31/05/2013
23:21:06
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Activités étrangères au Kotios - Page 7

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« Des armes pour l’Union et les Lavandières, chers syndiqués. »

Le capitaine Sawai Chaipatana ouvrit la caisse témoin à l’aide d’une grande barre à mine. Les représentants du corpo-syndicat, tous de braves gaillards bien musclés – même les femmes – se regardèrent un instant, espérant que l’un d’entre eux aurait la présence d’esprit de faire un trait d’humour. Ce fut Magdalena, représentante des Lavandières qui, dans le dépôt de l’Union, prit en mains la situation.

Elle s’approcha de la caisse d’armes en sortit un AK-47 de bonne facture. Elle le soupesa entre ses bras marqués par les brûlures de javel et fit jouer la sécurité de l’arme avant de la charger et de tirer quelques rafales sonores vers une plaque de métal posée dans le coin de la pièce. Les soldats jashuriens restèrent impassibles, mais les Lavandières, elles, avaient sursauté.

Visiblement satisfaite, Magdalena Dimitrova, représentante syndiquée des Lavandières pour l’Union des Travailleurs de Kotios, déchargea l’arme et la reposa sur la table. Elle fit alors signe à ses camarades pour embarquer le reste des caisses. Au total, c’étaient pas moins de 5000 fusils, munitions comprises, qui étaient livrés aux loyalistes de Kotios. Les demoiselles en kakis et les gros-bras de l’Union s’affairèrent du côté des camions de livraison.

"Cap’taine. Merci pour votre livraison. J’vois que les Jashuriens savent tenir leurs promesses.

- Mon commandant a aussi un autre cadeau pour l’Union. Nous avons récupéré dans nos stocks d’armement du matériel antichar prêts à l’emploi. Nous en avons ramené une petite centaine pour votre milice. De quoi dissuader les putschistes de s’approcher de trop près de vos positions."


Sawai fit un signe à un seconde classe et celui-ci fit débarquer les caisses de missiles antichars du camion. Les projectiles étaient parfaitement rangés dans les boites. Il ne restait plus qu’à assembler les lanceurs et à frapper au cœur des insurgés.

L’échange fut bref. L’Union des Travailleurs n’aimait pas spécialement les Jashuriens, mais devait composer avec ses alliés du moment. Ils étaient beaucoup trop différents d’eux culturellement et leurs manières donnaient des frissons à certains des travailleurs. Ils étaient souriants, mais aussi rigides et froids que des lampadaires. Leur attitude était déconcertante, comme si la guerre que l’Union menait n’était qu’un prétexte pour les étudier.

Le capitaine Chaipatana donna quelques ordres au travers de sa radio. Il était temps de se replier vers les positions fortifiées du Jashuria. Le groupe d’intervention mené par Chaipatana n’était pas encore tout à fait à l’aise dans cette poudrière qu’était Kotios. Non seulement la situation politique sur place était incompréhensible pour le jeune capitaine, mais en plus, il n’avait aucune envie de se retrouver dans une embuscade. Il se contentait dès lors d’exécuter les ordres avec sérieux et ne souhaitait qu’une chose, terminer sa livraison et sortir ses gars de cette zone. Quand bien même les membres de l’Union des Travailleurs tenaient d’une main de fer l’endroit, il n’en restait pas moins qu’un quiproquo était vite arrivé et que la situation pouvait dégénérer en un instant.

Depuis son arrivée, le Jashuria avait tout fait pour éviter une confrontation directe avec les insurgés, se contentant de livrer son matériel, de fortifier ses positions et d’évacuer son personnel derrière ses remparts. La chaine de commandement avait d’ore-et-déjà pris contact avec les représentants du Kah et du Pharois et les discussions se faisaient en haut lieu pour savoir quelles opérations mener par la suite. Il était clair qu’avec sa petite force armée, le Jashuria n’était qu’un protagoniste secondaire dans l’équation, mais si les forces d’intervention pouvaient retirer quelque honneur dans la bataille, le pays en ressortirait grandi sur la scène internationale.

Les civils avaient été évacué derrière le périmètre de défense du Jashuria. Le Contingent d’Intervention Extérieure avait établi une défense en profondeur, dans la tradition des tactiques de défenses jashuriennes. En tenant plusieurs points clefs autour de Nulle-Part, les snipers et les soldats jashuriens pouvaient harceler les éventuels ennemis et opérer des manœuvres mobiles et des encerclements sans que l’ennemi ne puisse approcher des fortifications. Au vu du faible nombre d’hommes dont le pays disposait sur place, le commandant avait préféré détacher ses unités en petits groupes mobiles au travers du périmètre de protection pour constituer une zone tampon dans laquelle un feu nourri allait pouvoir être déverser si les putschistes venait les taquiner de trop près.
1960
Rassemblement des Patriotes Démocrates pour l'Indépendance de Kotios

Rassemblement des Patriotes Démocrates pour l'Indépendance de Kotios


Lettre du Rassemblement des Patriotes Démocrates pour l'Indépendance de Kotios aux soutiens de la Démocratie et la Liberté de la Commune de Kotios


Message secret
Information secrète réservée aux personnes autorisées
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Un petit point sur la situation Kah-tanaise en ville depuis la bataille ayant opposée son aviation aux forces d'incursions impériales.

En bref, les choses vont pour le mieux, de manière tout à fait surprenante et inattendu. C'est que contrairement aux attentes, l'Empire n'avait pas riposté au camouflet que lui avait porté l'Union, et avait aimablement fait reculer ses forces de l'autre côté de la frontière, s’enorgueillant du sauvetage de trois malheureux individus récupérés on ne sait où, et oubliant probablement de mentionner dans ses journaux nationaux la réalité des évènements. Du moins c'est ce qu'on s'imaginait. Il fallait bien une forme de propagande ou de culte du secret pour qu'une telle défaite n'ait pas immédiatement tournée à la crise. Plus important, pour qu'une telle inaction face à la défaite n'ait pas menée le peuple à réclamer une crise.

Quand-bien même, la situation arrangeait le Grand Kah et ses alliés. Surtout, la situation arrangeait le Club du Salut Public, sa citoyenne Meredith, et le citoyen-général Mikami. Il avait été très compliqué d'arracher aux communes l'envoie de renfort alors même que l'attention du Kah se portait à plusieurs endroits, mais l'invasion francisquiennes (ou plutôt ce qu'on avait interprété à tort comme une invasion) avait donné un tel élan aux propos pro-kotioïtes que des moyens spectaculaires avaient été déployés pour sa défense. Du maigre contingent de quelques milliers d'hommes qu'on avait initialement chargé de jouer au service d'ordre, on était passé à une armée mécanisée, capable de tenir la ville et la région alentour. Ce qu'on ne se privait pas de faire.

On avait ainsi renforcé la sécurité des zones portuaires, de l'aéroport, des quartiers clés et établis un nouveau cordon sanitaire, entourant cette fois le quartier de la coupole. Des milliers d'hommes, enfin, avaient été placés à la frontière impériale, équipés d'artillerie et prêt à riposter à la moindre énième tentative d'incursion. Le dispositif de sécurité, très important, devait espérait-on suffire à protéger la commune et ses alentours, en rendant la simple idée d'une incursion en son sein absurde.

Effet secondaire de cette soudaine mobilisation du Kah tout entier vers Kotios, des fonds alloués, de l'attention apportée, de l'inquiétude croissante d'un peuple aussi enthousiaste que curieux, et curieux qu'envahissant, le Club du Salut Public avait vu son soutien en métropole augmenter. Radicalement. De ce qu'on voyait à l'origine comme un quelconque mouvement d’obédience Kah-tanaise, défendant l'idéologie politique comme il le devait et rependant ses préceptes au sein d'une population encore trop acquise aux conneries capitalistes ou aux enfantillages socialistes, on percevait désormais un interlocuteur central, essentiel. Le parti capable de faire changer Kotios et de rendre à la grande commune l'évolution que des années d'occupation impériale et une révolution chaotique lui avait volée. Oui. Kotios pouvait être sauvée. Élevée. La commune exclave, ou amie, ou associée de Kotios. N'était-ce pas mieux que la commune criminelle, pirate, rachitique de Kotios ?

Kah était une roue, mais aussi une idéologie mature, concrète, capable, responsable, reconnue, qui essuyait de part son expérience et sa réussite concrète tous les défauts inhérents aux autres modèles « socialistes », anarchistes, prétendument démocratiques et ainsi de suite.

Ainsi, l'Union reçue une aide inespérée. Avec les soldats de la Garde débarquèrent des fonds. Des experts, des expatriés. Des kah-tanais, des défenseurs du Kah étrangers, des amis de la Roue venus des quatre coins du monde comme autant de délégations religieuses. Et ce que Kotios avait perdue en ingénieurs et en cadres à sa création, ce que le Club avait difficilement tenté de redresser à l'aide de ses quatorze doctorants fondateurs, la commune le recevait désormais en étrangers acquis au programme audacieux du Club.

Là où l'économie suivait déjà les principes de l'économie planifiée participative, on appliquait des changements visant à améliorer le processus. Là où l'éducation dépendait du club, on introduisait des textes kah-tanais. Là où on manquait d'eau potable, d'électricité, d'un service d'ordre, on introduisait peu à peu un modèle de société kah-tanais, relativement autarcique, rendu capable grâce à l'expertise, l'expérience, et des fonds étrangers – naturellement. L'acte le plus notable fut la réouverture d'une école supérieure polytechnique visant à former en urgence des médecins, ingénieurs, et cades capables de gérer les progrès qui devaient accompagner la reprise économique sous forme planifiée participative. Enfin, les cellules locales et supérieure du Club furent ouvertes à tous les habitants des quartiers qu'il occupait de manière à rendre réelle la prétention de démocratie directe défendue par le Kah.

C'était une colonisation des cœurs et des esprits. Dès que le Club voyait un manquement, il réclamait qu'on y remédie. Là où il manquait des services, des administrations, il faisait de son possible pour les remplacer. Kotios était chaotique. Pas le Club. Pas le Kah. Pas l'idée d'une démocratie directe, du communalisme.

Et peu à peu, profitant du chaos, des renforts, de la bonne publicité que lui faisait l'intervention de la Garde et de la popularité de ses leaders, le Club changeait ses quartiers en un exemple surprenant de fédération de communes, administrées par une démocratie directe naissante. Un contre-modèle envahissant, aux airs clairement sectaires selon ses détracteurs, probablement heurtés par la rétorque du Kah. Cette "roue", cette rigueur idéologique, cette prétention étrangère, historique, alien et mystique.

En attendant, elle s'étendait, gagnait du terrain. Le bien commun devenait moins une idée, et plus un but. Quand ils parlaient du « progrès », ces quatorze, d'un trajet allant d'un point A à un point B sur la droite de l'Histoire, c'était vers ça qu'ils penchaient.
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OPERATION UMBRELLA


defense

L'incursion Francisquienne était également du pain béni pour les ambitions des Provinces-Unies du Lofoten qui n'entendaient pas les puissances socialo-anarchistes s'emparer de tout le territoire kotioïte. Entre la Fraternité aux prises avec les fascistes et leur putsch, peu à l'aise pour des opérations terrestres, alors que le Grand Kah était à la fois occupé à célébrer sa victoire sur la colonne francisquienne et donc dans une phase euphorique qui leur ferait relâcher leur vigilance à l'intérieur des frontières. Leurs yeux seraient plutôt rivés à l'extérieur, obnubilés à surveiller avec une angoisse non dissimulée les frontières poreuses de Kotios et leur sympathique et turbulent voisin à l'humeur offensive. Et les troupes Jashuriennes étaient bien trop excentrée et éloignées des positions des Provinces-Unies pour créer le moindre trouble ou incident, et les deux nations étaient plus ou moins alliées.

- " Colonel Herschël ? Ici Contrôle. On nous signale des heurts et quelques explosions en ville. Voici une liste de positions et bâtiments stratégiques à sécuriser et à contrôler. Trois groupes chargés des périmètres suivants :
Périmètre A : Près des champs pétrolifères de la cote ouest de Kotios (intérêt stratégique de la United Oil)
Périmètre B : Près de l'aéroport (Intérêt stratégique antennes et succursales lofotènes, ainsi que compagnie aérienne)
Périmètre C : Près du centre-ville (nombreux commerces et entreprises tenus ou dirigés par des lofotèns ou affiliés - société écrans pour prise de position dominante sur le marché Kotioïte)

On nous signale également que quelques bénévoles Lofotèns seraient en difficulté dans un quartier proche du centre-ville, où se concentrèraient selon nos dernières informations l'essentiel des combats. Nous avons identifié plusieurs bâtiments-clés qui feraient d'excellentes bases opérationnelle avancées : une blanchisserie industrielle, un concessionnaire automobile et une ancienne fabrique de munitions impériale. Nous avons établis de nombreux contacts locaux avec quelques organisations kotioïtes, qui dominent l'économie souterraine et connaissent parfaitement le terrain. Coordonnées en cours de transmission. Confirmer réception


Il est vrai que l'argent Lofoten ne servait pas qu'à acheter des biens de premières nécessité aux populations dénutries et appauvries, bien que cette campagne avait toutefois attiré la sympathie de ces dernières pour les Provinces Unies. Non le plus gros de la masse monétaire se déversait dans les rues et impasses les plus sombres de Kotios, car il servait avant tout à "faciliter" la communication et les fluidité des informations des groupes mafieux locaux, de ceux qui exerçaient le contrôle réel des quartiers de la ville. Mieux que les grenades ou les mitrailleuses, l'information, voilà une véritable marchandise qui avait une valeur inestimable. Avoir la meilleure armée du monde et être mal renseigné était l'assurance d'un échec cuisant.

Coloner Herschël : "Bien reçu Contrôle. En attente des priorités et directives essentielles liées à l'opération Umbrella. "

Bien reçu....Directives du Haut-Commandement et de l'Etat Major :
Priorité n° 1 : Préserver l'intégrité physique de tout ressortissant Lofotèn. Sécurisation des périmètres
Priorité n° 2 : Ne pas engager, sauf en cas de légitime défense ou menace sérieuse qui contredirait la priorité n°1. Evitez dans la mesure du possible tout contact non essentiel avec la population.
Priorité n°3 : Etablir la jonction entre les différents groupes. Jonction prévue aux coordonnées suivantes : Kilo Tango - 5 - 4 Oskar - Sierra - Zulu - 2 - 4


Les ordres et directives furent données, et les groupes progressèrent assez rapidement tandis que la confusion totale régnait, entre groupes paramilitaires, milices, réguliers, ou simple habitants armés, difficile de dire qui était qui, dans une ville à la tension palpable et où la peur et l'inquiétude permanente se laissaient sur les visages des Kotioïtes. Un peuple apeuré, otage il faut le dire de toutes ces factions haineuses, qu'elles soient de l'extrême gauche ou de l'extrême droite, et qui assoiffées de pouvoir tentaient par tous les moyens, qu'ils soient idéologiques, économiques, ou coercitifs, d'exercer un contrôle total sur leurs vies. Kotios était un laboratoire expérimental où les habitants étaient sacrifiables à loisir, chaque nation s'était déclarée "protectrice de Kotios", mais la protection n'était que de la colonisation déguisée. Et les Provinces-Unies n'allaient pas demeurer au ban des nations et entendaient bien peser dans le jeu et sortir de leur isolement nord-aleucien, fallait il pour cela risquer une confrontation avec les impérialistes du Kah et du Pharois. Mais leurs influences respectives n'étaient plus ce qu'elles étaient, la deuxième monnaie en circulation était le Drakk, la monnaie Lofotène, facilement échangeable sur les marchés de change internationaux alors que la devise francisquienne était en perte de confiance après les dernières évènements. Et sur chaque billet on pouvait lire la devise des Provinces-Unies : "Invaincus nous demeurons..." qui avait un écho et une résonnance très particulière auprès de la population.

operation umbrella
Membres commandos de la Garde Fédérale, en soutien tactiques aux Milices Provinciales. Nombre : inconnu

Malgré le chaos ambiant et une atmosphère terriblement pesante mêlant panique et attentisme, les périmètres de défense stratégiques furent établis, et les ressortissants Lofotèns ne purent qu'exprimer un fort soulagement en voyant les Miliciens assurer leur protection. Il leur fut proposé un rapatriement, mais la plupart voulaient encore croire que l'on pouvait échapper à la Guerre Civile totale....

Les Provinces-Unies avaient établi leur QG non loin du centre-ville mais à bonne distance tout de même de l'Hôtel de la Fraternité et de la Coupole Nationaliste.
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PUTSCH DE KOTIOS J-10
drapeau



Les milieux nationalistes et patriotes étaient en effervescence, un évènement majeur de grande ampleur était en préparation, tout le monde pouvait le sentir sans être capables de pouvoir mettre le doigt dessus. La déliquescence des institutions, le mépris des élites politiques, l'effondrement progressif du système économique et politique, au profit du marché noir, de l'économie souterraine et du clientélisme, n'avait fait qu'accroître les tensions inter-communautaires.
Des habitants ordinaires, certes politisés, mais comme tout le peuple de Kotios, avaient nourri une défiance particulière à l'encontre du gouvernement et des membres de l'Assemblée Populaire, qui s'était mué en haine farouche à mesure que leur situation personnelle empirait.

Difficultés de s'approvisionner en carburant et en biens de première nécessité, des maîtres écoles qui devait trouver eux même leur charbon pour pouvoir chauffer leurs classes, des mères prêtes à payer le prix fort pour obtenir du lait maternel dont les prix avaient été multipliés par 10 en raison d'une inflation galopante non contrôlée.

transaction au marché noir
Une transaction au marché noir

Le tout dans une ville gangrenée par la violence, chaque quartier disposant de ses propres milices, souvent à la soldes des groupes politiques locaux dans le meilleur des cas, voir faisant carrément office d'armée privée au service de la pègre et mafia kotioïte.

C'est dans ce contexte et cette situation de désespoir où les habitants ne voyaient que peu d'opportunités et d'éclaircies quant à leur avenir dans ce chaudron urbain qu'est Kotios, que le Nouvel-Ordre et le parti du Peuple ont su exploiter et travailler longuement, au point qu'ils avaient convaincus nombre d'entre eux de les rejoindre, de les soutenir, et de les appeler à prendre les armes.
Ah les armes, oui les armes, d'aucuns penseraient que les Putschistes avaient totalement improvisé leur coup d'Etat, que c'était totalement spontané, non prévu et qu'eux même avaient été dépassés par les évènements ?
C'est en tout cas le point de vue défendu par la propagande anarcho-socialiste, eux aussi surpris et pris de court, et voulant se dédouaner de toute responsabilité dans ce marasme et cette crise dans laquelle tous avaient été plongés et qui impactait chaque citoyen de Kotios, peu importe son obédience politique.
Les forces politiques de gauche qui ont toujours moqué et dédaigné les symboles nationalistes et patriotiques se garderont bien à l'avenir d'ignorer ce genre de signes annonciateurs.

C'était bien le plan et la stratégie de départ, se faire passer pour un groupuscule désorganisé, qui profiterait de la crise institutionnelle pour tenter un coup de poker totalement aléatoire. Or pour ceux qui étaient dans le milieu et qui savaient écouter les signes d'une agitation peu commune dans le "côté sombre" de Kotios, dans l'envers du déco, certains l'avaient compris. Les réseaux clandestins d'approvisionnement d'armes avait été mobilisés, et il était plus facile de se procurer un 9 MM à Kotios qu'une brique de jus d'orange. De plus, le marché noir, inondé d'armes en tout genre, savait que les entrepôts de dépôts d'armes et de munitions étaient peu surveillés, et quand ils l'étaient, les "gardiens" et "vigiles" étaient aisément corruptibles, et à la faveur de la nuit il n'était pas rare de voir une caisse ou deux tomber du camion, ou bien une voiture de fin de convoi prendre la mauvaise direction et terminer sa course dans une obscure ruelle de la métropole kotioïte.

marché noir

Il ne faut pas non plus négliger et oublier l'héritage culturel francisquien, et sa société violente et brutale, peu connue pour son pacifisme et habituée à se défendre par elle même et à disposer d'armes, mêmes rudimentaires, dans chaque foyer. Et lors de l'Insurrection indépendantiste de Kotios, les révolutionnaires avaient conservé leurs armes, et les nouvelles autorités de l'Assemblée Populaire dans leur euphorie politique et anarchiste, n'avaient pas jugé utile ni nécessaire de désarmer tous les insurgés à l'aune de l'Indépendance de Kotios.

Autant dire que c'est avec une facilité déconcertante que les forces putschistes patriotiques du Nouvel Ordre et du Parti du Peuple avaient pu se procurer tout un arsenal de guerre, sans parler des nombreux véhicules qu'il était facile de trouver en milieu urbain. Les sympathisants du mouvement firent volontiers don de leur voiture ou de leur camion aux Putschistes. De toute façon, sans essence, à quelle autre utilité auraient -ils bien pu l'exploiter ?


[ Situation actuelle des insurgés :]


  • Assemblée Populaire : 100% sous contrôle des insurgés
  • Quartier de l'Assemblée Populaire : 100% sous contrôle des insurgés
  • Quartier de la Coupole : 100% sous contrôle des insurgés
Message secret
Information secrète réservée aux personnes autorisées
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Les tentacules du pouvoir

Carte indicative des lieux
Carte indicative des lieux de l'action

Cela faisait depuis des mois et des mois que la pègre banairaise avait établi des comptoirs à Kotios, seconde capitale du crime, après Carnevale où elle avait son siège en toute impunité. Cependant, la concurrence était rude : non seulement entre les mafias banairaises, mais également avec les mafias étrangères et locales, voire avec les milices et partis politiques avec lesquels il fallait souvent composer pour faire tranquillement ses affaires. En un an, Kotios avait changé : ville industrialo-portuaire sous le joug de l'Empire Francisquien,
elle était depuis sa lutte pour l'indépendance en proie à des confrontations brutales et perpétuelles entre ses habitants et divers groupes de ressortissants étrangers tentant d'accroître leur influence. Rien de cela n'était étonnant : la commune de Kotios résultait de l'affrontement indirect entre l'Empire Francisquien et son rival libertaire, le Pharois dont les pirates anarchistes de la Fraternité avaient plaisir à déstabiliser le régime de Latios qu'ils détestaient au plus haut point. Ces démarches intrusives avaient probablement des raisons plus profondes en lien même avec l'exécutif pharois qui avait tout intérêt à gagner une zone de non-droit où y avancer ses pions et faire d'une pierre deux coups : affaiblir son ennemi et s'assurer le contrôle de la mer du Nord. Mais tout ceci avait suscité la convoitise du monde entier, et nombreux étaient ceux qui y avaient tenté leur chance. Difficile dans de telles conditions de se faire une place, mais les contrebandiers banairais ne demandaient pas grand-chose, simplement profiter du marché noir institutionnalisé de la ville et d'un point d'ancrage à partir duquel exporter leurs marchandises illégales : armes, drogue, produits contrefaits, médicaments non-contrôlés, matériel volé et mêmes esclaves. Ce dernier marché était particulièrement prometteur puisqu'il permettait à la fois de se concilier les autorités francisquiennes qui ne pouvaient pas sans regret les empêcher d'enrichir leurs caisses en même temps que les leurs, et d'évacuer les individus qui s'occupaient de trop près de leurs activités peu louables. Le manque cruel de nourriture et de produits de première nécessité relevait de la bénédiction pour ces groupes : en plus de faire des marges monstrueuses malgré le coup et les risques de l'importation dans une région si dangereuse, elle fournissait une façade respectable à la pègre. Leur statut de criminel était vite oublié lorsqu'ils apportaient pain, médicaments et essence aux kotioïtes, qui devenaient plus enclins à leur laisser un contrôle modéré des quartiers sud-ouest où ils avaient l'habitude de débarquer et d'y faire circuler leurs hommes de mains armés. Et cette dernière expression est bien faible et évasive vis-à-vis de la réalité : la pègre banairaise s'armait de plus en plus pour protéger des biens toujours plus convoités par les uns comme par les autres, en plus de protéger leurs quartiers dans le contexte si instable de Kotios qui était en proie à un putch faschiste. La pègre avait d'ailleurs récemment détourné un entrepôt d'armes de l'armée banairaise, prenant ainsi possession de quelques milliers d'armes dépassées, mais en parfait état de fonctionnement. Mais quelle est cette pègre ? Combien y a-t-il de gangs différents ? Comment sont-ils organisés, me diriez-vous ? Ceci est difficile à savoir, mais au vu du taux de criminalité de Carnavale, QG de la criminalité banairaise, on peut tout à fait affirmer la présence de plusieurs dizaines d'organisations criminelles, affiliées ou non aux trois familles de la cité-état. Parmi ces organisations s'en sont fait particulièrement connaître deux : le Croissant et le Nouvel Ordre Ben'Bahen. Le premier est une organisation de contrebande internationale ressemblant au niveau de sa hiérarchie, à une société moyen-âgeuse. Elle fonctionne en effet par le biais de la vassalisation de groupes mineurs qui, en récompense de leur soumission et de leur contribution financière, obtiennent protection et soutien de l'organisation. On entend ainsi parfois les titres d'Emir, Calife, Vizir, Prince ou Chevalier sans savoir les noms des intéressés. Il est d'ailleurs coutume que les grandes têtes de l'organisation possèdent des possessions immobilières au style outrancier à Carnavale ayant pour unique but de montrer leur pouvoir, constituant la seule trace visible de l'organisation qui pour le reste, préfère la discrétion. Quant au Nouvel Ordre Ben'Bahen, il s'agirait plutôt, selon les propres dires du gouvernement banairais, d'une organisation terroriste s'adonnant à la contrebande afin de se fournir les moyens financiers nécessaires à ses actions politiques. Le Nouvel Ordre souhaiterait, car il ne s'agit ici que de rumeurs, la domination banairaise au niveau mondiale sous la forme d'un empire autoritaire. Refusant toute religion, le Nouvel Ordre frappe régulièrement des édifices religieux dans le monde entier, faisant de lui un groupe très recherché par la police mais, pour le grand malheur de tous, il reste toujours difficile à démanteler, étant devenu professionnel des professionnels dans l'art de brouiller les pistes, ne sacrifiant que ses pions souvent recrutés auprès de populations radicalisées dans les pays cibles. Dans les deux cas, les deux groupes sont connus pour bénéficier d'une longue liste de contact plus ou moins influents et leur implication dans diverses opérations secrètes à la solde de gouvernements peu clairs ou de factions rebelles, voire même d'entreprises qui n'hésitent pas à les appeler pour préparer un terrain favorable à leur installation ou à leurs revendications. Des services au compte-goutte, les criminels craignant toujours une tentative d'exposition de leurs actions illégales par de faux clients, qui se payent extrêmement cher, en nature comme en espèces.

La ville de Kotios faisait partie de ces marchés potentiels : faire affaires avec des partis politiques locaux était une bonne occasion de s'en attirer la bénédiction et de se faire de l'argent. Mais pour l'instant, il n'en avait rien été, les contrebandiers se contentant de faire leur commerce. Ce dernier était particulièrement fructueux. En effet, les malfaiteurs s'étaient bien installés : au nord se trouvait le parc, endroit rêvé pour y installer des plantations de cannabis, ainsi qu'une route menant au port industriel. Au sud se trouvait le récent port de Nulle-Part, mais celui-ci était en ce moment utilisé comme base militaire par les troupes jashuriennes envoyées pour protéger les ressortissants de leur pays et honorer leur promesse de protection de la Commune. Leurs quartiers étaient constitués d'un complexe industriel abandonné lors de la récession kotioïte : raffineries pétrolières, entrepôts commerciaux et bâtiments administratifs d'entreprises aujourd'hui en faillite. Une d'entre elles, Kotios Transformations, s'occupait jadis de la fabrication de produits agro-alimentaires ainsi que de l'emballage de produits en tout genre, des mouchoirs à usage unique aux meubles à monter soi-même, en passant par les dentifrices. Le Croissant l'avait acheté pour une bouchée de pain alors que le chômage explosait à Kotios et que les commerces fermaient à tours de bras. Il s'agissait d'une couverture parfaite pour y blanchir l'argent et y empaqueter de la drogue en toute sécurité, drogue qui serait ensuite exportée dans l'ensemble de l'Eurysie. Et lorsque les capitaines étaient interrogés, ils expliquaient aux enquêteurs et douaniers leur itinéraire qui à première vue, était impossible à suspecter : les bâtiments naviguaient jusqu'à des ports secondaires de pays où les stupéfiants étaient légaux, et ne s'arrêtaient que pour vérifier l'état des moteurs et faire le plein. Pour en revenir à Kotios Transformations, c'était ainsi que le Croissant s'était construit une véritable entreprise tout à fait légale qui lui permettait au besoin d'employer les habitants des environs et par ce biais justifier les transactions qu'il était amené à effectuer. La pauvreté des quartiers environnants aidait à de tels recrutements : possédant peu avant la sécession et ayant perdu le peu qu'ils possédaient à sa suite, ses habitants n'avaient plus rien à perdre à s'engager et de cette manière y gagner nourriture, protection et argent. Un meilleur avenir en somme, bien moins spectral et supposé que celui vendu par les putchistes ou l'Assemblée qui n'avaient tous les deux cessé de leur faire croire que leur vie serait meilleure alors qu'elle se dégradait de jour en jour par la propagande et la manipulation. Les mafieux n'étaient pas des tendres, c'était même des brutes. Tous connaissaient leur pouvoir destructeur et le craignaient, mais ils leur savaient gré de leur honnêteté en matière d'affaires, du moins avec eux. Ils connaissaient les risques, ils se savaient à la merci de la pègre, mais ils avaient toujours eu ce qu'on leur avait promis, et cela comptait dans l'opinion d'une population résignée à son sort de marionnette d'une communauté internationale plus occupée à assouvir ses désirs de pouvoir qu'à les sortir de la misère. Ceci allait de pair avec l'application que leurs patrons investissaient dans la réalisation de leurs menaces s'ils ne réalisaient pas le travail qu'il leur était demandé ou pire, s'ils les trahissaient. Cela leur était d'autant plus facile que dans la confusion ambiante de la ville, une disparition ne s'apprenait que plusieurs semaines après. Quant aux corps, peu étaient retrouvés, très probablement jetés à la mer ou découpés et donnés en pâture aux chiens de garde. Trouver leurs condamnés ne leur était pas plus compliqué, ils avaient assez de contacts et d'agents pour les repérer : bars, hôtels, immeubles d'habitations, presse...Ils s'étaient insinués partout. Ceci était certes négligeable devant les partis politiques et autres milices en place, mais suffisamment assez pour parvenir à leur fin : se rendre justice...


"Eh ! Concierge, viens ici, on a besoin de toi !"

La voix venait du quai improvisé de l'Entrepôt. Après quelques instants, l'intéressé ne répondant pas, une tête dépassa de la facade ternie de l'Entrepôt : Dent. Ce dernier, d'une allure à la fois robuste et corrompue par une maladie, avait hérité de son surnom à cause d'une proéminence improbable d'une de ses canines. Il s'occupait des transferts de marchandises de Carnavale à Kotios, et avait manifestement besoin d'aide pour la finalisation d'un déchargement. Concierge avait finalement répondu à l'appel. Cet homme, d'apparence tout à fait ordinaire, était tout naturellement chargé de tenir l'administration de Kotios Transformations. Son visage sorti d'une publicité commerciale afaréenne, à vrai dire, l'aidait grandement dans sa tâche. On lui aurait confié les clés de sa propre maison.

"Ouais, j'arrive"

Ce 1er mai avait été bien chargé : prise en charge de nouveaux stocks de pain industriel et de conserves de viande, encaissement de transactions diverses et variées, gestion des activités externes à Kotios de l'entreprise qui avait repris du poil de la bête depuis le rachat. Il n'allait pas être déçu par la suite : devant lui se tenaient désormais une batterie de barils d'essence, des caisses de pièces détachées de véhicules et de tuyauterie ainsi que des centaines de boîtes de cigarette.

"La pêche a été bonne, à ce que je vois, commença-t-il.

-Ouais, mais maintenant faudrait noter tout ça quelque-part et ranger le tout. On n'a pas de temps à perdre.

-Jamais."



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Le 30 avril 2005 à 6h15 - Zone portuaire de Kotios.

Milices suprémacistes francisquiennes.
Par le biais de réseaux clandestins, les armements pullulent à Kotios.

La réelle assise des réseaux clandestins étrangers à Kotios n'est pas sans conséquence sur l'imperméabilité des frontières et la capacité des groupuscules nationaux, à importer illégalement différents armements à des fins politiques. Conscientes du phénomène, les autorités sont amenées à contrôler aléatoirement certaines entrées de marchandises. Et leur trouvaille avec une demi dizaine de mortiers tractés de réalisation étrangère rappela le bien fondé de leur mission. Dissimulés dans l'un des conteneurs des nombreux vraquiers gagnant hebdomadairement les côtes kotioïtes, pas moins de cinq mortiers tractés sont apparus sous les yeux des représentants de l'ordre. Un armement de guerre aux portes de la ville, des faits criminels graves qui conduiront à l'interpellation de dix malfrats alguarenos connus de façon notoire localement.

Staff a écrit :
Action clandestine arbitrée en réussite mineure, enregistrée sous le n° 61609 du site ventsombres.

  • Le joueur du Lofoten perd -5 mortiers tractés lors de la saisie, cet armement est transféré à l'inventaire des forces armées de Kotios.
  • Les réseaux clandestins mis à contribution perdent respectivement 1 600 pts (Alguarena) et 400 points d'influence (Lofoten) pour pouvoir conduire leur action (province #24865).
  • Le restant des armements secrètement listé ci-dessous est entré clandestinement sur le territoire kotioïte.

Message secret
Information secrète réservée aux personnes autorisées



POINTS ET PERTES DECOMPTES
4305

C'était pire que tout. Ces quatre semaines de guerre avaient été quatre semaines d'attente. L'État-libre compressé dans son microcosme hystérique, et les riverains commençant à peine à s'habituer à la folie qui avait pris possession des lieux. Mais le silence...

C'était pire que tout.

C'était un silence qui détonait comme une explosion. Le silence voulait dire l'assaut.

Ils donnaient l'assaut. Ils donnaient enfin l'assaut.

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Il y eut un bref moment d'appréhension ou d'excitation, peut-être, dans les rangs des putschistes. Enfin. L'heure de vérité. Puis le chaos total. Comme l'électricité avait été coupée on y voyait rien. Les hommes et femmes qui montaient la garde furent presque pris au dépourvu. Et dans l'obscurité, les projecteurs de cinq, dix, vingt hélicoptères apparurent de part et d'autres de la place, leurs canons de sabords prêts à tirer. Tous ces gens avaient été condamnés à mort par l'Assemblée. Tous ces gens, autant qu'ils étaient, n'étaient plus des gens, mais soldats ennemis. Et bientôt, les détonations des canons. Les mortiers qui tiraient sur les positions retranchées, les canons anti-char qui abattaient les barricades, éventraient les voitures que l'on avait dressés pour fermer les rues. Les cris de guerre des pirates de la fraternité se mêlaient au hurlement ésotérique des gardes du Kah.

Les hélicoptères, pour leur part, ouvraient le feu sur tout ce qui faisait mine de les prendre pour cible. Ils n'étaient cependant pas là pour prendre part à l'assaut de la place, non. Ils réservaient leurs munitions pour autre-chose.

« Peter Cushing tas de larves ! Vous vous souviendrez de son nom et vous vous souviendrez de son visage !
– Oui, citoyen !
– J'ai pas entendu !
– Oui citoyen ! »

Le citoyen-sergent s'accrochait à une sangle qui pendait du plafond, présentant à ses hommes la photo du chef des putschistes, criant par-dessus le bruit des pales, les tirs, et la pop exubérante qu'un quelconque pilote avait décidé de diffuser sur le champ de bataille. Putains de clowns de l'Aéroportée. Devant lui, dix-neuf soldats en armure noire de combat urbain, certains finissaient de prier, d'autres se concentraient en prévision du combat. Tous étaient sereins comme les Justes qu'ils étaient. Des guerriers de la lumière. La Garde avait encore ses illusions révolutionnaires.

« Tout ce qui ne se rend pas instantanément y passe ! Les juges ont rendu leur verdict, considérez-vous bourreaux !
– Et s'ils se rendent, citoyen-officier !
– Vous savez quoi faire s'ils se rendent ! Le Comité veut des coupables à présenter au public, alors on fait ça proprement ! Les équipes quatre et six prennent le toit, nous nous occupons du troisième étage. Une fois à l'intérieur c'est sécuriser et progresser. Il faut prendre en priorité l'hémicycle, et fermer toutes les issues d'où ils pourraient fuir.
– Citoyen-officier, et les otages ?
– Personne n'a essayé de négocier leur libération et si nous sommes ici c'est que l'idée a été abandonnée. Nous avons vingt-cinq citoyens morts dans une cour anonyme, là-bas. Si vous faites bien votre boulot le compte ne s'augmentera pas. Sinon, personne ne vous jugera coupable. Compris ?
– Oui citoyen ! »

Les hélicoptères étaient désormais autour du vénérable bâtiment, leurs canons hurlant, déchirant les lignes ennemies qui s'étaient formées aux fenêtres, interdisant aux rebelles dispersés dans le parc la possibilité de se replier dans l'assemblée. Et les forces d’intervention Kah-tanaise, armées jusqu'aux dents, motivées par l’impression d'écrire l'histoire, se jetèrent dans la bataille, sautant sur le toit, passant par des fenêtres, se déployant comme un piège mortel en direction de l’hémicycle. Une bataille rangée, pour chaque couloir, pour chaque mètre carré de terrain, copieusement filmée par les caméras embarquées des officiers de communication.

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Au même moment, s'adressant à tout Kotios et au monde via la chaîne Kotios Libérée, la Citoyenne Meredith et le citoyen-général Atl Mikami, du Kah, annoncèrent le début de l'opération de Libération. La situation n'avait que trop durée ; les putschistes étaient un kyste. Une anomalie. Il était inenvisageable que le moindre retour à la normale ait lieu. Le temps des négociations était révolu depuis trop longtemps déjà.

Le message était de toute façon très clair. Ni Kotios ni ses défenseurs n'accepteraient qu'on la prenne à la gorge. Ni Kotios ni ses défenseurs n'accepteraient qu'on lui force la main. Les otages seraient des martyrs ou des héros, selon le résultat de l'opération.

Quant aux putschistes ? Leurs maisons seraient rasées.

On y sèmera du sel.
14412

PUTSCH DE KOTIOS J +40
drapeau

Des jours, des semaines même sans que rien ne se passe dans le quartier barricadé de l'Assemblée Populaire, comme ci ce dernier avait été figé dans le temps comme par magie. Les Putschistes et leurs alliés, ainsi que ceux qui avaient tardivement rejoint le combat s'étaient durablement retranchés dans leurs cachettes et abris de fortune, ravitaillés par des proches, des habitants sympathisants, ou parfois eux-mêmes avaient tout simplement pris les devants et s'étaient fais quelques stocks de vivres en prévision d'un tel évènement.
C'était aussi l'une des leçon de vie que l'on apprenait très tôt lorsque l'on vivait à Kotios,être paré à toute éventualité, se préparer à l'impensable, faire des stocks et économiser des denrées de première nécessité à la première occasion. Car il était de coutume ici de dire qu'on ne savait jamais ce que l'avenir pouvait réserver.

En l'occurence à Kotios, quand un évènement majeur de produisait, cela n'augurait jamais rien de bon pour l'avenir.

Les hauts-parleurs Pharois crachaient leurs incessants chants révolutionnaires, mais les insurgés avaient trouvé la parade, et c'était d'ailleurs une anecdote que se racontaient les putschistes et qui pouvaient provoquer l'hilarité générale. En effet du coton simplement imbibé de graisse ou ou de vaseline dans les oreilles et hop, on n'entendait plus rien. De plus la configuration architecturale du quartier, étroit avec des vieux bâtiments en pierre qui côtoyaient des constructions en béton beaucoup plus récentes faisaient que par simplement phénomène physique, le son s'atténuait rapidement et venait mourir dans une espèce de grondement sourd, absorbé par les épais murs des bâtisses centenaires.

Alors voilà, ils y étaient parvenus à ce moment fatidique, pour beaucoup c'était un tournant décisif qui pouvait déterminer le sort de Kotios. Tous s'y étaient préparés, et attendaient cet instant ultime et redouté où l'assaut serait donné et où les forces ennemies tenteraient de déloger manu militari les Putschistes. Certains ne l'espéraient plus, et il y eu, il faut le dire, un grand moment de surprise, mêlé à une sorte d'intense excitation entremêlée de peur et d'appréhension. Après tout, même si pour beaucoup ce n'était que la suite logique de la première Révolution, certains prenaient les armes pour la toute première fois.

Quoiqu'il en soit, ce silence sépulcral fut bel et bien brisé par le camp adverse, et le bruit si caractéristique de pales d'hélicoptères fendant l'air, auquel vint s'ajouter une sorte de clameur populaire s'élevant alors dans tout le quartier. Puis soudainement la nuit sombre fut déchirée par des éclairs de lumière jaillissant de partout, à la fois du ciel, du sol, et du sommet des immeubles, des projecteurs, partout, d'innombrables brasiers, parfois de simples déchets imbibés d'alcool et d'essence périmée jetés dans un fut métallique et auxquels on avait mis le feu.
On aurait presque pu trouver cela joli, dans un autre contexte et en dehors de ces tragiques circonstances.

civils fuite
Des civils fuient pour se réfugier dans des abris de fortune, souvent des caves et des tunnels, afin de se protéger des bombardements à venir

Les sirènes qui habituellement alertent les habitants d'éventuels bombardement furent actionnés depuis l'Assemblée Populaire, dont les réseaux de communication et certains réseaux primaires fonctionnaient encore sur groupes électrogènes, un héritage de l'insurrection révolutionnaire qui avait eu lieu ici même, à l'endroit exact où Peter Cushing, le leader du Nouvel-Ordre se tenait, fièrement, le visage grave et assombrit, mais qui n'esquissait pas le moindre signe d'une quelconque anxiété dans son expression, mais affichait au contraire, une froide et inquiétante impassibilité, comme s'il était le chef d'orchestre d'un vaste opéra qu'il avait lui même composé, et qu'il tenait dans ses mains toutes les partitions.

Les sirènes d'alertes aux populations, pour ceux qui veulent se mettre dans l'ambiance

A son tour, il allait pouvoir hurler dans les hauts-parleurs de fortune qui avaient été installés ici et là dans le quartier :

Peter Cushing a écrit :
Très chères citoyennes et citoyens de l'Etat Libre de Kotios, c'est votre Président par interim qui vous parle. A l'heure actuelle, j'imagine que vous vous êtes rendus compte de ce qui est en train de se passer. Certains d'entre vous attendent ce moment depuis quelques temps à peine, alors que d'autres s'y sont préparés depuis fort longtemps. Ce moment fatidique est arrivé, où les forces éprises de liberté et d"indépendance de Kotios vont devoir lutter dans un combat âpre et héroïque contre les forces socialo-anarchistes, cet Axe du Mal, vendu à l'étranger, qui entend vous asservir et vous "collectiviser". L'âme des Kotioïtes n'est pas à vendre. Défendons chèrement notre peau, défendons notre sang, nos familles, nos amis, notre peuple contre les hordes étrangères rouges.
Le monde entier saura que ce sont eux qui ont attaqué les premiers, qu'aucune négociation ni tentative de médiation n'aura été formulée de leur part. Une preuve que ce ne sont que des monstres barbares qui ne connaissent que la force brute !

L'Opération "Vivre Libre ou Mourir" peut enfin débuter.
Je n'ai qu'un seul et unique ordre à vous formuler, un ordre que je sais que chaque homme et femme libre de Kotios ayant la même flamme patriotique qui anime mon cœur appliquera à la lettre : TIREZ POUR TUER ! Et surtout ne vous faites pas prendre vivant, si tel est le cas ils vous tortureront avant de vous exécuter.
Si d'aventure une telle situation se présentait et que vous ne voyiez aucune issue favorable, ne prenez pas de risques, dégoupillez une grenade, et emporter avec vous l'un de ces chiens !
Mais gardez à l'esprit que nous pouvons gagner, nous devons gagner, peu importe le prix. C'est le coût malheureusement astronomique de la liberté.

N'ayez pas la moindre pitié, ni la moindre hésitation, car eux, eux, n'en auront pas ! Les membres du Parti du Peuple et du Nouvel-Ordre se battront à vos côtés comme ils l'ont toujours fait jusqu'à maintenant !

VIVE KOTIOS LIBRE !

Des cris, des hurlements, des hourras suivirent alors l'allocution de Peter Cushing, certains pressentaient que c'était peut être la dernière fois qu'ils l'entendraient. Beaucoup étaient galvanisés par ce discours d'une ferveur incroyable. Peter Cushing était il faut le dire, un homme terriblement charismatique, malgré tous ses démons, et la haine qui le consumait littéralement. Il avait cependant bien anticipé que l'assaut se ferait par les airs, une opération terrestre aurait été bien trop couteuse en matériel et en hommes, il aurait fallu se battre ardemment pour chaque centimètre, et risquer des pertes potentielles trop élevées. A cela venait s'ajouter la zone géographique urbaine qui se prêtait facilement aux pièges et embuscades en tout genre.
A fort bon escient, puisqu'en plus de nombreux tireurs isolés et embusqués, plusieurs rues avaient été piégées par des mines antipersonnels de fabrication maison. On en trouvait à foison sur le marché noir et les étals des contrebandiers alguarenos, on pouvait même les fabriquer soit même lorsque l'on maîtrisait un temps soit peu certaines connaissances rudimentaires en matière d'explosifs.

tireur embusqué
Tireur putschiste embusqué disposant d'une mitrailleuse lourde et d'un angled e tir dégagé

Quelques minutes après le discours du Président par intérim de l'Etat Libre de Kotios, ce n'étaient plus des voix humaines que l'on entendaient dans l'air, mais bien des tirs réels, et non des moindres.
Les insurgés enlevèrent des bâches, retirèrent à la hâte le camouflage improvisé mais toutefois fort efficace, parfois de simple tôles disposées avec peu de précaution, qui dissimulaient des dizaines d'armes lourdes positionnées le plus souvent sur des toits, des balcons, et des hauteurs élevées stratégiques. Des canons de DCA certes un peu datés mais parfaitement opérationnelles y avaient été cachés durant tout ce temps.

DCA
Une tourelle de DCA improvisée, fixée à une échelle de secours en haut d'un immeuble


Légers, facilement dissimulables, et maniables même par un enfant de 10 ans, de nombreux combattants putschistes possédaient des lances-roquettes, que l'on surnommaient parfois les "fusées de la liberté" et il était aisé pour un utilisateur peu averti de viser, même approximativement un aéronef à courte portée, avec une probabilité non négligeable d'abattre la cible. Une manœuvre d'autant plus facilitée qu'il était difficile d'identifier en avance de phase un tir de roquette inopiné. C'était l'un des dangers les plus craints par les pilotes d'hélicoptères en milieu de guérilla urbaine.

DCA
Un combattant putschiste armé d'un lance-roquette de fabrication alguarenaise

SCHFROUUUM...la roquette était partie avec son panache de fumée, et sembla atteindre un des hélicoptères, tandis qu'un autre essuyait un feu nourri de mitrailleuse lourde.
Les balles fusaient de toute part, le ciel était illuminé d'éclairs, tandis qu'au sol, les habitants, apeurés et terrés dans leurs abris souterrains pour la plupart, ne pouvaient qu'attendre, désespérés, que ce chaos prenne fin et que le feu des armes se taisent enfin. Pourtant il était désormais clair que le putsch entrait dans une nouvelle phase, et que la crise revêtait l'image d'une guerre fratricide, ouverte et sans concession d'aucune part.

SCHFROUUUUM...second tir de roquette qui malheureusement rata sa cible, et vint s'écraser contre un immeuble de bureau, en fait le siège de l'administration métropolitaine de Kotios, où siégeaient avant le putsch de nombreux fonctionnaires et employés gouvernementaux. On y trouvait également les Archives de la Ville et le Cadastre. La violence de l'impact projeta de nombreux documents qui vinrent telle une pluie de feuilles de papier s'étaler et recouvrir le sol au pied de l'immeuble, comme un symbole de la lente déliquescence d'une administration impuissante...

immeuble de bureaux
Siège de l'administration métropolitaine de Kotios en train de brûler. On estima qu'à l'heure où les tirs de roquettes ont atteint le bâtiment il est fort peu probable que des employés s'y trouvaient, en revanche, il se pouvait que de nombreux réfugiés et civils y avaient trouvé refuge en pensant l'endroit sûr.


Toute la journée qui suivit, la visibilité resta extrêmement mauvaise pour les aéronefs et autres avions dans le ciel kotioïte étant donné les impénétrables fumées noires d'hydrocarbures qui s'étendaient et développaient peu à peu au dessus de la ville à laquelle venait s'ajouter une météo non des plus favorables. Une stratégie hasardeuse et généralement peu couteuse, mais qui pouvait en l’occurrence se révéler d'une aide extrêmement précieuse pour des assiégés ne disposant alors d'aucun appui aérien.

putschistes
Les insurgés allument des feux partout où ils le peuvent pour gêner la visibilité du soutien aérien ennemi

Alors que l'issue aérienne était encore incertaine, et que les canons et mitrailleuses de la DCA crachaient sans interruption leur stocks de munitions, les Putschistes décidèrent de passer à la seconde phase de l'offensive sans plus attendre, le fameux plan secret de Peter Cushing pour déstabiliser l'ennemi. En fait il s'agissait ni plus ni moins que de pilonner massivement et brutalement avec toute l'artillerie disponible le QG du parti de la Libération, l'endroit que l'on appelait l'Hôtel. Hautement symbolique, siège de ses ennemis de toujours, le leader du Nouvel Ordre en avait fait une affaire personnelle, et hasard du destin, il se trouvait très proche du quartier de l'Assemblée Populaire, largement à portée de tir des pièces d'artillerie des insurgés.
Les canons mobiles, tractés par de simples utilitaires, ou des camions, se positionnaient, tiraient, pilonnait, puis après 3 ou 4 tirs, se retiraient aussi rapidement qu'ils étaient arrivés, afin d'aller se positionner ailleurs et ce dans le but d'éviter de se faire repérer trop aisément, et de devenir des cibles faciles pour l'aviation ennemie.

canon tracté mobile
Un des nombreux canons tractés mobiles qui écument les rues de Kotios, difficilement saisissables, car peuvent se cacher dans des stations services, ou même de simples garages


Le lendemain, vers 5h du matin, c'est littéralement une pluie d'obus et de munitions de mortiers qui s'abattit alors sur l'Hôtel, ainsi que les bâtiments et rues adjacentes. L'objectif des putschistes était double : ruiner le moral de l'ennemi en ébranlant sa confiance absolue en sa force et exporter le conflit vers les quartiers limitrophes, afin de relâcher la pression en centre-ville. Les insurgés étaient convaincus que l'ennemi avait largement surestimé ses capacités, et sous estimer celle de ses adversaires. Une erreur qu'ils comptaient bien leur faire payer très cher, tant que cela leur était possible.
Au sol, les combats étaient plus hasardeux, on mitraillait de toute part, des mines sautaient sans que l'ons ache très bien qui avait marché dessus, des insurgés, des contre-putschistes, d'innocents civils ?
Difficile à dire, tant la panique et l'impression de chaos était omniprésent.

Les putschistes avaient également à leur disposition les fameux "fils de détente", ces espèces de fils invisibles à l'oeil nu, reliés à un détonateur astucieusement caché dans un mur ou sous un gravat, et en guise d'explosif, une bombe sale fabriquée artisanalement avec tout ce qui traine, verre pillé, clous, lames de rasoirs. Non mortels dans la plupart des cas, ils peuvent s'avérer terriblement handicapant, ôtant un œil, un doigt, voir dans le pire des cas pouvant arracher un membre, dans des souffrances franchement peu enviables.
Le but étant de faire le plus de dégâts et de provoquer des blessures assez graves pour clouer sur place un combattant. Et autant dire qu'à Kotios on pouvait très facilement se procurer tout le matériel nécessaire.
Mais peu pensaient que cela serait suffisant pour stopper la contre-offensive des Rouges, et leur implacable supériorité numérique et matérielle. Ils n'étaient pas venus pour tergiverser ou négocier, mais bien pour raser pierre par pierre la ville entière si cela s'avérait nécessaire. L’extrémisme et la violence dans sa forme la plus pure avait pris le pas sur toute autre forme d'expression.

hotel bombardé
L'Hôtel, quartier général du Parti de la Libération, a concentré les tirs d'obus et de mortiers de la part de toute l'artillerie putschiste

En effet, les Putschistes ne pouvaient compter uniquement sur leurs cachettes et leur mobilité, car en face l'ennemi était nombreux, bien équipé, et rendait coup pour coup. Il pouvait en autre disposer d'un solide soutien aérien, et cela faisait clairement la différence. La contre-offensive ne se fit pas attendre, et le camp d'en face déversa à son tour un déluge de feu sur les positions tenues par les putschistes. En milieu urbain il était difficile d'imaginer que seuls des ennemis étaient touchés par de tels tirs, et on s'attendaient, des deux côtés, à de très nombreuses pertes civiles et des dommages collatéraux importants. Il apparaissait désormais clair pour les stratèges de tous les côtés que seule une riposte lourde et frontale pourrait résoudre la situation, à moins que l'une des deux parties ne décida de rendre les armes, ce qui, au stade actuel, paraissait hautement improbable.
La détermination et le fanatisme cultivé par les Putschistes rendaient ce scénario quasiment impossible à concevoir, mais il restait encore une alternative, celle d'une intervention massive internationale pour mettre un coup d'arrêt aux hostilités, cela s'était vu par le passé, et avaient obligé les belligérants à devoir négocier autour d'une table.

Une chose était sûre, la journée qui venait de se dérouler avait été funeste et dramatique pour tout le monde, la tension et l'attentisme avaient cédé leur place au chaos et à la guérilla urbaine. Kotios la Révolutionnaire, Kotios l'Insoumise, était devenue un champ de bataille, les quartiers s'étaient mués en camps retranchés, chaque faction semblait bien décidée à défendre ses acquis et ses gains territoriaux. Un immense et épais nuage noirâtre enveloppait désormais la ville et assombrissait son horizon, une vision cauchemardesque pour ceux qui avaient l'opportunité de pouvoir l’apercevoir de loin.

Nul doute que l'on pouvait également les observer sans difficulté par delà les frontières francisquiennes dont les habitants frontaliers ne pouvaient qu’assister ébahis à ce tragique spectacle.


rue du centre ville
Une rue du centre-ville de Kotios non loin de l'Assemblée Populaire, au petit matin du lendemain de la contre-offensive qui témoigne de la violence des combats en ville. Une vision sinistre et apocalyptique des habitants qui voient leur ville se défigurer au fur et à mesure de l'intensification des combats
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Haut-Ministère des Armées et de la Sécurité de la République chrétienne-militaire du Magermelk


COMMUNIQUÉ OFFICIEL DU HAUT-MINISTÈRE
DES ARMÉES ET DE LA SÉCURITÉ DE LA
RÉPUBLIQUE CHRÉTIENNE-MILITAIRE DU MAGERMELK



Soutient de la République chrétienne-militaire du Magermelk pour les légalistes et démocrates dans la guerre civile kotioïte



La République chrétienne-militaire du Magermelk a beaucoup réfléchi si elle devait s'impliquer dans la guerre civile qui secoue la Commune de Kotios. Le résultat de ces mûres réflexions est que le Magermelk se doit de soutenir les légalistes de Kotios. En effet, rien ne justifie le putsch du Parti du Peuple. Par la suite, l'Empire Francisquien a décidé d'annexer Kotios, alors qu'il avait fait le serment de le protéger et de respecter son indépendance. Cette invasion n'est aucunement justifiée, cet une honte. Le Magermelk ne peut que s'indigner de cette annexion. Nous avons décidé d'envoyer du matériel militaire pour les soldats légaliste membres du "Rassemblement des Patriotes Démocrates pour l'Indépendance de Kotios". En effet, le RPDIK, ancien parti politique de l'Assemblée populaire, défend Kotios contre l'Empire Francisquien, sans être gangréné par l'idéologie communiste. Tous les jours, nous prions pour que Kotios réussisse à garder son indépendance face à l'Empire Francisquien qui tente de soumettre le monde. L'Empire souhaite étendre son influence anarchique sur le monde. Notre pensée Républicaine nous fait dire que l'ordre doit être préserver, c'est pour cela qu'une victoire démocrate ne pourrait attendre. Pour que Kotios redevienne un pays sûr, pour que le peuple kotioïte demeure libre, pour que le peuple kotioïte demeure indépendant, nous allons aider la Commune de Kotios dans cette malheureuse guerre civile.

Armée du Magermelk a écrit :
Armes livrées au RPDIK pour la guerre civile kotioïte

  • 5 000 Armes légères d'infanterie (Niveau 2)
  • 500 mitrailleuses lourdes (Niveau 1)

Nous espérons que ce matériel militaire aidera la Commune de Kotios à garder son indépendance.


Communiqué officiel du Haut-Ministère des Armées et de la Sécurité de la République chrétienne-militaire du Magermelk

Maréchal Mathieu de Loire, Haut-Ministre des Armées et de la Sécurité
de la République chrétienne-militaire du Magermelk

Maréchal Mathieu de Loire, Haut-Ministre des Armées et de la Sécurité de la République chrétienne-militaire du Magermelk
Vive la République, Vive le Magermelk, Vive Dieu

11 mai 2005
4115
Ordre de la croix blanche.

Un an. Un peu moins d'un an depuis qu’il étaient arrivés à Kotios, et tout était allé de mal en pis. Certes, ils avaient transformé le boc de béton et ses rues environnantes en trésor d’activité et de stabilité dans un quartier pas forcément facile, en usant d’un mélange de formation, de bonne gestion et des larges subsides qu’on leur avait accordé. Les rues jouissaient maintenant de bâtiments rénovés, les murets qui entouraient et coupaient l’hôpital de son environnement avaient été abattus, et la sécurité renforcée. Que pouvait-il mal se passer ? A long terme, ils allaient transformer le quartier tout entier en havre de paix pour les désoeuvrés de Kotios qui cherchaient un abri, une famille, un refuge dans le chaos ambiant depuis que la ville avait pris son indépendance.

ergesrg

Varian Rose se tenait les mains dans le visage après la nouvelle qu’il avait reçu. Deux heures qu’il était figé dans cette position, malaxant son visage pour essayer de dissiper l’horreur qui l’avait saisi lorsqu’il avait appris. Il n’était pourtant pas du genre à être trop affecté par l’actualité, ou alors, ses effets avaient toujours été mitigés par son entourage, ou alors… s’il y réfléchissait bien… il avait toujours eu du mal avec les situations de crise. Pendant l’éclatement de la guerre civile aux EAU, c’était ses frères et sœurs qui avaient pris les choses en main. Pendant la traversée mouvementée, il était insupportable à cause de ses conjectures négatives sans fin. Quand ils étaient arrivés, ils lui avait fallu plusieurs semaines avant d’enfin se sentir à sa place dans les rues de Kotios. Alors pourquoi avait-il fallu que l’ordre s’en remette à nouveau à lui ? Il n’en était pas capable, surtout après ce qu’il venait d’apprendre ! Des putchistes, les mêmes qu’ils avaient fui aux EAU, ou qu’importe, avaient tenté de s’approprier le pouvoir, ou de sauver certains des leurs, ou bien de prendre contrôle de l’hôpital…

Pas capable… il n’avait aucune idée de ce qu’il se passait réellement en dehors de son quartier, de ce qu’il avait construit pendant tout ce temps avec ses amis les plus proches, qui comptaient sur lui. Il n’avait même pas été capable de faire jouer ses relations au tribunal révolutionnaire. Pas capable… ses camarades se tournaient vers lui, au moins il lui semblait, pour savoir s’ils pouvaient aller intervenir pour soigner les gens sur les lieux de guerre. Lui, il restait plongé dans un mutisme, incapable de les envoyer dans ce qu’il pensait être un casse-pipe. Pas capable… il avait ordonné que tous les non-médecins s’entraînent militairement pour pouvoir défendre au cas où l’hôpital contre les réactionnaires. Sa proposition avait été acueillie par un concert d’indignations, mais avait été acceptée en tenant compte des objections de conscience. Le docteur Connors avait claqué la porte « Une mitrailleuse dans ma salle d’opération ? Jamais ! » et était retourné aux EAU, là où, on le disait, la révolution avait triomphé. Pas capable… et quand son amie la plus proche, une restauratrice du nom de Carla, l’avait invité avec ses camarades du conseil de l’ordre pour fêter la réussite du quartier, il s’était méfié. Et rien que le fait qu’il en soit arrivé là avait suffi à le réduire à l’état de chose recroquevillée pendant les six dernières heures. Il avait refusé une invitation à aller dans son restaurant préféré avec ses proches les plus dignes de confiances parce qu’il avait peur. Et ce simple fait lui faisait dire qu’il n’était plus capable.

Varian

Varian Rose, quand il a le moral.


En dehors de leur leader tacite, les membres de l'ordre de la croix blanche avaient en fait un moral plutôt haut. Du fait de leur statut d'humanitaires et de leur non-discrimination envers ceux qu'ils soignaient, ils avaient acquis une sorte de statut neutre, ce qui leur permettait d'avoir un quartier en efferfescence permanente, oui, mais aussi en recrutement permanent. Il ne fallait dependant pas se leurrer, ils restaient des hommes attachés à l'idéal socialiste libertaire. Les quelques soldats putchistes qui atterrissaient en ces lieux étaient remis au représentant de la ville une fois soignés, et n'avaient pas le droit à la même chaleur que les autres. En tant qu'hôpital majeur dans un pays en guerre doté de fonds par la métropole, l'Ordre recrutait, formait, entraînait de la milice pour sa protection. Ainsi, grâce aux EAU, l'hôpital allait pouvoir se défendre de manière autonome contre toute menace qui n'implique pas un pays entier qui en voudrait à sa souveraineté. Bien sûr, ce n'était pas pour tout de suite. Mais l'instauration de cette milice pourrait probablement rassurer Rose, au moins le reste de l'ordre l'espérait.



EAU a écrit :
Livraison de 10'000 fusils de niveau 1 par les EAU.
3007
Une appropriation plus ou moins légale

Trois malfaiteurs des quartiers ouest de Kotios

Ebda n'avait même pas commencé sa journée qu'on le demandait au bureau d'Amiral, cet homme imposant et autoritaire qui était le représentant direct en terre kotioïte de leur chef suprême, Croissant Noir. Ce dernier l'avait convoqué pour lui laisser la discrétion du recrutement de jeunes kotioïtes au sein de l'organisation, mais également, fait bien plus important, de l'expansion des plantations de cannabis dans le parc du nord : celui-ci n'était que peu surveillé et l'organisation bénéficiait depuis peu de la protection de la Merenlävät, syndicat pharois de la contrebande auquel ils avaient adhéré ne pouvant se permettre de partir en guerre contre les gangs phatois, ni n'ayant d'intérêt particulier à le faire. La Merenlävät, au moins, mettait à disposition de ses inscrits des installations portuaires, de stockage et de transformation et aucun doute n'était possible sur le fait qu'ils puissent couvrir les actions du Croissant si nécessaire. La priorité consistait donc à augmenter la production, et d'éventuellement aménager des sites de traitement supplémentaires dans la zone industrielle du QG. Ebda se frottait les mains : s'il faisait preuve d'efficacité, il pouvait espérer être récompensé, d'autant plus qu'il n'était pas si mal placé dans l'échelle, du moins il était plus qu'un simple exécutant, et la grandeur de la tâche qu'on lui avait incombé ne faisait que lui montrer la confiance qu'Amiral portait à son égard. Il se devait d'être à la hauteur cependant, une erreur dans ce long processus de colonisation du parc pouvait lui coûter cher, et Amiral avait la main lourde. Quelques protestataires de son autorité en avaient déjà fait les frais, peuplant désormais les fonds de l'océan, quelque-part au nord du port de Nulle-Part. Comme toute opération d'envergure, elle était risquée, en effet la guerre civile était bientôt terminée, signifiant que l'administration révolutionnaire allait reprendre son cours habituel et donc éventuellement sévir.
C'est là qu'intervenaient les formations aux techniques de guérillas de plusieurs centaines de combattants qui, à la fin de leur formation, pourront défendre leurs positions. Mais avant d'en arriver là étaient posées plusieurs défenses à même d'incapaciter la justice kotioïte : en plus de leur adhésion à la Merenlävät qui avait sans doute un moyen de pression sur la Fraternité et donc sur Kotios existait un fonds financier destiné spécialement à la corruption des magistrats
et de la police naissante de la cité-état. L'existence légale de Kotios Transformations leur permettait également de cacher une bonne partie de leurs activités, certaines devenant même, comble pour un réseau criminel, légales, du moins par rapport au gruyère juridique sur lequel la Commune se basait.
Ebda était maintenant arrivé au parc. Plus loins, au nord, se trouvait le port industriel. Ses installations devaient, à son avis, être restées intactes avec la guerre civile de Kotios et l'affrontement aérien francisquo-katanais qui l'avait précédé. Il n'était pas idiot de penser à faire remonter directement les paquets de poudre, ainsi que d'autres marchandises, jusqu'à ce port. Là-bas, ils bénéficieriaient
de meilleures conditions pour embarquer. Néanmoins, la surveillance devait y être plus accrue. Malgré cette crainte, il en parlerait à Amiral. Probablement ce dernier y avait déjà pensé et rejeté, mais sait-on jamais, pensa-t-il.
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Survivre dans la guerre civile


Lisa était enfermée dans une cave, cachée à l'abri des tirs de l'extérieur. Entourée de son mari, sa mère et ses deux enfants, elle vivait dans ce souterrain insalubre depuis le début de la guerre civile, dans des conditions désastreuses. L'eau et la nourriture manquaient, le confort matériel était à oublier, la santé n'importait plus. Ils survivaient depuis le début de la crise.

On n'avait plus connaissance de ses voisins. Étaient-ils encore en vie ? Avaient-ils pu fuir ou se cacher ? Avaient-ils été attaqué par une armée ? Assassiné par les autorités putschistes ? Lisa ne savait pas, elle ne pouvait entendre aucun son provenant de l'extérieur, sauf les hurlements des bombes qui explosaient dans les rues de Kotios. Ce bruit devenait une hantise, un cauchemar que l'on redoute plus que la peste. Quand le cri sourd d'un missile en plein vol se faisait entendre dans la cave, tous se cachaient où ils pouvaient entre les paillasses qui servaient de lit. Et là, on attendait. L'attente était longue, très longue, trop longue. Les enfants terrifiés pleuraient à chaudes larmes, sans jamais ne faire sortir un simple son de leur bouche, de peur qu'un agent putschiste ne les trouve. Quand la détonations résonnait dans les parois de la cave, le cœur s'arrêtait. Puis on rouvrait les yeux pour voir si l'on était encore vivant dans la cave, si elle n'avait pas été pulvérisée par la bombe. La peur était passée, mais la terreur allait revenir dans une heure ou deux.

Pour le repas, on ne mangeait pas à sa faim. On avait un riche repas quand on mangeait plus d'un quignon de pain. Bien souvent, trois petits grains de riz suffisaient pour un repas. Le soir, on avait droit à plus : quatre grains. Le dimanche, on mangeait tout de même un bout de pain accompagné de d'une boîte de conserve. Ces délices de Capoue offraient à la famille de bien trop maigres repas, mais ils ne savaient quand ce finirait cette guerre : dans un mois ? Six ? Un an ? Dix ans ? Personne ne savait. De peur de manquer de nourriture à un moment, ils rationnaient tout, ne mangeaient que le nécessaire, sans jamais outrepasser les limites du danger mortel. Lisa s'est toujours dit que s'ils venaient à manquer de nourriture, elle se résoudrait à tuer leur vieux chien. Elle possédait des réserves pour un peu moins de trois mois, elle calculait tout pour ne manquer de rien. Mais un accident est très vite arrivé, ils pourraient rapidement tout perdre. Un jour, une détonation non loin de la cave fit trembler les étagères et l'une s'effondra. On tenta de sauver tout ce que l'on pouvait, mais une partie fut perdue.

Nombre de maladies se rependaient dans de telles conditions. Certes, l'absence de lien avec l'extérieur les empêcher d'attraper quelconque à cause d'autrui, mais cette vie leur apportait nombre d'infections et virus très dangereux. Le père de Lisa avait depuis le début de la guerre de grands problèmes respiratoires, plusieurs fois il lui était arriver de suffoquer la nuit. Si ces gémissements n'avaient pas réveillé la famille, il serait sûrement mort. Les deux enfants n'avaient pas plus de dix ans, et étaient exposé de très violents et sévères maladies. Un jour, l'aîné fut pris d'immense fièvres qui le paralysait. Personne ne savait quelle malheur le prenait. Il se rétablit tout de même au bout d'une semaine, mais avait bien failli y passer. Le plus jeune était lui prit depuis le début des bombardements d'un stress énorme, d'anxiété immense et d'une terreur constante qui ne s'arrêtait pas. Normal me direz-vous ? Il ne dormait plus la nuit, passait ses journées à écouter si un avion n'arrivait pas pour les bombarder, il passait son temps à trembler de terreur en imaginant le futur. La peut était la seule émotion qui le traversait, avec toutes les nuances les plus horribles qu'elle possédait. Seule la guerre l'animait, mais son corps frigorifié comme un cadavre ne respirait que grâce à l'instinct de survie. Les stigmates que garderons sont esprits après la guerre seront énormes, le traumatisme est trop grand. Chaque jour était une nouvelle épreuve, une nouvelle crainte qui se répétait indéfiniment. On cherchait à le rassurer, avec des mots doux, mais même sa mère ne réussissait pas à calmer ses ardeurs de terreur. L'effroi guidait maintenant sa vie.

La vie enfermée dans cette cave était intenable, mais aucune sortie ne pouvait être accordée. Lisa ne sortit de la cave qu'une seule fois, fois qui lui suffit. Elle avait été tétanisée par l'horreur qu'elle avait entre-aperçu. Les combats entre les putschistes et les légalistes, les massacres fascistes, les bombardements coalisés : tout l'avait terrorisée. On ne pouvait pas vivre sur la surface sans croiser le feu d'un soldat perdu qui recherchait son commandement. Elle avait du sortir car l'eau qui normalement arrive dans la cave était bouchée. Elle priait pour que le tuyau n'ai pas été rompu.

La tête sortie de la cave, elle gravit les escaliers et arriva dans son jardin. Sa maison s'était transformée en un tas de cendres et de pierres, pour ne laisser qu'une grande place vide. Elle marcha à côté du large tas et arriva dans la rue. Vide, elle était vide de toute humanité. Un drapeau flottait en haut d'un tas de sable, des pierres originaires dans logements détruits jonchaient le sol, tout comme les cadavres qui pullulaient sur les trottoirs et sur la route. A ses pieds, le corps d'un jeune homme était là, allongé comme s'il venait de s'endormir. Mais il était mort, son corps était froid comme les glaciers du Grand Nord, sa vie éteinte comme celle de milliers de kotioïtes. Elle continua à avancer et vit le drapeau qui flottait au vent comme si Kotios était un tout nouveau territoire qui venait d'être colonisé par un grande puissance. Le drapeau noir et rouge était composée d'un symbole blanc ressemblant à un pilotage de bateau, dans un hexagone, elle-même sur une croix rouge avec un fond noir autour.

Drapeau de l'État Libre de Kotios, état auto-proclamé par les forces putschistes

Lisa ne connaissait pas cet étrange drapeau. Elle ne comprenait pas pourquoi un tel drapeau flottait seul sur Kotios. Elle détourna son regard et parti vers le pont d'eau. Quand elle arriva au lieu où l'eau était redistribuée vers eux, elle remarqua que le mécanisme était cassé. Après plusieurs minutes d'observation, elle comprit qu'une chute de pierre avait causé une cassure dans le vieux matériel. Elle raccommoda le mécanisme pendant quarante minutes avant que tout ne soit réparé. Elle repartit en longeant les bâtiments pour ne pas être remarquée. Mais alors qu'elle traversait la rue, elle aperçut au bout de l'avenue des soldats stationnés, comme s'ils attendaient le combat. En effet, la cave était à cinq-cents mètres de la ligne de front. Elle se dépécha encore plus à rentrer, mais alors qu'elle approchait de la cave, un avion kah-tanais survola le terrain. Elle se jeta dans le bas-côté, s'allongea et attendit. Elle entendit la détonation non loin d'elle, à seulement cent mètres. Jamais elle n'eut aussi peur de toute sa vie. Après que l'épaisse fumée soit partie, elle vit devant elle le carnage : deux personnes avaient volé en éclats. Elles habitaient dans leur cave, mais la détonation avait détruit leur abri. Elle couru vers la cave et s'enferma avec toute sa famille qui avait eut peur pour elle.

Ils n'espéraient qu'une chose : la fin de cette guerre, la fin de ce carnage, la fin de cette abomination. Ils n'avaient pas vécu depuis plusieurs mois, enfermé sous la terre, entre quatre murs. Les conditions invivables étaient désastreuses pour leur santé, mais ils survivaient grâce à une force d'esprit qui les tenait debout. Mais ils espéraient de tout cœur la fin de cette guerre, la fin de cette sale guerre qui a déjà assez coûté pour Kotios et son peuple.
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Les coups de feu retentirent dans le quartier de la Lavandière.

C’était devenu un rituel pour les habitants du quartier. Tous les matins, le son de la kalachnikov et du fusil retentissait dans les rues de la ville. A force, les habitants pouvaient presque déterminer quel camp s’affrontait dans ce qu’il restait de Kotios. Hier, c’étaient les partisans de la Rose – un obscur groupement éphémère – qui affrontaient les Malappris – d’anciens nobliaux de l’Empire vivant à Kotios. Aujourd’hui, le bruit caractéristique de la kalachnikov et les cris des femmes laissaient peu de doutes : les Lavandières de l’Union des Travailleurs aller donner l’assaut sur les positions des Rats de Kotios, une bande de caïds pillant les échoppes locales.

L’ordre avait été donné par les dirigeants du corpo-syndicat, retranché dans son QG, la veille au soir. Les Rats de Kotios occupaient traditionnellement les quartiers plus au nord, mais les combats les avaient poussés vers les positions de l’Union des Travailleurs. Il était hors de question que ces pillards à la petite semaine viennent contester la primauté des ouvriers dans le quartier. Il fallait éliminer la racaille et frapper un grand coup pour éviter que le mot soit donné parmi toutes les bandes éphémères que le quartier de la Lavandière était ouvert au pillage.

Evguenia Maïakowski – capitaine des Turbans Rouges – fumait sa dernière cigarette de l’autre côté de la barricade de bois et de sacs de sables qui barrait l’entrée de la rue des Amidonniers. Sa petite troupe de choc faisait partie des volontaires des Lavandières pour protéger le périmètre nord du quartier. Milena, sa seconde aux grands yeux verts, venait de lui lire le message du corpo-syndicat tandis qu’elle rechargeait son arme et comptait ses munitions. Adossées contre la barricade, les demoiselles portant les emblématiques turbans rouges des Lavandières discutaient tranquillement tandis qu’Evguenia et sa seconde prenaient les ordres de leur hiérarchie.

Fidèle, le chien de la troupe, se tenait aux pieds de Yulia, la plus jeune du groupe. Harnaché avec les provisions et les munitions, ce corniaud servait à la logistique. Détalant comme un lapin dès qu’il le fallait, il pouvait transporter des munitions et des bandages d’une barricade à l’autre sans attirer l’attention. Les chiens avaient été utilisés dès le début des combats et les travailleurs de l’Union savaient correctement les dresser pour remplir des missions simples : porter des messages, trimballer quelques sacs, garder une zone, … Fidèle baillait aux corneilles tandis que Yulia lui grattait les oreilles. A côté d’elle, Miranda recousait d’une main experte le treillis militaire de son mari et montrait à Katrina et Sasha comment faire pour éviter qu’il ne s’abime. Même sur les barricades, les Lavandières continuaient à remplir les tâches domestiques …

Bien cachées derrière un mur de briques d’une ancienne boulangerie, Svetlana, Maria et Katis étaient en train de réchauffer le café de la veille et de préparer les tartines pour le petit-déjeuner. Une bonne odeur de beurre flottait dans l’air tandis que l’on ouvrait un petit pot de confiture. La scène aurait pu être banale, si l’on omettait la présence des fusils, des grenades et des munitions. Elles venaient d’être rejointes par les jumelles Hilda et Saskia, dont les turbans cachaient mal les cheveux roux, et qui riaient aux éclats tandis que l’on s’échangeait les potins de la veille.

« Chaud devant mesdames ! Café chaud pour toutes ! Ram’nez vos tasses tant qu’il est presque buvable, déclara Svetlana en faisant une grimace forcée. »

Un coup de feu retentit dans le lointain, couvrant à peine les rires des demoiselles, dont les tasses furent remplies en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Repliant la lettre dans son gilet militaire, la capitaine posa son fusil et profita que sa troupe soit rassemblée pour les briefer sur la prochaine mission.

« Mesdames. Nouvelle mission venue d’en-haut. Ordre donné à huit heures ce matin. Les Rats de Kotios se sont rassemblés dans l’ancien séchoir à tabac de la rue Gaillard. On entre et on les descend. Les gars de Mikhaïl nous couvriront depuis la rue de la matraque au cas où certains tenteraient de s’enfuir.

- LesRats de Kotios ? demanda Yulia d’un air pensif. Ils n’étaient pas dans les quartiers ouest avant ?

- Non Yulia, la reprit Svetlana en agitant doctement sa cuillère à café. Tu confonds avec les Souris des Pavés.

- Les Souris des Pavés n’existent plus depuis deux semaines les filles. Il faut se mettre à la page. Elles ont toutes été abattues par les Bruns, déclara Miranda, sans décrocher le regard de son ouvrage.

- Comment tu sais ça toi ? la questionna Yulia.

- Parce que contrairement à toi, je connais Kotios et pas seulement le pâté de maison qui m’a vu naître ! »

La plus jeune lui tira la langue avant de reprendre une gorgée de café. La capitaine toussota et reprit en dépliant une carte tâchée de sang qu’elle avait pris sur le corps d’un Malappris :

« Nous avons rendez-vous à dix heures. Vous voyez cette rue ici ? Nous allons nous placer dans le bâtiment qui se trouve là. Yulia et Maria, vous prendrez les fusils à lunettes et vous vous placerez au point le plus haut. Il ne devrait plus rester un seul habitant dans cet édifice. Maria, t’oublies pas : tu te prépares une issue de secours au cas où ça chauffe. Svetlana et Katis, vous prenez Fidèle avec vous et vous vous posterez dans le bâtiment d’en face. Vous nous couvrez si jamais d’autres Rats rappliquent. Les autres et moi, on force les entrées et on abat tout le monde sans sommation. Ces ordures s’en sont pris à la famille Strahnov hier soir. »

L’annonce fit l’effet d’une bombe. Les demoiselles prirent une mine sombre. Après quelques secondes, ce fut la première des jumelles qui prit la parole.

« Les Strahnov ? Tu veux dire, ceux qui avaient la petite bijouterie ?

- Les enfoirés …, reprit l’autre. »

Un bruit sourd retentit derrière la barricade. Une lueur froide et assassine passa dans les yeux des Turbans Rouges, qui s’emparèrent immédiatement de leurs fusils et, sans plus de cérémonie, se mirent en position à la vitesse de l’éclair sur leur barricade. Pourtant, la rue était déserte. Sûrement un bruit dans le lointain, réverbéré dans les rues désertes. Rassurées, l’équipe baissa les armes et se remit en cercle. La tasse à café de Miranda s’était renversée sur le treillis dans l’action.

« Merde ! Fait chier !

- Langage Miranda, siffla Milena.

- Mesdames, finissez votre café. On part dans vingt minutes. L’équipe de Rodrigue vient nous remplacer pour le tour de garde. »


Le temps était maussade, malgré le mois de mai. Les balles allaient encore siffler dans le quartier de la Lavandière … Mais les demoiselles devaient tenir leurs positions et empêcher les groupes armés de pénétrer dans le périmètre de sécurité. Pendant que les élites du corpo-syndicat s’évertuaient à trouver une solution à ce putsch fasciste, l’Union des Travailleurs tenait sa position et faisait le ménage aux frontières de son quartier. On murmurait que bientôt, les équipes du Malingre et de Bataille prendraient le quartier des Noueux des mains des Bruns. Ce n’était qu’une question de temps avant que l’Union ne se couvre de gloire. La capitaine s’en fichait éperdument de cette « gloire ». Elle devait avant tout ramener ses soldats en vie …
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Le grésillement de talkie-walkie se fit entendre dans la poche du capitaine Maïakowski. Le murmure de Maria leur indiqua qu’elle et sa binôme étaient prêtes.

« Cap’taine. On est en position. Sentinelle sur le pas de la porte du séchoir. Deux Rats visibles derrière les fenêtres du séchoir au premier étage. Un solitaire sur le toit en train de fumer. A vous. »

Evguenia réajusta son gilet militaire et se positionna au coin de la rue. Derrière elle, les jumelles Hilda et Saskia, ainsi que Katrina, Sasha, Milena se tenaient prête, armes au poing, à foncer vers l’entrée du bâtiment. Milena vérifiait une dernière fois le compte de ses grenades et posait une main rassurante sur l’épaule de Katrina, qui n’en menait pas large. Chacune de ces femmes avait beau avoir tué pour survivre à cet enfer qu’était Kotios, aucune n’était une tueuse née.

« Reçu. A mon signal, Yulia et toi abattez la sentinelle du toit et celle de la rue. Dites merci aux Jashuriens pour les silencieux, on va en avoir besoin. Evi, terminé. »

L’escouade de Mikhaïl encerclait le bâtiment de l’autre côté. Ses gars feraient en sorte que personne ne sorte vivant du bâtiment. Les Turbans Rouges se tenaient prêtes à lancer l’assaut. Dès que la sentinelle devant la porte serait abattue, tout irait très vite … Le capitaine Maïakowski tenta un dernier coup d’œil dans la rue, afin de s’assurer que les conditions étaient propices. Son index appuya alors sur le départ du talkie-walkie, qui grésilla.

« Yulia. Maria. Abattez-les. Terminé. »

Le silence se fit …

La sentinelle sur le pas de la porte fut instantanément clouée au mur quand la balle du fusil à lunettes lui percuta la boite crânienne, disloquant d’un seul coup ses os et aspergeant le mur de cervelle ensanglantée. Un deuxième coup mât retentit.

« Voie dégagée. A vous. »

Le capitaine fit un signe et son unité s’engouffra dans la rue des amidonniers, prête à en découdre avec les Rats de Kotios. Arrivées sur le pas de la porte, les femmes se séparèrent en deux groupes. Svetlana et Katis traversèrent la rue défoncée par les tirs de mortiers et se positionnèrent dans le bâtiment, prêtes à abattre les Rats depuis une position surélevée. Profitant de l’effet de surprise, les demoiselles pénétrèrent dans le séchoir, grand bâtiment de briques et de bois qui autrefois, avait été le symbole de la confection de tabac à Kotios.

Le rez-de-chaussée d’accueil du bâtiment n’était pas gardé. Visiblement, la réunion des Rats avait lieu à l’étage de la manufacture, dans le poste du directeur. Il fallait pour l’atteindre traverser l’entrepôt du séchoir, qui lui, était visiblement surveillé par les sbires des Rats. Evguenia Maïakowski guida son groupe à pas de loups entre les caisses vides et les anciens séchoirs. Il ne fut pas compliqué de se débarrasser des quelques sentinelles mal préparées postées au rez-de-chaussée de l’entrepôt. Les Turbans Rouges savaient jouer du couteau, après des années passées à dépiauter les animaux dans les cuisines de la Lavandière. Les corps furent retirés avant que les autres ne s’en aperçoivent et en moins de temps qu’il n’en fallut pour le dire, les demoiselles parvinrent au premier étage, devant la porte de la salle de réunion.

Evguenia fit signe à ses comparses de stopper leur avancée. Derrière les portes, elle pouvait entendre les rires des Rats de Kotios, qui festoyaient suite à leur dernier pillage …

« A mon signal … »

La porte vola en éclat tandis que les Turbans Rouges surgissaient de ses décombres. Les pauvres Rats de Kotios, en train de savourer leur dernier repas, ne purent que contempler d’un air abasourdi les balles transperçant leur peau de part en part. Les éclats de verre se mêlèrent à ceux du bois tandis que les chairs étaient déchiquetées par les balles des fusils des Turbans Rouges.

Des ordres … des morts … et on recommence …

C’était une journée ordinaire à Kotios …
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