[DIPLOMATIE] Le quartier des ambassades se trouve dans le sud de la ville de Pharot - Page 5

A l'attention du très estimé Capitaine Mainio du Pharois Syndikaali,


Cher Capitaine Mainio, cher ami

C’est avec un plaisir certain que j’ai pu lire votre missive lors d’une retraite de quelques jours dans les bains thermaux d’Ankévran. Une fabuleuse expérience que je vous enjoins à tester et qui n’a été que renforcée par le contenu de votre message, qui m’a fait chaud au coeur. Le Jashuria vous témoigne toute sa gratitude pour votre soutien face à l’Empire Listonien, dont l’aplomb n’aura de cesse de m’étonner.

Tout ceci m’a donné matière à réfléchir sur un sujet des plus déplaisant, certes, mais pas dénué d’intérêt et qui se veut malheureusement d’actualité.

Le colonialisme … mon pays ne l’a que trop bien subi et entretient avec lui un rapport ambigu. Voyez-vous, ma famille est l’héritière de cette histoire riche et tumultueuse. Le colonisateur, nous avons appris à le détester, à l’aimer, à le repousser, à l’accueillir, … Moi-même, je ne suis que le fruit de cette union que d’aucuns considèreraient comme contre-nature entre les descendants des colons et les plus influentes familles jashuriennes.

Et pourtant, de l’eau a coulé sous les ponts. Les colonisateurs ont été vaincus, la vie a continué. Nous avons appris à vivre ensemble avec ceux qui le souhaitaient et nous pensions cette histoire désormais rangée dans les vieux livres poussiéreux de nos archives. Les plaies ont été pansées depuis longtemps et nous pensions vivre en paix, assez longtemps pour voir nos enfants et nos petits-enfants grandir loin du tumulte de l’histoire coloniale. A l’injonction au souvenir s’est substitué de délicat confort de l’oubli.

Pourtant, si nous avons pardonné et oublié, certaines âmes revêches, elles, en sont encore à ruminer leur rancœur. Vestiges passéistes d’un empire déchu, ces âmes perdues cherchent à revendiquer ce qui ne leur a jamais appartenu et attisent les flammes de braises que l’on croyait éteintes.

Le ressentiment, la haine, la jalousie, l’envie … le refus d’oublier … L’insoutenable prétention à toujours croire que l’on peut prendre sans rien donner en retour. L’impunité … totale et absolue, sur les individus. Nous croyions à tort que le colonialisme avait disparu et le voilà qu’il revient, infâme et repoussant, tel un serpent dans nos eaux, tel un rat dans nos caves. Nous lui avions pardonné, nous l’avions oublié … mais lui n’oublie jamais !

La Première Ambassadrice fut la première à faire les frais de leurs prétentions territoriales. Quel étonnement ce fut dans le Hall des Ambassadeurs de voir un empire sur le déclin réclamer sa part sur des territoires qui ne lui appartenaient pas ! La stupeur passée, il nous a bien fallu nous défendre face à ces matamores. Je ne remercierai jamais assez la Première Ambassadrice de s’être portée volontaire pour cette tâche ingrate.

Force est de constater que malgré nos avertissements répétés, l’Empire Listonien, qui n’a d’empire que le nom, continue de porter son attitude bravache dans nos eaux, allant jusqu’à nous traiter de sauvages. Tout ceci ne peut rester impuni. Que des nations colonisatrices en déclin se permettent de revendiquer nos territoires n’est pas acceptable et vous pouvez être certain que le Jashuria saura défendre ses intérêts jusqu’à extirper le néo-colonialisme à la racine.

Mais je m’égare et j’ai déjà pris bien trop de votre précieux temps avec mes réflexions. Il est bon de savoir que le Syndicat Pharois et le Jashuria partagent des intérêts communs et une même appréciation de la situation. Soyez assurés que cette marque d’amitié sera rendue en tant voulu par notre pays.

Dans l’attente de votre réponse sur les canaux diplomatiques, je reste à votre entière disposition.

Veuillez agréer, cher capitaine, l'expression de mes salutations distinguées.


Cordialement

Madame Sumalee Saelo, Deuxième Ambassadrice du Jashuria