«
Pour la nouvelle cargaison de Jeudi vous devriez voir avec mon supérieur. Bien à vous, José Rodriguez. »
Je m’étire puis me frotte les yeux. Ça y’est j’ai enfin fini ma journée. Mon téléphone vibre légèrement.
- Qué joder estás haciendo, estamos aquí abajo
Putain j’avais presque oublié ! Je saute de ma chaise, j’éteins mon ordi, je récupère mes affaires et je me précipite vers la sortie. Après négociations avec mon connard de patron j’ai enfin obtenu mon weekend. Faut dire qu’il me le devait depuis bien longtemps. Marre de bosser les weekends pour rien.
Arrivé en bas je saute dans la décapotable de mon meilleur pote qui m’attendait juste devant le bureau
- On va être en retard putain
- Désolé ce dernier mail m’a pris un temps fou dis-je avec un air coupable
- Bah t’inquiète pas vas, ce petit bijou à 200 chevaux sous le capot me dit-il avec un grand sourire
Après avoir griller quelques stops et dépasser les limites de vitesses autorisées, on arrive à l’aéroport. On passe les contrôles et on court jusqu’à la porte 14. Heureusement on arrive juste avant la fermeture des portes. Je m’assieds dans mon siège, essoufflé et transpirant
- On a eu de la chance, c’était moins une je balance à mon pote
- Ne fait pas cette tête la putain, ON VA A SANTA MARIA BORDEL !!!
Il avait hurlé sa dernière phrase, de sorte que tout l’avion c’est retourné vers nous. Il était comme ça mon pote, toujours premier pour déconner et faire des conneries, c’est pour ça que c’est mon meilleur ami.
Le vol ne dure que 4 heures mais il me parait une éternité. Après avoir effectué les trois quarts du vol on commence enfin à voir les lumières de Santa Marie. Je suis collé à mon hublot comme un gamin obèse devant la vitrine d’un vendeur de glaces. Cette ville est si unique. Santa Maria c’est ce petit paradis sur terre que tout le monde espère trouver un jour, ce petit havre de paix duquel tu n’as jamais envie de partir. Sachant que je passerais le weekend ici je me mets rigoler tout seul, avant de me rendre compte que la petite veille d’à côté me fixe bizarrement. Toujours là pour casser l’ambiance les vieux.
Après avoir récupérer nos sacs et valises, on appelle un taxi pour nous amener à l’hôtel. Durant le trajet on aperçoit déjà les rues bondées et les plages pleines à craquer de monde. On dépose nos affaires dans nos chambres et on sort.
Il est 22 heures, on est 5 jeunes, André (mon meilleur pote), Elisabeth, Jorge et Sam, et on prêt à passer le meilleur weekend de notre vie…
La ville est remplie à ras bord de monde, comme prête à débordée. Toute la jeunesse Bochizuelienne s’est donné rendez-vous ici, ce weekend. Une bière à la main, en minijupe les filles se dandinent au rythme de la musique, pendant que les mecs se concertent activement pour savoir à qui ça vaut le coup de payer des shots. L’ambiance est particulière, l’air est bon et chaud, tout tourne au ralenti autour de moi, l’alcool me monte à la tête. Mention spéciale pour les DJ. Je recommande un verre au bar et je m’allume une clope. Elle à un gout bien particulier celle-là. Celle d’un bien être profond, d’une paix intérieure comme retrouvée. Au fond de ce verre, le temps d’une soirée, j’oublie tous mes problèmes. Je lève les bras, je chante (enfin je crie plutôt) je sais que je dance mal mais franchement… je m’en bat les couilles.
C’est un des rares endroits on personne ne te juge, tout le monde s’amuse. Blancs, noirs, latinos, asiatiques, trans, cis, communistes, capitalistes, fascistes et démocrates tous s’aiment, s’embrassent et se regardent, tous oublient leurs différences et dansent, boivent, fument et baisent. Ici rien n’est impossible, rien. C’est parfait, tout est parfait. Mon amertume de vivre se transforme en joie indescriptible, je pourrais faire bouger des montagnes, mes projets prennent sens, ce que je trouvais impossible jusque-là me parait alors possible. Je souris bêtement sans savoir pourquoi, cela faisait bien longtemps qu’on n’avait pas ressenti ça.
Je vois mon pote qui flirt avec une meuf, je m’avance vers lui, me penche vers son oreille et lui cri :
- Frère tu déconnes, elle est dégeu celle-là ! elle vient d’où ?
- Je commence crescendo, c’est le tour de chauffe. C’elle là vient de l’Alguarena je crois
- Putain mais elles ont toutes la même gueule que leur présidente ou quoi
On explose de rire. Je sais que ce n’est pas bien de se moquer du physique des gens mais bon l’alcool… vous savez… ¯\_(ツ)_/¯ Je rajoute :
- Quand je pense que d’autre villes se sont portées volontaire pour organiser ce festival
- Le pire c’est qu’ils pensaient pouvoir gagner ces cons
Encore un nouveau fou rire.
Je flirt avec quelques filles, leur parfum est enivrant. Ça en devient presque addictif. J’adore ce genre d’ambiance.
En sortant d’un des (très nombreux) bars de la ville, je prends une petite rue. Elle est très calme, j’entends le brouhaha de la foule au loin. Ça fait du bien d’être un peu au clame. Je déboutonne mon pantalon et je pisse contre un mur. C’est au moment de pisser que tu mesure combien tu es bourré en soirée. Moi ça va, j’arrive à viser les fourmis, je peux encore boire quelques verres de plus. Ça fait tellement du bien. Je ferme les yeux et je respire profondément. Que c’est bon de se sentir bien.
Je me souviens plus de très grande chose de la suite, je suppose que j’ai dus boire plus que « quelques verres ». Je me souviens avoir pécho une meuf d’Hylvétia particulièrement jolie : blonde, grande, avec de jolis yeux bleus et une magnifique robe. Elle me raconte qu’elle est venue ici pour oublier son mec qui l’avait trompé avec sa sœur. Ça craint ce genre de mec me dis-je avant de me rappeler que moi aussi j’avais une copine. Mais bon, comme on dit « ce qui se passe à Santa, reste à Santa »
Je me réveil avec un mal de crane horrible. Le soleil traverse les rideaux et m’éblouit ce qui a le don de m’énerver dès le matin. Je titube vers la salle de bain.
- Bordel André tu fais chier je crie
- Putain mais pourquoi tu gueules comme ça dès le matin
Je sors de la salle de bain et je viens me planter devant lui. Il me regarde et éclate de rire. Il rit jusqu’aux larmes. Je re rentre dans la salle d’eau et me regarde de nouveau dans le miroir. J’ai une ÉNORME teub dessiné sur le front. Je l’entends alors dire entre deux fou rire
- Le pire c’est que…c’est que…c’est indelebile…
- C’est quoi ? je demande en fronçant les sourcils
- C’est…indélébile dit-il est rigolant de plus belle, ça part pas avant 24 heures
Après avoir pris quelques secondes pour digérer cette dernière information, je m’assois sur lit. Je viens de me rendre compte qu’on part ce soir. Je n’aurais pas revu cette fille d’Hylvetia et je ne la reverrais certainement plus jamais. Dehors l’air est encore chaud, c’est agréable. Dans quelques heures je serais de retour chez moi, dans le train-train habituel de la vie, retour à mes problèmes, à mes angoisses. Mais avec les autres on reviendra on se le promet, c’est comme une lueur tout au bout d’un sombre tunnel.
En faisait la queue pour embarquer dans l’avion, je remarque ce gamin qui me fixe. Il n’est pas bien grand le bonhomme, son pouce gauche dans le bec et son doudou dans le bras droit, je vois bien qui fixe mon front. Toute la journée j’ai eu le droit aux mêmes regards, je ne suis plus trop d’humeur à rigoler alors d’un revers de main je l’éloigne. Le gamin tombe et se met à chialer. Je me fais engueuler par la mère, avant qu’elle ne se taise en regardant mon front et s’éloigne avec le gamin dans les bras.
💠 PrésentationFondé par l’empire hispanique en pleine époque coloniale, Santa Maria était une ville destinée à être un port de commerce stratégique. Ce fut le cas durant les premières années de son existence. Cependant, très vite, sa beauté et sa tranquillité en firent une ville de choix pour les résidences de campagne des généraux, gouverneurs et autres haut placés de l’empire. Ainsi débutât la glorieuse histoire de Santa Maria.
La ville est construite dans une cuvette. Au sud se trouvent les plages paradisiaques, les quartiers riches, les hôtels de luxes, etc... Tout au nord, la ville est bordée par des montagnes. Les quartiers nord sont populaires, style coloniale, moins modernes mais plus folkloriques. Pour les stars et les millionnaires, il y a Santa Maria Beach. Une presque-ile construite par des fonds d’investissements privés où le coup des maisons est exorbitant. Golfs, palaces et piscines tel est le quotidien de ces gens-là.
Capitale internationale de la musique, seul un fou ne passerai pas à Santa Maria durant sa tournée internationale. « Du pain et des jeux ! » disait un philosophe. Aujourd’hui le maire de Santa Maria aurait ajouté «
Du pain, des jeux et de la musique ! ».