Posté le : 02 nov. 2022 à 12:11:21
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A nouveau, réagissant à la nouvelle question du professeur, l'assemblée se mit à converser. Cependant, l'on put noter que ce brouhaha ne traduisait pas la même sensation d'assurance démocratique qu'à la question précédente. En effet, la question du commerce est encore en cours de débat à l'Assemblée, et devoir donner un avis clair et précis sur cette question sans avoir réussi auparavant à s'être mis d'accord semble difficile. Alors que les conversations (et les disputes) se poursuivent depuis plusieurs minutes dans les chuchotements parcourant la salle, une femme, Sara Al'Farih, se leva de son siège et se dirigea, sous certains grognement de mécontentement, vers le milieu de la salle.
- Voyez-vous, mesdames et messieurs les représentants et représentantes du LiberalIntern, aussi étonnant que cela puisse paraitre, nous avions aussi préparé cette question lors de la séance préparatoire d'hier. Seulement, la ligne à laquelle nous sommes parvenus, et que je vais vous exposer, n'est à ce jour qu'un ensemble de compromis démocratique entre les positions des uns, des unes, et des autres. La question du commerce, et de l'ouverture de Priscyllia sur le monde, est actuellement en discussion à travers de nombreux débats que nous avons eu l'occasion d'aborder depuis quelques mois.
Afin de refléter au mieux la ligne votée hier, je vais ici mettre mon opinion de côté, et me concentrer sur les faits.
Nous avons été, jusqu'ici, un pays à côté du monde, tant politiquement qu'économiquement. Revendiquant une indépendance radicale et sans compromis, nous n'étions favorable à aucun traité avec des nations qui ne porteraient pas nos valeurs. Seulement, depuis quelques temps, nous avons dut faire face aux fruits de cette politique additionnés à des changements naturels que nous ne pouvons contrôler. Et la question du commerce, de l'autonomie, ont dut être remise sur la table.
Vous avez sûrement eut vent de nos récentes difficultés alimentaires à cause du gel, par exemple, et de l'aide dont nous avons eu besoin, aimablement donnée par le Grand Kah, pour surmonter cette crise.
L'acceptation de cette aide fut pour nous la première étape d'une ouverture commerciale sur le monde, bien que nous n'ayons rien eu à payer à cette occasion.
Les traités diplomatiques, notamment signés par nécessité avec des nations éloignés idéologiquement de l'anarchisme, ont aussi conduit à des échanges commerciaux et économiques avec des pays frontaliers.
Petit à petit, nous nous ouvrons sur le monde, contre le gré, je tiens à le préciser, d'une partie de l'assemblée.
Mais le phénomène semble se faire par nécessité, sans que nous puissions réellement l'arrêter. Si nous n'avions pas accepté ces échanges, nous serions à l'heure actuel plongé dans une immense crise économique.
Et bien, maintenant que je vous ai exposé cette évolution, afin de mettre en lumière les débats qui nous agitent en ce moment, et de justifier cet instant conflictuel que vous avez sans nul doute perçu, je vais vous présenter succinctement ce que nous pourrions définir comme notre modèle économique.
Nous sommes une nation d'artisans et de petits producteurs. La majorité de nos marchés sont pour le moment interne à notre territoire. Les collectivités achètent ce qu'elles ne peuvent produire aux autres collectivités, et la plupart des échanges s'effectuent sans monnaie réelle. Le littoral approvisionne les forêts en poisson, en échange de bois de chauffage, par exemple. Les services, comme l'hôpital de Naminov, sont financé entièrement par l'Assemblée Générale en ce qu'il s'agit de personnel et de matériel. Je ne rentrerais pas dans les détails, mais l'autonomie est ici aussi mise au centre, les subventions étant décidés par les collectifs de soignants de l'hôpital plutôt que par l'Assemblée. Et ce n'est qu'un exemple.
D'un autre côté, nous obtenons quasiment toute notre richesse en monnaie grâce au tourisme naturel dans les forêts.
Je ne détaillerais pas plus ici nos perspectives économiques, puisque comme dit précédemment, nous sommes en pleines discussions à ce sujet. Mais l'ouverture modérée à un commerce mondialisé de biens de qualités comme nous sommes capable d'en produire constitueraient sans nulle doute un revenu conséquent, et nous pourrions assurer notre résilience et notre subsistance en concluant des accords de sûreté alimentaire et sanitaire avec de tierces nations. Ces projets sont sur la table !
Sara quitta l'espace de prise de parole, fière d'avoir éviter une dispute plus longue et ridicule entre les mondialistes et les indépendantistes, mais peu convaincu par son exposition du modèle commercial priscyllien. En même temps, difficile d'en parler. Priscyllia n'est pas une de ces nations construite autour d'échanges commerciaux, et peu d'habitants, mise à part certains porte-parole, sont capable de parler d'économie pendant plus de 5 minutes...