01/06/2013
09:02:30
Index du forum Scène Internationale Conflits armés Théâtres afaréens

VARANYA - Activités étrangères sur les territoires loyalistes (Empire varanyen). - Page 4

MISSIVE DIPLOMATIQUE

Drapeau Bina satrapie

Le 25 avril 2006 dans le calendrier grégorien,

Par la présente missive, le Shahrban (satrape) de l'île de Bina propose aux autorités républicaines du Varanya révolutionnaire l'organisation d'un sommet de paix en zone maritime. Étant donné les circonstances dangereuses pour un grand nombre des riverains du détroit, par l'accumulation de moyens militaires sur les deux rives et entre ces deux mêmes rives, le Shahrban souhaite s'entretenir avec un émissaire diplomatique de la République dans l'espoir d'un cessez-le-feu ne menaçant plus de vie dans la région. À ces fins, la satrapie de Bina est prête à une désescalade militaire par le retrait progressif et mesuré des forces étrangères comme nationales de la mer Blême, avec pour objectif un traité de démilitarisation des deux rives du détroit. De part et d'autre du détroit, Thadamis et Baisul ne pourraient pas supporter une confrontation directe, alors même que la bataille d'Avahdeh a entraîné des pertes colossales dans les deux rangs.

Diplomatiquement vôtre,

شهاب الشهربان (Shahab al-Shahrbān)
Le Souffle de Bina¹

Le gouvernement établit une liste des plages interdites


Hooman Soleymani | 26/04/2006

Patrouilleur des forces navales de Cémétie

Avec le retour de la menace révolutionnaire navale, l'État a établi une liste des zones côtières interdites.


On le sait, l'île de Bina est devenue célèbre pour les touristes étrangers par ses plages et sa position héliotropique ; si la population touristique a drastiquement diminué ces dernières semaines avec le retour de la menace révolutionnaire depuis le continent, les plages n'en sont pas moins restées fréquentables - jusque là. Par décret, accompagné d'une conférence de presse, les autorités satrapiques ont annoncé la fermeture administrative et militaire de certaines plages ; le reste des espaces balnéaires se sont vus placés sous surveillance militaire renforcée, alors même que la Satrapie manque d'effectifs à déployer sur son propre sol face à la recrudescence de la menace continentale.

Les autorités militaires de la coalition de défense ont annoncé quant à elles l'augmentation des effectifs navals, terrestres et aériens présents ; une annonce qui fait écho à une hausse similaire des moyens militaires engagés sur le continent par l'Alguarena et la République varanyenne. L'escalade stratégique pourrait bien condamner la vie économique locale pour le reste de l'année si une solution diplomatique pacifique n'est pas trouvée entre les deux camps. L'évolution politique récente au sein de l'État binaran pourrait bien motiver un refroidissement des relations avec le continent, avec l'espoir d'une meilleure représentation politique au sommet des institutions insulaires.

Un grand discours sur l'avenir de l'Empire, de fait décapité par la chute de Thadamis aux mains des révolutionnaires, semble également se préparer à Baisul ; depuis le chef-lieu de l'île, le Shahrban (satrape) pourrait bien annoncer l'avenir vers lequel se dirigera l'île de Bina désormais indépendante, alors même que ce qui constituait auparavant le dernier joyau de l'Empire continue à être menacé de l'autre côté du détroit. Un réalignement diplomatique, avec l'ouverture sur l'étranger et sur l'économie mondiale, semble être envisagé dans les bruits du palais satrapique à Bina. En attendant, les militaires cémétéens et binarans continuent de circuler sur l'île en épaulant l'administration dans la réorganisation territoriale.

L'évolution politique, au profit d'une situation institutionnelle plus locale et adaptée aux autorités insulaires préexistantes à la hiérarchie monarchique, a été bien accueilli par la population de l'île ; la perspective d'une ouverture sur l'étranger et du renforcement d'un commerce international qui fait déjà le succès économique de Bina a su séduire toute une frange de la population qui jusque-là restait indifférente à la présence du Shahrban à Baisul. Le nouveau régime pourrait bien profiter au territoire insulaire, après des décennies de perdition impériale dans les eaux de la mer Blême ; une évolution paradoxale, alors que l'unification révolutionnaire du Varanya sur le continent prépare à offrir les restes de l'Empire aux puissances occidentales.

----
¹نفس بینا (« Le Souffle de Bina ») est un journal d'État binaran qui est le seul journal national autorisé sur l'île ; il est traduit en hellénique mais est publié et rédigé en varanyen.

HRP a écrit :
HRP
  • La majorité des plages insulaires sont interdites d'accès, restent sous surveillance et sont minés (2 000 mines antichars).
  • Quelques plages binaranes restent ouvertes aux civils, sous étroite surveillance avec l'installation d'un dispositif de défense.
  • Le détroit de Bina est miné avec les cent mines navales issues du matériel impérial.
Ministère des Affaires étrangères de la République chrétienne-militaire du Magermelk

Tarkeft, le 02 mai 2006


À Shahab al-Shahrbān, Shahrban de la Satrapie de Bina

La République chrétienne-militaire du Magermelk soutient bien évidemment la Satrapie de Bina. Nous souhaitons donc participer à la pacification de la région. Le Magermelk pourra également apporter un soutient naval à la Satrapie de Bina. De plus, si vous le souhaitez, le Grand-Maréchal Benoît Grisette a proposé que nous nous rencontrions pour aider la Satrapie de Bina.

Cordialement.

Maréchal Marc Evrand, Ministre des Affaires étrangères
de la République chrétienne-militaire du Magermelk


Maréchal Marc Evrand, Ministre des Affaires étrangères de la République chrétienne-militaire du Magermelk
Logo du journal "l’Émissaire"
1er mai 2006 - Une flotte révolutionnaire pour libérer la route commerciale des mines navales présentes au détroit de Bina.


Navires impériaux et républicains se faisant face dans le détroit de Bina.
Tension palpable au large de l’île de Bina, où les flottes loyalistes et républicaines se partagent maladroitement le bras de mer.


En mer Blème, les flottes alliées à la République du Varanya marquent leur territoire le long des côtes continentales pour permettre la libre circulation des bâtiments civils et commerciaux. Et les patrouilles maritimes affiliées à l’Empire font désormais quotidiennement face à des manœuvres de la part des flottes alguarenas ou fortunéennes. Le bras de mer qui sépare l’île de Bina, dernier foyer de l’Empire du Varanya et le Varanya continental, terre révolutionnaire en voie de démocratisation, est devenu ces dernières semaines le point le plus chaud du globe en termes de tensions diplomatiques. Un patrouilleur de la marine impériale a même essuyé les tirs de semonce d’une frégate alguarena alors qu’il effectuait des patrouilles maritimes le long des côtes de l’île de Bina, dans des eaux “réputées” comme appartenant à la souveraineté maritime de l’Empire du Varanya. Une nouvelle crise qui acte officiellement la dispute de souveraineté sur les espaces marins environnants le Varanya.

La scène s’est déroulée ce jeudi dans le détroit au large de Bina. Une importante flotte battant pavillon alguareno et républicain, a pénétré dans le détroit sous la couverture des rampes de défense côtières armées de leurs missiles de croisière Sol-Mer. Les bâtiments républicains, accompagnés d’un dragueur de mines, travaillaient à la sécurisation de la pointe du territoire varanyen, lorsqu’un patrouilleur impérial a approché le navire désarmé.

Dissimulée derrière la pointe nord du territoire, une frégate alguarena parvient à échapper à la détection d’un patrouilleur impérial, décidé à intercepter le dragueur de mines. Mais lorsque le navire de l’ancien régime entre dans le périmètre de sécurité du dragueur, la frégate apparaît depuis le récif, initiant une trajectoire en direction du bâtiment hostile dont la progression sera stoppée par l'exécution de tirs de semonce. A en croire l’enregistrement d’un reporter de guerre embarqué sur le “Brega” la frégate alguarena engagée aux côtés du “Posco” le dragueur de mines présent sur place, le dragueur de mines accomplissait des opérations de sauvegarde des voies maritimes pour permettre la libre circulation des navires commerciaux dans le détroit, lorsqu’un patrouilleur impérial a sciemment dévié de son itinéraire de patrouille pour tenter de l’arraisonner. Dans un contexte tel que celui-ci, la moindre opération de routine pour ces soldats est susceptible de se transformer en incident majeur, voire en crise armée entre plusieurs nations.

A l’origine du problème, l’emprunt par les navires militaires du détroit de Bina, bras de mer séparant la Satrapie du Varanya continental. Jadis présent dans les eaux territoriales de l’Empire varanyen, la dislocation de celui-ci a laissé un vide juridique autour de sa fréquentation par des bâtiments militaires, battant différents pavillons. Les experts sont unanimes, si un conflit armé doit éclater, il partira de ses zones d’ombre qu’a généré la dislocation de l’Empire varanyen, à commencer par la souveraineté applicable au détroit de Bina, un espace marin limitrophe à deux états nouvellement créés.

Survol de patrouilles aériennes, zones maritimes interdites d’accès aux bâteaux de plaisance compte tenu d’une hypothétique présence de mines marines, acquisitions de missiles de croisières pour la défense côtière, “si la tension reste à son maximum, il y aura un faux pas d’une unité militaire, qui entraînera un engagement général et la globalisation du conflit” promet l’expert Bahram Manesh. Pour donner une idée de la tension palpable à travers tout le détroit, sa surveillance est dédiée à certaines unités composées à partir des éléments les plus aguerris des troupes républicaines varanyennes et celles ayant déjà été engagées sous le feu ennemi. Le but d’une telle sélection est de s’assurer la conduite des opérations de surveillance du détroit en toutes circonstances et d’éviter un engagement précipité des unités en poste, dans le cas où elles ne parviendraient pas à gérer le stress face à une provocation ennemie. Il faut dire que, de l’aveu de l’état-major révolutionnaire lui-même, le risque d’accrochage sur le détroit de Bina est le plus élevé de tout le pays, si ce n’est l’un des points actuellement les plus chauds du monde.

Le positionnement de troupes aguerries au détroit de Bina peut cependant revêtir des avantages insoupçonnés, avec une présence motivée non pas pour éviter le conflit mais le préparer. En effet, positionner des troupes à la limite de l’espace sanctuarisé par la Satrapie de Bina (camp impérial) permet également à l’état-major révolutionnaire de tester la réactivité des forces défensives loyalistes, leurs moyens. Le fait de positionner des forces révolutionnaires aguerries au combat vient permettre le déroulement de la manœuvre provocatrice sans franchir la ligne rouge qui provoquerait un embrasement de la ligne de front et des combats de haute intensité. “Il est certain que l’état-major révolutionnaire qui a acté le positionnement de manoeuvres maritimes dans le détroit de Bina devait inéluctablement s’attendre à des réactions de la part des loyalistes.” Des loyalistes qui ne pourront manifestement pas gagner un combat terrestre, tant l’apport d’infanteries mécanisées de la part des soutiens étrangers de la Révolution varanyenne est important.

Que l’une ou l’autre des hypothèses défendues par les experts soient vraies qu’importe, car chacune défend l’idée selon laquelle le détroit de Bina apparaît un espace parmi les plus sensibles et volatiles au monde, tant la concentration de troupes sur place est à même de provoquer une surenchère par chacune des parties, voire une destruction mutuelle.
Logo du journal "l’Émissaire"

5 mai 2006 - Un espoir de paix entre la République Varanyenne et la Satrapie de Bina.


Classe politique varanyenne partagée entre républicains, révolutionnaires et théocrates.
Les républicains ont publiquement annoncé vouloir "travailler dans le sens de la paix, et dans l'intérêt varanyen".


Soucieuse de reconstruire le pays plus que de déconstruire son Histoire, l’autorité républicaine varanyenne débute des pourparlers avec son frère ennemi, vestige d’un temps ancien.
Il s’agit clairement de la première rencontre diplomatique entre les deux Varanya, feu l’Empire du Varanya rebaptisé la Satrapie de Bina, signe annonciateur d’une rupture politique avec son passé, et la République du Varanya, elle-même engagée dans un processus de sécession avec l’ancien régime. De l’Empire Varanyen, il ne reste aujourd’hui plus rien, si ce n’est des espoirs de paix, entretenus par l’organisation d’une rencontre diplomatique.

N’ayant à ce jour conclu ni trêve, ni armistice, ni traité de paix, les deux gouvernements ont tout à tirer de l'organisation de tels échanges diplomatiques, pour apaiser les populations locales, rassurer les investisseurs et relancer l’activité commerciale dans ce secteur régional. Pour de nombreux experts et politiques, quand bien même la rencontre ne déboucherait pas sur une décision claire et formelle, la seule ouverture d’un canal diplomatique entre les deux entités politiques suffit à entrevoir une certaine normalisation des rapports politiques qui à défaut de permettre l’osmose entre les deux nations, écartera durablement le spectre de la guerre.

La photographie d’un Shahab al-Shahrbān accueillant d’une poignée de main le président par intérim de la République varanyenne Mohammad Karimi, reste encore peu probable selon les journalistes couvrant l'événement, la plupart soupçonne même l’une et l’autre des parties de s’y faire représenter, compte tenu de la défiance mutuelle entre les deux camps et la présence de forces militaires étrangères, voire mercenaires, dont l’allégeance réelle reste à définir, sans être acquise aux actuels employeurs.

Envisagé ce mois-ci, le sommet entre les deux entités politiques pourrait amorcer le désarmement régional, après une acquisition continue d’équipements militaires depuis plus d’un an. Deux années à se faire la guerre puisque théoriquement, rien ne permet de rompre avec le statut de belligérants initié en mars 2004 avec les premiers affrontements armés.

L’avenir nous dira si cette rencontre a fait naître un vent d’espoir ou fait souffler la tempête porteuse des affres de la guerre. Si nous parlions tout à l’heure du choix difficile des représentants pour incarner les idéaux de leur pays, le seul choix du lieu de rencontre diplomatique est un dilemme en soi car il sera déjà porteur d’une symbolique pour traduire une réussite politique de l‘un ou l’autre des états engagés sous ce processus de paix.

L’issue du sommet entre les nations varanyennes est un déterminant majeur du devenir de l’engagement des puissances étrangères, telles que l’Alguarena, la Cémétie ou le Fortuna. Quelle puissance étrangère pourrait effectivement se maintenir en guerre dans la région lorsque ses deux principaux “résidents” envisagent d’un commun accord un avenir pacifié?
Logo du journal "l’Émissaire"

8 mai 2006 - Le succès d’une République varanyenne unifiée est aussi notre cheval de bataille, promet la présidente fédérale.


La Révolution peut-elle se propager à Bina
La réussite révolutionnaire comme un exemple à suivre dans le Nord-Est afaréen où les vestiges impériaux tentent de survivre à travers la Satrapie de Bina.


“La Fédération d’Alguarena n’est pas venue qu’avec des armes et des soldats sur le sol varanyen, elle est venue avec l’espoir de restaurer l’autodétermination d’un peuple, par le rétablissement d’une gouvernance élue et représentative de ses citoyens…” expliquait la Présidente Fédérale Mazeri Abrogara lors d’un discours retranscrit sur les ondes télévisées du Varanya. Aides économiques, plan de réinvestissement, accords commerciaux favorables à la relance nationale, les rencontres entre les classes dirigeantes varanyennes et alguarenas laissent de plus en plus de place au volet économique, et les personnes détachées à ces rencontres laissent peu à peu tomber le képi au profit de la cravate.

Une nouvelle orientation dans la conduite du pays, qui s’installe également dans les éléments de langage autour de la construction d’une éthique et de valeurs nationales, désormais portées par des citoyens militaires ou civils. Car aux côtés des noms de soldats révolutionnaires et alguarenos tombés au Varanya, la dirigeante n’a pas hésité à citer des professeurs, des humanitaires ou de simples militants politiques varanyens, qui ont payé de leur vie le prix de leur engagement pour renouveler la représentativité de son peuple à la tête du pays. Une démonstration de plus que pour la première citoyenne alguarena et ses homologues varanyens, la reconstruction politique du Varanya importe plus encore que la mise à bat du tyran qui l’en éloignait.

Agrémenté de quelques paroles persanes autour d’expressions porteuses d’espoir, le discours de Mazeri Abrogara a matérialisé la réaffirmation du soutien alguareno envers la République varanyenne, qui a connu la guerre civile et aujourd’hui encore la division à travers la naissance de la Satrapie de Bina, apparue sous la sécession. “Nous sommes le Varanya, bien avant que l’Empire ne se décide à changer son nom pour la Satrapie de Bina, car le Varanya est Varanya par la volonté de son peuple. Vous êtes le peuple !” scandait quant à lui Ebrahim Nassirian, la tête d’affiche à qui l’on pense pour représenter les principaux courants progressistes et libéraux dans le pays.

Figure appréciée des principaux soutiens à la Révolution, qu’ils soient continentaux ou outre-marins, Ebrahim Nassirian est à ce jour la nouvelle incarnation possible d’un Varanya réunifié. Une réussite politique à l’aube des premières élections démocratiques du pays, après cinquante années de totalitarisme et d’absolutisme. “Un désir populaire qui mérite d’être entendu et soutenu” se promettait la gouvernante de la Fédération d’Alguarena. Et pour ce faire, les accords commerciaux et les aides économiques se sont vus accompagnés de promesses de soutien dans l’effacement de toutes les dettes que les nations internationales voudraient imputer à la République varanyenne, profitant ainsi de la faiblesse du régime pour ériger les maigres investissements possibles, sur la base de dettes insurmontables.
Logo de "l'Oficina de Investigacion y Seguridad Federal".
Informations strictement confidentielles, relatées en interne au sein de l'état-major révolutionnaire et allié.

11 mai 2006 - Un avion spécialisé dans la guerre électronique alguareno, entame des manœuvres aériennes dans le nord du Varanya.


avion de guerre électronique alguareno, en mission de survol des mers varanyennes sous la couverture des bâtiments et escadrilles alliés.
L’Aviones Ligeros de Vigilancia y Reconocimiento (ALVR “Sombra 1” ) exécute depuis plus d’un mois déjà, des opérations spécifiques au-dessus des mers varanyennes.


Veillant scrupuleusement à rester sous la couverture anti aérienne des navires alguarenos et fortunéens, l’ALVR “Sombra 1” contribue à l’effort de guerre pour toucher à sa manière le cœur des loyalistes encore présents dans la Satrapie de Bina. Constamment escorté par des patrouilles aériennes varanyennes, alguarenos mais aussi fortunéennes, l’aéronef spécialisé dans la guerre électronique poursuit ses actions de sape auprès des canaux de communications loyalistes qui permettent au régime impérial de se maintenir dans sa lente agonie. Les autorités de la nouvelle République varanyenne ont autorisé sans jamais le reconnaître, l’engagement d’un avion de guerre électronique alguareno, pour effectuer des opérations de détection électronique. L’opération consiste selon toute vraisemblance, à détecter des émissions électroniques produites par les appareils hostiles pour confirmer leurs présences et leur localisation. Il constitue ainsi le premier maillon du renseignement d’origine électromagnétique, en charge de la détection des ondes radio ou satellitaires. L’objectif pouvant être de les détecter pour ensuite les neutraliser au moyen du même appareil. L’engagement d’un avion spécialisé dans la guerre électronique fait entrer l’Alguarena dans une nouvelle doctrine de guerre où peu de pays peuvent répondre présent.

Pouvant évoluer à plus de 15 000 mètres d’altitude, l’appareil sait survoler le champ de bataille ainsi que les zones d’occupation hostiles tout en s’affranchissant du tir mortel de la DCA présente au sol. Outre sa mise à l’écart des principaux dangers antiaériens, l’AVLR “Sombra 1” paralyse la DCA ennemie en empêchant la liaison radio de se faire entre les unités de commandement et celles combattantes.

L’état-major révolutionnaire affiche jusqu’ici sa satisfaction complète, dans l’engagement d’un tel aéronef allié pouvant être engagé sur des actions de brouillage électronique et de perturbation des moyens de propagande ennemis. Pour autant, il est nécessaire à ce même état-major, de démentir toute présence d’un tel appareil dans le ciel varanyen, car son implication dans le brouillage des outils de communication des loyalistes de Bina pourrait alimenter un sentiment xénophobe à l’encontre des alliés militaires de la République varanyenne.

Pour l’heure, il n’est donc pas question d’engager un tel équipement dans le ciel de la Satrapie de Bina, car sa dissimulation aux autorités locales ne pourrait plus être absolue, là où sa présence au dessus du détroit de Bina et dans le ciel républicain s’accompagne inéluctablement d’une escorte de nombreux intercepteurs, à même de masquer sa signature radar au sein de l’escadrille et d’abattre tout aéronef entrant dans le champ d’action du groupe aérien. A ce jour, les principales sorties en opération de l’AVLR “Sombra 1” sont destinées à faciliter la diffusion des canaux de propagande révolutionnaires auprès de la population de Bina, en rendant inopérante l'exécution de certaines ondes loyalistes, se faisant les soutiens du Shah.

Qu’elles soient liées à des actions de contre-mesures ou bien plus offensives, la multiplicité des opérations reste déjà une première en soi en matière d’engagement alguareno, jusqu’ici cantonné aux affrontements conventionnels. La guerre électronique est, compte tenu de la relative modernisation des équipements militaires, et la globalisation du conflit varanyen, une piste nécessaire que le gouvernement républicain du Varanya souhaite explorer. En effet, l’action concertée de plusieurs nations telles que la Cémétie, la Satrapie de Bina, le Magermelk oblige à un usage renforcé des moyens de télécommunication afin de coordonner l’action militaire sur le territoire. Par sa présence sur le champ de bataille, l’AVLR “Sombra 1” est en mesure de désolidariser les forces coalisées qui seraient nécessairement dépendantes de leurs communications entre les différents postes de commandement.

En l’absence de frappes aériennes révolutionnaires, l’aviation n’en reste pas moins très engagée, par la présence d’aéronefs chargés d’accompagner l’appareil en charge du brouillage électronique et de l’interception de communications adverses.

Ces missions spécifiques interviennent alors que la République du Varanya accentue la pression autour du dernier régime impérial reforgé sous la Satrapie de Bina. De plus en plus isolée de ses premiers soutiens, la Satrapie de Bina s’obstine à faire perdurer le règne d’un tyran qui cumule les défaites militaires et politiques, limitant son influence à une île qui fait désormais office de prison tant les forces hostiles sont amassées autour de celle-ci.
Logo de Baaman, énième radiotélévisée indépendante de la Nouvelle République du Varanya.

13 mai 2006 - La propagande révolutionnaire est boostée par la présence des industries du numérique et l'élan démocratique parcourant le pays.


Moment de convivialité au sein d'un ménage de la Satrapie de Bina et où les outils numériques continuent de connecter l'île au reste de son territoire continental.
Avec la libération des nouveaux modes de vie en société issus de la démocratisation du pays et la présence d'une industrie culturelle marquée sur le continent, l’outil numérique se met au service des politiques républicaines désireuses d'attirer sous son giron les populations de Bina.


Depuis la victoire des républicains sur les impériaux fin septembre 2005, l’Empire du Varanya a perdu de nombreux alliés et n'entretient plus désormais qu’un soutien militaire de la Cémétie, obligée de redoubler de moyens pour compenser les retraits aumérinois et les pertes albelaises. Ce positionnement favorable à la République du Varanya, lui a aujourd’hui offert toute la souveraineté permise sur le Varanya continental, représentant pas moins de 95% du territoire de feu l’Empire du Varanya. Cette résurgence républicaine sur un espace aussi étendu, confère à la République du Varanya de véritables moyens en matière de télécommunications et de productions culturelles. Un combo efficace pour redessiner les contours d’une nouvelle ère varanyenne et exporter un modèle de société dans la dernière région insulaire affiliée au Shah.

Effectivement, bien que les produits médiatiques varanyens auront encore encore de la peine à s’exporter au Fortuna, en Alguarena ou ailleurs, compte tenu de la nécessité de traduire les principales oeuvres et aussi du fait qu’il y a déjà beaucoup d’oeuvres concurrentes diffusées dans ces pays, ces produits médiatiques ou culturels varanyens peuvent trouver des débouchés plus faciles auprès de la population de Bina. Même culture, même passif et pourtant deux sociétés différentes, où celle de Bina se montre spectatrice des évolutions de mœurs et de libertés présentes dans le nouveau Varanya.

Documentaires critiques sur les décisions politiques des vingts dernières années, pluralisme politique, débats d’opinion, amendements aux législations existantes, privatisation des secteurs économiques, fin de l’élitisme à la tête des administrations par la popularisation de la classe politique, meilleure représentativité populaire dans les institutions et les personnalités politiques révolutionnaires, les sujets d’émerveillement sont finalement nombreux pour les habitants de Bina qui porteraient un regard curieux sur l’évolution de la vie sociétale au sein de la République. Alors que les rivalités nées de la guerre civile tendent à s’amoindrir compte tenu de la victoire militaire et politique de la République varanyenne, c’est peut-être finalement par le rayonnement culturel et politique du Varanya que ce dernier retrouvera une composition unique et indivisible.

Même avec la réinstauration d’une paix entre les deux nations, la République varanyenne pourrait quand même poursuivre ses coups de boutoir contre la Satrapie de Bina, par l’étalage de modes de vie qui demeurent inaccessibles à une très large partie de la société civile. Le revival d’une société civile varanyenne décomplexée pourrait se propager à l’île de Bina plus facilement que le déploiement de milliers de soldats révolutionnaires. De son côté, très limitée en sociétés de télécommunication et en industries du cinéma, la Satrapie de Bina ne peut que tenter de combler le vide par l'élaboration de programmes étatiques ou le recours à des divertissements télévisés étrangers, notamment cémétéens. Jouissant d'une industrie culturelle opérationnelle, l'offre de divertissement en provenance de la République du Varanya dispose donc d'une fenêtre favorable, pour se démarquer des programmes étrangers et asseoir le rayonnement de ce pays révolutionnaire sur l'île de Bina, en bien des points.
Logo de Baaman, énième radiotélévisée indépendante de la Nouvelle République du Varanya.

17 mai 2006 - Lassée par la guerre, la corruption et l’élitisme, la population de la Satrapie de Bina pourrait miser sur les républicains du Varanya continental.


Accentuation du niveau de pauvreté par l'accroissement considérable des résidents permanents de l'île de Bina.
En passant de 150 000 à 350 000 habitants, la Satrapie de Bina a considérablement dégradé sa qualité de vie et a renforcé sa dépendance vis-à-vis des aides et des armées étrangères.



Mohammad Karimi, le premier président de la République du Varanya, attendu en libérateur dans la Satrapie de Bina? Dans les rares structures universitaires de feu l’Empire du Varanya, nombreux sont les étudiants qui étudient les sociétés étrangères pour nourrir la réflexion en classe. Et parmi les sociétés étrangères étudiées, l’une d’elles domine maintenant largement le choix des projets universitaires : la République du Varanya. Riche de ses gisements pétroliers, de l’aide étrangère et forte d’un modèle démocratique qui assure une meilleure représentativité citoyenne, la République du Varanya alimente effectivement les questionnements des intellectuels de la Satrapie de Bina, faut-il encore sanctuariser les fonctions officielles et les limiter aux proches de la famille régnante ?

Après un peu plus d’un an de combats, la Satrapie de Bina et avec elle le gouvernement impérial varanyen, semble avoir renoncé à une victoire militaire et politique sur le Varanya continental. Les forces militaires impériales ont en effet déserté l’entièreté du territoire républicain alors la perte de leur armée principale cantonnée à Ahvadeh. Le souffle de la démocratie du Varanya pourrait-il avoir l’effet d’une tempête alors que de nombreux experts et spécialistes commencent à prendre le poul de la Satrapie de Bina, démunie sur les plans économiques, militaires et in fine même politiques… Bien que la famille impériale demeure aux commandes de la Satrapie de Bina, sa défaite cinglante dans tout le reste du pays invite à délier les langues des déçus de l'administration du Shah. Une administration élitiste accusée de corruption, de supprimer la méritocratie par l’inaccessibilité de certaines fonctions officielles aux citoyens éloignés de la famille impériale, et de museler sous la force tout ce qui s’apparente à une opposition.

Il faut dire que maintenant, le régime de Bina est largement dépendant de l’aide étrangère, particulièrement celle cémétéenne, pour défendre son espace territorial et même maintenir l’ordre public. Les soldats cémétéens ont-ils pour priorité de dénoncer et réprimer les aspirations libertaires des citoyens de l’île? Ce n’est pas dit si l’on considère le désaveu politique que de tels agissements provoqueraient au sein de l’opinion publique cémétéenne, déjà endeuillée par les nombreuses pertes enregistrées dans le cadre des opérations militaires terrestres de mars 2004 à septembre 2005 et qui verrait ses soldats matraquer les penseurs, les philosophes et les réformistes de Bina. A mesure que la République du Varanya persiste, c’est la Satrapie de Bina qui s’amenuise, par le sentiment d’émancipation, de libertés qui touche le cœur des citoyens de Bina. La Satrapie est perfectible à bien des égards et la République du Varanya expérimente pour elle, une partie des solutions possibles pour positionner le citoyen au cœur de la vie politique de la nation.

Et lorsque la pensée libertaire ou réformiste de cette dissidence s’exprime avec un peu trop d’ardeur, l’émigration reste une solution envisageable pour partie des intellectuels qui alimente le débat autour de la nécessité d’une réforme politique de la Satrapie de Bina. La perte de ces penseurs et intellectuels est alors sans nul doute dommageable à la société civile de Bina. La nouvelle dénomination du dernier carré impérial en Afarée suffit-elle à satisfaire le désir de changement qui couve sur l’opinion publique depuis les prémices de la guerre civile?

Manifestement, rien n’est acquis pour la Satrapie de Bina qui enregistre des dégradations, des actes de militantisme et parfois même des violences croissantes sur l’île. Lors de ces rassemblements militants, il est de notoriété publique qu'une partie des manifestants appelle par des enregistrements vidéo, la République à ne pas les laisser tomber, à grands renforts de slogans tels que “Thadimis avec nous”, “Un Varanya, et SON Président”. Des appels à la rébellion qui restent jusqu’ici minoritaires et non représentatifs du désir de paix souhaité par les populations locales. La contestation domine pour l’heure essentiellement les milieux estudiantins, qui s’estiment lésés à demeurer sur l’île de Bina, où les industries culturelles et scientifiques sont inexistantes, limitant leur avenir professionnel à l’exercice de métiers manuels au sein des domaines agricoles ou tertiaires. Pour l’un d’entre eux qui témoigne à visage couvert, désireux de garder l‘anonymat, le problème n’est pas tant l’éternelle kleptocratie qui a façonné la classe politique de l’Empire du Varanya que la privation d’avenir et de prospérité à voir la Satrapie de Bina naviguer seule, avec un outil industriel peu spécialisé, limitant les débouchés au sein des métiers de l‘ingénierie.

Dégoutée et lassée par cinquante années de consanguinité idéologique, la récente récession économique, la dépendance militaire et commerciale de Bina sur l’essentiel de ses importations, la population de l’île aspire légitimement à un départ ferme et définitif du Shahab al-Shahrbān, autorité politique et morale persistante dans un pays sur le déclin. Mais quand bien même celle-ci serait satisfaite sur ce point, les perspectives d’avenir ne sont pas parmi les dessins tracés par la Cémétie mais bien l’autodétermination arborée fièrement par les nouvelles institutions varanyennes de la République née sur le continent.

Dès lors, il n’est pas rare de constater la présence de certaines imprimeries artisanales, œuvrant clandestinement à la réalisation de tracts prônant la réunification du pays, sous des valeurs républicaines dictées par des autorités élues. Parler de réformes est encore très tabou sur l’île, beaucoup de monde et plus encore les autorités impériales craignent la relance d’une guerre civile. Mais la présence à proximité d’une nation sœur, établie sous une République et où les gouvernants sont élus par le peuple, oblige à la cristallisation des opinions publiques autour de la nécessité de réformer les institutions du pays. Une armée impériale désabusée, reposant sur un peu plus de trente milles soldats triés sur le volet et formés le temps d’un trimestre. “Il n’y a plus d’armée professionnelle dans la Satrapie de Bina, les autorités impériales misent sur une armée de fortune, reposant sur une ferveur populaire à laquelle elle ne peut plus prétendre” nous explique le politologue Zakaria Mozafari.

Parmi les citoyens loyalistes présents, de nombreuses familles sont originaires du Varanya continental et doivent aujourd’hui se réinvestir dans une région en ayant uniquement eu le temps de prendre un sac sur le dos, au lendemain de la défaite des loyalistes à Ahvadeh. La désillusion est totale pour ces nouvelles familles pauvres qui vivent une situation de déclassement par rapport à leur niveau précédent et aussi par rapport à celui des locaux.

Car bien que le Varanya continental porte encore de nombreux stigmates de la guerre, contrairement à l’île de Bina relativement épargnée, la situation démographique et économique de celle-ci s’est profondément dégradée, compte tenu des migrations internes qui ont affecté la qualité de vie locale. Doit-on rappeler que l’île de Bina enregistrait avant-guerre un peu plus de 150 000 habitants, contre 350 000 aujourd’hui. C’est une véritable exode pour ce petit territoire insulaire qui ne pouvait pas avoir les épaules assez solides pour absorber sur un plan économique et urbain, ce flux migratoire sans précédent, majorant le nombre de citoyens de 133 %. Est-il déraisonnable de penser pour les foyers impactés, qu’une réunification sans condition avec la République du Varanya serait non pas une, mais l’unique solution, pour lisser le niveau de pauvreté et d’inactivité sur tout le pays?

Dans une conjoncture telle que celle-ci, les sympathisants de la Révolution présents sur le territoire de la Satrapie restent particulièrement mobilisés pour transformer l’essai et propager la Révolution à ce carré d’irréductibles. Le parti pris pour la transition politique et l’état liquéfié des armées impériales, semblent fournir des opportunités réelles au maintien de la pensée Révolutionnaire sur l’île de Bina. L’opposition politique à “l’ancien régime impérial renouvelé" commence à prendre des formes et le risque d’une reprise des combats continue d’affecter le moral des armées impériales conscrites. “Des habitants de l’île m’ont rapporté qu’en faisant attention à la tenue des soldats impériaux, ils ont constaté que certains d’entre eux portaient des habits civils en dessous, pour manifestement faciliter leur fuite dans la nature en cas de débarquement des forces républicaines…” nous explique encore Zakaria Mozafari, l’expert en politique pour cette région du monde.

Indubitablement, le régime du Shah continue d’apparaître isolé, à la fois isolé de manière géographique et politique, peinant à fédérer ses dernières assises qui le protègent jusqu’ici d’un ultime assaut des forces républicaines. Délaissé de la scène internationale, le Shah mise désormais tous ses soutiens auprès de la Cémétie, dont la dépendance excessive n’amène pas plus de réconfort que de frustration dans un pays ayant socialement éclaté, puis s’étant recomposé avec cette nation étrangère très intéressée dans cette affaire.
Logo de Baaman, énième radiotélévisée indépendante de la Nouvelle République du Varanya.

19 mai 2006 - Satrapie de Bina : malgré une production de richesse moyenne par habitant relativement importante, l’écart entre les plus aisés et les plus nécessiteux s’accentue.


Misère et pauvreté en Afarée orientale.
Bien qu’il n’y ait pas eu de combats sur l’île de Bina, celle-ci essuie les affres de la guerre par le doublement de sa population, majoritairement composée de migrations internes en provenance du continent.


Sur l’île de Bina et considérant la certaine dégradation économique et sociale du territoire, la société civile pourrait se retrouver complètement désunie, avec près d’un citoyen sur deux issu des migrations internes au territoire varanyen. Un indicateur alarmant, qui laisse présager que l’aspiration à une vie meilleure, fût-elle par la démocratie et la Révolution, n’est pas vouée à s’arrêter prochainement.

“Certains villages n’apparaissent pas sur les plans d’urbanisme de certaines administrations” déplore Fariba Hashemi, planificatrice sociale dans une agglomération périphérique à Baisul. Et pour cause? si les paysages marqués par la guerre sont nombreux sur le continent, où la République varanyenne tente de redresser une économie mise à terre par la mobilisation générale et la destruction d’infrastructures nécessaires à la production, les bidonvilles et taudis aménagés sur l’île de Bina viennent également témoigner de la dureté de la vie sur ce territoire insulaire, jusqu’ici épargné par les combats entre loyalistes et républicains.

Une situation d’extrême pauvreté pour ceux qui ont cru à la survie d’un Empire varanyen prospère. Aujourd’hui des familles varanyennes issues du continent s’entassent à cinq ou six dans des cases construites à la hâte, parfois sans eau courante ni électricité, et ne dépassant pas une surface 9m². Rappelons que la Satrapie de Bina est une province qui en l’espace d’un à deux ans, est passée de 150 000 à 350 000 “habitants”. Comment les politiciens ou ne serait-ce que les entreprises locales spécialisées dans le bâtiment, ont pu faire pour absorber un doublement de la population sur une période aussi courte? D’autant plus qu’il faut considérer que la migration vers l’île de Bina s’est globalement formée vers les six, huit derniers mois de la guerre, lorsque les défaites militaires des loyalistes s’accumulaient et que la reprise du terrain par les forces révolutionnaires apparaissait de façon évidente, inéluctable. A cette question du logement, peuvent également s’ajouter toutes les questions relatives à la satisfaction des besoins nationaux, que ce soit en denrées alimentaires, mais aussi en matière de production d’énergie pour ne citer que l’eau et l’électricité… Après la notion de production, c’est en fin de compte la question de l’aménagement qui se pose puisque la création de véritables “villages de migrants” implique effectivement une redéfinition des réseaux électriques, canalisations diverses notamment pour l’évacuation des déchets. Dans certains de ces villages, les toilettes sèches apparaissent déjà comme un luxe.

Les moyens nécessaires à la subsistance des communautés sont encore bien précaires et favorisent l’émergence d’une contestation populaire généralisée à toute la Satrapie, car après la guerre, les déconvenues continuent et promettent une détérioration durable de la qualité de vie sur l’île, malgré une production de richesse moyenne par habitant relativement correcte, considérant un PIB/an et par habitant de 17 000 arkams. A titre de comparaison, les PIB/an et par habitant de la République du Varanya, de l’Alguarena ou encore de la Cémétie sont respectivement de 21 345, 24 929 et 13 129 arkams.

En fait, plus que de performance économique, il est surtout question d'inégalités entre les résidents permanents de l’île et les migrants récemment arrivés dans la Satrapie.
La monopolisation des ressources étatiques dans la mobilisation, la formation et l’armement de divers groupes de partisans à l’Empire, entraîne un gel des investissements sur la province. Mais malgré cette priorité faite au maintien de la souveraineté de Bina, l’armée reste encore dans un état cadavérique. A titre d’illustration, il convient de souligner que l’intégralité des soldats impériaux ou presque, est faite de conscrits, de personnes qui sont boulangers, fermiers, téléprospecteurs quand tout va bien et ultime rempart pour la défense du pays quand tout va mal. Le matériel et les équipements qui leur sont attribués, restent encore très rudimentaires et peinent à être entretenus convenablement, au point que l'entièreté des pièces de maintenance s’y afférent, est produite et fournie par les industries de l’armement cémétéennes…

Caricaturant à peine les inégalités socio-économiques relevées dans la Satrapie, plusieurs militants pour la transition politique à Bina ont évoqué le fait que contrairement à d’autres pays, la Satrapie de Bina enrichit les gens accédant à des fonctions politiques, là où les démocraties étrangères voient leur population d’abord s’enrichir et ensuite accéder à des fonctions politiques, par la campagne, les meetings et oeuvres de bienfaisance. Dans la Satrapie de Bina, accéder à la fonction politique passerait donc pour une finalité en soi par l’enrichissement qu’il procure, là où dans les autres pays, cette fonction constitue un engagement qui n’entraîne pas un retour sur investissement sous forme pécuniaire mais la permission d’oeuvre dans un projet collectif.

A tort ou à raison, ces allégations sont de nature à fournir des visions caricaturales et des archétypes aux populations qui seraient en passe de développer une certaine aversion à l’égard du régime impérial et de la famille régnante.

Il y a deux facteurs combinés qui alimentent la défiance des populations à l’égard du régime:
  • l’aversion pour la famille impériale qui reste sur ses acquis malgré les grands derniers bouleversements intervenus et la démonstration d’une grogne sociale inégalée dans le pays.
  • le caractère inégal des situations individuelles et collectives des citoyens de l’île et le manque flagrant de perspectives économiques prospères pour les cinq voire les dix prochaines années, compte tenu de l’incapacité de la Satrapie à absorber une croissance démographique supérieure à 133% sur les douze derniers mois écoulés.

Le nombre de ménages relevant hier de la classe moyenne tend à s’amoindrir là où le nombre de familles en grande précarité explose, la survie quotidienne se complique de jour en jour et des maladies associées au manque d’hygiène et à l’insalubrité, que l’on pensait pour partie éradiquées sur le territoire, commence à émerger au sein de certaines concentrations urbaines aménagées pour l’accueil des migrants en provenance du continent.

Force est de constater que des irritants sociaux, qui avaient apporté une certaine épaisseur, une certaine consistance à la Révolution varanyenne demeurent, l’opportunité faite au Shah d’écarter durablement le risque révolutionnaire est quasi nulle dans une conjoncture telle que celle-ci. Une situation insoluble pour le gouvernement en exil et une perte d’espoir notable quant au fait d’esquisser une ébauche de solution à court et moyen termes.

Dans ce genre de conflit, la population et l’opinion publique sont les meilleurs alliés du dirigeant autocrate. “Si le Shah veut éviter un conflit armé sur le territoire de Bina, il lui est indispensable de prendre soin des populations qui y vivent” prévient le politologue Erfan Riahi “car la perte de civils dans l’engagement d’un nouveau conflit armé sur l’île de Bina est le seul frein politique opposable aux velléités guerrières de la République du Varanya et à ses souhaits de voir une nation à nouveau réunifiée. S’il perd l’opinion publique ou que la situation sociale y est si dégradée qu’une intervention militaire ne serait qu’à peine pire, le Shah perd la guerre, ni plus ni moins.”

Pour étayer son raisonnement, l’expert nous évoque l’image d’une chaîne représentant la société de Bina et où le retrait progressif des grains (c’est-à-dire des étudiants, des soldats, des intellectuels) amènerait un serrement autour du cou impérial. “Hier le peuple avait des attentes, aujourd’hui il a des exigences, mais demain celui-ci aura des revendications…” Et les revendications commencent à poindre avec la jeunesse de Bina, qui comprend en son sein plusieurs dizaines de milliers d’inactifs, lié à l’importante vague de migrations depuis le continent. Cette jeunesse est dès lors privée de projets et plus généralement d’avenir. Un terreau fertile pour les ennemis politiques de la Satrapie de Bina, que les autorités impériales pensent tapies en embuscade mais qui selon notre expert sont déjà à l'œuvre pour abréger les souffrances d’une société civile à l’agonie et favoriser sa reddition en vue d’un rattachement à la République du Varanya.
El Globo
22 mai 2006 - Les flux migratoires à Bina et le doublement de sa population génèrent un niveau de pauvreté absolue auprès de certaines communautés.


Habitants de l'île de Bina, faisant la queue pour percevoir une partie de la maigre production d'une boulangerie locale.
Compte tenu du doublement de la population sur l'île de Bina, la production alimentaire, énergétique ainsi que la politique d'urbanisme sont encore à la traîne et subissent les revers socioéconomiques de cette crise migratoire sans précédent.


Les chiffres indiquant la part de personnes vivant sous un état de pauvreté absolue dans la Satrapie ne cessent de croître à chaque publication et enquête des instituts de statistiques. En effet, si la population du territoire insulaire a augmenté de 133% en moins de douze mois, le niveau de pauvreté a lui aussi suivi la tendance, affichant un bond de +55% sur l’année 2005. Un résultat inédit, s’il est mis en comparaison avec les contre performances économiques et sociales des quinze dernières années. En tenant compte des migrants et de ceux qui supportent indirectement le coût de leur présence sur l’île, il ne serait pas déraisonnable de dire que 65% de la population installée dans la Satrapie a désormais un pied dans la pauvreté. Les chiffres annoncés et relatifs à l’évolution démographique de la Satrapie de Bina, sont sans équivoque et jusqu’à ce jour incontestés, notamment de la part des autorités impériales retranchées sur l'île de Bina.

Avec une croissance de 133% en moins d’un an, la surpopulation présente dans la Satrapie de Bina peine à être absorbée par les autorités locales, accentuant la précarisation de certaines communautés récemment installées. Toutefois, bien qu’ils en aient conscience, les pouvoirs impériaux de la Satrapie de Bina semblent éluder le problème, communiquant à grands renforts de reportages, sur le prolifique rapprochement entre la Satrapie et la Principauté de Cémétie. Une solution miracle qui ne passe pas partout au sein de l‘opinion publique. Quand l’on sait que le Varanya continental est lui en train de s’activer à panser ses plaies nées de la guerre civile, et à penser la classe dirigeante de demain pour le pays, on comprend que la Satrapie de Bina a arrêté de composer dans l’intérêt de ses citoyens.

La pauvreté absolue n’est pas une situation extrapolée, considérant le déclassement notable des familles récemment arrivées sur le territoire insulaire et prises en charge par son autorité. Ces familles sont relogées dans des cases sans accès à l’eau potable ou à l’électricité. La majeure partie des familles de migrants est privée de soins, de logement, d’eau et d'électricité, la conjoncture démographique en lien avec la crise politique puis militaire, est en passe de devenir une énième crise sur les bras de l’autorité impériale. Une crise qui serait dès lors, d’ordre sanitaire. Si l’ex-Empire du Varanya (actuelle Satrapie de Bina) a déjà payé chèrement les coûts de la guerre civile, qu’ils soient d’ordre politique ou militaire, ce dernier peine encore à solder son ardoise, au regard de la surpopulation soudainement enregistrée sur l’île, entretenant partout une grande fragilité économique et sociale. Les autorités impériales n’ont manifestement pas le temps de se remettre des conséquences militaires et politiques de la guerre civile, qu’elles sont à nouveau éreintées sur les questions démographiques, à l’origine d’une pauvreté et d’un chômage jamais égalés.

Un bien sacré dilemme pour la gouvernance de la Satrapie qui souhaite à la fois fédérer le peuple varanyen autour de son dernier pré carré, sans toutefois afficher un appétit plus gros que le ventre quant à sa capacité réelle, dans l’assimilation de nouveaux migrants. Toutes les manoeuvres visant à expulser les migrants varanyens récemment arrivés sur l’île pourrait effectivement affecter la “popularité” du Shah mais d’un autre côté, la passivité autour de la conjoncture actuelle viendrait entraîner une certaine désolidarisation des soutiens du Shah, entre les citoyens de Bina et les loyalistes de par le monde. La crise démographique dans la Satrapie de Bina formalise une triple crise qui atteste de la fragilité et de l’aveu même de certains experts, atteste de la lente agonie de ce microétat.

Si le problème demeure, il pourrait se faire une incitation persuasive, au ralliement de la République du Varanya par tout citoyen de Bina désireux d’entretenir des perspectives d’avenir, si ce n’est une incitation au ralliement du territoire lui-même.
Réponse à la missive diplomatique
République Directe du Banairah

Expéditeur : Ministère des Affaires Extérieures au Banairah
Destinataire : Shah de la Satrapie de Bina

Excellence,

Nous avons suivi assidument la récente tournure de la guerre civile qui afflige votre pays et qui comme vous l'avez souligné trouve encore sa cause dans l'ingérence alguerano qui crée des problèmes au lieu d'apporter des solutions : pertes civiles, déstabilisation, précarisation, mise en dépendance de l'autoproclamée république du Varanya. Je vous avoue que nous aurions été gré d'observer de profondes réformes démocratiques si les autorités fédérales ne s'en étaient point mêlées, décridibilisant l'entièreté du simili combat qu'elles prétendent mener : à quoi bon la liberté des peuples, tant que les puits sont libres ?
Engager notre pays pour une cause qui semble malheureusement perdue nous laisse toutefois circonspects. Ce sont tout autant nos hommes que notre crédibilité à l'international que nous jouons, et c'est cela qui nous a laissé dans l'indécision depuis bien longtemps. C'est donc avec moultes précautions que nous répondrons positivement à votre appel.
Il semblerait également que la stabilité de la toute nouvelle satrapie soit mise en danger : la pauvreté est le moteur des révolutions, certains diront. Notre administration serait bien peinée de voir autant de difficultés que nous pensons avoir observées en votre territoire s'accumuler et augmenter encore le poids qui pèse sur les Varanyens. C'est pourquoi nous vous proposons de vous envoyer une équipe d'experts en économie, géopolitique et en sciences sociales afin de vous aider à réformer votre état et garder ainsi le contrôle sans trop de pertes. Vous pourrez compter sur un investissement financier de notre part afin de donner vie aux projets qui naîtront de cette coopération que nous espérons fructueuse.
Cette aide de notre part nous coûte logistiquement et politiquement, et peu imaginent les retombées politiques d'une ratée et d'une mise à découvert de nos plans communs. Ainsi donc, tout travail mérite récompense, et les bons comptes font les bons amis. Nous serions donc ravis de discuter avec vous du contrat que nous signerons pour le bénéfice de nos deux régimes.

Respectueusement vôtre,

Siriam Amza, ministre des Affaires Extérieures au Banairah.
Logo de Baaman, énième radiotélévisée indépendante de la Nouvelle République du Varanya.

26 mai 2006 - Baisul : un migrant sur liste d’attente pour son relogement depuis 8 mois, s’immole sur la place de l’hôtel de ville.

Faits divers à Baisul, Satrapie de Bina
L'immolation des personnes suicidaires affiche une dimension contestataire, très remarquée en ces périodes troubles à bien des égards, sur la petite île de Bina.


Le phénomène de surpopulation est connu sur l’île, qui est passée de 150 000 à 350 000 personnes en l’espace de dix mois. Cet accroissement rapide de la population, entièrement lié à la guerre civile varanyenne, la défaite de l’Empire et à l’exfiltration des sympathisants loyalistes dans le territoire relativement rural de Bina, vient nécessairement entraîner des dysfonctionnements dans la satisfaction des besoins nationaux, qu’ils appartiennent à la classe alimentaire, énergétique ou au logement. Et le 25 mai, alors qu’il attendait l’attribution d’un logement depuis plus de huit mois, Mahdi Faramarzian a baissé les bras en renonçant à la vie après s’être immolé sur la place centrale de Baisul, où la nouvelle administration de la Satrapie s‘est installée. Le rêve d’un nouveau départ post-guerre civile dans l’actuel territoire de l‘Empire du Varanya vire au cauchemar pour de nombreux citoyens qui ont encore voulu y croire. Et certains d’entre eux, à qui il ne restait déjà plus grand chose, n’ont plus la force de s’accrocher.

Agent des impôts à Thadimis sous l’Empire du Varanya, Mahdi Faramarzian ne pouvait prendre le risque de rester sur le continent, craignant que des exactions soient exercées à son encontre. Dans son métier, se souvient sa mère, Mahdi recevait beaucoup de menaces et il craignait que certains profitent de la chasse aux sympathisants loyalistes, pour le prendre pour cible. C’est donc dans un contexte comme celui-ci que l’homme a fait le choix d’une émigration vers l’île de Bina qui deviendra plus tard, la Satrapie homonyme. Mais son arrivée dans la Satrapie s'accompagne des premières déconvenues. Tout d’abord, malgré une expérience réelle dans le domaine, Mahdi ne parvient pas à se faire réintégrer comme agent des impôts. En effet, bien que les migrants aient considérablement augmenté le nombre de citoyens pour l’île de Bina, leur surnombre et la précarité qui habitent chaque nouveau foyer les rendent insolvable et nécessite un certain temps administratif, avant que ces personnes ne soient réintégrées dans le suivi fiscal de la Satrapie. Il n’y avait donc aucune, malgré tout l’intérêt du profil de Monsieur Faramarzian, opportunité dans ce domaine à l'échelle de la Satrapie.

En plus d’une déconvenue dans sa vie professionnelle, Mahdi Faramarzian peinait à se loger puisqu’il était arrivé dans la Satrapie en tant que célibataire et sans enfant. Il n’était donc clairement pas prioritaire pour se voir attribuer une des cases de fortune construites par les pouvoirs locaux. Mais après huit mois à traîner les campements et à constater la dégradation du contexte socioéconomique local, Mahdi a perdu l’espoir d’entrevoir un avenir meilleur, d’autant plus après la proclamation de la Satrapie de Bina, nouvel état créant la rupture avec le Varanya.

La proclamation du nouvel état de Bina a été un coup dur pour une partie de la population car cette création implique de nouvelles normes, de nouvelles références administratives pouvant restreindre les déplacements des biens et des personnes, c’est une nouvelle crainte dans la capacité des migrants à pouvoir faire venir / à pouvoir rejoindre leur famille restée sur les territoires du Varanya continental. Devant l’obscurité absolue d’un avenir sur l’île de Bina, certains migrants envisagent de repartir ou lorsqu’ils sont inquiets dans leurs chances de réinsertion comme Mahdi avait pu l’être, songent à des issus plus funestes encore…

Soucieux de l'image qu'il nous faut garder du jeune Mahdi Faramarzian, notre journal s'est attaché à vous présenter le parcours d'un homme qui a manqué de tout et surtout d'espoir. Un portrait intelligible à la situation désespérée d'une personne qui pensait avoir déjà tout perdu.
Logo du journal "l’Émissaire"

1er février 2006 - Immolation d'un réfugié en périphérie de Baisul, le fait divers qui transforme la crise démographique en crise politique.


Misère sociale et crise démographique sans précédent dans la Satrapie de Bina.
La situation du jeune Mahdi Faramarzian constitue un drame auquel de nombreux citoyens/réfugiés présents sur l'île peuvent aujourd'hui s'identifier.

Le 26 mai dernier, un ex fonctionnaire de l’Empire varanyen en attente d’un logement depuis 8 mois, se suicidait. Ce drame personnel et nominativement lié à un homme, Mahdi Faramarzian, est pourtant l’expression d’une détresse collective face à la misère grandissante des populations résidentes de la Satrapie et au manque de logements décents disponibles pour accueillir les récents flux migratoires en provenance du Varanya continental. Dans le cas de ce drame humain, les autorités de la Satrapie de Bina auraient donc tout intérêt à craindre une réappropriation de ce fait divers par les courants républicains présents sur “l’île des irréductibles” comme les varanyens habitant le continent aiment parfois les appeler. L’immolation et plus globalement le suicide des nécessiteux arrivés sur l’île de Bina, peuvent-ils se faire les évènements déclencheurs d’un mouvement plus grand, ayant pour finalité l’intégration de la Satrapie au nouvel état républicain du Varanya?

“Dans ce genre de situations, ce qui importe n’est pas la vérité, mais qui aura la plus belle plume pour écrire la légende autour de ce drame. Et en la matière, il faut reconnaître que les journaux et collectifs pro-républicains sont beaucoup plus actifs et ingénieux pour toucher le cœur de la population résidente de Bina” nous explique le célèbre politologue Zakaria Mozafari. “Dans l’Histoire contée par les sympathisants d’une république varanyenne, vous avez un opprimé, un oppresseur et un dénouement très éloigné des “happy end”. Il n’en faut pas plus pour capter la mémoire collective et l’aversion générale des milieux populaires…”

Pour l’expert, il est également important de rappeler que le geste (malheureux) accompli par Mahdi Faramarzian est intervenu dans une conjoncture bien précise et que le timing coïncide habilement avec la création d’une République au Varanya continental. “Face à la difficulté, les gens vont nécessairement avoir besoin de se raccrocher à une solution, même approximative. Et à ce stade, seule la nouvelle République du Varanya propose une alternative durable, par ses perspectives de croissance, d’emploi. “98% de l’industrie régionale est basée sur le territoire républicain, des centaines de villages ont été désertés pendant la guerre. De la Satrapie de Bina ou de la République du Varanya, c’est bien ce dernier qui est en capacité d’absorber un flux de 200 000 nouveaux résidents comme celui enregistré sur l’île…” Même en considérant la présence de nombreux stigmates issus de la guerre civile, le Varanya continental est à ce jour le meilleur remède connu (et reconnu) pour défaire des inégalités régionales flagrantes, qu’elles relèvent du registre social, économique ou encore civique.

Il arrive en effet que certains pays puissent accepter l’absolutisme d’un dirigeant sous couvert de profiter d’une certaine réussite de la société civile présente dans le pays. Mais dans le cas de la société civile de Bina, le taux de chômage et la pauvreté récemment enregistrés ne suffisent pas à détourner les citoyens de la vie politique. Pire encore, un lien direct entre l’échec politique et la dégradation économique que connaît le pays semble se dessiner par l’intermédiaire des activités militantes de sympathisants républicains présents sur l’île.
Avant Mahdi Faramarzian, d’autres personnes étant déjà mortes de cette crise socio-économique sans précédent, pour la plupart des sans domiciles transis de froid et de complications médicales liées à l’éloignement aux soins. “Les infrastructures hospitalières de Bina ont été pensées pour la gestion d’une population de 150 000 habitants. Si celle-ci passe à 350 000 individus, on devine facilement le fait selon lequel la capacité d’accueil des hôpitaux sur l’île de Bina sera inadaptée, faisant courir un risque grave aux résidents et immigrés exprimant un besoin en soins médicaux…” L’éclatement au grand jour de la pauvreté locale n’a d’égal que la violence avec laquelle se meurt aujourd’hui les réfugiés présents sur l’île. Le mode opératoire suivi pour le suivi de Mahdi Faramarzian donne de la visibilité à une situation connue des réfugiés présents dans la Satrapie. “Ce qui rend la situation particulièrement inacceptable et révoltante à une partie d’entre eux, c’est que des gens ayant fait le choix de venir dans la Satrapie reconnaissent l’échec de ce choix et préfèrent en crever…” Ce sont des gens qui, rappelons-le, ont soutenu le régime impérial lorsqu’il résidait encore à Thadimis, soit directement en participant à la répression de la Révolution, soit indirectement en contribuant au fonctionnement de la société civile sous le régime impérial, comme il en est question pour ce jeune homme immolé qui travaillait aux impôts et s'investissait donc le bon fonctionnement du régime impérial.

Mahdi Faramarzian serait-il la goutte de trop? Les habitants de la Satrapie semblent de plus en plus enclin à le penser, si l’on en croit l’intérêt porté au sort du jeune homme et les mobilisations spontanées qui sont intervenues sur l’île pour lui rendre hommage, soit par des micro rassemblements exercés sur la voie publique, soit par des vidéos postées en ligne, par des personnes déclarant ouvertement craindre une nouvelle répression du régime.

Dans l’opinion publique, un nombre croissant d’individus est prêt à surmonter cette peur et à afficher publiquement sa colère, face à des besoins élémentaires qui peinent à être satisfaits et une lente agonie dans des classes les plus populaires, durement touchées par l’accroissement démographique intervenu sur Bina ces dix derniers mois. Ces contestations viennent à certains endroits permettre la formulation de revendications claires et intelligibles, dirigées sur les thématiques du travail, du respect de la dignité humaine, sous-entendu le respect des conditions de vie rencontrées par les réfugiés et même des aspirations à plus de libertés, par l’insertion d’une meilleure représentativité dans le paysage politique. C’est dire si le sujet se montre particulièrement brûlant, dans un régime qui tentait jusqu’ici déjà de sauver les meubles, après l’éclatement de la guerre civile. Nombreux sont ceux qui peuvent s’identifier à Mahdi Faramarzian et c’est là tout le danger de la situation, elle est anxiogène pour chaque personne ayant rejoint la Satrapie de Bina avec des ambitions que l’île ne saura satisfaire. Le risque de voir une grogne sociale évoluer en duplicata de Révolution reste donc (trop) important pour les autorités locales. Une date et un lieu ont fuité dans les médias pour dérouler l’enterrement du jeune Mahdi. Mais pour des raisons de sécurité et d’ordre public, notre journal prend le parti de ne pas les communiquer publiquement. En effet, plusieurs milliers de personnes se sont promises d’y assister après que l’information fut connue sur internet. Contestation sociale, contestation politique, la frontière est bien petite entre ces deux évènements qui marquent l’émergence d’un énième défi pour le régime impérial exilé de Shahab al-Shahrbān. Il est évident que l’absence de visages politiques forts après celui du Shah limite la capacité du pouvoir de la Satrapie à recréer du lien entre la gouvernance et sa population.
Logo journal "Instant Vérité"
"Instant Vérité" - Journal indépendant sous la République du Varanya.


5 juin 2006 - Crise démographique, économique et politique dans la Satrapie de Bina : les experts n'hésitent plus à évoquer une "nouvelle Révolution".


Actions révolutionnaires
Devant l'adhésion populaire aux contestations et revendications faites à l'autorité impériale, nombreux sont ceux qui parlent aujourd'hui d'une nouvelle révolution varanyenne.


Si la presse étrangère ou impériale n’a pas manqué de spéculer sur les intérêts de puissances internationales présentes dans le conflit, il est indéniable de s’entendre sur le fait que la survenue d’une révolution démocratique au Varanya résulte avant-tout de l’échec impérial dans sa gestion du pays, dont le bilan peut être fait sur la base des cinquantes années qui séparent la naissance et la chute de l’Empire du Varanya. “La Révolution au varanya était-elle prévisible? certainement. Mais était-elle prévue et préparée? je n’y crois pas une seule seconde” nous raconte face à notre caméra le politologue Zakaria Mozafari.

Une impréparation qui vient selon lui traduire le lourd bilan humain initial, lorsque les forces loyales au Shah débutaient la répression contre des civils haletants, attelés à défaire le pavement des rues, à barricader les avenues principales de certaines moyennes et grandes agglomérations. C’est la répression qui a durci la Révolution et l’a forcée à prendre d’assaut les premiers bâtiments institutionnels tels que les postes de police, afin de trouver quelques équipements minimum pour armer le noyau dur de leur révolution. “Les puissances étrangères telles que la Fédération d’Alguarena, le République du Fortuna, ont également été prises de court dans ce conflit puisque les premiers contingents déployés face à l’Empire du Varanya et ses alliés étaient minimalistes, un déploiement qui s’est conclu par la survenue de quelques défaites militaires à l’instar de la bataille de Raad où les troupes révolutionnaires et une compagnie alguarena, déployées sur des positions strictement défensives, essuyées l’assaut meurtrier et victorieux des troupes loyalistes. Si la Révolution varanyenne était une action militaire préparée depuis l’étranger, nul doute que les premiers contingents internationaux ne se seraient pas montrés aussi minimalistes et dépendants des volontaires étrangers, affectés au sein de groupes paramilitaires autonomes comme le Régiment libertarien ou la Brigade des Martyrs Volontaires.” Pour notre expert, il ne fait aucun doute qu’une révolution populaire préparée depuis l’étranger ce serait inévitablement dotée d’une force armée autrement composée que celle déployée lors des manœuvres initiales au commencement de la guerre.

Malgré cette impréparation, la Révolution varanyenne s’est, compte tenu de la fuite de la famille impériale et de la programmation à venir des premières élections au suffrage direct, soldée par une profonde réussite. Une réussite politique et militaire telle que celle-ci est de nature à faciliter les mouvements sociaux, contestataires sur les dix prochaines années à venir… Aussi, la situation démographique et humanitaire dans la Satrapie de Bina interroge sur la capacité de celle-ci à maintenir hors de portée les flammes révolutionnaires qui ont jusqu’ici consumé l’Empire du Varanya sur le continent. “On parle d’une Révolution, pas d’une guerre conventionnelle… L’autorité impériale ne peut pas être hors de portée de tous les dangers, y compris sur une île, fut-elle défendue par cinq divisions d’infanterie cémétéennes…”

Depuis la mort par immolation du jeune Mahdi Faramarzian, les protestations populaires sont effectivement bien vives eu égard aux conditions de vie et aux perspectives d’avenir des 200 000 réfugiés arrivés sur l’île depuis l’éclatement de la guerre civile. Une île qui, rappelons-le, abritait en son sein à peine 150 000 habitants au démarrage du conflit.
La paupérisation du territoire et la mise en relief des drames humains qui s’y déroulent quotidiennement viennent alimenter des actions contestataires inédites sur le territoire, un territoire que les autorités impériales en exil avaient souhaité imperméabiliser au risque révolutionnaire présent sur le continent, sans jamais tenir compte que le “danger” résidait avant-tout dans le peuple qui donnait chaque jour vie au pays.

Ces actions populaires, dictées par les conjonctures socio-économiques de la région de Bina, ont vocation à entretenir une détermination plus vive que les mouvements sociaux qui touchaient le Varanya continental. En effet, bien que la situation économique était déjà compliquée au démarrage de la guerre civile, c’était également le clientélisme pratiqué par les pouvoirs impériaux qui cristallisaient l’opinion publique et marquaient une rupture durable entre les élites et son peuple. Si la quête de liberté peut paraître facultative dans un pays où l’on peut manger à sa faim et subvenir aux différents besoins de ses proches, il faut bien comprendre que la Satrapie ne coche actuellement aucune de ces cases, avec parmi ses citoyens plus de 50% de réfugiés. Dans un contexte tel que celui-ci, le processus révolutionnaire risque d’être beaucoup plus virulent que celui d’un pays où l’on peut manger à sa faim, habiter un logement décent mais ne pas choisir qui dirige le pays. “Dans une situation comme celle actuellement affichée dans la Satrapie de Bina, la quête de démocratie devient le moyen et non le but, un moyen de satisfaire aux différents besoins existentiels de la population. Ce sont ces besoins qui sont poursuivis par les mêmes classes populaires qui veulent renverser le Shah et instaurer la démocratie, la démocratie n’étant plus qu’un moyen pour eux, d’appliquer et d’assumer les décisions futures qui mettront fin à la misère sociale de plus de la moitié de l’île…”

En effet et dans l’esprit de plusieurs experts interrogés, la Révolution qui couve sur le territoire de Bina apparaît comme d’autant plus dangereuse que celle exercée sur le Varanya continental, en ce sens qu’elle répond à une question de survie des communautés de réfugiés déclassées après leur venue sur l’île de Bina. La Révolution varanyenne et ses répliques ont profondément changé le rapport de l'État à ses citoyens. Pour en parler, nos équipes sont allées à la rencontre de Marzieh Taheri, sociologue varanyenne en instance d’une demande d’asile en Alguarena, elle est également à la tête d’un observatoire non gouvernemental très présent sur la région. Elle a accepté de nous accorder de son temps pour accomplir le décryptage de la société civile de Bina.

D’abord attachée à enquêter sur le respect de la dignité humaine lors des théâtres de conflits sur le continent, Marzieh Taheri a reporté son attention sur la marginalité et la pauvreté présentes sur l’île de Bina, après l’arrêt des combats sur le continent. Selon elle, la contestation populaire en place sur l’île de Bina est distincte de la Révolution qui avait sévi plusieurs mois auparavant sur le continent puisqu’elle répond davantage à la nécessité impérieuse de survivre, que celle d’être, bien que la relative ghettoïsation des communautés de réfugiés récemment arrivées sur l’île de Bina, tend à solidariser ses membres autour des causes revendicatrices telles que celles présentement défendues.

Les exactions en cours par la société civile de Bina pourraient donc s’inscrire dans une nouvelle vague de protestations, tournées vers l’amélioration immédiate des conditions de vie avant toute autre chose. Seulement voilà, considérant l’importance du tissu industriel présent sur le continent, il apparaît pour les communautés de réfugiés présents dans la Satrapie de Bina, que seule la République du Varanya est en mesure de pouvoir mettre en branle une économie suffisamment solide pour absorber un flux migratoire atteignant les 200 000 individus. De là à dire qu’il faudrait solliciter le rattachement de la Satrapie à la République du Varanya, il n’y a qu’un pas que les autorités républicaines n’ont pas encore et officiellement franchi, mais dans certains mouvements de manifestations, cette revendication ne fait plus l’objet d’une quelconque dissimulation et des soutiens à la République du Varanya de plus en plus probants émergent de la contestation populaire naissante.

Croire que la grogne sociale n’affecte à ce jour que les quartiers de cases aménagés pour accueillir les réfugiés de la Satrapie de Bina est une erreur, elle touche également les résidents permanents de l’île, soit par solidarité avec la situation plus que précaire des réfugiés, soit par antagonisme avec ces derniers puisque leur présence affecte durablement la situation économique de l’île et donc le quotidien des citoyens natifs de celle-ci… La mobilisation populaire a donc vocation à être totale et à se rejoindre sur le fait qu’une autonomie de la Satrapie de Bina n’est pas possible pour redresser la situation économique, sociale et humanitaire de la région. Le ralliement de la Satrapie de Bina au reste de la République du Varanya devient alors un objectif standardisé pour la grande majorité des cortèges de manifestants qui battent aujourd’hui le pavé au sein de l’île.

Cette mobilisation populaire doit donc interpeller les autorités par le fait qu’elle transcende les catégories sociales ainsi que les âges des personnes y adhérant. La relance économique du territoire, l’amélioration des conditions de vie, la fin du clientélisme imposé par une élite régnant sans partage, la fraternisation avec la République du Varanya, une meilleure représentativité populaire au sein de la gouvernance de l’état, la prévention du drame sanitaire qui couve après la survenue d’une vague de 200 000 réfugiés sur la petite île de Bina, sont autant de facteurs marquant dorénavant la convergence des luttes initiées par les manifestants. Durant les manifestations, il est en effet criant de voir que les tendances politiques se font relativement discrètes et que la grande majorité des manifestants se présente à ces rassemblements en tant qu’individus, avant toute représentation politique. C’est une nouvelle démonstration selon laquelle la Révolution appelée par le peuple dans la Satrapie de Bina est sans précédent, comparativement à celle ayant eu lieu sur le continent. Effectivement lors de la première Révolution, les tendances politiques restent relativement marquées avec d’un côté la Ligue Communiste de Libération, d’un autre les fondamentalistes islamistes et même les libéraux encore à part.

L’autorité impériale est-elle plongée dans le déni, l’incompréhension ou l’ignorance?

La classe politique encore loyaliste au Shah a conscience de la gravité de la situation économique et humanitaire sévissant dans le pays, mais au regard des mesurettes annoncées on comprend que le pouvoir impérial en est encore à gérer une hypothétique reprise des affrontements avec les républicains du Varanya, faisant fi des solutions concrètes, des mesures palpables, pour absorber le flux de réfugiés enregistrés sur le territoire et relancer durablement l’économie d’un micro-état comme la Satrapie, en perte d'indépendance sur tous les fronts : économique, énergétique et social. Des oeillères qui peuvent coûter cher et qui font l'effet d'un enfermement à domicile alors même que celui-ci apparaît en flammes à la vue de tout le quartier...
Haut de page