16/05/2013
11:39:06
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[ROYAUME-SOUDÉ] Rencontre Épistolaire avec Hymveri

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12 Mai 2008, le Palais Royal de Pardenona au Royaume-Soudé s'endort, plus un bruit ne se faisait retentir à partir de 2h du matin, en effet, la Reine se couchait aux alentours de minuit et demi, et les servants et servantes nettoyaient encore le Palais Royal jusqu'aux environs de deux heure du matin. Mais, un fenêtre n'était rarement éteinte, celle de la Suite du Prince Michelangelo, le fils de la Reine alors âgé de 17 ans. Le jeune prince aimait vivre la nuit car c'était le seul moment où celui-ci pouvait vivre pleinement, en dehors de la sphère monarchique et des codes régit par sa mère, la Reine Graziella IX du Royaume-Soudé, et suivi par sa grande soeur, la Princesse Onorina, son grand frère, le Prince Ezechiele, et son frère jumeau le Prince Sebastiano. Le Prince adorait parcourir les couloirs du Palais Royal, juste éclairé par la bougie afin de se rendre dans l'immense bibliothèque, ou son grand-père, feu le Roi Ugo II du Royaume-Soudé adorait consigner ses ouvrages favoris, mais faisait aussi retranscrire toutes les données qu'il pouvait capter du monde, au plus grand plaisir de sa mère qui avait enseigné au Prince l'amour de l'inconnu et de l'aventure. Le jeune Prince était friand d'ouvrages réalistes, de livres qui pouvaient raconter des histoires qui ont réellement existé et avec des personnages clés de certaines contrées lointaines. Cela faisait alors quelques années qu'il avait lu l'histoire du Capitaine Hymveri, un beau jeune homme qui décida de na pas suivre le diktat de sa famille qui aspirait pour lui de grandes études et une carrière solide, mais qui préféra parcourir le monde, en aidant les populations à se libérer, un homme de poigne qui ne se laissait jamais faire. Son passage préféré de cette biographie du Capitaine est surtout la Seconde Conférence de Ciardhai quelques années auparavant où le capitaine eût l'audace d'afficher son soutien de plus total aux communistes révolutionnaire du Damman en opposition aux Francisquien, et a ainsi proposé l'exécution des capitalistes de la conférence, un homme de conviction comme on en fait plus, et comme il n'y en a sûrement jamais eu au Royaume-Soudé, lisse, sans bavures, sans prises de risques. A la lueur de la bougie, assit sur le bureau au milieu de la bibliothèque, Michelangelo allumait la petite lampe sur le bureau et, regardant le livre appelé "Le Pharois vu par le Royaume-Soudé, par Emmanuel Salentoni", le jeune prince prit un papier à en-tête ainsi qu'une plume et de l'encre et regardait la feuille, dubitatif.

- Je ne vais quand même pas écrire à un Capitaine, et que vais-je lui dire? Il a sûrement d'autre choses à faire, et en plus je ne sais même pas comment le contacter. Mère ne va pas être contente si elle apprend que j'envoi des missives diplomatiques du Royaume-Soudé à un "pirate". Et puis il a 30 ans, ca ne sert à rien.

Le prince reposait alors le papier à en-tête dans le tiroir du bureau, éteignait la lampe et allait se coucher, pensant encore très fort au Capitaine.


15 Mai 2008, la nuit tombait sur le Palais, et après avoir dîné avec ses soeurs et son frère, le Prince Michelangelo s'enfermait dans sa chambre, son moment était encore loin, et après une journée entière a devoir sourire au peuple, sourire aux Conseillers, sourire aux Parlementaires, et surtout sourire à sa Mère, la Reine, il avait besoin de se détendre et de se reposer, seul, sans bruit. Au alentours de deux heures du matin, le prince se relevait, éclairé par sa bougie il prit, comme chaque soir, la direction de la bibliothèque, mais cette fois, une bouteille de vin rouge Frialan à la main, buvant alors au bureau, étonnement, en repensant toujours à l'histoire de ce capitaine. Enivré par le vin rouge, un sentiment d'euphorie parcourait Michelangelo, qui saisissait un papier à entête de sa mère et commença a rédiger un courrier :


15 Maggio 2008,
Palazzo Reale,
Pardenona, PN

All'attenzione del Capitano Hymveri,

Capitaine,

Cette missive n'est pas envoyée par la Reine du Royaume-Soudé du Frial et de Youslévie de l'Est, mais par son fils, moi-même, le Prince Michelangelo du Royaume-Soudé, prince qui n'a de prince que le titre et le sourire hypocrite devant le peuple. Je vous fais part de cette lettre car, je souhaite vous informer que j'ai bien lu certains ouvrages sur vous, que ce soit dans notre bibliothèque, mais aussi dans les dossiers diplomatiques de ma mère, même si c'est interdit, je me suis documenté sur vous et je souhaite vous dire que je suis admiratif de votre parcours, vous qui avez tout eu en étant jeune, une bonne éducation, une bonne famille mais qui décida d'écouter son coeur et ses idéologies politiques afin de naviguer dans le monde à la découverte des peuples, et ainsi les libérer de l'oppression capitaliste. Vous m'en voyez admiratif en effet, car c'est chose que, au vu de mon statut et mes titres de noblesse, ne pourrait jamais envisager. Je voyage à travers vos très faibles apparitions publiques, comme à la Seconde Conférence de Ciardhai où vous m'avez un temps soit peu impressionné je vous assure.

Vous trouverez une photo de moi en Youslévie de l'Est, dans le domaine de ma famille..

Je ne trouve aucune trace dans nos archives d'un passage de votre navire en les mers du Royaume-Soudé, ni sur un de nos ports, malheureusement, j'aurai tant aimé pouvoir vous croiser au détour d'une ruelle pavée du port d'Odina, ou de Triastro...

Je m'excuse par avance de cette lettre qui ne sera sûrement pas lue, ni expédiée à la bonne adresse, merci pour vos récits, Capitaine, et à bientôt.
Camaradement votre,


Le prince plait alors en trois la lettre et la glissait dans une enveloppe où il prit la peine de noter les seules informations qu'il avait : il pouvait compter sur le gouvernement de Damanie, et savait que la capitale était Baldhenor. Il apposait ensuite le sceau du Royaume-Soudé et un tampon "Top Secret", et posa la lettre dans le coin du bureau.

- C'était bien drôle, mais je ne vais jamais envoyer ce torchon, il va me prendre pour un taré.

Le Prince retournait dans sa chambre et alla se coucher, bien alcoolisé.
Le lendemain matin, la servante entra dans la bibliothèque afin de faire les poussières sur le bureau de la Reine et vit l'enveloppe posée sur le bureau, elle vit alors deux timbres et ne fit pas attention et la mettait dans la bannette pour le courrier. Le secrétaire prit alors la lettre pour la donner au facteur qui expédiait la lettre. Le midi venu, Ezechiele, entrait dans la bibliothèque, se souvenant qu'il avait oublié de jeter à la corbeille la lettre prévue pour le capitaine, et ne la vit plus, son sang ne fit qu'un tour, et s'asseyait.

- Et merde, je suis foutu...

Postafrialane a écrit :
Postafrialane vi informa che la vostra posta è stata spedita, ecco una copia della spedizione :

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Étrange correspondance

https://www.zupimages.net/up/22/35/tcjx.jpg

L’heure était enfin à l’action. Dans les appartements qu’on lui avait alloué dans la capitale, Hymveri reprenait du service après une trop longue pause à son goût. Il avait d’abord fallu attendre qu’on remplace son sous-marin, puis se reconstituer un équipage, le tout sur fond de vie politique damann plutôt ennuyeuse. Le capitaine Hymveri n’était pas d’ici, lui et ses hommes avaient été élevés dans les eaux austères du Syndikaali et s’ils parlaient un peu la langue celtique, une grande part des traditions et de la culture locale les dépassaient. De fait, ils faisaient de mauvais politiciens, et il devenait de plus en plus évident que la première Consule finançait leur train de vie pour éviter qu’ils ne fassent une bêtise.

L’arrivée des soldats venus des stations libres avait cependant quelque peu changé la donne. A nouveau on pouvait discuter politique en langue pharoise et le capitaine Hymveri, nerveux et habitué à l’action, avait pu recruter chez les communistes du Syndikaali de nouvelles troupes. En plus, on lui avait rendu un sous-marin, en compensation de la perte du Kauhea.

Assez perdu de temps, donc, les pirates rouges reprenaient du service, les mers du nord avaient été trop longtemps un havre de paix pour les capitalistes du monde entier, la donne allait changer avec l’ouverture d’un nouveau front, bouleversant l’équilibre des forces dans la région.
Les préparatifs étaient presque terminés lorsqu’on informa Hymveri qu’il venait de recevoir un courrier diplomatique confidentiel et urgent. Le jeune homme soupçonnait la première Consule de filtrer ses messages et il s’était arrangé avec quelques passeurs Pharois pour recevoir des lettres par des biais détournés, mais cette fois c’était un agent Damann tout à fait officiel qui lui apportait le message. Il devait donc s’agir de quelque chose d’important.

Hymveri s’attendait à un courir du Syndikaali – certains membres du gouvernement Pharois tentaient depuis plus d’un an de le pousser à la collaboration, peine perdue – mais l’enveloppe et le timbre étaient différents de ce qu’il avait l’habitude de recevoir. Dans un premier temps la langue lui évoqua de fortunéen et il se demanda s’il s’agissait d’une proposition du Palais des Doges, mais le logo indiquait le Royaume de Soudé, un petit pays sud-Eurysien qui s’illustrait surtout par sa diplomatie.
Qu’est-ce qu’ils pouvaient bien lui vouloir, exactement ?

Le contenu de la lettre avait de quoi surprendre et Hymveri se demanda un moment si on lui avait fait une mauvaise blague. Il prit d’ailleurs le temps de passer un coup de fil au secrétariat consulaire damann qui lui confirma que le message était tout à fait officiel et venait bel et bien du Royaume-Soudé du Frial. Bien bien bien…

Pendant un moment, le capitaine fut tenté de bazarder la lettre. Il n’avait pas vraiment de temps à perdre pour divertir un aristo, si ce-dernier le prenait pour une sorte de bouffon qu’on sonnait de la cloche quand on s’ennuyait, il se fourrait le doigt dans l’œil.
D’un autre côté… la révolution avait besoin d’amis, et de fonds. Plus prosaïquement, s’il pouvait foutre un peu la merde au sein de la famille royale, voir carrément se barrer avec le Prince, il pourrait ajouter ce nouveau coup d’éclat à son palmarès et à celui du communisme. Il fallait bien nourrir la machine à soft power, puisque l’International se la jouait mort cérébrale.

Hymveri prit donc son ordinateur et se mit à taper une réponse.


https://www.zupimages.net/up/22/31/kuhn.jpg

A Ezechiele,
Camarade Frialan, du moins je l’espère.

Lettre atypique mais qui a le mérite d’exister, j’espère qu’il ne s’agit pas d’un petit jeu motivé par l’ennui ou la ruse, tu n’y gagnerais rien. Par charité fraternelle, je préfère croire en la bonne volonté des hommes, va pour une réponse.

Ravi que mon exemple t’inspire, on n’existe que par ses actes. Qui es-tu, toi ? La royauté s’hérite, voilà pourquoi elle ne vaut rien. Comme le capital. Je n’ai pas fait ce que j’ai fait par vanité, mais parce que je suis un être humain et que j’ai soif d’exister. Je souhaite cela à tous mes frères, l’émancipation, la liberté. Voilà l’essence violente et sauvage du communisme, voilà pourquoi elle effraie tant.

Tu es à la tête d’un royaume, ou ta famille, tu as tout entre les mains pour devenir moteur de quelque chose de grand. Certains ont fait beaucoup plus en partant d’infiniment moins. Reste à choisir ta voie : l’entrisme, ou la désertion.
Tous les autres choix confinent à l’égoïsme et la lâcheté, chaque jour que tu tergiverses t’ensanglante les mains.

Tu entendras bientôt de nouveau parler de moi, camarade petit prince, peut-être même frapperais-je tes côtes, qui sait ? Un nouveau choix pour toi, alors, la nation ou l’humanité, nous sommes en guerre, point de demi-mesure.

Capitaine Hymveri
Bientôt de retour dans les eaux.



Il ne confia pas la lettre aux damann, préférant ses contacts des stations libres. Pas qu’il se défie de ses alliés celtiques, mais pour livrer un message en contrebande, rien ne vaut un Pharois.
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Il y a avait déjà un moment que la lettre envoyée par le Prince Michelangelo avait été envoyée en Damanie, et que celui-ci avait presque oublié l'existence de celle-ci, surement le courrier aurait été perdu durant l'envoi, la diplomatique Damann n'aurait peut être pas remit le plis au Capitaine, ou encore celui-ci aurait déserté la Damanie pour trouver refuge dans une autre contrée où il aurait eût encore du travail. Le jeune prince rebelle se levait se matin avec une motivation au ras des pâquerettes, un jour où il devait aller trouver l'éducation dans une grande école privée de la capitale Frialane. Il prit alors de quoi déjeuner, et alla se préparer dans sa salle de bain, le teint blafard comme chaque matin qu'il passait dans ce palais. Après une toilette, il alla enfiler son uniforme pour l'école, et étonnement, décida de s'y rendre à pied plutôt qu'en limousine, dont il avait horreur. Après un timide "bonne journée" lancé à sa soeur, l'héritière légitime, qui se trouvait sur son chemin, il passait la porte du palais et le portail bien gardé pour prendre la direction de l'école. Il monta alors sur son vélo, mettant un CD de son artiste préféré dans son baladeur avec ses écouteurs et prit la route. Au bout de 10 minutes, Michelangelo prit un virage pour tourner a droite et fût renversé par un jeune homme blond avec des yeux bleu. Il s'excusa, lui sourit en l'aidant à se relever, et reprit le chemin de l'école. Il déposait alors son vélo dans le garage à vélo de son école, il était le seul sur 200 élève à privilégier ce mode de transport. Il prit place dans sa salle de classe à côté de son amie Maria-Angela, une jeune Frialane, issue elle aussi de la noblesse du Royaume-Soudé, portant de titre de Duchesse de Odina. Ils étaient selon la généalogie des cousins au cinquième degré. Il posait alors son sac en bandoulière sur la table, bizarrement celui-ci était ouvert. il sortait son bloc note et trouva coincé entre deux classeurs une lettre un peu froissée avec un post-il collé. Le post-it disait dans un italien archaïque : tu répondre, retrouver moi port Pardenona aujourd'hui 22:00. Le jeune prince ne comprenait vraiment pas, il tournait alors la lettre et l'ouvrit, il vit alors le nom de l'expéditeur et tombait de sa chaise.


- Ca va Mich' ? dit Maria-Angela en aidant le prince à se relever.

- Oui oui ça va, merci Maria-Angela, j'ai pas déjeuné en partant. dit-il en se relevant, cachant alors la lettre sous ses affaires.

La journée fût longue pour Michelangelo, pas un seul moment sans que le Prince se soit retrouvé seul, pas un moment sans que le prince ait pu lire la lettre du Capitaine Hymveri. A la fin de son cours de géopolitique, il sortait directement, saluant ses amis et allant dans le garage à vélo, désert comme d'habitude, et s'installait au sol, contre le mur, assit, et reprit la lettre en tremblant. Il commençait à lire. et fit tomber la lettre.

- J'aurais jamais du faire ça... Il me prend pour un con...

Il restait là pendant un long moment seul, la lueur du soleil commençant à se retirer, les derniers professeurs et personnels de l'école quittent les lieux, il n'arrivait pas à bouger ni à réfléchir.

- Bon, je dois répondre.

Il prit alors son bloc note, ainsi qu'une plume et commence à rédiger :


11 Giugno 2008,
Pardenona, PN

All'attenzione del Capitano Hymveri,

Mon Capitaine,

Cette lettre a été envoyé par un jeune homme alcoolisé qui rêve de vous et de vos aventures depuis déjà des années, motivé par l'envie d'apprendre à vous connaître et de comprendre ce qui a poussé le jeune homme que vous êtiez à quitter famille et stature afin de réaliser votre rêve, motivé par les convictions politiques que je partage grandement. Vous savez, je suis peut être qu'une Prince d'une dynastie de plus de 600 ans, mais je ne suis en aucun cas l'héritier du trône et même si cela m'était proposé, je n'en accepterais pas les fonctions. Je ne suis en aucun cas comme ma soeur, qui elle, a été élevée dans la bien-pensance et la bien-séance, elle qui régnera sur notre pays à la mort de notre matriarche.

J'ai toujours été l'enfant a part, l'enfant qui ne voulait pas de cette vie, j'ai tout fait pour essayer de m'en détacher, mais mes fonctions et mon rang fictif m'empêchent de quitter le pays par les voies classiques. Je suis surveillé, je dois nourrir un système idiot qui récompense celui qui fera la plus belle courbe à Mère, ou qui flattera le plus son égo surdimensionnés de femme régnante. Je ne suis peut être à vos yeux qu'un "gosse aristo" qui souhaite s'amuser avec le beau pirate, mais cela n'en est rien. Depuis quelques temps maintenant, je laisse fuiter des données confidentielles que je remet par le biais de camarades au Parti communiste afin de leur permettre de pouvoir rétorquer directement au Parlement ou auprès de la Couronne. J'essaye de faire changer les choses dans mon pays, j'ai été là le jour où le projet de loi du mariage pour tous a été présenté en séance, et c'est même moi qui l'avait proposé aux socialistes du parlement.

Venez me voir au Royaume-Soudé et vous verrez que je ne me fou en aucun cas de vous. Laissez-moi une chance de vous prouver ma bonne foi et mon admiration.

Camaradement votre,
Mich'



Michelangelo prit alors la lettre, qu'il pliait en trois et son vélo, et prit la direction de l'épicerie, il entrait et allait voir directement le vendeur.

- Excusez-moi, auriez-vous l'obligeance de m'indiquer où je puis trouver une enveloppe dans vos rayons, je vous prie.

Le vendeur de l'épicerie reconnu immédiatement le juin prince et fait la révérence.

- Monseigneur, prenez cette enveloppe, je ne peux vous faire payer pour le papier utilisé par notre si belle famille royale.

Michelangelo levait les yeux au ciel et prit l'enveloppe, laissant un billet de 10 000₤ (5€ env.) sur le comptoir.

- Merci à vous, bonne soirée.

Il prit la porte en glissant la lettre dans l'enveloppe qu'il scella avec sa salive. 21:45 affichait sa montre, il ne lui restait qu'un quart d'heure pour rejoindre le mystérieux homme qui l'avait rencardé. Il prit alors son vélo, et traversa la ville à toute vitesse pour arriver dans les temps. Il voyait alors en arrivant au port un homme seul assit sur un banc dans la pénombre et allait le voir.

- C'est vous que j'attend ? dit-il en regardant le monsieur, qui acquiesça. C'est pour le Capitaine Hymveri.. Merci...

L'homme prit alors la lettre et fit un signe de sa casquette, et parti, Michelangelo se retrouvant alors seul sur le banc devant le port. Il soufflait un bon coup, puis reprit le chemin du Palais Royal, où devait surement l'attendre sa Mère, folle de rage, au vue de l'heure.
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Rouges entrailles

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Ce jour-là, Hymveri assistait à une assommante assemblée générale de l'équipage, lorsque son ennui fut interrompu par le chuchotement d'un de ses marin qui lui glissait une lettre sous le manteau. La distraction était la bienvenue, les marins pharois avaient passé le virus de la délibération collective à leurs homologues damann et tout le monde s'adonnait joyeusement à d'interminables débats pour fixer les futures règles de vie à bord du sous-marin. Ce n'était pas inintéressant en soi et en tant que capitaine, Hymveri avait assurément son mot à dire, mais tout le monde avait rapidement constaté que les questions quotidiennes intéressaient moins le jeune homme que le choix de ses futures cibles et la stratégie à mettre en place pour rester invisibles aux yeux des nations ennemies. De fait, la plupart des décisions triviales avaient été confiées à la camarade Haikara, élue quartier-maîtresse quelques jours plus tôt.

Il ne s'attendait pas vraiment à recevoir une réponse du prince du Royaule-Soudé, ayant été un peu rude avec le sang-bleu, mais la vue du cachet royal lui arracha un sourire un peu grinçant. Apparemment, sa réponse n'avait pas refroidi son correspondant et il était curieux de voir ce que ce-dernier avait à lui répondre. Hymveri parcouru les lignes rapidement et leurs lecture lui laissa un sentiment mitigé. Il ne l'avait peut-être pas senti aussi clairement dans la première lettre mais celle-ci lui faisait l'impression d'avoir une sorte de fan, ce qui était autant flatteur que déstabilisant. Le qualificatif de "beau pirate", entre autre, lui fit lever un sourcil. Qu'est-ce qu'il s'imaginait là, le petit prince ? Le capitaine, aussi solitaire qu'autoritaire, avait toujours vécu et grandi dans une relative solitude, entouré de camarades plus que d'amis, de partisans plutôt que de compagnons. La renommée était le simple collatéral de ses convictions, il n'agissait pas tant pour la gloire que pour la justice, simplement il se trouvait que le concernant, ces deux aspects de son combat s'entremêlaient depuis qu'il avait posé le pied en Damanie.

Pris d'inspiration, il récupéra une feuille vierge et un stylo et entreprit d'écrire une réponse. De toute façon, c'était ça ou écouter un débat sur les cotisations de sécurité sociale à bord du sous-marin, franchement il n'en avait pas grand chose à foutre.


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A Ezechiele,
Camarade Frialan,

Voilà qui semble déjà plus concret pour moi. Ne t’apitoie pas sur ton sort, beaucoup d'autres ont un destin pire, agis.

Heureux de savoir que tu œuvres pour notre cause. La Révolution aura besoin de camarades à des positions politiques stratégiques quand viendra l'ère des soulèvements. Les classes sociales les plus hautes ont toujours constitué des alliés de choix, c'est vieux comme notre mouvement, moi même je ne suis pas prolétaire tu dois le savoir, il n'y a pas à se flageller pour ça, il faut le dépasser.

Je vois tes actions, mais où en es tu de ta théorie ? Il ne s'agit pas de s'agiter dans le vent et de disperser ses forces en vain, un bon communiste doit savoir de quoi il parle, tu ne devrais pas avoir de difficultés à te procurer les ouvrages fondamentaux de notre école de pensée idéologique. C'est d'une grande importance, cela prend du temps, ou bien tu te jettes dans l'arène sans savoir qui et quoi tu t’apprête à combattre.

Nous verrons plus tard pour les rencontres. Je ne me jette pas aussi aisément dans la gueule du loup. Le temps viendra peut-être où nos chemins se croiseront. D'ici là, je suis curieux de voir quel chemin tu te taillera dans ce panier de crabe qu'on appelle royauté.

Capitaine Hymveri
Bientôt de retour dans les eaux.



Hymveri fit signe au marin qui lui avait apporté le courrier et lui confia sa réponse à renvoyer par le même biais. Le réseau postal des stations libres était assez incompréhensible, mais les vanilles-fraises étaient à ce point paranoïaques qu'on pouvait leur faire confiance sur la confidentialité des communications.
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Michelangelo se levait comme chaque matin avec l'envie de quitter cette vie faite d'or et de luxe, cette vie où le protocole était plus important que la famille et où l'argent était maître sur le peuple. En effet, la famille régnante aimait à rappeler qu'elle possédait des terres et que le Royaume lui appartenait et cela dégoutait au plus haut point le jeune Prince alors âgé de 17 ans. C'est en montant sur son vélo pour rejoindre son école qu'il décidait de faire un détour par le port de Pardenona et ainsi se poser sur un banc pour admirer le golf appelé "La boucle". Il allumait alors une cigarette, croisant les jambes en profitant de cette belle vue sur cette étendue d'eau qui rejoignait les mondes. Un homme s'installait à côté de lui, il ne fit pas vraiment attention mais senti la main de l'homme s'approcher discrètement avec un enveloppe. Il levait les yeux et l'homme avait déjà disparu. Il fronçait les sourcils, regardant aux alentours si l'homme était encore présent, mais il n'en était rien. Il arrachait alors le coin de l'enveloppe et l'ouvrit, c'était une réponse du capitaine. Cela fit sourire le jeune Prince, car l'autoritaire Capitaine ne le laissait pas sans effet, malgré les reproches quand à son statut, il comprenait. Il prit alors son calepin, et écrit une réponse au Capitaine.


Principe Michelangelo,
Pardenona, Regno-Saldato,


All'attenzione del Capitano Hymveri,

Cher Hymveri,

Une réponse de votre part me fait le plus grand plaisir même si les reproches sont encore de mises. Je comprend tout à fait votre démarches et je vous en tient pas rigueur. Comprenez que, alors que je suis encore résidant du Palais Royal, je ne peux agir plus, il est vrai que je suis la plupart du temps surveillé sur ce que je dis, ce que je fais, et surtout avec qui je communique. Votre ami m'apportant le courrier est très peu aimable, mais au moins fiable sur le fait qu'il ne lira pas nos échanges, et ne divulguera pas tout cela à la Reine-Mère.

L'envie de vous voir va de mises avec l'envie de voyager avec vous, que vous me fassiez découvrir le monde et vos luttes afin que je puisse vous apporter mon expertise quant au Royaume-Soudé, mais aussi sur les pays voisins que je connais bien. Vous savez, mon beau capitaine, je fais parti du corps diplomatique et suis présent à chaque conférence et visites de la Reine, et ainsi, ai des informations que vous ne sauriez avoir dans moi.

Trouvez moi, vous ne le regretterez pas, Capitaine.

Affectueusement,
Mich'



Le Prince déposait alors l'enveloppe sur le sol, glissant un petit cailloux par dessus et reprit la route. Il se cacha un peu plus loin et vit un homme courir furtivement pour la récupérer, c'était le coursier. Il sourit alors et allait rejoindre son école.
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Les lettres traditionnelles ont laissé la place à un simple mot :

25 août
touristour, découvertes du littoral de Pardenona, excursion en bateau, 11h
64
A nouveau, un simple mot :

12 novembre
5h, 12 quai du prince, pas plus d'un sac à dos
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