Si la République Directe, au potentiel de déploiement modeste, reste une puissance militaire de taille modeste comparé au reste des pays membres de l'ONC, elle pourrait bien assurer la victoire à la coalition anti-Calabraise, selon l'experte en stratégie militaire novi-banairaise Sabaaha el-Hai, reporter-journaliste bénévole chez Equilibre. Une assurance bien plus de l'ordre doctrinal et politique que d'ordre militaro-logistique, une sûreté bienvenue pour une alliance capitalistique en perte de crédibilité au sein d'une partie de la communauté internationale, sujette à un tiraillement de plus en plus intempestif entre un bloc pharois nordique, libertarien, deuxième puissance mondiale, et possédant une grande influence au sein de l'organisation anarchiste et libertaire du Liberalintern, un Grand Kah faisant partie de la dite organisation et s'opposant en choc frontal avec la première puissance mondiale, la Fédération d'Alguarana, membre de l'ONC et de convictions, de culture et d'organisation politique diamétralement opposées, et une alliance inter-continentale libéralisante et mercantile à la tendance tout aussi interventionniste, une "guerre froide", comme le nomment certains observateurs internationaux, entre deux grands blocs portant une vision radicalement différente de la mondialisation, et s'affrontant sur les terrains diplomatiques, médiatiques voire militaires, et ce via l'utilisation de proxy et de théâtres d'opérations intermédiaires, dont la Confédération Kauthique, sans citer la guerre du Prodnov, dont le cas ne nécessite même pas d'explication, tant la confrontation entre le bloc régional nordique pharo-centré et l'ONC fut flagrante, est un exemple flagrant : ancien empire encore épargné, il y a cela quelques années, par la vague de modernisation des anciens régimes autoritaires monarchiques et féodaux (rappelons-nous des réformes (de forme ?) de l'Empire Latin Francisquien vers 2004-2005 et menant à la rédaction de la constitution du 1er Empire Démocratique des Etats Latins Francisquiens, une évolution qui a néanmoins permis d'introduire une première fois le débat démocratique au sein de l'Empire et d'opérer une séparation relative des pouvoirs via la création d'un Sénat impérial, mais dont les tenants et aboutissants restent encore peu clairs, et ce notamment du fait de l'influence rémanente de l'Impératrice et de sa famille sur la politique impériale. L'exemple reste cependant fort instructif pour se rendre compte de l'existence d'une ouverture timide de plusieurs régimes monarchiques aux formes de gouvernance alternatives telles que la "démocratie indirecte" ou "représentative", que ce soit via les influences idéologiques via les nouveaux réseaux -internet, téléphonie, journalisme mondialisé- ou les enjeux diplomatiques et entre autres de légitimation et de pérennisation du pouvoir en place. Dans la même année, on peut également citer la fin du régime à parti unique du Negara Strana et le processus de démocratisation qui y a lieu depuis, ou encore la création de la toute nouvelle république tchère en 2009, suite à la victoire du OUI lors du référendum sur la nécessité de changer de régime, puis de la victoire du régime républicain, récoltant 30% des votes, contre l'ensemble des autres systèmes proposés, mettant fin à un régime monarchique jugé "inutile" et "impopulaire" selon le gouvernement de l'époque), celui-ci a été de plus en plus secoué par la déferlente communaliste tout droit issue du Grand Kah, une confédération aux buts affichés et assumés de propagation de la Révolution et de la libération des peuples, et d'où provient ce que l'on pourrait appeler "l'eurycommunalisme", en détournant quelque peu la tournure des écrivains Mara Cesarini et Ogino Akira, une succession de secousses idéologiques qui furent mises à profit par les différentes factions et familles dans leurs guerres d'intérêts, et faisant émerger différents camps au sein de la Confédération : les Libéraux, grands gagnants de la transition républicaine de la Confédération, les Communalistes dirigeant l'état révolutionnaire et sécessionniste valheimien, regroupant, rappelons-le, plusieurs régions communalistes kaulthiques comme le Duché du Hongär mais également l'Arovaquie initialement envahie par l'armée impériale, et les Conservateurs, ces derniers ayant été sortis de la lutte de pouvoir par l'Inquisition kah-tanaise qui désormais occupe la Mahrënie, fief des Rosiques, un groupe para-militaire chrétien fanatique qui sévit encore, mais qui est désormais privé d'attache territoriale.
Un ensemble de conflits voilés qui rythme la vie internationale depuis l'officialisation des grands blocs idéologiques et d'intérêt, principalement le Liberalintern et l'Organisation des Nations Commerçantes -ne comptons pas ici l'Union des Nations Communistes et Socialistes, plus ancienne-, et qui a de grandes répercussions sur la diplomatie étrangère : si une partie des puissances étrangères se rangent de part et d'autre et choisissent leur camp officieux ou officiel -le Makt et le Vogimska rejoignent l'ONC en 2008, et la Youslévie fait de même en 2009 tandis que le Priscyllia rejoint le Liberalintern en 2008, et suivi par la Finnevalta en 2010-, d'autres en profitent pour monter des alliances régionales aux grandes ambitions comme l'Union des Nations Evasiennes et ainsi peser plus de poids face à ces grandes alliances. Cette recherche de voies alternatives pourraient par ailleurs contribuer à la montée en puissance de l'Union Médiane des Traditionnalistes, dont le but est de prôner un mode de gouvernance et de vie différent et de protéger ses membres des velléités interventionnistes éventuelles.
Autrement dit, si l'ONC a su s'affirmer militairement, que ce soit via ses exploits logistiques au Prodnov ou plus récemment durant la bataille navale du Kronos qui ont démontré la capacité militaire quantitative et qualitative supérieure des forces algueranos, lofotènes et youslèves face aux forces armées navales et aériennes du Kronos, de la Loduarie et de la Lambroisie, il n'est pas sûr que l'Organisation gagne la bataille politique, et ce malgré les exactions commises par le régime de Pendragon. Un autre champ de bataille s'ouvre alors : celui à la fois de l'opinion kronienne et celle de l'opinion de la communauté internationale, un champ au sein duquel le Banairah pourrait occuper une place de choix, en plus de l'avantage d'expérience en combat désertique de son armée, qui soit-dit en passant aidera fort certainement à la mise en place d'opérations au sol si la suite des événements y conduit.Le Banairah, un pays à la forte tradition militaire et aux ambitions afaréennesPrenons d'abord le temps de comprendre le contexte militaro-politico-culturel du Banairah. Démocratie semi-directe pluri-séculaire d'une superficie de plus de 2 millions de km² de déserts, de montagnes et en plus petite proportion, de forêts denses, du fait de la présence de l'île de Destanh, le Banairah se distingue par la gestion autonomiste d'un territoire difficile à centraliser : plutôt qu'une grande armée d'un seul et unique peuple unissant l'ensemble des vastes territoires banairais, ce sont de multiples groupes armés nomades qui par leur union firent naître le pays que l'on connaît aujourd'hui. Ainsi, le territoire ne pouvait jamais manquer de support moral ou humain tant que les rapports de paix et de bon vivre ensemble conservaient cette fédération intacte. C'est également dans un but de défense efficace que le régime fut rapidement démocratique et égalitariste : en effet, il est plus facile dans une période de trouble où femmes et hommes viennent à manquer du fait de conflits perpétuels et coûteux de remplacer les dirigeants par des assemblées flexibles et possédant toujours une partie de leurs membres afin de prendre les décisions qui s'imposent, contrairement à un système oligarchique de familles claniques. Les familles claniques présentent plusieurs défauts, dont celui de la transition de régime. Au sein des régimes claniques, comme par exemple ceux que l'on peut toujours observer en Mandrarika ou au Majanda, la question de la légitimité du chef est centrale et s'appuie le plus souvent soit sur
son expérience, sa sagesse, conduisant donc à la gestion de la communauté par les anciens possédant le savoir séculaire et l'expérience, et étant fort respecté pour ces connaissances indispensables à la survie du clan, soit sur ses exploits militaires, démontrant sa capacité à protéger les membres de sa communauté face aux menaces extérieures. La succession se fait ainsi logiquement pour le premier par critère d'ancienneté et en ce sens assure une certaine stabilité sur le long terme des traditions, mais nécessite la mise en place de représentants supplémentaires, notamment en commandement militaire, ou au contraire en l'absence d'organes de commandement supplémentaire, limite grandement les performances guerrières. Le plus souvent donc, on observe que les communautés ainsi organisées souffrent soit de guerres internes constantes, soit d'attaques et de soumissions fréquentes à d'autres tribus, comme en atteste, encore une fois, le cas mandrarikan. Les seigneurs de guerre en effet sont depuis longtemps plongés dans des conflits entre rivaux qui les empêchent d'accéder à une forme de gouvernement plus stable et plus propice au développement, agricole par exemple, des failles sur lesquelles compte le gouvernement cultiste mandrarikan pour asseoir sa légitimité sur l'ensemble du pays. Au Majanda, la course à la légitimité guerrière plonge depuis des décennies le pays dans une succession de sécessions et de guerres civiles, un problème qui ne date pas du dernier siècle, mais au contraire de plusieurs, les différences ethniques et la culture de la violence entravant la création d'un état fort, stable et prospère. On peut comprendre la domination banairaise dans la région, le Banairah constituant un des seuls régimes stables d'Est-Afarée, permettant un développement économique, culturel, scientifique et diplomatique fort et constant.
Néanmoins, il serait simplificateur de dire que les systèmes claniques n'ont pas existé durant le Banairah antique (un nom qui d'ailleurs n'existait pas encore), au contraire, ceux-ci existaient dans plusieurs régions mais ont peu à peu été supplantés par des régimes plus horizontaux et adaptables. La réussite de tels régimes a été en fait permise par les incursions régulières dans un territoire qui se sentait déjà relativement proche culturellement, malgré les grandes distances séparant les différentes régions, le nomadisme aidant grandement à l'établissement de relations entre les différentes peuplades de la
Ben Bahè, le -vaste- territoire du proto-Banairah.
Pour autant, si l'art de la guerre n'était pas aussi centrale dans la légitimité du régime, elle en était la finalité : assurer la sécurité et la pérennité de l'occupation des territoires désertiques empruntés par les tribus nomades coalisées, et cette difficile mission est souvent mise en péril par la soif de conquête de ses voisins sédentaires : tribus persanes souhaitant sécuriser leurs frontières, cités noviriennes alléchées par les trésors orientaux (épices, ivoire, encens, colorants rares, peaux de lions de Kara), ... Mais tout comme ses voisins, la nécessité constante de faire la guerre a suscité l'innovation, et cette fois-ci avec les ressources nécessaires à de grands progrès techniques : sabres, armures adaptées, ... et là où ces évolutions ont contribué au maintien de conditions précaires chez les pays limitrophes, en nourrissant les conflits de l’eau, des nourritures ou des ressources entre clans d’une même ethnie ou d’une même culture, elles ont profité amplement aux peuplades de la
Ben Bahè qui ont focalisé leurs efforts sur les attaques extérieures qu’elles subissaient régulièrement et qui étaient entre autres le fruit de l’instabilité aux frontières. L’organisation de ces tribus est donc le fruit des ancêtres des ethnies mandrarikanes et majandaises notamment, par un mécanisme d’adaptation aux contraintes du milieu, pour reprendre la terminologie évolutionniste. Du fait du caractère ancestral et de sa relative conservation, par nécessité circonstancielle puis par intégration dans les mœurs locales, le caractère fédérateur et militaire du Banairah a occupé -et occupe toujours- une place de choix au sein de la société banairaise. Nécessitant l’engagement de tous pour la protection de tous, il a longtemps sollicité la participation de chaque citoyen apte au combat, et donc crée une culture antique et moyen-âgeuse reposant sur l’entraide, le sens du devoir, un profond respect des dirigeants militaires avisés mais également, et possiblement paradoxalement, à un développement précoce d’une forme de démocratie directe que les cultures eurysiennes ou assimilées ont du mal à envisager avec l’existence d’un pouvoir militaire fort. En effet, à en lire les livres d’histoire aleuciens ou eurysiens, on constate le lien tenace entre pouvoir centralisateur répressif et une culture militaire imprégnant la société. Répressions de l’opposition par l’état-major, respect du pouvoir seigneurial grâce aux troupes domaniales, opposition entre respect de la loi, souvent par la contrainte, et débat démocratique ponctuent régulièrement les états de fait historiques et sociologiques de ces parties du monde, à la grande incompréhension des Banairais élevés dans une culture diamétralement opposée où l’armée, formée, financée, dirigée, souhaitée et constituée par les citoyens ne peut intrinsèquement porter préjudice à sa propre personne. Il en résulte qu’armée et société civile sont deux ensembles parfaitement emboitables et enchevêtrés jusqu’aux invasions turco-mongoles qui pousseront les assemblées et autres entités régionales à créer une armée plus organisée qui tendra peu à peu vers l’armée de métier, tout en laissant une grande place à ce que les militaires de notre époque pourraient appeler des conscrits ou des réservistes. Encore une fois, l’organisation et l’action militaire est vue et conçue comme une force émancipatrice, fédératrice et au cœur de la vie collective : la protection de la terre mère et de ses enfants est l’affaire de toutes et tous, ainsi on est d’abord guerrier avant d’être citoyen, et c’est en montrant sa ferveur lors de la défense du pays, que ce soit sur le champ de bataille ou plus en arrière au sein de la logistique, que l’on se montre à la hauteur de sa communauté et que l’on gagne le droit de participer à la prise de décisions. La victoire finale sur les envahisseurs lors de cette période de l’Histoire tient donc de la compréhension des tactiques de masse de l’ennemi nomadique, mais également de la participation complète de la population à l’effort de guerre et au gain d’efficacité des corps d’armée via leur professionnalisation et surtout leur rationalisation. A partir du XVème siècle apparaît une nouvelle tendance, une sorte d’évolution idéologique, sociologique et culturelle de l’armée : plus ou moins pour la première fois, cette interprétation ne mettant pas tous les historiens d’accord, le Banairah utilise sa puissance armée à des fins de défense d’intérêt offensive avec l’annexion de territoires persans pour leur richesse en eau et leur fertilité, deux enjeux cruciaux pour l’Est-Afarée, une région majoritairement désertique, et au sein de laquelle la possession de terres agricoles productives apporte un avantage démographique et donc
in fine technologiques via la redirection d’une partie de la force de travail vers les secteurs artisans et proto-industriels. Cela est dû entre autres aux ingérences des Eurysiens de Leucytalée dans les affaires religieuses, qui n’hésitent plus à parler de guerres saintes afin de libérer d’étendre la foi catholane, que l’on peut déjà plus comparer à celle de Volignon afin de mieux comprendre la mentalité des élites de l’Eglise de cette époque qui prêchaient en faveur du sauvetage des brebis égarées en proie aux hérésies ou aux religions impies et concurrentes telles que l’Islam, vue comme une menace de par son extension dans l’ensemble de l’Afarée du Nord suite à l’affaiblissement de l’Empire de Théodosine, alors pays protecteur de la foi. Les raisons sont nombreuses à cette mise en concurrence : au-delà de la volonté d’asseoir définitivement l’autorité de la foi, l’Eglise catholane ne compte plus les fidèles couronnés par elles voulant utiliser leur ferveur à des fins politiques comme leur légitimation auprès du clergé, de leur noblesse ainsi que du Tiers-Etat pieux, ou la pacification de leur royaume en proie à de réguliers conflits entre seigneurs et autres escarmouches entre chevaliers avides de butin, d’action et de renommée dynastique, ou bien à des fins commerciales comme la mise en place de monopoles commerciaux via la domination militaire des détroits de la mer leucytaléenne afin d’accéder facilement aux richesses des routes de la Leucytalée, existant depuis l’Antiquité et ayant déjà fait l’objet de conflits, comme par exemple l’invasion des côtes baïrs, du nom de l’ethnie y résidant, par les armées novirs envoyées afin de prendre le contrôle du commerce lucratif de la Ben Bahè riche en peaux de lions, en encens, en pierres précieuses, colorants et autres épices et fruits exotiques dont la noblesse hellénique raffole, ou encore au Moyen-Âge eurysien, à l’invasion du Bajuŝid par le Kronos afin de contrôler le détroit de Leucytalée[1]. Ces pressions sur le Banairah et ses frères de foi mènera donc à la montée d’un impérialisme banairais ayant pour premier objet la défense des intérêts nationaux, et bien plus tard celle des intérêts du continent, en réaction aux vagues de colonisation du continent par les Eurysiens (Listonie, Youslévie, Empire du Nord…). Ce passif historique couplé avec l’esprit d’entraide et d’idéal démocratique et égalitariste -rappelons ici que les femmes au sein du Banairah antique ont parfois été protégées des combats afin de préserver la « pérennité démographique » de leurs peuples, mais également sollicitées dans les travaux logistiques, artisanaux mais également guerriers, et que le manque d’hommes régulier a favorisé la prise en importance des femmes au sein de la prise de décisions ou de la gestion des villages, des champs, des ateliers et de la défense des campements, ancrant culturellement l’égalité homme-femme, ou du moins un respect assez avancé de la gente féminine, la transportant au travers des âges et influençant la religion musulmane, un phénomène qui a probablement eu sa place dans la conservation de courants religieux plus progressistes voire à la légitimation de ceux en Althalj, mais aussi dans la cristallisation de conflits intra-religieux au sein de la foi musulmane et donc à la favorisation de conflits de religion au Banairah qui ont affaibli sur le long terme la foi dans le pays. En terme de guerres de décolonisation ou de lutte contre la colonisation durant l’époque moderne ou contemporaine, on peut citer la défense du Tamaret face à la Manche-Silice durant le XXème siècle ou plus récemment la participation à la décolonisation de la péninsule de Jadida qui était jusqu’au 8 janvier 2007, date de prise de pouvoir des révolutionnaires jadidiens, une colonie listonienne utilisée en temps que base commerciale avancée. C’est toujours dans cette optique de lutte contre l’ingérence extérieure en Afarée que le Banairah a participé aux multiples congrès afaréens qui se sont, au plus grand malheur des gouvernements successifs, heurtés aux grandes disparités et différents diplomatiques et politiques du continent. Les soupçons d’ingérence économique voire politiques au Varanya avaient d’ailleurs été une des raisons de la non-intervention de la République dans la révolution varanyenne, massivement soutenue par la Fédération d’Alguarana fort demandeuse de pétrole, une ressource-clé qui en plus de cela constitue une bonne partie du commerce banairais et dont l’appropriation directe ou indirecte par de grandes puissances est une menace directe pour l’économie du pays. La participation de la Cémétie auprès des troupes du Shah avaient définitivement convaincu l’Etat-Major et la population de ne pas intervenir, ne souhaitant pas un conflit qui serait vu comme fratricide en plus de ne pas servir les intérêts économiques du pays, et ce pour un gain idéologique et émancipateur très hypothétique et dépendant de la bonne foi discutable du régime d’Ajerjuco, une analyse qui donnera raison aux nez creux de l’époque à la vue des opérations au Pontarbello pour ne citer que celles-ci. Toujours dans le même sujet, l’adhésion du Banairah au Liberalintern en 2010 a été apprécié pour son utilité dans la cause décolonisatrice, et ce en partie du fait de son but émancipateur, mais aussi de la présence du Kah, un pays idéologisé ouvertement anti-colonialiste.
Par ailleurs, Il ne faut pas oublier que la survie de multiples empires coloniaux fait les choux gras des interventionnistes qui n’hésitent pas à sortir à la moindre occasion ces « preuves bien réelles d’une volonté d’écrasement des peuples qui ne comptent pas », pour reprendre les propos de la journaliste et activiste Qaaida al-Waheed, d’ailleurs fort au courant de l’affaire du Bajuŝid et engagée dans la cause d'émancipation de ses habitants, kroniens comme indigènes, vis-à-vis d'un pouvoir central toujours plus répressif et peu au courant des préoccupations et enjeux locaux, et qui n'hésite pas à transformer la région en un arrière-pays "redressant" les opposants politiques dans des conditions peu humaines les exposant à de graves dangers professionnels attentant à leur santé, une affaire de plus montrant bien que
l'écartement entre la métropole et le Bajuŝid est réel en plus d'être ancien, datant du début du XVIIème siècle depuis la perte de nombreux territoires après la succession royale de l'époque. Les rumeurs concernant la création d'alliances bilatérales entre le Banairah, la Cémétie et l'Althalj, bien qu'encore non confirmées par les différents exécutifs concernés, attestent d'une même volonté politique de resserrer les liens entre pays afaréens et de faciliter l'entraide et la coopération continentale. Ce point idéologique étant terminé, il est intéressant d'établir un court état des faits de la place de l'armée au sein de la société banairaise contemporaine. Celle-ci est encore prégnante, que ce soit dans les esprits, dans la politique du pays ou encore dans la vie de tous les jours des citoyens. En effet, le service militaire est obligatoire et précède l'accès à la majorité, et par conséquent à la totalité des droits et devoirs du citoyen banairais. Il aborde plusieurs sujets comme la logistique, le combat, les différents corps d'armée, la défense du pays, les valeurs démocratiques, favorise l'entraide entre les participants via des activités de formation ou tout simplement dans la routine quotidienne, forme les jeunes (et pas que, dans le cas de naturalisation d'étrangers ou de manquement du service, par exemple du fait d'une naissance à l'étranger ne donnant donc pas accès à la citoyenneté banairaise, mais seulement en cas de citoyenneté banairaise des deux parents à l'accession à la nationalité banairaise, un statut moins puissant assurant uniquement la protection de l'état et la responsabilité de la personne vis-à-vis de la loi banairaise) à des doctrines de défense, les initie à des sports de combat défensifs, mais aussi peuvent les former aux premiers gestes ou aux réflexes à avoir en cas de catastrophe naturelle ou technologique. Faire son service militaire n'est pas perçu comme une corvée mais au contraire comme un honneur et une opportunité, et il n'est pas rare de rencontrer des Banairais souhaitant travailler pour l'armée voire s'y engager. Suite à des dérives sexistes au sein d'entreprises rémunérant moins les femmes du fait de leur nombre réduit d'heures (grossesse obligeant), l'armée banairaise a été la première à protester contre cet état de fait et a ainsi donné de l'ampleur au débat public débouchant sur la mise en place de lois assurant la fin de ces abus, prouvant ainsi qu'à l'inverse d'autres pays à l'international, l'armée est souvent synonyme d'engagement citoyen, d'engagement politique (le devoir de réserve n'existe donc pas) et de progrès social ou sociétal. Des associations para-militaires permettent d'enseigner aux volontaires comment réagir en cas d'invasion et comment faire la guérilla en territoire occupé, un fait sociétal parfois critiqué du fait des incidents qu'il provoque parfois, certains militants prenant les armes en dépit de leur éducation autour du compromis et du débat pacifié démocratique, mais aucune action n'a été entreprise à l'encontre de ces associations, étant jugées à la fois utiles et non subversives. Il existe également une procédure simple et rapide pour s'engager en temps que réserviste, c'est ainsi qu'on trouve souvent des gens de la vie de tous les jours s'entraîner régulièrement en camp militaire et à aider l'armée en cas d'aide humanitaire d'urgence dans le pays ou à l'étranger.
La question du Kronos afaréen, un débat public plus sur la forme que sur la nécessité de l'interventionComme montré précédemment, le Banairah est un pays à la culture militaire omniprésente et fervent défenseur de la cause afaréenne, qui n'a donc aucun problème de soutien populaire quant au soutien d'opérations de libération du Kronos afaréen opprimé. Les débats quant à cette opération résident plutôt dans la façon d'intervenir et dans l'avenir qu'il faut réserver à cette région. Les camps sont multiples et focalisent leurs arguments sur divers points, tant culturels, matériels, logistiques, géopolitiques, économiques que politiques ou encore philosophiques. En effet on distingue plusieurs groupes principaux qui s'entrecroisent à l'occasion : les indépendantistes, les réformistes, les fédéralistes unionistes et indépendantistes, les décolonialistes radicaux, les interventionnistes durs et les interventionnistes doux, les révolutionnaires dogmatiques et les révolutionnaires contextuels. Les indépendantistes, comme leur nom l'indique, sont les partisans de l'indépendance du Bajuŝid vis-à-vis de la métropole kronienne. C'est un camp très populaire du fait de l'atrocité des crimes commis par le gouvernement central du pays, et de l'impossibilité de s'assurer autrement du respect des personnes sous ce régime, une idée contestée par le camp des réformistes qui, quant à eux, pensent que le Kronos actuel pourrait être l'objet de réformes démocratiques et ainsi pourrait garantir à l'avenir les droits des peuples d'Afarée présent dans l'Afarée Kronienne. Les nuances au sein du camp indépendantiste sont par exemple le scénario à envisager en cas de non à un référendum, ou à l'existence même d'un référendum, des personnes autorisées à voter (les Kroniens ethniques ont-ils le droit de voter au référendum, qu'en est-il des élites du parti communiste, est-ce que les autochtones en exil ou expatriés ont le droit de participer au référendum), et à la forme de gouvernement souhaitable pour le nouveau pays : doit-il s'agir d'une démocratie directe émancipatrice mais peu ancrée culturellement et donc difficile à mettre en place les premières années, et surtout à faire respecter ? Doit-il s'agir d'un régime pseudo-démocratique comme par exemple une démocratie indirecte, moins révolutionnaire mais plus ancré dans le passé de la région (cf l'ancienne république kronienne), mais qui pourrait facilement céder à la corruption ? Peut-on accepter l'émergence d'une forme de gouvernement autocratique, monarchique voire dictatoriale ou despotique mais laissant place à la culture et aux traditions locales ? Quelle est la place du Banairah, et sa légitimité, dans le choix de régime des Bajusides ? Si la question n'avait pas dû être posée pour la révolution jadidienne, la population étant majoritairement favorable à l'institution d'une démocratie directe ou semi-directe, elle se pose pour le Bajuŝid, dont le contexte politique, historique et sociétal est totalement différent. C'est à ce moment qu'interviennent les révolutionnaires dogmatiques, qui soutiennent l'établissement d'un régime démocrate directe similaire à celui du Banairah, de Jadida, du Kah ou encore de la Finnevalta, argumentant qu'il est absolument nécessaire de profiter de cette occasion pour émanciper les Bajusides et qu'autrement la transition démocratique ne s'effectuera jamais (à toujours remettre à plus tard, on ne fait jamais rien vous assèneront-ils) tandis que les révolutionnaires contextuels préfèrent quant à eux mettre en place un régime plus adapté aux volontés locales, quitte à avoir quelques déceptions, mais d'en profiter pour donner une première expérience -cruciale- d'autodétermination à des populations oubliées et soumises depuis longtemps. Terminons par les fédéralistes, qui partent de l'idée d'une fédération ethnique entre les différents peuples composant le Bajuŝid actuel, et ce du fait de son passé -et présent- colonial, entrepris fort tôt dans l'Histoire, et qui a eu pour conséquence de voir se côtoyer des populations kroniennes eurysiennes francophones, ancrées dans le système communiste récent (rappelons que cela ne fait que quelques années que le Kronos est dirigé par le parti communiste kronien suite à sa prise de pouvoir par la force) et plus intégrées à la société métropolitaine que les peuplades bajusides ou les kroniens eurysiens de seconde zone, plus basés dans les campagnes et les petites et moyennes villes. Vu comme un territoire éloigné, ce qui est géographiquement le cas depuis le XVème siècle avec la perte du sud eurysien que comptait le royaume au Moyen-Âge, le Bajuŝid n'est réellement intégré que par la reconnaissance de sa première langue d'usage avec le français, l'arabe, langue qui par ailleurs s'étend sur l'ensemble du nord de l'Afarée et permet d'interconnecter ses différents peuples, et par ce moyen d'entretenir l'exceptionnalité culturelle des peuplades et populations locales. La domination d'un groupe culturel sur un autre peut donc rapidement mener à des tensions, tensions qui seraient les héritières de celles que l'on peut déjà observer entre une métropole au centre de toutes les attentions, et un territoire ultra-marin exclavé géré dans le but de posséder des bases militaires avancées en Leucytalée, ainsi qu'un moyen de se débarasser d'opposants politiques bien trop proches du palais présidentiel. Toujours selon les fédéralistes, il est donc nécessaire de créer un régime fédéral décentralisé permettant à chacun de perpétuer son mode de vie et de vivre en harmonie avec ses voisins. C'est d'ailleurs ce même argument de tensions ethniques qui poussent les fédéralistes à débattre sur la position à entretenir vis-à-vis de la métropole kronienne : doit-il y avoir, oui ou non, indépendance ? Les partisans de l'indépendance mettent en valeur la lutte contre une domination de la classe eurysienne sur le nouveau état afaréen qui serait ainsi crée, les métropolitains pouvant interférer avec la politique locale pour favoriser leurs frères culturels et appuyer des mesures d'uniformisation à même d'enrayer des révoltes futures : une fois définitivement assimilées, il serait difficile d'envisager un quelconque gain de droits. Les fédéralistes unionistes mettent quant à eux en valeur le danger d'un sentiment revanchard de la métropole qui pourrait mener à l'éclatement d'une guerre seulement quelques années plus tard, ou tout du moins si aucune coalition défensive ne peut voir le jour. Les unionistes rétorquent également que la fédéralisation de l'ensemble du Kronos pourrait être une aubaine pour l'opposition métropolitaine en quête de plus de liberté et d'exercice du pouvoir collégial, quotidien et démocratique, et ainsi montrer une voie de sortie à de nombreuses puissances coloniales à travers le monde. Une position très modérée par rapport aux standards élevés banairais, où les débats sur ce sujet prennent trop à cœur pour laisser place à une possibilité pour les pays étrangers à voler la souveraineté à des peuples indépendants sous prétexte de promesses, même tenues, de démocratie et d'égalité.
Banairah et Kronos, une adaptabilité culturelle certaineLe constat est simple : le Bajuŝid est un territoire ressemblant à ceux du nord du Banairah continental, territoire contrôlé par le Kronos dont les langues officielles ou reconnues se retrouvent également parmi celles du Banairah : français, arabe, grec, toutes des langues permettant l'échange intellectuel et activiste entre les deux pays, qui donnent à la fois les moyens de discuter politique d'un côté à l'autre de la Leucytalée, mais qui donne également un socle commun de références culturelles, un point très important lorsqu'il s'agit de convaincre ses lecteurs et d'établir avec eux un sentiment de fraternité. De toute évidence, il ne s'agit pas d'un trait commun au sein de la coalition de l'Organisation des Nations Commerçantes qui manque cruellement de pays culturellement proche au Kronos : algueranos, lofotènes... Le plus proche, mis-à-part le Banairah, est peut-être Fortuna ou la Youslévie, alors tout apport de cette sorte est forcément bienvenu pour l'après-guerre ou tout simplement le soutien local lors des opérations militaires.
Note de bas de page :
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Je sors. [NB : note personnelle de l'auteur de cet article]
[1] : Le Bajuŝid est le nom donné par plusieurs tribus et ethnies autochtones du Kronos afaréen, qui s'étend sur plus de 1400km de côtes sous un climat leucytaléen relativement clément pour la région nord-afaréenne, et ce grâce à sa latitude et à la proximité de la mer. D'un point de vue anthropologique, plusieurs ethnies y résident, et plusieurs d'entre elles ont été influencées par l'occupation kronienne qui date du XIIIème siècle (guerre d'invasion entre 1290 et 1296), et qui a donc pu imposer la culture kronienne sur une partie du territoire, notamment les territoires les plus connectés comme les villes portuaires. L'arabe et le français y sont très répandus et sont par ailleurs les langues officielles du Kronos. Tarrin (672 905 habitants) et Karash (2 489 811 habitants) sont ses deux villes principales et sont toutes les deux situées dans le sud de la région. Une petite proportion de ses habitants désirent l'indépendance de cette région sous domination politique, économique et culturelle kronienne et qui, d'autant plus depuis le coup d'état communiste, ne possède que peu de poids dans les décisions politiques, prises directement depuis Pendragon, la capitale du Kronos.