LE cas particulier de la traction Diesel Série des X200Nous allons, pour clore l’étude de la traction thermique actuelle de Netharia, aborder un des trains mythiques de la SNCF, un train dont la visite et/ou un voyage à son bord est l’objectif ultime... ou pas. S’il est vrai que les billets pour l’utiliser sont chers, le prix reste suffisamment abordable pour constituer un beau cadeau d’anniversaire. Mais reprenons depuis le début.
Image bucolique, bien qu'au vu de la vitesse, il est peu probable que les occupants du trains aient le loisir de s'extasier sur le paysage.Au tout début des années 1980, la SNCF commence l’étude de solutions de vitesse, la devise de l’entreprise spécifie en effet « schneller », « plus vite ». Bien que la demande pour une augmentation générale de la vitesse sur le réseau ne soit pas pressante, elle existe bel et bien. L’avancement de l’électrification du réseau ne permet pas la réflexion autour d’une solution électrique, c’est donc vers le thermique que s’axent les recherches de solution. L’entreprise dispose déjà de locomotives puissantes et rapide, les CC-72, que les ingénieurs estiment « apte à 200 », c’est-à-dire en capacité d’atteindre et de maintenir cette vitesse en service normal. Cependant la SNCF n’a aucunement l’intention d’étoffer sa dotation en CC-72, même « aptes à 200 ». De plus, la demande de vitesse provient d’une tranche de la population bien précise : les hommes d’affaires. Et, s’ils ne sont pas assez nombreux pour justifier la création de locomotives uniquement pour eux, la demande de leur part est suffisamment conséquente pour que la SNCF y réfléchisse sérieusement et décide de faire un appel d’offre, en juin 1981.
Prototype, fruit du travail en commun de FR et RS, on voit clairement que seules les extrémités de la rame ont été modifiées.Des idées innovantes arrivent rapidement, mais la mise au point de prototypes prendrait trop de temps, et la SNCF, soucieuse de ne pas voir cette clientèle changer de mode de transport, attend une solution rapide. L’entreprise
Flash-Rails, déjà auréolée de quelques succès commerciaux, propose une solution rapide : prendre un X-43, en améliorer le profil et en changer la motorisation. Le motoriste
RiefundStahl, créateur et constructeur du X-43, entre immédiatement en partenariat avec FR pour étudier la question. La SNCF, qui attend des résultats rapides, se voit proposer un prototype dès janvier 1982. Une cellule de X-43 avec un meilleur aérodynamisme et un nouveau moteur. Les membres du jury de la SNCF ne voient rien d’extraordinaire au nouveau profil, si ce n’est la forme des feux qui, couplé au nouveau profil donne des traits agressifs, très dynamiques. En revanche, lors des essais en ligne, la vitesse de 230km/h atteinte entre Eskad et Rebenshügel, et ce sans grands efforts, les impressionne davantage.
Aménagement proposé par RS initialement. On peut se demander à quel niveau de confort les commerciaux et ingénieurs du motoriste avaient l'habitude de voyager pour proposer celà à des hommes d'affaires...Car elle est là l’innovation : l’utilisation d’une nouvelle transmission, une boîte hydrodynamique, couplée à une turbine d’hélicoptère et au nouveau profil de la cellule permet d’atteindre une vitesse inégalée pour un poids moindre qu’un convoi tracté par une CC-72. Pour la petite anecdote, ce type de véhicule sera le seul utilisateur de ce type de transmission, des essais menés sur d’autres machines s’avérant décevants, la norme restera le diesel-électrique. Les membres du jury valident immédiatement le projet et demandent aux deux firmes de travailler sur des rames plus longues et aménagées spécialement pour les hommes d’affaire, en utilisant un profil similaire et la même motorisation. Deux mois plus tard, le prototype final entre en construction, après validation des plans par les membres du jury, pour sortir des ateliers six mois plus tard. La forme générale est celle d’une rame indéformable de deux motrices encadrant trois caisses. L’intégralité de la rame en classe affaire, l’ensemble dispose d’une caisse divisée en une partie bar/restaurant de 24 places et une partie téléphonie, de 12 boxes avec téléphones et fax, une caisse divisée en compartiments salons/fumoirs pouvant s’aménager en salles de réunions (3 compartiments pouvant accueillir chacun 6 personnes en aménagement salon/fumoirs, 12 personnes en aménagement réunion), une caisse de 40 places assises et 24 places assises dans chaque motrice. Chaque rame est prévue pour être gérée par un équipage de 6 hôtes et hôtesses (dont deux en service permanant au bar/restaurant) et un contrôleur, tous disposant d’une cabine réservée pour se reposer en cas de trajets longs. La dénomination officielle du véhicule est X-200, mais il deviendra célèbre sous le nom de « Turbozug ».
Rame saisie alors qu'elle traverse la gare de Rebenshügel sans arrêt en février 1987, vitesse limitée à 60km/h. On souligne la dextérité du photographe ayant saisi le passage sur sa pellicule sans qu'il ne soit flouté... sans doute un habitué des prises de vues du "Turbozug" ?Le prototype final effectue ses essais sur la ligne entre Eskad et Iston, une ligne qu’il sera amené à suivre et atteint une vitesse moyenne sur l’ensemble du trajet de 155,4km/h, si on fait abstraction des arrêts commerciaux, simulés eux aussi. Vitesse moyenne inégalée, même par les reines du rail de l’époque, le prototype se paye le luxe de maintenir 220 km/h sur une bonne portion du trajet. Les essais durent deux mois supplémentaires, et la production en série commence en Janvier 1983, pour une commande de 24 rames. Le nombre peut paraître dérisoire, mais ces trains particuliers n’ont pas à vocation de circuler sur l’ensemble du réseau Netharien, uniquement de permettre une desserte ferroviaire des principaux pôles économiques du pays, selon trois axes majeurs : Eskad-Iston-Yrento ; Eskad-Volford-Vennersdahl et Eskad-Goldenleaf-Taensby.
Contraste avec le luxe des passagers du train, la cabine est assez spartiate. Le siège, cependant, a l'air plus confortable que les strapontins en bois et cuir des X-43 de l'époque... et au moins, ici, le conducteur dispose d'un cendrier de série !!!Dès la mise en route de ce type de trains, en Juin 1983, le succès est au rendez-vous. En effet, le confort et les équipements mis à disposition des hommes d’affaires leur permet de continuer à suivre leurs affaires en déplacement, dans des conditions inégalées par la concurrence aérienne. Il leur est même possible de tenir des réunions et des déjeuners d’affaires à bord du train (moyennant une réservation une semaine à l’avance), le voyage n’est donc plus une rupture dans la journée de travail. Rapidement, les 24 rames initialement commandées vont s’avérer insuffisantes, et 24 supplémentaires sont commandées. Le « Turbozug » voit alors ses trajets rallongés vers Polny via Ialozia ou Pahlvi, Schärben et Kirschheim, et ses apparitions sont très attendues des ferrovipathes de tout poils. La SNCF, qui a toujours dans ses cartons des projets de trains internationaux, commence à travailler sur un projet de train international encore plus rapide, utilisant la forme du « Turbozug ». Le projet restera lettre morte, n’ayant pas trouvé de débouchés.
Les hommes d'affaires en réunion dans le train ont-ils apprécié l'ironie de la situation en ce jour d'août 1986, alors que des travaux sur la ligne Iston-Yrento obligent les trains à emprunter les réseaux secondaires, et notamment la voie touristique en voie unique, absolument pas conçue pour la grande vitesse. L'auteur du cliché évoque une Vmax de 70km/h sur ce tronçon.En 2005, la campagne de remotorisation n’épargne pas le Turbozug, dont la formule commençait à vieillir un peu (en effet, quel homme d’affaire ne disposait pas d’un téléphone portable et/ou utilisait encore le fax ?). Un long processus de modernisation commence : la turbine, extrêmement gourmande, est remplacée par une autre extrêmement plus économe, les cabines fax et téléphones sont vidées et équipées de sièges et de prises de courant, permettant un isolement complet à ceux qui souhaitent travailler dans le calme sur leur ordinateurs portables, Les sales de réunions sont équipées de rétroprojecteurs sur demande, les sièges et les banquettes voient leur confort améliorés… seule la livrée reste inchangée, pour le plus grand bonheur des amateurs de ce train. La modernisation, cependant, prend du temps, et à ce jour, seules 20 rames ont été modernisées.
Évènement rarissime, bien que ces trains aient été conçus pour en avoir les capacités, une UM de "Turbozug" en un matin de novembre 2005 assez gris. La date nous laisse penser qu'il s'agit d'un acheminement vers un technocentre en vue de modernisation, car les X200 n'ont jamais été utilisés en UM en service commercial.Caractéristiques X200 « Turbozug » :Composition : Fixe et indéformable deux motrices encadrant trois caisses, train intégralement en classe affaire.
Écartement : normal
Carburant : gazole
Moteur thermique : 1 turbine RS-HBK-V2
Transmission : Hydrodynamique
Puissance continue : 1200 kW
Capacité en carburant : 2500 L
Consommation : 2.4 L/km
Places assises : 106 ou 122.
Masse en service : 225t
Longueur : 129m
Largeur : 2.90 m
Hauteur : 3.90 m
Vitesse maximale : 260km/h (220km/h en service commercial)