’est plus un terme strictement réservée à la classe scientifique, tendant à se populariser en société civile, la distance entre un pays exportateur et un pays importateur ne suffit plus à la détermination d’un bon débouché commercial. En effet et parallèlement à ça, vous avez désormais des transporteurs qui peuvent apparaître de plus en plus grands, le vraquier en étant la parfaite illustration. Dans ces circonstances, la distance géographique ne constitue plus un frein à la rentabilité compte tenu de la capacité grandissante des moyens de fret.

Ces critères géographique et technique mis de côté, quels autres critères peuvent donc être pris en considération?

Basiquement, le nombre de transactions possibles et le chiffre d'affaires associé à ces ventes sert indubitablement à identifier de bons débouchés commerciaux. Un débouché commercial vers les marchés d’un pays peuplé par des dizaines de millions d’hbaitants et donc de potentiels acheteurs, sera toujours plus prometteur et réjouissant que ce même débouché commercial, orienté vers un marché peuplé de quelques centaines de milliers de consommateurs hypothétiques seulement.

Le Pharois Syndikaali, “fort” de ses 13,5 millions d’habitants est un débouché commercial honnête pour la petite république du Porto Mundo, dont la production de biens manufacturés et destinés à l’exportation restera sur du court et moyen terme, relativement limitée, compte tenu de son tissu industriel faiblement développé. De ce constat, il peut être intéressant de sonder qui du Pharois Syndikaali ou d’un autre état, plus peuplé, peut constituer un débouché commercial intarissable pour le Porto Mundo. Un foyer de peuplement qui, ciblé par des exportations Porto Mundoises pourrait même aller jusqu’à justifier des perspectives de développement industriel notables au sein de cette micronation.

La Fédération d’Alguarena, l’évidence.

Opposant de son côté près de 50 millions d’habitants, et sous-entendu autant de potentiels consommateurs, la Fédération d’Alguarena pourrait justifier d’un vivier suffisant pour constituer de solides débouchés commerciaux à l’industrie embryonnaire du Porto Mundo, voire peut-être même motiver en son sein, des actions de développement commercial si tant est que les lobbies alguarenos puissent échanger avec des acteurs économiques, ou encore politiques, porto-mundois.

“Si les acteurs économiques alguarenos et porto-mundois échangeaient, il est certain qu’ils auraient beaucoup à se dire car le marché alguareno est très important, fort de ses cinquante-millions d’individus. Si un produit se développe dans l’archipel, qu’il donne satisfaction et tend à se populariser, c’est jackpot pour son concepteur. En ce sens, le milieu économique porto-mundois doit nécessairement considérer ses interlocuteurs paltoterrans…” explique la politologue Heenylthaine Felicity Edminston.

Si l’on s’impose de la matière à comparaison, entre les populations présentes au Pharois Syndikaali (13,5 millions d’habitants), au Finnevalta (13,3 millions d’habitants), à Albigark (4,9 millions d’habitants), à l’Uspon (6,5 millions d’habitants), au Canta (9,5 millions d’habitants) et enfin en Alguarena (49 millions d’habitants), on se rend compte que cette dernière à elle seule, présente un foyer de peuplement plus important encore que toutes les autres nations précitées réunies.

Autrement dit, l’industrie du Porto-Mundo peut identifier sur le seul territoire alguareno, l’ensemble des viviers de consommateurs présents sur ses cinq partenaires commerciaux les plus proches.

Ainsi, si le Porto-Mundo devait entamer des actions commerciales avec chacun des pays précités, il y aurait potentiellement plus de 50% des débouchés commerciaux jouables sur la seule Fédération d’Alguarena. Un chiffre record, qui atteste de l’importance pour le Porto Mundo, ou en tout cas pour ses acteurs politiques et économiques locaux, d’entamer des échanges vigoureux et constants avec les sphères décisionnelles et financières alguarenas, car c’est avec celles-ci que le Porto-Mundo pourra aisément négocier les plus gros volumes de ventes.
Si des critères culturels et géographiques amènent à penser que la Fédération d’Alguarena ne pourra probablement jamais être le premier, voire le principal débouché commercial des industries du Porto Mundo, il est permis de penser qu’elle offre à ce jour des marges manoeuvres suffisantes, pour être une partenaire commerciale appréciée et influente dans le développement économique ainsi que commercial futurs de cette micronation d’Eurysie du Nord qu’est devenu le Porto-Mundo. Avec une marge de manœuvre et un vivier de consommateur aussi important, la Fédération d’Alguarena s’est offert les moyens de convaincre n’importe quelle micronation des opportunités commerciales qu'elle est à même d’offrir.
Déjà reconnue comme la première puissance économique industrielle et mondiale, la Fédération d’Alguarena vient donc cumuler d’autres atouts, comme son foyer de peuplement, pour simultanément offrir des opportunités d’importer et d’exporter à travers le monde.

Ces ambitions commerciales identifiées comme atteignables, les sphères économiques alguarenas doivent désormais prendre possession de nouveaux objectifs pour la région du Porto-Mundo, afin d’évaluer rapidement les perspectives d’une installation durable de leur influence, de leur emprise sur le monde industriel. En effet, si des industries porto-mundoises souhaitent partenariser et exporter vers la Fédération d’Alguarena, elles auront besoin de relais locaux, pour accompagner la promotion et la vente des produits, au sein d’un espace territorial où la langue mais aussi avant ça, les codes publicitaires et éléments de langage, changent radicalement une fois la frontière passée. Et si des sphères politiques ou économiques alguarenas tiennent le monde industriel porto-mundois par leurs attributs, il peut être permis de penser que ce même monde industriel porto-mundois soit susceptible de tenir la classe politique locale par le col, afin de pérenniser les dynamiques économiques et commerciales en cours de gestation vers la Fédération d’Alguarena.

Situé à mi-chemin entre l’extrémité Ouest et Est de la Mer Blanche, le Porto-Mundo a pour lui la chance de pouvoir commercer de façon égale, avec les différents continents aux extrémités mondiales. Effectivement le Porto-Mundo peut, avec la même facilité, faire emprunter ses bateaux vers les routes commerciales occidentales longeant les côtes nord de l’Empire latin francisquien, ou dérouter ceux-ci vers l’Afarée et le Nazum. Une analyse qui confirme le positionnement géographique idéal de ce pays à qui il ne manque que la taille et les outils pour profiter des atouts.

Aussi, si le Porto-Mundo peut présenter un certain intérêt pour la Fédération d’Alguarena, par sa capacité à prendre place parmi les fournisseurs et pays exportateurs vers la Fédération, l’intérêt alguareno peut se lire de façon inversée, puisque l’emplacement géographique porto-mundois justifierait, non pas que le Porto-Mundo exporte vers la Fédération d’Alguarena, mais bien que celle-ci exporte vers le Porto-Mundo afin qu’il puisse desservir des marchés internationaux peut-être jamais atteints jusqu’ici.
Le Porto-Mundo, plutôt qu’un exportateur, pourquoi pas un sous-traitant de la Fédération d’Alguarena?

Exportateur ou importateur, la frontière reste bien maigre pour définitivement qualifier le Porto-Mundo, puisque la pluralité de ses atouts semble développer différentes opportunités pour la Fédération paltoterrane, qui peut à la fois percevoir le Porto-Mundo comme un fournisseur de biens, un foyer d’exportation vers l’Alguarena, ou bien percevoir cet état comme une destination des imports, un passage intermédiaire, avant la redistribution des produits et autres biens manufacturés à travers le monde.

Si le positionnement de la Fédération d’Alguarena reste indécis en ce qui concerne le choix des imports/exports depuis le Porto-Mundo, la nécessité de voir les sphères économiques alguarenas se rapprocher des acteurs économiques porto-mundois se fait une nécessité de plus en plus réelle. Partenariser les deux secteurs industriels, fut-il aussi drastiquement différents de l’un et de l’autre, devient alors une action de long terme à conduire.
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Rapport et note internes aux services du renseignement alguareno.


22 mai 2009 - CONFIDENTIEL - Les territoires ultramarins et les ex-colonies impériales sont redevenus les théâtres de guerre, d’influence à minima, entre les puissances mondiales.


Détermination de la cible des manœuvres d'influence.
L'identification d'une cible géographique limitrophe à la cible réelle, est susceptible de produire de meilleurs effets qu'une attaque frontale sur l'ennemi intime.


Les actions politiques, économiques et mêmes militaires engagées par le Pharois Syndikaali dans les ex-territoires impériaux listoniens, avant même qu’ils recouvrent leur indépendance, sont de nature à inquiéter la Fédération d’Alguarena, sur la capacité de ces territoires à se développer dans l’indépendance et le sens de leurs intérêts. C’est tout logiquement sur les anciennes possessions impériales d’Eurysie du Nord que l’influence pharoise cherche à se marquer le plus, secrets alguarenos.

Ce positionnement, attestant de sa volonté d’entretenir un pré carré similaire à l’institutionnalisation du Pontarbello par les services secrets alguarenos, constitue une démarche de politique étrangère clivante, qui tend de plus en plus à se heurter aux intérêts alguarenas.

Une stratégie assumée par le Pharois Syndikaali qui, malgré quelques atouts économiques et technologiques indéniables, n’est toujours pas de taille à imposer une confrontation armée à la Fédération Alguarena. Une Fédération qui, compte tenu de ses allégeances et de son engagement auprès de l’ONC, n’offrira probablement jamais cette opportunité au morutier eurysien.
La détermination pharoise à vouloir prospérer et installer des dynamiques commerciales lui étant rattachées, n’a d'égale que la volonté des autorités fédérales alguarenas à vouloir l’en évincer. Une volonté réelle, qui oblige aujourd’hui la Fédération à projeter des actions d’influence sur des théâtres d'opérations parmi les plus éloignés de l’histoire du renseignement alguareno. Des opérations projetées sur des territoires et des provinces à priori indépendants mais réellement impactés par la présence du Pharois Syndikaali, tels que le Porto-Mundo, région indépendante pourtant condamnée à la présence militaire pharoise. Aussi, là où la République d’Union Nationale du Pontarbello a le mérite de présenter une armée nationale et une certaine liberté d’action dans le développement de l’arsenal législatif et militaire pour se protéger, le Porto-Mundo en semble quant à lui entièrement dépourvu.

Une différence subtile pour certains, notable pour d’autres, mais qui remet au centre de la table, les définitions et les perceptions de l’impérialisme telles qu’énoncées par les autorités du Pharois Syndikaali. Dès lors, la pratique de l’influence et de la contre-influence, sous des formes diverses et variées a vocation à croître et à se faire monnaie courante. Le choix du Porto-Mundo comme théâtre de guerre d’influences entre les deux états revêt plusieurs motivations. La première d’entre elles est d’ordre géostratégique, comme l'acoquinement d’une puissance étrangère avec la gouvernance du Porto Mundo tendrait à lourdement influencer la capacité d’autres états à faire entrer ou sortir des marchandises sur le détroit. La seconde est d’ordre politique, puisque l’abattement de l‘Empire listonien a été un phénomène politique très médiatisé, qui a amené des parties tierces, à accompagner ou à réfréner l’indépendance de ces territoires.

Et l‘on a vu, au Pontarbello, au Porto-Mundo et en République Hafenoise, à quels points les nations étrangères étaient particulièrement enclines à s’ingérer ou à revendiquer une certaine contribution, un certain soutien, à l’autonomisation et l’indépendance des territoires précités. Les mers d’Eurysie du Nord ne sont pas les plus grandes, clairement pas non. Elles ont cependant pour elles l’avantage de desservir les pays nordiques tout en se soustrayant à l’obligation d’emprunter des voies commerciales maritimes moins praticables à l’extrémité nord du globe. En ce sens, le caractère stratégique du Porto-Mundo est donc tout désigné puisque la majeure partie des voies navigables (et praticables) d’Eurysie du Nord, passe le long de ces côtes ou suffisamment proches pour lui permettre de concourir à des manœuvres de déstabilisation maritimes.

Autre point d’importance à relever, l’Eurysie du Nord n’est pas connue pour abriter les foyers de la réussite économique, à l’exception du Pharois Syndikaali, s’en trouve donc relativement fragilisée. L’absence de solidité et de consistance économique peut en effet inviter certains États régionaux à faciliter la coopération vers le Pharois Syndikaali, dont le tissu industriel apparaît suffisant pour se tourner vers l’exportation. De cette dépendance commerciale pourrait alors naître d’autres travers sur lesquels viendraient germer des actions d’influence pharoises.

La confrontation entre le Pharois Syndikaali et la Fédération d’Alguarena n’a rien de comparable avec les confrontations opposant les Fédérations d’Albel et d’Alguarena. Cette dernière évoquée, imposait effectivement des actions militaires, dont la plus célèbre d’entre elles fut la bataille de Wilster, en 1951. Effectivement, la proximité des deux états facilitait la projection d’importants moyens militaires dirigés l’un contre l’autre. Présentement, dans le cas du Pharois Syndikaali et de la Fédération d’Alguarena, l’un et l’autre mobiliseraient trop de moyens, des moyens humains mais aussi matériels ainsi que financiers, projetés sur de longues distances, ce qui impliquent au-delà du coût de projection, un certain d’immobilisation lié au temps de trajet. Si le Pharois Syndikaali et la Fédération d’Alguarena peuvent difficilement s’opposer par le biais de grandes armées, l’exercice d’actions d’influence dans le pré carré pharois d’Eurysie du Nord, au Porto-Mundo pour le citer expressément, prend tout son sens, de sorte à s’offrir les moyens logistiques nécessaire sur place, afin de frapper directement et à moindre coût l’ennemi intime.

Dans un monde globalisé, les rivalités ne portent désormais plus uniquement sur des revendications territoriales, et des états séparés de plusieurs milliers de kilomètres, peuvent trouver et avec une certaine facilité, mille-et-une raisons de se livrer bataille, au sens propre et figuré. Identifier des soutiens, politiques ou logistiques, pour nourrir des actions agressives vers le véritable ennemi, est tout l’enjeu actuellement en cours de déploiement par les autorités fédérales d’Alguarena. Le Porto-Mundo, douanier dans les mers praticables d’Eurysie du Nord et politiquement connoté de par son histoire d’ex-colonie, est la cible permanente des services de renseignement alguarenos et des hommes d’affaires qui leur sont affiliés. Leur mission ? Trouver la faille au sein des économies et des systèmes politiques naissants, comme celui du Porto-Mundo, de sorte à y installer des billes, sous-entendu des contre-mesures, au développement des influences pharoises.

Prenant la confiance en ses capacités militaires et des soutiens annoncés ou de papier, le Pharois Syndikaali a depuis ces dernières années développé une politique de hardpower, par l’installation de bases militaires sur des territoires étrangers nouvellement indépendants ou fraîchement achetés sur des motifs fallacieux, parallèlement mêlé à des déploiements militaires à l’international, comme c’est le cas au Kodeda où la présence d’un destroyer pharois mouillant dans ses eaux y est notoirement connu. Pourtant sur le plan militaire, le Pharois Syndikaali reste encore très limité, voire déclassé si l’on prend en considération les jeux d’alliance. Car bien que le Pharois Syndikaali dispose d’alliances à l’international, il ne possède toujours pas à ce jour, l’argumentaire valable pour les faire fonctionner en logique de groupe, en mode coopératif. Vous accommoder de la présence du Grand Kah, de la Damanie et de la Loduarie pour constituer une coalition militaire reviendrait effectivement à partir à la chasse avec un bichon, une hyène et un ours, on sent que chacun a des atouts mais la dynamique de groupe va très vite pêcher. Si le hardpower fait défaut au Pharois Syndikaali, il est permis de déduire que le soft power sera sa seule action viable, pour s’opposer à la Fédération d’Alguarena.

De son côté, la Fédération d’Alguarena a pour elle de s’être préalablement investi dans l’émancipation de certains ex-territoires impériaux listoniens, elle entretient donc des contacts parmi les anciens hauts-fonctionnaires de la région pontarbelloise, pour potentiellement intermédiariser d’autres échanges, cette fois-ci vers le Porto-Mundo. L'Organisation des Nations Commerçantes, très engagée sur le développement et la sécurisation des routes commerciales mondiales, est également un poids militaire des plus conséquents, pour dissuader les menaces invasives ou simplement agressives se matérialisant au sein de ses sphères d’influence.

Conclusions
Si l’on devait faire un état des menaces et des recommandations d’usage il nous faudrait commencer par rappeler le souhait du Pharois Syndikaali à se doter d’un espace géographique limitrophe acquis. Du côté alguareno, la Fédération souhaite quant à elle pouvoir interagir sur les dynamiques commerciales présentes en mers du nord, sur ses voies les plus praticables. Dans l'entrecroisement de ces deux buts de guerre, une seule nation entre en considération pour la réussite des deux objectifs : le Porto-Mundo.

Le Porto-Mundo, ce territoire “douanier” des mers du nord, offre un accès libre aux principales voies navigables d’Eurysie septentrionale, une cible de choix pour qui voudrait interagir sur elles. La disparité des puissances militaires alguarenas et pharoises pourrait techniquement suffire à dissuader les derniers de se rebiffer frontalement, la Fédération d’Alguarena pouvant se permettre une installation militaire durable dans la région sans que le Pharois Syndikaali puisse lui opposer une action militaire viable. Cependant, il est acquis à chacun que l’invasion militaire du Porto-Mundo n’est pas une action viable, ou en tout cas trop coûteuse sur le plan politique.

Il appartient donc à la Fédération d’Alguarena de motiver un développement de la coopération internationale avec les acteurs régionaux, Porto-Mundo en tête, mais aussi avant lui, le Makt, membre de l’ONC. Par le développement de la coopération militaire vers le Makt, la Fédération d’Alguarena sera en mesure d’affirmer sa présence militaire et son poids impactant dans la région d’Eurysie du Nord, pour y construire une présence militaire durable, qui n’entrera pas en confrontation directe avec les forces militaires pharoises, mais tracera une ligne rouge autour du Pharois Syndikaali, qui aura vocation à se réduire comme peau de chagrin à mesure que la Fédération d’Alguarena et le Porto-Mundo développeront leurs relations diplomatiques.

Mais considérant le besoin alguareno de capitaliser sur une autre image depuis l’invasion massive du Prodnov, la portée militaire des actions dirigées contre le Pharois Syndikaali pourrait bien se limiter à ça. Dès lors, les initiatives militaires laisseraient définitivement la place à des actions ainsi que des démonstrations de soft power. Et la première action de soft power dirigeable contre le Pharois Syndikaali, est l’identité culturelle du Porto-Mundo, s’agissant d'une culture identitaire lusophone très marquée.

Le développement et la projection d’actions d’influence alguarenas au Porto-Mundo passerait donc par le ravivement de l’identité lusophone national, pour y entretenir subtilement, la connivence de mise avec les autres ex-colonies listoniennes, comme le Pontarbello présentement. C’est donc sur le plan culturel que les acquis pharois en mers du Nord doivent être atteints et finalement rognés.
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CONFIDENTIEL - 25 mai 2009 - Teófilo Da Fonseca et le rêve fou d'une fédération des états lusophones, gouvernés par les juntes militaires.

Teófilo Da Fonseca et les nostalgiques de l'Empire listonien, pourraient-ils soutenir un projet politique fédérateur?
Sans coopération et dynamiques internationales, l'indépendance seule des micronations issues de l'Empire listonien fait-elle rêver?


Teófilo Da Fonseca était venu contempler, le regard stoïque et l’attitude implacable, les décombres de sa maison laissée à l’abandon depuis le retrait de l’Empire listonien du Porto-Mundo. Les quatre murs qui la composaient, n’avaient résisté qu’aux dommages du temps que grâce à leur caractère massif.

Teófilo : “L’Empire était ce qu’il était, mais au moins on savait construire et y entretenir une maison.” Se disait-il le timbre de voix tremblant, masqué avec peine par une intonation d’autosatisfaction. Il faut dire que les avancées en génie civil n’avaient pas été des plus percutantes après l’indépendance du territoire. Ce dernier avait été muté au Pontarbello du temps de l’époque coloniale, pour assurer une permanence au sein de l’administration impériale.

Mais les déclarations d’indépendance successives et le démembrement progressif de l’Empire l'avaient convaincus de revenir à ses origines natales, au Porto-Mundo. Alors bien que l’Homme dénigrait volontiers l’Empire qui avait démontré dans la dernière décennie toutes ses limites, il fut forcé de constater que les micronations qui découlaient de feu l’Empire listonien ne pouvaient errer avec une certaine solitude, et que la solidarité instillée par l’Empire listonien, avait le mérite de bénéfices dans le financement et l'organisation du territoire.
Parcourant sa propriété laissée à l’abandon, une main palpant la surface poreuse de la pierre où commençait à s'incruster les premières mousses qui témoignaient d’un manque d’entretien, l’homme mêlait ses sentiments, partagés entre colère et ambition. La colère d’abord, des suites de l’échec impérial à solidariser durablement ces provinces ultramarines, des provinces négligées et parfois même monnayées contre des biens matériels, consommables, à l’instar d’un porte-hélicoptère pharois fournit à l’Empire listonien, contre l’autorisation de s’installer au sein des différentes enclaves ultramarines de l’Empire.

L’ambition ensuite, celle de tout reconstruire et rabibocher, d’abord à l’échelle local par la rénovation de son habitat négligé durant toutes ces années, puis à l’échelle nationale par il l’espérait, la création d’un parti fédéraliste, engagé sur la création de nouvelles dynamiques entre les provinces coloniales et ex-coloniales listoniennes. Pour cela, il pouvait compter sur les sphères d’influence pontarbelloises, qui malgré un relatif isolationnisme, affectionnaient particulièrement l’idée de reconstituer l’Empire sous une forme plus coopérative et moins sujette au diktat de l’Empereur. Une pensée originale quand l’on sait que la République d’Union Nationale du Pontarbello est, après le départ de l’Empire, dirigée par une junte militaire. “L’un n’empêche pas l’autre” disait-on dans les sphères partisanes, car ils rêvaient l’installation de plusieurs juntes militaires à l’image de celle gouvernée par le Général Leopoldo Sapateiro au Pontarbello, une Fédération des juntes militaires. Considérant le modèle pontarbellois et la réussite qui touche de près ou de loin son régime, l’idée était tentante, sous couvert d’identifier autant d’hommes de la trempe du Général Sapateiro qu’il y a d’états concernés par un tel projet politique.

Un projet ambitieux mais qui l’homme se jurait d’y croire, parcourant sa vieille bibliothèque et s’arrêtant sur différents livres marqueurs du passif politique de ce territoire. “Ah ils ont le même au Pontarbello” s’amusait-il à noter en redressant un bouquin également écrit en portugais et issu des mêmes maisons d’édition. Depuis qu’il était parti au Pontarbello et revenu au Porto-Mundo, Teófilo Da Fonseca s’enthousiasmait de différents points de convergence qui touchaient les deux territoires, aujourd’hui “indépendants” mais fondamentalement liés par leur culture et leurs administrations, leurs règlementations, jadis communes.

Ses bouquins, pour la plupart datés de l’hégémonie listonienne, avaient vocation à incarner tout ce à quoi il voulait aspirer pour le devenir de ces postillons territoriaux laissés vivotant aux quatre points cardinaux de notre monde… “Oh toi mon vieux père, tu ne resteras plus jamais seul…” marmonnait l’homme en caressant la couverture d’un livre de grammaire et de syntaxe lusophone.

La culture lusophone, ciment fondateur de l’Empire listonien, était un préalable déterminant à la constitution d’une Fédération des États lusophones. En effet, la pratique d’une même langue tendait nécessairement à faciliter les flux marchands entre les provinces rattachées à cette fédération, tout en rendant plus efficace la communication entre les différentes antennes administratives des provinces. Il était donc particulièrement important, voire vital pour le projet embryonnaire mais ô combien ambitieux de Teófilo Da Fonseca, de conserver le marquage culturel lusophone, car c’est de celui-ci que découle l’entièreté des moyens coopératifs pour l’établissement d’une administration interétatique, une administration fédérale.

Pour mener son entreprise, l’homme entretenait plusieurs cartes, la carte politique, qui résidait dans la constitution d’un parti fédéraliste chargé d’agglomérer les anciens états impériaux listoniens, et la carte militaire, par la conduite d’actions révolutionnaires armées, possiblement aidées par le concours des forces armées pontarbelloises, désireuses d’en découdre avec la sphère d’influence pharoise et de restaurer, dans ses proportions les plus larges et étendues, feu l’Empire listonien, recomposé sous les traits d’une fédération militaire avec à la tête de chaque état membre, la présence d’une junte militaire d’exception, chargée de renforcer l’image et l’incarnation de l’état, au sein du pays et dans sa représentation à l’international. En matière de sphère fascisante, le Pontarbello avait effectivement un bon vivier de sympathisants, pour nourrir un tel projet à l’international, plus encore dans une sphère d’influence partageant la même langue. Des brutes, généralement équipées de quelques cadres-portraits du Général Leopoldo Sapateiro au milieu du salon, et qui ont la manipulation facile des armes, qu’il s’agisse d’armes blanches ou d’armes à feu.

Ses premiers soutiens étant pontarbellois, Teófilo Da Fonseca n’avait instamment pas d’autres choix que de construire la notoriété de son groupuscule, avant de lui faire miroiter des aspirations et des soutiens plus importants, au sein de la société civile porto-mundoise.

Mais pour une base, même étrangère, elle avait le mérite de déjà présenter de nombreux atouts, par la présence de gros bras chargés de chahuter l’opposition politique dans les manifestations, et de porter les messages de défense de la valeur identitaire lusophone dans les anciennes provinces de l’Empire listonien.
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26 mai 2009 - CONFIDENTIEL - La Fédération d’Alguarena, un modèle politique pour les micronations.

Fédéralisme pour les états lusophones des ex-colonies de l'Empire listonien
Forte de trois micronations ayant construit des dynamiques pour forger la première puissance mondiale, la Fédération d’Alguarena pourrait se faire un modèle inspirant à toutes les autres micronations, nées de l’Empire listonien.


La Fédération d’Alguarena est probablement le modèle économique et politique le plus concret, pour expliciter la capacité de micronations à surmonter leurs conditions lilliputiennes, sans renoncer à leur indépendance.

Agglomérat de cultures hispaniques et latinos, la Fédération d’Alguarena a su instaurer une administration commune à l’échelon interétatique, pour coordonner l’action et la décision au sein de ces territoires. Par leur coordination, la prise de décision des autorités publiques des différents États membres de la Fédération s’en est trouvée facilitée et l’action sur le terrain, plus dynamique. Mais quels avantages et quelles conditions préalables peut-on percevoir dans le modèle fédéral Alguareno pour inciter les autres micronations au monde à y adhérer? Les micronations issues de l’Empire listonien peuvent-elles fonder une nouvelle fédération lusophone sous l’égide du Pontarbello?

Condition préalable : l’ouverture à l'international et l’exercice d’une économie de marché.

Dans notre ère contemporaine, le fédéralisme se lie exclusivement à des États pratiquant l’économie de marché, ce qui implique pour le cas de micronations fédéralistes, qu'elles conservent une certaine ouverture à l’international. Dans le cas alguareno, sa seule présence à l’embouchure du détroit aleuco-paltoterran suffit à motiver cet intérêt pour une économie ouverte à l’international. Mais du côté des anciennes colonies listoniennes, le positionnement géographique de chacune d’elles n’est pas non plus négligeable, puisque celles-ci, étalées sur différents détroits réputés pour la fréquentation des routes commerciales à proximité, ont les moyens d’entretenir une empreinte internationale conséquente.

L’économie de marché a toute sa place au sein d’un système fédéral car elle est l’essence même de sa mise en place : fonder une union pour affirmer la volonté de chaque partie prenante à créer un marché commun. Un marché qui serait susceptible d’assurer la liberté des échanges commerciaux entre plusieurs entités politiques. Les actions d’aides à l’instauration d’une liberté d’échanges, d’harmonisation des réglementations, de tempérance des pensées égoïstes et isolationnistes, sont les conséquences directes d’un projet fédéral et viennent directement impacter, le déroulé de l’activité commerciale, du libre-échange international.

L’instauration d’une fédération des états lusophones serait une belle opportunité pour ces derniers, car les économies locales auraient matière à se fortifier, par le recours à une monnaie commune qui, partagée entre de nombreux états, aurait pour elle de résister plus facilement aux fluctuations monétaires internationales. Cette résistance monétaire, préserverait par conséquent le pouvoir d’achat des citoyens, des citoyens exposés au risque d’une perte de pouvoir d’achat, dans des micronations où l’on produit peu, faisant de l’importation une démarche commerciale incontournable pour garantir l’approvisionnement de certaines matières premières, ou encore certains biens manufacturés via le commerce international.

Autrement dit, s’il y a bien une forme étatique appropriée pour la prise en considération des contraintes rencontrées par les micronations, c’est bel et bien le fédéralisme. Le Fédéralisme peut-il s’inscrire parmi les enjeux futurs décisifs des micronations listoniennes? Certains penseurs internationaux aiment à le croire.

Alors bien sûr, il existe plusieurs modèles de fédéralisme, accordant un degré plus ou moins important d’autonomie à l'exécutif local. Dans le cas de certains états, le fédéralisme s’exprime au niveau de la défense, de la monnaie, et même de l’état-civil, ne reconnaissant qu’une seule et même citoyenneté. Si les états anciennement colonisés par l’Empire listonien devaient tendre vers ce modèle étatique, grâce à l’action de gens et de partis politiqus fédéralistes, comme Teófilo Da Fonseca, nul doute qu’ils devraient réfléchir à la manière dont ils envisagent leur degré d’indépendance, pour ne pas substituer un statut colonial à un autre.
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5 juin 2009 - CONFIDENTIEL - Le Pontarbello, instrument de la guerre culturelle entre puissances étrangères, pour créer une sphère d'influence lusophone antipharoise.


Musée international du Pontarbello
Les victoires militaires du Pontarbello ne sont pas les seules entorses faites à l'influence pharoise dans la région Sud-aleucienne, il y a également tout le patrimoine culturel qui se met en place autour de ces réussites. Un patrimoine susceptible de présenter un monde lusophone fait de réussites pour l'extirper de la sphère d'influence pharoise.


L’expérience de la guerre entre le Grand Kah ou ses forces paramilitaires affiliées face à la Fédération d’Alguarena, a rendu le Pharois Syndikaali beaucoup plus prudent sur l’idée d’une confrontation directe avec l’Alguarena, là où il y a quelques années, ce dernier se permettait une action plus incisive contre des états eurysiens, l’Empire francisquien en tête.

Destruction d’un sous-marin d’attaque francisquien, opération amphibie le long d’une place francisquienne, le gouvernement pharois de l’époque n’avait pas peur du contact. Cependant, la disparité des puissances militaires qui définissent aujourd’hui le Pharois Syndikaali et la Fédération d’Alguarena, reste si important (à la faveur du second) qu’elle empêche à ce jour tout affrontement direct entre les deux marines militaires, malgré un regain de tensions autour du dossier pontarbellois, aujourd’hui en guerre contre le Pharois Syndikaali après qu’il ait engagé et défait une force militaire d’occupation sur son territoire.

L’étalage brute de la puissance navale alguarena, combinée à la réussite militaire pontarbelloise contre pas moins de quatre états belligérants, qu’il tient mutuellement en respect à travers le Grand Kah, la Cobaricie, le Pharois Syndikaali et l’Empire listonien, forcerait l’admiration à plus d’un, ou à minima la méfiance. A cela, le Pharois Syndikaali ne peut pas être étranger et son opinion publique, qui y est présentée comme arc boutée sur la conduite d’actions punitives au Pontarbello pourrait raisonnablement se nuancer, voire s’inverser.

Le dossier pontarbellois impose donc aux parties prenantes une lecture nuancée des rapports de force en place, car le déclenchement d’une action de hard power alguareno, serait susceptible d’entamer durablement l’intégrité territoriale du Pharois Syndikaali, lui qui se voyait pourtant l’enfant du monde à bivouaquer où il le souhaitait et à installer une force d’occupation sur différentes destinations au sein de l’Empire listonien. Un tel scénario de confrontation direct serait potentiellement annonciateur d’une défaite militaire supplémentaire pour la gouvernance pharoise, une défaite militaire telle, que la perte de territoire serait susceptible d'altérer l’opinion publique présente au pays, pour recentrer ses autorités sur la défense stricte de leurs intérêts proches du territoire national.

Par chance, aucun des experts interrogés ne jugent inévitable une confrontation armée entre le Pharois Syndikaali et la Fédération d’Alguarena. De ce constat, il importe de voir les autres champs que les deux parties précédemment citées sont tentées d’utiliser. Un autre champ intervient alors, pour marquer l’opposition Alguaro-Pharoise : la culture.

La culture peut-elle être une arme (sous entendu, un outil d’influence) dans l’opposition grandissante qui touche le Pharois Syndikaali et la Fédération d’Alguarena? Certains aiment le penser et la palette des langues actuellement pratiquées dans le monde n’échappe pas à la règle. En marge de cet aspect linguistique, des musées internationaux dont certains présents au Pontarbello ont déjà fait l’objet d’une inauguration, notamment un musée dédié aux atrocités de guerre commises au Pontarbello, véritable instrument de propagande dédié à glorifier l’accession au pouvoir du Général Leopoldo Sapateiro qui, à la tête de l’Armée Nationale du Pontarbello Libre a défait l’ensemble des menaces existentielles qui gravitaient autour du territoire.

Un geste “salvateur” qui valait bien d’être inscrit au Panthéon national pontarbellois.

Ouvert toute l’année, le musée des atrocités de guerre offre un accès gratuit à tous les pontarbellois désireux de s’y rendre. Les programmes scolaires intègrent systématiquement et à différents âges sa visite, l’objet de leurs études variant cependant selon le niveau de maturité de leur esprit.

Remonter l’histoire même de la création de ce musée permet de retracer le schéma de la lutte pontarbelloise pour l’indépendance. Marqueur de l’opposition entre le Pontarbello et les nations belligérantes qu’il n’hésite pas à présenter comme liberticides, le musée des atrocités de guerre vient représenter un aspect essentiel de l’identité nationale pontarbelloise, un ciment fondateur, voire même fédérateur, pour la culture lusophone d’Aleucie qui, éloignée de plusieurs milliers de kilomètres de l’ex-empire colonial, doit apprendre à se reconstruire, par la pierre mais pas que, aussi par son Histoire…
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Le contre-modèle pontarbellois comme vecteur de rapprochement pour les ex-colonies listoniennes

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Les ruines de l'Empire laissent le champ libre à tous les destins.

C’est une prise de conscience, « un tragique éclat de lucidité » dira le poète Orlando Pesao, farouche partisan du décolonialisme qui s’est engagé à travers ses œuvres en faveur d’un relâchement progressif de l’autorité impériale listonienne et pour l’intégration des territoires coloniaux au sein de sphères régionales qui leurs sont plus naturelles.

« Il faut faire confiance aux mouvements de l’histoire » écrivait-il déjà en 1997, puis « les empires sont des archaïsmes, comme les arbres ils doivent perdre leurs feuilles quand s’en vient l’automne ».

« Des mots, juste des mots » commente-t-il amer aujourd’hui, lorsqu’on lui demande son avis sur l’évolution du projet décolonial listonien. « J’ai naïvement pensé qu’en renouant avec leurs sphères culturelles précoloniales, mes compatriotes s’émanciperaient progressivement des jougs qui leur étaient imposés. J’ai trop cru dans le poids de la culture, de l’art, j’ai sous-estimé les autres forces de ce monde, je le regrette aujourd’hui. »

La raison de ce revirement intellectuel ? Le triste destin du Pontarbello, un petit Etat terroriste situé sur la pointe sud de l’Aleucie, et dont les crimes de guerre ont été rendus publics quelques mois plus tôt, de la pire des manières possible. « Nous étions beaucoup à penser que notre passé colonial nous jetterait naturellement dans les bras les uns des autres, mais en assassinant brutalement quatre ambassadeurs, le Pontarbello nous a montré que cette fraternité était loin d’être acquise. »

Si les chefs d’Etat ont rapidement pris acte de l’apparition sur la scène internationale d’un Etat terroriste, pour les intellectuels, penseurs et artistes Listoniens et ex-Listoniens, le coup est plus difficile à encaisser. Beaucoup avaient fondé de grands espoirs sur le mouvement décolonial qui touchait l’Empire depuis presque deux ans et n’est à ce jour toujours pas achevé. Inédit dans son ampleur, il laissait espérer l’avènement de valeurs post-coloniales et anti-impérialistes à travers le monde grâce à l’émergence d’une avant-garde libérale et démocrate.
Mais s’émanciper d’un Empire ne présuppose en rien la qualité du régime amené à le remplacer, voici la dure leçon qu’a enseigné le Pontarbello aux Listoniens.

« Nous pensions à un mouvement un peu mécanique de l’histoire, il y avait quelque chose de positiviste chez nous, je sais que cela peut sembler un peu archaïque mais quand vous avez vécu toute votre vie sous l’autorité féodale de Listonia, croyez-moi le progrès n’est pas un mot creux. Finalement il faut reconnaître que la décolonisation peut aussi bien être une grande avancée qu’une régression. »


En toile de fond de ces réflexions se dessine la théorie « des deux chemins » qui renvoie dos à dos progrès et réaction.

« L’Empire Listonien est littéralement une force conservatrice : elle veut maintenir le statu quo, préserver l’ordre dans ses possessions, par la force si nécessaire. Face à cette puissance conservatrice, il y a deux outils pour combattre : le progrès, ou la réaction. Le progrès émancipe, la réaction échange une force brutale contre une autre, concurrente. Je ne dis pas que l’un ou l’autre de ces outils est meilleur ou plus efficace, il faut simplement acter qu’il existe deux chemins et que tout le mouvement décolonial doit en avoir conscience si nous ne voulons pas répéter les erreurs commises au Pontarbello. »

En raison du caractère spectaculaire et très actuels des processus de décolonisation engagés dans l’Empire Listonien, ces-derniers ont bénéficié d’une grande attention médiatique et sont, depuis deux ans, scrutés à la loupe par les journalistes et chercheurs du monde entier.
A l’origine de la théorie « des deux chemins », il y a l’analyse comparée de la trajectoire de plusieurs territoires aujourd’hui totalement indépendants vis-à-vis de l’Empire.

D’un côté, le cas canonique de la République Hafenoise illustre parfaitement « un chemin » : celui de l’indépendance par la volonté populaire et sa réalisation grâce à un processus démocratique non-violent. On se souvient que lorsque certains groupuscules révolutionnaires avaient essayé de prendre le pouvoir à Port-Hafen en se servant de l’indépendance comme prétexte, le maire de la ville, monsieur José Esteban, avait mis le holà à ces manifestations sécessionnistes et imposé la tenue d’un referendum afin de laisser le peuple décider souverainement de son avenir.
Un pari réussi puisque les Hafenois ont voté massivement pour l’indépendance de leur territoire, qui s’est donc déroulée sans aucune effusion de sang, et avec l’aide de la communauté internationale. En Aleucie, plusieurs pays frontaliers tels que la République de Saint-Marquise et le Reynaume Aumérinois ont ainsi apporté leur soutien politique et économique à la jeune République Hafenoise, lui permettant de survivre à la coupure brutale des relations avec sa métropole.

Aujourd’hui, Port-Hafen est parfaitement intégré au tissu économique de sa région, bénéficie de la protection de plusieurs nations et participe pleinement aux prises de décision des instances continentales. En multipliant les protecteurs, à l’instar de la Commune de Kotios, la République Hafenoise a su préserver sa souveraineté aussi bien économique que politique et fait figure de modèle à suivre pour la plupart des partis indépendantistes non-révolutionnaires.

Pour ceux qui, au contraire, n’envisagent la décolonisation que comme une part de la lutte des classes, c’est l’indépendance de Jadida qui est plus généralement convoqué en exemple. Suite à la rupture des communications entre Listonia et ses colonies, Jadida a dû rapidement apprendre à composer avec cette nouvelle donne en s’engageant sur le chemin de l’autonomie et en nouant des liens avec les territoires frontaliers, à commencer par celui de la République directe de Banairah. Un parti indépendantiste a vu le jour et proposé un projet politique à la population dont il a finalement obtenu l’adhésion.
Toutefois, contrairement à Port-Hafen, les autorités impériales de Jadida ont refusé de laisser leur destin aux mains du peuple par la mise en place d’un referendum d’autonomie. Dans une impasse, les indépendantistes de Jadida ont donc été contraints de faire fuir le gouvernement colonial pour restaurer un minimum de souveraineté populaire. Ce renversement du pouvoir s’est fait dans la violence mais sans effusions de sang majeures. Aujourd’hui, Jadida a adopté le modèle communal révolutionnaire qui place le peuple au centre du jeu politique grâce à des processus de vote et de consultation populaire. Le soutien rapide et affiché des grandes puissances régionales a permis à Jadida de conserver l’indépendance et la souveraineté qu’elle venait de conquérir.

Plus en phase avec les ambitions révolutionnaires d’inspirations communaliste et socialiste, le cas de Jadida fait lui aussi figure de modèle pour les mouvements indépendantistes et décoloniaux à travers le monde.

Avec Jadida et Port-Hafen, la communauté internationale a pu observer deux situations prototypiques d’indépendances réussies, tendant vers plus de démocratie, de souveraineté populaire et de libertés individuelles face à un Empire Listonien au fonctionnement encore d’inspiration féodale.


Comparé à ces deux territoires, le cas du Pontarbello apparaît alors comme un contre-modèle évident.

Arrivée à la tête du gouvernement grâce à un coup d’Etat militaire, on aurait pu espérer que la junte décide après sa victoire de rompre avec la tradition de féodalité listonienne en mettant en place un processus constituant pour rendre le pouvoir au peuple, grâce à l’usage de la démocratie. Il n’en fut rien, ce qui ne manqua pas, déjà à l’époque, d’inquiéter certains observateurs internationaux.
Tout au long des mois qui suivirent son arrivée au pouvoir, la junte s’activa à renforcer son emprise sur ce nouveau territoire qu’elle ne contrôlait que très superficiellement, faute de pouvoir s’appuyer sur une véritable force militaire autonome. Elle eut alors recours au mercenariat, allant jusqu’à se transformer rapidement en Etat client, dont la légitimité ne tenait qu’à sa capacité à maintenir la paix sociale par la violence et parce qu’elle avait recours à l’achat d’armes aux industries Benca, triste visage du complexe militaro-industriel Alguarenos.

A noter que si la République de Saint-Marquise ou le Banairah travaillèrent chacun activement pour accompagner les colonies indépendantes dans leurs processus d’émancipation démocratique, il est notable d’observer que l’Alguarena préféra cyniquement maintenir à sa frontière ce qui, dans les années qui suivirent, aller devenir un véritable Etat terroriste.
Peu dupe de la situation, la communauté internationale s’émue d’ailleurs assez peu de cette « indépendance » aux airs de chaises musicales pour dictateurs, et contrairement à Port-Hafen qui fut reconnu par un grand nombre de nations et reçu la visite de plusieurs chefs d’Etat, ou de Jadida qui put bénéficier de la reconnaissance des principaux acteurs politiques régionaux, seule l’Alguarena reconnu à l’époque le Pontarbello. Ni le Grand Kah, ni l’Izcalie, ni la République Copabaricienne ni aucune nation d’Aleucie ne considéra ce petit territoire comme autre chose qu’une scorie dictatoriale, confirmant que sa légitimité politique ne tenait qu’à la force brute.

Toutefois, il faut se replacer dans le contexte des années 2007-2008 et reconnaître qu’alors la situation dans l’Empire Listonien était particulièrement confuse. C’est pour cette raison, et faisant acte de foi, que plusieurs territoires et ex-territoires impériaux, récemment indépendants ou en phase de l’être, décidèrent d’envoyer au Pontarbello leurs ambassadeurs, afin d’initier un dialogue déjà entamé entre eux, et inclure tous les territoires Listoniens indépendants sans présupposer de leur capacité à s’intégrer à la communauté internationale.

La suite, nous la connaissons. Une colonne de véhicules ouvre le feu sur les ambassadeurs, tuant plusieurs civils désarmés alors que ces-derniers avaient manifesté explicitement leur intention d’engager des pourparlers.

Un crime de guerre authentique, filmé de plein pied, qui a valu au Pontarbello d’être immédiatement rangé parmi les territoires terroristes, ce-dernier étant incapable de mettre en place une diplomatie internationale avec d’autres nations que ses maîtres.


C’est de cette comparaison que naît la théorie « des deux chemins ».

Indiscutablement, la République Hafenoise, Jadida ou le Pontarbello sont aujourd’hui des territoires indépendants de l’Empire Listonien.
La chose est à nuancer pour le Shibh Jazirat Alriyh qui est toujours sous autorité impériale, Albigärk qui fut rétrocédée ou Porto Mundo qui a choisi d’adopter le statut de port-libre du Syndikaali – un système politique spécifique à la région du Détroit qui permet à des territoires politiquement indépendants de se placer sous la protection militaire du Pharois en intégrant son système fédéral. Chacun de ces trois territoires présente des spécificités particulières liées à son histoire, d’où le fait de ne nous concentrer dans notre analyse que sur les trois pays précédemment décrits.

Puisque indépendants, République Hafenoise, la Commune Révolutionnaire Constituante de Jadida et le Pontarbello peuvent chacun à leur manière servir d’exemple pour les partis indépendantistes cherchant eux-aussi à acquérir leur souveraineté. Une situation qu’ont parfaitement compris les ex-colonies Listoniennes et dont le maire de Port-Hafen, monsieur José Esteban, compte bien se servir pour faire entendre sa voix au sein de la communauté internationale, malgré son statut de micro-nation.

Le cas d’Albigärk mis à part, qui n’obtint l’autonomie que grâce à la pression militaire du Syndikaali pour lui rendre son indépendance, la République Hafenoise est la première nation post-coloniale listonienne à avoir acquis son indépendance par elle-même et pour elle-même. Une primauté qui lui donne un statut très particulier auprès des mouvements indépendantistes du monde entier et dont son Président a déjà usé pour apporter son soutien à plusieurs initiatives décoloniales, telle que celle de Porto Mundo ou du Shibh Jazirat Alriyh.


Mais José Esteban ne semble pas vouloir s’en tenir à si bon compte et rehaussé de l’amitié Saint-Marquoise et Pharoise, il entend désormais jouer un rôle plus actif dans la décolonisation listonienne.

« Pour ceux qui rêvent d’indépendance » a-t-il ainsi commencé son discours face aux caméras de la presse internationale amassées devant son hôtel de ville « il n’y a que deux destins possibles : la liberté, ou une nouvelle soumission, plus terrible encore. »

Dans la ligne de mire du maire de Port-Hafen, le Pontarbello et sa vassalisation aux Îles Fédérées de l’Alguarena, qui en ont fait un sordide pantin grâce à la pression militaire qu’elles exercent sur ce petit territoire aleucien.

« Quand donc les Pontarbellois ont-ils été consultés ? Et s’ils l’avaient été, qu’auraient-ils pu choisir entre le fouet de l’Empire et les fusils de la junte ? Ceux qui un jour levèrent les yeux vers les étoiles et purent prononcer le doux nom de liberté, ceux-là reposent aujourd’hui dans les fausses communes de la dictature. »

Mais José Esteban ne semble pas souhaiter se cantonner au rôle de dénonciateur dans le vent. Fort de son aura à l’internationale et chez les Listoniens en tant que président du premier territoire à avoir acquis son indépendance, soutenu par le Pharois Syndikaali et la République de Saint-Marquise, deux nations connues pour la force de leur réseau diplomatique, José Esteban a promis de ne pas « se laisser reproduire le drame pontarbellois » et de « lutter de toutes [ses] forces contre la tentation terroriste ».

Mais quels moyens pour de telles ambitions ? Celle de former, avec les autres colonies listoniennes, une ligue politique, capable de s’exprimer d’une seule voix sur les question de colonialisme, et de peser diplomatiquement sur les grandes nations du monde pour encourager et accompagner « le chemin de l’émancipation par la démocratie ».

José Esteban le reconnaît lui-même : « le Pontarbello a été un électrochoc, nous réalisons que si ils sont laissés à eux-mêmes, les mouvements de libération nationale peuvent tomber sous la coupe de nations voyous et prendre des formes de régimes parfois pires encore que celui de l’Empire Listonien. »

Conscient que les choses sont difficiles au Pontarbello, José Esteban a tout de même souhaité adresser des mots réconfortants à ceux qui, il y a encore deux ans, étaient ses compatriotes :

« Nous ne vous oublions pas. Nous savons qu’un même sang nous rapproche, une même culture, une même langue, dans sa diversité, mais aussi dans ses similitudes qui nous imposent aujourd’hui une fraternité commune. Comme nous, vous avez rêvé de liberté, d’émancipation et pour vous, le rêve s’est transformé en cauchemar. L’étau froid de l’oppression que vous avez combattu s’est refermé encore plus durement sur vous et dans cette marmite plombée, le soleil peine à passer.

Mais il brille, ce soleil ! N’en doutez jamais ! Par-delà le couvercle noir, par-delà la peur, la servitude, il brille et nous pouvons en attester car pour nous, oui, il brille bel et bien. Notre vœu le plus cher est à présent de pouvoir partager avec vous, vous qui fûtes nos compatriotes hier et être aujourd’hui toujours nos frères, nous voulons partager le bonheur de ce soleil qu’on appelle liberté, et qui est nécessaire aux hommes pour vivre.

Ne perdez pas espoirs, Pontarbellois, ne perdez jamais espoir. Une bataille perdue, peut-être oui, mais la guerre, elle, ne cesse jamais qu’une fois la victoire remportée. Cette liberté, cette joie, vous y goûterez aussi, pourvu que vous teniez bon et lorsque le couvercle noir tombera, lorsque dans le grincement sinistre de sa chute le soleil de nouveau apparaîtra, nous serons là, prêts à vous tendre la main et à partager avec vous cette joie authentique, cette joie conquise contre l’oppresseur. Tous les oppresseurs. »

Un discours qui marquera l’histoire, pour de nombreux observateurs internationaux, et qui inaugure une nouvelle phase du décolonialisme que certains politologues qualifient déjà de « tardive ». Alors qu’il parvenait à la fin de son discours, monsieur José Esteban a assuré qu’il engagerait dès cette après-midi un processus de rapprochement diplomatique avec tous les gouvernements et partis indépendantistes de l’Empire.
Si les ambitions de ce rapprochement se confinent pour l’heure à la seule sphère listonienne, un conseiller municipal nous a confirmé que José Esteban ne comptait pas s’arrêter là et souhaitait constituer une force politique capable de soutenir toutes les ambitions décoloniales à travers le monde, sans distinction de colonisateur.

« En tant qu’homme politique engagé dans ce mouvement, je pense avoir une responsabilité dans la tournure des événements du Pontarbello. Nous aurions pu apporter notre aide, notre soutien, envoyer des observateurs. Au lieu de quoi nous avons laissé ce régime terroriste s’installer et si j’espère que tout cela finira bien, je ne peux qu’appréhender les souffrances que devront subir d’ici là les Pontarbellois. » déclare Esteban ensuite, face aux questions des journalistes.

Cette prise de position, très médiatisée, en se posant comme un contre-modèle au Pontarbello, achève d’ostraciser ce-dernier déjà particulièrement isolé sur la scène internationale. La nature terroriste du régime et les preuves de crimes de guerre apportées contre lui le place mécaniquement au ban des nations et monsieur José Esteban entend personnellement dénoncer de toute ses forces le caractère criminel du gouvernement en place.

« Comme beaucoup à Port-Hafen, je pleure la perte d’un ami qui m’était cher, monsieur Arthuro Leon, notre ambassadeur. C’était un homme admirable, très érudit et attaché aux enjeux décoloniaux, il espérait porter la parole des Listoniens libérés et c’est pourquoi il s’est porté tout de suite volontaire pour représenter la République Hafenoise au Pontarbello. Sa mort est un véritable drame, il a été tué pour ses idées, pour ses valeurs. Voilà pourquoi il est particulièrement important, aujourd’hui, de rappeler notre attachement à la liberté, à la démocratie, à la fraternité, contre ceux qui pensent être en mesure de nous intimider. »


Sans doute préalablement informés des ambitions d’Esteban, les autres territoires indépendants de l’Empire Listonien n’ont pas tardé à réagir au discours du Président.

A Porto Mundo, le maire Edmundo Estrella qui devait suivre en direct le discours de son homologue, s’est immédiatement mis en scène au téléphone où il répondait favorablement à la proposition de se rencontrer avec José Esteban.
Interrogé sur la présence du Gouverneur O Prefeito, José Esteban a expliqué « ne pas vouloir parler au nom de Son Excellence » sachant que la situation au Shibh Jazirat Alriyh pouvait le mettre dans une position difficile vis-à-vis de l’Empire dont l’indépendance n’est pas actée, malgré le soutien de sa voisine althaljir en faveur d’un tel processus.
Enfin, la Commune d’Albigärk a annoncé mettre préparer immédiatement la tenue d’une Assemblée Générale afin de discuter de son engagement dans l’action décoloniale.

Si donc les ambitions d’Esteban semblent prometteuses, une dernière inconnue demeure : quelle légitimité accorder à certains acteurs décoloniaux lorsque plusieurs prétendent au titre sur un même territoire ?
La question du Kodeda est rapidement arrivée dans la conversation, plusieurs journalistes souhaitant connaître la position de José Esteban vis-à-vis du clan Saadin ou du PIK. A cela, le Président de la République a expliqué qu’il ne pouvait prendre au sérieux que des mouvements se réclamant explicitement de la démocratie et de la liberté :

« Le cas du Pontarbello est édifiant, je sais que dans les premières heures du décolonialisme, beaucoup d’intellectuels ont insisté sur l’importance de ne pas faire preuve d’une forme de nouvel impérialisme idéologique, en imposant un modèle eurysien à des territoires qui, historiquement, n’ont jamais été favorables à nos systèmes politiques modernes. Mais je crois que ces précautions se heurtent aux faits : si nous n’insistons pas sur l’importance de nos valeurs dans le processus de décolonisation, nous risquons de troquer un tyran pour un autre. Tous les Listoniens ont droit à la liberté et je crois, parce que je m’inscris dans la tradition humaniste, que nous aspirons tous à un socle commun de droits fondamentaux.
Je peux comprendre l’importance donnée à la tradition, et je ne suis pas le dernier à mettre en avant les spécificités culturelles hafenoises, mais je ne peux pas engager le dialogue avec quelqu’un qui ne me donnerait pas les garanties suffisantes que le projet qu’il défend permettra à mes compatriotes de ne plus être asservis.

Voilà pourquoi j’assume avoir parlé récemment avec plusieurs représentants du PIK et grâce aux renseignements d’observateurs internationaux respectables au Kodeda, dont le Pharois Syndikaali, l’Athalj ou encore la Sérénissime de Fortuna, il m’apparaît aujourd’hui que le PIK est le seul parti véritablement de libération nationale au Kodeda. Ses représentants seront donc officiellement conviés à notre rencontre. »

Une prise de position qui n’était pas forcément évidente, ni facile à prendre, mais qui a le mérite d’affirmer très clairement les ambitions et les exigences du mouvement décolonial listonien. José Esteban ne cache donc pas sa conscience de devoir s’exprimer avec fermeté auprès de la communauté internationale, sur des questions pourtant hautement sensibles.
Si certains y ont vu « la carrure d’un chef d’Etat », d’autres journalistes se sont inquiétés qu’en exprimant dès maintenant son soutien à tels partis plutôt que d’autres, le mouvement décolonial ne se retrouve divisé en cas de défaite de ces-derniers.

« Divisé, nous le sommes déjà, le Pontarbello l’a prouvé. » commente Orlando Pesao, le poète. « Maintenant il faut agir. »


La question pharoise, moins innocente qu'il n'y parait.

Enfin, la question pharoise a naturellement été abordée, le journaliste interrogeant le maire à ce sujet a d’ailleurs tenu à souligner un potentiel conflit d’intérêt, les forces militaires du Syndikaali se trouvant en territoire hafenois – à leur invitation cependant.
A cette question, José Esteban a assuré renouveler sa confiance au gouvernement Pharois « un allié précieux aujourd’hui comme hier, pour tous ceux qui rêvent d’émancipation. »

Loin de se cantonner à un banal rapport de force, l’enjeu de la présence pharoise dans les colonies listoniennes est en effet très sérieusement abordée par les experts et commentateurs internationaux. Cette dernière est en effet paradoxal : tous les territoires coloniaux listoniens se sont vu, en 2007, doté d’une base pharoise, plus ou moins développée, mais comptant a minima une cinquantaine de militaires pour tenir le drapeau. Tout mouvement indépendantiste doit donc composer avec une présence étrangère sur son territoire, présence notoirement connue pour son attachement aux valeurs libertaires et décoloniales.
Pour autant, les Pharois ne sont jamais intervenus militairement sur les territoires sécessionistes. Port-Hafen a eu recourt à un referendum, Porto Mundo également, Albigärk a été rétrocédée avant la signature du pacte de Fraternité, Jadida s’est contenté d’ignorer les forces pharoises sur place et le Pontarbello a fait son coup d’Etat dans son coin.

Le Syndikaali n’est donc, a première vue, pas une force émancipatrice active sur laquelle un mouvement révolutionnaire armé pourrait s’appuyer et pour cause : officiellement Pharois et Listoniens sont alliés. C’est d’ailleurs au nom de cette alliance que le Syndikaali a apporté son aide aux populations listoniennes lorsque celles-ci se sont trouvées isolées brutalement de la métropole en 2007.

Le paradoxe est là : si le Syndikaali n’est jamais intervenu militairement pour « libérer » un territoire, il a toutefois permis à un grand nombre de ces-derniers de survivre malgré la rupture des liens avec Listonia. Une action coûteuse mais loin d’être anodine puisqu’en plus de renforcer la confiance des Listoniens envers les Pharois, elle a permis de créer les conditions de l’indépendance, sans pour autant y pousser. Ainsi, c’est parce que Port-Hafen a réalisé que son intégration au sein des sphères économiques saint-marquoise lui était tout aussi profitable sinon plus que d’appartenir à l’Empire qu’on commencé à rapidement apparaître des mouvements indépendantistes.
Un cas proche de celui de Porto Mundo qui a compris l’intérêt d’intégrer le système fédéral pharois particulièrement permissif, plutôt que de continuer à suivre la politique protectionniste de l’Empire qui le rendait peu concurrentiel face aux autres port-libres du Détroit.
Bien qu’il ne soit pas indépendant, le Shibh Jazirat Alriyh suit une chemin similaire : l’intervention pharoise et althaljir dans l’économie de la province et leur présence militaire ont permis au Gouverneur Paolo O Prefeito de prendre des initiatives politiques qui lui auraient valu une destitution voire une arrestation s’il s’était trouvé seul face aux autorités impériales.

La présence pharoise est donc un vecteur d’émancipation, plus qu’un acteur. On ne peut dire que le Syndikaali ait pris politiquement une part active dans l’indépendance des colonies, mais il est incontestable que sans lui, ces-dernières auraient connu un destin beaucoup plus complexe et sans doute sanglant.
Au regard de cette analyse, la situation au Pontarbello nous apparaît sous un jour plus clair : en choisissant de constituer le Syndikaali comme un ennemi plutôt qu’un allié, les indépendantistes pontarbellois n’ont eut d’autres choix que d’avoir recours des moyens plus violents pour asseoir leur légitimité sur le territoire. Se vendre à des compagnies de mercenaire et imposer un gouvernement par la force brute ont été des solutions logiques pour une junte en mal de légitimité.

Ainsi, la théorie « des deux chemins » prend une dimension plus matérialiste. Il s’agit moins de valeurs que de conditions matérielles de libération. Port-Hafen, Jadida, Porto Mundo ou le Shibh Jazirat Alriyh ont tous eut recours, à divers degrés, au réseau diplomatique pharois qui les a mis en lien avec des acteurs régionaux afin de faciliter leur survie, une fois coupés de la métropole. Le Syndikaali, dès la chute de Listonia, a fait parvenir des vivres et des produits de première nécessité, mais conscient qu’il ne pouvait supporter seul le poids d’un Empire croulant, a travaillé dès les premières semaines avec les nations frontalières pour permettre aux colonies de survivre le temps qu’un nouvel ordre international se mette en place.
Le seul territoire à avoir choisi de ne pas mobiliser ce réseau, privé des conditions matérielles de sa survie, a donc été contraint de se vassaliser à son voisin immédiat, l’Alguarena, en devenant un Etat client.

Fort de ce constat, plusieurs commentateurs se sont amusés à parler, pour la théorie « des deux chemins » de modèle miroir « Alguareno-Pharois ». Vous avez le choix entre la junte militaire avec l’Alguarena, ou la démocratie avec le Syndikaali.
Une opposition certainement un peu trop binaire et qui ne prend pas en compte la complexité de chaque situation, mais qui a le mérite d’être simple à comprendre, et facile à médiatiser. Il faut dire que l’escarmouche opposant les forces Kah-Tanaises, nation connue pour son démocratisme, à celles de l’Alguarena autour du Pontarbello trouve une lecture assez amère au regard des derniers événements survenus chez ce-dernier.
Si la victoire de l’aviation des Îles Fédérées a pu être présentée comme quelque chose de positif à l’époque, à présent que le Pontarbello se révèle être devenu un Etat terroriste, plusieurs commentateurs internationaux revoient leurs copies et commencent à se demander si une victoire Kah-Tanaise n’aurait pas été préférable.

« L’Alguarena a protégé le régime du Pontarbello et celui-ci est maintenant gouverné par une junte militaire qui assassine des civils et des ambassadeurs. On est en droit de se demander à quel jeu jouent les Îles Fédérées et si le gouvernement d’Aserjuco n’a pas cyniquement préféré soutenir des criminels à sa botte qu’une démocratie qui aurait risqué de se rebiffer. »

L’Alguarena, vecteur de dictature ?
Le Syndikaali, porteur de démocratie ?


Quand on voit le destin de la Commune de Kotios ou de celle d’Albigärk, comparé au Pontarbello, on est en droit de le croire, d’autant que c’est précisément à Kotios que les forces pharoises et kah-tanaises ont mis fin à un coup d’Etat fasciste avec succès. Une opération que les Kah-Tanais ont sans doute voulu renouveler au Pontarbello et empêché par l’Alguarena.

Il y a donc matière à faire cogiter les libéraux du monde entier qui voyaient sans doute dans l’Alguarena et son appartenance à l’ONC un champion des valeurs du libre marché, marché économique mais aussi des idées et un vecteur de démocratie libérale. Les faits semblent désormais plus complexe et l’Alguarena apparaît moins comme une démocratie morale que comme une nation cynique, prête à toutes les compromissions pourvu que les gouvernements qui en sortent soient à sa botte.

Portée par des faits objectifs et ruminée dans les cercles de penseurs décoloniaux et libéraux, la théorie des « deux chemins » dessine un futur complexe pour le monde, où les forces de la liberté s’opposeront vraisemblablement à celles de l’oppression et de la dictature.
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19 juin 2009 - Le Pontarbello, un modèle de force politique pour les ex-colonies désireuses de maintenir leur indépendance sur la scène mondiale.


Général Leopoldo Sapateiro
Le général Leopoldo Sapateiro incarne à lui seul, la force et l'indépendance du Pontarbello, une ancienne colonie listonienne. Après lui, d'autres figures martiales pourraient-elles garantir l'ordre et la prospérité attendus dans ces provinces en pleine mutation?


“De quoi avez-vous peur madame?” demandait un journaliste local à une riveraine certainement sexagénaire et affairée à tirer une poubelle domestique de sa cour à la voie publique, où son emplacement habituelle dédié au ramassage des ordures ménagères attendait vide. “Du vent…” lui rétorqua-t-elle. Des propos à la suite desquels le journaliste fut d’abord pris d’un instant d’hésitation, pensant être chassé manu militari par une personne interviewée parmi les moins coopératrices de sa carrière. Après quelques secondes et considérant le blanc qui commençait à s’installer longuement, la femme d’âge mûre précisa ses précédents propos. “Sous les tropiques, on ne connaît rien de plus terrible qu’un vent mauvais…” rectifiait-elle.
La réponse, qui fit finalement sourire le jeune journaliste, traduisait l’état d’esprit des pontarbellois, après la survenue des graves tensions les ayant opposés au Grand Kah et plus récemment au Syndikaali Pharois. Les démonstrations de force et de résilience opérées par le Pontarbello, alors même qu’il était envahi par des milliers de miliciens des brigades solaires kah-tanaises, et occupé par une garnison pharoise après qu’un morceau de terre fut vendu par l’Empire contre un porte-hélicoptères, avaient instauré un climat de confiance quant à la capacité du Pontarbello à entretenir son indépendance contre les armées les plus puissantes au monde.

Pour les mouvances nationalistes de petites micronations telles que le Porto Mundo ou la République Hafenoise, ou simplement les citoyens et courants indépendantistes locaux qui percevraient la présence militaire pharoise dans ces anciennes provinces listoniennes comme inappropriée, le Pontarbello est un modèle de force et d’indépendance, qui ne trouve pas son pareil parmi les anciennes colonies impériales.

Et dans un monde en voie de décolonisation, où les influences se succèdent malgré l’indépendance promise et touchée du bout des doigts, le totalitarisme peut constituer une panacée, pour durabement conserver son autonomie en dépit des révolutions politiques passées et nées de la décolonisation.

Trois ans seulement après le déclin annoncé de l’Empire listonien, les luttes d’influence sur ses colonies et ses ex-colonies, à l’instar du Pontarbello ou du Kodeda pour ne citer qu’elles, obligent les mouvances indépendantistes à considérer la nécessité de présenter une personnalité forte et inébranlable, capable de soutenir les intérêts des ex-colonies face à quiconque afficherait un minimum de détermination pour les en en priver. Sur ce registre, le Général Leopoldo Sapateiro, commandant-en-chef des forces de l’Armée Nationale du Pontarbello Libre, est une référence unique, un modèle de réussite pour quiconque ambitionne de développer le nationalisme au sein de ces micronations vieilles de quelques années seulement.
Un retour au totalitarisme possiblement inspirant donc, pour certaines des figures internationales appartenant au nationalisme, qu’il soit hafenois ou encore mundois.

Au Pontarbello en tout cas, considérant son poids politique et son retour à la croissance économique dans cette région, le totalitarisme local semble dessiner les esquisses d’une solution à tous les problèmes que la démocratie ne semble pas en passe de pouvoir régler. Il faut donc considérer le totalitarisme, comme une solution viable aux micronations de l’ex-empire, pour aseptiser les ruines d’une administration coloniale corruptible et détournée des intérêts supérieurs de la nation.
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Notes et rapports internes, à destination des autorités compétentes.


5 juillet 2009 - CONFIDENTIEL - Le Pontarbello, une figure paternaliste du décolonialisme listonien en passe de réunifier les anciennes provinces impériales sous la bannière d’un homme fort.


La République d'Union Nationale du Pontarbello par le Général Leopoldo Sapateiro, un pilier au sens propre et figuré de la lusophonie mondiale.
Jouissant d’une histoire nationale “atypique” pour les moins enthousiastes, héroïque pour les autres, le Pontarbello veut s’inscrire dans la légende et pourquoi pas devenir, la nouvelle pierre angulaire de la lusophonie mondiale.

Sur le bureau du Général Leopoldo Sapateiro, le commandant-en-chef des forces de l’Armée Nationale du Pontarbello Libre, plusieurs journaux de destinations différentes et publiés à des dates différentes trônaient les uns au-dessus des autres, donnant l’illusoire impression que même les journaux, aux provenances diverses, se battaient comme des chiffons pour faire paraître sa lecture d’un pays dont le passif et la mémoire nationale auraient de quoi être jalousés.

“Pourquoi tu les gardes papy? ils ne sont plus bons !” lui avait lâché en tout innocence Leandro Gouveia-Sapateiro, qui l’appelait papy du haut de ses douze ans avec une certaine inexactitude, considérant le fait qu’il n’était que l’enfant de la nièce du Général.

Le vieil homme, qui aurait attendri n’importe qui l’ayant vu dans ses charentaises, l’uniforme et les médailles au placard, fixa le garçonnet pour peser chacun de ses gestes et s’assurer par là qu’il ne prenne aucune initiative quant au devenir de ces journaux lusophones conservés avec une certaine précaution malgré leur empilement brouillon. “La valeur d’un individu ne se périme pas Leandro, ces journaux, ce sont ma gloire, les porteurs de ma valeur…” énonça en réponse l’homme grisonnant et ventripotent qui ne s’était pas encore déplacé pour le rejoindre.

“Et tu vas les garder longtemps encore?” se permit d’insister le jeune homme, triturant les pages desdits journaux pour aller chercher un magazine susceptible de capter son réel intérêt en dessous.

“Pour te dire vrai mon petit, j’aurais pu les jeter le jour même où ils sont parus, car ce qu’ils disent ou diront demain, ne pourra rien changer à ce qui s’est passé. Vois-tu, tu ne fais rien d’extraordinaire parce que les journaux parlent de toi, les journaux parlent de toi pour ce que tu as fait d’extraordinaire. Moralité, n’attends jamais qu’on parle de toi en bien, agis.”
Piqué au vif dans son intérêt, le jeune homme vint rejoindre son aïeul et s’immobilisa finalement sur ses genoux, plus attentif que ce qu’il ne l’était quelques minutes auparavant. Le doyen et le juvénile échangèrent alors de nouvelles paroles, balayant en détail les deux années qui venaient de s’écouler et durant lesquelles Leopoldo Sapateiro, était passé du statut d’anonyme à celui de figure illustre venant incarner le résistancialisme et l'indépendantisme. Il faut dire que l’homme, indépendamment des jugements portés sur les moyens empruntés pour certains détracteurs, ou ceux quant à la volonté réellement poursuivie selon d’autres, avait accompli différents exploits. Des exploits que beaucoup n’avaient eu, ne serait-ce, que l’audace ou même encore l’imagination, de rêver.

Pourtant, les choses se sont déroulées de la manière la plus improbable et la plus parfaite qui soit, faisant du Pontarbello une province autonome, résistante et victorieux, avec à sa tête celui qui l’avait rêvée ainsi pendant un peu moins d’un an, lorsque les actions préparatoires à la libération du pays se mettaient en place en Alguarena. Alors après la notoriété de l’homme, est-ce que l’espoir de tout un pays peut se dresser à nouveau et ambitionner de nouveaux objectifs, comme la réintégration sous une forme fédérale, de l’ensemble des anciennes colonies listoniennes? Ou encore la constitution d’un nouvel “empire” lusophone articulé sous la houlette d’un Pontarbello accompli et digne représentant d’un héritage mortifère en passe de se réinventer?

Pour défendre de tels objectifs à l’international, le Général Leopoldo Sapateiro et le Pontarbello forment un binôme complémentaire, dont le premier se veut une figure notoire à l’international, chargée de transcender les frontières, et l’autre un laboratoire expérimentale de son accession au pouvoir et sur lequel des regards de satisfaction et de congratulation peuvent déjà se poser.

Le Pontarbello, un symbole de l’indépendantisme pour s’être libéré de l’occupation militaire pharoise, ce qu’aucune autre ex-colonie listonienne n’a su faire.

Scène de la vie courante illustrative a écrit :
Sur les marches d’un bâtiment public au Porto-Mundo, un homme explique à la femme qu’il chérit à quel point ils sont chanceux d’être au Porto Mundo et que son désir de retourner au Pontarbello, une ancienne colonie listonienne dont l’Empire avait lontempgs facilité l’accès était vain. “Le général Sapateiro est un tyran liberticide, crois-moi si tu veux que ton espérance de vie reste ce qu’elle est, et continuez de pouvoir être libre de la couleur de tes rideaux, garde-toi d’aller au Pontarbello…”

Un raccourci dont la femme n’avait visiblement pas envie de souper et dont elle renchérit les propos.

“Tu rigoles? S’il y en a bien un qui use de sa liberté et permet à ses citoyens d’en faire de même, c’est lui. Le Général Sapateiro est on ne peut plus libre, et il userait même de cette liberté pour te dire d’aller te faire foutre ! Peux-tu dire aux soldats de la garnison pharoise sur le port d’aller se faire foutre? Non, c’est ce que je pensais… Au Pontarbello, les vrais hommes, les vrais patriotes, les vrais indépendantistes, ils auraient déjà pris un fusil sur chaque épaule et foncé déloger ces occupants. Et je peux te dire qu’ils ne seraient pas rentrés ce soir avant que ce soit fait…”
Les propos avaient été durs mais justes, se faisant les véritables marqueurs d’une opinion publique porto-mundoise pouvant légitimement se cristalliser autour de la question de l’occupation militaire pharoise sur place et de l'assujettissement de la province aux forces armées pharoises.

L'héroïsme des soldats pontarbellois et l’occupation militaire pharoise, étaient deux leitmotivs qui venaient se marquer, doucement mais insidieusement auprès de l‘opinion publique porto-mundoise. Une exemplarité militaire, alimentée par les hommes de l’ANPL et du Général Sapateiro qui opposés à l’adversité en sont sortis triomphants sous l’égide d’une nouvelle nation, contrastée par celle des forces pharoises, des soldats occupant un territoire étranger, à la suite d’une transaction commerciale parmi les plus ridicules du monde contemporain : une terre listonienne contre un porte-hélicoptère pharois. Un fait burlesque, qui a encore de quoi faire rager à bien des égards, les communautés natives se voyant imposées après leur indépendance la proximité des armées pharoises, présents dans les exclaves sur une décision impériale que l'indépendantisme appelait à renier et à combattre.

Depuis janvier 2007, le Pontarbello existe sous une entité politique dissociée de l’Empire listonien. Cette micronation, d’à peine plus d’un million et demi de personnes “seulement”, est le résultat d’une opération militaire portée par la diaspora ultramarine listonienne installée au sein de la Fédération d’Alguarena. Son action militaire, d’abord dirigée contre les forces impériales loyalistes, se redirigera ensuite contre les brigades solaires kah-tanaises, au titre d’une contre-offensive après l’invasion de ces dernières dans le nord du pays. Pourtant, avant la réussite totale de ses forces, l’Armée Nationale du Pontarbello Libre était décrite comme l’assemblage hétéroclite de commerçants, de paysans et d’étudiants listoniens en exil, caressant du doigt la crosse d’un fusil pour la première fois. Dix fois moins nombreux que leurs ennemis, aucun soldat de profession avant le démarrage de leur entraînement militaire, les éléments du contingent indépendantiste pontarbellois cumulaient finalement l’entièreté des critères défavorables qu’il eut été possible d’identifier pour décrire une armée vouée à perdre.

Rencontrant pourtant les succès militaires, l’Armée Nationale du Pontarbello Libre est à ce jour, l’entité politique indépendantiste la plus représentative de notre ère, par son action armée et la reconstruction politique qui a découlé de l’évincement de l’ancien régime, mais surtout par la capacité de cette dernière à s’être également affranchie de l‘occupation militaire pharoise sur son sol. En effet, alors même que la chasse à l’impérialisme bat son plein sur la scène international, le destin croisé de l’un des plus grands empires coloniaux avec celui d’un état impérialiste d’Eurysie du nord aurait pu passer sous les ondes. L’occupation militaire et illégitime pharoise de certaines provinces listoniennes n’a été rappelée à la lumière du jour que par les actions armées et bienheureuses de l’ANPL. Des provinces ultramarines de l’Empire listonien, vous avez des régions qui n’ont pas su saisir leur indépendance, d’autres qui se sont déclarées indépendantes tout en conservant une occupation militaire étrangère sur son sol. Mais de ces cas de figure, il n’y a bien que la République d’Union Nationale du Pontarbello qui puisse se targuer d’être allée au bout de sa démarche d’indépendance, en éliminant la force d’occupation étrangère sournoise, nichée sur son patrimoine côtier.

L’image indépendantiste générée par le Pontarbello, et l’occupation militaire pharoise mise en exergue lors d’une opération de police ayant mal tournée, rappelle le sentiment d’imperfection que les anciennes provinces impériales listoniennes cultivent dans leur situation actuelle.

Si le Pontarbello fort et vigoureux peut effectivement incarner un modèle de résistance chez les anciennes exclaves listoniennes, il peut également générer un sentiment de frustration pour ces territoires “faussement déclarés indépendants” et condamnés à compter le nombre de treillis pharois passant sous leurs fenêtres comme un gamin de dix ans compterait indéfiniment les moutons avant de s’endormir. Par cette incarnation, le Pontarbello peut effectivement inciter les autres exclaves listoniennes à nourrir une véritable vision de l’indépendance, une vision jumelée à l’affranchissement totale de forces militaires pharoises encore présentes sur un territoire, après que l’Empire listonien leur est volontiers rétrocédé, voire carrément substitué à leur armée comme il en est ouvertement question pour le Porto-Mundo qui n’a à proprement parler, pas d’armée.

Si le Pontarbello peut assurément inciter ces provinces à se rebiffer, par le parcours diamétralement différent qu’il a pu emprunter, et la situation de complétude qui accompagne son statut de (micro)nation indépendante, a-t-il pour autant des arguments qui l’aideraient à fédérer les autres provinces?

Le Pontarbello, une référence culturelle pour la lusophonie mondiale n’appartenant pas à la sphère d’influence listonienne.

Scène de la vie courante illustrative a écrit :
Sur le banc d’un bus, deux jeunes porto-mundois s’entousiasment à faire défiler les portraits de plusieurs femmes inscrits sur un site de rencontre. “Oh tu as vu celle-là? Un soleil à minuit mamaaaa…” disait l’adolescent appareillé à son acolyte quant à lui moyennement intéressé mais forçant le trait pour ne pas décevoir son camarade. “Ah ouais pas mal du tout, il dit quoi son profil? Clique.” Encore plongé dans ses rêvasseries, l’adolescent se contenta encore de ne voir que la photo quelques instants avant d’accéder à la requête de celui avec qui il venait de partager un peu de son intimité.

“Alors qu’est-ce qu’on a ? Dix-sept ans, habite à Brigara au Pontarbello, Lorna Caspareiro…” Le jeune homme qui avait soumis l’idée d’en connaître un peu plus sur elle changea brutalement d’avis et conseilla à son binôme de passer au profil suivant qui semblait indiquer une pharoise, un peu moins gâtée que la précédente mais avec quelques atouts quand même.
“Passer à la suivante, tu n'es pas sérieux? Autant des fois c’est choisir entre fraise et chocolat, autant là c’est choisir entre du caramel et des épinards. Cette Lorna est clairement une bombe, je ne vois pas ce que tu lui reproches” balança avec une certaine insistance lubrique l’étudiant amouraché. A quoi répondit son comparse, non sans entretenir un peu plus de fermeté dans sa voix. “Elle est au Pontarbello, c’est trop loin et inespéré pour toi…”

Peu convaincu par la réponse, il le contredit, lui rappelant qu’à l’époque de l’Empire listonien, circuler dans les différentes provinces impériales était d’une facilité déconcertante. “Quand j’ai commencé à lire son profil, c’est pas ce qui t’a le plus dérangé j’ai l’impression mais c’était plutôt son nom de famille…”

Manifestement piqué au vif, le garçon qui avait balayé du revers de la main l’intérêt de son ami pour le profil de la jeune pontarbelloise reprit ses explications avec cette fois-ci un nouvel argumentaire. “Tu te rappelles de mon cousin Zacaria, grand musclé basketteur, une casquette rouge visée à la tête?” L’étudiant épris marqua brièvement la réflexion pour tenter de visualiser la personne décrite. “Ah, euh, ouais, il est reparti au Pontarbello je crois, pourquoi?” Acculé, le camarade rabat-joie finit par faire la confidence attendue.

“Il s’appelle Caspareiro, et elle c’est sa soeur…” Une confidence brutale et soudaine qui éclairait la pensée de l’adolescent condamné à s’embéguiner depuis une quinzaine de minutes déjà. “Ah mais du coup, cela veut dire que…” “C’est ma cousine ouais…”

A court d’arguments pour renchérir sur la cible de sa convoitise, le jeune homme vint se résoudre à lâcher prise, non sans partager un bref fou rire avec son pair.

“Roh non, le monde est petit.” “Ou pas assez petit… Si j’en crois ton application, j’ai une cousine canon au Pontarbello, et une laideron pharoise à proximité, et tout le monde veut te faire croire que les pharois sont plus proches de nous que les pontarbellois… Sur un plan géographique je veux bien mais alors culturellement parlant…”

Outre les notions d’indépendance et de décolonialisme qui ont touché une partie (seulement) des provinces impériales, l’un des autres indiscutables atouts du Pontarbello pour venir agglomérer le retour des provinces ultramarines listoniennes et indépendantes sous une même sphère d’influence, repose dans son identité culturelle. Vous avez des familles porto-mundoises qui sont par le sang, infiniment plus proches d’autres familles pontarbelloises qu’elles ne le seront jamais d’un quelconque pharois souhaitant s’approcher de leur arbre généalogique. Le fait que le Porto-Mundo et le Pontarbello aient partagé la même appartenance à un Empire, a brassé et redispersé plusieurs générations aux quatre coins de l’Empire. Un Empire irrigué par des liaisons commerciales internes ayant pu vingt, cinquante ou même quatre-vingts ans plus tard, dispatcher différents membres d’une même famille à différents endroits du globe.

L’Empire listonien, par son éclatement géographique, est particulièrement concerné par la parcellisation de ses communautés à travers le monde mais qui, malgré l’éloignement, restent susceptibles d’entretenir des liens forts et indéfectibles. En ce sens, le Général Leopoldo Sapateiro et derrière lui, le Pontarbello, peuvent simultanément se faire une figure incitative pour la rébellion anticoloniale listonienne et pharoise à travers le monde, et une figure fédératrice, par l’étendard de la lusophonie que le Pontarbello est en mesure d’incarner.

L’existence même du Pontarbello, constitue un bouclier et un pont décidés à s’ériger entre les communautés lusophones à l’international. Un point de rassemblement porteur d’une identité culturelle que les ex-colonies listoniennes ont brièvement tenté de renier, avant d’être toutefois contraintes de le restaurer, pour exister pleinement en temps qu’identité nationale.
“L’exercice d’une même langue, est nécessairement une aide, une action incitative à la coopération des communautés listoniennes, ou appelons-les désormais lusophones, entre elles” nous expose sans fioritures l’ethnologue Gina Riscaneira. “Au risque d’enfoncer une porte ouverte, deux communautés qui partagent la même langue, peuvent échanger avec plus d’aisance, particulièrement via les réseaux sociaux et les espaces de communication en ligne. Un porto-mundois aura toujours mille fois plus d’opportunités quotidiennes d’échanger et de se comprendre, avec un pontarbellois plutôt qu’avec un pharois.”

Au-delà de la communication individuelle, partagée entre les citoyens de plusieurs territoires, il faut comprendre qu’une langue unique ou à minima dominante, a l’avantage de permettre l’instauration de formalités administratives mutalisées. Il sera toujours plus aisé de faire connaître et respecter des procédures administratives communes au Pontarbello et au Porto-Mundo, plutôt qu’une quelconque procédure administrative entre le Porto-Mundo et le Pharois Syndikaali.

Le concept d’espace réunissant l'entièreté des pratiquants de la lusophonie date indubitablement de l’instauration de l’Empire listonien. Mais ce dernier ayant échoué dans l'agglomération de ces communautés, peut-on aujourd’hui espérer la reprise de celles-ci par une entité politique tutélaire susceptible d’incarner dans son ADN le plus profond, la lusophonie qui réunit sous cette pratique linguistique, pas moins d’une dizaine de nations ou provinces assimilées. “La nation qui espérera restaurer l’hégémonie de l’Empire listonien sur les anciennes colonies, indépendantistes ou non, ne pourra qu’être un des bastions de la lusophonie, afin de proposer les rouages ainsi que le cadre nécessaire à l’installation d’une dynamique portée par une administration commune à chacun” sous cette définition, il est permis de disqualifier d’office le Pharois Syndikaali, quant à sa capacité à incarner une légitimité quelconque vers l’harmonisation des anciennes terres impériales. En réalité, le Pontarbello dégage plus de sympathie au Porto-Mundo que ne saura jamais le faire le Pharois Syndikaali.

Alors si les traits culturels, l'héroïsme indépendantiste et le décolonialisme incarnés par le Pontarbello constituent trois socles fondamentaux à la construction d’une revendication vers l’hégémonie pontarbelloise sur les territoires lusophones mondiaux, le Pontarbello peut-il justifier d’une certaine réussite économique?

Le Pontarbello sous la gouvernance de la junte militaire de Sapateiro, recette d’un boom économique qui inspire.

S’il est un marqueur indiscutable de reprise économique, c’est bien la croissance du Produit Intérieur Brut analysée sur une période donnée. Car le PIB seul, compte tenu du flux de personnes pouvant intégrer ou quitter le pays ou du volume global d’habitants rattachés, n'apparaît pas comme une donnée entièrement fiable pour désigner ce qu’est une nation à l’ossature économique réussie de ce qui ne l’est pas.

Un pays de vingt-millions d’habitants qui passe d’un PIB de vingt à quarante milliards d’unités monétaires internationales (UMI $) pourra toujours se prévaloir auprès de sa population d’un meilleur moral et de changements significatifs au quotidien que le pays de trois millions d’habitants passant avec peine d’un PIB de cent milliards à cent-dix milliards d’unités monétaires internationales (UMI $). C’est le principe d’une notion d’évolution, qui détermine si une situation s’améliore, stagne ou se dégrade.

Dans le cas du Pontarbello, la situation économique est très bonne, considérant un PIB annuel par habitant fixé à un peu moins de 30 000 unités monétaires internationales (UMI $). C’est un niveau de productivité de richesse notablement supérieur à ce qui se fait en Aumérine, au Grand Kah, en Albel, au Bochizuela et même, au Porto-Mundo !

Mais au-delà de la réussite économique actuelle du Pontarbello, ce qui interpelle davantage encore c’est le (court) laps de temps durant lequel cette productivité exceptionnelle de richesse a été atteinte, faisant de la République d’Union Nationale du Pontarbello, l’un des pays les plus dynamique au monde sur le plan économique, si ce n’est le meilleur, avec une croissance économique de l’ordre +50% depuis l’arrivée au pouvoir du Général Leopoldo Sapateiro, en sortie d’indépendance et de décolonisation. “Un développement de la croissance économique supérieur à 50% constitue une performance inédite pour 99% des pays mondiaux. De quoi se faire un modèle inspirant pour les autres micronations, à l’instar du Porto-Mundo qui malgré une économie décente, ne justifie pas de cette réussite dans les mêmes proportions. A-t-il fait le choix d’un partenaire idéal? La voie poursuivie par le Porto-Mundo est-elle la plus favorable au dopage de sa croissance économique? La question reste entière face à la domination pontarbelloise en matière de productivité de richesse par an et par habitant.

La réussite économique du Pontarbello et de sa gouvernance, s’explique en partie par la capacité de cette dernière à dynamiser ses relations à l’international, là où le Porto-Mundo s’est contenté, sans vilain jeu de mots, de dynamiter les siennes par un assujettissement flagrant aux forces militaires pharoises. Un casus belli notable, pour les communautés lusophones mondiales qui ont combattu, politiquement et même militairement dans les cas du Pontarbello et du Kodeda, pour une émancipation des territoires.

Les déboires économiques du Porto-Mundo et le contexte inflationniste qui le touchaient sous l’égide de l’Empire listonien sont partis indiscutablement, mais remplacés par la présence permanente et pressante d’un contingent militaire étranger, obligeant les plus patriotiques des porto-mundois à se poser la question : que nous a réellement apporté l’indépendance?
L’épée de Damoclès qui régnait au-dessus de cette province esseulée est-elle vraiment partie? Ne faudrait-il pas amorcer les prémices d’une légion internationale lusophone, destinée à y combattre jusqu’à trouver au sein de cette province, un régime indépendant et libre de toutes les décisions? A ces questions le Pontarbello semble avoir déjà tranché, amorçant ce qui pourrait bien être les débuts de son casus belli pour la réunification des communautés de l’Empire listonien. Des communautés n’ayant pu recouvrir la réussite escomptée, y compris après avoir pourtant réussi leur détachement politique.

En définitive...
La République d'Union Nationale du Pontarbello, malgré toute l'imperfection du Général Leopoldo Sapateiro, est une entité politique nouvellement indépendante, jouissant de sa propre force armée, ce à quoi ne peuvent pas prétendre d'autres provinces pourtant "indépendantes" sur le principe, comme la République Hafenoise ou le Porto Mundo do Estreito de Pharos, dont la simple évocation du terme "Pharos" suffit à expliciter tout le malaise entourant cette pseudo situation d’indépendance.

Sur le plan économique, le Pontarbello justifie également d'un élan qui ne trouve pas son pareil dans les autres anciennes colonies listoniennes, conforté pour les années à venir par une politique étrangère tournée vers l'internationalisation de son territoire.

En matière d'affinités culturelles et considérant la réelle incarnation de l’indépendantisme par le Pontarbello et nul autre, il est dès lors aisé de noter comme le Pontarbello tend à devenir un point d'ancrage, une référence internationale, pour l'agglomération des échecs indépendantistes de l'Empire listonien, qui n'ont pour acquis ni la performance économique, ni les latitudes politiques des autorités pontarbelloise.
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1er août 2009 - Porto-Mundo : les données de l’observatoire international des migrations viennent alimenter durablement les craintes des nationalistes et des communautés lusophones.


Le Porto-Mundo, cette annexe du Pharois Syndikaali et du Tahoku.
Le demi-million d’immigrés appelé sur les terres du Porto-Mundo, province peuplée de seulement 1,8 million de lusophones avant la grande migration, est perçu comme un drame humain et sanitaire en puissance.


Accueillir un demi-million de personnes dans un pays d’1,8 million de citoyens, est-ce bien raisonnable? A quel moment un intellectuel pharois ou s’il n’y en a pas, un homme politique pharois (les deux n’étant notoirement pas compatibles paraîtrait-il) s’est dit : je tiens une bonne idée avec ça? L’avenir du Porto-Mundo sera-t-il dicté et écrit en tahokais, eu égard aux manœuvres migratoires soutenues par les pouvoirs publics locaux?

Le Porto-mundo et son 1,8 million d’habitants lusophones, ont vu débouler en 2009, pas moins de 450 000 tahokais, soit raisonnablement 24% de la population native dans le pays.
“J’étais assis à la terrasse d’un café, en train de croquer quelques biscottes pour le déjeuner quand ils sont arrivés, une douzaine de nazumans s’exprimant difficilement dans notre langue. Ils ont tourné et tourné autour de la carte, cherchant des photos, avant de me demander si j’étais miso soup… j’ai rien compris et j’ai bien vu que ça les agaçait. L’un d’eux a même croqué dans ma biscotte avant de me demander toujours si j’étais miso…” se désole l’homme qui s’est vu interrompre d’aussi brutale manière.

Concentration de communautés étrangères, oisiveté dans les lieux publics, saturation des services publics et autres prestations courantes dispensées par les commerçants locaux, pénurie de logements ou flambée des prix immobiliers, l’arrivée massive et inarrêtable de plusieurs centaines de milliers d’étrangers dans une aussi petite nation que le Porto-Mundo pose questions et plus dommageable encore, pose surtout des problèmes. Des problèmes d’ordre logistique pour commencer mais pas que, notamment ceux tournés vers les dimensions socio-culturelles.

Les données fournies par l’observatoire international des migrations ne permettent pas à ce jour d’identifier l‘étendue des dégâts causés par une arrivée aussi massive que celle-ci. Toutefois, considérant la part occupée par les tahokais au sein du volume global d’immigration en 2009, nous pouvons assimiler l’arrivée d’un volume de migrants égal à 24% de la population native, comme une source de déstabilisation démographique, économique et sociétale majeure pour le pays.

Et si les déclarations publiques relatives au Porto-Mundo, faisant état d’une présence militaire pharoise pour assurer la protection du territoire dans un pays où la constitution d’une armée nationale elle-même ne peut être envisagée, la venue de centaines de milliers d’étrangers non-russophones, dans une micronation telle que le Porto-Mundo, a de quoi faire passer tous les voyants au rouge des nationalistes ou simples lusophiles. Des craintes d’autant plus ravivées, qu’elles sont les conséquences directes des décisions prises par les autorités pharoises, qui n’hésitent plus à mentionner le Porto-Mundo comme un élément du Syndikaali. Un élément de langage assez grossier, qui fragilise un peu plus la position des autorités du Pharois Syndikaali, drapées sous leurs plus beaux atours d’impérialistes à en faire perdre la voix d’un tribun communiste loduarien.

Ces éléments de langage, même pas voilés par les autorités pharoises, viennent immanquablement poser une série de constats accablants pour la micronation lusophone, qui misait jusqu’ici sur des déclarations présentant l'impérialisme pharois comme pur élément de spéculation. Initialement, nous étions tentés de croire qu’il n’était question que de complaisance, entre les autorités pharoises et porto-mundoises, justifiant de fait un certain degré de rapprochement imparable. Mais la critique des autorités porto-mundosies s’est faite un constat amer, il y a connivence entre les classes politiques pharoises et porto-mundoises, pour nourrir le degré de servitude et de dépendance au Porto-Mundo.

Le Syndikaali pharois, détenteur exclusif de la force militaire au Porto-Mundo et artisan du projet migratoire outrancier qui entame largement le processus de grand remplacement des communautés natives lusophones, serait-il le vrai maître à court, moyen et long terme de la petite enclave décolonisée? Les nationalistes et lusophiles ont bien volontiers l’envie de crier non, mais les éléments s’accumulent et les craintes exprimées par la Fédération d’Alguarena et d’autres acteurs internationaux, tendent à se fonder sur une part de véracité de plus en plus palpable.

Ce faisceau d’indices convergents vers l’idée d’une implémentation du Porto-Mundo comme l’arrière-cour du Pharois Syndikaali, vient dresser un constat profondément sévère, quant aux aspirations indépendantistes qu’ils ont pu jadis nourrir après la décolonisation qu’ils ont su imposer à l’Empire listonien.

Aujourd’hui, la question que beaucoup pensaient répondue il y a quelques années, après la proclamation de l’indépendance porto-mundoise, refait surface, une conséquence directe des connivences et accointances développées entre le Pharois Syndikaali et ce que les citoyens porto-mundois eux-mêmes, pourraient identifier comme un état fantoche.

L’aventure indépendantiste nourrie par le Porto-Mundo face à l’Empire listonien, s’est-elle heurtée à l’infamie développée par le Pharois Syndikaali ? Le Pharois Syndikaali, une présence indésirable mais autant imposée que celle du rat dans l’arrière cour mal rangée ou mal entretenue, qui malmène les aspirations indépendantistes porto-mundoises grâce au maintien sur place d’une force armée écrasante et d’une politique migratoire digne d’un génocide, considérant les proportions de migrants entrants, destinées à remplacer ou à brassage l’héritage culturel des populations natives et lusophones qui occupent la province depuis plusieurs centenaires.

La présence de ces centaines de milliers de migrants, sur un territoire incapable de les accueillir, de les entretenir, donne une dimension nauséabonde très concrète au caractère décadent qui frappe aujourd’hui le Porto-Mundo dans ce qui fait son essence, son ADN : l’identité culturelle et les pratiques linguistiques locales.

En faisant venir des centaines de milliers de migrants que son petit pays ne saurait assimiler parmi ses populations, l’autorité porto-mundoise vient, et ce d’une façon des plus factuelles, démontrer le caractère nocif de sa relation aux accords de la Fraternité pharoise.
Dans ce contexte, les plus connus des lanceurs d’alerte en ligne veulent non plus démontrer que les doutes et les appréhensions développées par les nationalistes étaient non seulement fondées, mais également minimisées.

“Les politiques de défense et les politiques migratoires entreprises par le Porto-Mundo, nous offrent une lecture sans équivoque de la volonté annihilatrice actuellement développée par les autorités collaboratrices et le Pharois Syndikaali…” explique un nationaliste revanchard à notre antenne, jurant que le Porto-Mundo ne peut trouver son salut qu’à travers la libre expression des armes et du sang coulé des traitres ainsi que des collaborateurs. La politique de domination pharoise s’est aujourd’hui mêlée à une politique de répression des communautés natives du Porto-Mundo, que le Syndikaali Pharois vient conforter par la présence massive et quotidienne de centaines de milliers d’étrangers imposées, et dont les spécificités culturelles marquées viennent durablement transformer, certains diront même détruire, la société civile porto-mundoise et l’héritage lusophone qui s’y trouve.

Un procédé outrancier qui laisse craindre le pire, considérant le processus de remplacement amorcé auprès des communautés locales. En ligne, ces faits viennent alimenter les différentes sphères actives en marge du Porto-Mundo, tantôt des sphères complotistes, tantôt d’autres indépendantistes, où chacune rivalise d’idées noires pour décrire le devenir d’un Porto-Mundo en passe d’être défiguré. Il faut dire que les données chiffrées et incontestables, fournies par l'observatoire international des migrations, permettent une lecture scrupuleuse de la situation actuelle du pays et les différentes perspectives qu’il est possible de nourrir pour ce dernier.

L’arrivée massive de tahokais, une étape du grand remplacement pour asseoir l’emprise pharoise sur le territoire? Qu’on veuille le croire ou non, chacun est désormais tenté d’affirmer que la conjoncture actuelle tend à dépeindre l’avenir de cette couleur-là, à moins que les courants nationalistes et ceux souverainistes n’entrent dans une phase résurgente, à même se confronter physiquement et aussi violemment que nécessaire, aux administrations collaboratrices porto-mundoises ainsi qu’à ses maîtres installés au sein des autorités annihilatrices pharoises.

D’abord porté par les sphères nationalistes et souverainistes, ce mécontentement et parfois même ce cri sourd, pourrait à terme trouver de l’écho auprès des populations lusophones, y compris celles installées au Porto-Mundo, car l’arrivée massive de migrants, leur représentativité aujourd’hui fixée à 24% de la part totale des natifs présents, offre des opportunités quotidiennes et permanentes d’observer les contraintes et les contre-performances d’une telle politique migratoire, défendue par le Pacte de la Fraternité, un élément de législation pharoise, une nouvelle fois imposé aux autorités porto-mundoises, pourtant réputées souveraines. Preuve en est s’il le fallait, que les manœuvres pharoises sont aujourd’hui propices au lancement d’un profond déclin du Porto-Mundo lusophone. Une situation abjecte, que des parties prenantes locales sont désormais tentées de rejeter d’un même bloc, renvoyant dos à dos les pharois et l’immigration massive étrangère qui leur est imposée. “Ce brassage culturel, considérant les proportions dans lesquelles les autorités porto-mundoises et pharoises font venir des immigrés, n’en est plus. C’est le début du grand remplacement…” explique un porto-mundois inquiet de voir sans cesse et chaque jour, reculer les langues russophones et entamer concessions sur concessions dans les us et coutumes du pays, pour coexister avec les marées humaines de tahokais venues du Nazum avec l’aval et plus dangereux encore, l’appui, du gouvernement fantoche porto-mundois.

Un tableau peint de couleurs bien sombres pour le Porto-Mundo, et qui nous fait nous demander si les politiques migratoires développées par celui-ci, largement motivées par le Syndikaali Pharois ne s’inscrivent pas dans un plan de domination plus vaste, rendu possible par la véritable “casse culturelle” de ce pays, et l’inter racialisation des communautés qui y vivent.
Le schéma d'annihilation du modèle culturel lusophone porto-mundois, une nouvelle démonstration de l’impérialisme pharois à travers le monde? L’idée commence à trouver de plus en plus d’échos parmi les populations lusophones confrontées aujourd’hui à un quart de la population nationale comme migrante.

“Outre la fracture culturelle, ce panachage excessif des populations implique des déséquilibres nombreux, tant sur la disponibilité des logements, que le prix de ventes de ceux qui le sont. On a fait venir près d’un quart de la population nationale, en moins de deux ans, sans avoir les ressources logistiques et immobilières pour les accueillir. Je vous le dis et je n’en ai pas honte, ce qui se passe au Porto-Mundo est un acte génocidaire, perpétré avec l’aval des autorités locales et de la main grise de Pharot, qui dirige le pays dans l’ombre et morcelle notre identité nationale résiduelle…” s’affole un homme ayant depuis monté une association et une amicale des souverainistes porto-mundois.

A son discours, se joignent les pensées noires et les colères muettes d’autres porto-mundois, mis devant le fait accompli d’une immigration massive et “incontrôlée”, bien qu’elle soit savamment voulue par les autorités administratives locales. Un jour, alors que Ricardo entamait de nouvelles prospections pour trouver un nouveau logement et sortir définitivement de sa location, son agent immobilier qui le suivait sur ce projet l’avertit que les deux biens disponibles à la vente et qu’il s’apprêtait à visiter demain n’étaient plus disponibles. En cause, les propositions de rachat émises par des ressortissants et des regroupements familiaux tahokais qui, collectivement, avaient réuni les cagnottes suffisantes pour émettre des propositions d’achat au prix de vente annoncé.

“C’est dégueulasse, ça fait six mois que je recherche ces biens, et là vous avez des hordes étrangères qui débarquent, se réunissent par groupes de dix, quinze et parfois même vingt individus, pour acheter un bien destiné au meilleur cas, pour une capacité d’accueil réelle de cinq personnes max… Vous ne pouvez pas lutter et la faible disponibilité actuelle des logements au Porto-Mundo, rend ces mutualisations de moyens et de financements, imparables pour les familles normales comme nous… Ma femme et moi, on en a gros sur la patate. Les soldats pharois au Porto-Mundo étaient suffisamment, s’il faut en plus s’imposer la présence de communautés étrangères, représentatives d’un quart du pays et susceptibles de faire main basse sur l'entièreté des logements disponibles sur les marchés immobiliers, ça va pas le faire…”

Des déclarations amères, qui confortent l’idée selon laquelle la xénophobie pourrait se voir ouvrir les portes du Porto-Mundo, par des actions mal assurées du gouvernement local, et le déclin socio-économique du pays au profit d’un développement démographique exponentiel, voire dangereux. Il faut dire que le Porto-Mundo a une sensibilité toute particulière, aux actions étrangères, qu’elles soient d’ordre étatique ou focalisées sur les individus, et susceptibles d’être perçues comme une acte de colonisation.

Dans le cas présent, le maintien au Porto-Mundo de forces étrangères exclusives, pour assurer la “défense” militaire d’un territoire que l’on jure indépendant, mêlé à la présence forcée de communautés étrangères massives et innombrables, qui dénature l’ADN même de ce territoire en quête d’une identité culturelle et nationale, passe nécessairement mal. “On ne se sent plus chez nous” conclut un citoyen à l’expression du regard complètement désabusé. “ça agace” nous souffle un autre “et c’est vraiment devenu peu de choses que de le dire…”
La parcellisation de l’identité nationale porto-mundoise, actée par les arrivages multiples et dénaturant de communautés étrangères, principalement tahokaises, constitue une vaste machination tournée vers la dépossession territoriale des porto-mundois, largement aidée par l’incapacité des autorités locales, à entretenir une force militaire indépendante des gouvernants pharois.

Un sentiment de recul permanent, tant sur les aspects économiques que culturels, qui nourrit la flamme de la rébellion soufflée par les rumeurs de perspectives bien funestes pour ce que fut et aurait pu être le Porto-Mundo indépendant.

“Quand je constate, par des institutions internationales, que les données démographiques du Porto-Mundo font état de l’arrivée de centaines de milliers d'individus étrangers, que l’on ne peut loger, entretenir et même simplement accueillir, en un temps record, j’ai peur pour mon pays.” Un pays qui va en effet se voir greffer, un quart supplémentaire de sa population nationale, de quoi générer d’importantes situations pénuriques, à commencer par les logements, mais aussi les conditions d’accès aux soins et aux services publics de l’ensemble du territoire, largement non préparés à l’arrivée soudaine et dense de ces flux migratoires en provenance d’horizons divers. Alors que la presse pharoise venait s’émouvoir de l’arrivée de quelques dizaines de milliers d’immigrés alguarenos au Pontarbello, les médias et auditeurs du monde entier n’ont manifestement pas encore matière à connaître son analyse de la grave crise migratoire et derrière elle, démographique, qui frappe le Porto-Mundo.

Une chose est sûre, le demi-million de migrants tahokais arrivé au Porto-Mundo constitue une immigration davantage quantitative que qualitative, là où les quelques dizaines de milliers de migrants alguarenos, avaient encore la possibilité après leur arrivée d’intégrer des actions et des parcours de formations professionnalisants.

En effet, quels organismes de formation suffisamment nombreux pourraient accueillir des centaines de milliers de travailleurs tahokais, en sus des stagiaires porto-mundois déjà engagés dans une démarche de professionnalisation par la formation? L’arrivée intensive de ces migrants semble donc, de l’avis général, condamner le pays à un peu plus de misère et d’oisiveté. Dans ce contexte, défendre les opportunités économiques conférées par l’arrivée de ces (très nombreux) migrants ne fait plus sens et les craintes se cumulent.

Considérant le jeu trouble des pouvoirs publics, le rayonnement du Porto-Mundo à l’international et derrière lui, celui de la lusophonie résiduelle et issue de la décolonisation listonienne, semblent encore en grandes difficultés. Les colonisateurs semblent en effet se succéder, différemment drapés mais immanquablement présents, au sein d’un territoire que beaucoup semblent venir vampiriser. Au joug listonien se succède donc le joug pharois et désormais tahokais, véritable cheval de Troie d uPharois Syndikaali pour venir découvre l’identité nationale porto-mundoise et se prévenir d’une nouvelle, mais véritable aspiration à l’indépendance, trop partiellement satisfaite de la décolonisation listonienne.

Outre le contexte difficile en approche, la difficulté principale réside également dans la faculté des autorités administratives porto-mundoises et du gouvernement pharois, à présenter un avenir idéalisé voire prometteur, alors même que les démonstrations précédentes, tendaient à présenter d’une façon durable, les crises démographiques, économiques et culturelles en devenir… "La capacité des autorités porto-mundosies et par extension pharoises, à présenter une situation interne idéale et prometteuse, exaspère tout autant si ce n'est plus la population porto-mundoise, que la crise seule...

Le Porto-Mundo, cette annexe du Syndikaali Pharois au bord de la rupture.

Au grand damn des personnes qui se sont faites enthousiastes à l’idée de connaître le Porto-Mundo indépendant de leur vivant, elles se sont manifestement trompées de siècle, ce n’est pas pour 2009, eu égard aux faits préalablement cités.

Si en apparence, il est toujours possible de dire que les porto-mundois jouissent d’un PIB annuel par habitant confortable, ou pour le moins honnête, la capacité du pays à produire de la valeur brute ne doit pas faire oublier les conditions de vie et la satisfaction des besoins essentiels sollicités à l’intérieur de son territoire. Compte tenu des flux migratoires importants ayant frappé le Porto-Mundo, non sans les actions complaisantes de son gouvernement, il est permis de croire que les besoins nationaux, en matière d’électricité, de couverture énergétique, d’alimentation, de logements, d’emploi, sont nécessairement durement touchés par l’accroissement démesuré de la population locale.

Réussite économique? Pour l’heure, l’inverse reste à démontrer nous sommes d’accord mais la proportion grandissante des minorités ethniques et culturelles présentes au Porto-Mundo tend à faire valoir des lacunes sociales et culturelles croissantes, qui impacteront nécessairement la qualité de vie des minorités et par extension des populations natives, au sein du pays.
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La crasse

A Porto-Mundo, il fallait l’admettre, l’heure était au choix : celui entre deux barbaries, deux violences, dont l’une avait pour elle ce qui manquait à l’autre : d’être justifiée et, sinon légitime, au moins entendable. Car la situation, on le sait bien, ne pouvait que se dégrader si laissée seule, et les accords passés entre le port libre et le « grand frère Pharois », qui le temps passant ne s’était montré ni particulièrement fraternel, ni particulièrement grand, s’assuraient que cette situation, si sale et dégradée, puisse continuer seule à se décomposer pour le pire. Comme une plante qui, croissant à mesure qu’on la nourrissait de mensonge et d’eau, offrait des fleurs dont le bourgeon même sentait le pourris, la déliquescence. Un genre de venin qui suintait de ses feuilles : autant de promesses déçues. Et à terre, les graines d’un futur bosquet, qui si on lui laissait le temps de se développer, deviendrait bien plus difficile à déraciner que ne l’était cette pauvre, sale plante, encore jeune, encore fragile.

Plus pour longtemps.

Les hommes et femmes du Syndicat des Brigades avaient derrière eux l’expérience de plusieurs vies, et d’une importante bibliothèque théorique, sans cesse complétée et mise à jour, réécrite à l’aune des dernières découvertes des théories : celle de l’insurrection, de la lutte par tout les moyens, de l’antifascisme dans tout ce qu’il pouvait avoir de bon enfant et citoyen et de, plus fréquemment et plus souvent nécessaire, violent et destructeur. On avait tout observé, des premières communes aux indépendances coloniales, des batailles perdues aux victoires récentes. De Kotios aux derniers attentats de Laorte, tout était observé, connu, assimilé. On avait réalisé le vieux fantasme des professionnels de la révolution, une race patiente et motivée, dont la réflexion comme l’action était entièrement guidé par l’apprentissage de cette fonction si souvent laissée à des amateurs : celle de la libération politique - donc totale et absolue - des citoyens présents ou à venir. Ils étaient venus. Initialement en petit comité : une simple brigande de trois-cents volontaires, voilés sous le secret communal et passant pour de braves petits experts de tout ordre, utiles à la société d’un jeune port libre qui cherchait encore sa voie dans un océan où tous les marchés étaient peu ou prou occupés par d’autres. Puis ce fut une autre brigade, et une autre. Et une autre. Plus de mille kah-tanais débarquèrent sur les côtes de ce port. Locuteurs lusophones et généralement diplômés, ils n’eurent aucune difficulté à ravaler leur célèbre politisation et à s’intégrer là où on avait besoin d’eux : ils croyaient à l’entrisme et, surtout, à la discrétion. Certains étaient asiatiques, aisément camouflés aux yeux d’une autorité post-impériale pas moins raciste que son ancêtre, au sein des masses nazuméennes arrivés dans le même temps. Les autres, passant pour de bons eurysiens, se faisaient aisément oublier, de telle façon que pour beaucoup, l’origine kah-tanaise de ces gens n’allait pas toujours de soi, passé l’accent parfois chantant de ces gens qui, en même temps que le portugais, avaient appris le syncrelangue.

Comment imaginer qu’autant de docteurs, techniciens, professeurs, ouvriers, contre-maîtres, communiquants, gens de bien et ttravailleurs honnêtes, puisse s’avérer être, par bien des aspects, autant de poseurs de bombe. Oh ils n’avaient pas le nombre pour eux, et n’envisageaient pas l’insurrection totale de la ville. Ici ce n’était pas Kotios, bien qu’au rythme où allait les choses, la distinction entre le port-libre et la dictature Francisquienne pourrait s’établir, aidée par la distance du temps, de la géographie, et la colère d’une population aux aspirations frustrées. C’était surtout cet aspect qu’il s’agissait d’entretenir pour le moment. D’une dictature à l’autre, le peuple était facilement étouffé. Comme au Pontarbello où la révolution « populaire », menée par une armée étrangère au service de quelques uns avait balayé toute prétention populaire au profit d’un quarteron d’individus dont le pantomime étatisant ne suffisait toute fois sans doute pas à étouffer toute vie de la société. Les médias n’en parlaient pas. Ici, c’était un peu différent. La présence Pharois imposait une certaine ouverture sur le monde et, ainsi, on savait qu’il existait un mécontentement. Réduit, écrasé par des moyens légaux quand la corruption seule ne le permettait pas. Tout de même, mécontentement exploitable et, comme une braise pouvait donner un grand feu, en mesure d’assurer aux révolutionnaires le succès de leur opération. Cela, au moins, ils n’en doutaient pas. En ça aussi que le temps était de leur côté, car leur patience était infinie, et la lutte sociale moins une question d’impact et d’instant que de longévité de la lutte : il y avait de toute façon de nombreux angles d’attaque qui, tous, prendraient du temps. Au moins se répondaient-ils.

On avait pas encore commencé à travailler activement sur ce que l’on appelait silencieusement et à mots couverts l’illumination de la région. Ou, en d’autres termes, son inclusion corps et bien dans l’espace Pharois, libertaire, qui avait ici manqué à sa mission première, l’illumination, en laissant la principauté d’un seul étouffer l’espace et ériger un régime d’oligarchie aventurière dont la stabilité dépendait largement du bon vouloir d’un voisin absent pour de mauvaises raisons. En effet, on ne pouvait pas encore commencer à travailler au changement de la situation, pas tant que la situation sur place n’était pas devenue totalement claire aux yeux des agents de la sédition. Car si l’on savait par exemple qu’il se trouvait une gendarmerie armée et aux ordres du Pouvoir, on ne savait pas de quels moyens celui-là disposait en termes de renseignements. Il était tout à fait possible qu’il jouisse d’un soutien limité du C.A.R.P.E.S, mais celui-là était-il seulement partisan de son maintient en place, ou ne le protégeait-il que par obligation envers la fédération à laquelle il appartenait légalement ? Peut-être que c’était encore autre-chose, un réseau informel d’influences et d’informateurs. Les cafteurs habituels : fachos, royalistes, désargentés, fonctionnaires et professeurs. Les bourgeois chics et fortunés qui s’accommodent du régime tant que celui-là s’accommode de leurs propriétés. Quelques secteurs de la société, au moins, devaient échapper à cette surveillance : ceux que l’on surveillait le plus, justement. Par un paradoxe tout à fait expliqué, les milieux ouvriers étaient à la fois les plus espionnés et les moins compris par les organes de pouvoir : en effet, c’était une chose bien connue, il s’y tramait toujours un mécontentement latent, qui faisait dire à ces milliers d’individus laborieux des choses qu’on aurait jugé condamnable dans la bouche d’un bourgeois. La masse négligée des « sans-dents », et autres compagnons de misères, avaient le droit de se moquer du pouvoir, de le vomir, de le caricaturer et de s’amuser de lui en ça qu’on ne lui prêtait de toute façon aucun pouvoir qu’une vive et rapide action de la police n’aurait permise d’éliminer promptement. Là était toute la finesse à adopter : en se mêlant à ses milieux on pouvait, d’une certaine manière et avec beaucoup de tact, prendre la température, motiver et pérenniser la colère, sans que le discours apparent ne change, de premier abord. C’était un équilibre à trouver, subtile exercice de funambulisme. Mais pour tous les autres milieux, c’était plus compliqué, et avant d’édifier la contestation il fallait déjà commencer par prendre connaissance des risques. Pour ça, on avait déjà quelques pistes.

Déjà, la dictature ne s’était pas érigée dans le silence sépulcral d’une société civile morte. C’était, pour ainsi dire, tout le projet d’un gouvernement qui avait dû, à chaque étape, châtier et imposer à chacun le retour dans le rang. Il se trouvait donc quelques groupes et individus clairement désignés comme protestataires, tenant d’une opposition éclairée et gentillette, prompte aux manifestations inutiles et discours larmoyants sur la liberté. Ces gens, clairement surveillés, représentaient une terre pas tout à fait glaise, mais tout de même apte à offrir quelques portes d’entrée pour quiconque souhaitait en apprendre plus sur la situation politique et celle de l’opposition. Du reste, ces gens avaient sans doute développé leurs propres sagesses et, malgré le niveau de surveillance attendu, de méthodes pour éviter l’espionnage, la répression, comprendre et connaître les mesures légales et opérationnelles viables pour tenter de militer avec un succès tout relatif. Il fallait donc les contacter. Les kah-tanais ne souhaitaient évidemment pas se mouiller, et moins que tout encore, passer pour de mauvais citoyens. Ils agissaient à l’aide d’intermédiaires, d’agents, mais prirent contact et, d’une certaine façon, apprirent ce qu’il y avait à apprendre. Dans le bruit médiatique tonitruant que provoquaient les affres de ces précieuses ridicules Alguarenos, dont le plastron brillant de médailles usurpée semblait attirer toute l’attention du gouvernement local, les risques moins indépendantistes et clairement identifiés jouissait à priori d’une plus grande largeur d’action. Pendant que des journaux en langue étrangère, publiés depuis de lointaines officines paltoterrnnes, essayaient de convaincre une population franchement cosmopolite qu’elle serait, en fait, raciste depuis toujours, l’État ne regardait pas celles et ceux qui se mouvaient en silence, évitaient de publier chaque reproche, d’agiter comme un chiffon chaque envie de déstabilisation et chaque vague début d’idée ou de théorie politique, totalement détachée de la réalité, sur le pourquoi et le comment des dysfonctionnements imaginaires de la région. Effort ridicule dans une région qui souffrait pourtant de vrais soucis, étonnamment oubliés par ceux qui, peut-être, ne pouvaient pas pointer du doigt la dictature puisque la protégeant d’autre-part. Ce bruit, ce brouillard de guerre, ce véritable don du ciel pour les brigades, leur permirent peut-être de procéder plus vite et librement qu’elles l’auraient fait en temps normal.

Après quelque temps et la réflexion qui s’imposait, on commença ainsi des réunions. L’excuse était toute trouvée : entre gens d’une même communauté, et bien intégrés de surcroît, il n’était pas suspect de se rassembler pour boire du mâté à la paille, comme à la maison, ou discuter politique kah-tanaise, sortie culturelle, ainsi de suite. Au cas échéant, on avait tout ce qu’il fallait pour provoquer un scandale au racisme d’autant plus bruyant que si le faible État Pharois refusait d’ingérer dans les affaires de son petit dernier, la population, elle, avait sans doute quelques sentiments amicaux pour les libertaires paltoterrans. Sentiments pouvant tout à fait se retourner contre quiconque le premier viendrait intervenir, en tenue de gendarmerie, dans une réunion d’expatriés paisibles, buvant leurs boissons chaudes, discutants dans leurs jolies langues chantantes, tenant dans la main quelques versions internationales d’un titre prestigieux imprimé dans la plupart des pays du monde. Enfin allons, monsieur l’agent, cette porte ne va pas se réparer toute seul et, pour tout dire, je trouve ça un peu suspect que vous veniez nous déranger dans ce qui, vous l’avez constaté, n’a rien d’illégal. Est-ce à cause de notre accent ? De notre couleur de peau ? De notre origine ? Nous qui pensions les pharois, si listonien fussent-ils, débarrassés de ces vieux préjugés. Pire encore, nous qui les pensions nos amis. Non, ce serait l’embarras total pour tout le monde, car il faudrait dès-lors admettre que la région n’avait en fait pas grand chose de Pharois, et alors quelle terreur se déchaînerait dans les rues de la part de la droite, ou reprocher à Porto Mundo de profiter des libertés qu’on lui avait laissées en toutes connaissances de causes.

Anonyme avait écrit, dans l’un des nombreux textes qu’il a rédigés au cours des deux derniers siècles, qu’il faut savoir « Faire scandale », en réaction peut-être aux premiers médias de consommation courante et de diffusion massive. Il avait parfaitement raison, et a de plus en plus raison à mesure que les médias sont de pus en plus courants et leurs diffusions de plus en plus massive.

Faire scandale, mais en cas utile uniquement. En attendant, le doigt sur la bouche et à pas feutrés, silence et analyses. Il fallait comprendre les enjeux de la région. Car on avait quelques pistes d’actions.

Naturellement le pouvoir tout entier tenait sur la personnalité seule du dictateur local. Ce dernier, enfin, tenait sa position de l’inertie des choses, d’accords avec le Pharois, et de sa cours, pandémonium de tout ce que le Pharois avait d’oligarques déplaisants, échoués ici comme une nuée de rats quittant le vermine pour répandre la peste sur les terres alentours. Vraiment, il y avait-là quelque-chose à creuse. N’était-il pas vrai qu’au sein du Pharois, les affrontements entre individus, entre équipages, entre pirates, étaient fréquents ? N’était-il pas vrai que certains de ces individus, équipages, pirates étaient de purs opportunistes mais d’autres, pour le pire comme pour Kotios, de fervents idéologues ? Puisque des pirates profitaient de la situation locale, on devrait pouvoir en trouver souhaitant en profiter plus librement encore, ou dont les convictions personnelles s’arrangeraient assez peu à la situation politique locale. On avait parlé, beaucoup, de Kotios et de sa flotte noire. Il était évident que jamais Porto Mundo ne serait une nouvelle Kotios. Ce n’était pas le projet et la population locale s’y prêtait assez bien. Mais on pourrait peut-être trouver de l’aide chez les pirates. Tueurs à louer, coutrebandiers de tout ordre. Jusqu’à où pouvait-on tirait sur la corde, tant que l’on n’attaquait pas la base militaire Pharoise ? y avait-il une limite à la violence si elle n’impactait pas les raisons de la présence du Syndicat ? Celui-là était-ici pour de mauvaises raisons, certes, mais il ne serait sans doute pas près à sacrifier plus d’efforts que nécessaires pour protéger un régime qu’il ne faisait en somme que tolérer.

Ainsi-donc, et puisqu’il le faudrait, on en appellerait à la violence. Au meurtre, peut-être au massacre. Mais ciblé.

Après tout c’est bien connu : les fascistes font sauter des gares. Les anarchistes, eux, tuent des préfets. Un terrorisme assumé, mais ciblant moins la société que ses oppresseurs. Certains pleureraient les maîtres. Ce pourquoi on commencerait par les rendre détestable. Pointer du doigt l’horreur de l’oppression, générer l’injustice face à l’impunité de ses acteurs. Les tuer.

Et Porto Mundo fleurira. Cette-fois, en quelque-chose de beau.
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A Porto Mundo, Mainio parvient à placer l'un de ses hommes à la tête de la base militaire

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Brève information qui n'intéressera que les intéressés mais le Capitaine Jouni qui tenait jusque-là le commandement de la base militaire pharoise de Porto Mundo a pris sa retraite. Il sera remplacé par le Capitaine Aaro. Une promotion qui peut surprendre puisque Aaro est lui-même un officier assez âgé et qu'on attendait pour remplacer Jouni quelqu'un de stable et disponible sur le long terme afin de pérenniser les positions pharoises sur place. D'aucun verront dans la désignation d'Aaro l'un des derniers actes de l'ère Mainio, alors que les élections sont sur le point de débuter, avant que celui-ci ne doive remettre son ministère en jeu.

Le Capitaine Aaro est en effet un proche du Capitaine Mainio et ont, à une époque, vogué de concert. Leur amitié est connue et Aaro fut pendant plusieurs années conseiller militaire aux affaires étrangères. Un homme de l'ombre du ministre des Intérêts internationaux, en quelque sorte.

Officiellement, il s'agit pour Porto Mundo de renforcer à moyen termes sa capacité de formation en doublant les effectifs formés chaque année qui devaient passer de 100 000 réservistes à 200 000. Pourtant, dans un contexte de tension, où plusieurs escarmouches ont déjà commencé au large entre les factions militarisées des partis en concurrence, et alors qu'un scandale nationale frappe le Parti du Progrès et son porte-parole, beaucoup veulent voir dans la nomination du Capitaine Aaro une mesure d'intimidation de Mainio vis-à-vis de ses adversaires politiques.

En posant une force militaire conséquente et fidèle à Porto Mundo, Mainio se donne potentiellement les moyens de fermer le Détroit, ou du moins de couper la retraite d'une éventuelle tentative de déstabilisation venue de la faction pirates ou de l'armée rouge, devenue centrale depuis l'ouverture des hostilités au Prodnov.
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