28/05/2013
15:47:30
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Se jeter à l'eau

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« Pas de contrôles, pas de risques. » telles avaient été les consignes de l’opération. « Pas de traces, discrets comme l’écume. » avait ajouté un marin avant qu’on lui dise de « fermer sa gueule le poète. »

L’avantage des pirates rouge était leur nombre : quelques centaines d’hommes et de femmes dévoués à une cause, suffisamment nombreux pour avoir du poids, suffisamment peu pour rester discrets. Le Royaume-Soudé n’était pas le plus simple à atteindre : situé à l’embouchure des terres de Fortuna, il était évidement hors de question d’en rapprocher le sous-marin. Terroriser des Clovaniens était une chose mais la marine de la Sérénissime était autrement plus dangereuse et mieux équipée que le sous-marin rouge.

Tant pis, à défaut de matériel de pointe, on avait des amis. Hymveri avait abandonné sa tenue de capitaine et fait le voyage jusqu’à Mella Cità, la seule ville portuaire frialane à ne pas nécessiter de passer par les eaux fortunéennes pour rejoindre la côte. Les talents de contrebandiers des Pharois avaient été utiles, on l’avait débarqué dans une boîte censée contenir des algues, avec deux de ses compagnons, puis expédié dans un hangar de stockage dont un camarade sur place leur avait ouvert la porte de l’extérieur.

Une fois sur place, chacun des trois pirates avait pris un train différent : un pour Odina et les deux autres pour la capitale Pardenona. Sur place, on avait réactivé les réseaux clandestins communistes pour héberger le capitaine trois jours, le temps du rendez-vous et de s’y préparer.

Grâce aux camarades Frialans, louer du matériel de plongé n’avait posé aucun soucis. L’un d’entre eux avait prétexté de préparer un week-end entre copains et loué un lot sur le port. La plongée était prévue samedi, ça laissait toute la journée du vendredi pour profiter du matériel. La rade était pleine de navires de toutes les tailles, on en loua un. Resté caché dans un appartement clot pendant toute la durée des préparatifs qui n’avaient en tout et pour tout mobilisé qu’une demi-douzaine de personnes, le capitaine Hymveri s’était glissé dans le port à la faveur de l’aube et comme n’importe quel groupe d’amis désireux de passer une journée au large, ils avaient largué les amarres vers 8h du matin.

A 11h30, si tout fonctionnait comme prévu, le navire touristique qui longeait le littoral passerait à quelques centaines de mètres d’eux. A ce moment-là, Hymveri en homme grenouille, dissimulé sous la surface, n’aurait qu’à profiter que le bateau ralentisse au large d’une falaise connue pour abriter des colonies de goélands – l’occasion pour le guide de se livrer à un petit topo sur la faune locale – pour se hisser à bord de l’autre côté du navire et se glisser dans la salle des machines.
Celle-ci serait vide pour la raison évidente que la compagnie touristour n’avait pas été choisie par hasard, proche du dépôt de bilan elle avait été obligée de licencier une équipe de permanents et se contentait désormais de deux employés à bord : le guide et le capitaine. Les ingénieurs chargés de la maintenance, eux, restaient à terre pour vérifier chaque matin et chaque soir l’état des navires pour la journée. En cas de problème, le guide était censé pouvoir intervenir au niveau des moteurs, mais franchement, ce bras de mer était tellement emprunté qu’on voyait mal comment un incident grave aurait pu se produire sans qu’immédiatement un dizaine de bateaux ne viennent secourir les gens à bord.

De l’autre côté de la mer, le camarade resté à Odina avait également loué un navire qui récupérerait le capitaine Hymveri une fois la rencontre terminée, de sorte que la mer achève de brouiller toutes les pistes. Les autres marins restaient de toute façon au large, l'un des deux navires prêt à engager une diversion au moindre problème pendant que l'autre prendrait la fuite.

Il était 11h34. Hymveri venait de se hisser sur le pont inférieur du navire, déserté de ses occupants. Tout le monde était trop occupé sur le pont du dessus, à commenter la colonie de goéland. Habitué des tenues de plongées, il se glissa à l’intérieur du navire sans réellement craindre de laisser des traces, le pont inférieur étant de toute façon régulièrement balayé par l’embrun marin et recouvert d’eau de mer.
Il descendit un petit escalier en fer et se dissimula dans le vacarme des moteurs qu’il contourna pour finalement aller s’asseoir sur un petit rebord de mur.

Ouf… bon ça avait été marrant en fin de compte ! Une vraie aventure de pirate à l’ancienne, sauf qu’il n’était pas là pour saboter le navire de l’intérieur. Quoique, rencontrer un prince, ça avait aussi de la gueule en soit.
Hymveri était curieux. Ce gamin couronné qui semblait lui vouer une espèce de fascination, à lui et ses idées, cela avait le don de l’intriguer. Pas suffisamment pour avoir motivé un tel risque cependant, Hymveri vivait par et pour sa cause depuis trop longtemps pour se laisser aller à des projets futiles. N’empêche que monter une expédition secrète pour mener des négociations avec le dirigeant d’une nation étrangère, ça avait son charme. En fait, il retrouvait les sensations connues au moment du détournement du Kauhea, trois ans auparavant, et l’impression que le monde entier n’était en définitive qu’un terrain de jeu dans lequel il évoluait à sa guise.
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Comme à son habitude, le jeune prince se réveillait aux aurores pour aller courir dans les jardins du château. Son sport matinal était aussi le seul moment de sa journée qu'il pourrait passer seul, sans que personne ne lui parle de lui, de sa famille, des problèmes, des doléances et surtout de la Couronne. Après quelques 45 min de footing, il rentrait au Palais et allait rapidement se doucher pour ne pas être en retard. L'école n'avait pas recommencé, mais pour s'aérer l'esprit la journée, et par la même occasion éviter sa famille, il prenait des cours de peinture le matin, et de littérature l'après-midi dans un centre socio-culturel de la capitale frialane. Enfilant un Chino et une chemise en lin, ses Birkenstock au pied, il prit sa besace avec ses gouaches et ses livres et regagnait l'entrée du Palais où se trouvait sa bicyclette. Il retirait le cadenas, et prit le chemin du centre socio-culturel qui se trouvait à l'autre bout de Pardenona. Il écoutait alors dans son baladeur CD l'album d'un vieux chanteur frialan qu'adorait son grand-père le Roi Ugo II. Il vit alors un Café ouvert sur son chemin et décida de s'y arrêter afin de prendre une boisson à emporter, le centre n'étant qu'à quelques minutes à pied. Il entrait alors dans le café, s'avançait vers la barista et la regardait en souriant.

- Bonjour, je vais vous prendre un Capuccino lait d'avoine, je vous prie.

- Bonjour Votre Altesse, dit la jeune femme en faisant une révérence. Petit, moyen ou grand format ?

- Grand format, je vais en avoir besoin.

Il en avait réellement marre de ce genre de situations banales de la vie qui ne faisaient que lui rappeler son sort. Il ne pouvait pas réellement se plaindre, il avait tout eu, mais c'était trop. Il tendait alors un billet de 10000 Lire Frialanes à la jeune femme et lui dit de garder la monnaie. Il s'adossait au mur du fond, attendant patiemment son nectar. Alors que la barista lui remit le gobelet, elle fit encore une révérence pour dire au revoir au jeune prince, il lui répondit d'un sourire. En sortant du Café, il fut bousculer par un homme assez mystérieux et glissait dans sa poche un bout de papier en boule. Il soufflait, marre de ce mode de communication qui arrive sans crier gare. Il se mit dans la petite ruelle à côté du Café pour regarder.

Hymveri a écrit :
"25 août
touristour, découvertes du littoral de Pardenona, excursion en bateau, 11h"

- Quoi...?

Le sang ne fit qu'un tour dans le corps du jeune prince qui se collait contre le mur. Il allait rencontrer dans les prochains jours l'homme avec qui il correspondait depuis maintenant des semaines, l'homme qu'il avait appelé "Mon beau Capitaine", pensant que cette relation ne serait qu'épistolaire, le capitaine ayant beaucoup de choses à faire. Il se secouait et reprit la direction de l'école, il devait attendre, mais la date approchait à grand pas. Stressé, il se mit alors à son cours de peinture à réfléchir à cette relation avec le capitaine, ne sachant pas réellement les arrières-pensée qu'il pouvait avoir. Voulait-il se débarrasser de lui? Ou l'utiliser pour faire tomber la monarchie au Royaume-Soudé? Le Prince ne savait plus quoi faire. Une décision devait être prise. Devait-il continuer à voir où cela mènerait avec le capitaine, ou tout annoncer à la Reine-Mère, et passer pour un traitre aux yeux de tous. Le choix de coeur étant le plus propice, il ne dirait rien. Il fallait qu'il le rencontre, il fallait qu'il le voit. Il décida alors, lors de son cours de peinture de peindre un portrait du jeune capitaine, afin de lui offrir la toile. Il prenait alors modèle sur une photo du capitaine qu'il avait trouvé dans les archives de sa mère, car même si le Royaume-Soudé était un pays fermé au monde jusqu'aujourd'hui, elle savait tout et voyait tout. Il s'appliquait alors réellement à reproduire à l'identité le portrait du capitaine, ses talents artistiques lui permettant peut-être d'approcher plus facilement le fougueux capitaine.


Le Prince avait prit quelques heures pour faire ceci, mais au moins cela comblait son esprit et évitait qu'il ne pense à cette rencontre avec Hymveri qui approchait si vite. Il laissait alors sécher la toile dans la remise, afin que personne ne tombe dessus. Il la récupérerai le lendemain, pour la dissimuler dans sa chambre. Il devait rencontrer le capitaine le 25.

Les jours passèrent, et Michelangelo se réveillait à nouveau, il refit son tour du jardin en courant mais cette fois, il n'allait pas se rendre à son cours de peinture. Il devait certes passer au centre récupérer le cadeau qu'il allait faire au capitaine, mais il devait le rejoindre sur un bateau touristique à 11h. Il enfila alors son blue jeans ainsi qu'une chemise à carreau un peu large, histoire de se fondre dans la masse et prit le chemin du centre socio-culturel. Il récupérait alors la toile qu'il enroula dans un tube de transport et qu'il mit en bandoulière. Il prit la route pour se rendre sur le port et vit au loin le fameux bateau : touristour. Il allait alors acheter un billet au comptoir, décoiffé et avec une casquette et parlant en Youslève, l'hôtesse ne le reconnaissait pas, et lui tendit alors son billet. Se faire passer pour un touriste avait été simple, les lunettes de soleil aidant à cela. Il montait à bord du navire, continuant de parler Youslève avec l'équipage de bord et commençait à faire le tour du bateau. Il s'installait alors dans un coin tranquille, allumant une cigarette en regardant Pardenona s'éloigner alors que le bateau prenait la mer.
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Les turbines faisaient un bruit sourd mais largement supportable en comparaison de ce qu’on subissait dans certaines salles du sous-marin. Hymveri prit le temps de dissimuler ses bouteilles de plongée dans un coin et détacha le sac en plastique qui y était accroché. Dedans se trouvait une serviette, un short et un t-shirt, une casquette et des lunettes de soleil, de quoi lui donner l’apparence d’un parfait touriste frialan ou fortunéen. Le cas échéant, il pouvait baragouiner un peu d’italien pour donner le change, ayant eu l’opportunité d’apprendre quelques rudiments de la langue pendant ses années au pensionnat.

Dans le fond du sac se trouvait également une arme de poing.

Il se débarrassa rapidement de la combinaison néoprène qu’il abandonna en boule à côté de l’oxygène, enfila les vêtements, glissa le pistolet à l’arrière de son short et ni vu ni connu se faufila sur le pont du navire où le petit groupe de touriste achevait de prendre en photo les goélands.

Le prince ne fut pas long à repérer, déjà parce qu’il n’y avait pas tant foule que ça à bord, ensuite parce que c’était le seul à se tenir à distance des autres et à regarder autour de lui comme s’il cherchait quelque chose.
Hymveri prit le temps de vérifier que ni le guide, ni personne n’avait remarqué son arrivée, puis se glissa aux côté du jeune homme à qui il murmura : « sur le pont inférieur. » et sans attendre de réponse, il prit l’escalier qui descendait.

Personne n’allait sur le pont inférieur, il avait été conçu pour l’affluence mais manifestement la compagnie peinait à trouver assez de clients pour remplir ses navires et seul celui du dessus, qui offrait une meilleure vue, était occupé.

Derrière ses lunettes, Hymveri scruta les eaux frialanes. Quelque part au milieu des centaines de silhouettes devaient se trouver ses camarades. D’un simple signal radio, il pouvait disparaître, en théorie, même pas besoin de remettre sa combinaison. Mais mieux valait parier sur la discrétion.

- Salut, Michelangelo, le salua-t-il sobrement. « Nous n’avons pas énormément de temps et je prends de gros risques en venant ici, j’ai besoin de savoir où va ta loyauté. A ton pays ? Ta famille ? Ou à notre cause ? »

Il l’avisa de haut en bas. Un gamin, juste un gamin, à peine sorti de l’adolescence avec des rêves plein la tête. D’un autre côté, au même âge, lui aussi avait déjà des convictions et plutôt solidement ancrées. Il ne fallait pas forcément mépriser la fougue de la jeunesse, juste garder à l’esprit qu’elle était à double-tranchant.
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Alors que Michelangelo était assit sur un fauteuil en plastique à l'écart de la petite masse de touristes venus profiter des goélands et de la vue sur le littoral Frialan, lui, attendait sagement un contact, il attendait impatiemment la venue d'Hymveri afin d'enfin pouvoir rencontrer celui qui faisait parti de sa vie en récit depuis déjà quelques années. Les jambes croisés, il se décalait pour éteindre sa cigarette sur le cendrier à côté de lui et soufflait. Il pensait réellement que tout cela n'avait été qu'un leurre afin de se moquer de lui. C'est alors qu'il fut secoué par la voix du capitaine, lui indiquant de le rejoindre sur le pont inférieur. Il acquiesça, reprit ses affaires et regardait que personne ne les suivaient alors qu'il commençait à descendre les marches pour attendre le pont.

- Ca..Capitaine.. Bon..Bonjour.. Euh.. je comprend que vous n'avez pas énormément de temps à m'accorder, et je suis con...conscient des risques que vous pre...prenez. Je..Ma..Euh..Ma loyauté va principalement au peuple frialan, car ils n'ont pas demandé à subir des siècles de monarchie et de soumission.... Mais la cause m'importe énormément, je ne serai pas ici si cela m'était égal, enfin.. je.. je suis content de vous voir, mon Capitaine.

De suite beaucoup plus timide, il n'arrivait guère à regarder la capitaine dans les yeux. Il sentait le regarde d'Hymveri se poser de haut en bas sur lui, et ne savait pas trop quoi dire, ni quoi faire. Il serrait alors les points, levait les yeux vers lui, et sourit légèrement.

- Je suis content que vous soyez là. J'avais vraiment hâte de te..vous rencontrer. J'ai apporté quelques choses pour vous, ce n'est pas grand chose, et vous allez sûrement trouver cela futile, mais je vous ai peint. Je peux comprendre que vous vous en fichiez du matériel. Mais j'ai passé quelques longues heures dessus, et cela vous permettra de penser à moi alors que vous parcourrez le monde sans moi.

Il prit alors délicatement la main du capitaine, l'effleurant pour lui remettre le tube de transport, ne pouvant dorénavant plus lâcher du regard les beaux yeux du capitaine. Le jeune prince ne savait pas réellement quoi penser de la situation, le doute l'emportait toujours sur les intentions d'Hymveri et de son collectif à son insu.

- Dites moi ce que je peux faire pour pouvoir vous revoir. Dites moi sincèrement si je vais vous revoir un jour où si votre seul but était de voir de vos propres yeux le malheur d'un jeune prince qui rêve d'un homme que je ne peux atteindre. Je ne sais pas, à vous de me le dire.
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La situation était exceptionnelle en tous points, il était inutile de le nier. Organiser la rencontre clandestine entre l’un des criminels les plus recherchés du monde et le prince communiste d’un royaume qui ne l’était pas, autant dire qu’il y avait matière à roman. Le plus étrange sans doute était les raisons de cette rencontre car il avait très vite apparu évident à Hymveri et ses hommes qu’on ne causerait pas vraiment complot et révolution – déjà parce qu’on avait pas le temps – les motivations du prince semblant clairement en-deçà des ambitions révolutionnaires radicales des pirates rouges.

Non il était clair que le jeune Michelangelo s’ennuyait dans son existence et bien qu’il prétendît le contraire, c’était une motivation suffisante pour rejoindre les rangs de l’avant-garde du genre humain. Ce ne serait ni le premier ni le dernier bourgeois à qui une vie dans le luxe aurait rendu insupportable l’idée qu’il existe des pauvres. Certains se confondaient dans le mépris pour la classe prolétarienne, les meilleurs s’engageaient à ses côtés.

La fascination que provoquait Hymveri sur le jeune homme avait été palpable dès les premières lettres et si cela lui avait dans un premier temps fait hausser un sourcil circonspects, et provoqué les taquineries de sa première lieutenante, la camarade Mae Crannach, le pirate avait eut le temps de cogiter un peu quant à la situation. Certes l’idée de susciter chez autrui une forme d’attirance romantique lui était excessivement bizarre, d’un autre côté Hymveri savait jouer de son charisme et n'ignorait pas que l’enrôlement d’un grand nombre des membres de son équipage tenait à ce que malgré sa radicalité il se révélait un leader entraînant et inspirant, y compris au cœur de l’adversité.

Rien de vraiment suspect à ce que ce petit prince qui ne connaissait rien à la vie puisse être également influencé, bien qu’ils ne se soient évidement jamais vu avant aujourd’hui.

Était-il malhonnête de jouer de cette situation pour servir ses intérêts ? Hymveri se souciait peu de morale, ce qu’il avait gagné comme notoriété il le devait à sa politique de « tous les moyens justifient la fin », la fin était la libération du genre humain, l’égalité entre les hommes, l’émancipation de l’humanité. Autant dire que presque toutes les dégueulasseries valaient le coup, au regard d’un tel enjeu.

Le jeune homme semblait clairement impressionné, au regard de son bégaiement, et Hymveri se surprit à se demander ce qu’il ferait si Michelangelo tombait dans les pommes à l’instant. Ou pire, à l’eau. Il n’était pas sûr d’être prêt à compromettre sa couverture pour sauver un prince de la noyade, quand bien même cela aurait assurément fait un synopsis de film incroyable. A quoi bon si c’était pour le voir depuis une cellule, son camp politique défait par les puissances tyranniques ?

- On peut se tutoyer camarade, balaya Hymveri d’un geste de la main devant l’hésitation du prince.

Habitué à côtoyer et s’imposer devant certains des pires marins qu’ait connu le Pharois, devoir ménager les émois d’un adolescent était assurément quelque chose de nouveau. Hymveri n’avait jamais été quelqu’un de très empathique, s’étant beaucoup isolé pendant sa propre adolescence et ses études, accompagné seulement de ses convictions et des camarades qui les partageaient. En fait, le rôle de capitaine vouait à l’isolement, il fallait se faire respecter, sympathiser sans trop avec l’équipage, se tenir prêt à prendre des décisions qui parfois pouvaient conduire à la mort ou l’abandon de certains. Pour la cause. Mieux valait ne pas trop s’attacher.
Autant dire que les relations sociales n’étaient pas son fort.

Alors quand le prince lui annonça qu’il avait fait son portrait, Hymveri ne pu s’empêcher de hausser un sourcil. Franchement, il avait plaisanté pendant le voyage quant au fait qu’il se verrait peut-être offrir un bouquet, mais une peinture… ?

- C’est… aimable, dit-il en s’emparant du tube. « Je suis arrivé par la mer, il supporte la pression ? »

Réaction pragmatique à une situation cryptique. Bref, au moins le prince abordait-il des sujets plus concrets à présent. Quoique sa dernière question l’interloqua encore – pensait-il sérieusement qu’il aurait monté toute cette opération pour se foutre de sa gueule ? Quelle perte d’énergie et prise de risque pour un résultat futile.

- Ne me sors pas les violons, tu t’es décri comme un partisan et un camarade, je serais un bien mauvais capitaine si je ne venais pas voir un peu ce que tu vaux. Et ne t’inquiète pas, nous nous reverrons, je ne laisse personne sur le bas-côté, maintenant la question que je te pose : comment veux-tu t’engager ?

Il le jaugea à nouveau de haut en bas. Il était évident que la valeur du garçon tenait plus à son poids politique et symbolique qu’à sa capacité à faire tourner le sous-marin ou participer à un abordage. Mais ça allait quand même.

- Les pirates rouges ce n’est pas un camp de vacances, si tu t’engages à nos côtés, j’attendrai de toi de la loyauté et de la détermination, faudra t’endurcir et vite. Ce n’est pas un chemin facile alors je comprendrais que tu le refuses, chacun agit à sa manière…

Son regard se plissa avec dureté.

- Peut-être que la radicalité n’est pas faite pour toi. Si par contre tu t’y sens à ta place…

D’un geste, il désigna la côte frialane et les centaines de navires de plaisance qui voguaient sur la rade, barbottant sur une mer baignée de soleil.

- Tu seras notre taupe au Royaume-Soudé. Un agent dormant, tu collecteras des informations pour nous.

Il hésita. « Pour moi. »

Après tout…

- Sinon…

Un sourire narquois s’était dessiné sur son visage, il était curieux de voir la réaction du prince à présent. Embêter les têtes couronnées était très ‘pharois’ comme divertissement mais au-delà de ça, Hymveri était sincèrement curieux de savoir ce que le garçon avait dans le ventre. Malgré un fossé entre leurs expériences respectives, il n’y avait pas une si grande différence d’âge entre eux, et à peu de chose le pirate se revoyait quelques années plus tôt, lors de ses multiples fugues, braver toutes les autorités au nom d’un idéal fait d’aventure et de révolution.

- Sinon tu embarques avec nous. Mais tu laisseras derrière toi toute une vie de confort. A bord, tu es un marin comme les autres, même moins que les autres, tout le monde doit faire ses preuves et à part porter une couronne, je ne t’en reconnais encore aucunes.
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Michelangelor se sentait de plus en plus impressionné par la grandeur, le charisme et la beauté du jeune capitaine. Il savait très bien que cette relation serait sûrement à sens unique, comme l'avait été toutes ses relations depuis le début de sa triste vie. Des amis qui sortent avec lui car il est plutôt influent, des garçons qui flirtent avec lui pour son statut, et des diplomates étrangers qui lui font des sourires pour ne pas froisser sa mère, la Reine, c'est de cela que vivait le jeune prince depuis sa plus tendre enfance. Contrairement à son grand frère et sa grande soeur, qui eux, aimaient ce pouvoir, ce statut et cette aisance à demander ce que l'on voulait, Michelangelo était en marge de cette noblesse qui gagnaient chaque jour en puissance. La famille Royale attirait, et elle était appréciée de par la grande majorité de la population frialane.

Rejoindre les rangs d'Hymveri voulaient aussi dire abandonner sa famille, et surtout trahir celle-ci. La révolution et la monarchie étaient très rarement compatible, même si son grand-père avait réussi à maintenir son statut alors que le peuple réclamaient une démocratie plus participative et ouverte. Il ne savait pas réellement quoi penser de ce que Hymveri lui disait, mais n'arrivaient pas à faire autre choses que de l'écouter, et scruter son regard. Il profitait de l'instant présent avec celui qui l'aidait à oublier ce monde rempli de bijoux et joyaux.

- Excuses-moi... l'habitude de vouvoyer tout le monde.. et je.. je suis plutôt impressionné par toi. Tu es bien plus charmant qu'en photo.. Il baissait imméditatement les yeux, la joute lancée au jeune capitaine n'allait surement pas vraiment lui plaire. N'oublions pas que Michelangelo avait affaire à un terroriste recherché par la majorité des pays du monde. Au Royaume-Soudé, il n'était pas reconnu comme un danger, au vu des informations données par le Parti communiste frialan à la Reine.

alors qu'il donnait le tube de transport à Hymveri, il écoutait ce qu'il avait à dire.

- J'espère que cela te fera plaisir... le tube est étanche ne t'en fais pas, j'avais prévu le coup.

Il écoutait alors ce qu'avait à dire Hymveri, il ne savait pas vraiment compris cette démarche, il avait haussé le ton, et cela ne plaisait pas au jeune homme, mais il devait s'y faire, il ne parlait ni à un servant, ni à un ami.

- Je veux que tu m'apprennes à être plus comme toi. Ici, il m'est impossible sans avoir un mentor. Et le Parti communiste est plutôt sympa ici, mais ils ne te décrivent que ce que je peux leurs apporter comme infos, ni plus, ni moins. Supprimons les intermédiaires, darling. Je veux m'engager à tes côtés, je pourrais t'être loyal, si tu me protège. Je suis plus important vivant que mort, n'est-ce pas?

Il s'avançait alors vers le capitaine, se retrouvant alors nez à nez avec lui, se sentant alors venir une poussée d'adrénaline, il posait sa main sur son épaule.

- Je ne veux pas forcement rester au Royaume-Soudé, à être une taupe et vivre dans ce putain de palais. Ce que je veux c'est passer du temps sous tes ordres, apprendre de ton parcours, et après, à la rigueur, revenir ici pour reprendre ma couronne et te donner d'encore meilleurs informations, tout en étant bien formé. Réfléchies Hymveri, tu peux former un putain de Prince d'un régime qui est plutôt apprécié de ses voisins Eurysiens. Imagine le pouvoir que ca peut être, avoir une taupe encore plus importante, et ainsi former le Parti communiste sur place en revenant, et leur inculquer ta vision du monde, notre vision du monde. Être un marin comme un autre ne me dérange pas, je t'aiderai volontiers à prendre ton bain.

Il sourit alors au Capitaine, et se reculait, l'excès d'adrénaline redescendant, il commençait réellement à se calmer. Il commençait ç reprendre sa stupide timidité.

- Excuses moi Capitaine, je ne sais pas pourquoi je vous ai parlé comme cela.
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Hymveri appartenait à cette race damnée de moines soldats, le front ceint sans cesse du poids de leurs convictions. Il avait grandi très tôt avec la farouche conscience des injustices du monde, éduqué à la trique par la vision des travailleurs des ports Pharois, les gigantesques ateliers industriels et les usines charbonneuses où entraient chaque matin et sortaient chaque soir des foules d’âmes nombreuses rendues indiscernables par la fatigue et la lassitude.

Le Pharois avait des airs de liberté mais le fait était qu’aucune chaîne productive ne fonctionne sans son lot d’éléments écrasés, d’individus aliénés par des travaux sans sens, présurisés au nom d’idéologie divers et d’excuses morbides, des mots matons comme rentabilité, patrie ou devoir, ou juste des insultes parfois.

On ne se remettait pas vraiment d’avoir vu la misère en face et dans ses jeunes années, le Pharois Syndikaali était un pays très misérable. Les pensionnats privés où l’avait envoyé son père, Hymveri n’y avait vu qu’une farce sordide adossée à des coulisses sanglants.

La dureté ne l’avait jamais quitté depuis. Il avançait dans sa vie comme un loup famélique, rendu méfiant et hargneux trop jeune pour pouvoir vraiment en revenir. Seulement parfois l’ivresse surprenante de sa jeunesse, de sa force et de la crainte ou la fascination qu’il inspirait le rendait fou et alors vraiment on le sentait humain.
Le reste du temps ce n’était qu’une machine violente qui carburait grâce a des mantras idéologiques répétés jusqu’à être tellement digérés qu’ils lui tapissaient l’estomac et filtraient toute autre forme de nourriture. Hymveri vivait pour la révolution et sans doute mourrait-il pour elle aussi, oubliant de vivre pour autre chose.

Évidement, les compliments du petit prince sonnait bizarrement. C’était comme une caresse donnée à une bête sauvage ou à une carlingue de tanke. Aux mieux ça n’avait pas beaucoup d’effets, au pire vous preniez le risque de vous faire mordre.
Hymveri, le capitaine Hymveri, commandait une troupe de quelques centaines d’hommes et de femmes, de sacrés raclures du genre qu’on n’accepte pas dans un parti traditionnel, des barbouzes avec ça en plus d’avoir des convictions mais pas assez de morale pour les nuancer. Des gens sensibles, étranges, vertueux ou non, mais toujours brutaux en fin de compte, chacun à leur manière.
A leur contact, Hymveri s’était endurci. Il avait vécu plus d’un an dans son sous-marin, dans la chaleur étouffante sans voir le soleil, à bouffer des conserves et à vivre les uns sur les autres au milieu du linge, des armes et de la mauvaise humeur. Cela rendait fort, et fou.

Alors, il n’était pas vraiment prêt à se montrer tolérant et pédagogue. Le prince n’existait à ses yeux qu’à travers ses convictions - en avait-il ? - et son statut. La force symbolique que représentait l’adhésion d’un monarque au mouvement révolutionnaire international était de nature à saisir les esprits, et les bandeurs de têtes couronnées.

Ainsi le prince cherchait un mentor ? Hymveri hocha la tête, l’air satisfait. Au moins le minot avait le bon sens de reconnaître que dans cette impitoyable guerre, il n’avait l’étoffe de rien du tout. Mais cela pouvait changer.

- Tu ne serais pas le plus jeune de nos mousses si ça peut te convaincre, répondit Hymveri avant de ricaner. « Pour être honnête, je ne suis pas sûr que tu saches réellement dans quoi tu t’engages, mais t’as au moins le bon sens de le reconnaître. Un révolutionnaire ça meurt jeune, souvent. On essaye d’éviter ça. »

Accoudé à la rambarde du pont, il observa intrigué le petit prince oser se rapprocher enfin. Au Pharois, les relations amoureuses n’étaient pas vraiment taboues, ni l’acte sexuel d’ailleurs, pratiqué en mer très librement selon les anciennes mœurs d’Albi. Il fallait bien se tenir chaud dans les océans gelés, et éviter la folie au milieu des icebergs, la législation autorisait même l’adultère pourvu que celui-ci reste discret. En mer, les hommes étaient libres.

Hymveri avait gardé une partie de cette culture, bien que pour être honnête les choses de l’amour ne l’aient jamais passionné. Il aimait les livres et les abordages, la théorie révolutionnaire et la pratique. Quelques sentiments idiots lui avaient fait placer l’esprit au dessus du corps, vu comme un simple véhicule pour une pensée plus noble. Cela allait contre le matérialisme qu’il prônait cependant et sa première lieutenante, sans doute moins dogmatique et plus sage qu’il ne l’était, lui avait déjà fait remarquer qu’à se draper dans sa rigueur monacale, il se coupait du monde qu’il prétendait libérer.

C’était entré par une oreille et sorti par l’autre.

C’est donc autant septique qu’amusé qu’il laissa le prince réduire la distance entre eux, sans perdre de vue l’idée qu’on n’était jamais à l’abri d’un coup de couteau en traitre. Mais Michaelangelo paraissait sincère.

Il écouta avec attention le discours du jeune homme et, sa conclusion venue, ne pu s’empêcher d’éclater de rire, légèrement surpris devant son ton devenu soudain très entreprenant, suivi l’instant d’après d’un retour à la timidité.

- Voila que tu parles comme un pirate, au moins tu sais ce que tu veux !

C’était une vraie qualité, les indécis n’avaient pas leur place dans la croisade.

- Tu n’as pas besoin de me convaincre, je ne serai pas venu ici si j’avais douté de ta valeur. Même froussard où idiot te kidnapper aurait déjà été un exploit en soit. Mais si tu te livres de ton plein gré alors il y a moyen de nous épargner des complications.

Il prit quelques instants pour fixer le prince. C’était une caricature de minet romantique, un petit rêveur qui risquait de déchanter un peu en découvrant la vie spartiate du sous-marin. Mais une fois sous la mer, on ne faisait plus demi tour.

- Le temps est compté maintenant, ton bateau de croisière commence à faire demi tour, je dois partir. Tu as encore quelques jours pour réfléchir à tout cela, si tu ne t’es pas dégonflé, nous organiserons ton enlèvement d’ici peu.

Sacrée prise de guerre il fallait bien le reconnaître, et plutôt docile visiblement.

- Un prince révolutionnaire, voilà qui aura de quoi faire jaser, l’agit-prop est le nerf de tout.

Et sans plus de cérémonie, il se détacha de la rambarde et se dirigea vers la salle des machines ou était dissimulé son matériel de plongée. Devant la porte, il se retourna vers le prince.

- Réfléchis bien. Il n’y aura pas de retour en arrière.

Et à le voir ainsi penaud, il abandonna un peu de sa dureté pour ajouter, légèrement moqueur :

- Même si la perspective d’être baigné par un monarque est le genre d’ironie qui me plait.
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La dureté du Pharois mélangé à la timidité du Frialan laissaient sur ce pont une atmosphère spéciale, en effet, même si le Prince était assez à l'aise pour pouvoir prendre la parole et ainsi laisser entendre au Capitaine une entente sur un projet commun, Michelangelo ne savait pas dans quoi il allait s'embarquer, et c'est cela qui pouvait lui plaire. Il ne restait qu'au prince à trouver un moyen de partir, l'enlèvement ne plaisait pas au jeune homme. Il voulait garder sa couverture, sait-on jamais si la révolution pouvait se passer sur le territoire, il pouvait encore abattre cette carte.

- Je me doute que je ne serai pas le plus jeune, je ne sais certes pas dans quoi je m'engage, mais je sais tellement de toi que l'aventure vaut le coup. Même si mon aventure avec toi prend fin par n'importe quelle moyen, pouvoir vivre et documenter tout cela pour l'histoire me fait bander autant que de pouvoir partager du temps en mer avec toi, Capitaine. Tu dis que je parles comme un pirate, mais je ne pense pas que c'est réellement correct, disons que je parle plutôt comme une personne décidé qui sait ce dont il a envie, ce dont j'ai envie, c'est cette aventure, porter ce projet commun jusqu'au bout et y croire.

Il voyait que le Capitaine prenait alors ses affaires et que celui-ci allait s'en aller, ces mots résonnaient dans la tête du Prince, alors qu'Hymveri lui disait qu'il devait s'en aller, il suivit le Capitaine vers la salle des machine et le laissait parler.

- Pas de retour arrière. Je te ferai savoir ma décision au plus vite.

Il s'adossait alors à un mur du bateau afin que personne ne puisse le voir et regardait la Capitaine.

- Tu pourrais au moins me dire au revoir ? Que cela puisse compter dans ma décision de partir avec toi.

Michelangelo jouait la carte du sentimental en tentant de séduire le Capitaine qui n'était surement pas réceptif, mais qui ne tente rien n'a rien, il marchait souvent dans son jeu, et c'était peut être une porte de sortie possible pour eux. La réputation des Pharois les précédaient, et Michelangelo en jouait pour séduire le Capitaine ce qui ne serait surement pas chose facile sachant que le capitaine était une machine de guerre, ne laissant rien paraitre et ne montrant aucunement ses sentiments, une bête que seul Belle peut dompter. Pas facile pour le jeune prince, mais pas impossible. Même si cela n'était pas le but premier de cet rencontre, que la cause était bien plus importante, il ne pouvait pas dire qu'il ne ressentait rien pour le capitaine, et cela se voyait.

- Sois prudent, évites les côtes de Fortuna, et évite aussi d'accoster vers un port, je ne peux pas garantir que l'armée ne s'y trouve pas, avec ce qu'il se passe au Kronos, c'est un peu compliqué en ce moment. Je te ferai savoir comment ca avance.
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A la tirade du prince, Hymveri se contenta de hausser les épaules.

- Beaucoup de paroles. C’est facile en paroles, en actes c’est plus dur. Je ne sais pas ce que tu vaux au fond de tes tripes mais au moins je peux t’assurer qu’on le découvrira vite.

Il jeta un coup d’œil en direction du minot avant d’ajouter, goguenard.

- Content que l’idée de te faire secouer te plaise, en tout cas. Je n’aurai pas su quoi faire d’un timoré.

Le bateau virait doucement de bord pour faire demi-tour, Hymveri se dirigea vers l’entrée de la salle des machines où était restée sa combinaison de plongée et ses bouteilles à oxygène. Il en aurait besoin pour rejoindre ses camarades au large et quitter le pays discrètement. Jamais il n’était monté sur le navire, un véritable fantôme.

- Bien. L’informateur habituel sera là. Quand tu te seras décidé, je te communiquerai le moyen de disparaître.

Il était prêt à mettre un terme à la discussion là sans plus de cérémonie, n’étant pas vraiment un grand adepte de la diplomatie. La conférence de Baidhenor en avait été la démonstration flamboyante.
La remarque du prince lui fit retenir son geste toutefois. Plaisantait-il ? S’il y avait bien un moyen de convaincre Hymveri de faire quelque chose, c’était de faire peser le poids de la réussite de sa mission dans la balance.

Il se retourna vers le Michelangelo.

- Qu’est-ce qu’un au revoir quand le monde est dans la balance ?

Il darda sur lui un regard curieux avant de hocher la tête.

- Au revoir Michelangelo. Mais ne tarde pas trop à prendre ta décision, elle devrait aller de soi.

Puis il s’engouffra dans la salle des machines. Il avait conscience d’être un peu rude avec le gamin, mais s’il devait un jour prochain devenir son capitaine, il faudrait bien que le prince apprenne à vivre avec. Autant ne pas lui faire miroiter une vie douce, le sous-marin était sans doute ce qui se faisait de plus éloigné de son palais, en termes de confort et de mode de vie. C’était un risque à prendre cependant. Hymveri comptait bien faire de lui un véritable petit révolutionnaire et cela impliquait un peu de rigueur et de fermeté d’esprit.

Il atteignit la planque où se trouvait sa tenue de plongée et ses bouteilles. Dans quelques minutes il n’aurait plus qu’à se jeter à l’eau et regagner son navire à la nage, puis s’exfiltrer de cette mer pour rejoindre l’océan et le sous-marin rouge.
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