13/03/2013
19:01:27
Index du forum Continents Eurysie Kotios

Activités étrangères au Kotios

Voir fiche pays Voir sur la carte
388
Activités étrangères à Kotios

Ce topic est ouvert à tous les joueurs possédant un pays validé. Vous pouvez publier ici les RP concernant les activités menées par vos ressortissants à Kotios. Ceux-ci vous permettront d’accroître l'influence potentielle de votre pays sur les territoires locaux. Veillez toutefois à ce que vos écrits restent conformes au background développé par le joueur de Kotios, sinon quoi ils pourraient être invalidés.
8695
https://wallpapercave.com/wp/wp5798493.jpg

« Alors ils nous ont vraiment foutus à la porte, hein ? Ces francisquiens. Surprenant.
– Pas vraiment. S'ont en guerre. Veulent pas que le Kah leur demande des comptes si une ogive Nhorroise nous ramasse la gueule. Dites-voir, citoyenne Zaïd, vous ne voudriez pas qu'une ogive vous refasse le maquillage, non ?
– Sans façon. »

Il y eut des rires aimables. Le citoyen Dölls acquiesça.

– En théorie ils ont raison. Nous étions là pour nous enquérir de l'état de leurs institutions en prévision d'un achat de matériel militaire. Ils ne veulent plus acheter d'armes, donc notre mission se termine. Maintenant, en pratique, ils savent pertinemment ce qu'ils font.
– Et que font-ils, citoyen ?
– Ils se couvrent.
– Bah ! »

On les avait chassés. Foutu à la porte, en termes simples. C'était en tout cas comme ça que l'avait expliqué les la part la plus vindicative des envoyés kah-tanais sur le sol de l'Empire Latin Francisquien. Les autres se montraient plus compréhensifs. C'est qu'en fait, tout s'était passé très vite. Trop vite pour qu'on comprenne vraiment la situation. A peine le temps d'arriver, de faire quelques notes préliminaires, d'organiser des rendez-vous avec des sommités de la société civile, du monde politique, d’entamer un plan pour efficacement visiter les usines, villes, lieux culturels, politiques, que l'armée les avait saisies et, sans ménagement ni explication superflus, foutu à la porte. On s'y était d'ailleurs pris comme des voleurs : en les rassemblant de nuit, sur un quai, à faire des appels de phare – littéralement de phare – au vaisseau qui les attendait dans les eaux internationales ; Ce n'est que plus tard qu'ils avaient compris : le pays était en guerre. D'accord. C'était très logique. On les chassait pour éviter les déconvenues avec l'Union. Sept envoyés qui disparaissent dans un bombardement, ç'aurait foutu un bordel monstre.

Pour les envoyés il y avait eut un moment de confusion. Que faire ? Qu'en pensait le Kah ? Eh bien le Kah n'en pensait pas grand-chose. Du moins, le parlement s'était dit très soulagé de la bonne santé de ses délégués, dont on avait vraiment eu peur pour la vie avec l'entrée en guerre. Et après ça ? Rien. On avait simplement indiqué aux braves gens de la mission d'enquête ce qu'ils savaient déjà : leurs sept collègues étaient à Kotios, et Kotios était devenue indépendante depuis peu. Bon. Eh bien allons-y pour Kotios, alors. Après tout ils avaient encore quelques jours de mission à remplir, et s'ils ne pouvaient pas observer les institutions pourrissantes d'un vieil empire, peut-être pourraient-ils observer les institutions revigorées d'une jeune commune ? Le temps du trajet vers le port anarchiste, le plan avait été communiqué au Comité de Volonté Publique, qui l'avait à son tour communiqué aux communes, qui l'avaient approuvée pour la plupart – les autres ne s'étaient pas prononcées. Alors voilà. Kotios. Durée de la mission ? Indéterminée. Qu'y faire ? Rien ? Observer ? Servir d'intermédiaire, probablement. Dans les faits ils étaient là en tant que "citoyens du Kah en mission". Ce qui voulait dire qu'on allait potentiellement finir par leur refiler quelques opérations officielles, mais que pour l'heure, ils pouvaient bien faire ce qu'ils voulaient.

Arrivés à Kotios, les sept n'eurent aucune difficulté à repérer le Grandeur & Douleur, seul navire amarré au port industriel à être doté d'un si joli dirigeable, et entra en communication avec ce dernier pour le mettre au courant des dernières avancées. Les retrouvailles entre les deux délégations furent chaleureuses et soulagées, les uns comme les autres avaient beaucoup à se dire près une séparation pourtant bien courte. On décida de le faire à terre, plutôt que dans les intérieurs quelque peu spartiates des transports du Kah.

Ainsi ils s'étaient rassemblés dans un petit café, le Latium, qui réussissait à servir une espèce de bière locale pas entièrement impropre à la consommation. Un genre de miracle, considérant le passé isolationniste de l'empire, le blocus de kotios et le fait qu'en toute logique, la situation internationale aurait plutôt dû inciter les restaurateurs à économiser leur fonds de commerce. Mais la question de l'économie n'était pas vraiment traitée. Ce fut par conséquence une véritable fixation pour Xuecot Arthem. Sans trop de surprise, de la part d'un envoyé du commissariat à la planification, venu en ELF pour étudier son aspect économique et frustré dans ses ambitions par le renvoi de la délégation. Le moment de régler l'addition avait été, pour lui, un exemple frappant qui l'avait convaincu qu'il était nécessaire de rapidement prendre d'assaut le parlement – métaphoriquement – pour porte ce problème e-ssen-tiel à l'oreille de la population. En effet : la monnaie du Kah… Ne valait pas grand-chose à Kotios. C'était bien simple il n'y avait pas le moindre bureau de change, du fait de la nature isolationniste de l'empire. Et s'il y avait bien des banques – y compris quelques banques commerciales – elles avaient été réquisitionnées, donc coupées de leurs maisons mères impériales, donc de leurs fonds. En bref des banques sans fonds, qui tournaient à vide et n'allaient pas tarder à manquer de monnaie. Or on ne pouvait pas imprimer de la monnaie sur place faute de matériel. Et rien n'indiquait que les institutions bancaires lui apporteraient la moindre valeur si on arrivait à le faire, sans parler du fait que la question de la valeur de cette monnaie serait de toute façon un enfer : sans étalon or il faudrait un taux arbitraire ou flottant, ce qui soulevait des monceaux de problématiques techniques... De façon très directe ça voulait dire que payer douze bières, deux verres d'eau plate et cinq chambres pour une semaine, avec des Devlib-kah n'allait tout simplement pas être possible. Il avait fallu commencer par négocier un troc – après tout les Kah-tanais avaient du matériel utile sur leurs navires, et pouvaient bien s'en débarrasser, puis on avait finalement convenu de signer une reconnaissance de dette basée sur la valeur des produits et services, en équivalent monnaie impériale d'avant l'indépendance. Dette qui serait ensuite remboursée en produits amenés par les convois d'aides économiques dépéchés la veille par l'Union. Seulement on ne faisait pas tourner une économie à la reconnaissance de dette. Ce système ne pouvait durer qu'un temps. Comme toute économiste, le citoyen Arthem était prompt à la pensée magique et au catastrophisme. Pour lui, la situation ne pouvait qu'empirer, amener à une apocalypse, une IMPLOSION comme il aimait l'exclamer.

Selon lui – et il était arrivé à obtenir l'adhésion d'une bonne part de ses camarades – il allait devenir nécessaire de recomposer – et très, très rapidement – un système financier structuré. Ou bien assumer la collectivisation totale, et se prendre un retour de feu radical de la part de la majorité silencieuse, elle qui avait observé la révolution avec un petit sourire mais qui, petite bourgeoise, n'allait pas tarder à se révéler problématique. Ou alors, situation intermédiaire, sonner l’État d'urgence. S'appuyer tant que nécessaire sur l'aide international le temps de s'accorder sur la forme que devrait prendre la restructuration. Pour reprendre les mots de la citoyenne Meredith « C'est une révolution de pirates, de mécontents sans éducation politique et de grévistes. Un terreau d'excellence mais dénué d'expertise ». C'est qu'on pouvait difficilement compter sur la bourgeoisie – qui avait monopolisé l'éducation au sein du pays – pour rester à Kotios et participer à la grande aventure. Il y en avait encore quelques-uns, qui n'avaient pas eu le courage ou le besoin de fuir, se disaient sans doute que tout irait mieux ou croyaient à un genre de compromis libéral. Mais ils finiraient pas s'exiler. Inévitablement. Et on ne formait pas des experts en trois mois. Encore moins au sein d'une population qu'on avait pas du tout habituée à ces pratiques, qu'on avait empêché d'acquérir la moindre culture technique, mathématique, politique. L'horizontalité se mettrait en place, mais pas instantanément.

Alors quoi ? Sans changement, la fin de tout. Des enfants avec des armes. Une révolution trop directe et brusque pour avoir eu le temps de former ses fils et filles à l'après. Une prise de pouvoir par erreur. Par accident. On avait trébuché sur le succès. Si le gouvernement Impérial n'était pas si notoirement incompétent on aurait pu croire à un coup de génie visant à laisser l'anarchie s'écrouler sous le poids de ses propres contradiction. Un coup de maître ! Échec et mat !

C'était sans compter sur les Kah-tanais. Ce qui avait commencé comme une discussion animée sur la Révolution avait créé une vocation.

Oui. Cette révolution avait besoin… D'aide. Tout simplement. Et loin de l'idéal milicien un peu absurde et difficilement romantique des pirates. Ces brutes militaires aux mauvais relents de militarisme immature. Demander à des pirates de diriger une république c'était prendre le risque d'assurer la main-mise de cette mafia de quelques-uns, d'une loi du plus fort darwiniste. D'un système sale, qui cracherait sur l'Idée et l'Honneur d'une Révolution. Il fallait…

Structurer.

Éduquer.

Créer.

Et par chance le Kah avait dépêché quatorze de ses plus grands experts en tout. Venus observer, c'est vrai, mais…

Ils étaient des citoyens en mission. On ne les empêcherait pas de faire le nécessaire.

Alors ils en firent le serment, s'accordèrent pour annoncer leur décision à la métropole dès le lendemain, et se surnommèrent – dans un mauvais élan humoristique sans doute provoqué par l'excitation du moment – le Club du Salut Public de Kotios (ce qui fit profondément grincer des dents la citoyenne Meredith, on supposa ensuite que l'idée même du nom visait à agacer la grande imperturbable). Pas encore élus, pas désireux de l'être, mais qui feraient tout le nécessaire pour exporter le seul système libertaire qui avait jamais fonctionné sans sombrer dans l'autoritarisme ou le marasme.

Celui de l'Union du Grand-Kah.

Et merde à quiconque tenterait de les empêcher de soutenir cette ville.

https://youtu.be/DhUieLpc16A
2625
RÉCIT
Genèse d'une révolte


Révolte manifestation Kotios

« On n'avait pas pris les armes pour faire triompher une certaine conception de la société, mais... »


Libération. La foule, en liesse, pouvait désormais savourer quelques instants de liberté après les difficiles mois passés sous la tutelle militariste et dictatoriale des autorités impériales. Les troupes francisquiennes avaient déserté la ville, au profit d'un chaos généralisé auquel l'autoproclamée Assemblée populaire tentait tant bien que mal de répondre. Les réseaux de résistance, déjà en place, avaient saisi l'opportunité pour mettre en place le fameux ordre alternatif, calmant rapidement les émeutiers trop bruyants au profit d'une anarchie maîtrisée. Curieuse situation : des drapeaux anarchistes flottaient dans les rues, des manifestations contre l'ordre passé semblaient donner lieu à des cohortes du chaos.

Dans cette situation post-mitose, le corps biologique en décomposition était entré en renaissance. Çà et là, on tentait de contenir une joie chaotique pour maintenir un semblant de calme dans ce désordre. Mais le plus important ne se déroulait pas dans les rues : les manifestants, les militants et autres batteurs de pavés se calmeront suffisamment rapidement. Une impression de puissance générale s'estompera également : si l'autorité communale semblait se revendiquer vaguement de l'anarchisme, la prédation darwinienne ne saurait être tolérée trop longtemps par la future force de coercition qui régira la ville à l'avenir. Mais pour l'instant, l'autorité politique elle-même était en gestation.

Dans les salles mobilisées par les nouveaux tribuns du peuple, ou du moins représentants autoproclamés de celui-ci dans un effort de démocratie représentative, ces derniers tentent tant bien que mal de tracer les grandes lignes de ce que sera - ou ne sera pas - la Commune de Kotios. Entre les discussions, des joutes verbales : tous ne sont pas partisans du minarchisme ou du libertarianisme exacerbé prôné par une partie de l'hémicycle. Une seule chose reste sûre : les soutiens de l'Empire francisquien se font rare dans la nouvelle Assemblée, au point d'être une minorité certes importante mais quand même en infériorité par des partisans plus nombreux de la liberté nouvellement acquise.

Entre autres enjeux débattus par les tribuns, la direction à suivre, tant par les autorités économiques que politiques. Kotios sera-t-elle une ville ouverte, véritable nid d'espions et épicentre des jeux d'influence régionaux comme internationaux ? La Commune sera-t-elle un laboratoire d'essai de politiques économiques inédites, allant du tout-étatique à l'anarchie économique libertarienne ? Si le nouvellement baptisé « Parti de la Libération » est une coalition d'un temps entre diverses factions soutenant l'indépendance de la cité désormais État, rien n'est dit sur l'avenir d'une formation politique qui peine à donner une ligne précise tant à la Commune qu'à ses propres tribuns, toujours plus nombreux à quitter les rangs du groupe parlementaire.
11294
Kotios, un hôtel particulier de centre-ville

https://www.zupimages.net/up/21/20/snnp.jpg


- « Aux audacieux, rien d’impossible ! »
- « Rien n’est plus puissant qu’une idée dont l’heure est venue ! »
- « Un petit groupe très déterminé peut suffire à changer le monde ! »
- « Vive Kotios ! Vive la Commune ! Vive la Fraternité ! »

On avait pas mal bu ce soir là dans le quartier général du Parti de la Libération, fallait dire que les derniers jours avaient été un sacré bordel, de boulot et de stress. La prise de Kotios avait beau au final s’être faite sans trop de violences, ça avait quand même un peu tiré dans les rues ici où là et faute de savoir comment les choses allaient se dérouler, la Fraternité et les groupes de citoyens armés qu’elle avait constitué dans l’urgence s’étaient retrouvé à courir dans tous les sens pour sécuriser les rues, les quartiers et bientôt les frontières de Kotios. C’est grand une ville de cinq-cents mille habitants, on a beau le savoir, quand il faut la traverser de part en part, mitraillette à bout de bras, c’est épuisant pour les muscles et aussi pour les nerfs.
Finalement, tout s’était relativement bien passé. L’Assemblée Populaire, qui ne comptait pas encore ses milles sièges à ce moment-là, avait voté dans l’urgence l’appel à l’aide international auquel un grand nombre de pays, dont des puissances régionales, avaient répondues favorablement. Même la République de Makt où la Fraternité était pourtant recherchée, et plus surprenant encore l’Empire Démocratique Latin Francisquien lui-même quelques jours plus tard. En somme, l’opération était une réussite politique en tout point, restait maintenant à rapidement la concrétiser en succès économique s’ils ne voulaient pas mourir de faim d’ici le mois prochain.

Heureusement pour ça, ils avaient d’autres types d’alliés. Les Izcaliens dans un premier temps qui avaient aidé à la prise de Kotios, et puis la Merenelävät, bien sûr, et ses vastes réseaux de contrebande. Evidemment, on ne nourrissait pas plus de six-cent mille individus avec de la nourriture passée sous le manteau, même si la Coopérative travaillait – leur disait-elle – d’arrache-pied pour reconstituer ses filiales d’avant le blocage complet de Kotios par l’Empire, restait que tout cela allait prendre un peu de temps et qu’il fallait prendre garde à ne pas manquer. Bien que pour la plupart ravis d’avoir enfin échappé à l’Empire, la conscience politique des citoyens de Kotios ne ferait pas long-feu dès l’ors que leurs ventres seraient vides, personne n’en doutait. Une politisation express n’était pas de taille à lutter face aux affres d’une famine généralisée. Du coup, après l’organisation des défenses militaires, la Fraternité avait passé ses nuits à prendre contact avec tout un tas de gens qui leurs devaient des services dans les mers du Nord, mais également à rationner et inventoriser les réserves de la ville pour lui permettre de passer sans trop de heurts cette période de transition vers la démocratie, l’opulence et, ils n’en doutaient pas, le paradis socialiste.

Alors que de nouveaux alliés apparaissaient, mais souvent généreux comme le Grand Kah et la Sérénissime République de Fortuna qui avaient proposés de fournir la ville en nourriture, et d’autres qui proposaient un abaissement des droits de douanes bienvenue, la Merenelävät de son côté assurait le soutien discret mais soutenu de la première puissance économique de la région : le Pharois Syndikaali, liés par le pacte officieux des états-généraux de la piraterie.

De fait, sous cet aspect aussi, les choses semblaient s’arranger. Et si la Fraternité ne relâchait pas sa vigilance y compris vis-à-vis de ses nouveaux alliés dont elle scrutait d’un œil suspicieux l’enthousiasme opportuniste de leurs déclarations, il fallait bien reconnaitre que cette révolution pouvait clairement être qualifiée « de velours » tant elle s’était faite en douceur.

C’était certainement ce qui expliquait ce rassemblement de cadres kotioites et de membres de la Fraternité au QG du Parti de la Libération ce soir-là, fêtant avec soulagement un premier relâchement dans les longues journées de travail soutenu qu’ils avaient vécu ces derniers temps. Le Parti s’était arrogé un hôtel particulier juste en face l’ancien palais royal de Kotios, désormais attribué à l’Assemblée Populaire, un bâtiment historique mais néanmoins luxueux dans le style traditionnel de l’Empire où elle avait pu installer ses bureaux après la fuite du propriétaire. Non comptant d’être située stratégiquement face aux organes décisionnaires du nouveau pouvoir de la Commune, il avait l’intérêt de bénéficier d’un vaste réseau de cadre qu’on parlait déjà d’agrandir et qui auraient leur utilité en cas de bombardement ou d’activités moins licites. De fait, on y avait pour l’heure enfermé deux types, officiellement morts tués dans les quelques affrontements qui avaient émaillé les premières heures de la révolution. Les gars posaient problèmes, c’était des trafiquants de stupéfiants qui avaient à leur botte un petit réseau de dealers locaux et que la Fraternité avait jugé plus prudent de décapiter rapidement pour éviter la naissance d’un marché noir à l’intérieur de son marché noir. Ayant l’habitude des réseaux clandestins, elle savait s’y prendre pour les monter comme pour les mettre à bas et envoyé une dizaine de types armés défoncer les portes de ces magnats du cannabis, tirés hors de leurs lits et ramenés sans formalités au QG où ils croupissaient depuis en attendant qu’on décide de leur sort. Les autres dealers avaient été informés que leurs chefs étaient morts désormais, et qu’ils pouvaient livrer leurs stocks ou subir le même sort. Ca n’avait heureusement pas trop moufté.

Bien que fervent révolutionnaire, le camarade Marius, un francisquien syndiqué qui avait appelé le peuple à prendre les armes, n’en était pas moins novice pour ces choses là et la Fraternité se faisait un devoir d’assurer ses arrières… et de piloter ses décisions lorsque cela devenait nécessaire, afin de se gagner la loyauté des locaux en mettant en avant l’un des leurs. Marius n’était pas complètement imbécile, il se doutait bien que la Fraternité se servait de lui autant qu’il se servait d’elle, mais comme au fond ils partageaient les mêmes aspirations libertaires, cela lui convenait et en plus il évitait de se salir les mains et la conscience en laissant certaines décisions difficiles à prendre à ses nouveaux amis.
Aussi pouvait-il se saouler la gueule et chanter des chants révolutionnaire l’âme en paix, sans se douter une seule seconde du travail de purge qui avait déjà doucement commencé juste sous ses pieds. Les dealers étaient le danger le plus immédiat, mais personne chez les anarchistes n’était dupe qu’il faudrait bientôt passer à la vitesse supérieure, avec l’approbation populaire si possible. Sinon on s’en passerait. Parfois, il fallait que certains meurent pour que vive la Commune.

- « Marius, suis moi mon ami. »

Une main posée sur l’épaule du francisquien, il reconnu le camarade Oiva, l’un des anarchistes pharois de la Fraternité. Déjà un peu ivre et grisé par la fête, Marius commença par se demander si Oiva ne souhaitait pas lui proposer de se rouler quelque chose en sa compagnie, joint ou pelle, il ne disait pas non, le cœur était à la liberté. Toutefois, l’air étonnement sérieux de celui qui, quelques minutes plus tôt chantait encore à tue-tête « la bite à l’Impératrice » et « les communistes sont des commutristes » lui fit comprendre que se jouait visiblement là quelque chose d’un peu moins frivole.

En silence, il hocha la tête et lui emboîta le pas, quittant la fête. Passé quelques portes, le bruit de la musique et des rires avait disparu, remplacé par le silence morne de grand bâtiment vide, seulement troublé parfois par les pas d’un garde en faction devant une entrée stratégique. Oiva descendit deux étages et Marius commençait à croire qu’il allait l’emmener dehors lorsqu’il poussa le double-battant d’un petit salon. Assis sur un canapé, en présence d’un autre membre de la Fraternité qui semblait mécontent, une femme, plutôt âgée, vêtue d’un tailleurs serré et d’un chignon stricte, consultait un petit ordinateur de poche posé sur ses genoux. Quand il entra, elle releva la tête et fixa Marius sans rien laisser voir de ses sentiments.

- « Marius, faut qu’on te présente quelqu’un. » dit Oiva en l’invitant à s’asseoir.

La femme hocha la tête en guise de salutation et l’anarchiste poursuivit : « Voici Espoir, la représentante de la Merenelävät à Kotios. »

Marius lui rendit son salut de la tête.

- « Enchanté. »

Bien sûr il connaissait la Merenelävät, au moins de nom, il avait compris qu’on lui devait un paquet de coups de mains en tous genre, aides financières, dons d’armes, rachats d’entreprises locales avant la révolution pour préparer le terrain. Une espèce d’ange bienfaiteur qui aurait veillé sur toute cette opération depuis le début, si on se fiait aux rumeurs, n’empêche que personne ne faisait jamais rien gratuitement et retrouver une représentante de la Coopérative là, dans son salon, confirmait à Marius qu’il était temps de passer à la caisse.
Le concernant, il avait encore un fond de naïveté révolutionnaire qui le poussait à croire que la libération de Kotios avait été menée par le peuple et pour le peuple, suite aux privations et brimades de l’Empire et qu’ils ne devaient rien à personne, qu’ils avaient forgé leur destin eux-mêmes. La Fraternité s’était montré beaucoup plus réaliste. On pouvait commettre beaucoup d’exactions au nom de l’anarchie, même les sociaux-démocrates n’étaient pas à l’abri, mais s’il y avait bien une règle que tous les pirates du Syndikaali connaissait c’était qu’on ne touchait jamais à la Merenelävät. Sous aucun prétexte. C’était un coup à se voir couper absolument tous les robinets, déclaré persona non grata dans la moitié des ports des mers du nord, se faire systématiquement emmerder par toutes les autorités possibles et encore plus probablement liquider dans une ruelle alors qu’on était simplement sorti pisser. Les contrebandiers et pirates pharois se reposaient tous sur ce grand réseau officieux qu’avait tissé la Merenelävät au cours des deux derniers siècles, s’en affranchir était un suicide économique et littéral.

- « Je suppose que vous êtes ici pour toucher votre part des bénéfices de la prise de Kotios ? » demanda Marius, sans parvenir à cacher la légère touche d’amertume qui pointait dans sa voix.

L’autre en face n’eut pas un sourire.

- « C’est exact monsieur Marius. Une dette incalculable vous lie à nous désormais. »

Marius n’aimait pas ça. Pire, aucun des deux hommes de la Fraternité ne semblait renâcler aux paroles de la femme. Vous parlez d’anarchistes…

- « Bien, mais vous savez que nous sommes à peine en train de nous constituer en entité politique, il nous faudra du temps pour commencer à dégager des fonds, la priorité va aux habi... »

Elle le coupa.

- « Nous ne parlons pas d’une rétribution financière monsieur Marius, mais politique. Vous vous êtes engagés sur la voie de la démocratie et je ne peux que saluer cela, néanmoins je veux qu’il soit bien clair qu’au-delà de toutes les décisions que vous pourriez prendre à Kotios, aucune ne doit venir troubler la bonne organisation de nos affaires. »

Il ne répondit rien, n’étant pas certain de tout à fait comprendre, aussi continua-t-elle.

- « La Merenelävät ne manque pas de fonds, mais de pouvoir. Nous nous ancrons territorialement partout ou cela est possible et inféodons les ports des mers du Nord à notre autorité. Monsieur Marius, vous avez une influence considérable sur les citoyens de cette ville, et pour l’heure c’est vous et nos amis de la Fraternité qui en contrôlez les forces militaires et de police. Nous voulons vous confirmer dans ces fonctions et nous assurer de la postérité politique de votre mouvement. Le seul prix que nous exigeons est la soumission complète et inconditionnelle de votre future administration à nos agents. »

Marius failli s’étouffer.

- « Et ça veut dire quoi ça ? L’anarchie ne plie pas devant une société privée... ! »
- « Une coopérative, monsieur Marius, et une coopérative qui vous veut du bien. Poursuivez votre expérience démocratique, faites de Kotios le laboratoire de la liberté au XXIème siècle et pour notre part, nous nous assurons de sa prospérité économique. Nous sommes les deux faces d’une même pièce. »

Et dans un geste théâtralement pédagogiquement, elle extirpa un sous de sa poche qu’elle envoya voler dans l’air, le laissant retomber dans la paume de sa main.

- « Tout comme une pièce ne tombe jamais que d’un côté, nos contacts resterons officieux et limités au maximum. Personne ne doit savoir que la Commune tire sa prospérité en partie de son marché noir, tout comme nous ne souhaitons pas que notre nom soit associé à la Fraternité et ses révolutions. C’est une situation où il n’y a que des gagnants, pourvu que chacun sache tenir son rôle, et sa langue. »
2113
16 août 2004, Devant l'hôpital de la Croix-blanche, Kotios.

façade de l'hôpital

Enfin au calme. Sur le banc qui se trouvait devant l'hopital de la Croix-blanche, Varian Rose se déléctait de sentir le vent doux de Kotios sur son visage, fermant les yeux pour mieux apprécier l'animation du quartier. De leur quartier. Ils avaient ramé pour en arriver là, et pas que métaphoriquement. Depuis cette nuit d'enfer où les forces paramilitaires de la famille Rose leur étaient tombées dessus jusqu'à leur débarquement bien accueilli avec 5 pétroliers dans le port de Kotios. Entre deux, ils s'étaient réfugiés dans le quartier de l'administration de Raxington provoquant un incident majeur entre le maire et un des patriarches, du jamais vu depuis 56 ans dans l'histoire de Raxington. L'issue en avait été leur condamnation à l'exil apr le tribunal de Raxington, une sanction qui s'était avérée pour la forme quand ils furent accueillis au port par un des exils les mieux fournis en matériel. Molly Harris avait détourné un bon quart des denrées annuelles du convoi Rose pour eux, et l'avait rassuré en lui disant: "T'inquiètes, c'est pas cette année que ça nous manquera." Ils avaient quitté Raxington avec ce sentiment de fin d'un monde, alors que les escarmouches entre anarcho-chrétiens et patriarches s'intensifiaient.

Puis, le silence, et un débat pour trouver une destination. Après des heures et des heures, ils en avaient conclu que s'ils voulaient éviter d'être traqués pour trahison, la meilleure destination était la ville de Kotios, qui venait de se libérer du joug francisiquien après des tractations pas claires de la part du Syndikalii. Un territoire comme ça ne pourrait pas les renvoyer aussi sec, surtout avec les ressources et le savoir-faire qu'ils apportaient, ils s'étaient dit. Et ils avaient eu raison. On les avait laissé acheter un pâté de maisons pas trop éloigné du centre-ville, et ils y avaient tout d'abord installé un dispensaire, avant d'en faire un vrai hôpital, véritable petite base d'où ils pourraient propager la bonne parole du seigneur.

-Qu'il soit loué. murmurait Varian. Qu'ils soit loué pour une installation avec tant de succès. Tout autour de lui, il pouvait voir les activités qui se mettaient en place de la part des membres de l'ordre qui n'étaient pas médecins. Le restaurant "L'air de Raxington" venait d'ouvrir en face de l'hôpital. Oui. Il allait y faire un tour. Après tout, pourquoi ne pas se rappeler de la métropole par ses bon côtés?
2101
https://nsa40.casimages.com/img/2021/05/10/210510081533496117.png

LE RAPPORT SUIVANT A ÉTÉ CLASSÉ

TOP SECRET

PAR ORDRE DE LA DIRECTION DE GAZNOV


AVERTISSEMENT

GAZNOV a écrit :
Note : Si vous ne possédez pas les autorisations requises pour visionner ce rapport, vous êtes dans l'illégalité. Seuls les hauts rangs de la société peuvent se permettre de consulter les fichiers concernant la construction des réseaux de gazoducs et ses potentiels risques, accidents et problèmes ou concernant les plans d'expansions de l'entreprise. Si un des rapports publiés est transmis au public, la direction de GAZNOV vous poursuivra en justice et vous risquez d'en payer les frais. Vous avez été prévenus.



17/08/2004 - Opération Kotios

Aux membres de la haute-administration de GAZNOV,


En tant que directeur du programme d'expansion de l'entreprise, je me dois de vous rapporter nos recherches pour une optimisation de la "conquête" du monde par l'entreprise. Egalement de vous conseiller. Il n'est pas sans savoir que le monde est rempli de pays avec des réglementations qui freinent les sociétés, et la richesse personnelle, dont la nôtre. Il est donc crucial de s'intégrer en politique. Vous l'avez peut être remarqué, ce rapport vous incitera à prendre des mesures politiques, et pas n'importe où. Nous avons trouvé un endroit qui peut rapidement devenir un paradis, pour GAZNOV, et d'autres entreprises. Cet endroit, où plutôt, cette ville, c'est Kotios.

Kotios s'est séparée de l'Empire Latin Franc (un pays qui refuse l'implantation de notre entreprise de part son protectionnisme et son isolationnisme). Vous allez me dire, "et alors ? Ce n'est même pas un vrai pays, une sorte de commune, anarcho-syndicaliste en plus !", oui, pour l'instant... En effet, Kotios est un lieu d'influence pour les différents états nations dans le monde, pourquoi pas une entreprise privée ? Nous pourrions, grâce à des agents, de faire du copinage politique, augmenter notre influence dans la ville, payer des agents pour qu'ils fondent un parti dans l'assemblée populaire, et en créer un qui sera bénéfique pour l'entreprise. Je vous l'admets, on ne pourra pas passer d'anarcho-syndicaliste à libéral. Mais, pour rester dans de l'anarchisme, on pourrait mettre en place un parti anarcho-capitaliste ! Il nous faut cette ville pour un contrôle total de la mer du nord. C'est le début de notre expansionnisme politique à grande échelle, ne ratons pas l'opportunité.

Directeur du programme d'expansion de la société


FIN DE RAPPORT
2813
RÉCIT
Genèse d'une révolte

17/08/2004

Logo du BRP

Le logo du projet de nouveau groupe politique porté par des parlementaires.


La libération était un fait. À vrai dire, tout prenait un goût de libération : les gens batifolent dans les rues, après des semaines à battre le pavé ou à rester cloîtré chez soi. On a même nommé un groupe parlementaire au nom de cette fameuse libération : de quoi interroger sur la ligne d'un parti qui ne saurait être le seul réceptacle de cet esprit de renaissance politique et sociale de la ville de Kotios. Si partout, dans les murs, jusqu'au nom de la ville, les impériaux sont encore présents, la question de leur départ ne se pose plus ; celui-ci est acté. L'Assemblée populaire en est devenue la preuve vivante : rassemblée à l'occasion de scrutins organisés sous la houlette d'une garde communale bricolée par quelques hiérarques, elle était le fait accompli même.

Mais si la souveraineté populaire était actée, elle restait encore à défendre. Les nombreuses mobilisations, ayant mené l'Empire francisquien à prendre des mesures drastiques pour rétablir un semblant d'ordre factieux dans la cité avant de l'abandonner à ses propres ouailles désormais apatrides, étaient autant de traces d'une influence étrangère forte qui avait su recueillir la contestation populaire là où l'Empire continuait de tambouriner sourdement sur les murs de la cité afin de la convertir au dogme autoritaire. Mais rien ne retient un peuple quand il s'agit de liberté : l'Empire francisquien renonce carrément à sa souveraineté sur la ville et ses environs directs. Une première dans l'histoire de la Nation : comment une autorité peut-elle abandonner sa souveraineté ?

Mais le départ impérial n'est pas vu comme une trahison par les francisquiens ; au contraire, il est accueilli comme une libération. Pourtant, la Nation reste en deuil : le peuple de Kotios reste à la merci de ses propres décisions, sans réel corpus idéel pour s'armer et s'unir. Mais les propositions ne manquent pas : des clubs d'intellectuels ont su remuer les bas-fonds de la société pour réunir électeurs, idées et candidats pour forger une destinée manifeste à ce qui n'est pour l'instant qu'une cité-État. D'une part, la flamme de la monarchie impériale s'étant éteinte pour la plupart des citoyens, la République paraissait une évidence pour bon nombre d'entre eux : le but de la démocratie nouvellement installée ne pouvait qu'être le bien commun.

Pour une partie des citoyens et des intellectuels, ce bien commun ne pouvait passer que par la défense du républicanisme et de ses pendants ; l'engagement assidu de l'Église aux côtés de l'Empire francisquien avait rendu celle-ci traître à la Nation et, par conséquent, à dépouiller de toute influence excédentaire. Mais là où la gauche anticléricale rêve en réalité de libertarianisme et de libéralisme, les radicaux de droite doivent se tailler un destin dans la croupe de la République pour initier une voie vers la liberté sous la férule de l'État stratège ; une position sur laquelle ils retrouvent les sociaux-conservateurs, partisans d'un patriotisme économique fort au service de la construction nationale. Le projet du Bloc prend forme dans les idées fertiles de la souveraineté populaire, du culte de la Raison et de l'amour de la patrie nôtre.
2256
Libre Entente

Le parti Libre Entente avait fait ses premiers pas dans l’arène politique de Kotios, avec pour objectif de la libérer du joug d’un empereur qui pensait mieux que les autres ce dont avait besoin son peuple, en l’enfermant dans comme des animaux de zoos… ou bien en pointant du doigt leurs idées incompatibles avec l’intérêt de l’Empire. Les libertariens de Libre Entente avaient des liens profonds avec le Pavillon de l’Albastre, qui avait dû faire une alliance de fait avec les pirates pharois pour mettre la Francisquie à genoux, mais désormais, c’était chacun pour soi et la première proposition de loi dite « souveraineté et liberté » n’était pas de nature à les rassurer, surtout eu égard à la position hégémonique du Parti de la Libération à l’Assemblée Populaire de Kotios, qui disposait à lui seul de la majorité absolue, sans compter ses divers potentiels alliés de l’extrême gauche.

L’article 1 était un aveu de faiblesse… Plutôt que de lutter contre le fascisme sur le plan des idées, on le faisait via la censure légale. Comme si l’idée d’avoir retrouvé une liberté n’était pas un argument suffisant pour éviter que les électeurs ne reviennent dans les bras de l’empereur. Rien ne serait pire que des fascistes bâillonnés qui jouent une campagne de victimisation. Pour Libre Entente, le fascisme est une opinion. Une opinion de décérébré, mais une opinion tout aussi respectable que les gens qui aiment manger de la réglisse ou des litchis. C’est difficilement compréhensible mais ça existe et il faut faire avec, ne pas chercher à bannir à tout prix.

L’article 2 alinéa A a les mêmes défauts : si les citoyens sont suffisamment libres et éclairés, ils feront tout pour éloigner les ingérences étrangères et préserver leur bien commun. Et s’ils éprouvent le désir d’être à la merci d’un autre pays, alors ce choix doit être respecté. L’indépendance du pays ne sera pas garantie par la force de la loi coercitive.

L’article 3 ne garantit pas l’indépendance de l’armée, même soumise à un contrôle démocratique, car elle serait regroupée sous une seule autorité. Si Libre Entente soutient le modèle fédéral, le parti estime que l’armée doit être composée de forces composites et plurielle, qui peuvent être soumises à une seule entité pour des raisons opérationnelles, mais seulement pour des missions précises et avec leur consentement. Ces forces militaires doivent pouvoir s’organiser librement en interne.

Libre Entente soutiendra néanmoins l’article 4 sur l’autodéfense, considérant que le port d’une arme est un droit inaliénable.
1834
La proposition de loi

Ce n'était pas un secret que derrière le parti de la Libération avec plus de 40% de soutien, le parti du peuple arrivait juste derrière avec environ 25% et pour eux la proposition de loi faites par le parti de la libération était absurde et anti-démocratique. Certes, certains articles garantissent la liberté mais pour d'autre articles comme le premier cela s'apparentait clairement à une tentative de putsch. Si tout le monde ne peut pas s'exprimer, sur quoi se base la commune? Quand tous les Kotioïtes ont pu s'exprimer pour gagner leur indépendance, n'était-ce pas une victoire? Sous un faux prétexte qu'ils menaceraient soi-disant la prospérité de la commune ils voudraient museler l'opposition? Est-ce que bientôt ce sera notre tour à tous? Le débat et l'expression des arguments de chacun est le coeur même de la démocratie et ce sont les fondements de la commune de Kotios, ce pour quoi nous nous sommes battus et le sacrifice de beaucoup trop de Kotioïtes ne peut être remercié ainsi si ce n'est pour dire que c'est une offense à leur sacrifice. Nous nous sommes battus pour la liberté de parole contre les tyrans, d'autres ne pourront pas nous la reprendre! Le pire des articles n'est pas celui mais bien celui qui concerne les officiers et les généraux! Des mandats? Pour des militaires? Nous remercierons donc ainsi ceux qui ont menés la commune de Kotios à la victoire? Comment est-ce que le parti pour la libération peut oser insinuer qu'ils tenteront un coup de force si ils ne sont pas élus alors que ce sont eux qui ont fait un coup de force contre l'empire et se sont battus chaque jour face à 18 millions de francisquiens prêts à leurs faire la peau ainsi que leurs supérieurs tyrannique et leurs postes qu'ils ont désertés! Ils sont nos sauveurs et ont démontrés leurs compétences, nous ne pouvons tolérer une telle injustice sans compter la désorganisation des soldats! Si il change d'un jour à l'autre d'officiers en sachant pertinemment que chaque officiers n'utilisent pas les mêmes méthodes pour diriger, comment les soldats comprendront-ils comment se comporter? Comment s'organiser avec une organisation revue tous les deux ans?
3215
COMMUNIQUÉ
De la proposition de loi « Souveraineté et Liberté »

18/08/2004

Logo du BRP

Les 38 députés du Bloc des Républicains sociaux, Radicaux et Patriotes ont pris compte de la proposition de loi du Parti de la Libération intitulée « Souveraineté et Liberté ». Après délibération, il apparaît clair que le flou juridique délibérément entretenu sur certaines notions essentielles présentes dans le texte proposé est une menace pour le bon déroulement de notre nouvelle démocratie. Si le principe du texte, à savoir de meilleures garanties pour la souveraineté nationale et les libertés publiques, est vivement salué par les représentants élus du BRP, il apparaît que le contenu du texte diverge radicalement des deux notions de souveraineté et de liberté.

Tout d'abord, l'article premier de la proposition de loi constitue un obstacle clair à la liberté d'expression politique. Si le fascisme représente un danger clair pour notre démocratie, en aucun cas nous ne pouvons laisser les députés du Parti de la Libération associer le nationalisme au fascisme et mettre ainsi en péril le fragile équilibre démocratique. Si le fascisme est facilement définissable et doit être vaincu sur le plan des idées comme dans les urnes, le nationalisme demeure un principe relativement large et qui pourrait même, selon certaines définitions, recouvrir certaines de nos confrères députés de l'hémicycle - si ce n'est que la défense de la Nation figure parmi les éléments fondateurs de notre groupe parlementaire.

Les députés du BRP voteront contre l'article 1. Si la proposition de l'article 2 alinéa A semble pertinente, elle reste elle-même trop floue - comment le pouvoir législatif, s'il est sous l'emprise d'une majorité comme il l'est actuellement, pourrait-il nommer des juges sans que des accusations évidentes ne se multiplient ? Il n'est pas dans l'intérêt de notre fragile équilibre démocratique que de mettre en place une Terreur judiciaire à laquelle nous ne saurions mettre fin. Le BRP votera contre l'article 2 alinéa A. L'article 2 alinéa B est un point relativement intéressant : les membres du BRP sont favorables à la mise en place d'une Assemblée constituante et la rédaction de véritables lois fondamentales garantes de nos libertés et droits.

Les articles 3 alinéa A et alinéa B semblent être un excès de zèle démocratique de la part des députés du Parti de la Libération. Si la mise en place d'une force armée centralisée et républicaine sous le commandement de l'exécutif et du pouvoir législatif semble être une condition sine qua none à la réussite de notre entreprise démocratique et républicaine, la mise en place de scrutins internes aux forces armées, sur la base d'une éligibilité de deux ans, semble constituer une proposition hors-sol pouvant nuire à l'efficacité de nos troupes - quel expert militaire sérieux oserait remettre en doute les capacités militaires de certains membres de la hiérarchie militaire sur un simple principe démocratique ?

L'article 3 et ses deux alinéas sont donc votés contre par les membres du BRP. L'article 4 pose lui aussi question : est-il juste de mettre en place un obstacle au désarmement des uns, dans la mesure où les forces de l'ordre peuvent faire face à des sévices de la part de nos concitoyens mal intentionnés ? Dans le doute, les députés du BRP demandent des précisions de la part du Parti de la Libération mais se révèlent favorables à l'article 4. Globalement, les membres du Bloc relève l'activisme notable des propositions du Parti de la Libération et le manque évident de concertation ou d'expertise concernant certains sujets, dont la hiérarchie militaire ou la défense des libertés individuelles. Le BRP votera contre la proposition de loi, à charge de témoignage.
7562

______________________________________________________________________


18 août 2004 – Ville de Kotios

______________________________________________________________________

« Faucille, je présume ? »

L’homme releva son chapeau de feutre et leva les yeux de l’Echo de Kotios, le journal local. Ce n’était pas la meilleure feuille de choux de la région, mais au moins, on n’y lisait pas constamment des appels à l’insurrection. Cela le fatiguait de devoir faire semblant de lire « Le Bruit des Chaînes », le journal de l’Union, qui circulait dans les rues, surtout lorsqu’il prenait un café sur les docks.

« Et vous, vous êtes Orange Disco si je ne m’abuse.

- Tout juste. Ravie de vous rencontrer. »


Il lui tendit la main, mais elle venait de lui faire une légère courbette. Différence culturelle. Il avait oublié que son interlocutrice venait du Jashuria. Les gens ne se serraient pas la main là-bas. L’homme au chapeau de feutre la détailla de haut en bas. Elle était loin d’être vilaine, pour une Jashurienne … mais au vu du climat local et de la population de Kotios, la demoiselle faisait trop « exotique » pour son propre bien. L’été restait frais sur la côte eurysienne. Elle portait un pantalon noir large et un haut orange serré qui mettaient en valeur sa silhouette mince et ses cheveux noirs serrés en un chignon. Les Jashuriennes n’étaient pas réputées pour leurs carrures, mais plutôt pour la finesse de leurs traits. Sa main s’attarda quelques instants sur sa tasse à café tandis qu’il mémorisait chaque parcelle de son visage. Petite précaution rendue nécessaire au cas où il la perdrait.

« Asseyez-vous. Café ?

- Avec plaisir.

- Grains du Pharos ?

- Je vous demande pardon ? »


Elle n’avait qu’un très léger accent dans sa voix. Polyglotte ? Elle l’était sûrement. Contrairement aux gens de Kotios, les continentaux du Nazum apprenaient très vite à être à l’aise avec les langues. Son vocabulaire trahissait cependant un manque de pratique : trop protocolaire, trop formel. Mais Faucille estima qu’il ne faudrait pas longtemps à la jeune femme pour saisir les quelques subtilités de l’argot kotiosi.

« Des grains de café de Pharos. Les meilleurs que nous ayons ici. Non pas que nous ayons beaucoup de choix cependant …

- Je comprends. Dans ce cas, je prendrai cela.

- Fort bien. Garçon ! »


Un serveur à l’allure famélique et maussade apparut sur la terrasse. Il grommela quelques mots dans l’argot local tandis que Faucille lui commandait un nouveau café et en rajoutait sur son compte. Les cafés apparurent sur la petite table en formica quelques minutes plus tard, avec leur délicat fumet. Faucille s’alluma une cigarette et toussota.

« Cigarette ?

- Non merci. J'essaye d'arrêter.

- Vous faites bien. C’est compliqué d’en trouver en ce moment.

- Je vois … »


Les yeux de la Jashurienne n’arrêtaient pas de le détailler. Faucille était mal à l’aise, mais la cigarette l’aida à rester zen. Ces Jashuriens étaient toujours difficiles à cerner. Parfois trop joyeux, parfois trop analytiques, ils arboraient cette aura de mystère qu’il connaissait aux habitants du Nazum. Et puis … elle avait quel âge cette Orange Disco ? Difficile à dire … Pas de rides … mais elle n’avait pas l’air non plus de sortir de l’université. Il pesta intérieurement, frustré de ne pouvoir en savoir plus sur son invitée sans l’interroger. Il remarqua trop tard que la cendre de sa cigarette tombait sur son manteau gris et tenta de l’essuyer.

« Bordel de merde … »

Lorsqu’il releva les yeux vers Orange Disco, celle-ci avait déjà sorti son carnet de notes de son sac. Et bien … les hostilités avaient déjà commencé ? Était-elle pressée à ce point ? Elle griffonnait déjà dessus, avec un stylo plume vert avec application. Il haussa les épaules et déposa le bout de cendre qui commençait à nouveau à se décomposer dans le cendrier en verre qui trainait là. Le cri des mouettes dans le lointain remplissait alors l’air.

« Bon … commençons, mademoiselle « Orange Disco ». Je ne vous dirai pas « bienvenue à Kotios ». Vous avez sûrement compris à votre arrivée que les gens n’étaient pas des plus accueillants ici. Qu’on soit clair. La ville est une poudrière, qui peut exploser à tout moment. Vous êtes peut-être reporter, mais ici, les choses peuvent très vite évoluer et on ne pourra pas garantir votre sécurité. Afin de donner le change, vous travaillerez au journal « La Voix de Kotios », en tant que correspondante internationale. J’ai réussi à vous y trouver une place. Si les choses tournent mal, vous ne venez pas me voir, vous ne me connaissez pas et on ne s’est jamais vu. Vous sautez dans le premier avion ou le premier bateau. Je ne veux pas de votre mort sur la conscience. Ces conditions vous conviennent toujours ? »

La demoiselle acquiesça. C’était exactement ce qui avait été convenu en amont. Elle semblait ravie de voir que Faucille s’en était tenu à sa promesse. Il sortit alors de son manteau une liasse de documents.

« Pendant tout votre séjour, vous serez logée rue des Tisserands. La clef et l’adresse se trouvent dans l’enveloppe. Vous aurez aussi un document officiel, vous permettant d’accéder à certaines parties de la ville. Vous vous présenterez demain aux bureaux de la Voix de Kotios. C’est un bon journal, un peu trop centriste à mon goût, mais ce n’est pas bien important. Vous demanderez Mikaël Gorbanov : il sera votre « guide » pour tout ce qui relève du quotidien. »

- Bien compris. Et pour ce qui est des accès « spéciaux » que vous m’avez promis ?


- Ce n’est pas encore tout à fait prêt … Je vous ferai signe quand j’aurai de quoi vous faire entrer. Si vous voulez faire votre reportage dans de bonnes conditions, je ne peux pas risquer que vous vous fassiez prendre dans les bonnes autorisations. La situation est assez tendue. J’ai accepté de vous faire venir parce que j’en dois une à votre patron, mais n’abusez pas de ma gentillesse.

[/b]La Jashurienne resta de marbre. Elle n’avait pas fait tout ce chemin depuis Agartha pour se prendre ce genre de réflexions, mais elle se devait de garder la face. Son patron l’avait envoyée pour décrire avec précisions les transformations de cette cité-Etat aux confins du monde. Elle se devait de garder profil bas et de rester dans les petits papiers de ses contacts.

La demoiselle prit les papiers et les fourra dans son sac à main avant de savourer son café. Elle esquissa une grimace … Trop amer pour ses papilles.

[color=#1FBAFF]« Dites-moi … tant que nous sommes là … que pouvez-vous me dire sur la situation actuelle ? »

Difficile de perdre ses bonnes vieilles habitudes. La reporter ne perdait pas de temps pour comprendre dans quoi elle se fourrait. Faucille haussa un sourcil mais ne mit pas longtemps à répondre.

« Entre les grèves de l’Union, la circulation des armes et le manque de produits de première nécessité, pas grand-chose. Le Parti de la Libération est en train de s’effondrer car les différentes forces politiques se fractionnent, parce que ces foutus débiles sont pas fichus de trouver un terrain d’entente. Vous entendrez un peu partout des appels à la Liberté, à la Fraternité. N’y prêtez pas attention, sauf si vous voulez finir dépouillée par des Anarchistes et des Libertaires. Certains quartiers de Kotios sont encore bourrés de munitions et d’armes bien planqués dans les caves. Il parait que nous avons des espions étrangers qui cherchent à déstabiliser la ville aussi. Ca n’m’étonnerait même pas. Si vous voulez trouver un peu de positif, allez voir l’hôpital de la Croix Blanche. Ce sont des illuminés de l’EAU, mais au moins, ils savent recoudre des blessures. Nous avons aussi un autre problème. Il parait que l'aide humanitaire tarde à arriver ... pourtant, mes contacts m'ont dit que les navires et les avions contenant des médicaments, des fournitures et des vivres ont bien été livrés. Je parie qu'il y a quelqu'un qui se gave sur notre misère ... »

A mesure qu’Orange Disco notait ses dires, Faucille se sentit de plus en plus mal à l’aise. Il était vrai que la situation était électrique. Il était resté parce que Kotios était SA ville de cœur, celle qui l’avait vu naître et celle où il s’imaginait mourir. Mais il voulait mourir de vieillesse … pas criblé de balles.

La discussion dura plusieurs dizaines de minutes. Il ne voulait pas connaître son nom. Elle non plus. Utiliser des pseudonymes facilitait tout. Pas d’attachement, pas de sentiment, juste de l’information, rien que de l’information … et des échanges de services. Le monde du journalisme fonctionnait comme ça. Celui des reporters de guerre était des plus barbares, mais avait ses codes. On ne posait pas de questions délicates, on faisait profil bas et on tâchait d’en sortir vivant.

Lorsque la conversation fut terminée, les deux journalistes se séparèrent. Kotios était un terrain dangereux, mais le monde devait savoir ce qu’il s’y tramait. La journaliste jashurienne connue sous le nom d’Orange Disco se devait d’être sur la brèche. Elle allait commencer par s’intéresser à cette Union des Travailleurs … son premier point d’entrée.

______________________________________________________________________
7200
18 Août 2004,
Commune libre de Kotios,
Docks de la ville éponyme,


Du Pain et des Jeux

La Marine Marchande Fortunénenne a pris le large prestement après avoir été chargée de denrées acquises gracieusement par les grandes maisons patriciennes
La Marine Marchande Fortunénenne a pris le large prestement après avoir été chargée de denrées acquises gracieusement par les grandes maisons patriciennes


??? - Votre manque de confiance me consterne cher ami, la Marine Marchande Fortunéenne n'est jamais en retard ni en avance, elle arrive toujours à l'heure prévue.

Voilà les propos qui vinrent à sortir de la bouche d'un vieillard qui à première vue avait l'air tout à fait sympathique. Barbe, moustaches et favoris d'albâtre cerclant l'ensemble de son visage ayant subit de multiples affronts du temps étaient les caractéristiques principales qu'on reconnaissait à son physique. Ajoutant à cela des pupilles azuréennes qui rappelaient étrangement le ciel lorsqu'on se plongeait dedans et un large chapeau melon d'ébène trônant sur un crâne pour sa part dégarnie et nous avions là à peu de choses près le faciès d'Il Signore Montefelionne, Armarico Montefelionne pour être précis. Encastré dans une veste grisâtre laissant émerger ce qui semblait être un pull relativement imposant en laine d'une blancheur remarquable, il se tenait le long des docks droit comme un piquet en s'appuyant sur une large canne en bois, les deux mains sur le pommeau de cette dernière. Et à ses côtés, le maître des lieux, l'illustre champion de la paix et de l'ordre dans le port d'une cité qui menaçait à tout moment de descendre aux enfers dans un chaos que les esprits les plus dérangés auraient assurément du mal à imaginer les tenants et les aboutissants, du moins si ce n'était pas déjà le cas.

Armarico Montefelionne, l'interlocuteur Fortunéen
Armarico Montefelionne, l'interlocuteur Fortunéen

Le Capitaine Aleksanteri - J'vous ai déjà dis d'arrêter de m'appeler cher ami bordel.

Armarico Montefelionne -
Oh excusez moi ch... Capitaine. Un tic de langage. C'est comme la mauvaise herbe, vous avez beau la couper encore et encore, elle repousse toujours.

Le Capitaine Aleksanteri était ainsi l'interlocuteur du vieux Fortunéen, un de ces vieux briscard naviguant depuis plusieurs décennies dans les mers du nord, reconnu par ses pairs comme un meneur compétant avec une expérience des plus remarquable autant en navigation que en coordination de groupes assez conséquent. Et pour cause, bien au delà d'être un simple franc-tireur isolé au sein du vaste monde de la capitainerie des étendus d'eau nordique, il était l'une des têtes les plus illustres, du moins publiquement, de l'organisme connu sous le nom de "Fraternité des mers du nord", des terroristes aux yeux des uns et des défenseurs de la liberté pour d'autres. En soit, l'on pouvait résumer ceci et ce de façon tout à fait objective ni partisane comme un regroupement de pirates aux tendances anarchistes.


Le Capitaine Aleksanteri, illustre membre de la Fraternité des mers du nord
Le Capitaine Aleksanteri, illustre membre de la Fraternité des mers du nord

Pipe au bec, le capitaine avait selon toute vraisemblance bien besoin de faire évacuer la mauvaise humeur que l'on devinait l'alpaguer depuis désormais plusieurs heures au vue des traits pour le moins disgracieux qui composaient en l'état son faciès. Mais aussi très certainement de par quelques tâches rouges que les gens du savoir et de la médecine nommeraient à juste titre, sang, à plusieurs endroits de son imposant veston. Et tandis que tel des signaux de fumée, plusieurs bouffés de tabac s'envolaient vers d'autres plans d'existence dans une verticalité des plus effrayantes, l'interlocuteur Fortunéen arqua un sourcil.


Armarico Montefelionne - La nuit a encore été courte hein Capitaine ?

Le pirate laissa échapper un grognement d'irritation caractéristique tandis qu'il tournait la tête vers l'une des ruelles descendantes en provenance de la ville, adressant à quelques badauds fort suspect un sinistre regard.

Le Capitaine Aleksanteri - Toujours les mêmes enfants de putain qui ne sont pas foutus de comprendre qu'il y a un strict minimum de règles à avoir ici.

Le Fortunéen haussa les épaules, reportant son regard vers l'horizon quelques secondes avant de le déporter sur l'une des poches de son veston d'où il sorti une montre à gousset en argent. Les aiguilles avançaient de bon train sur cette dernière, cela ne devrait plus tarder constatait le vieillard, l'heure convenait arriverait sous peu et avec elle la promesse de jours meilleurs au sein de la ville de Kotios.

Armarico Montefelionne - Tout le monde est à cran capitaine. La ville est un dans un état déplorable et la liberté si elle est un produit aussi doux que l'opium aux yeux de l'esprit ne va pas nourrir les ventres ni protéger du froid le bon peuple de Kotios. Il est à prévoir que des petits malins essayent de profiter de la situation, regrettable mais prévisible. De même que certains, après des mois de tyrannie de la part de l'Empire soient encore plus... Irritables dirons nous. Mais tous nos soucis seront bientôt derrière nous... Pour un temps du moins, le temps de stabiliser les choses.

La réplique ne fut accueillit que par un nouveau grognement tandis que le capitaine s'affairait à contacter l'on ne savait trop quel tribus amérindienne avec les relents de fumée émergea de son ustensile en bois. Un étrange silence s'installa, seulement mis à mal par le son des vagues se fracassant contre les docks et les chants des goélands et des mouettes que l'on entendait non loin. Toutefois, environ une dizaine de minutes plus tard, ce qui s'apparentait à une corne retenti au loin sur l'océan et bientôt à l'horizon commença à apparaître les gonfalons du Santa Leone d'Il Stato Da Màr, trônant sur deux corvettes qui en guise d'escorte flanquaient une nuée de navires arborant quand à eux l'aigle bicéphale d'ébène et d'albâtre de la plus grandes république maritime du monde.


Armarico Montefelionne - Vous voyez capitaine, la flotte marchande Fortunéenne arrive toujours à l'heure précise où elle doit arriver.

Le Capitaine Aleksanteri - Et les deux bâtiments là sur les côtés avec les gros canons, ils viennent distribuer des morues aussi peut être ?

La réponse se voulait évidement sarcastique, mais aussi en soit rhétorique au vue de la gestuelle du membre de la fraternité qui appelait à grand renfort de voix les dockers et portefaix, qui jusqu'à présent auraient pu passer pour des légumes tant leur passivité était remarquable. Ceux ci quittèrent leurs occupations et autres passes-temps afin de rappliquer en quatrième vitesse sur l'ensemble des docks, s'emparant des grues et autres véhicules délaissés jusqu'à présent.

Armarico Montefelionne -
Allons allons capitaine, guerre et piraterie oblige vous savez bien. Les eaux ne sont pas sûres, il faut bien dissuader certaines personnes mal intentionnés d'empêcher le ravitaillement de la ville. Qui plus est, il y a aussi des diplomates à bord, vous le savez bien.

Le petit sourire en coin du Fortunéen ne trouva en guise de réponse qu'un soupir las, selon toute vraisemblance, tout opposait les deux hommes mais si ceux ci ne s'appréciaient pas forcément, ils s'estimaient assez en tant que mal nécessaire mutuel aux intérêts qu'ils représentaient. L'un servait d'interlocuteur privilégier afin d'assurer un approvisionnement en denrées de première nécessité à la ville par la Sérénissime, et le second s'assurait du débarquement de celle ci en toute sécurité grâce à un service d'ordre "de pointe" que tous en ville acceptait volontiers, bien plus en tout cas que si un contingent de mercenaire venait à débarquer, question de crédibilité après tout. Ainsi, il ne fallut pas attendre longtemps avant que les vaisseaux marchands de la République Fortunéenne accostent, permettant à l'ensemble de la faune du port de débarquer de multiples cargaisons de vivres qui assureraient à la ville d'éviter la famine pour un temps, mais aussi de l'alcool, du tabac et quelques autres denrées devenus une véritable rareté au sein des terres latines francisquienne au cours des derniers mois, qu'il s'agisse de Chocolat, de sucre, de thé et de bien d'autres marchandises, la Sérénissime avait pensée à tout. Ceci, gracieusement offert par les grandes maisons patriciennes à la tête de l'économie républicaine qui étaient acquise au vieux dicton, "Du Pain et des jeux", la base d'une influence.
2773
18 août 2004 - Kotios, un laboratoire politique international qui prend de l'ampleur.


S'engager, c'est défendre.
Le minarchisme, un courant défendu par Javier Albuarena auprès du renouveau libertaire de Kotios.


Dans l’imaginaire de beaucoup de personnes, l’anarchisme est l’expression du chaos général ainsi que de la destruction du tissu sociétal et institutionnel d’un pays. Pour Javier Albuarena, le tableau se peignait avec un peu moins de noirceur lorsqu’il a appris la déclaration d’indépendance de Kotios.

“Quand vous maintenez les gens dans un état d’obéissance extrême, ils finissent par aspirer à plus de libertés et d’initiatives que si tout leur était acquis” expliquait-il devant la caméra. Interviewé par une chaîne arkohane, le maître conférencier ostracisé des universités politiques d’Arkoha avait plié bagages pour la nouvelle entité communale de Kotios. Loin des clichés véhiculés dans les démocraties d’Aleucie et de Paltoterra, l’anarchisme assumé par les nouvelles représentations politiques de Kotios était avant-tout affaire d’opportunités.

Associé au courant minarchiste arkohan, Javier Albuarena est l’un de ceux qui pense que, comme pour le libéralisme, l’Etat doit occuper une place minimaliste en société, tout en lui concédant de la légitimité, contrairement à la pensée anarcho-capitaliste. Les déboires des instances politiques francisquaines ont abondamment alimenté les milieux minarchistes arkencans, identifiant chacune des sorties officielles de la famille impériale, comme un excès de plus pour entamer la saignée du pays.

Arc-bouté contre l’oppression impériale varanyenne qui a déjà fait tant de morts pour réfréner l’appétit libertaire du peuple d’Afarée, Javier Albuarena souhaiterait effectivement que la Commune de Kotios se dote de plus de chances que le Varanya, pour expérimenter le renversement des instances politiques connues et faire une table raz favorable à l’introduction de nouvelles dynamiques.

Débarqué sur le tarmac de Kotios le 15 août dernier, Javier Albuarena avait commencé la tournée de différents établissements publics où les palabres sur fond de politique allaient bon train. Catalysant une partie d’entre elles, l’homme au fauteuil roulant se proposa d’animer un café-politique dans un établissement de la ville baptisé “La Liaison”, où des représentants de la force vive se donnent depuis rendez-vous, pour penser la représentation politique espérée.

Une intervention étatique limitée au développement du territoire et à la protection sociale, un droit à l’autodéfense, voilà des sujets qui transcendent le petit comité réuni chaque semaine et dont ses membres les plus virulents n’avaient plus de gêne à prôner le droit à l’armement et à la milice, alors même que les nouveaux parlementaires kotoiotes débattaient de la nécessité d’institutionnaliser les armées, à travers l’article 3 du projet de loi “Liberté et Souveraineté”. Dans un pays où l’état impérial totalitaire a marqué les esprits par de nombreux excès de violence, les revendications défendues par ces assemblées pouvaient apparaître légitimes à bien des égards.
2930
RETOUR AUX SOURCES

Laurène Vandewalle
Laurène Vandewalle, porte-parole officielle du parti Renaissance

Tout s'était passé si vite. D'abord, il y avait eu cette « révolution démocratique » dans l'Empire Francisquien - terme politiquement correct pour désigner la mise à mort de l'Empereur par son propre fils en vue de la mise en place d'un régime encore plus sanguinaire que le précédent. Tout le monde se rappelait des massacres organisés de manifestants qui avaient eu lieu dans les rues des grandes villes de l'Empire, et pourtant il restait encore, ici à Kotios, des ordures pour regretter l'occupation francisquienne. Et ils étaient nombreux, qui plus est ! Mais si la prise d'indépendance de la ville, qui aurait pu lui permettre de renouer avec son histoire, loin du chaos francisquien, avait été un soulagement pour beaucoup, le pire semblait encore à venir, malheureusement.

Qu'était-ce donc que cette chienlit dans laquelle la ville avait sombré ? Ces pirates étrangers que l'on laissait déambuler dans les rues, et même participer à la politique de cette nouvelle « Commune de Kotios » ? Des pirates, après tout, n'étaient-ce pas d'abord des criminels ? Des hors-la-loi qui arpentent les mers pour dépouiller les navires marchands après en avoir massacré l'équipage. Des pédales, qui plus est, qui souillaient les rues de la ville par leur simple présence. À peine libérée de la tyrannie francisquienne, Kotios s'apprêtait à devenir la décharge du monde, gouvernée par une Assemblée Populaire renouvelée quasiment tous les jours, et qui s'apprêtait à tuer la population locale en faisant voter la loi « pour une ville-monde », qui allait permettre à toute la vermine de la Terre de venir trouver refuge dans la ville, et faire sombrer son peuple à tout jamais par le métissage.

La réaction devait être immédiate et implacable si les autochtones voulaient avoir une chance de voir perdurer leur héritage, et ne pas finir cloitrés dans des réserves comme pouvaient l'être les Aleuciens de souche en Albel. Toutefois, il allait falloir agir avec prudence, face à la menace de l'adoption de la loi « souveraineté et liberté » soumise à l'Assemblée Populaire par ces salopards de pirates, qui allait bannir définitivement le nationalisme et le fascisme du paysage politique de la Commune. Libérer le peuple de Kotios pour mieux le tuer, c'était là le projet de cette racaille qui avait fait brûler les oripeaux francisquiens pour en arborer de nouveaux, rouges et noirs cette fois, mais tout aussi répressifs.

Par sa nature, l'Assemblée Populaire était écœurante. Mais si les indigènes voulaient avoir voix au chapitre dans ces circonstances nouvelles, ils n'avaient pas d'autre choix que de jouer selon les règles imposées par le nouvel occupant, en se rassemblant au sein du parti qui allait les y représenter. Renaissance, c'est le nom que l'on avait choisir à la hâte pour exprimer l'espoir de ceux qui l'avaient fondé. Puisque la censure nouvelle imposait de montrer pâte blanche au régime, d'avoir l'air « jontil », en somme, on avait choisi de mettre à sa tête une femme, jeune, de vingt-cinq ans. Les nouveaux envahisseurs pharois n'aimaient pas tellement le culte du chef, mais Laurène Vandewalle et son visage angélique avaient tous les atouts nécessaires pour donner au parti l'image lisse et inoffensive dont il avait besoin pour survivre, alors que le durcissement du pouvoir communal se profilait déjà à l'aube de son instauration.
8520
BIENVENUS A NULLE PART, LES KOYOS
______________________________________________________________________


Les docks
Nulle Part – Dock de Kotios

______________________________________________________________________


20 août 2004 – Ville de Kotios

______________________________________________________________________


« Commissaire, ils sont arrivés. Les gars se tiennent prêts. »

Ecrasant le bout de son épaisse roulée sur le parapet de briques qui constituait la grande digue menant aux docks, le commissaire grogna. Les mouettes et les goélands criaient de leurs voix nasillardes sur le port, chiant allègrement sur ce que l’on appelait chez les natifs « Nulle Part ».

Nulle Part … les docks de Kotios. Du moins, la partie la plus excentrée et la plus déshéritée. Lors des « belles heures » de l’empire, la plupart des activités portuaires avaient été déplacées sur une autre partie du port, paupérisant ce quadrant. Le secteur ne s’était jamais vraiment relevé de cette disgrâce. On appelait ça les lois du marché parait-il. Toujours est-il que Nulle Part constituait le fruit pourri de la branche portuaire de Kotios. Le secteur conservait toujours une partie de son activité de pêche, mais c’était le mieux qu’il pouvait faire. Petit à petit, les hangars avaient été vidés, les maisons s’étaient détériorées et une misère tranquille s’était installée.

Nulle Part était piégé dans le temps et surtout, par l’imposant pont inachevé qui dominait l’horizon. Plus personne ne savait pourquoi les ingénieurs de l’empire avait ordonné la construction de ce pont, ni ce qu’il devait relier. Mais il était là, et dominait Nulle Part de son ombre menaçante. Progressivement, à mesure que Nulle Part sombrait dans l’oubli et que les digues cédaient à la pression de la mer et que le quartier se noyait, les bâtiments avaient commencé à s’accrocher sur les piliers du Pont sans Nom, espérant peut-être se sauver de la noyade. La particularité de Nulle Part, c’était que vous pouviez vous repérer par votre proximité avec le pont. Le pont était toujours en vue et, même si son architecture de béton ne menait que vers des rêves de grandeur brisés, il restait un repère dans le quartier esseulé. Si le pont menait nulle part, il n’avait pas non plus de début, la rampe d’accès n’ayant jamais été construite. On pouvait y accéder par un réseau d’échelles et d’escaliers construits dans les piliers et toute une petite ville s’était construite sur son tablier.

Il était de notoriété commune que si vous viviez SUR le pont, vous étiez mieux lotis que « ceux d’en bas ». La principale distinction sociale dans le quartier s’effectuait principalement en regardant les pieds des habitants. Si vous viviez sur le Pont, vous étiez un « Piéssec ». Si vous viviez proche de l’ancienne digue, vous étiez un « Mouilléssalé ». On trouvait aussi des « Piéboues », des « Missec et toute la panoplie de distinctions sociales que l’argot kotios pouvait offrir pour différencier les gens en fonction de leur proximité avec le Pont.

Entre barraques en bois, hangars de briques et usines désaffectées, la foule se pressait dans les dédales sinueux. Les rares voiturettes qui se déplaçaient tant bien que mal dans les rues dépavées tentaient de ne pas s’enfoncer dans la boue salée de la dernière inondation. Nulle Part avait cette particularité de toujours offrir une vue sur le Pont et d’ajouter à cette indélicatesse une petite inondation tous les mois. Les rares offres immobilières étaient particulièrement alléchantes : « Joli T5, proche océan, avec vue sur monument d’architecture contemporaine » … Inutile de dire que vous déchantiez rapidement que vous voyez pour la première fois votre immeuble mi-briques, mi-bois, à moitié enfoncé dans le sol, avec les rats pour colocataires.

L’insalubrité était une des constantes de Nulle Part. Le fait que l’ancienne digue du port s’affaiblisse n’aidait en rien à éviter les maladies de se répandre dans la fange. Les habitants tentaient tant bien que mal d’endiguer le fléau des maladies et de tendre des pièges aux rats, mais ces derniers étaient particulièrement malins. Les chats que l’on avait lâché par dizaines dans le quartier n’étaient pas restés. L’air salé ne leur convenait pas … même les chats de gouttières refusaient désormais de se balader et d’y chasser. Il ne restait que des bandes de chiens errants, fouinant dans les poubelles et s’attaquant parfois à un passant esseulé.

Mais les chiens d’aujourd’hui n’étaient pas les corniauds auxquels la police du secteur était habituée. Pire encore, alors que les agents s’amusaient parfois à les chasser avec les gamins des rues, cette fois-ci, il fallait les protéger, les corniauds. Des corniauds de luxe, des corniauds étrangers et pas n’importe lesquels. Des koyo de Jashuriens !

Le commissaire descendit vers ce qui était autrefois la rue principale de Nulle Part. Ses gars, une dizaine de gros bras en uniformes gris et noirs, formaient un périmètre de protection autour de leurs « augustes invités ». Des ingénieurs jashuriens … rien que ça. A se demander ce qu’ils venaient faire dans un trou pareil. Mais le commissaire n’était pas curieux. Il recevait les ordres de sa hiérarchie et les appliquait. C’était d’ailleurs pour ça qu’il était commissaire. Les bons commissaires ne posent pas de questions. Ils exécutent les ordres et frappent dans le tas si nécessaire. Les questions, c’est pour les inspecteurs … C’est d’ailleurs pour ça qu’ils ne sont jamais promus commissaires.

« Lieutenant Lamarck, aboya le commissaire !

- Oui monsieur ?!

- Qu’on soit clair lieutenant. Vous escortez ces messieurs dans Nulle Part. Ils prennent leurs putains d’mesures ou je ne sais quoi et vous sortez du secteur avant qu’les gars d’l’Union rappliquent et tabassent tout ce qui bouge. C’est bon pour vous ?

- C’est entendu commissaire,
répondit-il placidement. »

Le lieutenant Lamarck, derrière sa grosse moustache, n’était pas un homme de caractère. Il n’aimait pas les conflits et était de nature prudente quand il s’agissait de s’aventurer dans ce genre d’endroits. Nulle Part n’était pas à proprement parler un coupe-gorge … de toute façon, il n’y avait rien à voler. En revanche, la présence des gars de l’Union dans les parages pouvait rendre la situation explosive. Ces bâtards avaient tabassé ses gars l’autre jour à la sortie d’un troquet, pour une soi-disante histoire de bière pas payée. La soirée au gnouf n’avait pas réussi à leur ôter leurs sourires de face-de-rats. Ils avaient de sacrés bons avocats à l’Union, si bien qu’il avait fallu les laisser partir à l’aube.

Le lieutenant et le commissaire toisèrent la délégation jashurienne. Bon … ces étrangers du Nazum étaient au moins habillés correctement pour se balader dans Nulle Part. Même avec leurs gueules de bouffeurs de nouilles, ils ne se feraient pas agresser tant que les flics resteraient dans les environs. Les habitants de Nulle Part étaient principalement des pauvres apathiques, des petits fonctionnaires sans-le-sou et même les clochards ne voulaient pas venir mendier dans le coin. Nulle Part, c’était la déshérence, pas un foyer du crime organisé ! Même le crime organisé ne voulait pas y venir.

Par contre, là où l’inquiétude commençait à poindre, c’était que l’Union des Travailleurs avait installé des sections locales dans le quartier, et que ces barges disposaient d’armes, de matériel militaire subtilisé lors de l’indépendance et que … bien chauffés à blanc … ils pouvaient transformer le quartier en une poudrière.

Les Jashuriens, quant à eux, n’étaient là que pour ce qu’ils savaient faire de mieux : bâtir. Les ingénieurs avaient été dépêchés en grande hâte pour aider le nouveau gouvernement légitime à développer de nouvelles infrastructures en vue de sauver la ville de la dégénérescence. Les ingénieurs de Madavian Corporation étaient le fleuron du génie civil jashurien et étaient capables de faire des merveilles pour peu que les investissements suivent. Leur mission était simple et ambitieuse : sauver Nulle Part des eaux. Un programme simple … que même l’Union des Travailleurs pouvait comprendre.

Ce que le commissaire ne savait pas, ni même son lieutenant, c’était que le Jashuria avait d’ores-et-déjà pris contact avec le Comité de Direction du corpo-syndicat de l’Union des Travailleurs. Le droit de passage avait été patiemment négocié en amont. Le deal était clair … l’Union ne s’opposerait pas au travail des Jashuriens, mais réclamait des parts juteuses dans la mise en œuvre du futur programme de construction qu’ils préparaient. Une négociation avec laquelle les Jashuriens de Madavian Corporation étaient tout à fait disposés à accepter. Le Comité de Direction, par l’entremise de canaux secrets, savaient pertinemment que la Révolution avait besoin d’argent et d’affaires prometteuses. Si les porcs capitalistes souhaitaient leur fournir l’argent avec lequel ils les étoufferaient plus tard … c’était avec un plaisir infini que l’Union se porterait à la défense discrète des intérêts jashuriens. Quant aux Jashuriens, ils savaient pertinemment que cette alliance informelle n’était qu’une façade … mais les affaires sont les affaires … et la main-d’œuvre de Kotios était l’une des plus abordables du marché mondial. Pourquoi se priver ? Une drôle d’alliance informelle était alors née entre les intérêts de Madavian Corporation et l’Union des Travailleurs … une alliance pour le meilleur et pour le pire.

Le commissaire s’alluma une nouvelle cigarette et contempla la jetée défoncée tandis que le lieutenant rassemblait la délégation jashurienne et ses gars. Nulle Part était un endroit à chier … Si ces étrangers pensaient pouvoir en faire quelque chose, qu’ils essayent. C’était pas son problème. Un soleil glauque, mélangé à la brume matinale, enveloppait le quartier d’une aura malsaine tandis que l’ombre menaçante du pont se découpait à l’horizon. Il toussa ses poumons, l’odeur du tabac remontant dans ses narines.

Foutue ville de merde …


______________________________________________________________________
Haut de page