Après une première heure et demi de travaux consacrés au diagnostic partagé, la pause se profilait. Qu'avaient prévu les hôtes ? Un brunch offert par la maison Comte Janin, un traiteur viscéralement opposé à la mafia mandréanne et vivant sous protection policière. "
Messieurs, dames, bienvenue à La Bastide-Mandréas. Je suis né ici, j'y ai toutes mes attaches familiales. Pendant une dizaine d'année j'ai multiplié les banquets pour les événements familiaux, les fêtes votives. J'ai longtemps fermé les yeux sur la provenance des paiements jusqu'au jour où l'on m'a proposé de faire disparaître un concurrent contre une offrande. Comme je ne répondais pas, ils ont séquestré deux de mes commis. J'ai été porter plainte et depuis je ne peux plus travailler dans ma ville. Je ne veux pas vous couper l'appétit. Rien ne me fera plus plaisir que de vous voir apprécier ces plats, et merci à tous pour votre volonté de combattre ce mal qui ronge notre société". Sa tirade achevée, Silvio Janin salua l'assistance et parti s'entretenir avec l'un des serveurs. "
Patron, c'est quand vous voulez". Le traiteur tira une belle montre à gousset de la poche ventrale de sa veste de costume et donna le top.
Après la pause gourmande, le triumvir Firmino Costa proposa aux invités une petite promenade digestive. A noter que l'événement se déroulait non pas dans des bâtiments officiels mais dans l'une des résidences du monarque landrin. Arrivés dans la zone des garages, Costa reprit la parole. "
Après les réjouissances des papilles, place au divertissement ! Il y a trois mois, la police de Podestavre a saisi ces trois bolides de luxe qui se coursaient à des allures délirantes dans le centre-ville". Trois belles voitures sortirent des boxes, moteurs vrombissants et vinrent stationner face à la délégation. Costa adressa un petit signe et un tractopelle surgit pour aplatir les véhicules. Certains spectateurs étaient médusés par la scène, d'autres se gaussaient alors que des cameramen de ManCanal TV filmaient le show. De retour en salle de travail, Vittorio IV et Anselmo Martinez se dédouanaient de l'initiative de Costa. "
J'aurai préféré que l'on réassigne ces véhicules à nos forces de police...", glissa le monarque. "
Il faut envoyer un message fort. Les honnêtes gens veulent du sang. Nous ne pouvons pas leur en donner alors donnons leur de la tôle", répliqua le triumvir rondouillet.
Les émotions retombées, les triumvirs présentaient grâce à un rétroprojecteur quelques propositions de mesures collectives :
Création d'une unité d'encadrement transfrontière pour coordonner les opérations de police (patrouilles, contrôles, investigations, interpellations,...) anti-pègre. Instauration d'une collaboration judiciaire et bancaire ciblant le crime organisé pour le partage d'information, la confiscation des biens, le gel des avoirs, l'identification des complicités. Création des juridictions spéciales pour permettre à des magistrats de gagner en expertise sur la criminalité organisée. Accord facilitant l'extradition (permettre à l'Etat A de juger un individu associé à la criminalité organisée et citoyen d'un Etat B même lorsqu'il se trouve dans l'Etat B) et le transport des juges dans des pays étrangers. Formation d'un corps d'informateurs parmi la population civile (création d'une ligne téléphonique anonymisée spéciale commune aux trois pays pour recevoir des indications) Politique d'éloignement des détenus liés au crime organisé avec possibilité d'incarcération dans un autre pays de l'UNE. Organisation de ventes aux enchères pour les biens confisqués au profit d'un budget de l'UNE consacré à des mesures de sécurité collective de l'Union. Extension de la loi spéciale Baltos à tout le littorial évasien