01/06/2013
22:27:36
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Rencontre entre la République Directe de Banairah et la République de Jashuria à Abunaj

Rencontre entre la République Directe de Banairah et la République du Jashuria

L'Ambē, ou Ministère des Affaires Extérieures, Abunaj
L'Ambē, ou Ministère des Affaires Extérieures au Banairah, surplombant Abunaj au milieu des jardins de l'époque des Grands Progrès.

Il avait donc été prévu d'accueillir l'ambassadrice jashurienne à l'Ambē, lieu de toutes les rencontres diplomatiques de la République sur son sol. À cet effet, le palais administratif avait été comme à l'habitude apprêté pour l'occasion, et la sécurité renforcée avec la disposition de divisions supplémentaires de la Garde Républicaine. L'aéroport avait lui aussi bénéficié d'un traitement spécial : une piste privée avait été dégagée et des voitures officielles affrétées pour conduire les représentants jashuriens jusqu'au Ministère. Le temps était clair comme souvent à Abunaj, seuls quelques nuages blancs portés par le vent marin survolaient la capitale. Le géneral Iassik Venga prit la parole : 《Mme la Ministre, le cortège est prêt et nous avons reçu un message de la tour de contrôle. L'avion devrait bientôt arriver.
-Merci, Général Venga, souria-t-elle. 》Elle jeta un coup d'œil au Khasser qui était en train de discuter vivement avec Monsieur Narogah. Ses yeux vifs et ses mouvements de bras attestaient d'une grande discussion politique. Comme d'habitude, Saroud ne pouvait s'empêcher de débattre avec quiconque qu'il croisait. Je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi passionné par ce qu'il fait, pensa-t-elle. On pouvait maintenant voir l'avion jashurien distinctement. Ce jour sera probablement d'une grande importance pour le pays : cette rencontre présentait de grands enjeux, et pouvait en résulter des accords commerciaux avantageux, voire un allié régional avec le temps.
L'avion atterit.
Rencontre entre le Banairah et le Jashuria
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Lalana Preecha
Madame Lalana Preecha, Première Ambassadrice de la République du Jashuria

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20 août 2004 – Ministère des Affaires Extérieures au Banairah – Cité d’Abunaj

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L’atterrissage sur le tarmac d’Abunaj ne fut pas des plus plaisants. Lalana Preecha, première ambassadrice du Jashuria, ne s’habituerait jamais à cela. A côté d’elle, la délégation qui l’accompagnait restait de marbre, visiblement peu incommodée. Les portes s’ouvrirent et la demoiselle prit la tête du cortège tandis que les bagages du jet privé jashurien étaient emmenés ailleurs par le comité de réception.

Vêtue d’une longue robe traditionnelle à motifs floraux, l’ambassadrice aimait apparaître sous son meilleur jour. En tant que représentante du Jashuria, elle se devait d’être semblable à l’image que son pays souhaitait renvoyer : l’image d’une nation avenante, ambitieuse et tournée vers l’avenir tout en étant ancrée dans ses traditions.

En descendant de l’escalier, elle reconnut les visages des représentants du Ministère des Affaires Extérieures, avec qui elle avait déjà eu l’occasion d’échanger par les canaux diplomatiques. La jeune ambassadrice sourit et s’inclina respectueusement.

« Monsieur le Kasser Al’Tenhé, madame la ministre Azma, monsieur le ministre Narogah, général Venga. C’est un plaisir de vous rencontrer. Je suis madame Lalana Preecha, Première Ambassadrice du Jashuria. Et voici les personnes qui m’accompagnent. »

Elle désigna les membres de sa suite, qui venaient de se porter à sa rencontre.

« Voici monsieur Kacha Kanjanapas, député du Cercle Extérieur ainsi que mes deux assistantes, mesdames Mae-Duna et Mae-Khao Siriwanich. Ils m’accompagneront durant tout ce séjour.

Le représentant du Cerlce Extérieur s’inclina respectueusement, ainsi que les jumelles. Avec une escorte pareille, Lalana était assurée de mener de très belles négociations. Kacha Kanjanapas n’en avait peut-être pas l’air, mais il était un très fin négociateur. Quant aux jumelles Siriwanich, elles n’avaient pas leur pareil pour la conseiller et lui fournir les informations les plus intéressantes.

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Une fois les présentations faites, le cortège banairais prit en charge les visiteurs et leurs hôtes. Les véhicules, au blindage étonamment discret, étaient sortis d'usine le mois précédent. Dessinés par les ingénieurs les plus avenants du pays, elles participaient tout comme le lieu de rencontre à mettre en valeur le savoir-faire banairais. L'Ambē n'avait négligé aucun point, allant jusqu'à embaucher des kinésithérapeutes pour confectionner les sièges les plus confortables. La rencontre avec l'ambassadrice tombait à point nommé pour les utiliser. Le cortège passa par la Grande Arche, la plus large voie de communication de la capitale, qui menait jusqu'au bas du plateau de l'Ambē. Construite par l'architecte novateur Zeraf Sapp au XVIIème siècle, elle subissait de réguliers ajouts au fil des siècles : l'Arche de Victoire célébrant la victoire contre les envahisseurs mongols, le système hydraulique de Sernateh, un ingénieur du XVIème siècle de l'Est du pays, ou encore les 20 Maux et Désirs, une série de statues inspirées de l'art eurysien, couramment appelée la Colonnade et représentant plusieurs contes locaux et le pays banairais. Si cette avenue était d'une largeur déraisonnable, c'était pour de bonnes raisons : grands marchands et amateurs de moments de convivialité, les Abjan (ndlr : les habitants d'Abunaj) y organisaient 2 fois la semaine le marché d'Abunaj, où l'on pouvait trouver de tout, des épices aux peintures en passant pat les livres et le poisson. On apercevait ça et là quelques promeneurs profitant des jardins-oasis agréablement ombragés.

Détail du Messager du Temps, Colonnade de la Grande Arche, Abunaj
Détail du Messager du Temps, Colonnade de la Grande Arche. Représentant l'expérience des anciens, son cheval est fougueux. L'expérience est une manterne qui n'éclaire que celui qui la porte.

Une partie du réseau hydrolique de Sernateh, jardins de la Grande Arche, Abunaj, 1510
Canal du réseau hydrolique expérimental de Sernateh, jardins de la Grande Arche, Abunaj, 1510. Composé de différents systèmes, ce réseau alimente l'ensemble des jardins sans encombre depuis bientôt 5 siècles.

Le cortège grimpa en haut de la colline et s'arrêta aux portes du Ministère. L'ambassadrice et ses adjoints suivirent alors le Khasser et les deux ministres dans la bâtisse. Ayant rejoint le bureau de Siriam, cette dernière fit signe aux invités de prendre place en face.
《Eh bien, commençons, si vous le voulez bien. Nous avions évoqué par missive la possibilité d'échanges commerciaux avec votre pays. Nous serions ravis de vous proposer notre gaz ainsi que nos machineries. Celles-ci sont fabriquées à proximité de nos usines métallurgiques et offrent ainsi à prix raisonnable des véhicules et engins de chantier de grande efficacité et maniabilité. Votre secteur de construction serait, j'en suis certaine, grandement avantagé. 》
Rencontre entre le Banairah et le Jashuria
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Lalana Preecha
Madame Lalana Preecha, Première Ambassadrice de la République du Jashuria

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20 août 2004 – Ministère des Affaires Extérieures au Banairah – Cité d’Abunaj

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Les invités jashuriens se placèrent conformément aux demandes de leurs hôtes et prirent le temps de bien peser leurs mots. Ce fut l’ambassadrice Preecha qui ouvrit en premier les négociations de la part du Jashuria.

« Messieurs les représentants, je vous remercie de votre proposition. La Troisième République du Jashuria que je représente aujourd’hui a bien entendu votre offre de gaz et de matériel. Si le gaz a notre intérêt, les machineries nous importent peu. Notre peuple sait parfaitement construire ce dont il a besoin et dispose de toutes les installations nécessaires ainsi que le matériel pour bâtir d’imposantes métropoles. »

Lalana Preecha était dans le vrai. Les Jashuriens étaient des maîtres en matière de construction. Leur histoire était tournée vers l’acte de bâtir et les entreprises de bâtiments et travaux publics jashuriennes étaient plus que bien dotées en matière de matériel de construction. L’offre du Banairah de leur fournir des engins de construction était donc pour eux sans intérêt aucun. En revanche, la proposition d’importation de gaz était particulièrement intéressante.

Le Jashuria ne manquait pas de ressources naturelles. Mais pourquoi s’entêter à gaspiller ses propres ressources et à défigurer le paysage quand on pouvait l’importer directement de pays proposant déjà des tarifs plus que raisonnables ? L’offre du Banairah était des plus appréciables, mais il manquait un petit quelque chose à Lalana pour que cette proposition soit acceptée.

« Néanmoins, je suis certaine que des prix sur les terres rares sauraient parfaitement nous combler. Qu’en pensez-vous chers représentants ? En échange, nous sommes prêts à vous proposer des droits de douanes particulièrement intéressants sur le passage de vos navires sur le Grand Canal afin de faciliter votre commerce vers le Nikawa et les pays du nord du Nazum. Vos navires profiteraient ainsi de notre plus belle infrastructure afin de commercer non seulement avec nous, mais aussi avec les autres pays de l’est du Nazum. »

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Cette dernière proposition paraîssait quelque peu osé pour le ministre du Commerce et des Transports Er Narogah : ainsi le Jashuria ne voyait le Banairah que comme une réserve de ressources naturelles ? Il comprenait que l'ambassadrice était peu enthousiaste d'acheter du matériel qu'ils produisaient déjà eux-mêmes. Néanmoins, demander dans la succession un rabais sur les ressources leur permettant de construire de telles machineries était aussi stratège que d'envoyer des aveugles faire du tir à l'arc. Mais Narogah, malgré son patriotisme exacerbé, reprit ses esprits : il ne fallait pas prendre la mouche et prendre de mauvaises décisions par la suite. Il élabora à son tour la réponse la plus appropriée qu'il envisageait, alors que Siriam commençait la sienne, à savoir comme lui le refus d'une telle proposition :
《Nous serions enchantés de bénéficier d'un tel accès, mais notre secteur technologique a grand besoin de nos terres rares et y a donc un accès prioritaire.
-Seules les entreprises banairaises bénéficient de rabais. Nous pouvons par contre vous proposer des matériaux de construction pour vos travaux. Le Banairah a une riche histoire géologique, et par conséquent les ressources qui vont avec : briques du sable des déserts, béton...》
Ces ressources pourraient, si vendus à bon prix pour le Banairah, être plus intéressantes à l'exportation qu'à l'exploitation sur place. De plus, ces ressources ne manquaient, on en avait pour des siècles de construction.
Rencontre entre le Banairah et le Jashuria
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Lalana Preecha
Madame Lalana Preecha, Première Ambassadrice de la République du Jashuria

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20 août 2004 – Ministère des Affaires Extérieures au Banairah – Cité d’Abunaj

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L’ambassadrice sourit, malgré le refus de son interlocuteur. S’ils ne souhaitaient pas mettre de l’eau dans leur vin, c’est qu’il fallait tenter autre chose pour les convaincre. Ce qui comptait finalement, ce n’était pas la nature des biens que l’on allait pouvoir s’échanger entre le Jashuria et le Banairah, mais comment faciliter les échanges. Si le Banairah tenait vraiment à ses terres rares, le Jashuria tenait à conserver un secteur de la construction puissant et hégémonique. Mais l’Etat n’avait pas à intervenir sur la nature des biens commerciaux, seulement à offrir un cadre aux échanges.

« Messieurs les représentants, je crois que nous allons dans la mauvaise direction. Permettez-moi s’il vous plait de recadrer le débat. La nature des biens que nous allons échanger importe peu. Le Jashuria est un Etat libéral : nos entreprises savent mieux que nous ce dont elles ont besoin. Si notre pays dirige des secteurs stratégiques via le Ministère de l’Innovation et des Grands Projets, ce sont les entreprises jashuriennes qui possèdent la flexibilité nécessaire pour s’adapter au marché. De notre côté, notre rôle est de fournir le cadre de ces échanges afin que le commerce nous soit à tous profitable. Ainsi donc … permettez-moi de proposer autre chose. »

L’ambassadrice fit un signe à l’une des jumelles, qui sortit d’un grand étui une carte du monde. Celle-ci avait été annotée en de nombreux endroits et présentaient de nombreuses flèches, quantités et idées qui laissaient apparaître un projet de grande ampleur, mais profitable aux deux pays. Lalana prit le temps d’expliquer patiemment ce que contenait sa proposition.

« Le projet que mon pays souhaite soumettre à votre approbation est le suivant : la création d’un pôle d’échanges portuaire reliant le Banairah et le Jashuria. Cet axe s’articule autour de votre port principal, de la grande île située au milieu de l’océan qui constitue votre territoire et enfin, l’entièreté du Grand Canal. Voyez-vous, nous ne parviendrons pas à nous accorder sur les taxes, les prix et la quantité des matières à échanger comme ça, dans une conférence officielle. Ce genre de débats est pour nos entreprises. En revanche, là où nous avons tous les deux notre carte à jouer, c’est en facilitant au maximum ces échanges. Ce « Collier de Perles » que je vous propose n’est ni plus ni moins qu’un important investissement conjoint dans le développement d’infrastructures banairo-jashuriennes afin de faire fructifier notre commerce international.»

L’ambassadrice sortit alors une série de photographies et de relevés montrant le potentiel de développement des infrastructures portuaires dans les différents ports touchés par son projet de « Collier de Perles ». On pouvait y découvrir non seulement de nouvelles jetées, ateliers de carénages, entrepôts, raffineries pétrolières, mais aussi, des réseaux de gazoducs sous-marins symbolisant le potentiel développement du commerce gazier entre le Banairah et le Jashuria. L’idée était simple : investir massivement dans les activités portuaires et créer les espaces nécessaires pour intensifier les échanges, aujourd’hui ténus entre les pays. Le Jashuria obtiendrait dans l’affaire des ports de plus en plus puissants et capables de supporter plus de flux internationaux. Quant au Banairah, il pourrait, en plus de bénéficier de nouvelles extensions portuaires, faciliter le transfert de gaz d’un continent à l’autre. C’était un accord gagnant-gagnant, qui ne se perdait pas dans des discussions sans fins sur les taxes et les droits de douanes. Ce genre de choses était du ressort des comités de direction jashuriens et banairais.

« Le projet du Collier de Perles est un investissement en plusieurs étapes. Actuellement, nos ports sont capables de supporter un commerce approfondi entre nos deux pays, mais nous arriverons tous les deux très vite à une limite dans nos importations et exportations. Si nous voulons anticiper correctement l’évolution de nos relations, nous devons penser sur le temps long : à l’échelle de 50 ans au minimum. Or, que constatons-nous ? D’ici cinquante ans, notre commerce international avec le Banairah aurait plus qu’explosé. Pour pouvoir canaliser au mieux les flux de marchandise et éviter la stagnation de notre commerce commun, il nous faut plus que de simples accords commerciaux : il nous faut des ports, des oléoducs, des gazoducs, des navires cargos et de quoi les accueillir. Qu’en pensez-vous ? »


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L'Ambē, le Ministère des Affaires Extérieures au Banairah
Cela parlait déjà bien plus à Siriam. Un tel projet avait d'ailleurs été évoqué précédemment entre les deux représentantes, et consistuait, il est vrai, la partie la plus charnière de la rencontre. De plus, si le Jashuria était un cas d'école du libéralisme, le Banairah relevait plutôt du cas mixte : pays capitaliste à l'idéologie empreinte de nationalisme, il possédait majoritairement des entreprises qui ne rechignaient pas à joindre leurs forces aux mesures gouvernementales. Puisque le pays était plus ou moins le fruit du travail de tous, il n'était pas rare que les citoyens s'engagent à faire front commun avec le gouvernement, ou du moins lorsqu'ils étaient d'accord avec les mesures prises. C'est ainsi par exemple que Kara Korp avait aidé le Ministère de la Recherche à développer la métallurgie du pays. En un mot comme en cent, une telle ouverture au Jashuria ne présentait pas de réel danger : les entreprises banairaises étaient souvent des entreprises engagées et savaient ce qu'elles faisaient. Siriam prit un temps pour examiner la proposition de l'ambassadrice : agrandissement des capacités des ports jashuriens et banairais, gazoducs, construction de nouveaux carrefours d'échange et routes,...Cela lui plaisait grandement car il correspondait plutôt bien aux travaux d'Er Narogah, et même si ce dernier n'était pas le plus fin en diplomatie, personne ne lui retirait ses compétences dans la gestion des trafics et du commerce. Ces deux traits représentaient bien le marchand banairais : intelligent, mais pas forcément des plus communicants. Un homme de conviction. On se demandait d'ailleurs comment certains vendaient autant avec si peu d'enjolivage et d'artifices.
S'agissant de ce sujet, le Ministre de l'Économie était au plus au courant, il analysa donc la proposition de l'ambassadrice, comme son rôle l'attendait :

《Vous avez raison, revenons au but principal. Nous avons besoin de structures supportant de plus grands flux, et comme nous l'avions abordé ensemble en amont, nous avons nous-mêmes planifié des travaux similaires, débuta Siriam. M.Narogah, je vous laisse la parole.》
Celui-ci dévoila alors une grande maquette alors cachée au fond de la salle. La maquette, représentation topographique du Banairah au Jashuria en passant par la mer des Bhorins où s'effectueront donc les échanges maritimes entre les deux pays, portait une panoplie de petites statuettes fort bien sculptées représentant routes, quais, digues, entrepôts, gazoducs, usines et autres chemins de fer. Er fit rouler le meuble supportant la maquette jusqu'à la carte jashurienne.
《Comme Mme la Ministre l'a évoquée, j'ai développé cette maquette avec mon ministère, différents experts des Instituts de Recherche correspondants ainsi que les assemblées locales concernées. Nous avons prévu des gazoducs partant du centre du pays jusqu'à l'île de Destanh, puis jusqu'à vos aires urbaines. Concernant les échanges maritimes, nous avons dessiné les plans de deux ports supplémentaires sur cette île, d'extensions du port d'Abunaj et de Balaya, expliqua-t-il en désignant les statuettes correspondant à ses propos. Nous sommes donc enchantés de voir de telles possibilités dans votre proposition. Néanmoins, malgré toute notre expertise, de tels gazoducs ne pourront être construits dans l'immédiat. Ni au Banairah ni dans le reste du monde n'a été développé, du moins pour l'instant, une technologie suffisante à l'édification de tels ouvrages. Cela reste tout de même une bonne piste pour les années qui suivront. En attendant, le gaz devra être acheminé par bâteau, ce qui se réalise fort bien et nécessite des aménagements qui seront utilisés de toute manière pour des marchandises plus diverses. Des entrepôts et citernes ont également été prévus dans ces carrefours. Au vu de vos propositions, je pense qu'une coordination sera nécessaire pour acter le projet : la chronologie des constructions et un plan définitif principalement. Concernant les acteurs de ces chantiers, je suppose donc que vous ferez un appel d'offre pour le lancement des travaux. Nous concernant, le Ministère de la Recherche profitera probablement de l'occasion pour améliorer les technologies navales pour l'instant à notre disposition, ce qui implique le recrutement des entreprises ayant un contrat avec le Ministère dans ce domaine.》
Rencontre entre le Banairah et le Jashuria
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Lalana Preecha
Madame Lalana Preecha, Première Ambassadrice de la République du Jashuria

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20 août 2004 – Ministère des Affaires Extérieures au Banairah – Cité d’Abunaj

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Les représentants du Jashuria furent agréablement surpris par la prévoyance et les capacités d’anticipation des élites du Banairah. Il était rare de rencontrer des hommes politiques capables de rebondir aussi aisément sur une proposition telle que celle du pays des Deux Océans. La Ministre de l’Economie avait de la suite dans les idées et monsieur Narogah ne semblait pas en reste.

La carte déroulée devant les représentants jashuriens était particulièrement claire et ceux-ci appréciaient les choses concises et efficaces. L’avantage d’une telle maquette, c’était qu’elle permettait de bien cerner directement les problématiques principales dans le projet conjoint que les deux pays tentaient de mettre en place. Effectivement, les acheminements de gazs par gazoducs sous-marins ne pourraient pas être réalisés avant un moment, faute d’infrastructure. La logistique devrait se déporter sur un convoyage maritime, avec de gros navires cargos. Fort heureusement, le Jashuria était en train d’intensifier sa production de navires de gros tonnages pour faciliter le transfert des marchandises sur les océans. Cela tombait donc particulièrement à pic … de même que les chantiers navals commençaient à fabriquer de nouveaux modèles de patrouilleurs pour accompagner et sécuriser les approvisionnements.

« Le développement des ports sur l’île de Destanh nous semble en effet la meilleure idée qui soit, d’autant qu’elle assurera une certaine sécurité en permettant de protéger le commerce maritime avec des patrouilleurs. Nous nous retrouvons totalement dans ce type de propositions. Je pense que le plus sage, afin de tester la solidité de nos relations et de cet investissement, serait de commencer nos travaux sur l’un des premiers ports de l’île. Cela nous permettra de roder notre fonctionnement et l’efficacité de notre coopération. Je ne doute pas que le projet soit couronné de succès, mais il nous faut tout d’abord bien mettre en place le cadre de notre coopération pour maximiser l’efficacité de nos investissements et éviter que la livraison du projet ne traine trop, ou que la motivation disparaisse entre temps. En ce sens, je suis favorable à ce que nous commencions par l’île de Destanh. Rien que l’acheminement du béton et du ciment pour l’extension des infrastructures est un défi logistique que nous serions heureux de relever avec vous. Seriez-vous d’accord pour que nous commencions par cela ? »

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Siriam était enchantée que le plan du Ministère de l'Économie plaisait à l'équipe jashurienne : la rencontre sera probablement couronnée de succès et ouvrira de grandes possbilités d'expansion économique pour les deux pays. Ayant été débriefée par M.Narogah sur le projet, l'idée de commencer par l'île de Destanh lui paraissait parfaitement appropriée : pour l'instant peu développée, à mi-chemin entre les deux pays, elle présentait toutes les caractéristiques d'un bon terrain d'entraînement et de coordination. La logistique sera compliquée à assurer, mais elle était sûr de la réussite du projet : le Banairah bénéficiait de très bonnes équipes d'ingénieurs et d'entreprises de BTP de grande expérience, et le Jashuria était reconnu pour la qualité des infrastructures qu'il batît au cours du temps. Le port de Destanh, Neltaone, pourra servir sans problème aux premiers approvisionnements en matériaux de construction. Après une rapide consultation du regard avec Saroud et Er, elle déclara :
《Eh bien, faisons ainsi ! L'île de Destanh est effectivement bien positionnée et donc parfaitement adéquate aux débuts des travaux. Nous pourrons y tester notre faculté d'organisation et bénéficier plus rapidement des premières installations. L'île a besoin d'une redynamisation et cela constitue à vrai dire, une belle opportunité.
Er prit la parole :
-Je propose d'arranger une rencontre entre moi-même et mon homologue jahurien afin d'organiser plus en détail le déroulement des travaux. J'ai également discuté récemment avec notre cher ministre de la Recherche, M.Atkē, au sujet de la construction navale. De récents travaux théoriques sont en voie d'être achevés, et lui-même a demandé aux centres de développement nationaux des études plus poussées pour permettre la fabrication de bâtiments commerciaux plus imposants. Nous pouvons espérer d'ici à 3 mois disposer d'une nouvelle flotte nationale et privée.
-Très bien, reprit Siriam. Avez-vous quelque sujet supplémentaire à aborder avec nous ?
Rencontre entre le Banairah et le Jashuria
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Lalana Preecha
Madame Lalana Preecha, Première Ambassadrice de la République du Jashuria

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20 août 2004 – Ministère des Affaires Extérieures au Banairah – Cité d’Abunaj

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L’ambassadrice sourit. C’était exactement le genre de partenariat qu’elle recherchait. Avec cela, l’économie du Jashuria allait recevoir un nouveau coup de fouet pour se développer. Les représentants du Banairah étaient durs en affaires, mais honnêtes et dans ce genre de négociations, la confiance seule était un critère que les Jashuriens respectaient avant tout.

« Notre ministre délégué aux grands projets sera ravi de pouvoir échanger avec vous sur ce sujet. Notre collaboration promet d’être des plus fructueuses, d’autant que nos laboratoires scientifiques et nos armateurs sont tout à fait disposés à travailler de concert avec les votres. Il en ressortira que nos deux pays pourront prospérer quand les autres nations s’engouffrent dans des guerres inutiles. »

Avec de la chance, une équipe jashurienne pourrait être montée en moins de deux mois par la Madavian. C’était déjà le cas à Kotios, où le Jashuria disposait d’une concession sur le secteur de Nulle Part. Avec l’île de Destanh dans son escarcelle, le Jashuria promettait de pouvoir déplacer une partie de sa puissance économique sur de nouveaux territoires et de sortir du Nazum. Le Jashuria pourrait aussi tester la viabilité de son nouveau système de ville-cargo : d’imposants vaisseaux-cargos pouvant contenir l’équivalent d’une petite ville pour déplacer la main d’œuvre et les ingénieurs d’un site à l’autre. La Madavian était très fière de pouvoir bénéficier de cette innovation, qui lui permettait de créer des villes flottantes aux abords des zones de construction portuaires sans avoir à poser le pied sur le sol étranger. Cela permettait aux Jashuriens de protéger plus efficacement une partie de leurs secrets de fabrication, tout en contenant de nombreux matériaux nécessaires à la logistique de chantier.

« Chers représentants. Voilà un accord qui me parait des plus riches entre nos deux pays. Mes collègues et moi-même allons formaliser un accord entre nos deux nations. Il sera bien évidemment soumis à la relecture de votre administration avant de constituer la base nos échanges. Sur cette même base, nous souhaiterions savoir si le Banairah serait intéressé par des échanges universitaires entre nos deux nations. Le Jashuria vient récemment de rejoindre le projet Universitas du Pharois. Nous avons officialisé notre adhésion et recherchons de nouveaux partenaires avec lesquels dessiner des programmes de recherche conjoints. Le Banairah trouverait-il un intérêt à voir les échanges scientifiques et universitaires se développer entre nos deux continents ? »


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Les représentants banairais étaient satisfaits de cet échange : grâce à de tels accords, le Banairah bénéficiera de l'entrée de nouveaux capitaux ainsi que d'une dynamique générale de croissance économique. Les investissements en infrastructures, quoique lourds, seront utiles et rémunérateurs sur le long terme et pourraient bien placer le Banairah et son nouveau partenaire au centre du commerce de la mer des Bohrins. L'île de Destanh, en particulier, pourrait bien s'imposer dans quelques années comme la plaque tournante de la région, contrôlant l'entrée orientale de la mer des Bohrins et établissant la jonction entre le Nazum et l'Afarée. La question de l'éducation et de la recherche était plus corsée : le pays avait son propre système au sein duquel les institutions gouvernementales avaient plaisir à influer. Le progrès technologique du pays allait de pair avec les décisions politiques et, il faut l'avouer, le nationalisme ambiant du pays. La science est le Graal de ses habitants, et la perspective même fine d'une ingérence étrangère dans leurs affaires n'était que très mal accueillie. C'était pour cette raison que le peuple était divisé sur la question de l'adhésion au projet Universitas qui semblait leur fermer des portes qu'ils n'avaient connues qu'ouvertes : programmes de recherche étatique, dispatchement des étudiants selon leurs profils en plus de leur motivation, et conservation des secrets technologiques. La seule possibilité d'une revente de leurs études, de leur travail, de leur fierté et de leur moyen de subsistance, à but caritatif les apeurait et les rendait extrêmement méfiants. Seuls les Banairais avaient le droit de décider de ve qu'ils faisaient de leur savoir, cela fait partie intégrante de leurs droits.
En revanche, des échanges scolaires et des études communes dans des domaines où l'expertise étrangère pouvait amener quelque-chose de supplémentaire seraient bien reçus. Bien que les ingénieurs en génie civil banairais excellaient dans leur art, celui-ci se restreignait à des domaines que les Jashuriens ne maîtrisaient probablement moins, par exemple la construction d'infrastructures en plein désert. A contrario, ces derniers possédaient de nombreux savoirs en construction fluviale et en irrigation qui pourraient compléter celles des Banairais. Il existait plusieurs domaines ainsi où la coopération ferait plus avancer que la confrontation, et rien que pour cela la proposition était bonne.

《En l'absence de notre Ministre de la Recherche et de l'Éducation, nous ne pourrons réellement nous étendre sur la question, commença Saroud. Néanmoins, ce dernier nous a détaillé son avis sur la question, avis que d'ailleurs nous partageons. Notre pays chérit son indépendance dans le domaine de la recherche, et ne saurait tolérer de si strictes règles de régulation comme celles proposées par le Pharois par le biais du projet Universitas. Cependant, nos équipes scientifiques sont toujours en recherche d'expertise étrangère dans certains domaines que nous connaissons moins. Ainsi, des projets d'études communs dans ces domaines que nous pourrons ensemble fixer seraient les bienvenus. Nous sommes favorables également à des échanges universitaires, mais préférons laisser monsieur Atkē à cette charge. Je propose donc une rencontre avec nous-mêmes et Monsieur le Ministre dans les prochains jours à ce sujet.》
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