12/05/2013
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Activités étrangères en Damanie

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Activités étrangères en Damanie

Ce topic est ouvert à tous les joueurs possédant un pays validé. Vous pouvez publier ici les RP concernant les activités menées par vos ressortissants en Damanie. Ceux-ci vous permettront d’accroître l'influence potentielle de votre pays sur les territoires locaux. Veillez toutefois à ce que vos écrits restent conformes au background développé par le joueur de la Damanie, sinon quoi ils pourraient être invalidés.
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Une pluie légère s'abattait sur le port de Cinadhon, insuffisante pour chasser la foule amassée sur le gros plateau de béton, à l'ombre des grues rouges et des rangées proprement alignées de conteneurs. Des soldats, des officiels. Une poignée de journalistes, aussi. Cachés sous des barnums montés depuis le matin, des imperméables ternes, des parapluies. Pour rien au monde ils n'auraient manqué l'occasion. Elle était historique : l'arrivée du premier corps expéditionnaire étranger au Damann depuis...

Tout s'était fait avec une certaine discrétion. De la demande d'aide du consul aux envoyées du Grand Kah à la votation par la Convention Générale d'une entrée officielle en guerre du côté des forces gouvernementales de la République. Ensuite, plus rien. On avait gardé le silence sur le sujet durant la semaine de mobilisation et de trajet qu'il avait fallu pour que les hommes de à l'Opération interarmées Foudre n'arrivent sur place. L'idée était d’officialiser la situation une fois le fait accomplit : une déclaration officielle était déjà prête, on attendait simplement le bon moment pour rendre publique. Moment qui, donc, ne devait plus tarder à arrivée.

Les cargos étaient arrivés dans le flot désormais confus de navires qui continuaient, malgré la guerre, d’alimenter les ports damanns. C’est qu’ils n’étaient pas vraiment inquiétés : les mers n’étaient pas gardées, les armées opposantes ne pratiquaient pas de politique de taxation exceptionnelle ou de pillage, la guerre créait même une demande qui rendait, pour le moment, le fait d’importer des produits dans la région plus lucratif que jamais. Pourtant, ils passaient difficilement pour de simples navires commerciaux, ces cargos. Avec leur blindage gris, leur pont couvert de soldats en uniformes verts, les grands étendards kah-tanais qu’on avait attaché au à leur château central. Si quiconque avait compris ce dont il s’agissait, il n’en avait pas fait grand cas de telle façon qu’ils arrivèrent sans encombre Cinadhon.

Installé à la poupe du Vingtième, de la flotte de transport, le citoyen-général Atl Mikami observait le déchargement du matériel militaire. À quai, un officier en tenue du Kah semblait aux prises avec un soldat damann, derrière eux attendaient les canons tractés de la première compagnie d’artillerie de la garde, le citoyen-général s’imagina qu’il s’agissait d’un malentendu sur la base où devaient se rendre les soldats kah-tanais, et contint un soupir. Les inévitables moments de flottement qui accompagnaient la fusion de plusieurs états-majors, sans parler du chaos et de l’incertitude saupoudrée par la situation toute particulière de guerre civile, où déterminer précisément quel soldat était disponible, quel matériel était utilisable, quelle base était sûre devait être un calvaire de tout les instants. Voilà bien une chose dont il se serait passé, et ça se lisait dans son regard. C’était un homme d’âge mûr qui n’avait, pour tout dire, pas grand-chose d’impressionnant. Asiatique de taille moyenne, il portait bien son uniforme et respirait une forme de calme habitué, comme s’il avait déjà tout vu et ne ressentait plus, au choix, que de l’indifférence ou de la lassitude. Il n’était pas vraiment l’image d’un roc révolutionnaire, d’un foudre de guerre génial. A défaut de quoi il inspirait tout de même une certaine sympathie, celle d’un général de paix qui connaissait très bien la théorie et se serait sans doute montré brillant à l’occasion d’une histoire plus guerroyante ; C’était bien-sûr oublier les actes héroïques de la dernière révolution Kah-tanaise, mais celle-là était bien lointaine, et du héros de la Garde restait maintenant cet homme de guerre qui avait principalement connu la paix. A côté du citoyen-général, le colonel Eriamondt, qui l’assistait partout où cela était nécessaire. Il fit un geste de menton pour désigner la compagnie d’artillerie bloquée sur sa passerelle de débarquement.

« Je pensais que tout était en ordre. De qui est-ce qu’ils se moquent ?
– Probablement un malentendu. La barrière de la langue en créera d’autres. »

L’argument arracha un haussement de sourcils au colonel, qui ne fit cependant aucun commentaire, principalement car la situation était débloquée et que la série de camions et de canons tractés progressait désormais à bonne vitesse vers la sortie du port. Atl porta une main à sa casquette pour la rehausser.

« Vous entendez ?
– Quoi, citoyen-général ?
– Des pétarades. » Atl leva un doigt et plissa les yeux, attentif. « Des pétarades, et c’est tout. Pas de mortiers, de détonations… Nous allons bel et bien affronter une milice.
– Pour le temps que ça durera. Avec leur nouvelle consule et son orientation politique, on peut déjà parier sur une intervention de puissances réactionnaires. Nos ennemis ne resteront pas miliciens bien longtemps.
– Mais suffisamment pour que nous prenions l’avantage. J’ai lu les plans mis en place par nos officiers de liaison avant notre arrivée. Ils ne pourraient pas répondre à une attaque coordonnée d’artillerie et d’infanterie aéroportée. Nous pourrions désenclaver la ville et obtenir une position avantageuse en attendant l’arrivée de renforts mécanisés. »

Le colonel acquiesça.

« Le plus important c’est de priver l’ennemi de ses ports. Si nous l’empêchons d’obtenir des renforts par voie maritime, la guerre est gagnée.
– Ce n’est pas tout. N’oubliez pas que c’est une opération interarmes.
– Citoyen-général ? »

Alt pencha la tête sur le côté, se gardant bien de répondre à la question. Avisant de l'approche rapide d'un sous-officier en uniforme cérémoniel, il indiqua le port, où s'étaient rassemblés des instrumentistes et un quelconque représentant de la municipalité.

« Rejoignons le comité d’accueil. Il faudra perdre quelques précieuses minutes en mondanité, après quoi nous pourrons nous y mettre. »
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Côtes Nord-Ouest du Damann

[Passerelle du Mercy]



" - Capitaine, les côtes du Damann sont en vue"


"- Une demi-heure d'avance sur l'horaire, mes félicitations Monsieur Steiner, faites stopper les machines, et alerter le Major Erwin que le "paquet-surprise" est prêt à être livré. On passe en code jaune, à vos postes."

Le second s'approcha de la console de commande.

"-Bien Capitaine.......Stopper les moteurs, manœuvre d'approche stationnaire. Code Jaune, je répète code jaune. Capitaine c'est à vous. I"

Le Capitaine décrocha le haut parleur permettant de s'adresser à l'ensemble du navire :

"- A tout l'équipage ainsi qu'à tous les passagers, ici le Capitaine du Mercy. Nous entrons actuellement en zone de conflit, en Damann ! Tout le monde à son poste, je répète, ceci n'est pas un exercice ! L'opération Unitaid peut commencer. Les pensées du peuple des Provinces-Unies du Lofoten vous accompagnent !


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Le "Mercy", le navire-hôpital militaire des forces armées Lofotènes

Le navire-hôpital Mercy était désormais en vue du littoral verdoyant damanniste, à quelques miles nautiques des plages où l'opération Unitaid avait reçu l'opération de débarquer. Le majestueux navire aux couleurs nacrées, flanquées des croix rouges symboliques du secours et de l’assistance, avait stoppé les moteurs. Plusieurs chaloupes et vedettes armées avaient déjà été mises à la mer, les treuils et les bras mécaniques étaient déjà en action afin de disposer l'ensemble du matériel nécessaire dans les embarcations.
Quant au personnel de Unitaid, il était déjà en partance vers la République du Damann, pour beaucoup d'entre eux, ce n'étaient pas leur première mission. La plupart d'entre eux étaient très expérimentés, déjà aguerris et éprouvés par les affres de la guerre, ce qui leur permettaient d'endurer et de supporter la vue insoutenable de la souffrance extrême et de la dureté d'un conflit.

Le Major Erwin avait été désigné pour assurer la supervision et le commandement de la mission humanitaire. C'était un homme réfléchi, mesuré, à qui on confiait les missions les plus délicates et difficiles, car il savait prendre les mesures qui s'imposaient. Ses directives étaient simples, tout faire pour assurer la protection des humanitaires, leur permettre d'assurer et d'atteindre les objectifs de la mission et surtout, surtout, ne pas s'immiscer d'une quelconque manière que ce soit dans la guerre civile Damaniste, que les Provinces-Unies du Lofoten ne souhaitaient en aucun cas se mêler.



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Le Major Erwin, âgé de 28 ans, un des plus jeunes officiers supérieurs


"Mesdames messieurs, beucoup d'entre vous me connaissent déjà, mais pour les autres, je me présente brièvement, je suis le Major Erwin, des forces armées du Lofoten. Je tiens à vous rappeler que nous pénétrons dans une zone où nous ne serons peut être pas accueilli à bras ouverts, et où il nous devrons faire montre d'une extrême prudence et être sur nos gardes, de jour comme de nuit. Il vous faudra faire preuve d'humanité bien sûr, mais également de prendre du recul et de faire preuve de pragmatisme. Le mandat du parlement des Provinces-Unies du Lofoten est clair et je tiens à vous le répéter : Vous êtes tous sous ma responsabilité, et sous mon commandement, il ne nous sera pas permis d'interférer dans ce conflit, ni tenter de l'influencer d'aucune manière que ce soit. Notre seule mission, notre unique objectif, est de venir d'abord en aide aux populations civiles, et ensuite, dans un second temps, si la sécurité et les conditions sont optimales et nous l'autorisent, secourir les unités militaires dont la vie ne saurait être sauvée sans notre concours.

Je serais le garant de votre sécurité, et si j'estime que les conditions ne sont pas réunies pour vous l'assurer, je prendrais les mesures adéquates, quitte à demander l'extraction et le rapatriement de l'ensemble du personnel de l'opération Unitaid."


Peu de temps après, les premiers personnels débarquèrent sur les plages Damannistes, et se déployèrent afin de monter les premiers hôpitaux de campagne. Un premier bloc opératoire était implémenté en un temps record, tandis qu'un escadron d'infirmières, connues sous le nom de "War Nurses" préparaient les bandages, seringues, et commençaient à nettoyer et stériliser les instruments chirurgicaux...


dfg
Les "War Nurses", célèbres infirmières connues pour se déployer et travailler uniquement sur les théâtres de guerre
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Lorsqu'Antigone Ornan-Munch arriva à Baidhenor, c'était armé de la conviction de la pureté de sa mission, et d'une sensation assez classique chez elle de toute puissance. Elle l'écrirait plus tard dans ses journaux personnels : là où d'autres pouvaient y voir des missions intensément stressantes, des environnements durs, un déracinement constant, elle voyait une vie satisfaisante lui permettant de goûter à la réalité concrète de la lutte. De participer à l'extension pleine et entière son domaine, en des lieux où elle pouvait être absente avant son arrivée. Elle était une facilitatrice, c'était tout ce qui comptait.

Officiellement.

A l'échelle planétaire du grand ordre des choses, Antigone Ornan-Munch était au mieux une inconnue, au pire, un nom que l'on avait entendu lors d'un listing où d'une conférence faisant état du pire du pire de ce que l'on pouvait trouver dans le domaine de la politique. Cette comparaison, inversant la tendance de la phrase, qui attribuait généralement le « pire » à l’anonymat et inversement, avait été lâchée par un délégué de son pays natal : Le Grand Kah. Là-bas elle n'était pas tout à fait inconnue. Le milieu, cependant, où son nom était le plus familier, restait celui de l'ultra-nationalisme international (idée même que l'on peut trouver amusante, pour citer un autre délégué kah-tanais. L'union de mouvements qui, s'ils étaient au pouvoir, ne rêveraient que de s'entre-déchirer pour des rêves de gloire irrédentistes). Si elle s'en défendait – trouvant le terme trop général – on pouvait prosaïquement dire d'Antigone qu'elle était une fasciste. Pire encore, elle était une figure du fascisme, et l'une des premières, au sein du Grand Kah post-révolutionnaire, qui avait fait de l'extermination (culturelle) du nationalisme armé son cheval de bataille depuis la dictature de 50 et sa junte monarcho-irrédentiste, à avoir ouvertement milité pour ça, spécifiquement. La réapparition d'un nationalisme armée au sein de l'Union. La rehiérarchisation de certains aspects de la société, autant de points qui, bien que très minoritaires, n'auraient pas été condamnables si ça n'avait été pour les méthodes toutes particulièrement miliciennes que prônait la jeune femme.

Elle était née, 75, n'avait pas connue la révolution mais avait grandi dans les tourmentes qui la précédèrent. Fille d'un ancien caporal de l'armée et d'une mère fonctionnaire, on pouvait estimer qu'elle avait vécue dans sa chair, puisque dans sa famille, le processus de purge. La mise au ban de la société des « collaborateurs », des « autoritaristes ». Le Kah ne donnait pas vraiment dans la réconciliation nationale . La doctrine politique et historiographique locale tendait en effet à considérer qu'elle ne permettait pas une pleine cicatrisation des plaies historiques, et laisser en fait des blessures à vif, ou prêtes à se rouvrir au moindre choc. De plus, quand on abattait une dictature et qu'on tendait la main à ses partisans, on l’invitait implicitement à se réinstaller aux côtés du pouvoir. L'Union, elle, et en particulier le Comité de Salut Public d'alors, ne désiraient tout simplement pas que cela arrive.

Mais on visait en priorité les coupables notoires. Les officiels de haut rang, les administrateurs décisionnaires, ceux qui avaient activement fait du mal à leurs concitoyens. Et en aucun cas, on ne visait leurs enfants, le Kah échappait à cette idée que le mal se transmettait avec le sang. Alors le père d'Antigone fut démobilisé – comme tout le reste de l'armée – et la destruction de l'administration hiérarchisée obligea sa mère à trouver d'autres emplois. Ses compétences lui permirent de se réinstaller dans la nouvelle administration des communes, calquées sur le modèle qu'elle avait de toute façon connue et étudiée avant l'arrivée au pouvoir de la junte et la restructuration de la société. Antigone, enfin, put étudier sans difficulté. Étudiante dispersée et assez peu travailleuse, elle arrivera tout de même – si laborieusement – à arracher une licence d'histoire du droit puis, après deux années de césure passées dans les camps scouts des régions sud du pays, plus traditionnelles, et qui envisageaient à l'époque de remilitariser la société désarmée de l'Union, quoi que selon un modèle milicien plus proche des inclinaisons communautaires et d'auto-défense des autorités révolutionnaires, transforma sa licence en master.

Ses études terminées, la jeune femme se lança sans tarder en politique. L'occasion d'une ascension fulgurante, en moins de trois ans, au sein des milieux nationalistes et réactionnaires. Largement facilitée par leur aspect confidentiel. La révolution avait détruit l'esprit des conservateurs, exilé leurs principaux représentants. Restait une idée vague, faiblarde, dans laquelle on pouvait rapidement se forger une place à condition de s'y prendre énergiquement. Le tout était ensuite de ne pas être ostracisé par la société, étape qu'Antigone ne manqua pas d'oublier.

Sa propension à la dispersion – multiplication des projets et objectifs, comportement de fêtarde relativement irresponsable, curiosité universelle la poussant à assimiler de nombreuses connaissances sans prendre le temps de réellement les approfondir – en faisait en fait une parfaite touche à tout, et s’avérèrent dans le domaine du militantisme, d'étranges qualité de choix. Multipliant les actions coup de poing, les amitiés. Elle créera rapidement son propre club politique, « Iris d'Argent », qui bien qu'assez confidentiel se fit au moins remarquer par sa ligne politique « féministe alternative », prônant une participation active des femmes à la société, mais dans le respect de valeurs, disons-le, carrément conservatrices. Le club organisera quelques actions (occupations illégales, enterrement parodique d'une importante délégué féministe du Grand Kah etc) puis se dotera d'un service d'Ordre, qui pris plus d'ampleur que le mouvement initial, se dota de son propre organe de presse, intégra en son sein plusieurs clubs minoritaires et groupuscules réactionnaire, et devint en somme le Club du Renouveau Social. Le Club fut presque aussitôt soutenu par des exilés Kah-tanais et, du fait des exactions et crimes commis par quelques-uns des clubs minoritaires (ratonnades voir assassinats, diffusions de pamphlets racistes, tentative de détournement de fonds communaux) reconnu comme une organisation criminelle par la justice près une enquête d'une relative facilité.

Antigone Ornan-Munch, bien qu'elle ne fût pas directement inquiétée, quitta le pays après la dissolution du Club, laissant derrière elle l'Iris d'Argent, désormais moribonde (dont l'épopée n'aura durée que trois pauvres années), et commença un tour des différentes diasporas Kah-tanais d’abord puis, par leur intermédiaire, de nombreux mouvements nationalistes et de droite radicale à travers le monde. Elle devint en quelque sorte une personnalité mondaine de l'ultra-droite, dont on diffusait aussi les tracts, et qui utilisa son passé universitaire pour justifier d'une position d'intellectuelle et de journaliste. On l'invitait aussi à discourir à telle ou telle occasion. Peu à peu, son idéologie se développa, de telle manière qu'elle était maintenant citée parmi les grandes avocates d'une unification du Nazum. Seul point de tension – qui cristallisait l'essentiel des critiques de ses rivaux, mais tendait à être minimisée dans les cercles fascisant du fait de la nécessité d'une union sacrée jusqu'à obtenir la victoire totale : son nationalisme restait fondamentalement Kah-tanais, son analyse politique kah-tanaise, sa vision économique, si pleinement corporatiste, kah-tanaise, et politique, si comparable aux doctrines régionalistes d'un intégralisme à l'ancienne, durement kah-tanaise. Elle était pour un fascisme des communes, en somme. L'alliance des villages, tribus, régions autour d'un même but. Remplacer l'inorganicité d'une Union démocratique par un corps national inspiré par l'esprit général. Elle n'était pas exactement une néo-libérale, ou une partisane de la monarchie absolue à l'ancienne.

C'était probablement sa plus grande force. Ou du moins la seule chose qui lui permettait réellement de représenter un danger idéologique pour le Kah. Mais cette vision spécifique des choses se traduisait aussi par d'autres actions que n'avaient pas forcements prédits tous ses grands amis du monde de l'ultra-nationalisme…


L'arrivée à Baidhenor – qui avait le double avantage d'être aussi éloignée du front que possible tout en restant assez proche de la capitale nationale, où se situaient les instances dirigeantes du Front Uni – se fit à bord d'un quelconque navire cargo, en compagnie d'une importante escorte issus du Renouveau Social – désormais ce n'était plus un club, mais bien un mouvement exilé parmi d'autres. Elle était descendue à quai, au milieu des dockers, saluant les officiers de la douane en leur présentant sa carte de journaliste – chez une quelconque agence tenue par des amis – puis se dirigea aussitôt vers ses contacts en ville, qui l'attendaient en friche du débarcadère. L'un d'entre-eux appartenait à une milice religieuse influente en ville, et en portait fièrement l'uniforme. Ils se saluèrent.


« Vous avez fait un bon voyage ?
– Il a tempêté du nazum à ici, commença-t-elle. Puis, avec un sourire froid. Ça ne sera pas pire que la guerre. Quel est le plan pour la journée ?
– On vous a acheté une voiture, Minnorch, il indiqua un jeune type à lunette vous a aussi trouvé un appartement a louer, par trop mal, du centre-ville. Ce sera à l'abri des obus en cas d'attaque, c'est un centre historique et...
– D'accord. Quand est-ce que je rencontre les représentants des différents partis ?
– Bien assez tôt Antigone. »

Un autre avait pris la parole. Plus âgée, qui se permettait de la tutoyer car ils avaient tenus une abondante correspondance depuis le début de la guerre. Un universitaire d'extrême droite. Elle lui sourit et pencha légèrement la tête sur le côté.

« Mais bien assez tôt quand ? Je ne voudrais pas que la ville tombe avant d'avoir été introduire aux pontes.
– Demain neuve heure, je passerai te chercher avec Verne. Il indiqua le milicien.Minnorch va te faire le tour de la ville et te déposer chez toi, ça te va ? »

Elle acquiesça, et ne posa pas la question de savoir qui allait se charger des hommes qui l'avaient accompagné jusqu'ici, voyant que l'universitaire les regardait déjà. Le type était professionnel et organisé, il avait tout prévu, sans doute.

« Merci. Bon, Minnorch, c'est ça ? Allons-y. Et tant qu'on y est... » Elle attrapa un dictaphone qu'elle activa d'un geste qui se voulait prompt et habitué, mais où se lisait surtout une forme de personnalité un peu tape à l’œil mais pas dénué de charisme. « Expliquez-moi comment les gens du coin vivent la guerre, ça me ferait plaisir. »
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Peter O’Cage avait grandi dans la banlieue de Baidhenor où il avait ensuite fait des études en droit international. Dernier rejeton d’une famille issue de la petite bourgeoisie commerçante, il avait toujours plus ou moins grandi dans un environnement protégé et trouvé dans l’internationale communiste une forme de rébellion d’abord très adolescente et qui était ensuite devenue plus sérieuse. Formé à la pensée matérialiste et à la dialectique, le jeune homme avait expérimenté pendant ses années d’étude les joies du militantisme en rejoignant le syndicat étudiant de son université, puis, une fois diplômé, en s’improvisant « avocat des pauvres » au côté d’un collectif de juristes engagés à gauche et qui avaient décidé de proposer des tarifs abordables aux personnes à faibles revenus. Montant aux créneaux lors des nombreux mouvements sociaux, il avait dénoncé les violences policières ainsi que la criminalisation des activistes anticapitalistes, altermondialistes et écologistes.

A trente-quatre ans, Peter O’Cage était devenu une figure importante de la gauche damann et incontournable à Baidhenor où il officiait à la Cour d’Assise comme avocat commis d’office. Si Peter O’Cage aimait lire, il n’avait pas contre jamais voyagé. Un tempérament casanier et le fait d’avoir trouvé dans sa ville natale tout ce qui était nécessaire à son épanouissement aussi bien professionnel qu’affectif ne l’avait jamais encouragé à se déraciner. Il était néanmoins friand de rapports et de littérature étrangère. Véritable archiviste, d’une grande curiosité, il se renseignait volontiers sur l’économie de la pomme-de-terre au Royaume de Liétonne, sur les réseaux ferrés pharois, sur les danses traditionnelles maktoises pour lesquelles il demandait des rapports, descriptions et témoignages à ses amis à travers le monde. En petit rat de bibliothèque, il interprétait le monde par rapport à la théorie et des grilles de lectures de plus en plus affinées, mais sans jamais sortir de sa région.

Il fallut finalement une guerre civile pour obliger Peter O’Cage à s’exiler. Engagé de la première heure, la prise de la région par les forces traditionalistes le poussa lui et ses amis à quitter la ville, par sécurité. Ils y étaient trop connu et auraient fait des cibles évidentes pour des putschistes en recherche d’exemples. Si la plupart des damann choisirent de rejoindre le nord du pays et la capitale afin de poursuivre la lutte, Peter vit dans cet évènement chamboulant l’occasion de découvrir un peu le monde et de chambouler ses habitudes. Piochant dans ses maigres économies il partit pour les mers du Nord, rendre visite à ses amis épistolaires et de fil en aiguilles entendu parler de Merengrad. L’orient slave était autant un fantasme qu’un repoussoir pour les communistes du monde entier. La concentration dans une seule région de la plupart des pays du socialisme réel, dans une pluralité de formes et de régimes, mais toujours autoritaires, quoique de façons assez différentes.

Le temps avait longtemps paru figé dans la région, les révolutions achevées semblait s’être cristallisées dans un présent bureaucratique éternel dont rien ne parvenait à les déloger. Jusqu’à ces derniers temps cependant. Il se disait qu’en Lutharovie, une ville industrielle offrait depuis quelques mois un étrange nouveau souffle aux théories communistes. Mélange bâtard entre l’orthodoxie matérialiste lutharovienne et l’esprit libertaire du Pharois Syndikaali des écrits, manifestes et essais théoriques parvenaient jusqu’en Occident via les réseaux sociaux et le bouche-à-oreille des groupes et partis de gauche à travers le monde. Une nouvelle conception de la révolution, du socialisme réel qui venait rabattre les cartes rendues un peu poussiéreuses par tant d’échec relatifs et de demi-réussites.

Curieux, Peter O’Cage avait donc décidé de voir ce monde de ses propres yeux. Embarquant pour le Syndikaali, il avait là-bas trouvé un navire commercial en direction de Merengrad. Il avait partagé la traversée en compagnie d’un grand nombre de migrants dont il ne parlait pas la langue, pêcheurs du nord souhaitant rejoindre la Lutharovie pour profiter des opportunités économiques de cette ville où tout était encore à bâtir. Débarqué à quais après une journée de voyage, Peter se trouva quelque peu déboussolé. Loin du paradis culturel qu’il avait pu fantasmer à une époque, la ville était industrieuse au possible, bâtie sur de grands axes routiers pensés avant tout pour leur fonctionnalité plus que leur esthétisme, les bâtiments semblaient se limiter à des copier-coller répétitifs des mêmes barres d’immeubles dans un style brutaliste sans âme. On venait à Merengrad pour travailler, c’était palpable, et tout le reste avait été conditionné par cet impératif productiviste.

Si la réalité cubique et grise de la ville porta un coup au romantisme naïf d’O’Cage, le Damann se reprit assez vite. Bien qu’il ne parle ni pharois ni lutharovien, il maîtrisait tout de même assez de mots, appris sur le chemin, pour commander un café dans un bar. Ses habits atypique, sa tronche de jeune premier et son accent immanquable ne tardèrent pas à attirer sur lui l’attention des autres clients. On le chahuta un peu, quelqu’un lui fit les poches pendant qu’il regardait ailleurs, on lui paya à boire, on chanta des chansons auxquelles il ne comprenait rien mais qu’il supposait être grivoises, puis en fin de journée on lui fit discrètement comprendre que ce qu’il cherchait se trouvait effectivement à Merengrad, mais dans le quartier historique. Un bout de papier et quelques mots griffonnés dessus ainsi que le geste éloquent d’avaler le message une fois l’adresse mémorisée, un seul nom : Vallankumouksellinen Hotelli.

Si le premier mot lui était obscure, le second était parlant et puisqu’il avait de toute façon besoin d’un endroit où dormir, Peter O’Cage prit la direction de ce fameux Hotelli. Dépassant les nouveaux quartiers il atteignit assez vite le cœur historique de la ville, sorte de pâté de maison un peu décrépi où les façades des bâtiments étaient un peu plus travaillées et évoquait vaguement la présence d’une ancienne petite bourgeoisie commerçante et citadine, sans doute chassée de ses hôtels particuliers par l’arrivée des communistes. La plupart des logements avoir été remplacés par des bureaux administratifs si bien qu’à cette heure du soir on ne croisait plus grand monde dans les rues enneigées. Le Vallankumouksellinen Hotelli ne fut pas très compliqué à trouver. C’était l’un des rares endroit encore illuminé et s’en échappait une musique vaguement dansante sur laquelle on parlait et riait beaucoup. Poussant la porte du bar, O’Cage sentit clairement l’instant de flottement qu’avait provoqué son arrivée. On l’avisa de pieds en cape, sans un mot. Les tronches ici étaient plus hétérogènes que ce qu’il avait vu depuis son arrivée à Merengrad. Aux profils slaves et aux traits fins des Pharois s’opposaient des visages plus bourrus, des peaux mâtes, satinées ou noires, des yeux bridées et des mâchoires latines. Lui-même avec ses cheveux tirant sur le roux avait dû dénoter au milieu de la grisaille des travailleurs de Merengrad, mais dans la foule bariolée du Vallankumouksellinen Hotelli, il se fondait sans problèmes.

Quelqu’un lui dit quelque chose en russe qu’il ne comprit pas. Un autre essaya une autre langue tout aussi étrangère à ses oreille. Puis on prononça le mot magique :

- « Damann ? »

Peter hocha la tête.

- « Damann ! » s’écria le type qui avait deviné juste et comme pris d’un enthousiasme collectifs ils se mirent tous à lever leurs verres ! « Damann ! Damann ! »

La musique reprit, on l’invita à s’asseoir et à son grand soulagement des anglophones vinrent le saluer et engager la conversation, lui demander des nouvelles du pays, de la révolution et de la guerre civile là-bas. Il avait suffit de quelques mots pour que Peter intègre la famille, la grande famille du communisme.
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La crise institutionnelle au Damann, pourquoi le front démocrate l'emportera?


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À la suite des dernières élections au Damann, une crise institutionnelle s'est crée avec des révoltes dans le pays qui ont rapidement tournées à la guerre civile avec deux camps : Le front démocrate et le front uni. Depuis le 5 décembre 2004, la guerre civile a été déclarée dans le pays et reconnue par la plupart des pays dans le monde qui ont pour certains déjà apportés leur aide ou leur soutien à l'un des deux camps. Pour d'autres, ils préfèrent rester neutres et regarder la situation de loin en étant pourtant très proche comme le Nhorr. La guerre civile au Damann c'est une autre guerre en Eurysie, un continent qui devient chaque jour plus dangereux et plus sauvage qu'il ne l'était hier et le lendemain il le sera encore plus alors que le Damann en devient le premier exemple, les réfugiés du pays frappent à la porte des pays voisins, les pirates arrivent pour profiter de la guerre et du malheur, l'économie s'écroule, la haine s'installe, peut-être est-ce le futur de l'Eurysie? Pour le moment il vaudrait mieux se concentrer sur le Damann et une idée qui subsiste déjà dans l'esprit de certains intellectuels Damann : Le front démocrate va gagner. Pourquoi le front démocrate l'emporterait? Sur quoi s'appuient-ils?

1 - Le contrôle des deux camps

Si les deux camps sont très uniformes et hétérogènes sur les cartes ils semblent donc logique que l'un des deux soit désavantagé même si les positions de chaque camps ont leurs avantages et leurs inconvénients. Prenons l'exemple d'une carte de l'institut de cartographie du Damann :

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Sur cette carte nous pouvons y voir l'étude géologique du Damann ainsi que de son territoire avec ses régions montagneuses, ses forêts et ses plaines et maintenant prenons une autre carte qui est celle de la carthographie de la guerre civile qui montre où sont les fronts entre les deux camps :

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À première vue on ne fait pas le lien sur "pourquoi le front démocrate aurait un avantage" et pourtant si on regarde de plus prêt le front uni est désavantagé déjà parce-que malgré sa présence en territoire nord du Damann le front n'est pas uni ce qui a créé un troisième front et la présence au Sud est aussi désavantageuse car malgré un accès difficile pour le front démocrate et l'envoi de troupe compliqué puisqu'un blocus navale par le front uni est tout a fait envisageable et sans risques, le front uni doit donc lui aussi se ravitailler par la mer et uniquement par la mer puisque le Nhorr n'a toujours pas déclaré son implication dans le conflit et nous pouvons donc penser que l'envoi de marchandises civiles au Damann a été stoppé. Second désavantage : La région SUD où se trouve le front uni est à moitié montagneuse et en cas d'attaque de grand effectif de la part du front démocrate, le front uni n'aura pas d'autres choix que de battre en retraite dans la montagne, n'espérons rien et ne parions pas sur leur survie si une grande attaque est prévue et réussie.

Pour le front démocrate la situation est moins délicate puisque le territoire qu'il contrôle est vaste en plaines en forêts ou en régions montagneuses ce qui lui laisse l'embarras et le temps de se préparer.

2 - Le soutien internationale

Évidemment l'élément clef dans ce conflit c'est le soutien internationale aux camps qui s'affronte au Damann et pour le moment...La balance penche pour le front démocrate. Malgré un soutien du Magermelk, le front uni ne peut s'attendre à rien puisque l'armée maguerroise n'est pas assurée de pouvoir naviguer en toute tranquilité en Eurysie avec la récente venue d'un sous-marins pharois détourné ayant rejoint le front démocrate. Pour le front démocrate, Le banairah, le lofoten, la république du Makt ou encore le Grand Kah ont assurés soutenir le front démocrate avec une armée terrestre bien développée pour le Grand Kah, un apport médicale et humanitaire du Lofoten indispensable et évidemment l'approvisionnement en armes de la part de la République de Banairah.

Toujours pas convaincu?

3 - Les idées et les revendications

Vous vous dites peut-être que si une armée puissante comme celle de l'Alguarena entrait dans le conflit aux côtés du front uni cela changerait le court de cette guerre et c'est entièrement vrai mais cela a peu de chance de se produire. Les idées revendiquées par le front-démocrate sont celle de la paix par le pacifisme dans un continent en proie au chaos et à la dévastation totale tandis que les idées du front uni sont celles de la paix par la force et par le maintien de l'ordre à tout prix ce qui séduit beaucoup moins lorsque l'ont voit le résultat dans certains pays aujourd'hui. Deux idées totalement différentes s'affrontent dans ce conflit mais avec des exemples du passé, l'une des deux emble plus logique et plus stable et donc plus cohérente et moins dangereuse à soutenir.

La vision des intellectuels Damann est-elle celle du monde? Le futur leur donnera t'ils raison?
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Fin de la guerre civile, l’heure est venue des charognards

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Guerres, blocus, fermeture des frontières. Une catastrophe économique pour la plupart des acteurs de la région, à commencer par la Damanie elle-même qui choisit de s’isoler du reste du monde avec ses ressortissants et de bouleverser l’équilibre commercial du Nord de l'Eurysie en mettant immédiatement fin aux importations comme aux exportations, souvent vitales pour la survie du tissu économique d’un pays.

Une catastrophe ? Sans doute pas pour tout le monde.

Alors qu’ils avaient été tenus à l’écart de la région par la profusion de navires militaires dans les eaux du Damann, les pirates pharois semblent avoir rapidement compris l’intérêt de s’installer sur place. Bénéficiant de Kotios comme base arrière mais également plus généralement des ports à proximité où ils disposent pour certains d’alliés et de réseaux, communistes ou non, c’est tout un tas de navires qui pullulent illégalement autours des frontières maritimes du pays désormais.
Du simple chalutier en mission au porte-conteneur maktois, que l’équipage soit composé de pharois ou non, l’objectif est toujours le même : profiter de l’instabilité régionale et des pénuries qui ne manqueront pas d’arriver pour se faire de grasses marges sur les produits d’importation et d’exportation.

En commençant par les denrées alimentaires quotidiennes dont la Damanie risque bientôt d’être privée, café, tabac, fruits exotiques et autres biens impossibles à faire pousser sous les climats froids et pluvieux de l’île, les pharois se lancent également dans le trafic d’être humains. Qu’on souhaite entrer ou quitter le pays, il se trouvera toujours un capitaine peu respectueux des lois pour vous embarquer à fond de cale, dans les caches prévues à cet effet. L’expertise des contrebandiers pharois n’est plus à prouver, à défaut de s’être engagé officiellement dans la guerre civile, les charognards fondent désormais sans scrupules sur le pays en pleine reconstruction.

Si certains pirates peuvent être taxés d’honnêteté – à condition d’accepter de considérer leurs prix révoltants comme un deal acceptable – d’autres ne sont pas aussi recommandables. Du fait de l’isolement du pays, il est difficile d’avoir des nouvelles de ses proches partis à l’étranger dans les soutes des navires pharois. Alors que certains bateaux arrivent à bon port et laissent leurs occupants rejoidre la masse des immigrés cherchant à fuir le pays ou à retrouver le-leur, d’autres navires choisissent de changer de voie pour se diriger en cours de route vers une autre direction : l’Empire Démocratique Latin Francisquien.

Le rétablissement de l’esclavage dans cette région d’Eurysie est une aubaine juteuse à laquelle il est difficile de résister, surtout quand les passagers ont payé d’avance. Il faut parfois des semaines voire des mois pour que les familles réalisent que leurs proches ne sont jamais arrivé à bon port et ont en réalité été vendus sur les marchés noirs francisquiens quand ils ne sont tout simplement pas jetés par-dessus bord à mi-chemin.

La piraterie pharoise donne une fois de plus à voir tout l’éclat de son hétéroclicité : alors que certains capitaines jouent les humanistes en proposant aux réfugiés d’échapper à un pays où ils ont parfois tout perdu, d’autres exploitent sans vergogne la misère humaine pour leur plus grand profit. La Damanie sert de décor à ce trafic sordide, pays dévasté où la pauvreté favorise la corruption des autorités locales et où l’ordre politique et militaire encore chancelant peine clairement à contrôler les réseaux qui se déploient avec un certain professionnalisme dans la région. Les quelques bâtiments de guerre Damann ont bien du mal à contrôler l’ensemble de ses côtes que les navires pharois n’hésitent pas à rejoindre discrètement en zodiac tout en mouillant à quelques milles de là dans les eaux internationales.

Quelques affrontements à noter tout de même entre les pirates entre eux, parfois pour des raisons politiques mais plus généralement dans le but d’éliminer la concurrence ou au moins de lui piquer sa cargaison. Si la menace du sous-marin rouge semble avoir dans un premier temps dissuadé les navires trop imposants de tenter leur chance, les communistes n’ont pas encore refait surface dans la région et les vautours s’en donnent désormais à cœur joie.
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Poste se déroulant avant la fin de la guerre.

Baidhenor. Il y pleuvait cette espèce bruine épaisse qui soulignait merveilleusement bien la mélancolie de fin de règne, qui imprégnait jusqu’aux pierres de la ville. La saison y était pour beaucoup, froide et humide, propice aux tableaux impressionnistes et spectacles du genre, soulignant somptueusement la lassitude intense du camp nationaliste. La capitale de la république, prise dès les premiers jours du soulèvement, se refermait peu à peu comme un piège sur l’alliance dépareillée de milices et de mouvements, des extrêmes conservateurs et nationalistes. Malgré la censure que l’on imposait aux médias, la nouvelle se savait déjà. Même sans les réseaux clandestins, on la devinait aux privations, aux soldats qui quittaient toujours plus nombreux la ville, à ses rues éventrées en vue de sa défense, et aux échos toujours plus proches de l’artillerie. Le front se rapprochait. Ce qui voulait dire que les troupes unifiées reculaient. Mélancolie de fin de règne, et peur panique, aussi. Les habitants avaient connu la révolution mais, pour beaucoup, pas ce genre de bataille rangée, totale, qui risquait bien d’embraser le cœur de la nation si elle ne se constituait pas ville-ouverte. Ceux qui le pouvaient partirent. Les autres – l’immense majorité – restèrent, attendant la suite. Les étrangers étaient plutôt de ceux-là, sans doute convaincus que leur statut les mettait hors de ce combat qui opposait, au final, des damanns à des damanns. On allait pas reprocher au commerçant Nhorr, au journaliste Maktois, de ne pas avoir pris le parti de l’un ou de l’autre des camps. Ils étaient comme beaucoup des civils, prisonniers de circonstances que l’on devait à une élite qu’on aurait pu qualifier de sociopathe. Parfaitement apathique aux souffrances et désirs d’un peuple qu’ils prétendaient au mieux représenter, au pire faire changer par la force une fois le conflit terminé.

Antigone Ornan-Munch n’était pas loin de le penser. Pour toutes les affaires qui ne concernaient pas directement le Kah, elle se montrait étonnamment clairvoyante, quoi que d’une duplicité à toute épreuve, d’une hypocrisie toute politique. Oh oui. Les nationalistes pouvaient bien être dirigés par des sociopathes qui n’avaient pas ou peu de considération pour le peuple. Oh oui, oui, oui.

Et alors ? Il y avait plus important à prendre compte, surtout à l’occasion d’une guerre civile. Il fallait défendre la ligne du renouveau humain, de la protection des cultures, de la défense des nations. Si pour se faire il fallait soutenir des salauds ça ne faisait aucune différence. Les forces libérales et moralisatrices abattues, on pourrait bien s’occuper des nouveaux chefs. Changer une fois encore le pays, cette fois pour aboutir au résultat souhaité. Elle ne faisait pas vraiment fait du Daman son combat, mais elle réfléchissait pour d’autres. Depuis son arrivée elle n’avait fait que ça. Débattre, théoriser, discuter, discourir en ses qualités de représentante bien connue d’une certaine idée du nationalisme. C’était son quotidien. Elle se levait à heure fixe dans le petit appartement qu’elle louait près du centre-ville, vérifiait son courrier – qui était toujours chargé – mangeait, vérifiait son planning, se préparait en conséquence et servait un sachet de pâté à Minute, le Nhorrois shortair qui allait avec l’appartement. De toute façon s’il lui était venu l’idée de l’oublier, le chat, lui aurait réclamé. Après quoi ce n’était que ça : parler et réfléchir pour d’autres. Rencontrer des gens, mener des meetings. Antigone n’avait aucune ambition réelle pour la région, mais l’utilisait comme plateforme pour légitimer sa position internationale. Ce qui ne l’empêchait pas d’être très franche dans toutes ses prises de position. Simplement il ne s’agissait pas de dire ce qu’elle comptait faire, mais ce qu’elle aurait fait à la place de ses nombreux hôtes et interlocuteurs. A votre place, mes amis, je me méfierais que la guerre ne s’achève pas par une dictature quelconque et sans vision. Il fallait de la vision pour créer un homme nouveau. Un pays nouveau. De la vision et une forme de fanatisme qui caractérisait les grands hommes de l’histoire et les rares changements rapides ayant amenés à un résultat durable. Elle pouvait s’en défendre, elle restait une fille du Kah. Sa rhétorique comme le miroir brisé de ses idéaux. Cela jouait aussi dans son attrait. Quoi que l’idée d’une révolution victorieuse semblait s’éloigner chaque jour un peu plus, de telle manière que les derniers débats en date tournaient plutôt autour du militantisme clandestin, de la propagande politique insidieuse en terrain hostile, des éventuels alliés de circonstance que représentaient les grands patrons économiques dans le cadre d’une république socialisante etc. Son esprit vif et indiscipliné lui permettait de faire évoluer ses sujets et son discours en même temps que la guerre, sans se braquer dans un système rigide. « Dans d’autres circonstances », lui dit un jour un homme qui pensait la complimenter, « Vous auriez été une incroyable ministre de la propagande. » Il pensait peut-être à l’administration mis en place par la junte militaire qui l’avait vue naître, et qu’elle avait vu mourir. Antigone prit bien soin de montrer comme le compliment la flattait, et se garda bien de faire remarquer, même si ses yeux vendaient clairement la mèche, qu’elle l’était déjà, quoi que de façon plus indépendante et internationale. Des penseurs fascistes, dans le monde, on en comptait pas assez à son goût. Ils restaient trop souvent cachés derrières leurs frontières, ou bien étaient médiocres, ou bien manquaient de vigueur. On allait pas faire la révolution nationale sur les idées de vieux croulants, incapables d’articuler, bouffis de graisses et de textes vieux comme les premiers échecs du rêve en chemise noire. Pour reprendre les termes (qui la mettait vaguement mal à l’aise) d’un compagnon de voyage, la révolution serait faite par les jeunes. C’était un truc qu’il fallait rendre fondamentalement sexy, quelle que soit l’origine souvent académique et poussiéreuse de ses idées.

Au final ces quelques jours passés Baidhenor avaient été productifs, bien plus encore qu’elle ne le pensât à son arrivée où elle espérait au mieux rencontrer quelques leaders et écrire des chroniques sur « l’ambiance » de la guerre. Elle n’allait certainement pas se rendre sur le front, ce qui devait en toute logique limiter son action à des rapports caviardés sur ce qu’elle devinait depuis la ville. Contre toute attente, l’émulation du conflit l’avait stimulée dans ses réflexions idéologiques et les plus grands leaders du Front Uni l’avaient reçu. Elle était doublement gagnante. Maintenant il fallait faire attention à ne pas changer ces succès en autant d’éléments que l’on pourrait utiliser pour l’accuser une fois la guerre terminée ; Car elle savait qu’on approchait de sa fin, et des purges qui suivaient toujours ce genre de moment. Alors elle se faisait progressivement de plus en plus discrète, et préparait sa sortie par la petite porte. Prendre la mer était impossible avec ces rumeurs de sous-marins qui attaquaient des navires civils de manière indiscriminée ; Alors partir par Nhorr ? Peut-être. Sinon elle pouvait aussi rester en ville, attendre que ça se passe, réémerger à la fin des troubles. Ils n’oseraient pas faire de mal à une fille du Grand-Kah, si ? Pas après tout ce que l’Union avait fait pour eux. Quoi que ça pouvait aussi être dangereux, si ses amis nationalistes se mettaient en tête de tuer tous les « métèques ». Ils en seraient bien capables, et dans la confusion on pourrait lui faire quelque-chose de regrettable. La situation était compliquée. Ce fut sa conclusion lorsqu’elle eut enfin terminé de serrer les mains des confrères ayant participé à son dernier meeting, conclusion qui n’évolua pas vraiment lorsqu’un ami de la cause la ramena chez elle, ni lorsqu’elle répondit mécaniquement à la discussion banale qu’il lui infligea sur le trajet, et n’en fut pas plus changée lorsque elle remercia, quitta la voiture en déployant un parapluie noir et fit les quelques pas qui la séparaient Fae’s logde, immeuble à l’ancienne dans lequel elle logeait. La soirée était bien entamée, presque vingt-et-une heure, et le petit pub installé au rez-de-chaussée du bâtiment répandait sur la rue ses lumières ambrées et les chants de ses clients.

Chants nationalistes. Par ces temps de guerre ils étaient bien les seuls à pouvoir, d’une part, se payer un coup malgré les privations, les stocks toujours plus réduits, et de l’autre, conserver un semblant de bonne humeur. Le pub était sans doute l’un des seuls encore fréquenté à un rythme similaire à celui d’avant-guerre, et il le devait quasi exclusivement aux crypto-fascistes en tout genre.

« Miss Ornan-Munch ! » On l’interpella. Un milicien en uniforme, qui était sorti avec quelques autres pour fumer sur la terrasse, protégés de la pluie par une bâche accrochée là. Elle leur rendit un signe de tête. Un autre tenta dans un syncrelangue à la limite du compréhensible. « vou’ez veni’ ? ». Elle refusa avec un sourire aimable, jetant un coup d’œil par-dessus le groupe, à travers la vitrine du pub, où on entamait une nouvelle chanson. Cette fois c’était franchement une paillarde. Antigone fit semblant de réfléchir à la proposition puis lâcha une excuse quelconque. Elle avait à faire, peut-être une autre fois, une fois la guerre gagnée, sans faute. Ainsi de suite. Après quoi elle s’engouffra dans l’immeuble en refermant son parapluie, et rejoignit directement le troisième étage où se trouvait son appartement, grimpant quatre à quatre l’escalier de vieux bois. Elle était du genre festive, en temps normal. Loin d’être la dernière à participer aux beuveries ; Pas du tout le profil froid et universitaire, un peu pète sec. Elle aimait bien profiter du moment avec les gars du rang, ce qui lui avait attiré une certaine réputation qui, selon les uns et les autres, tenait de la rumeur avilissante, ou faisait d’elle une personne franchement appréciable. Cependant elle n’avait pas la tête à ça. L’esprit toujours chargé des questions lancinantes concernant sa survie dans les jours à venir. La porte de l’appartement ouverte – elle dut s’appuyer dessus et donner un coup d’épaule, le bois était capricieux, surtout en cette saison – elle laissa tomber son parapluie dans un vase dédié et commença à ouvrir son manteau. Lâchant un « Chéri, je suis rentrée ! » de circonstance. Puis la routine repris son cours.

D’abord vérifier que tout était en ordre. L’appartement avait six pièces, salle à manger, cuisine, salle de bain, toilettes, deux chambres, chacune pouvait contenir des micros ou des caméras espions, et elle avait depuis longtemps identifié les endroits où l’on aurait pu les cacher sans avoir à modifier la structure même des lieux. Tous les soirs c’était à peu près la même chose. Elle rentrait chez elle, se débarrassait de son manteau, puis commençait une fouille minutieuse des plantes en pot, décrochait les tableaux, ouvrait les tiroirs, placards, regardait sous les meubles. C’était long, totalement paranoïaque de sa part, mais ça la rassurait. Du reste, c’était nécessaire quand on savait ce qu’elle savait. Elle commença par le salon, une pièce meublée à l’ancienne qui respirait le siècle précédent dans ce qu’il avait de plus noble. Une façon aimable de dire qu’on aurait pu penser à un appartement de retraité, à la nuance près que celui-là était bien entretenu et ne sentait pas le vieillard. Ensuite elle se dirigea vers la cuisine, se figeant devant la fenêtre. Interrompu par un miaulement déchirant. Minute était coincé de l’autre côté du vitrage, les yeux écarquillés, son pelage gris noircit par la pluie. Antigone le fit rentrer sans perdre de temps, et l’observa avec lassitude se frotter dans ses jambes, il ne serait pas dit qu’un chat trempé n’en ferait pas profiter tout le monde, avant de se diriger vers l’espace où se trouvaient ses gamelles, où il jeta son dévolu sur un ramequin débordant de pâté.

Le temps que l’information n’arrive au cerveau d’Antigone, son sang ne fit qu’un tour et son dos se couvrit de sueur froide. Elle nourrissait le chat le matin. Elle ne pouvait pas ne pas le nourrir parce qu’il réclamait activement sa pâtée. Enfin, la gamelle ne pouvait pas être retrouvée vide le soir, car Minute terminait toujours sa nourriture avant de demander à sortir. Quelqu’un, donc, était entré.

Ce n’était sans doute rien. Un simple oubli de sa part. Mais ce changement dans la routine perturbait Antigone. La laissait figée, à l’écoute, s’imaginant le pire alors que la pluie s’abattait toujours forte sur les vitres de l’appartement. Ce n’était sans doute rien. Ou bien c’était la preuve que quelqu’un était effectivement rentré et, pour des raisons totalement obscures – peut-être de l’amateurisme ? – en avait laissé une place concrète.

Merde. Antigone pivota vers le salon et s’y rendit en trois grandes enjambées. Là elle chercha son sac du regard et avança pour le saisir. Il s’y trouvait un pistolet qu’elle aurait bien apprécié avoir contre elle, en cet instant. Son mouvement fut interrompu par une voix, masculine, venant de l’autre côté de la pièce.

« Bonjour Antigone, vive le roi écarlate ! »

Elle se figea. Le ton était joyeux, presque moqueur. Elle se retourna pour en regarder l’origine. Type de taille moyenne, pas forcément remarquable. Barbe de trois jours, crâné rasé, quelques cicatrices acnéiques. Âge mûr, il portait un gros manteau sombre. Elle ne le connaissait pas.

Son sac était à moins de deux mettres. Presque à portée de main. Comme il ne semblait pas armé, la kah-tanaise se détendit très légèrement. Pour autant qu’on puisse se détendre dans ce genre de situation. Elle se racla la gorge.

« Vous avez rempli la gamelle du chat ?
– Oui. »

Elle fronça les sourcils.

« Pourquoi ?
– Je me suis dit que ça lui ferait plaisir, surtout après s’être pris la saucée, comme ça.
– Ah. »

Ce n’était pas ce qu’elle entendait pas « pourquoi ? », et il le savait sans doute. Il avait un petit ton ironique qui lui déplaisait au plus haut point. Elle tenta une autre approche.

« Et on se connaît, monsieur ?
– Vous êtes Antigone Ornan-Munch », commença-t-il à répéter d’un ton exagérément récitatif. « Vous êtes une tulpa et avait travaillé sous la direction du Panopticon treize dans plusieurs pays parmi lesquels Albel pour le compte de la mission de surveillance des expatriés. Vous êtes en ce moment sous la direction du Panopticon de guerre deux, votre rapport doit partir demain. Comme je le disais d’entrée de jeu, votre mot de reconnaissance pour cette semaine est Vive le Roi écarlate.
– Je vois. » Cette fois elle se calma pour de bon. C’était un allié. Ou bien un ennemi qui en savait assez pour la faire prendre, et alors il n’y avait franchement plus rien à faire. Elle attrapa son sac que le canapé, le poussé et s’installa à sa place, invitant son invité à faire de même sur un fauteuil lui faisant face. L’homme ne se fit pas prier. Il la lâcha brièvement du regard pour saluer Minute, qui émergeait de la cuisine et, l’apercevant, vint à sa rencontre pour le renifler. Antigone fit claquer sa langue contre son palais.

« Vous n’êtes pas mon contact habituel.
– Nous n’avions pas le temps de le mobiliser.  Vous avez pu rencontrer les leaders du front ?
– Oui. » Elle s’agita sur son siège, mal à l’aise. Elle aurait probablement dû commencer par le questionner sur le pourquoi du comment ils n’avaient pas été en mesure de faire appel à son contact d’usage, mais ne le fit pas, se promettant au moins de réaborder le sujet plus tard. « Ils étaient contents de recevoir du soutien international. Ils auraient préféré recevoir des canons, des fusils, des hommes et ainsi de suite, pour que leur petite révolution ne se transforme pas en acte de décès de leurs idéologies respectives.
– Vous aussi, vous auriez préféré ça. Non ? »

Elle marqua effectivement un temps, puis haussa les épaules.

« Quand le Kah changera, ses réseaux ne s'effondreront pas du jour au lendemain.
– Pardon ?
– Quand l’Union changera de gouvernement pour atteindre sa forme ultime, ses réseaux diplomatiques et officieux ne disparaîtront pas dans la nature. Ce que vous me demandez c’est est-ce que je préfère une victoire officielle du Grand Kah, lui permettant d’étendre son emprise sur la région, ou une victoire de l’idéologie dont je suis proche, augmentant les chances de voir le Grand Kah emboîter le pas aux nations qui se sont déjà sauvées de la médiocrité. Je n’ai pas de préférence : dans les deux cas je suis gagnante.
– Vous êtes originale, vous.
– Pardon ? »

Il haussa un peu les épaules.
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On les appellera les rouges

Les frontières sont ouvertes, c'est officiel. Depuis l'annonce certains n'ont pas hésités une seconde et sont directement parti en direction du pays, y comprit la Francisquia Militia

Aujourd'hui est un grand jour! C'est notre première mission officielle qui est celle de défendre le peuple Damann face à ses tyrans qui ont désormais décidés d'ouvrir les frontières de leur pays! Dans quelques heures nous accosterons au Damann mes frères et nous iront combattre pour son peuple et défendre les intérêts de notre patrie là-bas! Avant tout saluons notre très chère impératrice qui nous permet aujourd'hui d'être ici parce-que grâce à elle nous pouvons aller défendre la démocratie et un peuple en danger. Vive l'impératrice, gloire à l'empire, prospérité aux francisquiens et jusqu'à ce que la mort nous sépare!

Jusqu'à ce que la mort nous sépare!

Dans quelques heures la Francisquia Militia cette branche paramilitaire francisquienne allait débarquer en Damanie afin de défendre jusqu'à la mort le peuple Damann et les intérêts de leur patrie sous les ordres directs d'un maréchal bien connu : Eugène de Térénos. Considéré comme un des plus grands généraux de L'empire Latin Francisquien il allait enfin retrouver le goût du combat et de la guerre malgré son âge. Fier de voir des hommes courageux, il est sûr que le Damann ne risque d'ors et déjà plus rien
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Damann, prêt à tout pour s'enfuir

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Ce sont des hommes, des femmes, parfois même des enfants et ils n'ont qu'une idée en tête : Partir. Après une vie atroce sous la guerre civile de leur pays et la proclamation de la république populaire du Damann, ils fuient par peur de ne pas pouvoir vivre libre.

Presque cents par jour, ils n'ont plus peur de prendre des bateaux, des kayaks ou encore des radeau de sauvetage pour fuir alors que lors du déclenchement de la guerre civile beaucoup avait décidés de rester se battre pour leur patrie, leur famille et leur vie mais après la retraite des forces libres du Damann, ils ont comprit qu'il n'y avait plus aucun espoir et que tout était perdu.

Parmi eux certains sont âgés et c'est parce qu'il ne sont pas Damann mais des Nhorréens, les derniers. Après le déclenchement de la guerre francisquo-nhoréenne, certains ont fuit au Damann et voyant la chute de leur pays, ils y sont restés mais alors qu'ils aspiraient à une vie plus calme, aujourd'hui ils fuient eux aussi en direction d'autres terres.


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Baidhenor, 419 000 habitants.

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La guerre civile et l'arrivée au pouvoir de la première consule communiste et révolutionnaire Sineag Buiseid semble loin dans l'ancienne capitale du Damann aujourd'hui uniquement la capitale des Forces Libres du Damann. Dans la ville les boulevards se remplissent, les cafés s'éveillent et les restaurants ouvrent et servent leur plat avec un goût amer, une atmosphère de poudre, une ambiance rougeâtre.

Derrière les volants des voitures certains partent travailler tandis que d'autres partent tout court, sans un mot et sans vouloir attirer l'attention. Pourtant si repérable avec leurs airs frigorifiés, ils regardent droit et ont peur de tomber sur les autorités Damann qui pourrait les arrêter et peut-être même les tuer sous prétexte de trahison.

Certains ont encore les mains tremblantes, ils tremblent de volonté et de détermination, une détermination qui pourrait les pousser d'un geste à se relever une nouvelle fois face au communisme qui vient d'être imposé. La peur est le seul sentiment qui semble régner dans la capitale déchue.

Parmi les habitants, un seul nous accorde quelques mots sur la situation :



Excusez-moi, vous pourriez m'accorder quelques mots sur la situation ici?

Non. Pas ici, venez

L'homme m'emmène chez lui et en route nous croisons les autorités. Pour ne pas éveiller les soupçons je me fais passer pour son ami.

auteur a écrit :
Bien, allez-y dîtes-moi ce que vous voulez savoir et s'il vous plait floutez mon visage, je ne veux pas être retrouvé

Évidemment. Que pensez-vous de la prise de pouvoir de la première consule?

Une catastrophe. L'arrivée de cette femme au pouvoir nuira à toute liberté, plus personne ne pourra s'exprimer sans devoir dire "Gloire à la république populaire"

Vous savez ce que certains pays disent sur vous?

Bien-sûr que non. Tout ce qui entre au Damann est réglementé et la presse a été censurée "temporairement" comme ils disent. Nous avons encore accès à l'actualité extérieur grâce aux derniers petits journaux clandestins des forces libres mais bientôt nous n'y aurons plus accès du tout.

Que pensez-vous de la déclaration publique de l'impératrice francisquienne à la première consule?

Vous êtes francisquien vous, c'est sûr. Très attaché à votre impératrice. De ce que nous pouvons voir à l'extérieur de votre pays elle semble être une femme juste, forte et sûre d'elle alors si demain elle déclare la guerre au Damann et s'allie avec les forces libres tout n'est pas perdu mais en revanche si elle se laisse avoir par la première consule alors tout est fichu.

Est-ce que vous savez qu'une réunion entre les alliés de la coalition démocrate va se dérouler à la nouvelle capitale et que l'impératrice y est invitée?

Comme je vous l'ai dis, la presse est censurée alors si on ne peut pas savoir ce qu'il se passe ailleurs on peut encore moins savoir ce qui se déroule dans notre propre pays, tout ce qu'on espère c'est que les forces libres ne nous ont pas abandonnés

Si vous aviez un message à transmettre qu'est-ce que vous diriez?

Je peux directement m'adresser à eux?

Allez-y je vous en prie

Peuple du monde, celtes d'autres pays, le Damann n'est pas celui qu'il transmet. Ne voyez pas la liberté et la paix car même si nous n'avons pas faim nous sommes malheureux et nous avons peur d'être asservi. Les forces libres du Damann doivent revenir nous aider ayez pitié du peuple Damann, nous avons besoin d'aide

Des mots poignants, une pensée claire et un appel au secours, voilà ce que ce Damann veut demander au monde et à tous les celtes du monde afin de "libérer le Damann du communisme".

Nous nous rendons désormais dans la nouvelle capitale du Damann et de la République populaire :

Ciardai, 503 000 habitants


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Ici, l'instauration du communisme est bien vu par les habitants et la proclamation de la République a été fêtée dans la joie et la bonne humeur et il semblerait bien que dire ou faire l'inverse soit sévèrement réprimé puisque les

À ce moment-là des hommes de l'autorité Damann passe près de nous et stop net notre reportage. Nous leur expliquons que nous sommes des journalistes francisquiens et nous nous faisons passer pour des membres du parti national communiste. Pour qu'ils nous laissent tranquille, il faut crier vive la république populaire du Damann symbole de fidélité au régime.

Nous disions donc que la république populaire du Damann est un régime bien accueillit par les habitants de la nouvelle capitale alors que la Première Consule y multiplierait les sorties afin de se rapprocher du peuple Damann et d'y retenir son avis.

Une habitante s'approche de nous par curiosité et nous demande si elle peut être interviewée, nous lui accordons.

L'habitante : Il faudrait parler plus bas par contre

Journaliste : Aucun problème rassurez-vous alors dîtes-nous : Qu'est-ce que vous en pensez du changement de capitale?

L'habitante : C'est un but politique rien de plus. Baidhenor est devenue trop risquée pour la première consule alors elle a changée de capitale pour être proche de ses alliés et être en sécurité tout le monde le sait.

Journaliste : Et qu'est-ce que vous en pensez de la Première Consule?

L'habitante : Officiellement c'est la meilleure dirigeante du Damann qu'on est eu et en réalité elle opprime le peuple et elle hésite pas à menacer les récalcitrants à son autorité. Rien qu'hier le frère d'une de mes voisines a été arrêté pour avoir simplement dit que la Première Consule avait été trop violente avec les anarchistes au nord dans un café non loin d'ici d'ailleurs.

Journaliste : Est-ce que vous craignez pour l'avenir du Damann?

L'habitante : Tout le monde a peur et personne ne le dit, même les fidèles au gouvernement ont des doutes

Journaliste : Et est-ce que vous avez accès à la presse ici?

L'habitante : Apparemment des certaines régions la presse a été censurée et ici c'est assez modéré et on a encore accès aux informations internationales mais c'est très filtré par contre je sais qu'une conférence doit se tenir dans les prochains jours je crois

Journaliste : Exactement une conférence sur les alliés de la coalition démocrate c'est ça, qu'est-ce que vous en pensez vous?

L'habitante : Tous des chiens. Ils ont voulu asservir les Damann pour leur profit personnel rien de plus. Bientôt les Damann crèveront de faim et eux diront qu'ils ne savaient pas et qu'ils sont innocents dans toute cette histoire mais si quelqu'un une nouvelle guerre civile éclate et que la république tombe croyez-moi ils ne s'en sortiront pas comme ça.

𝐿𝑎 𝘩𝑎𝑖𝑛𝑒 𝑒𝑡 𝑙𝑎 𝑝𝑒𝑢𝑟, 𝑙𝑒𝑠 𝑠𝑒𝑛𝑡𝑖𝑚𝑒𝑛𝑡𝑠 𝑠'𝑒𝑛𝑡𝑟𝑒-𝑚𝑒̂𝑙𝑒𝑛𝑡 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑙𝑒𝑠 𝐷𝑎𝑚𝑎𝑛𝑛 𝑎𝑙𝑜𝑟𝑠 𝑞𝑢𝑒 𝑐𝑒𝑟𝑡𝑎𝑖𝑛𝑠 𝑓𝑢𝑖𝑒𝑛𝑡 𝑡𝑜𝑢𝑗𝑜𝑢𝑟𝑠 𝑙𝑒 𝑝𝑎𝑦𝑠 𝑒𝑛 𝑒𝑠𝑝𝑒́𝑟𝑎𝑛𝑡 𝑓𝑢𝑖𝑟 𝑎𝑢𝑠𝑠𝑖 𝑙𝑒 𝑐𝑜𝑚𝑚𝑢𝑛𝑖𝑠𝑚𝑒 𝑒𝑡 𝑙𝑒𝑠 𝑟𝑒𝑠𝑡𝑟𝑖𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠 𝑑𝑒 𝑙𝑖𝑏𝑒𝑟𝑡𝑒́𝑠. 𝐿𝑎 𝑃𝑟𝑒𝑚𝑖𝑒̀𝑟𝑒 𝐶𝑜𝑛𝑠𝑢𝑙𝑒 𝑒𝑠𝑡-𝑒𝑙𝑙𝑒 𝑣𝑟𝑎𝑖𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑐𝑒𝑙𝑙𝑒 𝑞𝑢'𝑒𝑙𝑙𝑒 𝑝𝑟𝑒́𝑡𝑒𝑛𝑑? 𝐸𝑠𝑡-𝑐𝑒 𝑞𝑢𝑒 𝑙𝑎 𝑐𝑜𝑎𝑙𝑖𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑒́𝑚𝑜𝑐𝑟𝑎𝑡𝑒 𝑎 𝑒́𝑡𝑒́ 𝑏𝑒𝑟𝑛𝑒́𝑒? 𝐿𝑒 𝑓𝑢𝑡𝑢𝑟 𝑠𝑒𝑟𝑎 𝑝𝑟𝑜𝑏𝑎𝑏𝑙𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑙𝑎 𝑟𝑒́𝑝𝑜𝑛𝑠𝑒 𝑎̀ 𝑡𝑜𝑢𝑡𝑒𝑠 𝑐𝑒𝑠 𝑞𝑢𝑒𝑠𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠.
5246
ministere des armes et de la défense
marine


Les Provinces-Unies du Lofoten et son ancienne métropole colonisatrice la République Makt avaient pour la première fois convenu d'organiser des exercices militaires navals de manière conjointe et coordonnée.

En effet les deux puissances Eurysienne et Aleucienne avaient multiplié ces derniers jours les rapprochements et discussions diplomatiques, sans doute éveillées et également impulsées par l'effroyable tragédie du paquebot RM Elvantic. Le nombre funèste de milliers de victimes avait incontestablement touché les habitants des Provinces-Unies ainsi que le coeur même du pouvoir des Provinces-Unies, et provoqué une immense vague de sympathie et de tristesse pour la nation Maktoise.

Quoiqu'il en soit après quelques tractations secrètes et rapides entre les Départements Fédéraux de la Défense et des Affaires étrangères, et leurs homologues des Ministères Maktois, l'Etat-Major des Provinces-Unies était arrivé à la conclusion que la coordination et la coopération des forces aéronavales des deux pays étaient fortement souhaitables, voir apparaissaient comme une nécessité dans un contexte de tensions géopolitiques toujours croissante dans la région d'Eurysie centrale.

En outre, les derniers évènements malheureux qui avaient également secoué l'opinion publique concernant l'arraisonnement et l'abordage du porte-conteneurs RA Fidelity dans le détroit du Pharois a marqué les esprits sur l'importance stratégique et capitale de maintenir une présence navale militaire dans les eaux internationales et notamment Eurysiennes.
En tout cas, tant que les routes commerciales vers la nation amie de la République du Jashuria n'étaient pas sécurisées. Et il faut le dire, elle ne l'étaient pas du tout, les marines marchandes étant privées, celles-ci s'adjoignaient que très rarement les services de navires d'escorte armés, de par leur coût exorbitant. Et l'UP Navy n'avait décemment pas les moyens ni les ressources de sécuriser l'ensemble de ces routes maritimes ultra fréquentées.

Quoiqu'il en soit l'UP Navy, avait dépêché pour cette exercice naval, le premier du genre, ses 5 patrouilleurs, ses 2 cargos et quelques vedettes. L'UP Navy était il faut le dire fort modeste, le chef d'Etat-Major, le Sky Marshal Trygve Røyneland avait plutôt misé sur le développement des forces aériennes, plutôt acquis à l'idée que seule l'aviation pouvait significativement changer l'issue d'une guerre. L'Amiral Alexis de la Vaudrière, le fit changer d'avis, et convainquit même le Parlement de l'intérêt stratégique d'une flotte digne de ce nom. Il obtint même des crédits supplémentaires afin pouvoir construire et mettre en eau le tout premier sous-marin d'attaque Lofotène, même si pour le moment, celui-ci est encore à l'état de plans et d'esquisses, sur lesquels planchent jour et nuit les ingénieurs de la Défense.

exercice naval
Navires en exercice, croisant au large des côtes occidentales de Damanie tout en restant à une distance raisonnable

Détails des navires de la flotte Lofotène en partance de Kæviskborg :
5 patrouilleurs :
  • UPS Sovereign
  • UPS Paul Johnson
  • UPS Prince Konrad IV
  • UPS Independance
  • UPS Star of the Ponant
2 Navires-Cargo :
  • UPS Søderling
  • UPS Vållenberg
1 navire-hôpital :
  • UPS Mercy

Assistance et support :

  • 6 hélicoptères légers polyvalents
  • 4 hélicoptères de transport


Et le lieu pour ces exercices navals n'avait pas été choisi au hasard, il avait été soigneusement sélectionnés par les Etat-Majors Lofotènes et Maktois . Initialement prévu dans la Baie de Kotios, le choix final s'est porté au large des côtes occidentales de la Damanie non loin du port de Ciardhai, dont la guerre civile s'était définitivement soldée par la victoire du Parti Communiste, qui avait profité du chaos régnant dans le pays pour s'arroger le pouvoir, au détriment des factions démocrates et modérées, et d'établir un nouveau régime de type communiste sur l'île occidentale Eurysienne.

Circonspects et dubitatifs envers un pouvoir qui a multiplié les gages de bonne foi et usant d'une communication rassurante, le Parti Communiste de Damanie n'a pas hésité à trahir ses anciens alliés et à user de la force brute pour imposer leur volonté. Les Libéraux avaient été vaincus dans le sang, et cela n'était pas passé inaperçu. Bien que le Lofoten ne soit intervenu que de manière pacifique et humanitaire lors de cette lutte fratricide : l'Opération Unitaid, le traitement infligé aux libéraux et aux anarchistes avaient profondément douchés les espoirs de l'établissement d'une république libre-échangiste modérée.
Aussi les Provinces-Unies et Makt d'un commun accord, avaient décidé de répondre eux aussi à Sineag Buiseid en rappelant les engagements de cette dernière envers les démocraties libérales, tout en maintenant une relative pression sur la République Socialiste de Damanie. Car désormais seul un océan séparait la nation capitaliste et ultra-libérale du Lofoten d'un régime communiste abhorré. Et que dire des Maktois qui assistèrent probablement médusés, à la création d'un Etat communiste dont ils n'étaient pas tout à fait étrangers. Mais avaient ils eu conscience du piège tendu par Sineag Buiseid ?

Enfin la dernière raison, et non des moindres, 50% des routes commerciales maritimes passaient à proximité de la Damanie, en effet, les deux détroits formés par les îles du Damann constituent les deux portes d'entrée de l'Eurysie de l'Ouest. Qui contrôle ces eaux, contrôle des accès hautement stratégiques, et ça, les stratèges de l'Amirauté l'avaient bien compris. Si la flotte de la République Socialiste du Damann venait à empêcher ou à fortement entraver la navigation dans les détroits, cela serait une catastrophe économique sans pareille.

Début des manœuvres militaires :

Ici le Capitaine Edwards de l'UPS Paul Johnson, commandant de l'UP Navy pour les forces navales Lofotènes durant cet exercice, ravi de pouvoir fendre les eaux avec nos frères Maktois. Paré pour les exercices et les manoeuvres, en attente de retour confirmation de la flotte Maktoise. A vous !
2200
10 juin 2005, au petit matin

Emeute dans la prison de Cuilchein
Emeute dans la prison de Cuilchein

Peu après minuit, une vedette a accosté sur les côtes occidentales de la nouvelle République révolutionnaire de Damanie, qui porte encore les stigmates de sa guerre civile, dans un port non loin de Cuilchein. Le choix d’accoster dans un port, avec un important risque de se faire repérer, relevait plus du pari fou que d’une réelle stratégie prudente. Mais l’officier craignait qu’un accostage plus sommaire ne ralentisse et compromette leur départ de Damanie. Il a eu le nez creux : le port n’était tout simplement pas surveillé, ce qui a permis aux paramilitaires de sécuriser la zone sans encombre. Les 80 hommes, entassés sur le navire, débarquent, avec un objectif bien en tête : libérer les prisonniers des Forces libres, qui avaient été incarcérés lors du grand coup de filet du 7 avril, qui restera dans les annales de la Damanie.

Depuis plusieurs semaines, un contact avait été établi entre le commando et l’un des prisonniers des Forces libres, pour faciliter l’infiltration dans la prison, via un accès par le toit. Pris par surprise, les gardes ont été capturés et pris en otage. Sous l’acclamation de prisonniers survoltés, les paramilitaires ont procédé à l’ouverture des cellules, contraignant les matons à battre en retraite. Sans échange de tirs et (presque) sans la moindre effusion de sang, c’est une centaine d’anciens combattants des Forces libres, en plus des prisonniers de droit commun, qui a ainsi pu d’échapper de l’établissement pénitentiaire. Ils ne sont plus sous contrôle des autorités damaniennes et pourront rejoindre les réseaux de résistance.

L’opération s’est déroulée comme sur des roulettes, et la nouvelle de l’évasion de prisonniers des Forces libres requinquera les sympathisants de la faction libérale. Seule ombre au tableau : la couverture des paramilitaires est tombée et ils ont été clairement identifiés comme étant membres de la Francisquia Militia, déjà bien implantée en Damanie.

Staff a écrit :
Bilan de l’opération clandestine "Libération de prisonniers"
- Chances de réussite de 45 % (dont 5 % de bonus).
- Exécution de l'opération : Parfaite
- Couverture restée intacte : Non
- 40 % d'influence "Réseaux clandestins" retirés à l'EDLF dans la province #20125

Pertes d'effectifs :
Aucune des deux côtés

Dommages strictement RP :
- Libération de 115 anciens combattants des Forces libres, et des prisonniers de droit commun non liés à la guerre civile.
- Le moral des sympathisants des Forces libres augmente.
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L'asile politique

https://zupimages.net/up/21/34/eio4.jpg

Il s'appelle Maiher Ghorda, il est Damann et aujourd'hui, il a reçu l'asile politique francisquien.

Il a été et est toujours l'une des figures emblématique de la lutte des forces libres du Damann qui n'ont pas cessées de se battre pour le Damann et contre le nouveau régime communiste qui vient d'être installé et qui a été soutenu par bon nombre de pays. Ce matin il a été libéré grâce à la milice francisquienne Francisquia Militia qui s'est introduit dans la prison de Cuilchein et a par ailleurs libérée des dizaines d'autres prisonniers qui ont eux aussi obtenu l'asile politique, une première dans l'empire francisquien. La lutte des forces libres qui semblait éteinte suite aux heures rouges au Damann ne semble donc pas perdue.

Du début de la guerre civile en passant par la création des forces libres jusqu'à la prétendue "fin" de la faction, retour sur la crise institutionnel de 2004 au Damann ou la guerre civile :

Avant les problèmes

Avant tout, remontons un peu plus loin et examinons ce que c'était le Damann en passant d'abord par les rôles majeurs :

Le Consul de la république, dirigeant militaire et diplomatique suprême c'est en gros le chef de l'état

Viens ensuite le Premier Conseiller qui est le chef du gouvernement

Ensuite il y a le Premier Marchand qui est un rôle très important et qui va, vous allez vite le comprendre très vite nous intéresser puisqu'il contrôle en théorie la plupart des entreprises qui remplissent les caisses de l'état ce qui est donc une concurrence absolument déloyale pour les autres entreprises et amusant pour un pays qui se prônait "libéral"

Et le point central : Le conseil républicain qui réunit 20 membres du MÊME parti et élit tous les rôles citer précéDAMANN (la blague.)

Maintenant qui étaient les personnages à la tête du pays? Évidemment il y a le chef de la révolution damann : Anduin Deoir qui a mené les armées révolutionnaires du Damann et instauré la république. Cet homme était le Premier Consul.

Il y a eu aussi Artur Leoideach, l'archidruide du Damann qui a eu une grande influence sur le premier consul mais qui ne nous intéresse pas tellement en ce qui concerne la révolte à venir.

Et maintenant, le personnage principal : Sineag Buiseid, chef du parti communiste Damann qui appelait déjà a l'instauration d'un régime démocratique et socialiste au Damann n'ayant pas prise part à la révolution Damann.


Bon. Maintenant qu'on comprend que le Premier Consul est influencé par l'archidruide qui est au passage très puissant puisqu'il contrôle la foi et qu'il a perdu le contrôle des armées depuis la révolution, que le Premier marchand représente une concurrence totalement déloyale auprès des entreprises du Damann ainsi que Sineag Buiseid est une grande rivale du système, comment tout cela pourrait-il mal tourner? C'est simple : Les élections approchent.

Les élections, leurs conséquences

En cette année 2004 au Damann c'est l'heure des élections et dès le départ, rien ne pouvait aller puisque l'église damaniste commençe réellement a être engagée politiquement dans ces élections pour l'unification totale de l'église et de l'état alors que de l'autre côté le parti communiste et d'autres revendiquant la laïcité du Damann font face à eux.

Ça y est, on y est, les élections peuvent commencer.

Premier tour, la balance penchent pour...les libéraux.

Cette fois, c'est la goutte de trop pour les théocrates et moins d'une semaine après le premiers tours des milices et manifestations éclatent partout aux alentours de la capitale, Baidhenor. Les postes de police ou bien les administrations publiques sont prises pour cible alors que parfois, ils sont même favorable aux théocrates. Le 5 décembre, les théocrates
et les impérialistes se soulèvent contre le gouvernement Damann et la lutte éclate : Le front uni est créé

Le même jour, les communistes, fédéralistes et républicains se soulèvent eux aussi en faveur du gouvernement contre la front uni : Le front démocrate est créé.

À ce moment-là, la situation dégénère officiellement et les élections sont stoppées : La guerre civile au Damann est déclarée.

La guerre civile

Deux fronts se créés au Damann opposant drastiquement le front démocrate et le front uni, par chance, une carte de l'institut de cartographie du Damann ayant reproduit l'état de la guerre au Damann a été retrouvée :

https://zupimages.net/up/21/34/7cvg.png

La région de Baidhenor a cette époque est entièrement ou presque contrôlée par le front uni alors que tout le reste du Damann est contrôlé par le front démocrate qui a rallié de son côté les plus grandes villes du pays.

À cette heure-ci, les factions se battent déjà entre-elles mais savent toutes les deux qu'elles ne tiendront pas longtemps avec les stocks d'armement du pays qui s'épuisent alors l'idée vient d'appeler l'aide du monde

Le soutien international, la chute du front uni

La République de Makt, le Banairah, La république chrétienne-militaire du Magermelk et même le Grand Kah, ils ont répondu présents à l'appel de la guerre civile ayant chacun choisit leur camp : Pour le république du Magermelk ce sera le front uni, pour les autres le front démocrate. Fournissant armes et hommes, les fronts se déchirent au Damann et les morts s'empilent dans cette guerre civile, certains en profite et notamment Sineag Buseid qui se créer un réseau d'ami parmi le front démocrate et comment à se faire connaître des combattants. Pendant ce temps, la situation change et en 2004 le front démocrate grâce au soutien international fait le siège de Baidhenor et la capitale tombe.

Évidemment une telle réussite ne s'est pas uniquement faite grâce au soutien international mais aussi grâce à la dissolution du front uni causée par un coup d'état intérieur des impérialistes Damann dirigés par Silis Artainn contre les armées fidèles au gouvernement, tuant au passage le Consul du Damann Artur Leoideach.

Le front démocrate vient officiellement de remporter la guerre civile...ou presque

La guerre continue

Le front démocrate vient de remporter la guerre mais uniquement celle contre le front uni puisque la guerre civile au Damann va se poursuivre avec l'arrivée au pouvoir de....Sineag Buseid! Elle gagne en pouvoir et son parti aussi mais de l'autre côté des troubles vont commencer à repartir dans le pays avec d'abord des zones anarchistes au nord et le Parti Libre Damann qui se revendique libéral et porgressiste, créé suite à la mort du Consul. Les deux partis gagnent en influence dans tout le pays et la guerre civile menace d'éclater une nouvelle fois alors que les frontières au Damann sont toujours fermées ainsi que des vagues d'insurrections éclatent de nouveau partout dans le pays. Si jamais les tensions doivent éclater c'est mal parti pour les libéraux qui sont en Avril 2005, totalement désunis alors que les communistes et socialistes Damann sont tous unis derrière la bannière du PCD ou Parti Communiste Damann ce qui ne facilitera en rien les choses pour tout le monde.

La Francisquia Militia et l'union libérale

On ne s'y attendait pas et pourtant c'est vrai : Les libéraux Damman se sont unis et cette nouvelle faction politique se nomme les forces libres Damann. Désormais unis, les libéraux manifestents en masse dans tout le pays et n'hésite pls à passer à la vitesse supérieure notamment en passant par des actions de violence contre l'armée et d'attaque contre les administrations publiques ou représentants de l'état. À côté de cela, un groupe paramilitaire francisquien tout juste créé qu'au départ les forces libres ne prennent pas au sérieux nommé "Francisquia Militia", se déclare officiellement dans le nouveau conflit opposant le bloc libéral et le bloc communiste au Damann. Cette fois c'est officiellement reparti et pourtant avec ce qui va arriver on pourrait croire que ça ne va pas durer plus longtemps

Les heures rouges

Ordonnées et commandées par la nouvelle Consul, les armées du Damann envahissent le pays, oui oui. Débarquant d'abord à l'ancienne capitale puis dans tout le Damann. Sang et massacres, voilà ce qu'il se passe pendant ces 24 heures au Damann sous les ordres de la consul qui fait tuer les derniers résistants des forces libres et en fait emprisonner d'autres. Certains fuient le Damann puisqu'ils n'ont plus le choix et la Consul continue a faire massacrer les libéraux tandis qu'au nord, les anarchistes sont eux aussi tués et leur sang coule à flots. La république populaire du Damann vient de commettre son premier meurtre de masse et d'officiellement d'affirmer son autorité sur le pays en signant la fin de la guerre civile, mais toute autorité est contestable...

La Francisquia Militia, branche armée des forces libres

Pour la Francisquia Militia qui venait de s'engager dans la guerre civile, les heures rouges sont impardonnables et les meurtres de masse commit par la Consul sont totalement anti-démocratique et à l'encontre de tout ce qu'ils veulent représenter. Au Haut-Commandement de la milice, l'affaire éclate et c'est décidé : La Francisquia Militia va intervenir.

Après 4 semaines de préparation, 4 semaines de communication avec des prisonniers de la prison de Culchein au Damann et d'attentes, la Francisquia Militia va frapper et frapper fort : Avant de pouvoir relancer les forces libres il va falloir regagner les leaders des forces libres et les leaders, ils y en a certains à Culchein alors il faut les libérer.

Au matin du 10 Juin, 80 hommes armés de la Francisquia Militia débarque au port de Culchein et fonce directement vers la prison en passant par le toit grâce à l'aide d'un prisonnier possédant une fenêtre donnant sur l'extérieur depuis sa cellule.
Bien attachés, les hommes grimpent et entrent dans la prison en surprenant totalement les gardiens et leur laissant le choix de vie ou de mort. Bien moins fous que leurs dirigeants, certains gardiens sont prit en otage alors que le milice en laisse d'autres s'enfuir libérant au passage des dizaines de prisonniers accusés d'avoir fait parti des forces libres et condamnés pour rébellion.

Au total, ils sont 115 a avoir été libérés et avoir obtenu l'asile politique francisquien redonnant l'espoir aux forces libres que tout n'est pas perdu.
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[Cargo "FA Los Reyes de la Nueva Tierra" - 10 miles à l'est des côtes de la Damanie]

cargo

Un cargo-vapeur filait à toute allure, fendant les eaux au milieu d'une belle nuit étoilée. Deux marins se trouvaient là sur sur le pont inférieur à discuter, accoudés de manière nonchalante au bastingage. L'un portait un veston bleu marine, typique de la marine Alguarenaise, l'autre une parka noire, plutôt inhabituelle pour un marin.

- Hey, ca va, t'aurais pas une clope ?
-Ouais, pour sûr, tiens, c'est de l'izcalienne par contre
-Oh pas de soucis, tu sais moi je fumes de tour. Le cancer que j'aurais à la fin lui n'aura pas de nationalité.
-Ca c'est ben vrai tiens, j'aime le bon sens marin, pas celui de ces fiottes que l'on retrouve à terre
-Ah ça tu l'as dit, mais justement, tu n'étais pas à terre ?


L'autre se mit à rire, avec un rire gras et enroué.
Puis l'un des marins inspira une profonde bouffée, et se mit à toussoter, feignant de maîtriser sa toux et de faire semblant de ne pas du tout être incommodé.

-Ah ah, oui je t'avais prévenu, elles sont un peu fortes, elles viennent de ma réserve personnelle
-Oh, tu veux dire, du marché de la contrebande..
-Quelle contrebande, on ne dit jamais ça ici, y a pas ni contrebande, ni marché noir...
-Ouais bien sûr, excuse moi c'est ce que je voulais dire, on s'est mal compris..
-Pour sûr, ça se voit tout de suite que toi, t'es pas une balance, même si je me demande comment tu as bien pu embarquer à Kotios dans ces conditions, tu as vu le merdier que c'était là bas....tu faisais quoi là bas déjà ?
-Oui, un vrai nids de guêpes, pour ça d'ailleurs qu'on a décidé de le quitter au plus vite. Et puis je te l'ai déjà dis non ?
-Non mais c'est pour entretenir la conversation tu sais. Et puis je m'en souviens plus pour ça, tu sais, ce sont ces cigarettes, elles sont bonnes mais qu'est-ce qu'elle te retournent le cerveau. Et donc t'étais marin aussi à Kotios, c'est ça ?


L'homme fit mine de ne pas entendre, mais devant le silence insistant de son interlocuteur, prit quelques secondes de réflexion nécessaire à l'établissement d'une réponse appropriée.

- Je travaillais sur les docks pour un entrepôt Kah-tanais. Ces enfoirés sont des foutus esclavagistes, ils te font bosser 10 heures par jour et tu dors sur une paillasse avec les chiens.
-Voilà ce qui arrive quand on veut travailler à terre, alors que sur mer, t'es libre ou presque....et l'autre avec toi, qui quitte jamais sa cabine, il était aussi à Kotios à trimer chez les Kah-tanais. D'ailleurs il va bien ? Il m'a pas l'air dans son assiette ton camarade
-Il a le mal du pays, il a jamais quitté la Commune et...
- Et il a le mal de mer, c'est quand même pas de bol pour un marin. Et puis, cet accent, j'ai pas mal vadrouillé, et ca ressemblerait à s'y méprendre à du Francisquien...
-On vient de partout, je fais pas attention aux accents
-Moi oui, aux accents et aux mains, et celles-ci sont toutes sauf les mains calleuses d'un docker Kah-tanais. Et ce cargo ne va pas en Alguarena pour ton information, son terminus est en Damanie. J'ai une mauvaise nouvelle pour vous, vous descendez ici.


Regard fugace, de quelques micro-secondes mais c'était comme si une éternité venait de passer, les deux hommes se dévisagèrent, et s'analysèrent, ils avaient compris l'un et l'autre que pour l'un d'eux, le terminus n'était pas en Damanie, mais que l'étape finale du voyage allait s'achever.
L'un des hommes agrippa le bras et sorti un couteau un papillon de sou son veston, l'autre homme vit la lame étinceler sous les reflets bleutés de la lumière lunaire, et esquiva le coup par on ne sait quel miracle, mais il ne put cependant éviter une vilaine entaille dans le bras. Mais même blessé, l'homme à la parka noire n'était pas un amateur, et le Kotioïte était bien plus aguerri qu'il ne le laissait entrevoir, avec son autre main, il saisit le poignet de son agresseur et le compressa si fermement qu'il l'obligea à lâcher son arme.
S'en suivit une lutte singulière, et plus empoignades, qui durèrent plusieurs minutes, mais qui vit finalement la défaite de l'homme au veston bleu marine, qui passa au-dessus du bastingage et disparu dans les flots tumultueux de la mer orientale de Damanie.

homme a la mer


L'homme a la parka noire, le bras sanguinolant, déchira un morceau de sa parka pour se faire un garrot de fortune, et se traîna péniblement jusqu'à sa cabine. Là, un autre homme aux traits tirés, assis à son bureau, fumant également des izcaliennes, rendant l'atmosphère dans la cabine exigüe à peine respirable, sembla à peine réagir à l'irruption de son camarade.

- Pet...pardon, Thomas, on a problème, je crois qu'on a été trompés, ce cargo ne va pas en Alguarena, il s'arrête en Damanie. Je ...jai été attaqué par un agent de la Fraternité, j'en suis sûr, on ne peut pas rester dans ce cargo plus longtemps, ils nous ont découvert, on a été suivi...peut être qu'on a été trop imprudents.
-C'était une erreur de quitter Kotios, je vous l'avais bien dit. Vous savez comme moi qu'ils ne nous laisseront pas prendre vivants, nous sommes bien trop dangereux pour eux.
-Ca je les laisserais pas nous prendre vivants,
dit l'homme tout en passant son bras sous l'eau. il prit une bonne rasade de Whiskey d'Iwwerdon, puis versa le reste du contenu de la bouteille sur sa blessure, avant de faire un pansement propre avec des serviettes de la cabine d'eau.
-La Damanie, c'est l'antre du Diable, ce repaire de communistes...voilà un bien mauvais coup du sort, comme le destin est ironique. Mais tout n'est pas perdu mon ami, je j'ai...noué quelques relations, des connaissances dirons nous, avec quelques éléments de l'ancien Front Impérial du Damann, les impérialistes et ces religieux fanatiques. Ils sont intellectuellement faible, c'est probablement dûe à leur race inférieure et au sang vicié qui coulent dans leurs veines, à force de se mélanger entre eux mais peut être pourrons nous trouver quelques points communs et les exploiter pour notre salut. Leurs réseaux clandestins sont bien implantés, et la Fraternité y a encore peu d'influence.

L'autre homme parût soulagé, et en oublia même la douleur lancinante de sa blessure au bras.

WHEEEEEEEEEEEEEMP

La sirène du navire retentit, le vapeur s' approchait des côtes déchiquetées de la Damanie, et de la cité portuaire d'Elpin, sur l'île septentrionale de Laomann. Un caillou inhospitalier, parsemé de champs de pommes de terres et de pâturages verdoyant de moutons, où survivait une population pauvre de bergers. Certes cette île était officiellement contrôlée par les forces socialistes de la jeune république communiste, mais dont le pouvoir central semblait s'étioler à mesure que l'on s'éloignait de la capitale. De plus les insulaires ont une mentalité quelque peu différente des continentaux, et cela allait sensiblement profiter aux clandestins Kotioïtes qui souhaitaient disparaître dans les ombres brumeuses de la lande damanaise.
Plusieurs jour après, des pêcheurs francisquiens prirent dans leurs filets un corps d'être humain, enfin de ce qu'il en restait, car il n'y avait plus qu'un tronc, et un bras à moitié rongé...mais on pouvait encore aisément deviner que le malheureux portait un veston bleu marine en lambeaux.....
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L’atmosphère à l’intérieur du Kauhea était étouffante. Dans l’incapacité de faire surface suffisamment régulièrement pour se réapprovisionner ou simplement permettre à son équipage de respirer un air frais, les occupants du sous-marin vivaient en vase quasiment clos depuis plusieurs mois désormais, coupés du monde extérieur la majeure partie du temps qu’ils n’apercevaient en général qu’à travers les écrans de leurs sonars. Pas étonnant si lors de leur dernière escale en Lutharovie où ils avaient fait le plein de nourriture fraiche et de produits de première nécessité généreusement offerts par la Merenlävät, plus d’une douzaine de camarades avaient décidé de ne reprendre leur poste à bord du bâtiment quand avait sonné l’heure de retourner en mer.

Ceux qui n’avaient pas déserté les avaient bien traité de traitres, de lâches et d’ennemis à la cause, restait quand même que la nouvelle avait fichu un coup au moral de tout le monde, à peine compensé par l’annonce de la prise de pouvoir des communistes en Damanie. Ca, au moins, c’était une bonne nouvelle qu’on avait célébré en s’ouvrant des canettes de bière et des boîtes de saumon. N’empêche que malgré le discours enflammé du capitaine camarade Hymveri, tout le monde avait bien conscience que le rôle joué par leur sous-marin dans le conflit n’avait été que très marginal et ils étaient nombreux à faire démonstration de plus en plus ouvertement de leur frustration et de leur mécontentement quant aux conditions de vie à bord.

L’air était suffoquant à l’intérieur, le sous-marin cuisait de la chaleur de sa machinerie et plusieurs systèmes de ventilation étaient tombé en panne et laissé tels quels : on manquait de pièces pour les réparer. Dans les couloirs exiguës pendait en permanence un linge toujours humide et faute de véritables distractions les pirates rouges avaient commencé à jouer de l’argent pour s’occuper pendant leurs heures de repos ce qui n’avait abouti qu’à accroitre les tensions. Plusieurs guet-apens avaient eu lieu dans les couloirs contre de supposés tricheurs, quant aux neuf femmes que comptait l’équipage, elles avaient été obligées à plusieurs reprise de jouer du coup de genoux dans les parties pour refroidir un peu ces messieurs échauffés par une proximité suffocante.

Le seul à sembler encore un peu tenir la route était Hymveri lui-même, animé par la flamme de la jeunesse ou du fanatisme – allez savoir – qui ne semblait même pas vouloir vaciller malgré les nombreux déboires et problèmes auxquels il devait faire face chaque nouveau jour. Signe inquiétant néanmoins d’une certaine relâche, il s’était fait de plus en plus dur dans ses sanctions et l’équipage habitué à un semblant de transparence et de démocratie avait vu progressivement rogner ses marges de contestation au profit d’une discipline renforcée et d’une tolérance zéro face aux débordements. Récemment, on avait même « torpillé » le camarade Anuuki, enfermé dans le canon et mis à feu par deux cents mètres de profondeur, on ne savait pas si c’était l’eau ou la déflagration qui l’avait tué mais cette démonstration d’autorité était momentanément parvenue à calmer tout le monde.

Momentanément.

Le Kauhea n’avait pas mis trois jours à retrouver une atmosphère de fébrilité énervante et Hymveri était suffisamment lucide pour réaliser qu’il ne pourrait massacrer deux de ses hommes par semaine afin de préserver la paix de l’équipage. C’était l’action ou la mutinerie, en somme, aussi passait-il désormais presque l’intégralité de ses journées à l’avant du sous-marin, fixant d’un regard froncé les écrans des radars dans l’attente d’y voir apparaitre un potentiel ennemi. Malheureusement, les eaux de la Damanie restaient encore peu fréquentées pour l’heure, jugées trop dangereuses, et les seuls navires qu’ils avaient vu passer à proximité étaient soit bien trop puissamment escortés pour faire l’objet d’une attaque frontale, soit appartenaient au gouvernement communiste qu’il était naturellement hors de question d’attaquer. En fait, le manque d’information et le flou relatif qui se maintenait autour de la situation politique en Damanie rendait la situation très confuse pour les pirates rouges qui, conscients de leur isolement, n’osaient s’en prendre à des cibles politiquement mal définies.

On craignait particulièrement de couler un navire pirate pharois, ce qui aurait entrainé une sanction immédiate de la Merenlävät et quasiment réduit à néant les chances du Kauhea de trouver un lieu sûr où se ravitailler. Déjà qu’Hymveri soupçonnait fortement la multinationale d’attendre le premier prétexte venu pour les mettre hors-jeu… Il fallait aussi dire qu’entre des pirates révolutionnaires communistes et la multinationale ultracapitaliste du Syndikaali, les points d’entente n’allaient pas de soi. Seuls certains accords garantissant notamment l’absence de toute attaque contre des intérêts pharois et l’engagement du Kauhea à continuer à déstabiliser la Damanie avait mené la Merenlävät à lui permettre d’utiliser certains de ses ports comme lieu d’attache afin d’y faire des réparations et du ravitaillement. Un accord qui avait sous doute évité un bain de sang et permis aux pirates de ne pas dilapider leurs forces à se défendre et à la Coopérative de donner des garanties au gouvernement pharois qu’elle contrôlait la situation. Mais cette dernière restait précaire pour les deux partis et aucun n’ignorait que dans un temps prochain l’un des deux devait liquider l’autre. Ou au moins apprendre à se passer de lui.


C’était dans ce contexte que le capitaine camarade Hymveri avait un jour été informé par canal crypté qu’une cargaison d’armes à destination de la Damanie venait de quitter Kotios, grimée en matériel agricole. Une livraison officieuse qui impliquait logiquement des agissements secrets et donc forcément contre-révolutionnaires contre le gouvernement daman. Une cargaison dont la perte porterait assurément un sale coup aux capitalistes et à leurs alliés, en plus de venir enrichir les marins du Kauhea. Utilisables ou non, mettre la main sur ces armes pourrait bien être le sésame qui offrirait leur indépendance aux pirates rouges. Qu’ils en tirent un bon prix au marché noir et ils pourraient passer par des réseaux clandestins indépendants de la Merenlävät et ainsi ne plus avoir à respecter le traité scélérat qui les liait à elle. En somme, on verrait bien qui baiserait qui.

La fatigue, la nervosité de l’attente, le besoin de résultats, ces facteurs conjoints ne laissèrent aucune chance au Kerguen. Sa signature rapidement repérée sur les appareils du Kauhea, le sous-marin avait fondu sur lui en quelques minutes et à la suite d’un tir de sommation, annoncé ses exigences. Celles-ci n’étaient pas très compliquées, ni très subtiles : l’équipage du Kerguen se constituait prisonnier et abandonnait toute tentative de résistance. Certains seraient amenés à bord du sous-marin à titre d’otage, les autres sur le pont sous bonne garde. Les pirates rouges se serviraient dans les cales dont ils transvaseraient le contenu dans leur propre bâtiment, puis le Kerguen et l’ensemble de son équipage seraient autorisés à rejoindre la Damanie sains et saufs, quoique dépouillés de leur cargaison.

L’opération réussit avec un certain succès. Galvanisés par enfin un peu d’action, les pirates surent mobiliser en eux leur vieux fond de discipline révolutionnaire qui ne les avait pas encore complètement quitté et ce fut avec une précision toute professionnelle qu’ils prirent possession du navire kotioïte. Certains avaient même trouvé le temps de se raser et de se couper les cheveux avant l’attaque, pour un résultat contrastant terriblement avec le spectacle qu’ils donnaient la veille encore, à picoler et jouer au poker torse-nus dans leurs dortoirs.

L’effervescence fut malheureusement de courte durée. Non seulement il fut rapidement clair qu’avant de se rendre le capitaine du Kerguen avait trouvé malin d’envoyer sa position accompagnée d’un message de détresse à la ronde, faisant craindre l’arrivée imminente de navires de la marine de Waltigey ou de Lodriania – ce qui lui valut d’être précipité par-dessus bord – mais en plus le butin était largement moins gros qu’espéré. En fait, c’était carrément une farce à ce stade, la cale ne contenait en tout et pour tout que quelques tracteurs et moissonneuses batteuses d’un autre âge, un stock de pneus usés et oui, trois caisses de fusils qui auraient eu plus leur place dans un musée que sur un champ de bataille. En fait, l’inscription réalisée par pochoir sur les couvercles indiquait effectivement « fusil collection 1930-1950 – Kotios Museum ».

Hymveri ne goûta guère à l’ironie de la situation et le reste de l’équipage s’en alla rejoindre son capitaine dans les profondeurs de la mer daman. Les pirates récupérèrent en grommelant tout ce qui pouvait leur être utile, malheureusement même au niveau des vivres le Kerguen se révéla bien pauvrement doté, n’étant pas parti pour un long voyage. Un appel radio informa Hymveri que la signature d’autres navires avait été repérée et tout le monde quitta le bâtiment Kotioïte qu’on fit couler d’une charge d’explosif avant de définitivement prendre le large.

Si c’était encore possible, l’humeur à bord du Kauhea venait de baisser d’un cran et pour la première fois depuis qu’il avait pris les armes, Hymveri se demanda si tout cela n’allait pas finir en eau de boudin.
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