Sérénissime République de Fortuna,
Palais des Doges,
Francesca Federica di Fortuna, Doge de la Sérénissime
L'Eurysie vivait vraiment une époque formidable, et même si théoriquement c'était là une affirmation que tout contemporain d'une époque quelconque disait, celle ci ne fut certainement jamais aussi vrai qu'en ce début de XXe siècle. La mondialisation, déjà entamée de façon assez précoce par la Sérénissime grâce à son "empire" à travers le monde, se répandait comme une trainée de poudre et nombreux étaient les nations qui sortaient d'un isolement relatif afin de prendre position sur la scène internationale, pour le meilleur comme pour le pire. Cependant, concernant le vieux monde, l'on pouvait assurément, du point de vue fortunéen affirmer que c'était là pour le pire. L'immense faune étatique d'Eurysie était une véritable curiosité pour de nombreux observateurs et autres experts en géopolitique qui malgré toutes les théories qu'il soit possible d'imaginer n'arrivaient guère à expliquer comment une tel mosaïque de peuples et de nations aux penchants, idéaux et autres moeurs aussi divers et surtout opposés les uns des autres ,pouvaient cohabiter en "relative harmonie". Que ce soit les communistes d'Astac, les anarchistes et pirates du Pharois Syndikaali, les démocraties de scandinavie et du Walserreich, les nationalistes extrémistes du Magermelk, les impériaux décadents rémiens ou encore les sauvages Latins Franscisquiens, il relevait du miracle qu'aucun pays ne soit encore rentré dans une lutte ouverte au nom de quelques principes idéologiques ou de raisons territoriales fantasques. Même si il y a peu, l'Empire soit disant désormais démocratique Latin Franscisquien s'était illustré par une escalade de tension culminant sur une drôle de guerre qui s'acheva comme elle avait terminée, dans l'indifférence presque totale des états, à peine quelques réactions de soutient pour des victimes et une salve de dénonciation mais quasiment aucune action concrète. Et pourtant, ce n'était pas les réactions de la presse qui manquaient afin de réagir sur les évènements.
Toujours était-il que tel un feuilleton interminable auquel l'on ne souhaite assister qu'à une fin définitive, l'Empire ne cessait de se jeter sous les projecteurs, offrant à l'Eurysie et au monde un spectacle sans fin avec de nouveaux rebondissements chaque jour, ce jusqu'à une disparition relative et rapide dans une situation d'isolationnisme volontaire. Les autorités républicaines et un grand nombre de personnalités de Fortuna, si elles avaient largement profité de cette mine d'or de capital sympathie qui s'était présenté afin de divertir l'opinion publique, s'étaient pourtant bien vite lassés. Tel un enfant ayant obtenu ce qu'il désirait, ils lâchaient désormais leur jouet médiatique afin de s'intéresser à d'autres affaires plus lucratives, laissant à l'Amirauté et à quelques individus annexes tout le loisir d'épuiser ce qu'il restait du filon en faveur de quelques intérêts particuliers. Dire que l'on ne souhaitait plus entendre parler de cette terre de sauvages n'était pas faux en soit, c'était même vrai, extrêmement vrai, les patriciens comme le Doge avaient à faire, et portaient à nouveau leur regard vers l'est d'une part où la guerre civile faisait rage au Varanya et à l'ouest vers Canossa où il y avait fort à faire dans le cadre du développement constant de l'économie locale.
Toutefois, habitué des frasques et des coups d'éclats, ce qui devait arriver arriva et le cas "Impérial" revint bien vite au sein des discussions de couloirs du Palais des Doges. Cela avait commencé par une émission de Radio pour le moins atypique et qui à la première écoute aurait pu ressembler à s'y méprendre à une mauvaise blague. Toutefois, l'arrivée à l'improviste d'un diplomate Nhorr au sein de la cité qui sombre quelques jours plus tôt se voulait comme un cruel rappel de la réalité. Selon toute vraisemblance, de nouvelles tensions s'annonçaient et quelques scandales diplomatiques étaient à l'oeuvre une nouvelle fois, cependant d'une toute autre ampleur théoriquement que l'exécution de trois adolescents. Une affaire assez grave pour que les clans Nhorr, qui d'ordinaires en dignes barbares étaient on ne pouvait plus divisés et prompt à s'affronter comme aux temps jadis à la massue et aux lames, envoie un émissaire parfaitement présentable afin de quérir un soutient de la Sérénissime dans le cadre d'une quête visant à libérer l'un de leurs "Roi tribaux", retenus prisonniers par les Francisquien.
Reçu et accueilli au sein de l'un des hôtels non loin de la Torre Bianca peu après avoir fait part des motivations de sa venue, les autorités républicaines avaient ainsi délaissé ce dernier plusieurs jours, entre autre le temps que de multiples tractations entre les villas patriciennes, le Sénat, la Torre Bianca et le Palais des doges se fassent. Inutile de préciser que toute la ville fut mise au courant qu'une affaire importante se tramait au vue des allez et venus multiples au sein des différents lieu, largement amplifiés en nombre de par le fait que tous et chacun se renvoyaient la balle afin de savoir qui aller s'occuper ça. Un petit manège qui pris une fin abrupte lorsque sa Grâce le Doge s'empara personnellement de l'affaire, accordant une audience au sein d'Il Palazzo Ducale. Audience qui allait débuter sous peu à dire vrai au sein du bureau de la tête de la République, qui flanquée d'un certains nombre de grattes papiers, officiers de sécurités et quelques officiels attendait le Diplomate qui d'une minute à l'autre allait pénétrer sur place.