27/05/2013
18:04:42
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L'autre bout de l'océan

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- Capitaine Mainio ? Votre veste de costume est repassée.

- Ah bien bien ! Merci très chère, je me demande ce que je ferai sans vous !

Assis de l’autre côté de la cabine du navire diplomatique, le citoyen Sakari releva le nez de ses dossiers, goguenard : « Vous ressembleriez peut-être plus à un Pharois et moins à un homme d’affaire. »

Ils avaient pris le large depuis maintenant plusieurs heures au départ de Pharot et il leur restait pas moins d'une demi-journée de trajet en mer avant d'atteindre les côtes de l'Empire Karpok où était attendue leur délégation.

- Allons jeune homme, nous aurons peut-être la chance de rencontrer un Empereur aujourd’hui. Un minimum de classe est appréciable, quoi que l’on pense de nos traditions vestimentaires. D’ailleurs vous devriez mettre une chemise…

Sakari jeta un œil à sa tenue. Comme beaucoup de gens issus des milieux populaires et qui avaient accédé à la richesse au cours de ces cinq dernières années, il avait gardé des goûts un peu rustres, privilégiant une toile solide à un tissu raffiné. Son statut de ministre n’y avait pas changé grand-chose, même dans l’armée les Pharois n’avaient pas vraiment d’uniforme et la société était bigarrée et excentrique, transgressive des normes de genre ou de bienséance, on portait un peu ce qu’on voulait tant que cela tenait chaud.
Ce jour-là, il portait une veste bleue au-dessus d’un t-shirt uni, un pantalon de toile grise et des bottes de marche. Rien d’horrible, rien d’élégant non plus, dans une foule pharoise personne n’aurait imaginé avoir affaire à un ministre du Syndikaali.

- Je ne suis pas un capitaine dandy.

- Attendez d’être capitaine, vous changerez peut-être d’avis. L’apparat est une force pour qui sait la manier et on donne d’autant de poids à ses trangressions qu’on en maîtrise parfaitement les codes, tenez le-vous pour dit.

Le ministre de la Défense territoriale haussa les épaules. Il ne l’aurait certainement pas avoué, sûrement pas devant les autres membres du parti communiste en tout cas, mais les leçons du capitaine Mainio étaient loin d’entrer par une oreille et de sortir par l’autre et s’il affichait l’indifférence, on pouvait noter dans le temps de légers changements dans l'attitude de Sakari qui laissaient entrevoir l’influence qu’avait sur lui le ministre des Intérêts internationaux.

Ce-dernier acheva d’ajuster la veste sur ses épaules avec l’aide de son assistante et vérifia son allure dans la glace.

- Eh bien ! Me voilà tout carapaçonné pour diplomer ! L’habit est une armure, ou un costume, il permet de performer son rôle avec plus de finesse, voyez cela comme un outil cher ami.

A nouveau, Sakari haussa les épaules : « Pour moi les vêtements doivent exprimer l’identité de la personne. »

- Une identité non moins performée jeune homme, nous sommes aussi ce que nous donnons à voir, allez, levez-vous, votre taille, vous faites bien du M je crois ? Je vous ai fait préparer un costume qui vous donne l’air un peu militaire.

- Quoi ?!

- Dites vous que c’est pour le bien du Syndikaali.


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C’est endimanchés et tirés à quatre épingles que les deux ministres du Syndikaali débarquèrent à Kariekowka. Ils avaient pris l’un des petits navires diplomatiques, rapide et élégant, escorté par deux corvettes militaire haut de gamme destinées à laisser entrevoir la puissance de la marine pharoise, mais qui les avaient abandonnés à l’entrée des eaux nationales karpokiennes où la marine impériale avait pris le relais.

Visiblement très enjoué, le Capitaine Ministre Mainio était descendu de la passerelle d’un pas rapide, suivi par le Citoyen Ministre Sakari qui laissait traîner son regard.

Mainio : Quel plaisir d’enfin voir l’autre bout de cet océan ! A trop se focaliser sur un seul de ses côtés, on en oublierait presque la terre est une sphère !
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« Les voilà, ils arrivent. En place, tout le monde sait ce qu’il doit faire ! » hurle le responsable du protocole de la Province de Kariekowka, un homme plutôt large d’épaule à la gouaille reconnaissable qui, faut-il l’admettre n’en menait pas large aujourd’hui.

A ses hurlements, les militaires reforment les rangs, les invités et officiels renouent les nœuds de cravate et chacun regarde au loin l’arrivée de l’embarcation Pharoise.

Il faut dire qu’il n’est pas courant ici d’accueillir un tel évènement diplomatique.

Tout avait été préparé en amont dans les salons des cabinets ministériels des deux Ministères des affaires étrangères. Le Saint Empire Karpok Unifié a donc accepté avec plaisir la rencontre diplomatique souhaitée par le Syndikaali.

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Pour cette rencontre, le Ministre des affaires étrangères Mainio accompagné par le Ministre de la Défense Sakiri allaient rencontrer leurs homologues Karpokiens : Le Ministre Czjzek et le Ministre Balatan.
C’est donc dans une atmosphère un peu pesante et guindée qu’arrive le navire diplomatique.
A la descente des deux hommes, la musique impériale de la Marine militaire karpokienne joue successivement les deux hymnes nationaux.

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Les Ministres se saluent courtoisement, échangent quelques sourires et posent pour la presse locale et nationale. On offre une épée impériale ornementée de plusieurs pierres précieuses au Ministre Sakiri et une boite de cigares luxueux de 185 millimètres de longueur pour 20 millimètres de circonférence, très précisément, au Ministre Mainio.

« C’est avec plaisir que nous vous accueillons ici à Kariekowka, ville à l’extrême nord du Saint Empire Karpok Unifié. Nous espérons que vous avez fait bon voyage » démarre le Ministre Czjzek.
La décontraction du Ministre Mainio trahit une expérience certaine dans ce genre de rencontre qui met ainsi tout le monde à l’aise.
« Nous allons directement nous rendre dans l’hôtel impérial provincial » poursuit le Ministre Balatan.

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vue sur le cortège officiel se rendant directement vers l'hôtel impérial provincial de la ville

« Messieurs, nous vous proposons de discuter dans un premier temps des affaires qui nous concernent avant de passer aux plaisirs de la bouche lors d’un banquet donné en votre honneur. Nous sommes ici pour mettre en cohérence les idées commencées par nos Ministères respectifs. Si ces discussions aboutissent, c’est évidemment le Tsar Bolatev en personne qui viendra conclure ce sommet et ainsi nouer des relations durables et fructueuses pour nos deux nations. »
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Sakari semblait très heureux de son épée, et Mainio non moins de ses cigares, s’autorisant la boutade de lui signaler qu’il partagerait volontiers si la fumée ne le faisait pas tousser. Le ministre de la Défense territoriale lui répondit d’un regard noir.

En retour, les Pharois présentèrent leurs présent diplomatiques à leur tour : une caisse pleine de fusils mitrailleurs de dernière génération et un exemplaire orné d’un recueil de poésies traditionnelles.

Mainio : « Vous pardonnerez je l’espère la rudesse du message, la vérité est que le Pharois n’a jamais été une terre de luxe et de raffinement. Quand je pose le pieds dans les grands empires, je me vois dans mes petits souliers, comme un nouveau riche qui peine à trouver sa place. Aimez-vous la poésie ? J’en suis grand amateur, je pourrai vous en lire un passage si vous le souhaitez, ma femme dit que j’ai une très belle voix, mais la pauvre n’est pas objective, je le sais… »

Accompagné du corps diplomatique, ils suivirent leurs homologues Karpokiens à la découverte du pays et de sa culture.

Mainio : « L’honneur est partagé, soyez en certains. Mon statut m’a fait voyager dans de nombreux pays slaves et je m’étonne toujours à la fois de leurs ressemblances et pourtant de leur unicité. »

Sakari : « Ce serait un honneur de rencontrer le Tsar en personne ! Rien que pour ce plaisir il faut que les discussions aboutissent. »

Le ministre des Intérêts Internationaux se pencha à son oreille :

Mainio : « Voyez, vous apprenez vite. Ou est-ce le costume qui vous donne des inspirations de grand diplomate ? »

Puis se redressant, à ses hôtes :

Mainio : « Vous avez raison ! Il est toujours temps de profiter quand on sait son devoir accompli, nous nous devons avant tout à nos peuples et les Pharois ont toujours fait preuve d’un grand enthousiasme à l’idée de s’ouvrir à de nouvelles nations, si vous m’y autorisez, permettez moi de poser le débat :

Comme évoqué dans nos échanges, le Syndikaali et l’Empire ont toutes les raisons de se rapprocher politiquement, économiquement et militairement. Cela, bien sûr, dans le respect des valeurs et des ambitions de chacun. Pour le Pharois, la collaboration régionale, organisée autour de sphères culturelles et économiques nous a toujours semblé être la clef d’une coexistence pacifique et de l’optimisation de intérêts respectifs.

Un équilibre mis à mal par des intérêts étrangers, je le crains, et c’est autant le désir de rapprochement que la méfiance vis-à-vis des ambitions impérialistes de certains de nos voisins qui motive aujourd’hui cette rencontre.

Parlons peu, parlons bien : dans la balance, chacun apporte ce qui manque à l’autre. L’Empire Karpok s’ouvre doucement à la mondialisation et souhaite, dans ce processus, ne pas exposer trop brutalement sa population à des mœurs étrangères, ce qui est compréhensible. Tout changement doit se faire avec douceur, c’est la voie de l’histoire. Le Syndikaali peut incarner cette douceur, comme un filtre entre deux mondes. Les marins Pharois sont autant bons commerçants que d’indécrottables tolérants et je gage qu’ouvrir votre pays au notre verra affluer sur vos rives des hommes et des femmes désireux de vous rencontrer, de vous connaître et de vous apprécier. Vous ne trouverez nuls conquérants dans nos rangs, voilà ce que notre pays peut apporter et c’est pour moi sa plus grande force.

A l’inverse, l’océan du nord nous apparaît plus que jamais d’une importance stratégique et dans ce grand bouillon de culture et d’intérêts antagonistes, le Syndikaali a plus que jamais à cœur la préservation de la paix de tous, au profit de chacun. Une paix bafouée qu’il nous faut aujourd’hui restaurer, pas après pas, par le dialogue et la collaboration. Unir nos forces aujourd’hui serait une pierre de plus dans le grand édifice de l’océan du nord, dont nous invitons chacun à prendre sa part dans la construction. »

Il bu une gorgée d'eau puis hocha la tête.

Mainio : « Maintenant pour parler plus franchement, votre pays pâti d'un manque d'intégration économique, le notre souffre de trop peu de projections dans la région. Je pense que ces désagréments pourraient être réglés mutuellement grâce à des lois d'exceptions qui favoriseraient d'autant le commerce que le soutien militaire, en cas de montée des tensions. »
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Le Ministre Balatan regarde avec intérêt la caisse de fusils mitrailleurs. Tel un enfant ouvrant son cadeau lors de la veillée de Noël, il en saisit un et le regarde sous tous les angles. Il jette un regard complice avec son secrétaire général, présent parmi le cercle des diplomates.

Balatan : Merci pour ce présent qui, au-delà de ce qu’il est, est accepté avec plaisir de par sa symbolique actuelle. Votre industrie militaire a plusieurs décennies d’avance sur nos scientifiques et chercheurs à qui je formule ici toute ma gratitude pour leurs efforts afin de palier ce retard actuel.

Le Ministre Czjzek regarde quant à lui le recueil de poésies.
Czjzek : Félicitez vos services de renseignements. Ils sont en effet bien informés. Je suis très sensible à la poésie et j’admets ne pas connaître cet auteur. C’est avec plaisir que je le lirai dès notre retour après, je l’espère, avoir vu notre Empereur parafé le fruit de nos accords.

Un Valet toque à l’énorme porte de la salle des discussions. Un homme est invité à y entrer. Sans dire un mot, il s’installe avec discrétion et sans un mot au côté des diplomates karpokiens.

Czjzek d’une voix à peine audible en direction des Ministres Pharois : C’est le grand Chambellan du Palais. Sa présence ici est très révélatrice de l’importance de votre venue.

Puis il reprend d’un ton assuré :
"Nous partageons votre état des lieux et votre analyse. La volonté de l’Empereur est d’aller de l’avant et combler un retard que nous assumons. Dès lors, il y a plusieurs choix possibles pour nous.
Fournir un travail énorme et sans relâche pour finalement découvrir…ce que d’autres ont déjà découvert il y a longtemps, ou, en toute intelligence partager des connaissances, des savoir-faire que d’autres ont acquis par expérience.
Mais à ce stade, que pouvons-nous offrir en retour ?
Notre Saint Empire Karpok Unifié se situe dans un périmètre stratégique dont la valeur n’a pas de prix en effet. Voilà notre contrepartie !
Nous voulons nous ouvrir au commerce international sans pour autant déstabiliser l’ensemble de la population. Venir ici créer, à Kariekowka, une zone blanche où le commerce et les échanges mondiaux pourraient s’effectuer librement est une solution tout à fait réalisable. Cette zone blanche pourrait être aménagée par votre main d’œuvre qui possède également une expérience dans la mise en place d’un port de grande capacité, nécessitant une zone de stockage de containers et toute la logistique appropriée.
"

Balatan : évidemment, ce genre de projet, ici, peut attirer le regard de nations hostiles ou susciter un intérêt inamical. C’est pourquoi, parallèlement à ce vaste projet, il faut sécuriser l’endroit à proprement parler mais aussi tout le périmètre alentour allant jusqu’à l’embouchure du détroit. Nous vous offrons donc la possibilité d’ouvrir ici une base militaire navale, dans la périphérie de Kariekowka. Le but pour nous est que vous y stationniez une flotte suffisamment dissuasive contre toutes velléités, par mer ou par terre et d'assurer la défense contre une attaque aérienne également...
Bien évidemment, vous aurez latitude pour manœuvrer au-delà du détroit du nord afin de remplir cette mission de sécurisation.
Vous aurez toute autonomie sur le territoire de la base navale (estimé à 15 Km2) et aurez également à sécuriser et gérer la zone blanche commerciale (estimée à 75 Km2).
Cependant, l’utilisation d’armes à forte capacité létale (tels des missiles) au départ de la base devra être soumis à un accord préalable de l’Empire.
Si ce principe vous convient, libre à vous d’estimer le matériel qui vous serait nécessaire pour assumer cette tâche.


Attentifs, les représentants Pharois observèrent, après les deux interventions, un silence qui sembla durer une éternité…
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Mainio : « Oh je ne dirai pas quelques décennies, une politique de rattrapage scientifique savamment menée peut, d’ici quelques années au plus, vous propulser vers les sommets. C’est une chose dont nous pourrons discuter si vous le voulez, nos chercheurs ont mis en place des stratégies d’optimisation de la recherche qui semblent aujourd’hui porter leurs fruits. »

Apprenant qui était le valet qui s’était présenté, Mainio lui adressa un sourire entendu tendis que Sakari le saluait de la tête.

Mainio : « Vos intérêts et vos ambitions sont bien entendues monsieur le ministre. »

Sakari : « Au Pharois nous avons un proverbe qui dit ‘il vaut mieux avoir du retard et le savoir qu’être premier et l’ignorer’. »

Mainio : « En effet. Un pays avisé connaît ses forces et ses faiblesses et il est plaisant de discuter avec des gens de bon sens. Nous avons eut maille à partir avec des nations qui ignoraient trop souvent leurs limites et nous-mêmes avons dû apprendre par quelques dures leçons à restreindre nos ambitions. La collaboration, le travail diplomatique, la fraternité, oserais-je, payent plus que tous les coups de mentons et autre discours sur la grandeur de la nation. Je pense que sur ce point, nous nous entendrons très bien.

Vos conditions nous conviennent parfaitement. Nous prenons donc la responsabilité de fournir la base de Kariekowka en matériel de défense et de dissuasion dont, pour les missiles, l’usage ne pourra être employé qu’avec votre accord. De la même manière, les avions et matériel aérien que nous y disposerons devront toujours avoir votre permission pour survoler votre périmètre aérien au-dessus de la terre. En ce qui concerne la mer, nous patrouillerons de manière régulière.

L’avantage pour vous étant que sur simple demande, nos forces vous viendront en aide si d’aventure un pays hostile à vos intérêts venait à tenter de s’aventurer dans vos eaux, où même d’ailleurs sur vos terres. L’armée pharoise se tiendrait donc à votre disposition de sorte à dissuader voire repousser des forces hostiles le temps de faire intervenir des renforts.

En ce qui concerne la zone blanche, nous pensions financer une extension portuaire qui de fait serait séparée du reste de la ville afin d’en faciliter le travail douanier. Sa localisation exacte reste à votre décision. Ainsi l’Empire Karpok attirera les commerçants et investisseurs qui pourront se servir de ce port franc comme d’une plate-forme d’échange, tout en filtrant selon vos besoins les entrées de marchandises sur votre sol. Vous posséderiez une manne ‘virtuelle’ de matériel, si j’ose dire, à portée de main, selon vos besoins. Tout cela en limitant les interactions entre vos populations et les marchands étrangers.

Bien sûr l’ouverture de votre pays au commerce extérieur pourrait ensuite se faire de manière progressive, selon votre bon vouloir. »
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A ces mots, Czjzek se mit à sourire.

"J’espère que vous aimez faire ripaille car je pense que nous pouvons demander d’ores et déjà aux services d’intendance, par l’intermédiaire du chef du protocole de la Province, d’aller chauffer les marmites ! Qu’en pensez-vous Monsieur le Grand Chambellan ?"

Ce dernier hocha la tête d’acquiescement puis se leva et quitta la pièce.

Voilà ce que je propose poursuit le Ministre des affaires étrangères et diplomatiques :

"Nous allons désormais festoyer au banquet prévu en l’honneur de notre accord. La célérité avec laquelle ce dernier est venu fera date dans l’histoire de l’Empire à n’en pas douter ! J’espère que les cuisiniers ne seront pas pris au dépourvu" dit-il moqueur.

Le Ministre Balatan reprit en regardant les diplomates des deux Nations en leur disant :

"Messieurs, il vous revient désormais de poser par écrit ce qu’il vient d’être convenu maintenant. Les Ministres Mainio et Sakiri viendront eux remplir leur devoir diplomatique et s’assoir à la table pour manger et boire à nos côtés. Je précise, dit-il à son secrétaire général, vous avez jusqu’à minuit pour rédiger l’accord avec les diplomates du Pharois. En effet, par anticipation, sachez que le Tsar Bolatev et le Patriarche Yerbelov sont ici également à Kariekowka et nous rejoindront pour le banquet.
Après le dessert, vous viendrez nous présenter l’accord pour la signature officielle avant de prendre la liqueur aux 24 épices.
Le grand Chambellan sera à vos côtés afin d’être certain que rien ne soit oublié.
Voilà, le plus dur commence sans doute dit-il en regardant les deux hôtes. Il faut que le monde comprenne que cet accord prouve la volonté du Saint Empire Karpok Unifié à vouloir, avec l’aide de nos nouveaux partenaires que vous êtes, posséder rapidement une Nation qui nous permettra de manger à la même table et une parole qui porte au-delà de son périmètre.
"

Le ministre Mainio semblait satisfait de voir à quel point cet accord était important aux yeux des ministres Karpokiens euphoriques dans leurs attitudes.

Nul doute qu’ils avaient sur leurs épaules une « pression impériale » pour qu’il aboutisse fructueusement.
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A la mention des ripailles, le Capitaine Ministre Mainio afficha un sourire franc.

Mainio : « Pensez-vous que cette bedaine se soit forgée dans l’ascétisme ? La diplomatie est avant tout affaire de confiance et, quoi qu’on en dise, d’affinité, or on voilà deux choses qui s’acquièrent à table ! »

Sakari à ses côtés se contenta de hocher la tête d’un air entendu. Il ne l’avouerait pas mais ce genre de rencontres avait plutôt le don de lui couper l’estomac. De son côté, Mainio écouta avec attention les paroles du ministre Balatan avant de hocher la tête à son tour.

Mainio : « Mes équipes ont déjà travaillé sur plusieurs propositions, je vais les faire parvenir aux vôtres et selon les modifications et précisions que vous jugerez nécessaires, nous affinerons le texte. Ce sera quoi qu’il en soit un grand honneur de rencontrer en personne le Tsar Bolatev et le Patriarche Yerbelov, le symbole de leur présence à Kariekowka est bien compris, n’en doutez pas, et le Syndikaali est honoré de ce geste. »

Sakari : « Je pense que nous pouvons nous féliciter de savoir réunir un tsar et des communistes autour d’une même table pour signer un traité d’amitié. »

Mainio : « Assurément. Au-delà de nos différences, notre humanité nous réunit, et l’océan du nord peut en être son véhicule. »
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La salle d'honneur de l'hôtel impérial de la Province de Kariekowka

« Messieurs je vous propose de porter un toast » commença le Ministre Czjzek.
On apporta de la Vodka de première qualité à l’ensemble des convives encore debout.
«A notre collaboration d’aujourd’hui et aux fruits de celle-ci dans l’avenir » poursuit-il.
Les deux Ministres Karpokiens boivent leur breuvage « cul-sec ». Les deux représentants Pharois en firent de même. Il s’agit d’une Vodka Bianca translucide et peu parfumée.

« Je propose un toast à toutes les personnes qui ont travaillé sur le dossier afin qu’il aboutisse aujourd’hui » lança le Ministre Balatan.
Les verres à nouveau remplis furent aussitôt vidés.

« Aux cuisiniers, à l’ensemble du personnel de cette belle province de Kariekowka » on amène une nouvelle bouteille de Vodka, un peu plus douce et parfumée. Balatan demande discrètement aux serveurs de remplir les verres à ras bord, « c’est un grand jour ! »

« Messieurs, nous ne pouvons pas ne pas porter un dernier toast avant de nous assoir, au Pharois Syndikaali et au Saint Empire Karpok Unifié » cette fois, il s’agit d’une Vodka dite du voyageur, celle que l’on sert lorsqu’on reçoit.
Une fois leur breuvage englouti, les deux Ministres balancèrent leur verre par-dessus leur épaule, verres qui se brisèrent au sol.

Il y a toujours une dichotomie chez les Karpokiens. La bienséance et la posture guindée héritées toutes les deux de protocoles inchangés depuis des siècles et ce « lâcher prise » une fois les protocoles terminés.

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Durant le repas, on rit gras, on boit, on redemande de la boisson, en majorité du vin des provinces du Sud, des vins aux tanins prononcés et au retour puissant.

Certains convives, un peu « touchés » par l’ambiance se permettent même de pousser la chansonnette. Un brouhaha convivial s’installe en même temps que les effets enivrants du repas.

Discrètement, un homme de belle allure et de grande taille s’avance près des deux Ministres Karpokiens. Les Ministres Mainio et Sakiri reconnaissent le grand Chambellan vu plus tôt dans la journée, même si celui-ci revêt désormais des habits de grand apparat. On entend distinctement les mots suivants : « c’est bon, l’accord est terminé, le Tsar arrive avec le Patriarche pour la signature ».
La délégation des diplomates arrive à son tour dans la grande salle du banquet et profite quelque peu des mets à disposition et des rafraîchissements bien mérités.

On installe au fond de la pièce une grande table, quatre chaises et 4 plumes en or.
Le Grand Chambellan y dépose le parchemin en peau d’ours sur lequel a été écrit le traité.

Puis, à peine le temps de profiter de l’instant, une sonnerie de trompettes retentit dans la salle. Une trentaine de personnes habillées avec élégance pénètrent par la grande porte d’honneur. Les nombreux convives se lèvent sans dire un mot. Paradoxalement, la salle est désormais remplie mais c’est un silence lourd qui succède à la cacophonie festive présente jusqu’ici.

Les deux Ministres Pharois semblent un peu étonnés par ce « spectacle ». Ils observent d’ailleurs que c’est la première fois qu’ils aperçoivent des femmes karpokiennes, jusqu’ici étrangement absentes, dans la délégation de la cour du Palais.
Le Grand Chambellan invite les deux Ministres à s’approcher de la table. Leurs pas résonnent dans ce grand hall et tous les yeux sont rivés en leur direction.

Puis, deux hommes apparaissent à la porte d’honneur. Si l’on devine très bien le grand Patriarche à ses parures religieuses, l’on suppose alors que le petit homme à l’allure vive devant lui doit être le Tsar Taïr Bolatev. C’est en effet un homme de petite taille, sans « habillage » excessif qui s’approche des deux Ministres avec un sourire courtois.
Le Grand Chambellan salue l’Empereur et le conduit jusqu’à la table où ce dernier tend la main tour à tour aux deux représentants du Pharois.

« Je vous remercie au nom du Saint Empire Karpok Unifié pour votre travail ». dit-il sobrement.
Puis, il prend place à la chaise prévue et signe le traité avec une plume d’oie. Le Grand Chambellan invite le Patriarche à faire de même, lui-même suivi par les deux Ministres Mainio et Sakiri.

Une fois les quatres signatures effectuées, les protagonistes se lèvent sous les applaudissements nourris des invités et des délégations.

Le personnel du palais impérial de province apporte de la Vodka aux 24 épices pour l’ensemble des personnes présentes, à l’exception de la délégation impériale restée en retrait.
Le Tsar Bolatev attend que chacun soit servi, il regarde les deux Ministres Pharois, les Ministres karpokien puis l’assemblé qu’il salue avant de boire son verre de Vodka. Tout le monde s’applique alors à boire également le breuvage.

Une fois les verres vides, le Tsar salue à nouveau les personnes présentes, sourit à ceux qui l’interpelle, tapote l’épaule du Ministre Czjzek avec paternalisme et retourne vers la grande porte d’honneur, suivi par le Grand Patriarche et l’ensemble de la délégation du Palais qui enjoint donc le pas de l’Empereur.

Une fois sortis, le brouhaha revient et tout le monde s’assoie pour reprendre le repas là où ils l’avaient laissé.
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Préambule
Ce traité s’inscrit dans le respect des Lois karpokiennes et impose un respect total et complet des Articles ci-dessous. La vocation de ce Traité n’a nulle autre ambition que de servir les intérêts du Pharois Syndikaali et celui du Saint Empire Karpok Unifié.
Le traité est avant tout un accord politique et économique, au-delà de sa dimension de défense. La notion d’« enclave de Kariekowka » assoit cette alliance sur une base qui dépasse donc le besoin de sécurité.

Article 1
Ce traité acte juridiquement la création de l’enclave de Kariekowka dont les limites géographiques sont détaillées dans l’annexe 1 de ce traité. Cette annexe n’est consultable que par les deux Nations engagées.

Article 2
Le Pharois Syndikaali prend possession, sous statut de concession, de l’enclave dite de Kariekowka.
Celle-ci comprend d’une part, une zone réservée au commerce et échanges internationaux et, d’autre part, une zone militaire.
Ces deux zones bien qu’indépendantes l’une de l’autre, se situent toutes deux dans l’ « enclave de Kariekowka ».

Article 3
La concession est soumise à un bail de quatre années renouvelable tacitement si aucune des deux nations n’en manifeste le souhait contraire.

Article 4
Chaque pays s’engage à renforcer sa capacité militaire, notamment en ce qui concerne le Saint Empire Karpok Unifié pour garantir la sécurité de la région et des échanges commerciaux futurs.

Article 5
Le Saint Empire Karpok Unifié contrôle les échanges entre l’enclave et l’Empire. La douane karpokienne a toute autorité sur les échanges aux postes de contrôle.

Article 6
Le Pharois Syndikaali a le pouvoir de Police à l’intérieur de l’enclave mais le Saint Empire Karpok Unifié en garde l’autorité judiciaire. Ainsi, Le Pharois Syndikaali s’engage donc , dans cette perspective à travailler avec les autorités judiciaires karpokiennes et livrer, si besoin , aux autorités karpokiennes, les personnes incriminées quelle qu’en soit leur nationalité.

Article 7
Le Pharois Syndikaali a toute latitude militaire afin de garantir la sécurité des échanges commerciaux, celle du détroit et par extension toute tentative belliqueuse d’une Nation extérieure envers le Saint Empire Karpok Unifié, indépendamment des accords engagés précédemment par l’une ou l’autre des deux Nations.
Cependant, l’utilisation d’armes létales de grande envergure, de type missiles notamment, devra obtenir l’accord préalable du Palais impérial. Il convient également que la base militaire puisse aussi servir de point d’appui stratégique au Pharois Syndikaali.

Article 8
Le personnel et les militaires Pharois s’engagent moralement à privilégier l’achat local karpokien.
Le Saint Empire Karpok Unifié par l’intermédiaire de l’entreprise AgroServ se chargera de la livraison alimentaire des travailleurs civils Pharois de l’enclave.
La logistique, notamment alimentaire, du personnel militaire de l’enclave restera sous la responsabilité du Pharois Syndikaali.

Article 9
Le non-respect d’un des articles sus nommés entrainera la suspension de ce traité et la remise en question de ce dernier.


Signés par les Hauts représentants le 20 IX 2008, à Kariekowka

Pour le Pharois Syndikaali, ,

Le Ministre Mainio ; Le Ministre Sakira

Pour le Saint Empire Karpok Unifié

Le Patriarche Yerbelov ; Le Tsar Bolatev

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