II - Economie
1) La pêche et l'économie de la merLa pêche est une pratique historique de la région, autant pour les larges ressources en poissons dont elle dispose que de par la pauvreté des sols avec laquelle elle doit composer. D'abord activité vivrière pendant la première moitié du moyen-âge, l'essor de la demande en huile de baleine dès le XIème siècle a permis à l'ancien Royaume d'Albi de prospérer en faisant valoir sa position stratégique à proximité des eaux poissonneuses du nord et de commencer ses premières exportations, posant les bases de ses activités économiques à l'étranger. Ce pan traditionnel de l'économie a eu une telle importance dans l'histoire du pays qu'il a participé à en façonner le paysage : le terme Pharois, utilisé comme gentilé, est la dérivation du mot phare en vieille langue. Encore aujourd'hui, les côtes de la région sont piquetées plus que partout ailleurs de tours à feu plus ou moins bien entretenues.
Outre les baleines et les espèces uniques de poissons du grand nord, les Pharois n'ont pas tardé à recenser les principaux mouvements de migrations marines dans la région et l'organisation de l'année est depuis toujours façonnée à partir du calendrier des mouvements migratoires, plutôt que par celui des saisons. Historiquement la plupart des rites et des croyances d'Albi trouvent d'ailleurs leurs origines dans des savoirs traditionnels et parfois oubliés visant à exploiter au mieux les déplacements des grands bancs selon l'époque et le climat.
Largement conditionnée par le poumon économique qu'a toujours été la pêche en Albi, cette organisation du territoire tournée autour de l'exploitation du bord de mer a très tôt contribué à orienter la culture et les rapports de force au sein du pays. Ainsi l'intérieur des terres n'a été exploité que tardivement dans l'histoire, et les infrastructures telles que les routes ne sont apparus en masse qu'avec la révolution industrielle, presque en même temps que le réseau ferroviaire. De fait, c'est la voie de mer qui a joué un rôle prédominant dans le développement des infrastructures du pays : les bateaux suivaient les côtes en grand nombre, sachant pouvoir trouver tout au long de celles-ci des points de ravitaillement sûrs. Cette sur-exploitation des côtes a paradoxalement eu l'effet de faire apparaitre une forte activité de piraterie très tôt dans l'histoire, mais l'a également fait disparaitre dans cette région spécifiquement : outre que la plupart des navires se sont rapidement militarisés, entrainant pour chaque prise un lourd tribus à payer pour les pirates, le grand nombre de bateaux navigant dans ces eaux rendait assez difficiles les embuscades et la dissimulation. De manière générale les côtes d'Albi ont été assez vite bien connues et cartographiées de ses habitants.
Souvent, un phare cache une exploitation. Historiquement organisés en petites communautés familiales, les Pharois se sont disséminés tout le long de la côte, ne prenant le navire pour rejoindre les plus grandes agglomérations que de manière périodique pour les fêtes, les rites et le commerce. Le ravitaillement étant assuré par les nombreux navires marchands navigant au large, le phare - même modeste - est rapidement devenue un moyen de signifier sa présence depuis la terre, et sa volonté de commercer. Pour se faire, des signaux spécifiques ont été mis au point, indiquant au besoin un danger, un besoin en ressources, voire une invitation à déjeuner. De fait, de nombreux services sont devenus itinérants et la plupart des corporations de métier ne nécessitant pas un point d'ancrage précis ont pris la mer pour se proposer d'elles-mêmes aux habitants éparpillés sur les côtes. Notaires, médecins, artistes, jusqu'à l'exode rural du XIXème siècle il n'était pas rare de voir ces petits navires sillonner les mers en proposant leurs services à qui les demanderait. Encore aujourd'hui, cet esprit de petit indépendant s'est maintenu au sein de la société et si la pratique traditionnelle de partir en petit nombre à bord d'un navire pour proposer ses services est un peu en perte de vitesse, les Pharois continuent en masse de rejeter toute législation trop coercitive sur la manière de gérer leur business. De manière plus générale, la mer reste encore largement une zone permissive pour les travailleurs.
A l'époque, chaque famille possédait son propre navire personnel, allant de la petite barque à la galère pour les exploitations les plus nombreuses. Celle-ci permettait à la fois de défendre ses propriétés contre d'éventuels assauts venus de la mer, mais également de rester en contact avec les villages. Une famille au sens large pouvait désigner soit la cellule familiale intégrant jusqu'aux lointains cousins dans plusieurs demeures les faisant s'apparenter à des petits hameaux, soit à des ateliers, formes de proto-phalanstères organisés autour d'un propriétaire ou d'un maître artisan et de ses ouvriers et apprentis. Du fait de la faible démographie de la région, ces ateliers bien qu'isolés attiraient beaucoup de passage ce qui en assurait la prospérité. Tous ces lieux possédaient forcément un phare a proximité, qu'ils en soient propriétaire ou non, dont un gardien avait la charge de communiquer avec les navires à proximité, les guider, mais également de prévenir des attaques en donnant l'alerte. Les activités de piraterie restant toujours un danger potentiel, la plupart des fermes et ateliers un peu conséquents se sont fortifiés autour des phares ou d'une tour près des côtes, censés dissuader tout assaut.
Aujourd'hui, ce sont les fonds marins qui représentent l'une des principales richesses du Pharois Syndikaali. Le pays a rapidement profité de sa position stratégique pour implanter ses plateformes off shore un peu partout dans la mer du nord dont elle exploite les ressources en hydrocarbures et se fournit en électricité grâce à l'hydrolien. L'économie de la pêche, étroitement liée aux ressources marines, joue un rôle vital tant sur le plan économique que social. Les communautés côtières dépendent largement de cette activité pour leur subsistance, leur emploi et leur identité culturelle. L'industrie de la pêche, allant de la pêche artisanale à la pêche industrielle, contribue significativement à la bonne santé économique du territoire en fournissant des produits alimentaires essentiels et en générant des revenus d'exportation, notamment vers les autres pays d'Albi. Cependant, cette économie est confrontée à des défis tels que la surpêche, la dégradation des habitats marins et les variations climatiques qui bouleversent les écosystèmes et mettent en péril la durabilité des ressources halieutiques. Pourtant, aucune gestion responsable des pêcheries, ni promotion de pratiques durables et la collaboration internationale n'ont jamais été ébauchées pour assurer la pérennité de cette économie cruciale et préserver les écosystèmes marins.
2) L'agriculture et l'économie de la terreDans l'histoire des Pharois, l'exploitation de la terre a toujours été perçu comme une béquille nécessaire mais peu glorieuse. Ne pouvant naturellement ne se nourrir que des produits de la mer, les pêcheurs ont toujours dû compter sur les légumes, racines et quelques arbres fruitiers que propose leur territoire relativement peu fertile. Perçu comme une activité avilissante, contrairement à la navigation, les populations d'agriculteurs ont les premiers temps de la Royauté été asservies par les pirates et habitants des côtes. Si l'esclavage fut aboli au cours du XIIème siècle, la mauvaise réputation des fermier et éleveurs persiste encore dans l'imaginaire collectif, en faisant une population défavorisée et souvent mise à l'écart des politiques publiques et des infrastructures du pays. De manière générale, les Pharois ont toujours préféré la consommation de poisson, d'algues et de fruits de mer à celle des viandes d'élevage, impactant d'autant leur commerce intérieure et leur gastronomie.
La révolution industrielle a toutefois participé à rebattre les cartes avec une montée en gamme de la production des ateliers - quoique qu'ils soient déjà moins mal considérés que les exploitations agricoles - et bientôt la reconnaissance de l'intérêt stratégique de l'industrie lourde et civile. Les pôles urbains se sont densifiés et les navires bénéficiant directement des nouvelles technologies et infrastructures, le regard des gens de la mer sur ceux de la terre n'a cessé de se pacifier au cours des deux derniers siècles. Toutefois, des résistances existent encore, certains pointant du doigt les méfaits de l'industrialisation et l'abandon des modes de vies et de représentations traditionnelles.
S'il existe encore aujourd'hui des ateliers indépendants sur les côtes, ce sont souvent des petits artisans travaillant dans des locaux modestes et pour des besoins très spécifiques (art, artisanat traditionnel, services de niche, etc). La plupart des usines et donc de leurs ouvriers sont désormais dans les grosses villes où elles bénéficient d'un haut niveau de confort et d'infrastructures adaptées à leurs besoins. Exception notable toutefois des activités militaires et scientifiques d'Etat, ces dernières ayant souvent été installées dans des lieux plus isolés, afin de bénéficier de la discrétion dû à l'éclatement du territoire.
L'agriculture et l'artisanat ne sont pas les seules activités terrestres historiques. Le Royaume d'Albi a toujours eut un grand besoin en bois pour ses navires et ses bâtiments, traditionnellement construit dans cette matière, ainsi que pour se chauffer, le climat étant particulièrement inhospitalier dans certaines régions du monde. L'industrie forestière est un monde encore aujourd'hui un peu à part du reste de la société, au point de développer ses propres légendes et mythes. Coupées du monde, enfoncées dans les terres boisées, les communautés de bûcheron ont toujours gardé une certaine indépendance vis-à-vis de la couronne et aujourd’hui du pouvoir central, dont la force militaire se concentrait majoritairement sur les mers. Capables de se défendre et surtout vitaux à toute l'économie traditionnelle, ils ont toujours bénéficié de privilèges fiscaux et il leur a été garantit une certaine autonomie dans l'élaboration de leurs lois et la gestion des conflits et crimes au sein de leurs communautés. Dans l'esprit des Pharois, les bucherons gardent en effet cette réputation ambiguë, à la fois sauvage et fascinante, barbare et indomptable.