Sans doute en raison de l'exotisme qu'inspire l'Althalj, le nombre de travaux en anthropologie portant sur la nation ouest-afaréenne augmenta énormément à partir de l'année 2007. De plus en plus nombreux, les actes des colloques ayant pour thème la philosophie et la culture althaljir firent l'objet d'un travail de compilation et de synthèse, donc le présent document est un extrait. En partenariat avec les universités althaljirs, connues pour être parmi les plus développées du monde, ces travaux firent l'objet d'une diffusion au sein de ses cercles scientifique et politiques.
Ce document, particulièrement long, se décompose en plusieurs parties.
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Premier acte : la Sublime Althalj
« Et me voyant soudain plongé dans ce monde tout plein de sens, je ne su plus qui j’étais ni où j’étais. »
- poème pharois
Introduction
Ce travail se veut la synthèse des actes du colloque « Genre et politique, le pourquoi de la fascination althaljir ? » s’étant tenu à la Seikkailunhaluinen humanistinen yliopisto ; Albigärk 7 – Université d’anthropologie aventurière en automne 2008. Il se proposait de répondre à une question ayant beaucoup agité les sphères intellectuelles de gauche et de droite ces dernières années : quel fut l’apport scientifique et philosophique d'une société matriarcale religieuse et une nation libertaire viriliste pour le développement des idées féministes et progressistes à travers le monde ?
Alors que dans les nations libérales du monde, les thèses féministes ont le vent en poupe ces-dernières années, deux nations pourtant à l’avant-garde des questions de genre semblent avoir pris des chemins alternatifs par rapport au reste du monde sur ces sujets. Dans ce travail, nous laisserons volontairement de côté le cas des communes anarchistes, des Etats autoritaires-égalitaires communistes et de l’inclassable Grand Kah en cela que chacune nous semble dans une certaine mesure proposer une variante du projet matérialiste marxiste. Sans entrer dans les détails, l’idée que le genre soit un rapport de pouvoir trouvant un sens historique particulier au sein du mode de production capitaliste n’est pas nouvelle et fonde la base de la plupart des courants féministes modernes – exception faite des théories essentialistes et queers qui semblent se développer doucement, mais dont nous ne traiterons pas non plus aujourd’hui. Une matrice matérialiste qui a contribué à formaliser les enjeux de l’inégalité homme-femme aujourd’hui repris à différents niveaux de radicalité par un grand nombre de démocraties modernes.
Pourtant, deux pays sortent du lot : l’Althalj et le Pharois Syndikaali en cela que leur approche des questions de genre ne peut être affiliée à l’héritage marxiste et matérialiste. En effet, leur conception des rapports homme-femme paraît d’avantage liée à des enjeux historiques anthropologiques datant d’avant l’avènement des idées égalitaires socialistes et marxistes au XVIIIème siècle.
Voyons, pour chacun de ces deux sociétés, les particularités culturelles leur permettant de justifier une approche alternative des questions de genre dans le débat politique et scientifique international.
Partie 1 : la société matriarcale althaljir, une société patriarcale inversée ?
Un regard un peu hâtif sur la société althaljir aurait trop vite fait de considérer celle-ci comme une société traditionnelle, dont les hasards de l’histoire auraient conduit à un pur et simple inversement des rôles genrés, hommes devenant femmes, femmes devenant hommes. Par certains aspects, ce diagnostique est en effet convainquant, à commencer par l’observation du dysmorphisme physique que l’on peut constater chez les althaljirs : femmes tendanciellement fortes, hommes tendanciellement faibles. Une affaire de distinction par la nutrition, principalement, qui, si elle ne gomme pas complétement les différents effets des hormones sur le corps, participe toutefois à les atténuer. On peut également prendre en compte les effets d’une sélection sexuelle ayant pu, à certaines périodes de l’histoire du pays, opérer une sélection des individus mal préférés plus petits et chétifs pour des raisons esthétiques.
Plus frappant est la répartition genrée des activités professionnelles, les femmes étant beaucoup plus sollicitées dans les professions à forte pénibilité physique, tandis qu’aux hommes échoient les tâches relevant du « care », de l’entretien du foyer et d’élever les enfants. Ainsi, les hommes au foyer ne sont pas rares en Althaljir ce qui semble un reproduction fidèle des schémas de domination patriarcaux observés dans la plupart des sociétés du monde.
La comparaison trouve cependant ses limites lorsqu’on se penche sur le concept de sororité althaljir, une idée philosophico-cosmologique, traduite dans les institutions d’Etat où elle est le nom d’une des instances décisionnelles de premier ordre. Nous tenons toutefois à noter que la sororité n’est certainement pas une entité homogène et qu’elle reproduit les mêmes dissensions politiques qu’une assemblée démocratique classique. Une différence distingue toutefois la sororité althaljir d’un simple groupe d’élu chargés de prendre des décisions : contrairement aux modes de démocraties modernes où le débat est conçu comme un outil de gestion du dissensus, la sororité cherche d’avantage à se rapprocher d’une délibération, en mettant de côté ou en dissimulant les dynamiques strictement confrontationnelle et autres question d’égo. Une observation particulièrement frappante au regard de certains travaux en analyse du discours mettant en avant l’importance de la hauteur de vue dans les débats politiques de l’Althalj, ces derniers se reposant énormément sur une conception holistique de la société et du monde, bien plus que sur un conflit d’intérêt entre groupes sociaux.
Réunies entre sœurs, les Qari délibèrent au nom du bien de la société. C’est une première différence notable entre les sociétés patriarcales et l’Althalj : sans doute à cause du fait que son modèle politique se démarque radicalement de celui de ses voisins, le pays a développé bien plus tôt que les autres une « conscience de sexe » qui manque aux autres cultures phalocentrées. Il existe bien entendu, dans les cultures patriarcales, un solidarité masculine – dont le pendant féminin confine en général plutôt au folklore – incarnée dans les « boys club » sous toutes les formes, parfois formellement – lieux interdits aux femmes – parfois plus pernicieusement – dévaluation des caractéristiques associées à la fémininité pour limiter leur ascension – ou, pour les nations véritablement antimodernes, des régimes de lois différentes, mais l’Althalj a conceptualisé et formalisé sa sororité bien plus tôt et plus vite que d’autres. En effet, alors que nos nations modernes se penchent depuis très peu de temps sur les études de genre de manière véritablement scientifique, la question de l’organisation genrée de la société, en tant que réaction au patriarcat, est beaucoup plus ancien en Althalj.
La féminité althaljir est ainsi devenue très vite une féminité de combat, ou du moins de résistance. Un diagnostique dialectique qui l’inscrit moins dans la confrontation de son modèle par rapport à celui de ses voisins, mais dans l’affirmation de ses caractéristiques genrées en tant qu’objet valorisé. Pour le dire autrement, parce qu’elle n’a pas pu se développer dans un contexte historique où ses traits culturels étaient valorisés ou confirmés par les sociétés voisines, l’Althalj a développé très tôt une conscience de sa différence et du rejet qu’elle pouvait susciter auprès des autorités traditionalistes étrangères – notamment religieuses. Cela a eu un effet extrêmement important pour la conception de la féminité althaljir : celle-ci se construit dans la non-naturalité du genre, mais dans un contexte idéaliste. On comprend alors que l’Althalj ne puisse se définir de manière caricaturale comme une « société patriarcale inversée » ou qu’elle ne puisse être affiliée à l’héritage féministe moderne matérialiste.
Sur ce sujet, l’anthropologue féministe Tuuli Ainsi a longtemps développé le cas althaljir dans ses travaux, après une recherche de terrain de plus de trois ans pour la Seikkailunhaluinen humanistinen yliopisto. Elle dit ceci :
« L’apparition de la modernité, en tant que rupture progressive avec l’idéalisme, est un phénomène historique multi-dimensionnel survenu dans la plupart des nations eurysiennes aux alentours du XVIème siècle. L’individu s’y constitue de plus en plus comme un être souverain, émancipé de l’idée de dieu et de nature. La société réelle, matérielle est une force d’opposition à ces deux concepts : par la technique et le développement de la mécanisation, la civilisation et la culture permettent de s’affranchir de l’Eglise d’une part, et de la bestialité d’autre part. C’est un héritage qui, bien que nuancé à plusieurs reprises au cour de l’histoire, est toujours très présent dans la plupart des sociétés modernes contemporaines. Cela se traduit – encore une fois décliné de manières différentes – dans la prédominance de l’individu sur le collectif, la négation des forces idéelles supérieures (divinité, nature humaine, ordre cosmique) au profit de la souveraineté de l’individu sur son propre destin.
Le courant matérialiste, survenu en même temps que le courant moderne, mais qui trouvera ses lettres de noblesses dans le marxisme et le socialisme réel, apparaîtra rapidement aux modernes comme un dépassement nécessaire. Les concepts de libre-arbitre, de destin individuel et même de raison supérieure, capable de s’affranchir de ses biais cognitifs et culturels, sont remis en question au profit de l’étude des déterminations structurelles et idéologiques.
C’est dans cette double tradition individualiste-libérale et structuraliste-déterministe que se développe le mouvement féministe. L’identité sexuelle et genrée féminine, dont l’oppression ne fait alors aucun doute, fait l’objet d’une critique violente de la part des féministes en tant qu’elle assigne à résidence les femmes, bloquées dans des rôles stéréotypés et rigides qu’elles doivent performer au risque sans cela d’être violentées. Que les femmes doivent se découvrir elles-mêmes, dans une perspective individualiste, ou briser les structures d’oppressions qui les contraignent, dans les deux cas il y a une ambition émancipatrice qui se construit dans un contexte où la spiritualité et la naturalité sont perçues comme des concepts archaïques et contraignants. »
Le courant matérialiste, survenu en même temps que le courant moderne, mais qui trouvera ses lettres de noblesses dans le marxisme et le socialisme réel, apparaîtra rapidement aux modernes comme un dépassement nécessaire. Les concepts de libre-arbitre, de destin individuel et même de raison supérieure, capable de s’affranchir de ses biais cognitifs et culturels, sont remis en question au profit de l’étude des déterminations structurelles et idéologiques.
C’est dans cette double tradition individualiste-libérale et structuraliste-déterministe que se développe le mouvement féministe. L’identité sexuelle et genrée féminine, dont l’oppression ne fait alors aucun doute, fait l’objet d’une critique violente de la part des féministes en tant qu’elle assigne à résidence les femmes, bloquées dans des rôles stéréotypés et rigides qu’elles doivent performer au risque sans cela d’être violentées. Que les femmes doivent se découvrir elles-mêmes, dans une perspective individualiste, ou briser les structures d’oppressions qui les contraignent, dans les deux cas il y a une ambition émancipatrice qui se construit dans un contexte où la spiritualité et la naturalité sont perçues comme des concepts archaïques et contraignants. »
Pour l’anthropologue, le fait que le développement d’une « conscience de sexe » n’ait pas suivi les mêmes étapes historiques va profondément jouer sur les différences de conception de la féminité althaljir, qui n’est donc pas pensée comme un outil d’émancipation anticlérical et antinaturel.
Il est alors temps de parler de la question religieuse. On pourrait s’étonner, avec un regard eurysien, de la cohabitation entre religion musulmane et société matriarcale. C’est toutefois ne pas comprendre l’équilibre que ces deux concepts ont réussi à trouver, en se nourrissant mutuellement. Tout d’abord, si l’Islam peut paraître quelque rétrograde sur les questions féministes – y comprit dans sa conception libérale et formelle, nombreux sont les pays où l’Islam, comme religion d’Etat, refuse d’accorder l’égalité des droits entre les deux sexes – il s’agit d’un biais en cela que cette religion, refusant l’égalité, réaffirme en fait la différence.
Le marh est un exemple parfait de cette réinterprétation unique des textes sacrés. Dans la société traditionnelle et religieuse althaljir, la famille joue un rôle prépondérant en tant qu’entité bicéphale où la femme, en raison de sa capacité à porter la vie, est motrice du couple. Le couple est alors appréhendé comme une relation non pas d’égaux, par d’harmonieux. Il se distingue toutefois de la réinterprétation bourgeoise qui en a été faite en Eurysie, au XVIIème, XVIIIème et XIXème siècle avec l’avènement de la famille nucléaire comme parangon de civilisation. En Althaljir, la question n’est pas, comme ce fut le cas en Eurysie, de remplir une fonction de distinction économique et de reproduction des inégalités – les familles nucléaires bourgeoises séparaient les rôles sexuels pour libérer du temps à l’homme et pousser la femme à se concentrer sur l’éducation des enfants – mais centrée autour du concept d’harmonie au sein de la cellule familiale, ce qui se répercute également sur l’harmonie du pays, et de sa sphère géographique. En cela elle se rapprocher quelque peu des cosmologies nazuméennes qui voyaient dans les règles de la société l’expression d’une tendance naturelle – ou divine – des individus à aller vers une recherche d’équilibre. Equilibre que la modernité serait susceptible de bouleverser.
De cette manière, la répartition genrée des rôles en Althalj doit être perçue dans sa dimension spirituelle, ce qui l’inscrit de fait dans le traditionalisme pré-moderne. Avec toutefois comme différence de taille que cette conception de l’harmonie se place en contradiction structurelle avec les cosmologies et interprétations religieuses voisines. Il y a donc rencontre entre deux systèmes en apparence opposés : une justification idéaliste de la supériorité féminine, mais qui n’est en rien partagée et donc légitimée par les autres nations exerçant pourtant le même culte.
Cela produit l’incapacité de l’idéalisme Althaljir à se référer à une autorité légitime naturelle ou divine, et c’est une influence majeure qu’on retrouve encore aujourd’hui dans la société.
Partie 2 : Idées non-naturelles : berceau d’une proto-dialectique humaniste afaréenne ?
Nous voici donc dans une société traditionnaliste, affirmant la supériorité de sa cosmologie, mais ne pouvant la légitimer en la naturalisant ou grâce à la parole de Dieu, sauf à se placer en porte-à-faux de toutes les autres nations pratiquant la religion islamique et – plus nombreuses encore – le patriarcat. L’Althalj, seule contre tous ? De fait, oui, ce qui a conduit à la nécessité politique et historique de construire un discours alternatif de légitimation de sa cosmologie matriarcale. C’est l’étude de ce processus long de plusieurs siècles qui a fait pencher la chercheuse pour le qualificatif de « proto-dialectique humaniste ». Une découverte exceptionnelle, si cette analyse devait se confirmer, ouvrant certainement un nouveau champ d’études althaljirs.
La féminité althaljir se construit donc dans une position de résistance, donc dialectique. C’est la première chose à relever. Cette position de résistance la pousse à qualifier l’ennemi, mais également à se construire elle-même une identité de combattante, d’où certainement l’exacerbation de certaines qualités martiales, telles que la force physique ou la force de caractère, chez les femmes Althaljirs. Mais cette construction dialectique a également conduit à l’apparition de thèses proto-féministes essentialistes avant l’heure. L’idée, par exemple, que les femmes seraient fondamentalement moins portées sur l’affrontement direct, conceptualisé d’une manière quasi psychanalytique comme une ambition phallique de pénétration, mais qu’au contraire elles se montreraient plus habiles à réfléchir des stratégies d’enveloppement de l’ennemi, le laisser pénétrer pour mieux prendre le dessus. Les travaux sur la Circlusion althaljir montrent bien le lien cosmologique que fait l’Althlaj entre sa stratégie géopolitique et sa conception de l’intimité, au cœur du foyer. A des échelles différentes, les valeurs féminines sont au cœur de la culture de l’Althalj, déclinées en fonction des circonstances.
On comprend alors plus aisément certains choix politiques, y compris contemporains, faits par l’Althalj. L’accueil de savants venus du monde entier, notamment, pourrait être analysée comme la matérialisation d’un impensé culturel, faisant reposer le positionnement géopolitique de la nation moins sur sa force de projection en territoire ennemi que sur sa capacité à absorber les forces de l’adversaire. On comprend également la volonté plusieurs fois réaffirmée de ne pas séparer les émotions et la raison. L’alliance féminine du cœur et du cerveau, de l’empathie et du pragmatisme, se pose ainsi en contradiction radicale avec l’avènement de la conception humaniste moderne où la raison doit prévoir sur l’animalité et l’instinct.
La construction dialectique, toutefois, est à double-tranchant. Elle explique certes le nationalisme althaljir, mais prise seule, elle ne permet pas de comprendre l’ensemble du processus de culturation qui a fait la société althaljir contemporaine. A la notion de dialectique, il faut ajouter celle d’humanisme. A ce stade, précisons toutefois que les valeurs humanistes doivent être comprises d’une manière métaphorique, non comme un élément essentialisant de la culture de l’Althalj. En effet, contrairement à la révolution moderne, l’humanisme althaljir n’est pas fondamental dans sa vision du monde, il n’en est en réalité que le produit dérivé. Une sorte d’externalité idéologique, produite par les conditions de la pensée philosophique de l’Althalj au cours des siècles.
Le fait est que, bien que résolument antimoderne, le matriarcat en partage certaines valeurs, il nous faut donc comprendre pourquoi.
L’humanisme, qu’il soit idéaliste (de droite) ou matérialiste (de gauche) se caractérise toujours pas la conceptualisation de caractéristiques propres à l’humanité entière, présentes universellement dans tous les êtres humains. L’humanisme présuppose qu’au-delà des distinctions culturelles et sociales, qu’il s’agisse du genre, de la classe sociale, du pays de naissance, de la couleur de peau, etc. etc. tous les êtres humains peuvent revendiquer la même dignité et ne doivent donc pas souffrir de discriminations ou de hiérarchie. En apparence, il s’agit donc d’une philosophie opposée au matriarcat althaljir qui, encore aujourd’hui, réserve formellement dans la loi certains droits aux femmes et pas aux hommes. Pour autant, l’Althalj s’est à plusieurs reprises illustrée à l’internationale pour combattre des formes de racisme venu de l’Alguarena, ou des actions militaires allant à l’encontre du respect de la dignité des populations locales, comme au Kodeda ou au Shibh Jazirat Alriyh.
Pour comprendre cet attachement paradoxal à une forme d’égalité de traitement entre les individus, il faut envisager le produit de la dialectique matriarcale de l’Althalj non pas équivalent au concept moderne d’humanisme – centré sur l’individu – mais dans une approche humaniste plus spirituelle et cosmologique. Encore une fois, l’Althalj se distingue par une question de minutage : précurseur sur certaines conceptions du monde, celles-ci ne se sont pas développée de manière contemporaine à l’individualisme et à la désacralisation du monde. Ainsi, l’humanisme althaljir naît de la transposition à l’humanité tout entière de la bienveillance maternelle, partagée par toutes les femmes. Les femmes étant génitrices universelles, elles donnent naissance à des hommes ET à des femmes, le processus de conception de la vie devient alors le cœur de l’égalité entre les êtres humains.
Néanmoins, et c’est un point fondamental, cette vision maternelle ne s’est jamais accompagnée d’une sanctuarisation du ventre des femmes. L’explication est que si l’Althalj conçoit la société – et le monde – dans une approche cosmologique de l’harmonie, elle n’en a pas une vision organique. La nation n’est pas une entité supérieure qu’il s’agirait de renforcer en procréant pour la fournir en guerriers. Contrairement aux nationalismes modernes, le ventre des femmes n’est donc pas un enjeu existentiel, du moins il ne l’est pas plus que d’autres préoccupations matérielles, l’accès la nourriture par exemple. C’est ce qui permet ici de parler d’humanisme : la non-hiérarchisation des échelles. Contrairement aux sociétés modernes ou aux sociétés traditionnelles religieuses, l’humain demeure au centre des préoccupations de l’Althalj, avant la défense de la patrie, ou même celle de Dieu. La femme prend les armes pour préserver l’harmonie de son couple, de sa société, du monde, pas pour servir une cause qui lui serait extérieure et la broierait.
En Althalj, le Léviathan n’existe pas.
Conclusion :
L’Althalj se pose donc en protectrice, sa philosophie est inspirée des conceptions païennes préislamiques et de l’influence coranique prépondérante dans son histoire moderne. La valorisation des valeurs féministes althaljirs se construisent dans une double dimension : offensive dans l’affirmation du féminin en tant que puissance alternative à un modèle patriarcal omniprésent dans le reste du monde et venant en troubler l’harmonie, et bienveillante en raison d’une conception humaniste et maternelle des relations entre les êtres humains, envisagée sous le prisme d’une interdépendance inégalitaire. Ces premières explications permettraient de mieux appréhender les positions prises par l’Althalj à l’internationale, et ferons l’objet d’un développement plus approfondi dans les prochaines sections.
Mais d’abord, passons à la comparaison de notre second sujet : le Pharois Syndikaali.