11/03/2013
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Rencontre Milouxitania-Clovanie à Ilios

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En ce jour du 13 août 2010, alors que les températures auraient du avoisiner les 36 à 38°C comme d'habitude à Ilios, une pluie fine tombait sur la capitale et une fraîcheur agréable venait couper la canicule qui sévissait depuis deux semaines. La Présidente, attendant sur le perron du Palais Présidentiel, savourait cette brise inattendue alors que la délégation clovanienne devait arriver dans les secondes suivantes.
Des sirènes hurlantes provenant de la gauche de l'Avenue annoncèrent l'arrivée des représentants. Une limousine précédée de plusieurs voitures ainsi que d'une garde milouxitane bien entraînée arrivèrent devant les portes du Palais.
Un homme ouvrir la porte arrière de la limousine, laissant sortir l'Empereur Pétroléon V, suivit rapidement par le reste de la délégation clovanienne. Comme à son habitude, Aurelia Culio était relativement stressée, et la présence de sa ministre des Affaires Etrangères Pauline Pouzoles à ses côtés la rassurait.

Alors que l'Empereur s'avançait, Mme. Culio s'annonça :

Mon cher, c'est un honneur de vous recevoir ici. La météo nous a gâté ; croyez-moi, vous êtes bien content de n'être pas venu hier ! Sur ce, je vous propose de me suivre jusqu'à la salle du conseil où nous pourrons discourir.
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13 août 2010, Ilios, Milouxitania.


L'Empereur Pétroléon V sortit de la voiture en épongeant discrètement, d'un revers de manche, la fine goutte de sueur qui perlait à sa tempe. Il n'était guère accoutumé à de fortes chaleurs et commençait à se sentir à l'étroit dans l'habitacle de la voiture dans laquelle il était conduit. Observant le paysage du Milouxitania à travers les vitres teintées, il avait ressenti un profond sentiment de soulagement ces derniers instants, devinant à la beauté des immeubles qu'il s'approchait du centre-ville.
Reconnaissant Madame la Présidente qui s'avançait d'un air soucieux vers sa personne, Pétroléon V observa par la même occasion les personnes qui l'accompagnaient. Il y avait bien sûr Madame Pouzoles, la Ministre des Affaires Étrangères. Beaucoup de femmes, pensa-t-il, et jeunes qui plus est. Cette configuration était plutôt rare, et le souverain clovanien était curieux d'aller davantage dans le détail. Il écouta les dires de sa jeune homologue et y répondit avec un grand sourire.

"Nous vous avouons que nous avons connu température plus clémente, mais si vous Nous dites que le soleil était plus féroce hier, Nous saurons bien nous contenter de cette brise fraîche, quoique légère ! Tout de même, il n'y a qu'au Gondo que Nous avons rencontré pareille chaleur... Mais enfin, réservons la météo aux plats échanges de voisins et aux commérages populaires, nous sommes ici réunis pour aborder des sujets plus élevés, n'est-ce pas ?"

Prononçant ces mots, l'Empereur suivait la Présidente jusqu'à la fameuse salle dont elle avait parlé. Il présenta les personnes qui l'accompagnaient, dont le bien connu Gaspard Razoumikhine, Ministre Impérial des Affaires Étrangères, et attendit que Madame Culio prit la parole.
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Arrivés à la salle du conseil, les représentants milouxitans et clovaniens s'installèrent à leur chaise respective, devant lesquelles les attendaient collations et de quoi satisfaire leur soif. Le vin fut servit à flot, selon le coutume milouxitane, ce qui parfois peut déplaire à certains visiteurs soucieux de garder tout leur esprit... Comme dirait un bon vieux Milouxitan, "tout est dans la dose !".
Mais la Présidente n'avait pas la tête à ça. Elle voulait en venir le plus rapidement au sujet qu'elle voulait aborder, et opta pour être assez directe.

Ecoutez, cher empereur. Nous vous devons le plu grand respect et espérons que notre invitation fais gage de cela. Cependant, je ne tournerai pas autour du pot et désirerais quelques détails au sujet de votre fonctionnement. Enfin, plus précisément, au sujet de vos idéologies. Nous combattons tous deux contre le communisme, ce qui nous rapproche. Seulement, dans un pays très libéré et soucieux des droits pour tous, nous sommes assez sceptiques de pouvoir communiquer avec un état royaliste, impérial. Nous savons qu'il existe encore, bien malheureusement, des états traditionalistes anti-évolution et contraires aux lois dignitaires humaines, et espérons que vous n'y faîtes pas partie !
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L'Empereur goûta au délicieux nectar que lui servait abondamment le personnel de la Présidente, et écouta avec un certain étonnement les paroles de cette dernière.

"Nous comprenons tout à fait, Madame Culio, que les premiers mots de notre conversation vous mènent vers les terrains idéologiques. En effet, comment bâtir une relation saine et profitable avec une personne dotée d'une vision du monde totalement différente ? Comment marcher ensemble et vers un but commun si nos pas nous mènent tous deux vers des horizons contraires ? Une telle situation ne saurait durer sans que nos quatre pieds s'emmêlent et que nous choyons tous deux à terre. Autrement dit, la culture et la métaphysique d'un individu déterminent fondamentalement sa manière d'être au monde et d'interagir avec les autres. Seulement, il faut parfois savoir faire des concessions. On ne trouvera jamais un être identique au nôtre, pas même en un frère jumeau ! Alors, il faut accepter les différences de l'autre, ou bien décider de se renfermer dans sa coquille. Or, nous sommes réunis face à face afin de bâtir de sains échanges. Aussi, Nous accepterons nos divergences, tant qu'elles n'empiètent guère sur Nos valeurs et Nos intérêts, et vous ferez de même, comme toutes les nations et comme tous les hommes ont agi de tout temps. Il s'agit là de la base de la sociabilité : renoncer à sa liberté naturelle pour acquérir un bien plus grand encore. Mais enfin, Nous ne vous apprenons rien.
Pour répondre à vos interrogations, la Clovanie n'est point un État royaliste. Nous ne sommes pas roi, mais Empereur. Monarchique constituerait davantage un terme adapté. Oui, Nous disposons des pleins pouvoirs en Clovanie, comme le veut le régime et la tradition, et surtout le bon sens. Vous n'êtes point de cet avis, cela est bien normal, et cela est même tant mieux ! Il faut de tout pour faire un monde. Par ailleurs, si cela peut vous rassurer quelque peu, Notre pouvoir est secondé par celui de l'Assemblée Impériale et tenu par les Maximes Impériales. Si Nous dérogeons à l'une de ces maximes, l'Assemblée peut voter une motion de censure et Nous destituer. Pour ce qui est de l'aspect traditionnel, qui semble vous effrayer quelque peu, la Clovanie est effectivement membre fondateur de l'Union Médiane des Traditionalistes (UMT), qui vise à défendre la tradition à travers tous les continents et à combattre le modernisme. Nous espérons que vous parviendrez à surpasser cette différence si vous n'adhérez pas à ce mode de pensée, car Nous n'y renoncerons pour rien au monde. Nous ne sommes point des extrémistes, violents et illuminés, mais simplement des défenseurs de la tradition, qui se trouve en grand péril face aux affres du mondialisme et du modernisme. Or, ce modernisme se caractérise notamment par un ennemi que nous combattons tous les deux : le communisme.
Nous avons des différences idéologiques, c'est indéniables, et vous chercherez longtemps un pays dans lequel vous ne pourrez pas en rencontrer. Nous pensons que ces divergences ne nous empêcherons pas de nous entendre à merveille et de continuer à vivre sereinement nos coutumes, tout en jouissant d'une amitié heureuse et bénéfique. C'est surtout cela, le traditionalisme !"
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La Président dût passer par tellement de couleurs sur le visage qu'on crut sûrement qu'un arc-en-ciel venait de traverser la salle en courant. Tiens, en parlant d'arc-en-ciels...

Nous sommes d'accord pour dire que nous devons tous respecter les idéaux et principes de chacun. Mais justement, respectez-vous vous-même les idéaux de tout le monde dans votre pays... ?
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La chaleur ambiante semblait faire prendre des couleurs à la Présidente. Ses propos étaient brefs et incisifs.

"Cette question nous mènerait aux confins de la rhétorique, et même si Nous serions ravi d'en discuter davantage avec votre éminente personne, Nous Nous devons de Nous faire brefs. Respectons-Nous tous les idéaux dans notre pays ? Non. Si c'était le cas, tout se vaudrait, n'est-ce pas ? Nous devrions respecter toutes les formes d'idéologies, aussi tordues soient-elles, ce qui qui impliquerait les théories les plus dégénérées de notre ère. Prenons le communisme pour exemple. Nous ne respectons pas les communistes, ce qui ne signifie pas que Nous dénions toute forme de dignité humaine aux personnes porteuses de cette idéologie, mais seulement que Nous jugeons cette idéologie néfaste et destructrice. Nous ne respectons pas cette idéologie, justement parce que ce serait la mettre sur le même plan que la nôtre, et cela, c'est hors de question. Il convient ici de différencier l'idéologue de l'idéologie. Nous souhaitons réduire le communisme à néant, ce qui ne signifie pas une volonté d'éradiquer tous les communistes."
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Je crains malheureusement que vous ayez mal interprété la question, mais c'est ma faute tant j'ai été évasive. Nous aurions du en venir là de toute façon. Nous sommes heureux de voir que vous ne mâchez pas vos mots, ce qui facilite grandement le dialogue.
Je ne parlais pas d'idéologies, encore moins d'idéologies politiques. Il est évident que nous n'avons aucune sympathie pour le communisme. Nous sommes cependant assez sceptiques quant à l'annihilation du communisme, idéologie légale en Milouxitania, dont 13 de leurs représentants, selon les votes des citoyens, siègent à l'Assemblée.
Nous parlions plutôt des différentes minorités de votre pays, linguistiques, religieuses, identitaires, etc...
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"Nous vous présentons toutes Nos excuses, Nous avons bel et bien répondu totalement à côté de votre interrogation. Nous espérons toutefois vous avoir éclairée sur certains points. Nous choisissons en effet toujours soigneusement Nos mots, afin de vous délivrer Notre pensée de la manière la plus claire qui soit. Revenons maintenant à votre - véritable - question.

Vous parlez donc de minorités. Au niveau religieux, les deux principales minorités sont les Catholiques et les Devotis (ceux qui prêchent le culte des dieux gréco-latins). Les premiers sont les plus anciens et sont tout à fait intégrés en Clovanie. Ils disposent d'églises, ainsi que d'un réseau de prêtres adapté à leur envergure. Les seconds sont majoritairement membres de l'élite du pays et n'ont donc aucun mal à se faire une place dans la société. Leur culte est assez récent et ne dispose donc pas d'infrastructure importante et subissent certaines critiques, mais ces dernières demeurent toujours dans les sphères éthérées de la discussion et du débat verbal. Les Devotis eux-mêmes n'hésitent guère à formuler les critiques les plus acerbes envers la religion ortholique. Vous pouvez donc être tranquille du côté religieux.

Vous avez ensuite évoqué l'aspect linguistique. Bien que nous disposions d'une richesse évidente de ce point de vue puisqu'un certain nombre de langages sont parlés en Clovanie, il n'existe pas véritablement de minorités à proprement parler. L'argot marin est beaucoup parlés par les hommes de la mer mais ces derniers parlent aussi bien le français et le clovanien. De plus, cet argot est reconnu et enseigné dans certaines villes côtières.

Enfin, du point de vue identitaire, aucune minorité n'est à noter, si l'on excepte le cas des Almariens. Ces derniers constituent l'ethnie vivant majoritairement au Nord du pays, partagés entre la Clovanie et la Loduarie. Ils ont fait l'objet d'une controverse houleuse qui nous a mené aux pieds de Mars avec les communistes de Loduarie, mais vous n'avez encore une fois pas de quoi vous inquiéter là-dessus. Nous avons toujours protégé les Almariens, et ceux-ci se revendiquent totalement comme Clovaniens. Simplement, ils lancent régulièrement des appels aux autres Almariens, ceux de Loduarie, les invitant à quitter ce régime despotique pour trouver une nouvelle terre d'accueil en Clovanie."
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Nous ne rentrerons pas dans les différends qui vous oppose à la Loduarie. Votre jugement sur leur régime despotique pourrait très bien qualifier également votre régime, mais passons.

Nous voulions cette rencontre, en fait, pour vous demander quelque chose. Il s'agit de votre carnavalais. Leur politique écocide et de déjection de déchets polluent nos eaux calmes. En tant que voisin, nous espérions que vous pourriez, comme dire... essayer de discuter avec Carnavale afin qu'ils prennent des mesures efficaces. Cela est-il dans vos cordes ?
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"Madame la Présidente, Nous éprouvons un grand respect pour votre nation et votre gouvernement. Nous sommes venus ici, à Ilios, dans une démarche de paix et d'amitié. Nous n'avons guère d'autre objectif que celui de nouer avec le Milouxitania une amitié cordiale et sincère, basée sur des échanges sains et équitables. Aussi, Nous vous prions de respecter la Clovanie en retour. Si vous pensez que la nation que Nous gouvernons est une dictature, pourquoi Nous avoir fait venir jusqu'ici ? Vous avez vos opinions, Nous avons les Nôtres, et il convient dans une rencontre diplomatique de ne point les exposer lorsque l'on sait qu'elles pourraient offenser les représentants auxquels on s'adresse. Ce type de formulation, offensant à la fois Notre peuple, Notre nation, et Notre personne qui l'incarne et la représente, relève au mieux d'une criante inexpérience diplomatique, au pire d'une impertinence affligeante. Nous vous laissons le bénéfice du doute pour cette fois-ci, plaçant cette offense sur le compte de votre jeunesse et de votre manque d'habitude à rencontrer des chefs d'État.
En ce qui concerne nos objectifs, Nous vous les avons exposés et Nous pouvons les réunir en quelques mots : forger une relation stable et amicale entre nos deux nations. Cette amitié peut passer par des accords commerciaux, ou encore des liens maritimes, ferroviaires, ou aériens entre nos deux contrées."

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Mon cher, je ne vois pas de mal, dans le fond, à nouer des liens diplomatiques. Mais si déjà vous nous considérez comme une nation inexpérimentée, avec une présidente (élue, je le rappelle), trop jeune, malgré ses années au service de la patrie, on ne risque pas d'aller bien loin. Ceci dit nous vous accordons également le bénéfice du doute cette fois-ci, et sommes près à passer à autre chose.
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"Vous ne manquez pas d'air, Madame la Présidente. Vous apprendrez à vous faire des alliés quand vous apprendrez à vous adresser à un Empereur comme il se doit. À vrai dire, Nous n'avons jamais rencontré personnage plus impertinent, et Nous plaignons douloureusement votre peuple d'être mené par une politique aussi désastreuse. Comme vous devez le deviner, Nous quittons les lieux aussi vite que possible. Malgré l'immense perte de temps qu'elle a constitué, cette rencontre aura eu le mérite de Nous apprendre deux choses, à savoir que les relations avec votre gouvernement devront être soigneusement évitées à l'avenir, et que le Milouxitania est un pays beaucoup trop caniculaire pour pouvoir y poser un seul pied.

Adieu."


Pétroléon V s'éloigna calmement, suivi par sa troupe, et la Présidente le regarda s'éloigner d'un air surpris, aveuglée par sa prétention. Son esprit était bien loin de s'ériger à la hauteur de son impertinence.
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Mon cher, avant de partir, deux choses. D'une, nous sommes chez nous, et vous vous devez d'avoir un minimum de respect pour ce peuple. Deuxièmement, je ne considère pas votre Empereur comme supérieur à moi-même, ni même à tout le peuple milouxitan. Ceci dit, nous ne pensons pas qu'avoir des relations avec des nations primitives de l'UMT fut une bonne chose, cela nous servira de leçon !
Nous vous laissons disposer, monsieur.
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L'Empereur se dirigeait tranquillement vers son véhicule tandis que la Présidente fulminait ses dernières paroles à l'attention des quelques plantes qui décoraient les lieux.
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