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Rencontre Pae'Motu - Banairaise

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23 mai 2008, fin de matinée


Au sortir de l’avion l’ayant transporté durant une dizaine d’heure, Aata Whakawerawera fut accueilli par une écrasante vague de chaleur. Rechignant à s’éloigner de l’espace climatisé de l’avion pour affronter l’atmosphère sèche et poussiéreuse du tarmac de l’aéroport d’Abunaj, il se fit tout de même la réflexion que la moiteur étouffante de son archipel ne devait pas sembler plus accueillante aux étrangers.

Le ministre n’eu pas le luxe de considérer ces considérations futiles plus d’un instant. Il y avait énormément à faire, et donc énormément à penser avant que les lions ne soient lâchés. Bien que le Banairah soit depuis longtemps un acteur incontournable du commerce mondial, représentant l’un des exportateur d’hydrocarbure les plus importants du globe, les contact entre ce pays et le Pae’Motu avaient été réduits au strict minimum ces dernières années, malgré une modernisation de plus en plus rapide des moyens d’échange et de production. En résultait une masse d’accord caducs et de traités dépassés. Il était urgent de rétablir des liens sains et stables entre les deux pays pour que le Pae’Motu sécurise sa fragile place à l’internationale.
Aussi, il avait mis un point d’honneur à pouvoir se déplacer en personne, afin de ne laisser aucun doute aux banairais sur l’estime que leur portait le gouvernement du Pae’Motu.

Pour le moment, lui et son équipe se trouvaient dans une salle de repos privée, dissimulée à l’abri des regards entre quelques boutiques, sûrement le genre de salon dans lequel les hommes d’affaires habitués des vols longs courriers patientent en dégustant quelque alcool local. Des banairais s’affairaient autour de lui, s’assurant qu’il ne manquait de rien tout en demeurant soucieux de respecter une distance de courtoisie importante lorsqu’il échangeait avec son équipe.

C’était sa première visite officielle au Banairah en tant que chef d’État du Pae’Motu. Il s’attendaient donc à ce qu’on l’emmène faire un long tour de la capitale tandis que les représentants qu’il s’apprêtait à rencontrer s’armaient pour leur entrevue, qu’on le traine de monuments en monuments tandis que l’Ambe perfectionnait son approche quant aux accords qui allaient être conclus.

Qu’importe. Il appréciait toujours jouer les touristes. Les discussions houleuses pouvaient attendre.
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La rencontre était en effet primordiale pour les deux pays, et surtout le Pae-Motu qui de son statut d'archipel pouvait connaître des problématiques d'approvisionnement, notamment en énergie. À l'inverse, la position du Banairah, un pays-jonction entre l'Afarée et le Nazum, faisait du Pae-Motu un partenaire de choix, à savoir un pays à demande constante, accessible rapidement depuis le port de Destanh, et de régime tout à fait acceptable. L'archipel se situant sur les routes commerciales du Collier de Perles et des routes méridionnales de l'ONC, commercer là-bas signifiait aussi bénéficier des infrastructures et dispositifs de sécurité déployés par les états-membres. Pour ainsi dire, le Pae-Motu était apprécié à la fois pour son marché que pour son peuple, vu par la population comme un peuple ouvert et attaché à ses valeurs, sa culture et son environnement. En parlant d'hydrocarbures, ce dernier mot semble assez ironique, mais l'opinion publique appréciait toujours les milieux marins préservés, et après tout, concilier les acteurs était toujours difficile. En attendant, les stocks pétroliers du Banairah, considérables, étaient nécessaires au fonctionnement de plusieurs pays, et participaient au développement de la nation. C'était en partie grâce au pétrole qu'on pouvait financer l'éducation, les centres de recherche, l'innovation qui au final permettront de trouver de nouveaux marchés et de garantir une indépendance économique pérennne. Mais l'épuisement des ressources était encore loin, très loin, alors on pouvait laisser ce problème à la communauté scientifique.
Le marché du Pae-Motu, en un mot comme en cent, en valait le coup, et conserver de bonnes relations et mettre à jour les traités était primordial pour le garder. Le monde de l'or noir était plus ou moins divisé en 2 zones : au nord se trouvaient les clients de la United Oil et autres entreprises lofotènes, au sud se trouvaient KaraKorp et ses homologues banairais concentrant les marchés équatoriaux et austraux. Autant dire que le Banairah était déterminé à conserver sa position dominante sur a minima sa zone de marché. On avait donc préparé les grandes pompes pour la délégation : comité d'accueil, décoration de l'aéroport, réservation de salles, visite de la capitale et de sites d'extraction au sud du pays et même d'exploitations off-shore . L'objectif était double : faire preuve d'une hospitalité exemplaire -une partie prenante de l'image traditionnelle du pays et qu'il fallait transmettre à l'international- et entretenir la confiance des interlocuteurs : la technologie dernier cri des puits et des usines de transformation les convaincraient définitivement que le Banairah est le partenaire idéal du Pae-Motu. Il s'agissait d'une rencontre particulièrement difficile, puisque l'Ambē avait la charge d'à la fois préparer un accueil impressionnant et convivial à travers la moitié nord du pays et de dépoussiérer et corriger les multiples accords caducs ayant régi pendant plusieurs années les échanges commerciaux entre les deux pays. Les hydrocarbures représentaient une importante proportion des flux, mais les entreprises tablaient également sur les négociations pour vendre leurs produits spécialisés à l'étranger : médicaments, matériel médical, machinerie...

La serre du salon privé

Toutes ces raisons amenaient l'équipe à se retrouver dans un salon privé fort distingué proposant thé, agrumes confites, spiritueux abjun (ndlr : d'Abunaj), pain au fruits et mini-tajines pour les petites faims.
Après avoir accueilli la délégation, l'équipe banairaise, et parmi elle le Khasser, rappela les premières visites : on commençait par un quartier historique représentatif de l'Histoire du pays. Le quartier habituellement très animé avait été restreint à la circulation pour des raisons de sécurité, et des drônes surveillaient les alentours. Le quartier de سجادة (sajada), à savoir le quartier des tapis, charmait les visiteurs qui s'y baladaient avec ses places colorées, dômes et ruelles verdies. Au-delà du pur plaisir de la visite, la vue de la bonne appropriation de ces lieux centenaires prouvait le génie civil banairais qui avait permis de les investir sans les dénaturer.

Place du marché des soies

La place du marché des soies faisait partie des bijoux de Sajada. S'y échangent depuis le XIVe siècle des tissus de toute l'Afarée, l'Eurysie septentrionale et du Nazum, un commerce très lucratif et qui a fait la fortune de beaucoup de familles de commerçants. Ce sont ces mêmes familles qui y ont laissé leur trace en construisant des maisons bourgeoises ou en finançant des lieux de culte. La mosquée d'El-Shidiqqi, visible depuis une des 《portes》 de la place, constitue sans aucun doute le plus beau lieu sacré de Sajada, notamment du fait de son élégante coupole bleue rayonnant au soleil et ses colonnades qui la pourtourent.

Colline de Safar, dite de l'Homme de raison

Lorsque l'on eut fait le tour de la place, on monta peu à peu la colline de Safar, du nom de la légende. Safar était général sous la guerre turco-mongo-banairaise. Talentueux homme d'armes, il monta la colline après une bataille décisive en aval de la capitale, prononçant ces quelques phrases restées célèbres :
《Lorsque l'ennemi se retirera de nos terres, lorsque nos terres seront nôtres, nous deviendrons nos propres obstacles. Et lorsque la division nous affaiblira, nous nous tournerons vers les océans. Nouvelles horizons, nouvelles promesses, car il en a toujours été ainsi》

Que ces mots soient inventés ou non, ils annonçaient des années à l'avance l'ouverture de la nouvellement formée République Directe à ses voisins maritimes avec lesquels elle avait eu peu de chance de maintenir des relations durant la guerre, d'autant plus que peu d'entre eux pouvaient se permettre de lever le doigt pour les aider sur le champ de bataille. C'était cette ouverture qui avait redonné le souffle vital du pays, de nouveau à la recherche de nouvelles connaissances, ressources et amis, cette fois-ci surtout de par les mers, une recherche fructueuse ayant laissé de nombreux souvenirs positifs visibles dans les livres de l'époque ou les murs et champs du pays encore de nos jours. Si son homologue du Pae-Motu avait eu plus de temps à consacrer à la visite, le Khasser aurait été ravi de lui faire visiter les cultures de thé de la Chaîne des Mortels, qui présentaient un climat compatible à ces plantes nazumi fort appréciées depuis maintenant au moins 5 siècles. Il était particulièrement fier de participer à la reconnaissance de ces exploitations uniques en leur genre à travers les rencontres diplomatiques : on offrait quasiment systématiquement du thé banairais aux visiteurs, et l'Ambē possédait plusieurs parfums : thé vert, chocolat, réglisse, agrumes, menthe, etc.
Mais là n'est pas le sujet : il était temps de remonter le canal d'Abunaj pour aller présenter le port de la capitale. Celui-ci disposait, comme beaucoup d'autres ports notables du rivage, des infrastructures nécessaires au stockage et à l'exportation des produits des hydrocarbures et qui bénéficient de rénovations régulières pour assurer l'efficacité et la sécurité des lieux.
La descente était fort plaisante, et on voyait au loin l'océan depuis la colline. En contre-bas, le canal se jetait dans la baie côtière, amenant par la même occasion quelques bâteaux de pêche aux calibres divers. Le cortège descendait dans le port industriel d'Abunaj afin de profiter de la visite guidée organisée avec les ingénieurs et logisticiens des lieux.
Le canal d'Abunaj

Après cela, les réprésentants du Pae-Motu pourraient découvrir des exploitations off-shore à la pointe de la technologie, avant de prendre deux TTGV afin de raccorder un champ pétrolier près d'Al Kara pour enfin revenir sur la capitale. Pour occuper le temps de voyage, certes raccourci par la technologie de pointe développée expressément pour fluidifier au mieux possible les flux dans le pays, l'Ambē avait prévu que les diplomates banairais et le Khasser mettent en avant les productions industrielles de pointe du pays qui pourraient intéresser la société civile Pae-Motaise : ingénierie civile, transports, matériel médical, médicaments, électronique...et ce de façon subtile, durant des discussions sur la culture respective des deux pays par exemple.


HRP
Note au joueur du Pae-Motu : j'ai terminé, tu peux poster à ton tour :)
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Un parfum fruité toujours en bouche, le Premier Ministre Whakawerawera portait son regard sur les façades de l’un des quartiers historiques d’Abunaj. Des bâtiments aux formes et couleurs d’un autre, qui accueillaient avec intelligence des commerces qui lui étaient familiers malgré la différence de culture: ici, on s'installait pour consommer des boissons qui semblaient traditionnelles, là, ce qui ressemblait à un fast-food plutôt artisanal s'était niché dans une construction d'une autre époque...

Ce respect de l’ancienne architecture évoqua quelques regrets au ministre. Rares étaient les édifices pré-coloniaux encore debout au Pae’Motu. Les eurysiens avaient amené leur lot de réformes et de destruction, c’était indéniable. Mais la beaucoup de bâtiments avaient été remplacés au cours de plans d’urbanisation hâtifs des premiers régimes indépendants. Tous les peuples n’avaient pas gravé leur histoire dans la pierre, et il appartenait au chef d’Etat et à ses compatriotes de décider quelle image de leur archipel il souhaitait graver dans l’histoire, et dans l’esprit des générations futures.

Mais l’héritage d’une nation ne se résume pas aux monuments dont elle couvre la terre. Sur la colline du Safar, il découvrait ensuite les paroles qui avaient accompagné ce qu’il comprenait comme l’idée d’un Banairah moderne, une nation tournée vers la mer et les peuple qui se trouvaient au-delà, qui avait su par la voie de la mer transformer les richesses de son sol en villas, ports et lieux de culte à même d’offrir le luxe à ses habitants. Cette classe opulente ne subsistait peut être que grâce au travail de l’ombre d’une masse laborieuse. Le contraire serait surprenant, mais si tel était aujourd’hui le cas, le gouvernement banairais avait réussi à dissimuler ce jour moins flatteur au profit du monumental et du resplendissant.

Une nation marchande expédiant les richesses de son pays aux quatre coins du monde dans le but d’offrir le confort à son peuple, c’était également ainsi que Whakarewarewa considérait le Pae’Motu moderne. Mais il existait une différence de taille qui participait à séparer l’archipel émergent du colosse afaréen. Une différence qui se jouait pour l’essentiel à une seule ressource, une unique ressource que les perles, parfums, fruits exotiques, essences de bois rares et autres trésors du Pae’Motu ne seraient jamais l’équivalent, et que le Banairah exportait des millions de litres chaque jour. Le pétrole.

Pourtant, avec les découvertes récentes des sismographes pae’motu dans les failles océaniques de l’archipel, Aata aimait à penser que ce fossé qui distinguait les deux pays était avant tout logistique. Des hydrocarbures dormaient sous les océans de son pays, c’était désormais un fait avéré. En quelle quantité, cela était encore difficile à dire. Mais le principal problème demeurait l’absence de savoir-faire et de moyens logistiques qui permettraient au Pae’Motu d’exploiter ces ressources.
Le très faible nombre de compagnie privées sur le sol de l’archipel avait offert au Pae’Motu de nombreux avantages. L’archipel avait ainsi pu diriger les industries vers les domaines jugés profitables au plus grand nombre. Le pays conservait également ainsi un important contrôle sur les emplois et salaires, et grâce à une grande quantité de postes de fonctionnaires, offrait à ses citoyens un taux d’emploi important et œuvrait en théorie à maintenir une inégalité salariale basse.

Mais aujourd’hui, alors que ce pays historiquement grand exportateur perdait d’année en année en compétitivité sur les marchés mondiaux, et qu’il fallait au plus vite explorer de nouveaux domaines, l’absence de gros capitaux se faisait sentir. Pour le meilleur comme pour le pire, la capacité des compagnies privées à faire émerger de nouveaux marchés du néant ou presque était sans rival, et un budget d’Etat déjà criblé par les dépenses sociales n’en était clairement pas un de taille.

Aata Whakarewarewa ne regrettait cependant pas le moins du monde les choix politiques qui avaient été adoptés par son pays. Œuvrer pour une consommation raisonnée et s’assurer que la population générale peut satisfaire ses besoins avant de privilégier l’apparition de quelques grandes fortunes à même d’investir dans n’importe quel projet fumeux sur un coup de tête, cela demeurait une évidence. Cependant, maintenant que l’économie du Pae’Motu était plus fragile que jamais, le Premier Ministre espérait qu’il ne s’avérerait pas nécessaire de vendre son pays à des puissances étrangères.

Ruminant ces pensées, Aata Whakarewarewa observait les gargantuesques entrepots, plateformes et puits, témoins que cet eldorado noir ne délivrait son profit qu’à ceux qui l’avait dompté aux prix de décennies de savoir-faire. Le Pae’Motu était-il prêt à accueillir de tels titans d’ingénierie ? Soupesant la capacité de sa nation à supporter de tels bouleversements, il suivit ses guides à l’intérieur d’un TGV direction la capitale. Le dos droit sur sa banquette, il n’écoutait plus que d’une oreille distraite leurs paroles, faisant confiance à son équipe pour mener ces échanges parsemés de sous-entendus qui précédaient ceux qui se dérouleraient derrière des portes closes. Des discussions importantes pour l’avenir de son pays allaient être entamées.
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