Édition du 18 Mai 2015Trois-cents ans, ça se fête !Par Roberto Bambolero qui a amené l'alcool et le saucissonTrois-cents ans ! Ce 18 Mai 2015, cela fait trois-cents ans que notre beau, grand et riche pays a proclamé son indépendance, arrachée au prix d'innombrables vies de la poigne d'acier de nos cousins Guadamos que nous avons malgré tout généreusement pardonnés comme nous savons si bien le faire. Trois siècles donc durant lesquels la Costa Sueñoleja a connue de nombreuses péripéties allant de défaites honorables en défaites honorables, arrachant victoires glorieuses sur victoires glorieuses, conquérant des terres fertiles et des mers poissonneuses pour, au final, devenir la puissance phénoménale et irréductible mais néanmoins sage et retenue que nous connaissons tous aujourd'hui. Aaaah, une très belle et longue histoire que nos géniaux et bienveillants gouvernants nous conteront majestueusement dans une somptueuse, gigantesque et subliminale parade d'anniversaire composée de plusieurs dizaines de chars, tous parés de décorations aussi magnifiques que somptueuses et représentants chacun magistralement une scène précise de notre noble et glorieuse histoire tellement incroyable et fantastique que l'on pourrait la croire tout droit sortie d'une légende ancestrale et multi-millénaire ou des rêves fous et utopiques d'un auteur trop plein d'inspiration, qui défileront sur les rues droites et lisses de notre lumineuse et divine capitale, symbole même d'excellence architecturale et de virtuosité artistique dont la culture singulière mais admirable rayonne invariablement à travers toutes les chaumières de notre monde et de tout autre.
Parmi ces chars de parade, l'on pourra citer le sobrement mais génialement intitulé
Ombre du passé contant l'arrivée de nos ancêtres lointains mais jamais oublié venus de Guadaires jusqu'à nos terres encore vierges de civilisation grâce à leurs fiers galions, bravant les terribles tempêtes et les bourrasques destructrices de l'Océan d’Espérance, manquant malgré leur habilité naturelle et leur dextérité sans pareil de se fracasser un nombre incalculable de fois contre les nombreux récifs des Burbujas Verdes et du Grand Golfe Alguareno avant d'atteindre rien de moins que le Paradis. Vient ensuite
Souvenir des Premiers, ode à la culture et aux traditions des Sakkins, premier peuple a avoir jamais foulé le sol de notre délicieuse nation et qui, désormais intrinsèquement et définitivement intégrés à la civilisation occidentale supérieure en tout point que nos ancêtres leur ont magnanimement apportés. Un rappel que, malgré les apparences, les indigènes de notre beau pays font partie intégrante de notre culture et de notre patrimoine mais aussi qu'il est important de respecter un quota minimal de minorités ethniques ou sexuelles dans nos représentations artistiques pour conserver une bonne image à l'international. Oh mais qui voilà ? Ne serait-ce pas
Mémoire de conquêtes, symbolisant à la perfection l'expansion territoriale et coloniale de notre beau pays, luttant sans merci, infatigable, contre des ennemis puissants et nombreux pour former, victoire après victoire, année après année, siècle après siècle, un véritable empire rivalisant aisément avec ceux de Listonie ou de Fortuna, écrasant sans mal ceux de Caratrad ou d'Antérinie, humiliant ceux de Velsna ou de Zélandia avec une telle facilité que l'on n'hésiterait pas à le qualifier de fantasmagorique. Nous passerons en vitesse sur
Joie de la Liberté, hommage exceptionnel au Coup d'État Républicain du 14 Octobre 1868 qui a posé les bases de notre chère démocratie aimée et défendue, ainsi que sur
Destinée tragique, représentant avec brio la terrible Guerre Civile qui a déchirée notre pays entre 1911 et 1922, et sur
Clarté obscure, rappel émouvant de la terrible période autoritaire des régimes de l'Estado Nuevo et de la República Popular qui ont cruellement arrachés la démocratie à notre peuple, qui l'ont privés de sa liberté sans aucune once de remord. Ah, funeste période que la Révolution de 1974, évoqué avec génie par l'époustouflant
Lueur d'Espoir qui conclut cette majestueuse parade de larmes et de rires, commémorant mieux que n'importe quelle autre les tristes réalités et les joyeuses vérités de notre Histoire.
Mais cette parade, si elle est évidemment le clou du spectacle, la cerise sur le gâteau, la plus impressionnante partie de cette Fête Nationale du trois-centenaire, n'est pas la seule célébration, bien au contraire. En ce jour glorieux, vous pourrez également assister, comme à l'accoutumée, à un défilé de notre glorieuse, puissante et invincible armée qui ferait pâlir de frayeur les ridicules forces de la tout aussi ridicule Akaltie voisine si nos dirigeants intelligents et sages ne se retenaient pas de libérer nos terres injustement occupées par les forces fascistes venues de l'autre-côté-du-Détroit afin d'éviter des milliers de victimes Akaltiennes et assimilées que ce conflit ne pourrait malheureusement pas éviter d'engendrer malgré l’éthique internationalement reconnue de nos forces armées qui inspire le respect à tous leurs semblables à travers le monde. Mais si vous ne pouvez vous rendre en notre sublime capitale pour ce défilé rassurez vous : chaque État de notre grande República Federal organisera son propre défilé dans sa capitale locale avec sa puissante et loyale Milice d'État.
Et si par hasard vous n'appréciez pas voir des canons gigantesques et des véhicules blindés indestructibles tenus par des hommes virils et plein de testostérone contrairement aux mensonges honteusement colportés par un célèbre forum web que nous ne vous ferons pas le terrible affront de nommer conformément au respect immérité mais néanmoins irréductible que nous avons pour les utilisateurs d'Icama-Chan, il y'aura, soyez en sûr, de nombreuses autres façons de célébrer cette journée exceptionnelle. Que diriez vous de visiter l'un des quatre-vingt-sept musées ayant généreusement accepté d'ouvrir leurs portes GRATUITEMENT pendant vingt-quatre heures ? Vous préférerez peut-être visiter l'un des quarante-six cinémas en plein air éphémères dont dix-neuf installés sur les plages sublimes de nos côtes resplendissantes ? Et que diriez vous d'acheter des places en réduction pour un match amical de football, de Baseball ou de lucha libre ? Tout est possible en ce jour de fête !
Attention ! Cette phrase de conclusion ne doit pas être prise au premier degré. Les lois et la Constitution de la República Federal de Costa Sueñoleja et de ses entités fédérées et les lois de la physique ne seront bien sûr pas abolies durant la journée de 17 Mai 2015 et devront évidemment être respectées à la lettre, il n'est donc de fait pas possible de les outrepasser. La rédaction de La Prensa Libre rejette toute responsabilité dans le cas d'une incompréhension de cet article et ne financera aucunement ni votre défense dans le cas d'un procès lié à une incompréhension dudit article ni vos frais d'hôpitaux dans le cas d'une hospitalisation liée à cette même incompréhension.