02/06/2013
02:01:57
Index du forum Continents Eurysie Théodosine

Activités étrangères en Théodosine

Voir fiche pays Voir sur la carte
405
Activités étrangères en Théodosine

Ce topic est ouvert à tous les joueurs possédant un pays validé. Vous pouvez publier ici les RP concernant les activités menées par vos ressortissants en Théodosine. Ceux-ci vous permettront d’accroître l'influence potentielle de votre pays sur les territoires locaux. Veillez toutefois à ce que vos écrits restent conformes au background développé par le joueur de la Théodosine, sinon quoi ils pourraient être invalidés.
3526
https://media.discordapp.net/attachments/1063973231838625894/1154347214764789771/craiyon_233043_an_illustration_representing_the_concept_of_capitalism.png?width=384&height=384

valde interest


C'est bien connu, le peuple de l'Empire du nord aime l'Histoire. Il baigne dans une culture artistique omniprésente aussi et comment passer à côtés des oeuvres helléniques et le rayonnement culturel passés de l'Empire Rémien. L'Empire a un but, dominer. Il veut étendre son influence et pouvoir gagner en puissance. Le tourisme, le commerce et la diplomatie sont des outils privilégiés pour cela et à l'annonce de l'ouverture de certains pans de l'économie rémienne à la privatisation, qui accourt ? L'Union Commerciale et Industrielle des Corvidés ou : le Murmure des Corbeaux. Dans ce cas-là, l'image est aussi saisissante qu'avec le Rousmala ou le Gondo, une économie en berne, un pays en crise, la criminalité explose et un charognard vient picorer la carcasse. Mais l'entreprise est bien plus subtile, il faut soigner cette proie blessée pour qu'elle reprenne des couleurs, qu'elle ait descendance et que le corbeau puisse avoir encore plus de proies sur plusieurs générations et des proies bien plus nutritives. Mais cessons quelques instants les métaphores. Quel est le plan de l'Empire ? Bien sûr, le cocktail habituel, les ONG pour s'attirer les faveurs de la population, la prise de contrôle de l'économie avec pots de vins et renouveau de cette même économie pour séduire les commerçants, les entrepreneurs... Et enfin, la grande corruption. Pas la corruption portuaire entre un gardien et un pécheur, la corruption impériale ! Négocier tourisme, diplomatie, commerce et pacte sécuritaire. Avec, dans l'Empire du Nord, une population qui a un pouvoir d'achat en plein développement, le tourisme est une activité de plus en plus lucrative.

Première étape : une base solide

Afin d'avoir des bases pour commencer la conquête de Théodosine, l'Empire compte sur la nouvelle élite culturelle comme politique. Un travail sur le long terme passe par l'éducation. Rependre les principes et dogmes nordistes peut-être un excellent moyen d'avoir plus de contacts et de former des étudiants à notre cause. Pour cela, la société universitaire écran de l'UCIC : les Universités Dorées. Universités très prestigieuses dans l'Empire et ayant un rayonnement seulement aleucien pour le moment, l'UCIC pense qu'un pays comme Rème est déjà apte à recevoir de grandes universités, à la différence de pays peu éduqué comme le Gondo. Économie libérale, moeurs souples, régime hybride, comment transformer la société impériale profondément, sinon en instruisant sa population. Le premier investissement sera donc la construction d’une université internationale à Théodosine. Les fonds seront débloqués via les bénéfices de la société.

Deuxième étape : campagne marketing agressive

Les campagnes de marketing sont très importantes pour l'UCIC. Affiche, publicités télévisées, radios, journaux, panneaux d'affichages... tous les moyens sont bons pour que les gens se souviennent de nous quand ils achètent, investissent... Il faut se positionner stratégiquement pour cela. Un endroit que beaucoup de monde côtoie. Un endroit où tu n'as rien d'autre à faire que d'observer ton environnement : les transports en communs. Nous avons vu ça dans les dernières cible du Murmure des Corbeaux. Au Gondo, dans la province la plus proche de l'Empire, des lignes de bus ont été mises en place en ville comme en campagne afin de transporter les habitants et pouvoir faire leurs pubs. Des affiches sur les portières, des messages radios à l'intérieur du bus... Même plan pour Théodosine. Le bus et le tramway sont des transports durables, pratiques et accessibles à une grande partie de la population. Peu chers et permettant une plus grande mobilité dans une ville surpeuplée, cela donne aussi des opportunités de travail supplémentaires pour les habitants. Que ce soit pour pouvoir aller plus loin, pour travailler, ou installer ces transports ou les entretenir et les faire fonctionner, c'est une chose efficace pour s'attirer les faveurs de la population.

Suite au prochain épisode....
2588
La croisière s'amuse part.1

Canal de Théodosine


Alors que le trafic maritime bat son plein près de la côte de Théodosine un paquebot de taille respectable s'avance vers le port. Un vaisseau comme celui-ci est plutôt normal dans le coin et pour la ville rémienne, voir passer ce genre de monstre, fendant les mers vers l’isthme d’Apamée et la Mer des Bohrins, n'est pas une chose inhabituelle.
Mais les passagers de ce vaisseau à l'allure paresseuse tant il paraît lent à se mouvoir ne sont pas des touristes comme les autres, ce ne sont d'ailleurs pas des touristes tout court, et les imaginer en simple pérégrin serait faire une grossière erreur.
Le ventre du mastodonte des mers s'ouvre et laisse passer un individu trapu, le crâne dégarni bien qu'encore pourvu de quelques cheveux bruns formant une couronne sous le haut de son crâne complètement chauve. Vêtu d'un pantalon en lin et d'une chemise à moitié ouverte et avec les mains retroussée, ce nouveau sexagénaire a l'air amical et arborant un large sourire ne permettant toutefois pas de laisser échapper son panatela, signe d'un habitué de la consommation de cigare, semble tout à fait amical. Il semblerait même inoffensif, que pourrait-on craindre d'un jeune retraité venu passé du bon temps sur une croisière luxueuse afin de fêter la fin d'une longue carrière ?
Encore une fois, ne vous fiez pas aux apparences. Dans le milieu où navigue et excelle cet homme, la dissimulation, le maquillage et le mensonge est roi.
Par exemple, le bateau qu'on pourrait penser plein à craquer de touriste est en fait presque vide. En fait, il n'y a que l'équipage, le personnel, le fumeur de cigare et les gardes du corps de ce dernier, un voyage sans protection étant inenvisageable quand on s'appelle Ampélos Artaga et qu'on est l'un des pontes de l'Organizacion.

Le chef du clan des marins, tire un peu sur son cigare avant de le sortir de sa bouche, de recracher la fumée et de se remplir à nouveaux les poumons cette fois avec l'air frais théodosien. Cette fin d'après midi d'été lui rappelle les docks de Baltos qu'il a du quitter momentanément pour ce voyage d'affaire. Car oui, Artaga n'est pas venu ici pour profiter des plages ou partir en excursion dans la vieille ville mais bien pour faire du business.
Il attend en effet une délégation bien particulière qui ne devrait d'ailleurs pas tarder à arriver.
Deux belles limousines s'engagent alors sur le dock menant au bateaux. Ces dernières s'arrêtent juste devant l'embarcation. Artaga se retourne alors et fait un signe en direction du commandant de bord installé dans la la timonerie. Une énorme planche s'abaisse alors et les limousines s'y engouffrent aussitôt, suivies par Artaga.
Une fois à l'intérieur, les conducteurs se précipitent pour ouvrir les portes aux six personnes de chacune des voitures. Une fois les douze individus sortis, Artaga s'exclame :

"Merci à tous d'être venus si loin de notre chère ville baltos, je sais que beaucoup d'entre vous n'ont pas l'habitude de s'absenter aussi loin et longtemps de leur business mais croyez-moi, ça en vaut le coup."
4147
La croisière s'amuse part.2

Chacun des douze autres chefs de clan avaient une personnalité particulière et un tempérament plus complexe les uns que les autres mais surtout, ils avaient un égo surdimensionné, et Ampélos Artaga ne le savait que trop bien. Le chef du clan des marins avaient appris à jongler avec les forts caractères de ses homologues, le plus important était en fait de faire comme si la personne à qui il s'adressait était la plus importante dans la pièce, que tout passait par elle et qu'elle était, de facto, indispensable. Artaga se débrouillait à merveille, il suffisait de voir comment il avait salué les autres caïds.
Il avait passé trente bonnes secondes avec chacun d'entre eux, les prenant dans ses bras, les congratulant le tout avec un sourire presque enfantin. Mais malgré ses jolies attentions, Artaga sentait bien que les autres pontes n'étaient pas particulièrement réceptifs aujourd'hui. D'ailleurs, quand vint le tour de Medusa Apostoldi, cette dernière s'écarta brusquement de l'étreinte d'Artaga et s'exclama :

"Enfin, Ampélos à quoi tu joues ? Tu nous a fais traverser la Leucytalée pour faire des papouilles ? Dans ce cas je suis sûr qu'on aurait pu faire ça à Baltos"

Artaga abandonna alors son habituel sourire, sans doute un peu vexé de cette soudaine saute d'humeur de l'une des plus acariâtres des dirigeantes claniques. Il est vrai que Médusa Apostoldi n'est pas du genre à s'abandonner à la tendresse. Ce caractère aigri, elle le tient de sa famille, tous ceux qu'Artaga a connu étaient comme ça. Les Apostoldi étaient d'anciens membres éminemment importants du clan des marins, que dirige aujourd'hui Artaga. Seulement, après des tensions internes un conflit éclata en 1944, on s'en souvint d'ailleurs comme de la première guerre des clans. Cette guerre se termina par l'exil des Apostoldi qui durent alors partir du port qui constitue le territoire des marins pour aller recréer un clan un peu plus haut dans la ville. Artaga avait souvent imaginé que c'était à cause de cette histoire pourtant très ancienne que les Apostoldi étaient comme ça avec lui puis après en avoir discuté avec d'autres il en avait conclut que cette famille là était condamné à l'acerbité.
"Bien, Médusa a raison. Je vous dois en effet quelques explications sur notre présence ici. Mais avant ça je vous propose d'aller nous installer dans un endroit plus confortable qu'ici, une table nous attend dans la salle de réception du bateau."

Une fois installé confortablement dans un fauteuil en cuir autour d'une table ronde Artaga entama alors son explication.
"Tout d'abord, je voudrais tous vous remercier d'être venu. Le fait qu'on puisse tous s'asseoir autour d'une table entre chefs de clans et que nous puissions mener un dialogue constructif est en temps normal quelque chose d'assez exceptionnel, il faut donc le préciser, même si cela commence à devenir une bonne habitude. Je pense évidemment aux accords que nous avons tous conclu concernant la création d'un pied à terre commun à tous les clans de l'Orga au Burujoa ainsi que pour l'infiltration dans la forêt de Pâdure. D'ailleurs, Oscar, as-tu des nouvelles d'Archibaldo Hernantes ?
Archibalo Hernantes était le chef du pseudo groupe de sécurité de l'expédition menée par l'entreprise Angelico Nero dans la forêt nazuméenne de Pâdure. Le groupe de sécurité étaient en fait des mecs de l'Orga chargés de recueillir les informations sur cette mystérieuse forêt et de pourquoi pas doubler ceux qu'ils étaient sensés protéger. Un petit homme très âgé pris la parole, c'était Oscar Viscomi, illustre chef du clan du Centre. Le centre est l'un des clans les plus puissants, ayant réussi à s'infiltrer jusque dans les plus hautes strates de la société youslève, c'était eux qui avaient eu la responsabilité de glisser à l'oreille du magnat commanditaire de l'expédition à Pâdure le nom de la société de protection factice créée de toute pièce par l'Orga.
"Effectivement, nous avons eu des informations positives. Aux dernières nouvelles ils sont bien arrivés et montent le campement. Cependant, nous devons nous attendre à en avoir de moins en moins au fur et à mesure que leur aventure s'engage dans les profondeurs de cette forêt. Ceux qui croient en un ou des dieux peuvent se mettre à prier car nous aurons bien besoin d'avoir un petit coup de pouce divin.
Mais, mon cher Ampélos, je dois dire que je partage le scepticisme de Médusa. J'espère, à mon grand âge ne pas avoir fait tout ce périple pour parler d'affaires que nous aurions pu régler au pays."

Artaga retrouva alors son sourire et s'exclama :
"N'ai crainte, Oscar, tu sauras pourquoi je vous ai fait venir en Théodosine. Et ce n'est pas un hasard. Vous me connaissez j'ai un flair pour les bons coups, mais cette il me semble que je me suis surpassé. "
Avec une joie à peine dissimulée, Artage se mit alors à détailler son plan.
1599
La croisière s'amuse part.2

"Comme vous le savez, Théodosine est parfaitement située entre la mer des Bohrins et la Leucytalée, et l'Empire Rémien contrôle l'’isthme d’Apamée, le seul moyen de passer d'une mer à l'autre autrement que de faire de long détours par la Manche-Blanche ou en passant par le sud de l'Afarée. Vous n'êtes pas non plus sans savoir que la cité dans laquelle nous nous trouvons ici est une métropole remplie de mystères et de complots depuis des décennies. Ici, les différents trafics, manigances et magouilles sont étouffées soit par le bordel ambiant, soit par l'argent.
- Au fait ! Viens en au fait"
s'exclama Médusa Apostoldi.
- Tu ne vois donc pas où je veux en venir ? Qui sommes-nous, tous autour de cette table ?
- Les chefs de l'Orga ?
- Oui, évidement. Mais nous sommes avant tout des trafiquants, des comploteurs, des magouilleurs. Et qu'avons nous ? De l'argent ! Vous ne voyez pas que nous pourrions être comme des poissons dans l'eau ici ?
- Et donc tu veux qu'on investisse ici ?

L'homme de petite taille, aux cheveux bruns virant au blanc et à l'air songeur qui venait de couper Artaga n'était autre qu'Asier Iturrigaray. Vous l'aurez sans doute reconnu à son nom, c'est le chef du clan des Vasques, l'un des plus illustres clan de l'Orga.
En vérité, ce clan n'est pas pire qu'un autre mais il a profité des stéréotypes qu'avaient les Vasques dans la société pour s'affirmer dans la vision collective comme un des plus dangereux, réputation que ses membres se sont évertués à conserver.
"Exactement, Asier.
- Pourquoi ?
Un ange passe, c'est un Artaga décontenancé qui lui répond.
- Comment ça pourquoi ?
- Tu nous propose d'investir dans une ville où c'est le bordel, où nous ne sommes rien alors qu'on peut déjà passer par l'isthme d'Apamée moyennant un coût de passage élevé mais pas non plus aberrant. Tu vois ce que je veux dire ? Pourquoi on irait perdre des plumes ici ?
2229
Un rêve impérial


L'empire est une vision idéaliste du monde. Un empire, ce sont différentes cultures, une richesse économique, un pouvoir fort, de la solidarité, du rayonnement, non pas une mais plusieurs histoires, réunies en une entité, forte et universelle. Pouvant accueillir en son sein le monde entier et continuer d'avancer. Ça, c'est la théorie, en pratique, c'est plus compliqué. L'Empire Rémien, autrefois superpuissance régnant sans partage sur le monde eury-afaréen, aujourd'hui, il n'est plus réduit qu'à quelques territoires, pauvres, mal défendus, mal desservie avec une administration corrompue. Les empires jouissent d'une très mauvaise réputation en ce moment. Ce sont soit des États en échec sur tous les points comme l'Empire Rémien, soit vieux, autoritaires et acculés comme l'Empire Listonien, soit peu puissant comme le Rasken, le Yuhanaca, Xin. Seul la Clovanie et l'Empire du Nord, voir Karpok pourquoi pas, sont relativement puissants.

Cependant, l'Empire n'a aucun intérêt à collaborer ni avec la Listonie, le Xin, le Karpok, le Yuhanaca qui est mort économiquement, moyennement avec le Rasken et la Clovanie. Mais celui qui est le plus intéressant, c'est bien le Rémien. Il jouit d'un énorme potentiel culturel et donc économique. Tout est à reconstruire là-bas, tout est à conquérir. Estham a déjà lâché son chien, l'UCIC pour faire le "sale" boulot. Maintenant, au tour du vrai Empire de faire son entrée. Il faut nouer des liens amicaux avec Théodosine, en faire un allié de poids dans la région. Quoi de mieux que de nouer des relations officielles et de soutenir Réme dans son renouveau. Il faut agir vite et bien pour pouvoir avoir une place de choix. Premier objectif, l'accord commercial. Avec une industrie qui se développe toujours plus et des secteurs qui se diversifie, l'Empire a besoin de débouchés commerciaux et dans sa politique commerciale, l'Eurysie est importante. La confiance en la rentabilité immédiate d'investissements est faible pour l'ensemble des nations, il faut vite en profiter. La partie qui sera la plus complexe sera, après, la rencontre avec l'Empereur. Clémence de Livingstone sera envoyée en première ligne, c'est à elle que reviendra la tâche de remettre les missives et de rencontre l'Empereur. Sa majesté, Maximilien II, compte sur son charme féminin pour progresser la diplomatie nordiste en Théodosine.

L'objectif final de l'Empire serait d'avoir un accord de défense avec Réme et disposer de bases de projection en leucytaée mais aussi de s'assurer de la sauvegarde des derniers territoires de Réme. L'Eurysie est une poudrière qui serait dommage de ne pas exploiter.
13873
Au Service Secret de l'Union


https://i.imgur.com/AwbUv4y.png

Le Plaka Kallisto dominait le vieux port et livrait une vue sans égale sur les motifs bleus de l’océan. Si on tendait à dire que celui-là était plus froid que les eaux bouillonnantes du Leucytalé, les affres de la politique régionale avaient changés Trézibonde en principal site touristique rhémien, et un touriste du nord de l’Eurysie n’aurait pas fait la différence entre la chaleur généreuse de la côte ouest et celle à peine plus froide de la côte est. Un détail sans grande importance, auquel Gabriel Boffrand ne pensait vraiment que parce qu’il était question de tuer le temps. Sa superbe suite au Kristal Palace était d’un ennui mortel.

C’est qu’il était une créature de confort. Ça, au moins, il ne l’avait jamais nié. Et il y avait des avantages à se montrer plus riche qu’il ne l’était. Au moins en ce qui concernait son corps de métier. La plupart du temps c’était gagner un temps fou que faire croire à ses cibles qu’il appartenait au même monde qu’elles. Et elles y croyaient, systématiquement : à cette époque où l’information était librement disponible en ligne, plus personne ne prenait la peine d’enquêter sur son prochain : on le prenait au mot quand il se présentait en riche courtier d’information, assureur ou rentier. On acceptait sans un doute que cet homme, si élégant, propre sur lui, cultivé, était l’un des grands. Membre de ce petit club de nantis, la plupart ayant la richesse dans le sang et ce depuis plusieurs générations. De ce regroupement de ceux qui pensaient faire le monde. En qui un sens, oui, le faisaient.

Gabriel ne leur jetait pas la pierre. Chacun naissait esclave de ses propres biais et enfermé dans sa culture. Qui apprenait à le connaître finissait pas comprendre qu’il revêtait l’habit d’une certaine bourgeoisie pour mieux la tromper. Qui apprenait à le connaître ne devinait, cependant, pas à quelle fin. C’est que toute créature de confort qu’il fut, notre homme était un bon espion. Ou au moins un espion compétent. Ses supérieurs ne s’étaient jamais plaint de ses performances et ses missions lui revenaient comme une joyeuse collection de succès. Des fiches bien remplies dans les tiroirs du Panopticon 1, faisant état de ses faits d’armes. Accumulation de pseudonymes, de faits comptables, de noms d’opération, le plus souvent colorés. Comment appellerait-on celle-là ? Il ne savait pas encore. Il ne savait généralement qu’après coup. Ce qui comptait, pour lui, c’était l’instant présent. Et présentement il attendait. Une grande partie de son travail consistait à attendre. Ceci, au moins, le rapprochait de ses proies. Une pensée qui l’amusa férocement.

Un bruit le ramena subitement à la réalité et il se retourna pour apercevoir le beau corps svelte d’un jeune homme avec lequel il avait passé la nuit. Il avait déjà oublié son nom. Dans ce genre de relation ce n’était pas très important. Tout de même, il s’en voulut. Le rhémien lui sourit et lui pointa une boîte de café moulu, l’air de lui poser une question. Gabriel acquiesça, regardant brièvement le corps parfaitement sculpté de ce qui était – il s’en souvenait – un plongeur sportif, professionnel, venu en ville pour donner une conférence sur sa pratique. Il aimait bien son aspect taciturne. C’était la moindre de ses qualités mais il y apportait une certaine importance.

Gabriel abandonna le balcon de la suite. Le matin se levait et avec lui les bruits typiques de ce genre d’hôtel. Discussions mondaines et rires à demi étouffés sous les toiles tendues de la terrasse trois étages plus bas. Les voix furent définitivement étouffées quand Gabriel referma la porte vitrée sur son passage. Il s’arrêta d’abord pour embrasser son amant, puis pour jeter un regard approbateur au cezve qu’il surveillait. La petite casserole de cuivre chauffait doucement, bientôt son contenu mousserait et il faudrait le boire. Gabriel s’éloigna vers la chambre. Le plongeur l’interpella.

« Rappelle-moi pourquoi tu es là ?
— Ça t’intéresse, subitement ? »

L’autre eut un petit rire, il haussa les épaules. Gabriel continua de s’éloigner, remarquant pensivement que son appartement kah-tanais était peut-être plus petit que sa suite.

« Touriste.
— Seul ? Pas de femme ou de mari ?
— Pas tous les jours. »

Un grognement amusé. Il ne chercha pas à le questionner d’avantage. Gabriel arriva dans la chambre et enfila une chemise en lin et un pantalon côtelé, adaptés au climat du détroit. Un sale climat, considéra-t-il pensivement. Trop chaud, sec. La mer et son sel n’arrangeaient rien. On était loin de la généreuse humidité des régions équatoriales. La chaleur, ici, venait seule agresser ses hôtes. Lui pouvait vivre avec, mais avait plus de mal à comprendre pourquoi les touristes du nord avaient collectivement décidés de passer les plus beaux jours de leur région dans des pays que l’été changeait en fournaises.

« Les eurysiens, » soupira-t-il.

Le téléphone sonna dans le salon. Il y retourna. Son plongeur était en train de verser le café brûlant dans deux tasses de porcelaine. Une odeur d’orange flottait dans l’air. Il avait sans doute versé une goûte d’extrait dans la boisson, conformément à la tradition locale.

« Je vais décrocher, » précisa Gabriel en passant.

L’autre lui sourit sans rien dire. Il n’y avait de toute façon rien à dire, la suite était au nom de Boffrand. La voix dans le combiné était celle d’une des hôtesses d’accueil. Elle parlait avec un bon français, quoi qu’avec un accent hellène typique. Il avait bien tenté de leur expliquer qu’il parlait grec, il avait été jugé plus correct de lui parler dans sa langue natale. Le client était roi, supposa-t-il.

« Monsieur Gentry nous a demandé de vous rappeler qu’il devait vous rencontrer aujourd’hui au Athéna, pour midi. »

Il haussa les sourcils.

« L’Athéna ?
— C’est un restaurant. Je vais vous donner l’adresse si vous avez de quoi noter... »

Il secoua la tête, ce qui était inutile.

« Merci, je vois où c’est.
— Pardonnez-moi monsieur. »

La politesse servile du personnel d’hôtel était parmi les plus irritante. Proche de cette fausse correction qu’adoptaient les grands bourgeois en situation sociale, l’impératif vital en plus. Gabriel répondit d’un ton égal.

« Ce n’est rien. Monsieur Gentry a-t-il dit quoi que ce soit d’autre ?
— C’était tout, répondit l’hôtesse après un petit temps.
— Je vous remercie. »

Il raccrocha et pivota vers le rhémien, qui lui tendit une coupelle sur laquelle se trouvait une tasse.

« Alors ?
— J’ai rendez-vous en ville.
— D’accord. »

Il avala une gorgée de café et le regarda un instant avant de hausser les épaules.

« Avec un homme ?
— Tu ne l’aimerais pas beaucoup je crois.
— Ah, eh bien. »

Un sourire ironique. Gabriel but son café, reposa la tasse et se dirigea vers la sortie. Le plongeur le regarda faire et leva une main pour le saluer, sans se départir de son amusement.

Dehors on ne vivait pas : on subissait un climat de plomb. La bétonisation de la nouvelle capitale administrative figeait son air dans une fournaise muette. Ce n’était pas vraiment un problème, pour autant que les décideurs soient concernés. Eux vivaient dans ce confort déconnecté du temps que permettait la technologie, à contre-courant du reste d’une population qui étouffait sous la saison. Bien-sûr il n’existait pas de ville sans pauvres : il fallait bien que ceux-là existent pour permettre aux riches de jouir de leurs privilèges. Et Trézibonde ne faisait pas exception. Loin de Plaka Kallisto se trouvaient des centres d’habitation, cages à lapin reliées au centre par quelques rares transports en communs. Des navettes qui déversaient leur lot de cuisiniers, éboueurs, ouvriers, petits fonctionnaires très tôt, avant le levé des maîtres.

L’Athéna n’était pas situé près de ces quartiers. C’était un restaurant très convenable quoi que pas exactement aussi luxueux que le Kristal, ce qui ne posait pas problème à Boffrand, mais il devait garder une certaine cohérence dans les consommations de sa persona. Si quelqu’un s’amusait à fouiller dans ses factures, de telles irrégularités se remarqueraient. Pour l’heure c’était le Panopticon qui avait arrangé son passage au Kristal, autant que son arrivée prochaine à l’Athéna. Ce qui se passait était encore hors de sa responsabilité. Il décida de ne plus s’en faire et de simplement se rendre au lieu convenu.


C’était à croire qu’on avait privatisé l’endroit, ce qui n’aurait pas ressemblé aux méthodes du Panopticon. Trop visible. Peut-être, cependant, que les types du Cabinet Noir s’étaient arrangés pour organiser une rencontre à un moment où les réservations du lieu n’étaient pas à leur plein. C’est que la saison commençait à peine, de même que la journée : il était encore très tôt pour les standards de ce pays où rien ne fermait avant minuit. Cette hypothèse semblait d’autant plus crédible à Gabriel que des couples de touristes s’arrêtaient parfois devant le panneau où était accrochée le menu de l’Athéna. On était éloigné des zones les plus traversées, et même les rues où se concentrait l’essentiel de l’activité n’était pas encore prise d’assaut par ces représentants d’une jeunesse dorée eurysienne, qui viendraient bientôt noyer le trop-plein de chaleur dans l’alcool et la musique bas de gamme. Pas vraiment le genre de clientèle à s’arrêter dans un lieu comme l’Athéna, qui semblait chercher une clientèle plus professionnelle ou familiale.

C’était tant mieux, pensa Boffrand. Y compris la relative absence de civile. Sans ça il n’aurait peut-être pas remarqué avec quel soin certains individus faisaient en sorte de le suivre depuis qu’il avait quitté l’hôtel. Ce n’était originellement qu’une vague impression, mais à force d’attendre dans cette ville il avait finit par remarquer quelques visages qui revenaient un peu trop souvent à son goût. On le faisait surveiller.

Le Tulpa traversa la rue en esquivant un petit groupe de nazumis, et poussa la porte de bois du restaurant. La salle sentait les épices et un soupçon de fromage frit. Les touristes adoraient le saganáki : passé quelques jours dans la région on finissait pas trouver l’odeur normale. Après un petit hall d’entré décodé par une accumulation savante de vieux meubles et de toiles classiques, on arrivait devant un comptoir faisant face à la salle. Les tables étaient proches les unes des autres, parfois séparées par des petites barrières de bois. Outre la porte principale, qui donnait sur la vitrine, il y avait un escalier qui descendait vers les sanitaires, une arrière salle avec une porte vers ce qui devait être un genre de cour intérieure — ou peut-être une autre rue ? — et des escaliers directement situés à côté du comptoir, qui semblaient amener au reste du restaurant. En cas de fusillade il serait probablement possible de naviguer jusqu’à une sortie. A condition, évidemment, que les assaillants ne soient pas trop organisés. Ces détails strictement professionnels pris en compte, Gabriel s’approcha de la femme au comptoir et s’adressa à elle en grec.

« Bonjour, y a-t-il une réservation au nom de Gentry ? Je suis avec lui. »

Elle acquiesça et fit signe à un serveur qui passait d’approcher.

« La table réservée du haut, lui indiqua-t-elle avant de sourire à Gabriel. Le serveur lui fit signe.
— S’il vous plaît. »

Il ne fit aucun commentaire durant le trajet, et amena l’espion jusqu’au premier étage. Si on trouvait quelques clients en bas, le premier était peu ou prou dépeuplé. Du reste, les tables y étaient organisées différemment : éloignées les unes des autres, elles disposaient toutes d’un espace suffisant pour composer de véritables petites bulles d’intimité. Assis à l’une d’elles, Monsieur Gentry était fidèle à l’image que Gabriel gardait de lui. C’est que le nom appartenait à plusieurs individus. Ou plutôt qu’on ne restait pas Gentry éternellement. Au fil des affectations et des retraites, les directeurs du Panopticon pouvaient évoluer.

Celui-là semblait bien parti pour rester, ce qui n’était pas pour déplaire à Boffrand. S’ils ne s’entendaient pas toujours parfaitement, Gentry le comprenait, savait comment il fonctionnait et était arrivé à exploiter ses forces avec un talent remarquable.

Homme de petite taille et aux tempes dégarnies, il avait les épaules un peu larges et un visage dur, ce qui finissait de lui donner un air plus âgé qu’il ne l’était réellement. Son regard d’un bleu pâle détaillait tout ce qui l’entourait avec la minutie discrète des agents de terrain. Gabriel était sûr qu’il avait commencé Tulpa avant d’arriver dans la direction.

Gentry salua son arrivée d’un geste de remerciement destiné au serveur. Celui-là s’éloigna après un acquiescement. Gabriel remarqua non sans une certaine déception que la table n’était occupée que par deux tasses de café turque.

« Boffrand, installez-vous. »

Il lui sourit puis poussa sa tasse devant lui.

« Ne vous en faites pas pour le serveur, c’est un type à nous. En fait tout le restaurant est à nous, d’une certaine manière.
— J’ai été suivi jusqu’ici, répondit Gabriel.
— Oh oui, oui, mais tout ça est très amical. Vous finirez par vous y faire. »

Il le fixa, puis fronça les sourcils.

« Mais asseyez-vous, nous devons parler. »

Cette fois Gabriel obtempéra. Gentry avait cette capacité à parler de choses graves sans en avoir l’air, mais quelqu’un qui avait suffisamment travaillé à ses côtés savait repérer les quelques signes présageant des discussions liées au "boulot". Quelque-chose dans le regard, dans ses mains, dans le ton exact de sa voix. Si la présence de Gentry ici ne tenait évidemment pas de la visite de courtoisie, Boffrand devinait que la situation la justifiant était problématique. Sa mission ne serait pas une mission de routine. Gentry repris la parole une fois qu’il fut installé.

« Concernant ceux qui vous suivent, déjà, c’étaient peut-être des gens du gouvernement. Ou bien ceux d’un service étranger. Nous sommes très nombreux dans la ville et nous nous surveillons les uns les autres. C’est amical, je suppose. Et ça fait de la matière pour remplir les rapports. Ils connaissent certaines de nos planques les plus évidentes, nous connaissons les leurs, nous savons quels sont leurs agents de terrain, leurs mouchards, leurs véhicules. On peut parier qu’il en va de même pour eux. »

Il haussa les épaules avant d’afficher un sourire léger.

« C’est une première couche qu’on doit bien connaître. Tout ce pays est un nid d’espion. Et avec les investissements étrangers ça ne va pas s’améliorer.
— Vous voulez parler de l’implantation de l’Empire du Nord ? »

Des détails lui revenaient des quelques rapports qu’on lui avait envoyés avant son départ. D’autres, des discussions qu’il avait pu avoir avec les habitants du pays. L’Empire du Nord. Une petite puissance qui se rêvait influente et, de fait, tentait de s’implanter dans plusieurs régions à risques. Le Gondo, maintenant Theodosine. Définitivement, la perte du Mokhai devait laisser un goût amer à la couronne. Peut-être même qu’il s’agissait de ça. N’avaient-ils pas désigné le Grand Kah au moins partiellement coupable de la perte de leurs territoires nazumis ?

Pourtant, Gentry secoua la tête.

« Ils pourront poser problème mais ce n’est pas eux que nous visons. Dites-moi, vous êtes familiers de la société Wintermute ? »

La question ne pouvait être que rhétorique, mais il semblait attendre une réponse. Boffrand acquiesça.

« Corporation multinationale implantée dans différents pays et entretenant des liens forts avec l’Union. Responsable des opérations kah-tanaises au Padure. Spécialisée dans la très haute technologie. Je crois que récemment ils se sont lancés dans le rachat de médias dans certains pays.
— Vous avez les bases et ça suffira, commença-t-il avant de froncer les sourcils. Ces gens développent de l’équipement pour la Garde. Ce genre de coopération peut amener certains problèmes sur le plan de la protection de données. Vous voyez où je veux en venir ?
— Quelque-chose a fuité ?
— A été volé. »
1732
https://media.vanityfair.fr/photos/61322c2942c21d985fdf8035/16:9/w_2560%2Cc_limit/ABACA_773848_035.jpg
Clémence de Livingstone, héritière du trône impérial, cousine de l'Empereur, Duchesse de Lancaster et marquise de Graham



Clémence avait pris l'avion il y a quelques heures. Il y a deux jours, alors qu'au terme d'une discutions houleuse que son cousin l'Empereur avait fini par remporter, elle avait accepté de délivrer le message diplomatique qui comprenait le passage aux thermes et donc, son dénudement... Mais elle avait malgré tout accepté. Elle se demandait d'ailleurs pourquoi m'enfin. L'avion commença à atterrir et elle regarda par le hublot. Après ce moment désagréable, elle aura tout le loisir de se détendre. La ville avait l'air magnifique ! Elle regarda sa montre : neuf heures et demie. Parfait ! elle n'était ni en retard ni en avance. Si tout se passait bien, elle serait aux thermes vers dix heures ou dix heures trente et elle pourra aller manger à 13 heures après avoir pris ses appartements.

- Ladies and gentlemen, we are landing. Please fasten your seat belts and prepare to descend. We hope that you had a pleasant flight on our aircraft, the company thanks you for your trust. Have a good day.

Une secousse plus tard, les portes s'ouvrir et elle se leva pour descendre. L'hôtesse la salua avec un grand sourire à la sortie et elle ressentit enfin l'air frais sur son visage après plusieurs heures de vol. Une voiture l'attendait, elle monta à l'intérieur et ferma la portière. Après plusieurs minutes de routes, elle arriva dans le centre historique de Théodosine. Les bâtiments étaient magnifiques quoiqu'un peu en état de délabrement. La voiture s'arrêta enfin devant les thermes d'Augustus. Elle sortit de la voiture et s'avança d'un pas décidé vers les imposantes portes. Elle entra, annonça sa présence et partit aux toilettes pour boire un peu et respirer. Elle prit une grande inspiration, se déshabilla et entra dans les bains. Elle apporta également avec elle l'offrande au Basileus, un important panier de vin nordistes aux prix exorbitants.
Haut de page