Elvinn Ealar est un habitant de Ciardhai, issu d’une famille de marchands de poisson et qui s’apprête à faire son service militaire. Dans son journal, il raconte son quotidien face aux tensions qui montent au Damann.
24 Novembre 2004
Les élections approchent. Dans les rues, les gens manifestent au nom de leur parti, de leurs idées. Les terres qui, autrefois, étaient bercées par les légendes et l’aventure sont à présent secouées par les idées et la peur.
Le Damann n’est pas une vraie nation. Les Damann n’ont en commun que leur nom, car cet état a été formé en unifiant plein de petits Royaumes à l’histoire, à la culture et aux idées bien trop différentes. Le Royaume d’Alpainn, en Celtie de l’Ouest, était par exemple un Royaume absolu depuis presque toujours où l’on aimait le Roi, on l’adorait, et c’était pour les Alpainners la Voix des Dieux celtes, avec sa dynastie installée au pouvoir depuis des siècles. En parallèle, le Royaume de Ciardhai, en Celtie du Nord, était quant à lui depuis très longtemps un Royaume gouverné successivement par différentes familles qui se querellaient le pouvoir, le peuple avait pris de ses libertés sur le Roi, et c’étaient de facto les plus riches familles du pays qui regnaient. Ciardhai et Alpainn avaient des cultures politiques donc bien différentes. Et sur le plan de la culture mythologique aussi : en Alpainn, la foi celte s’était syncrétisée avec la foi chrétienne, alors qu’à Ciardhai, il n’y avait presque aucune trace des religions abrahamiques.
Avant l’aube de la Révolution, sur Eilean Mor, l’île de Nhorr et du Damann, on vivait pauvre, loin des progrès technologiques, mais heureux. Les Nhorréens pillaient les autres Celtes, qui repillaient à leur tour les Nhorréens, mais jamais l’île n’avait été ravagée par une guerre aux allures de la Révolution. On cultivait les champs à la charrue, on séchait son linge au lavoir. On racontait aux enfants que des elfes se cachaient dans les forêts, et aux hommes que les Dragons de Nhorr pouvait prendre une forme de lézard ailé arpentant le ciel et crachant des flammes.
Dragon selon les Celtes
Eilean Mor est corrompue par la culture qu’a apporté l’Eurysie. On ne se fait plus la guerre à coup d’épées, ne remportant souvent qu’une cicatrice d’une ancienne bataille suscitant les légendes. Non, depuis deux décennies, c’est au fusil et à la bombe qu’on se bat. La modernité apporte avec elle son lot de ravages !
La Révolution a été un conflit comme Eilean Mor n’en avait jamais connu : des paysans et des habitants des villes prenant les armes, tirant sur les Druides jusqu’alors inatteignables en criant « Hérétiques ! », brûlant les Rois et leurs guerriers en les insultant de despotes alors que ceux-ci les protégeaient par le pacte de féodalité. L’équilibre du Damann a été brisée.
Aujourd’hui, on ne se bat plus pour un Royaume ou pour son peuple. On se bat pour des idées, qui changent bien de trop souvent. On se bat entre gens de son propre peuple, dans ses propres rues. Au moment où j’écris ces lignes, un incendie a été déclaré à quelques pas de chez moi, provoqué par des Démocrates qui hurlent des messages de haine aux Théocrates. Ailleurs, ce sont sûrement les Théocrates qui lancent une avalanche d’injures aux Démocrates.
La guerre civile est proche, je le sens. Les élections n’atténueront rien, et l’un des deux camps prendra les armes contre l’autre. Car aujourd’hui, ce sont deux camps – les Démocrates qui veulent une Démocratie et les Théocrates qui veulent une Théocratie –, mais demain, qui dit que ce ne seront pas les Communistes contre les Libéraux, les Traditionnalistes contre les Progressistes, les Athées contre les Croyants ou encore les Seannistes contre les Impérialistes ?
Au fond, chacun utilise comme Casus Belli l’idéologie, mais tout le monde ne veut que le pouvoir sur la nation nouvellement formée qu’est le Damann.
Bataillon de révolutionnaires
24 Novembre 2004
Les élections approchent. Dans les rues, les gens manifestent au nom de leur parti, de leurs idées. Les terres qui, autrefois, étaient bercées par les légendes et l’aventure sont à présent secouées par les idées et la peur.
Le Damann n’est pas une vraie nation. Les Damann n’ont en commun que leur nom, car cet état a été formé en unifiant plein de petits Royaumes à l’histoire, à la culture et aux idées bien trop différentes. Le Royaume d’Alpainn, en Celtie de l’Ouest, était par exemple un Royaume absolu depuis presque toujours où l’on aimait le Roi, on l’adorait, et c’était pour les Alpainners la Voix des Dieux celtes, avec sa dynastie installée au pouvoir depuis des siècles. En parallèle, le Royaume de Ciardhai, en Celtie du Nord, était quant à lui depuis très longtemps un Royaume gouverné successivement par différentes familles qui se querellaient le pouvoir, le peuple avait pris de ses libertés sur le Roi, et c’étaient de facto les plus riches familles du pays qui regnaient. Ciardhai et Alpainn avaient des cultures politiques donc bien différentes. Et sur le plan de la culture mythologique aussi : en Alpainn, la foi celte s’était syncrétisée avec la foi chrétienne, alors qu’à Ciardhai, il n’y avait presque aucune trace des religions abrahamiques.
Avant l’aube de la Révolution, sur Eilean Mor, l’île de Nhorr et du Damann, on vivait pauvre, loin des progrès technologiques, mais heureux. Les Nhorréens pillaient les autres Celtes, qui repillaient à leur tour les Nhorréens, mais jamais l’île n’avait été ravagée par une guerre aux allures de la Révolution. On cultivait les champs à la charrue, on séchait son linge au lavoir. On racontait aux enfants que des elfes se cachaient dans les forêts, et aux hommes que les Dragons de Nhorr pouvait prendre une forme de lézard ailé arpentant le ciel et crachant des flammes.
Eilean Mor est corrompue par la culture qu’a apporté l’Eurysie. On ne se fait plus la guerre à coup d’épées, ne remportant souvent qu’une cicatrice d’une ancienne bataille suscitant les légendes. Non, depuis deux décennies, c’est au fusil et à la bombe qu’on se bat. La modernité apporte avec elle son lot de ravages !
La Révolution a été un conflit comme Eilean Mor n’en avait jamais connu : des paysans et des habitants des villes prenant les armes, tirant sur les Druides jusqu’alors inatteignables en criant « Hérétiques ! », brûlant les Rois et leurs guerriers en les insultant de despotes alors que ceux-ci les protégeaient par le pacte de féodalité. L’équilibre du Damann a été brisée.
Aujourd’hui, on ne se bat plus pour un Royaume ou pour son peuple. On se bat pour des idées, qui changent bien de trop souvent. On se bat entre gens de son propre peuple, dans ses propres rues. Au moment où j’écris ces lignes, un incendie a été déclaré à quelques pas de chez moi, provoqué par des Démocrates qui hurlent des messages de haine aux Théocrates. Ailleurs, ce sont sûrement les Théocrates qui lancent une avalanche d’injures aux Démocrates.
La guerre civile est proche, je le sens. Les élections n’atténueront rien, et l’un des deux camps prendra les armes contre l’autre. Car aujourd’hui, ce sont deux camps – les Démocrates qui veulent une Démocratie et les Théocrates qui veulent une Théocratie –, mais demain, qui dit que ce ne seront pas les Communistes contre les Libéraux, les Traditionnalistes contre les Progressistes, les Athées contre les Croyants ou encore les Seannistes contre les Impérialistes ?
Au fond, chacun utilise comme Casus Belli l’idéologie, mais tout le monde ne veut que le pouvoir sur la nation nouvellement formée qu’est le Damann.