28/05/2013
11:19:15
Index du forum Scène Internationale Diplomatie internationale

Le pont du nord

3866
https://www.zupimages.net/up/22/36/3pdu.jpg https://www.zupimages.net/up/22/36/62us.jpg

Le yacht fédéral du Canta avait été accueilli par la marine pharoise au large de Porto Mundo, la petite vedette du Capitaine Mainio en tête des deux imposantes frégates du Syndikaali qui leur serviraient d’escorte. Le ministre leur adressa de grands gestes et s’autorisa même à faire un petit tour autour du Bundesschiff avant de se faire descendre un accès au navire.

- C’est bien heureux de me recevoir à bord, mesdames, confia le bonhomme essoufflé et cramoisi par l’effort. « Pardonnez que je m’invite un peu, mais je suis toujours curieux des bateaux des autres. Savez-vous que le Lofoten a d’impressionnants navires électriques ? Un yacht fédéral, cela valait de prendre un peu d’avance sur le reste de mes collègues. »

Les deux frégates pharoises étaient venues se positionner de part et d’autre du Bundesschiff, silencieuses protectrices, tandis que Mainio, son souffle revenu, se mit à commenter joyeusement le paysage. A bâbord passèrent Porto Mundo, l’élégante cité listonienne perchée sur les hauteurs du Fjord, puis vint Pohjoishammas, sombrement animée où même à un mille des côtes semblaient parvenir encore des effluves étranges, odeurs d’alcool, de parfum et de sueur. Sa sœur, à tribord, Etelähammas, semblait une sainte en comparaison. Les petites maisons en bord de l’eau, aux jardins joliment entretenus bordaient la plage comme autant de lieux de vacances qui paraissaient figés dans le temps. Enfin vint la Caprice Coast, où la ville n’apparaissait que furtivement entre deux falaises, les gigantesques parois rocheuses de la côtes battues par les remous du Détroit provoquaient des vagues plus hautes que dix hommes.

Puis ce fut le Syndikaali. Il faisait beau ce jour là et l’océan du nord était aussi calme que peut l’être un océan. Des falaises encore, et des plages de galets. Après les ports du Détroit, le territoire Pharois donnait l’étrange impression d’être désert. Seuls des phares perchés en haut des côtes trahissaient ici et là une présence humaine. Certains paraissaient d'une étonnante modernité, d'autres avaient la pierre croulante et pour beaucoup il manquait le sommet. L'âge des tours à feu semblait indiscutablement révolu.

- Les propriétés sont un peu plus dans les terres, derrière les falaises, de sorte qu’on ne les voit pas d'en bas, expliqua le Capitaine Mainio. « C’était pour éviter les canonnades depuis la mer, les Phares indiquent qu’une agglomération n’est pas loin, mais sa position réelle est volontairement floue pour tromper les assaillants. Aujourd’hui plus personne n’attaque le Syndikaali, je vous rassure, mais les emplacements des villes sont restés. »

La côte nord n’était guère peuplée, de toute manière, c’était l’évidence. Il fallut attendre encore plusieurs milles pour qu’Helmi n’apparaisse, annoncée bien à l'avance par le bourdonnement curieux des navires de commerce, chalutiers, gros porteurs et petits rafiots familiaux qui zigzaguaient comme des insectes à distance respectable du yacht et des frégates de la marine. Ah, Helmi… ses digues de béton infinies et ses grues si nombreuses qu’on les aurait dit en nuées. « Des petits flamands gris. » plaisanta Mainio et il fallait lui reconnaître que ces oiseaux-là avaient une allure sinistre, perchés à plusieurs centaines de mètres de hauteur sur leur unique patte d’acier.

On dépassa Helmi et ses chantiers navals, « le plus grand port industriel d’Eurysie », d’après l’opulent ministre. Il était difficile de savoir s’il exagérait, mais il paraissait fier de cette information. Helmi avait semblé une oasis de béton et de fer dans un désert aqueux, où la côte sauvage se disputait à l’océan son inhospitalité, rapidement il y eut moins de navires, mais jamais plus aucun. Le littoral était une voix d'accès à part entière, les bateaux qui le longeaient donnaient l'impression de suivre une route comme l'auraient fait ailleurs des voitures ou des trains.

Il fallut encore un peu de patience pour atteindre Pharot. Là le Bundesschiff fut rejoint par la corvette doyenne où Makku et le Citoyen Ministre Sakari les saluèrent.

- Nous nous retrouvons à terre ! leur cria Mainio par-dessus le bord du pont, et la corvette fit demi-tour pour aller accoster un peu plus loin.

Le Doyen Pêcheur et le Citoyen Ministre Sakari se trouvaient sur les quais, escortés de quelques garde-côtes, lorsqu’enfin mesdames Suzette Rossignol et Margrethe Olz posèrent le pieds en terre pharoise.
4005
Le soleil se levait sur le grand port cantais de Roune 3000, c’était ici que le grand yacht fédéral Bundesschiff mouillait quand il n’était point utilisé, le yacht fédéral est un beau navire de près de 6.000 tonnes réservé à l’usage exclusif du chancelier fédéral ou d’un membre du gouvernement et cela faisait près de 25 ans qu’il n’avait pas été utilisé pour le voyage officiel du chancelier dans un pays étranger.

YACHT

A son bord en plus des bagages de toute la délégation diplomatique se trouvait également suffisamment de vivres pour une semaine, bien que le voyage ne dura que 2 petits jours et beaucoup de cadeaux à offrir aux hôtes pharois.

Alors que la chancelière et sa ministre prenaient une petite collation sur le pont avant, Suzette Rossignol s’exclama
-Mais n’est-ce pas la flotte pharoise que nous apercevons au loin ?
-Je ne vois rien.
-Mais si tout là-bas ?
-Quelqu’un peut il m’apporter des jumelles ?

Un matelot apporta des jumelles à la chancelière.

“Effectivement c’est bien deux navires pharois que nous voyons là bas… j’espère qu’ils ne viennent pas pour nous voler.” Toutes les personnes présentes sur le pont se mirent à rire aux éclats.

JUMELLES

“-Cela serait fâcheux, d’autant que notre sous-marin patrouille près de la Loduarie.
-Enfin Suzette je t’avais dit de ne pas dévoiler sa position à tout le monde.”

Quand la vedette du capitaine Maino était suffisamment proche, Margrethe, Suzette et une partie de l’équipage répondaient aux grandes salutations du ministre pharois. La chancelière et la ministre essayèrent de faire le tour du pont en même temps que la vedette faisait le tour du yacht, tout en continuant de saluer le capitaine.

Une fois montée à bord, la chancelière salua chaleureusement le ministre.

"Bienvenue à bord du Bundesschiff, ce modeste navire fait bien petit à côté de vos imposantes frégates.
Je vous prie tout à fait de visiter, faites comme chez vous, je serais ravie de vous faire visiter ce si beau petit navire, qui n’est vraiment rien par rapport aux yachts de la flotte royale.
Je sais bien que le Lofoten à des navires électriques mais voyez vous cette vieille bécane fonctionne encore alors il n’y a pas raison que nous la changeons. Et puis je ne pense pas que j’ai besoin de vous dire combien on peut s'attacher à un navire.”


La chancelière fit donc visiter une grande partie du yacht au capitaine Maino.

Devant Porto Mundo elle lui dit que la cité lui faisait penser aux villes badenoises côtières avec ce mélange des styles typiquement nordique mais avec une pointe méridionale.

Elle lui proposa ensuite une petite collation, un authentique colvo frochinien, une liqueur de pomme à 55° quand il voguait au large de Pohjoishammas

“Je pense que cette petite liqueur s'accorde parfaitement avec le paysage. Les paysages que vous me décrivez et en plus nous avons l’odeur qui va déjà avec.”

Cette espèce de petite croisière amusante continuait à voguer et le courant passait très bien entre les trois joyeux gaillards, la chancelière commença alors à offrir à son invité de bord les cadeaux qu’elle avait fait embarquer.

“Alors tout d’abord je vous offre cet assortiment complet de spécialités culinaires cantaises, ici nous avons surtout réunis les confiseries et autres sucreries : “des confiseries de Totyves, des biscuits de Minia, des sucreries de Nille,, des petits gâteaux de La Roitier, ces délicieuses gaufres du Roto, les meilleurs du monde, et je ne dis pas ça parce qu’elles viennent de ma ville, ça dépasse largement ces petites viennoiseries de StrassVille et enfin ces diverses bouteilles de bières badenoises”. Elle lui offrit ensuite tout un ensemble en dentelle de Nille mais aussi des soins de la peau confectionnés à partir des meilleures eaux thermales cantaises et encore d’autres choses qu’elle réservait au doyen.

Devant Helmi les deux cantaises furent très impressionnés, bien qu’ayant dirigés chacune des grandes villes cantaises de cet oasis de béton et de fer, ici contrairement aux villes cantaises on avait du mal à voir si entre les grands immeubles se cachait de magnifiques jardins ou si les avenues de la ville étaient gracieusement plantés de lignées d’arbres centenaires.

Enfin le yacht fédéral arriva à proximité de Pharrot, les deux politiciennes cantaises, ainsi que l’équipage, saluèrent chaleureusement la corvette du doyen puis le bateau accosta avant que la chancelière ne salua chaleureusement le doyen.

“Monsieur le doyen Makku c’est un véritable honneur pour moi d’être reçu de manière si honorante par votre pays, permettez moi de vous offrir cette très bonne bouteille de vin d’Elsace en signe de remerciement”.
1673
- Un honneur, n’exagérons rien. Nous aurions été de bien piètres hôtes en manquant à nos manières hmmm…

Le Doyen lorgna sur la bouteille pendant que Mainio introduisant le citoyen Sakari.

- Et voici notre plus jeune ministre et le porte-parole du Parti Communiste Pharois.

Poliment, Sakari leurs tendis la main.

- Il n’aurait pas été juste de vous faire penser que le Syndikaali n’était gouverné que par des libéraux.

- Vrai que nous formons une affreuse petite bande, s’engorgea Mainio. « Il est toujours bon d’avoir dans les parages un peu de mauvaise conscience de gauche. Si vous voulez bien me suivre, nous aurons ce soir une petite réception sur un navire diplomatique, ce sont des merveilles de luxe mais avant, hem, j’imagine qu’il faut parler des choses sérieux… Makku, vous venez ? »

Le Doyen releva le nez de sa bouteille et hocha la tête, dirigeant le petit cortège vers des voitures qui les attendaient, escortés de quelques garde-côtes débraillés.

- Le Canta possède-t-il un plan d'adaptation face aux contradictions économiques structurelles du capitalisme ? tenta Sakari.

- Pas maintenant enfin, nous aurons l’occasion d’ennuyer nos invitées ce soir.

La loge doyenne se trouvait dans les terres, à une dizaine de kilomètres de Pharot et il fallu un bonne vingtaine de minute de trajet pour la rejoindre, trajet durant lequel le capitaine ministre des Intérêts internationaux raconta des histoires pendant que son jeune homologue semblait s’ennuyer en regardant le paysage.

Ils atteignirent finalement le bâtiment, dôme entouré de colonnades laquées de blanc qui réverbéraient l’éclat de la neige aux alentours. On les mena à un salon.

- Bien bien bien, chantonna l’obèse en prenant place dans un large fauteuil. « Mesdames, c’est un plaisir de discuter de l’avenir de la Manche Blanche avec vous. Et nous allons pouvoir profiter de ce lieu confortable pour goûter à vos cadeaux… ! »

L’idée semblait particulièrement le réjouir.
1294
La ministre Rossignol fut amusée par la petite boutade du ministre Sakari :

“Nous ne possédons pas de plan d'adaptations monsieur le ministre mais nous sommes suffisamment souples, même si nous commençons à devenir vieilles, pour savoir réagir aux turbulences de chaque idéologie économique.”

Une fois dans le salon du bâtiment au dôme, et comme le capitaine Maino, les deux cantaises s’assirent dans les confortables fauteuils de la pièce. La chancelière prit alors la parole :

“Aujourd’hui c’est un petit peu un mini congrès du Nord qui se déroule, certes nous ne sommes que deux mais nous sommes les deux portes d’une des mers les plus importantes du jour. J’espère donc qu’aujourd’hui nous pourrons voir au mieux tout ce que nous pouvons faire pour garantir la libre circulation des navires dans la mer. Toujours sur la Manche Blanche je pense que nous pourrions également parler des pays qui la bordent, notamment notre allié commun du Norstalkian et également sur un plan un poil plus conflictuel : Kotios. Ensuite on pourrait parler de divers sujets comme nos relations bilatérales dans des sujets majeurs comme l'éducation, la culture, les facilités que nous pourrions apporter entre les relations de nos diasporas.

Voilà à peu près ce sur quoi j'aimerais que nous parlions aujourd'hui, en espérant que nous soyons sur la même longueur d'onde. Et enfin messieurs permettez moi de vous recommandez la meilleure sucrerie du monde, les gaufres du Roto, vous ne pourrez plus jamais vous en passez une fois gouté.
3207
Les Pharois s’étaient installés face à leurs homologues de part et d’autre d’une table ronde où on avait déposé les cadeaux de la délégation cantaise en plus de quelques boissons chaudes et froides. Le Doyen Makku s’était placé au milieu, à se droite le Capitaine Mainio, à sa gauche le Citoyen Sakari qui semblait en vouloir à l’opulent ministre des Intérêts internationaux. Il était vrai que depuis quelques temps, les relations entre le Parti du Progrès et le Parti Communiste Pharois n’étaient au beau fixe.

Mainio : Un congrès d’autant plus d’actualité que les principaux acteurs de la région semblent soit en voie d’effondrement, soit se referment sur eux-mêmes. L’Empire Démocratique Latin Francisquien se débat toujours entre ses turpitudes politiques et le virus carnavalais, le Walserreich s’est recroquevillé sur lui-même tout comme la République de Makt et la Damanie. En somme, je ne dirai pas « nous avons les mains libres » mais je le pense un peu.

Sakari : Que ça ne vous donne pas des idées,

grogna le ministre de la Défense territoriale à l’adresse du Capitaine Mainio. Celui-ci choisit d’ignorer la remarque.

Mainio : L’ordre du jour me semble pertinent, Makku, quelque chose à ajouter ?

Makku : Oh non…

Sakari : Il faudra que nous parlions un peu de l’ONC aussi. Vous avez vu la situation au Prodnov ? le message est clair : personne n’est à l’abri de leur impérialisme. Il faudra prendre position.

Mainio : Certes, mais des prises de parole plus mesurées sont également souhaitables. Bon flic, méchant flic comme on dit !

Et il se mit à rire sous le regard dubitatif du citoyen Sakari.

Mainio : Enfin bref ! Ne monopolisons pas la parole inutilement, nous avons un peu préparé le sujet. En ce qui concerne la Manche Blanche, nous pourrions partir d’une déclaration commune : « aucune entrave au commerce et à la circulation dans ces eaux ne saurait être tolérées sans la concertation collective de tous les pays les bordant ». C’est relativement vague mais cela nous évite a minima la décision unilatérale d’une nation qui prendrait un peu trop la confiance – si vous me passez l’expression. En somme, nous demandons à être consultés si le commerce devait être entravé d’une manière ou d’une autre. Dans le cas contraire, nous serions parfaitement légitime à forcer un blocus, sinon pour tous les navires, au moins pour les nôtres. L’action conjointe de la flotte pharoise et de la flotte cantaise, agissant depuis l’est et depuis l’ouest devrait dissuader quiconque de se lancer dans ce type de projet sans faire preuve d’un peu de diplomatie préalable.

A mes yeux, il s’agit de la déclaration la plus raisonnable. Elle peut toutefois être plus ambitieuse, selon la façon dont votre pays souhaite s’engager activement militairement dans la région.

Il adressa un regard à Sakari qui hocha la tête.

Sakari : Le nouveau statut de Porto Mundo place les affaires militaires la ville sous la direction de mon ministère. J’ai pensé qu’en signe de bonne volonté et d’amitié, nous pourrions ouvrir nos territoires respectifs à l’installation de bases militaires de portée régionale ? Nous concernant, il pourrait même être question de base commune, cela faciliterait la cohabitation et les manœuvres collectives. Le Syndikaali a d’autres bases dans le Détroit qui sont plus spécifiquement liées à cette partie du monde mais Porto Mundo est à la frontière entre le Détroit et la Manche Blanche, c’est un compromis intéressant et Edmundo Estrela, le maire, recherche justement des investissements militaires pour sa ville.

Mainio : Il faudra bien entendu négocier l’envergure de telles bases et ce que nous tolérons réciproquement l’un chez l’autre, mais déjà, ce projet vous intéresse-t-il dans cette forme ?
2966
Écoutant attentivement ses hôtes, la chancelière prit bien note des paroles de ses interlocuteurs pour leur répondre au mieux.

“Messieurs les ministres, je suis bien d’accord que nous devons trouver un juste équilibre entre “nous avons les mains libres” et une forme de fausse attente des autres nations voisines.”

“Maintenant concernant le Prodnov vous n’êtes pas sans savoir que j’ai demandé à mon gouvernement d'investir près de 8 milliards d’eurargenté là bas pour acquérir 25% du réseau routier et 20% du réseau d’électricité. Et je vais bientôt soumettre à Sa Majesté Augustina II un nouveau décret de 8 milliards d’euragenté pour détenir 66% des moyens de radiodiffusion et 10% de l’aéroport de Staîglad. De ce fait, nous espérons quelque peu atténuer la mainmise des puissances de l’ONC sur le RLP. D’ailleurs je vous ferais remarquer que les principaux médias sont détenus par 3 pays non ONC, en l'occurrence le Royaume Soudé et j’espère nous mais aussi le Burujoa, pour avoir traité avec ce pays je pense que nous avons ici affaire aux champions de la propagande et je pense que l’ONC va avoir du soucis à se faire avec eux.”

“Maintenant j’ajouterais une petite nuance à votre proposition de déclaration commune, j’ai une grande haine du totalitarisme et de l'autoritarisme mais voyez vous je suis un petit peu tiraillé en 2 par rapport à cette déclaration. D’un côté je la trouve juste et équilibrée mais voyez vous je pense que l’on devrait se laisser une petite porte ouverte pour restreindre certains mouvements, surtout ceux de navires militaires et je vous proposerais donc la rédaction suivante : “Aucune entrave au commerce et à la circulation dans ces eaux ne saurait être tolérées sans la concertation collective de tous les pays les bordant. Cependant les États riverains peuvent restreindre les mouvements des navires militaires de nations non riveraines si elles représentent une menace pour quelques nations que se soit. L’Etat restreignant ces mouvements de navires engage sa confiance auprès de ses voisins.” Voilà ma vision de cette déclaration qui n’a que pour seul but de nous laisser une marge de manœuvre si une nation essayait de faire transiter ses navires par notre mer pour aller faire la guerre ailleurs.”

“Je vous suis à 100% sur ce projet de base militaire implanté sur le territoire de l’autre. Si vous nous proposez Porto Mundo je pense vous proposer la base du Roto en Ckey. Il existe déjà de belles infrastructures sur place, elle se trouve à proximité de notre centre de commandement maritime et la future duchesse, la 1ere vice duchesse Brigitte Norter - de Ckey étant ma cousine, cela devrait nous protéger de biens des querelles de clocher. Pour les modalités pratiques je pense que nous devrions essayer de mettre par accord les limites des matériels que nous pourrions déployer, après tout comme ce sont des bases régionales cela devrait être rapidement fait.

Et toujours sur l’aspect militaire, nous devrions essayer de voir comment nos armées peuvent s’articuler pour assurer une posture de dissuasion permanente des actions illicites, avec le déploiement d’un minimum de bâtiments de guerre, de préférence de 1er rang mais aussi de sous-marins. Mais aussi d’une forme de posture de présence aérienne permanente assurée par des avions de chasse, des avions ou hélicoptères de patrouille, des drones pour garder une connaissance constante de tout ce qui se passe en mer.”
3587
A la réponse sur le Prodnov, le citoyen Sakari sembla tiquer et alors qu’il se tenait jusque-là adossé au fauteuil, vint placer ses coudes sur ses genoux dans une posture concentrée.

Sakari : Pardon mais la question ici n’est pas de savoir si l’ONC prend le contrôle du pays, ils l’ont de fait avec leurs armées. Ce qui se passe au Prodnov, c’est de la sous-traitance impérialiste, on brade les services publics, les biens des Prodnoviens, à des pays étrangers. Que vous preniez votre part grand bien vous fasse, mais chacun de vos huit milliards retirent aux habitants un peu de ce qui leur appartiens de droit.

Le capitaine ministre Mainio laissa traîner sa main sur son double-menton, visiblement en pleine réflexion.

Mainio : Je ne partage pas complètement le diagnostic de mon jeune collègue.

Et il adressa un sourire amical à Sakari.

Mainio : Les faits demeurent toutefois que c’est dans un pays sous occupation que vous investissez aujourd’hui. Loin de moi l’idée d’en tirer des leçons de morale, après tout nos forces occupent Peprolov, la Lutharovie Galkovine et en définitive les Prodnoviens ne sont chez eux nulle part. Reste que la guerre qu’a mené l’ONC dans l’océan du nord doit être comprise avec lucidité : là où nous chercherons à instaurer une saine collaboration régionale, les partisans d’un commerce mondialisé voudront nous mettre des bâtons dans les roues. Ne vous y trompez pas : ces liens que nous sommes en train de tisser dans la Manche Blanche, ils voudront les dénouer également, par la force ou la ruse.

Sakari : Ce sont des requins, il se jetteront sur le premier pays à présenter des signes de faiblesses pour y poser leurs bases.

Mainio : Oui c’est à craindre. A nous de devenir des anguilles, je gage, et c’est ici que nos opinions diffèrent, cher ami Sakari, car avoir un pied au Prodnov n’est pas négligeable. Néanmoins je ne m’avancerai pas sur ce sujet avant de connaitre l’opinion de nos amis Cantais.

Cette fois, ce fut à la chancelière et à la ministre Rossignol qu'il offrit un sourire.

Mainio : En ce qui concerne la déclaration, votre ajout me semble avisé. D’autant plus que de Kotios au Canta, c’est une véritable porte qui peut se fermer à l’embouchure de la Manche Blanche, bien utile si d’aventure quelques bellicistes s’improvisaient une campagne dans ce coin du monde. J’y souscrits donc pleinement. Sakari ? Makku ?

Makku : Oh moi…

Sakari : Oui, très bien.

Mainio : Concernant les bases militaires, nous sommes actuellement en train de renouveler notre parc de missiles sol-mer, nous pourrions partir sur une vingtaine de têtes ? Leur mise à feu serait bien sûre conditionnée à l’accord express de votre état-major. En ce qui concerne les forces terrestres déployées sur place, je gage qu’un demi-millier d’homme est largement suffisant en période de paix, d’autant que les navires possèdent leurs propres équipages, l’infanterie n’a qu’un but purement logistique et de soutien.

Pour ce qui de la force en tant que telle, le Syndikaali serait heureux de pourvoir le Canta de quelques navires et un sous-marin. Je ne vous mentirai pas sur la marchandise, nous avons largement monté en gamme depuis, mais Sakari vous le confirmera, les réformes qu’a mené le gouvernement ces derniers temps rendent difficile la vente de matériel militaire à des pays « neutres ». Vous offrir quelques patrouilleurs serait l’assurance de vous compter parmi nos amis et un geste à même de convaincre les syndicats de l’industrie militaire d’accepter de produire pour vous.

A ce sujet, il est évident que nous serons heureux de vous faire un devis bien en dessous des prix du marché, il faudra simplement nous indiquer la nature du matériel à produire, cela ne devrait guère poser de problème.

Au-delà de ses affaires de gros sous, nous travaillons à nous doter d’une marine polyvalente avec des navires de nombreux calibres et puissances de feu afin de pouvoir réagir à toutes les situations. Il en va de même pour les sous-marins. Quant à l’armée de l’air, nous attendons d’ici peu un nouveau modèle de chausseur-bombardiers à la pointe de la technologie pour relancer notre production. Cela devrait suffire largement à nos besoins défensifs, ne serait-ce qu’en terme de dissuasion.
4372
La chancelière fédérale décida de ne pas répondre à la critique du ministre Sakari voyant que le débat sera beaucoup plus difficile qu’avec le ministre Mainio.

“Nous parlons ici de deux visions du monde qui sont tout de même radicalement opposées, nous sommes presque sur la grande faille qui sépare le monde en deux entre d’un côté des mondialistes capitalistes et de l’autre les régionalistes plus socialisants. Bon après on a d’autres courants minoritaires de 3e voie plus équilibrés et enfin des réactionnaires renfermées mais je pense que nous parlons ici de sujets qui nous dépasse tellement. Je ne vais pas évacuer le sujet mais je pense que l’on devrait essayer de faire le plus de coopération régionale possible, quitte à ce qu’un même pays fasse partie de plusieurs organismes de coopération régionale et essayer de partir sur ces bases régionales pour essayer de développer de plus vastes coopérations internationales.”

“Je vais revenir aux bases plus concrètes de notre sujet initial et je suis d’accord avec vous sur le fait que certains pays essayeront coûte que coûte de détruire notre alliance naissante pour essayer d’imposer leur vision du monde dans nos eaux et sur nos terres. Donc je suis d’accord avec vous sur notre besoin presque vital d’avoir les relations les plus serrées possible. On ne doit pas tomber dans un excès qui pourrait nous être néfaste mais je pense que si nous faisons suffisamment de geste fort aussi bien symbolique que véritablement utile on arrivera à dissuader certains pays de venir s’ingérer dans nos affaires.
D’ailleurs je pense que notre coopération devrait s’étendre aux délà de nos relations bilatérales, nous devrions essayer de construire une forme d’organismes supra étatique de coopération régionale alliant le plus d’état de Manche Blanche possible en essayant même de l’ouvrir à des pays qui bien que non riverains ont des intérêts vitaux dans nos eaux. Nous ne pouvons nier que notre mer est une des grandes colonnes vertébrales du trafic maritime mondial et que bien des pays sont dépendants des marchandises qui transitent par là.”

La ministre Rossignol repris la parole :

“Je suis très contente que vous approuvez notre petite modification, et je peux vous garantir que bien que nos relations aient été un peu tumulueuses avec Kotios nous ferons tout pour coopérer au mieux avec eux pour préserver l’entrée occidentale de la Manche Blanche.”

“Maintenant concernant les bases militaires je pense que votre déploiement me convient parfaitement et de notre côté nous essayerons de déployer environ 400 hommes dotés de moyens logistiques suffisant, notre parc de missiles étant plus léger nous allons cependant nous même assurer la protection antiaérienne du lieu, ou du moins venir en soutien des moyens déployés, avec le déploiement d’une batterie de lance missile antiaérien et je pense que nous pourrions commander auprès de nos propres industries quelques missiles anti navires supplémentaires. Je ne sais pas ce que tu en penses Margrethe”

“Cela me convient mais nos usines croulent un peu sous les commandes mais d’ici là ça devrait aller. Actuellement nous sommes en train d’augmenter de manière très significative notre marine royale avec la construction d’un transport de chaland d’un porte hélicoptère et de 6 navires de combat mais cela nous demande un certain temps. Alors je ne suis pas opposé à ce que nous récupérions vos plus anciens navires qui seront affectés à la base de Porto Mundo et continueront donc de servir, dans une moindre mesure vos intérêts.”

La ministre repris alors la parole :

“Ensuite pour de possibles commandes nous ne fermons pas la porte mais nous ne sommes pas encore totalement sûrs de nos besoins, j’aimerais avoir votre avis sur quelle navire que vous pourriez nous fournir vous paraît le plus adapté à nos besoins actuels. Ensuite pour éviter certaines dérives je vous propose un petit accord sur le déploiement de navires dans les bases : en début d’année chaque pays transmet à l’autre les navires qu’ils souhaitent déployer à demeure pour toute l’année dans la base de l’autre pays, ensuite les navires non résidents sont libres de mouiller dans la base le temps qu’ils veulent mais en temps de paix seul un navire de fort tonnage : porte avion, transporteur de chaland ou porte hélicoptère a le droit de mouiller de manière provisoire et pour les plus gros navires de guerre, destroyer et croiseurs, leur nombre serait limité à 2, pour les autres navires on serait sur 5 bâtiments mouillant dans la base étrangère.
Je ne sais pas ce que tu en penses Margrethe ?”

“Je pense que là on rentre vraiment dans l’aspect technique de la chose et qu’on devrait parler entre nous des aspects plus généraux. Sinon pour notre armée de l’air nous avons un petit escadron de 11 avions anti navires et je pense que de simples patrouilles de cette escadrille suffiront de notre part. Après nous allons sans doute renforcer cette escadrille en nombre, en qualité mais également avec des avions ravitailleurs et de patrouille maritime.”
4248
Sakari : « Madame la chancelière, il me semble que c’est précisément ces projets de collaboration régionale que l’ONC cherche à fragiliser voire à dissuader. Les libéraux manquent cruellement d’imagination, leur logiciel tourne en boucle autour de la même idée : niveler le monde pour en faire un vaste marché ! C’est l'ambition stérile d’une mondialisation impérialiste qui se met en place sous nos yeux. Tout ce qui relèverait de la collaboration inter-étatique, organisée autour d’enjeux régionaux, ça leur est odieux et c’est bien normal, au même titre que le patronat déteste voir les travailleurs s’organiser pour défendre leurs intérêts, que des pays se rapprochent pour mettre en avant leurs intérêts spécifiques angoisse ceux qui n’aspirent qu’à les mettre en concurrence. »

Mainio : « Certes certes, mais enfin je pense que c’est une question que nous ne réglerons pas aujourd’hui. Vous devriez le savoir cher ami, ce ne sont pas tant les idées que les actes qui font le monde et nous rapprocher aujourd’hui de la Fédération Monarchique des peuples unis de Canta est en soi une victoire de notre modèle. Il n’est guère nécessaire d’exciter outre-mesure les passions.

D’autant que madame la chancelière semble partager nos ambitions en termes de rapprochement. Notre projet de Conseil de Défense de l’Océan du nord pourrait par exemple être imité dans la Manche Blanche. Voire à termes, réunir les deux autour d’un même axe commercial, c’est une idée que je jette à la mer comme une bouteille. »

Il offrit un sourire à cette-dernière avant de rebondir sur les propos de la ministre Rossignol.

Mainio : « Kotios n’est rien de plus qu’une épine dans un pied, m’est avis. Les pirates sont agités mais pas idiots, ils ont sécurisé la commune, aucun d’entre eux ne veut perdre ce bastion, il faudra simplement s’attendre à les voir asticoter les puissances autoritaires de la région mais nous n’avons pas grand-chose à craindre d’ici à ce qu’ils parviennent à s’organiser politiquement, ce qui peut prendre des décennies…

Vos conditions nous conviennent parfaitement. Nous pensons actuellement doter chaque base militaire d’une vingtaine de missiles de défense sol-mer actuellement en construction. C’est une force dissuasive suffisante pour exercer un contrôle de la zone hors des conflits de haute intensité. Pour les navires, ils seront donc stockés à Porto Mundo et nos marines collaborerons respectivement à leur usage, cela aura le bénéfice de nous entraîner aux manœuvres et à la communication. »

Le capitaine ministre Mainio hocha ensuite la tête à la question des commandes militaires et s’adressa à Sakari.

Mainio : « Qu’en pensez-vous mon jeune ami ? C’est vous qui avez le nez sur les kollektiivinen ? »

Sakari : « Ça dépend de vos ambitions. Si c’est juste de la protection locale, les patrouilleurs font très bien l’affaire, il suffit d’en avoir en nombre. Déployez une dizaine et autant de vedettes, à haut niveau avec le soutien balistique terrestre vous pouvez stopper n’importe quelle marine le temps de déployer des renforts, et c’est très dissuasif.

Si par contre vous comptez vous projeter, il faut prendre en compte la synergie des navires de guerre entre eux : un porte-hélicoptères seul est très vulnérable, il faut le doter de navires d’escorte où il coulera à la première escarmouche. A voir quelles sont les prétentions du Canta en terme de force de frappe. »

Mainio : « Je suis toutefois plus sceptique sur le transfert de navires. Je ne parle pas de ceux de la base de Porto Mundo mais un bâtiment de guerre est cher et un équipage lui est assigné en permanence afin de l’habituer aux manœuvres et à la vie à bord. Faire une rotation chaque année ferait perdre en entraînement et demanderait des moyens logistiques particulièrement complexes pour un bénéfice somme toute peu intéressant.

Néanmoins je vous rejoins sur votre proposition de limiter les navires à fort tonnage. Nous pourrions, à la manière de Saint-Marquise, convenir d’une échelle de crise qui échelonnerait les droits de nos marines respectives. En période de calme la circulation des navires de guerre se limiterait aux exercices ponctuels, en cas de crise grave ou de guerre, nos ports s’ouvriraient naturellement pour se prêter main forte. »

Il se passa la main sur le double-menton, pensif.

Mainio : « Enfin, en ce qui concerne l’aviation, nous sommes sur le point d’achever la conception de chasseurs-bombardiers de dernière génération, disponible à la production d’ici une petite centaine de jour. Cela devrait considérablement renforcer notre puissance de feu aérienne et nous propulser d’un coup dans les plus puissantes armées de l’air du monde. N’est-ce pas ? »

Sakari : « Si tout va bien, oui. L’opinion publique s’est retournée au sujet de l’aviation depuis la crise du Prodnov, je pense que nos concitoyens ont compris que la marine seule ne suffirait pas à assurer notre hégémonie. »
2577
Les échanges pointues continuaient avec la même technicité et la chancelière Olz rebondissait naturellement après avoir rapidement pianoté sur son téléphone.

“Je viens de voir avec mes chefs d’états majors et il me confirme que nous pourrons déployer également des missiles anti navires à Porto Mundo, ensuite je pense que nous pourrions également déployer des batteries de missiles sol-air pour assurer, en plus de la bulle maritime, une bulle aérienne sur nos bases.”

“Ensuite pour nos besoins en navire, nous avons dors et déjà 8 patrouilleurs qui devrait être porté à 10 vers la fin de l’année. L’arrivée prochaine de moyen surveillance aérienne : avion de patrouille maritime, drone de surveillance et hélicoptère de patrouille renforcée devrait nous permettre de répondre à tous nos besoins de surveillance de la porte occidentale de la Manche Blanche. Mais nous avons également dans notre flotte un transporteur de chaland, le roi Alexandre IV, de débarquement, protégé par un de nos sous-marins et dans les prochaines semaines nous allons intégrer dans notre flotte un porte hélicoptère, le roi Thomas Ier qui sera protégé par une corvette qui sera admis en service au même moment. Nous attendons encore une corvette, qui sera très certainement dévolue au roi Alexandre IV.
Si vous arrivez à me suivre, vous pourrez ainsi voir que notre flotte de navires de combat fonctionne à flux tendu et que nous aurons donc besoin de navires supplémentaires et encore plus si nous voulons remplir convenablement notre tâche de la surveillance de l’ensemble de la Manche Blanche.”

“Pour faire simple, il nous faudrait idéalement 3-4 patrouilleurs supplémentaires et idéalement 2-3 corvettes.”

La ministre Rossignol reprit alors la parole concernant le sujet des déploiements de navires.

“Je suis d’accord avec vous sur le fait que des rotations trop importantes pourraient déstabiliser les équipages et les plans de déploiement à long terme. On pourrait donc dire que l’on annonce une fois le déploiement d’un navire de léger tonnage : patrouilleur, corvette, pétrolier, dragueur… Et le plus dur est maintenant d’imaginer le niveau de tension, disons que nous pourrions partir de ce postulat :
- temps de paix : transit logistique, entraînement ponctuel
- temps de tension (menace sérieuse sur une des 2 nations, fermeture de la mer à 1 nation…) : déploiement restreint
- temps de guerre : déploiement illimité

Ensuite sur l’aviation nous avons déjà près d’une cinquantaine d’avions de combat divers dont 11 entièrement dédiés au combat maritime et nous pouvons facilement augmenter nos capacités, avec des chasseurs de 2e, voire 3e génération. Nous avons également mené plusieurs entraînements de déploiement à grande échelle d’avions en Manche Blanche avec un escadron entier soutenu par un avion ravitailleur, les résultats sont concluants même si nous avons eu une petite escarmouche avec les fascistes de Loduarie, mais laissons les à leurs petites affaires.”
4395
Consciencieusement, le citoyen ministre Sakari prenait des notes tandis que Mainio se contenta d'hocher la tête, l'air concentré, avant de sourire.

Mainio : « Bien, la situation est extrêmement claire madame la Chancelière, je vous remercie pour ces précisions. Si j’en crois vos explications, le Canta est actuellement largement en moyen de faire front face à la marine de la plupart des nations du monde, si l’on exclue quelques puissances telles que Fortuna, le Jashuria, le Lofoten et bien évidemment l’Alguarena, ou face à des nations qui choisiraient une politique 'kamikaze', telle qu'a pu le faire par exemple l'Empire Latin Francisquien à une époque. Le seul point faible qui m’apparaît, Sakari vous me détromperez peut-être ? c’est la force sous-marin qui peut être un élément décisif, ne serait-ce que dans le contrôle des voies de navigations. On peut déployer beaucoup de patrouilleurs, si un sous-marin passe en dessous, ma foi, ils deviennent soudain bien inutiles.

En ce qui concerne la défense anti-aérienne, nous pouvons en effet partir sur le déploiement d’engins DCA qui viendront soutenir nos aviations en cas d’intrusion voire – la mer nous en garde – de conflit. Votre aviation est également conséquente, à ce stade seuls des grandes puissances peuvent réellement vous mettre en échec.

Hm. Ce que je vous propose, madame la Chancelière, c’est donc comme vous l’avez dit de vous proposer quelques navires à la vente, mais de très haut de gamme. Un patrouilleur Pharois peut suffire à détecter un sous-marin rudimentaire, si le niveau technologique est très éloigné, ce qui est souvent le cas face à des nations mineures. Evidement, si conflit il devait y avoir face à la marine d’un mastodonte, ce serait toute la marine Pharoise qui serait mobilisée, donc des appareils de détection et de prévention suffisent pour les affaires régulières.

Il se tourna vers Sakari qui relevait la tête de ses documents.

Mainio : Cher ami, vous connaissez nos arsenaux mieux que personne, où en sommes nous de la recherche navale ?

Sakari : Heu… des derniers rapports on devrait pouvoir sortir de nouveaux modèles d’ici deux mois environs. Ça vaut peut-être le coup d’attendre pour ne produire que du dernier cri ?

Mainio : Ah parfait ! Sans nous vanter, je crois qu’à part la Sérénissime de Fortuna et les îles fédérées d’Alguarena, personne ne peut aujourd’hui produire du matériel équivalent. Cela propulserait le Canta immédiatement dans les premières forces marines du monde.

Résumons : trois ou quatre patrouilleurs, deux à trois corvettes, souhaitez vous également un sous-marins ? Je vous donne nos prix, à vous de faire votre choix, vous n’êtes évidement pas obligés de nous répondre tout de suite.

Sakari : Il ne faut pas oublier qu’on a besoin de l’approbation des syndicats militaro-industriels, Mainio.

Mainio : Oh, je pense que le Parti Communiste saura se montrer convaincant, n’est-ce pas ? Nous en discuterons en privé si cela vous tracasse, je saurai mettre quelques concessions dans la balance.

Nous disions donc : actuellement un patrouilleur de base (niveau 1) se vend à 19 000 équivalent or sur le marché de l’armement. D’ici deux mois nous pourrons proposer une technologie sept fois supérieure (niveau 7), ce que nous vous proposons à prix d’ami, c’est-à-dire sans augmentation de prix. Même régime pour les corvettes qui se vendent à 36 000 équivalent or par unité pour les plus basique et, si intéressé, le sous-marin d’attaque à 55 000.

Nous disons donc un devis minimal à 3x19 000 + 2x36 000 pour un total de 129 000 équivalent or. C’est une sacrée somme j’en conviens, mais vous faites un large bénéfice en ne payant pas la montée en gamme du matériel.
Si vous souhaitez voir le devis le plus haut, nous disons 4x19 000 + 3x36 000 pour un total de 184 000 équivalent or. Si vous choisissez ce contrat, je pense que nous pourrons même vous offrir le sous-marin d’attaque en prime, un cadeau à 80 000 équivalent or.

L’opulent ministre soupira et reposa sa feuille de compte.

Mainio : C’est un contrat ambitieux, mais je le répète, qui aurait le mérite de vous propulser immédiatement au sein des plus puissantes marines mondiales. Et entre le surclassement du matériel et le cadeau du sous-marin, vous faites un bénéfice difficilement comparable aux autres offres sur le marché régulier.

Bien sûr, encore une fois, rien ne vous oblige à nous donner une réponse immédiate. De toute façon nous ne pourrons commencer la construction du matériel que d’ici deux mois (20 jours IRL).

Maintenant en ce qui concerne les niveaux de tensions, je vous rejoins totalement sur vos positions. J’ajouterai peut-être une petite précision selon l’ennemi en face. Soyons honnêtes, la situation n’est pas la même si vous vous opposez à la Clovanie ou au Lofoten, vous le comprenez bien. Je vous propose donc quatre niveaux :

  • Niveau 1 (temps de paix) : transit logistique, entraînement ponctuel
  • Niveau 2 (temps de tensions) : déploiement restreint
  • Niveau 2bis (temps de tensions face à un adversaire puissant) : déploiement restreint mais de navires de guerre à fort tonnage
  • Niveau 3 (temps de guerre) : déploiement illimité

Qu’en pensez-vous ?
1591
La chancelière Olz fit une tête embarrassée à l'annonce du prix de la commande de bateaux.

olz

“184.000 équivalent or ? Cela fait vraiment beaucoup, permettez moi de calculer quelques instants, cela nous fait donc 61 333 272 000 $ soit 122 666 544 000 €a, qui est tout de même une somme bien conséquente mais je dois bien avouer que c’est une occasion en or d’avoir une magnifique marine à notre disposition. Les 4 patrouilleurs de 7e génération, les 3 corvettes de 6e génération et surtout le sous-marin de 6e génération sont de vrais pains bénis pour nous et je pense que l’état fédéral a les moyens de se payer de tels navires. Après tout j’ai un beau PIB, la population est riche, les services publics fonctionnent bien et l’armée est le seul ministère qui a besoin d’argent. Je pense que nous pourrions sérieusement prélever dans nos réserves monétaires issues de la rente pétrolière pour financer tout cela. Il faut encore que je m’entretienne avec mon intendant aux finances pour cela mais normalement tout cela devrait être bon. Bon ensuite je ne sais pas encore si je vais demander le visa consultatif du parlement sur cet achat, mais bon tout cela n’est que de la petite tambouille politicienne cantaise. Dans tous les cas, c'est la reine qui aura le dernier mot.”

“Ensuite pour alléger la facture, nous pourrions vous fournir d’autres armes, je vous permet de vous donner notre catalogue, évidemment je ne m’attends pas à des commandes de votre part mais au moins vous pouvez voir tout l’excellence de notre industrie de défense.”

“Pour les niveaux d’urgences c’est bon pour moi. Je pense que nous avons fait le tour des questions de défense, je pense que nous pouvons passer à d’autres sujets.”

Elle marqua une pause, regarda ses interlocuteurs avec un grand sourire puis lâcha :

“Comment assurez-vous votre approvisionnement en pétrole ?”
1837
Compréhensif, le Capitaine Mainio hocha la tête avec sobriété pendant que Sakari se réfugiait dans ses dossiers, l'air absorbé par la comptabilité.

Mainio : C'est une somme, en effet, personne ne dira le contraire. Bien en deçà des prix du marché cependant et d'un niveau technologique que peu de nations rattraperont avant cinq ou six années complètes. D'ici là le Canta sera à n'en pas douter devenu une puissance militaire et scientifique de premier plan, du moins nous l'appelons de nos vœux.

Il leur adressa un sourire entendu.

Mainio : Le Pharois n'a pas vocation à régner seul et despotique sur les mers du Nord. La multipolarité, la fraternité, les alliances régionales sont la clef de l'équilibre et d'une paix durable. Sachez en tout cas que je suis ravis de signer ce contrat avec vous aujourd'hui. Nous vous tiendrons évidemment informés de l'avancement de la construction des navires et vous les livreront dès que ceux-ci seront terminés. Comptez une cinquantaine de jours pour les patrouilleurs, une centaine pour les corvettes environ six mois pour le sous-marin.

Il hocha ensuite la tête d'un air curieux.

Mainio : Nous essayons de limiter nos achats d'armes, notamment parce que plusieurs contrats nous lient déjà avec le Reynaume Aumérinois. Toutefois certains des territoires sous notre protection gagneraient peut-être à se doter des outils de leur propre défense, je pense à la République de Peprolov ou bien à la Commune de Kotios... cela pourrait vous rapprocher, peut-être ? Les anarchistes sont des excentriques mais pas complètement fous, quelques caisses d'armes devraient vous attirer leur amitié, si vous ne craignez pas de les retrouver un jour braquées sur vos navires.

Il eut un petit rire gras.

Mainio : Enfin, la Fraternité sait distinguer ses amis de ses ennemis, je vous rassure. Concernant le pétrole, ma foi, nous acheminons la plupart de notre consommation de barils depuis le Banairah, récemment entré au sein du Liberalintern ce qui en fait un partenaire stratégique pour la sécurité de la mer Blême. Toutefois, notre économie grandit chaque jours un peu plus et nos besoins ne cessent d'augmenter, je suis donc toute ouïe, très chère madame Olz.
3486
“Je suis vraiment très flatté que les dirigeants de la 2e puissance mondiale placent tant d'espoirs dans mon pays, sachez que tout cela nous touche beaucoup. Depuis toujours nos pays ont toujours été proches et je suis vraiment très heureuse, je pense comme l’ensemble de mon peuple de se rapprocher à nouveau de vous. Nous partageons vraiment les mêmes valeurs, la paix, la fraternité sont nos ciments communs.”

Le visage de la chancelière s’illumina à nouveau.

Message secret
Information secrète réservée aux personnes autorisées


“Maintenant c’est en tant que chancelière d’une nation énergétique que je vous conseille de diversifier vos approvisionnements énergétiques. Voyez vous même si nous avons du pétrole et du gaz en quasi abondance, notre énergie primaire est avant tout électrique et cette électricité est d’origine nucléaire, éolienne et hydraulique. Et l’uranium de nos centrales vient de nos propres usines d’enrichissement avec en majorité de l’uranium cantais complété avec du minerais étrangers du plus de pays différents possibles. Donc si pour vous votre pétrole est avant tout du Banairah, vous pourrez le compléter avec du pétrole cantais, non seulement mon pétrole est moins cher, je suis en capacité de vous garantir un prix bloqué à 45$ le baril. Mais nous pouvons également augmenter votre sécurité énergétique, en effet votre pétrole banairah doit être acheminé par bateau ? De notre côté, on serait capable de vous fournir des quantités importantes de gaz et de pétrole par oléoduc, de quoi totalement sécuriser votre approvisionnement énergétique.”
4182
L'espace d'un instant, il sembla que le Capitaine Mainio avait perdu un peu de sa bonhommie, quant à Sakari, il avait relevé le nez de ses comptes, observant la situation.

Mainio : N'y voyez pas une flatterie, madame la Chancelière. Ce n'est pas une faveur que nous vous faisons, c'est un investissement. J'aime à penser que nous pouvons nous parler franchement, la relation que nous allons nouer n'a rien d'amicale ou de morale. Bien sûr, j'appelle de tous mes voeux que nos peuples se rapprochent, échangent et sympathisent car cela renforcerait nos liens d'autant plus, et d'humain à humain, je vous trouve éminemment sympathiques, mais disons-le avec les mots qu'il faut, l'amitié du Syndikaali est une amitié forte parce qu'elle se construit sur l'interdépendance. Vous ne verrez jamais notre pays poignarder un allié dans le dos car ce faisant, nous ébranlerions la confiance de tous les autres et compromettrions durablement toute possibilité de rapprochement avec d'autres nations. Ce que je vous propose de signer ici, ce n'est pas une vague déclaration de papier, c'est de lier nos deux pays, comme deux rouages d'une machine plus vaste et ambitieuse. Il n'y a pas à se sentir flattée, madame, chaque rouage, quelle que soit sa taille, a toute son importance, s'il déraille, tout peut s'écrouler.

Le Capitaine avait retrouvé son sourire et ce fut comme si tout cela était du passé. A ses côtés, le ministre Sakari adressa également un sourire poli à la Chancelière.

Sakari : Je crois que ce que veut dire le Capitaine Mainio, c'est qu'on peut trahir des valeurs, mais plus difficilement des intérêts.

L'intéressé adressa un regard amusé à son homologue avant de reprendre d'un ton tranquille.

Message secret
Information secrète réservée aux personnes autorisées


Le Capitaine hocha ensuite la tête aux propos de la Chancelière.

Mainio : Il est évident que diversifier nos fournisseurs serait une sécurité pour notre industrie et notre souveraineté. Pour le gaz, nous en disposons également grâce aux importants gisement de l'océan du nord, le pétrole toutefois est rare et précieux. Le projet d’oléoduc pourrait nous permettre de faire des économies d'échelle assez rapidement, sans compter que ce serait un facteur important d'intégration pour les nations de la région si nous collaborions à construire un marché commun des énergies. Vous y gagneriez des clients, quant à nous, nous bénéficierions de prix réduits.

Haut de page