L'âme du Prodnov | 07/04/2010
La grande trahison des Prodnoviens, entre théorie du complot et factualité économique- Les capitalistes ont-ils trahi la RLP ?
C’est la théorie insistante qui fait son chemin dans certains milieux populaires. Alors que l’annonce de la réouverture des hostilités par le gouvernement Malyshev vient à peine d’être annoncée, la République « Libre » du Prodnov est contrainte de faire son bilan, et celui-ci n’est pas fameux. Le développement économique et politique de la RLP s’est en effet fait en dents de scie. Si, dans les premiers mois après les accords de Paix de Nevskigorod, le pays a connu une forte croissance et été au centre d’ intérêts de nombreux pays et investisseurs capitalistes, le soufflet semble être rapidement retombé. Une seconde phase d’intérêt aura ensuite lieu un an plus tard, chacune correspondant peu ou prou à 50% de la croissance du pays en quelques mois, suivi de longues périodes de stagnation.
Pour étudier d’un peu plus près les chiffres, entre novembre 2007 et mars 2008 (cinq mois) la RLP passe de deux-cents milliards de PIB à environ deux-cent-cinquante milliards puis, entre février 2009 et juillet 2009 (six mois), elle passe de deux-cent-cinquante milliards de PIB à environ trois-cents milliards. Ces deux périodes de forte croissance sont paradoxalement entrecoupées de plus d’un an de stagnation, stagnation dont la RLP ne semble pas être sortie à ce jour puisque depuis juillet 2009 (nous sommes en avril 2010) le pays n’a vu son PIB augmenter que de quatre milliards.
Ces fluctuations dans la croissance de la RLP sont à mettre en parallèles avec celles de sa voisine, la RSP qui, pour sa part, a connu une croissance stable et continue après son décollage en juillet 2008, dû aux troubles politiques et électoraux dans le pays. Une croissance plus lente mais plus progressive qui mènera finalement la RSP à dépasser la RLP en mars 2010, alors même que cette-dernière partait avec cent-cinquante milliards de PIB d’avance fin 2007.
Cette différence de trajectoire, c’est un des principaux arguments d’Alexei Malyshev pour justifier la supériorité du modèle mixte socialiste de la RSP sur le modèle néo-libéral de la RLP. En effet, si la RLP connaît ces fortes phases de croissances, celles-ci sont systématiquement corrélées à des investissements étrangers massifs. Il s’agit du fonctionnement naturel d’un système libéral : les investisseurs créent l’emploi et la richesse en finançant des entreprises, il faut donc attirer ces investisseurs par tous les moyens possibles puisque d’eux dépend la bonne santé économique du pays. Seul problème : dans un pays comme la RLP mais le Prodnov de manière générale, un pays anciennement communiste où la propriété privée était bannie et qui sort de plusieurs mois de guerre civile, la population n’a pas d’argent à investir. En mettant en place une économie financiarisée, c’est-à-dire une économie où les entreprises sont dépendantes de fonds pour se lancer, la RLP s’est (volontairement ?) rendue dépendante de l’étranger.
Explication : le Prodnov était un pays peu mondialisé, sa monnaie n’était pas sur le marché des devises et le développement économique du pays faisait l’objet d’une planification par le haut, l’Etat orientait les travailleurs et les ressources naturelles (le travail et le capital) vers des projets qu’il jugeait stratégiques. Nous étions donc dans une économie dirigiste et non-libérale, étatisée, où les individus n’avaient pas de prise sur la production.
En passant du jour au lendemain à un modèle libéral, la RLP a désengagé l’Etat de son rôle d’organisateur de la production et y a substitué l’initiative privée. Problème : l’initiative privée nécessite un apport financier originel. N’importe quelle entreprise a besoin d’acheter du matériel, des locaux d’embaucher, brefs d’être momentanément déficitaire avant de commencer à engranger des bénéfices. C’est la fameuse « prise de risque » des entrepreneurs, mettre de l’argent dans la balance en espérant plus tard tirer un bénéfice.
Or de l’argent à mettre dans la balance, les Prodnoviens n’en ont pas. Et comme l’Etat est ruiné en sortie de crise (pas d’exportation pour faire entrer des liquidités), il faut trouver cet argent ailleurs. En l’occurrence : en attirant des investisseurs étrangers. Et ces derniers s’en sont donné à cœur joie, presque cinquante milliards d’investissements en cinq mois, une croissance que peu de pays au monde peuvent se vanter d’égaler ! Tout semblait donc aller bien en RLP qui venait de trouver la parade au problème majeur d’une économie post-communiste : le manque d’investisseurs.
- Alors pourquoi la croissance s’est-elle arrêtée aussi vite ?
La question tient en fait au modèle capitaliste lui-même, et pour comprendre cela il va falloir entrer dans le détail.
En RLP les choses se sont passées ainsi :
- Bien que la crise du Prodnov et le passage au libéralisme ait laminé la puissance politique et économique de la RLP, un certain nombre de forces vives restaient disponibles (infrastructures, matières premières, travailleurs). Les investissements étrangers ont permis, via la banque centrale de Staïglad, de mobiliser ces forces vives en injectant des liquidités dans l’économie de marché.
- Or, ces injections de liquidités ne se font pas par bonté d’âme et quiconque investi à Staïglad attend un retour sur investissements. Autrement dit, il devient actionnaire des entreprises qu’il finance et souhaite récupérer sa mise sous forme de dividendes.
Pour les investisseurs, la crise du Prodnov et le passage au libéralisme est une aubaine : un marché entier leur est mis à disposition sans aucune concurrence ! Non seulement le retour sur investissement est maximal puisque des pans entiers et fonctionnels de l’économie n’attendent que de se faire racheter, mais en plus faute de marché intérieur, les actionnaires peuvent imposer les prix de leur choix, au détriment du consommateur qui, de toute façon, est bien obligé de payer pour ces services vitaux.
- Le problème survient cependant très vite à moyen termes : une fois les parts fonctionnelles de l’économie rachetées, les investisseurs ne sont pas encouragés à investir dans des secteurs plus risqués. Déjà parce que la situation politique de la RLP est trouble, dans une région qui lui est majoritairement hostile et dont le seul allié et un état faible et autoritaire, le Vogimska. Ensuite parce que des investissements ambitieux ne seront rentables que dans plusieurs années, là où se contenter de racheter les services publics déjà présents sous l’ère communiste est bien plus profitable économiquement.
Prenons un exemple un peu plus concret : le cas de la comparaison entre les investissements dans le Réseau National Public des Chemins de Fers (R.N.P.C.F) et ceux dans les Forces de sécurité publique de Staïglad.Le premier a été extrêmement prisé par les investisseurs et rapidement, toutes les actions ont été rachetées. Le second, au contraire, est boudé et encore aujourd’hui les commissariats de la RLP sont largement vétustes et mal équipés.
Pourquoi ?
La réponse est assez simple en vérité : le retour sur investissement.
Mis à part
les lignes reliant la RLP et le Vogimska, le réseau ferroviaire du Prodnov existait déjà avant la crise. Les trains, les lignes, les gares, etc. tout ça était détenu par l’Etat. Pour un investisseur, racheter des parts du secteur public est très bénéfique : il n’y a quasiment rien à investir, le gros des travaux a déjà été réalisé, il suffit de remettre tout ça en état de marche et de toucher les dividendes. Le train est particulièrement rentable pour la simple raison que les Prodnoviens ont un faible accès aux transports individuels et privilégiaient les transports en commun pour leur déplacement (économie collectivisée oblige). Une manière pour l’ancien Prodnov de ne pas trop dépendre d’importation pétrolière et de garder son autonomie énergétique.
Un investisseur dans le train a donc à racheter des actions et en quelques semaines se contenter de toucher ses dividendes sans prendre aucun risque, pour cause : tout est déjà à portée de main.
En ce qui concerne les commissariats à présent, le retour sur investissement est très différent. En effet, la RLP n’a pas poussé le vice jusqu’à privatiser la sécurité. De fait, un investisseur qui attend un retour ne trouvera pas grand-chose d’intéressant en investissant dans un service public : aucune dividende ne peut être récupérée grâce au travail de la police, sauf à en faire une institution à but lucrative, autrement dit une milice privée qui rackette les gens. Le diagnostic est d’ailleurs le même pour l’armée et la rénovation des casernes qui ont reçu peu d’investissements en comparaison d’autres secteurs.
On voit à travers ces deux exemples que la motivation des investisseurs est, sans surprise, la rentabilité de leurs placement. Ce filtre a un effet pervers : tout ce qui est susceptible de faire payer les Prodnoviens est rénové, les services publics et institutions à but non lucratifs, en revanche, sont délaissés. Casernes, commissariats, embellissement public, ainsi que les aéroports qui demandaient des investissements trop massifs pour une population peu à même de prendre l’avion, ont été mis de côtés. Outre le sentiment compréhensible des Prodnoviens de se faire pigeonner, cette situation pose un problème réel : le faible dynamisme économique de la RLP.
- Comment comprendre le faible dynamisme de la RLP comparée à la RSP ?
Pour qu’une économie fonctionne correctement, il faut que l’argent circule. Une économie, c’est un circuit de monnaie, plus la monnaie circule rapidement et plus l’économie et dynamique et le PIB élevé. Autrement dit, si la monnaie bloque à divers endroits du circuits, elle vient à manquer ailleurs, cela entraîne de moindres possibilités d’investissements, donc moins de création d’entreprise mais aussi moins de consommation, bref, c’est un problème, le chômage s’installe et le PIB stagne.
Or c’est précisément de ce mal que souffre la RLP. Pour comprendre pourquoi, il faut garder en tête l’analyse précédente : les services à but non lucratifs sont délaissés, au contraire des services lucratifs, possédés par des investisseurs étrangers. Concrètement, cela veut dire qu’un Prodnovien qui possède de la monnaie (que ce soit celle de son salaire direct ou de son salaire différé par l’impôt), va tendanciellement la dépenser dans des secteurs possédés par des actionnaires étrangers. Actionnaires qui grâce aux dividendes font sortir la monnaie de l’économie. Autrement dit, la RLP est devenue une vache à lait. L’argent qui devrait normalement circuler dans son économie est capté à tous les niveaux par les capitalistes qui le sortent de la boucle nationale. Résultat, l’économie s’essouffle rapidement.
Pire : le manque d’investissements dans les secteurs fondamentaux de l’économie fait qu’au quotidien, la RLP est dysfonctionnelle. Le manque de policiers se fait par exemple sentir pour empêcher la corruption, la fraude ou les crimes. On a vu des parties de l’économie de proximité tomber les mains de gangs ou de mafias de quartiers faute d’une force publique pour défendre les citoyens. Cela n’encourage pas les Prodnoviens à entreprendre, le fruit de leur labeur pouvant être volé faute des protections suffisantes.
Autrement dit non seulement la croissance économique est poussive, mais en plus l’argent qui circule sort de manière systématique du pays à cause des dividendes étrangères. On comprend alors mieux ces pics de croissance, dû aux investissements, suivi d’une stagnation qui reflète en vérité l’état de l’économie réelle quand elle n’est pas perfusée par l’étranger. Quand on regarde le PIB, la RLP se développe bel et bien, notamment grâce aux travaux de reconstruction post-crise du Prodnov, mais au quotidien le passage au libéralisme reste difficile, en témoigne d’ailleurs les
enquêtes d’opinion réalisées par le site consultationspubliquesprodnov.shi.
- Quelle différence avec la RSP ?
On comprend mieux l’économie de la RLP en la comparant à celle de la RSP qui a mis en place un modèle beaucoup plus mixte, avec un mélange de grands secteurs publics et un Etat social puissant, tout en laissant d’autres secteurs au privé, quasi exclusivement Pharois. Ici, ce qui importe est bel et bien la dynamique entrepreneuriale mise en place en RSP.
On l’expliquait plus tôt, pour le modèle libéral de la RLP, il était crucial d’obtenir des financements afin de relancer l’économie du pays. Pour la RSP, il y a eu également des financements pharois dans un premier temps, mais dans un second temps c’est l’Etat qui a pris la main pour planifier le restructuration de la région.
Prenons l’exemple dans transports publics pour pouvoir les comparer avec le cas du R.N.P.C.F en RLP.
La stratégie du
Grand Peprolov a été impulsée entièrement par l’Etat. Autrement dit, c’est le ministère de l’économie qui s’est substitué aux investisseurs en RLP. La question des liquidités est moindre puisque, bien que la RSP ait intégré la comptabilité internationale et doive donc gérer son budget, celui-ci est virtuellement illimité car financé par la dette. La RSP possède un budget grâce aux impôts et peut décider de le creuser en empruntant aux banques pharoises. Pour le moment, c’est donc bien le gouvernement qui investit et a donc la main sur la planification de l’économie et peut donner la priorité aux secteurs qu’il estime stratégique. Le passage en 2009 à un gouvernement d’idéologie communiste, s’il n’a pas bouleversé la constitution libérale de la RSP, marque tout de même un tournant volontariste pour l’économie du pays où l’Etat n’hésite pas à creuser la dette pour investir.
On comprend alors d’avantage la croissance stable de la RSP : celle-ci investi progressivement selon ses priorités, en mobilisant toutes les forces de travail à sa disposition. Les projets se succèdent pas à pas et de manière continue. Certes il faut alors rembourser les intérêts de la dette, mais les taux Pharois sont stratégiquement arrangeant et surtout, comme les secteurs développés sont nationaux, l’argent sort beaucoup moins du pays qu’en RLP. Le gouvernement de la RSP fait en définitive le même calcul qu’un investisseur en RLP : investir dans le train est rentable à courts termes, il ne faut donc pas hésiter à apporter une mise de départ qui sera ensuite rapidement rentabilisée grâce aux bénéfices économiques qu’apporte un secteur public efficace. De fait, le chômage est inexistant en RSP, non seulement parce que la monnaie circule de manière fluide dans l'économie dont elle ne sort que marginalement, mais également parce que les forces de travail sont assez peu laissées oisives. La reconstruction demande de la main d’œuvre et le gouvernement Malyshev a même été contraint d'en importer, tant les grands travaux engagés par le gouvernement nécessitaient des travailleurs de manière continue.
En RLP, pour la comparaison, le chômage disparaissait lors des grandes périodes d'investissements étrangers, puis revenait quand l'économie stagnait. Une partie significative de la richesse sortant du pays sous forme de dividendes, les citoyens de la RLP se trouvaient régulièrement bloqués dans leurs investissements, faute de liquidité en circulation, ce qui contribue à ralentir l'économie.
Autrement dit, en RSP les bénéfices tirés par les investissements vont dans les poches de l’Etat et non plus dans celles des actionnaires étrangers. Argent qui peut alors servir à financer des secteurs non lucratifs comme la police ou l’armée, mais nécessaires au bon fonctionnement du tissu économique du pays.
Bien sûr, nous sommes encore loin d’un modèle communiste, mais la grande part des secteurs nationalisés assure à l’Etat des recettes conséquentes qui engagent une spirale vertueuse : développement de l’économie entraîne d’avantages de recettes fiscales entraînent plus d’investissements entraînent le développement de l’économie.
Bien sûr de nombreux économistes alerteraient sur le fait que cette croissance est rendue possible par la réindustrialisation post-crise du Prodnov et qu’à termes ce modèle d’investissements étatiques massifs n’est pas tenable, toujours est-il qu’il fonctionne à l’heure actuelle, en tout cas bien mieux que la stratégie libérale mise en place en RLP.
- Sentiment de spoliation en RLP : l’ONC nous aurait-elle trompé ?
Ce constat, nombreux sont les citoyens à l’avoir fait. Certes pas dans le détail des mécanismes économiques, mais le sentiment de d’enrichir un patron étranger est bien présent, et il s’additionne avec le manque de moyens dans les secteurs cruciaux au quotidien : police, armée, reconstruction urbaine. Pire, des secteurs hier gratuits sont devenus payants et si l’on peut légitimement penser que le service est meilleur, le passage d’un accès au soin entièrement pris en charge par l’Etat à la multiplication des cliniques privées et hôpitaux facturant rubis sur l’ongle chaque prestation peut choquer.
Mais surtout, l’aliénation marxiste n’a pas mis longtemps à être découverte par les Prodnoviens de la RLP. Ceux qui travaillent découvrent pour la plupart les joies de travailler pour un autre et, de fil en aiguilles, pour des étrangers. Pour le Staïgladien lambda, il est légitime de se demander pourquoi il se lève tous les matins et si, de l’autre côté de la frontière, le plaisir de reconstruire la patrie est tangible, en RLP on a d’avantage l’impression de suer pour des patrons qui, eux, ne se relèvent jamais les manches. La RLP elle-même n’appartient plus vraiment à ses citoyens, la majeure partie de ses secteurs cruciaux sont entre les mains des puissances financières très lointaines. Lofoten, Royaume-Soudé, Alguarena, Empire Xin, Burujoa… autant de pays dont la plupart des Prodnoviens n’avaient jamais entendu parler hier encore. Des pays où on ne parle pas russe, où on ne prie pas le même dieu, et où on n’a pas les mêmes valeurs.
Aussi corrompues soient-ils, les principes du communisme laissent des traces et avec l’avènement de la RLP, plusieurs mises en gardes contre le capitalisme ont trouvé écho dans la libéralisation brutale et rapide de l’économie. Passer d’un Etat providence omniprésent au libre marché entraîne mécaniquement de forts déclassements et si certains s’en sortent, en s’appropriant les nouvelles règles du jeu, la majeure partie de la population se trouve dépossédée de son destin et de sa puissance politique en quelques semaines. Le management change, ce qui hier était gratuit ne l’est plus, les inégalités se creusent… autant de sujets de crispation atténués par le développement économique du pays mais on l’a dit : la RLP ne se développe que par à-coups, avec des arrêts fréquentes et longs. Autrement dit, la prospérité promise semble d’avantage captée par une minorité bourgeoise qu’également distribuée au sein de la classe laborieuse.
Face à cette situation, les Prodnoviens sont en droit de douter : l’ONC et le gouvernement contribuent-ils véritablement à la prospérité économique du pays ? Ou l’ont-ils tout simplement mis à contribution pour se remplir les poches avant de l’abandonner une fois que celui-ci n’est plus devenu rentable ? C’est le sentiment que peut donner la politique de l’ONC qui, après des investissements massifs, a complétement délaissé la région pendant plus d’un an, se contentant d’y envoyer de temps en temps des armes pour tenir tout le monde bien sage.
Construction de murs,
entraves à la libre circulation, stigmatisation de la RSP… le gouvernement de la RLP n’a jamais envoyé de message clair en faveur d’une sortie de crise et semble avoir préféré entretenir un climat de crispation et de militarisation continu. Vécue de l’intérieur, l’arrivée ces derniers mois de matériel militaire bas-de-gamme bat en brèche le discours victimaire de la RLP qui se prétend agressée par sa voisine, d’autant que lors de la crise opposant les deux républiques, un an plus tôt, c’était bien la RSP qui avait consenti au départ des soldats Loduariens venus former les nouvelles recrues de l’armée rouge. Une main tendue sur laquelle l’ONC a ouvertement craché en important des milliers de soldats étrangers, toujours en poste à la frontière.
A cela s’ajoute le caractère peu démocratique de la RLP, qui dès la prise de pouvoir des putschistes a interdit le Parti Communiste (mais n’a pas interdit les partis d’extrême droite nationaliste) puis a mis au pouvoir les responsables du coup d’Etat. Pouvoir qu’ils ont gardé plus de trois ans sans véritable contestation. Côté RSP, le processus démocratique, bien que d’avantage chaotique, a été bien plus riche avec pas moins de trois élections successives, de nombreux débats et un gouvernement de coalition, obligé de chercher le consensus plutôt que la brutalité. Même chose du côté de la presse où la RSP respecte le pluralisme des médias : bien que le gouvernement possède toujours un journal officiel, sa parole est régulièrement contredite ou nuancée via des organes de presse concurrents. En RLP, le débat médiatique et politique semble assez faible et on peine à ne citer qu’un seul journal d’influence dans ce pays, tant le débat public a été écrasé après la victoire militaire des libéraux.
Dans un tel contexte, on peut comprendre qu’une part de la population se mette à douter sur les véritables intentions de l’ONC et de son gouvernement. Si la RSP est sans aucun doute « sociale », la RLP n’est pas si « libre » qu’elle le prétend et à son échec économique s’ajoute le constat amer que la libéralisation de la société a accouché d’un régime largement acquis aux intérêts de l’étranger, et peu à l’écoute de son peuple et de ses doutes.
Mis à part abattre des statues et renommer des places, le gouvernement ne peut pas vraiment prétendre avoir contribué à améliorer la vie de sa population. Ceux qui pourraient le revendiquer sont les investisseurs étrangers dont on a vu l’intérêt bien compris à faire payer leur générosité aux Prodnoviens. Prodnoviens invités à ouvrir leurs porte-monnaie au quotidien pour des services qui hier encore étaient gratuits.
Quelques bâtiments flambants neufs dans une économie qui stagne, voire qui manque à ses devoirs élémentaires comme assurer la sécurité de ses citoyens contre le crime et le racket, c’est une belle vitrine pour le reste du monde, mais les Prodnoviens, eux, savent que les accomplissements de la RLP ont tout d’un village Potemkine.