13/08/2015
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La Prensa Libre

La Prensa Libre est le principal journal d'actualité de la Costa Suñoleja. Créé en 1974 quelques mois à peine après le Coup d'État de Juillet et l'établissement de la République Fédérale qui en découle, il est publié quotidiennement et lu par des millions de Sueñolejos à travers le pays malgré l'analphabétisme qui touche près de la moitié de la population locale. D'abord tiré en version papier et vendu pour 50 Pesos (2 $), il s'est doté en 2008 d'une version numérique en ligne nécessitant un abonnement payant. Il n'y a pas de petit profit.

Bien qu'il se revendique comme idéologiquement indépendant, ses actionnaires, parmi lesquels on trouve entre autre Manolo Solera, Pedro de Calderón et de nombreuses figures de la droite conservatrice, jouent un rôle prépondérant dans la ligne éditoriale que suit le journal qui se garde bien de dire du mal du Gouvernement ou de dénoncer les agissements condamnables de certains de ses membres tout en accusant la gauche et l'étranger d'être à l'origine de tout les maux du pays. Ses prises de position lui attire ainsi autant les faveurs de la droite que le mépris de l'opposition.
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La Prensa Libre
Édition du 17 Avril 2015

Le communisme enfin reconnu comme maladie mentale.
Par Jacobo Jacque, ingénu de formation

C'est une grande nouvelle pour les malades du monde entier : le très réputé Grand Institut d'Étude Psychiatrique et Neuropathologique d'El Águila (GIEPNEA), célèbre dans le monde entier pour être à la pointe des neurosciences depuis son ouverture en 1992, vient d'annoncer, par le biais d'Hugo Moreno, Directeur de son Service Communications, qu'il reconnaissait officiellement le communisme comme trouble mental et que des patients avaient d'ores et déjà étés admis au tout nouveau traitement révolutionnaire NAR (Négation, Adoption, Réinsertion).

En effet, le communisme, qui toucherait entre 6 et 8% des Sueñolejos, soit plus de deux millions de victimes plus ou moins touchées, peut provoquer des réactions très violentes telles que la collectivisation des terres, la chute des classes sociales ou la révolution prolétarienne, faisant des centaines de victimes chaque année.

Afin d'en savoir un peu plus sur ce handicap, nos fiers et nobles reporters ont bravés milles dangers, traversé les quartiers mal famés d'El Águila en métro grâce à leur carte abonnement hebdomadaire Kivavit à 100 pesos afin d'interroger le Professeur Fabio Vida du GIEPNEA à l'origine de cette reconnaissance.

La Prensa Libre : Professeur, pouvez vous nous en dire plus sur cette maladie qu'est le communisme ? Comment la diagnostiquez vous ? Quels sont ses symptômes ?
Professeur Fabio Vida : S'il peut paraître à première vue difficile de reconnaître les victimes de ce handicap tant les signes sont discrets, un observateur avisé pourra cependant aisément repérer quelques symptômes ne laissant que peu de doutes quant à l'état mental des pauvres victimes. Ces signes symptomatiques peuvent par exemple être une remise en question de l'État et de la société, un sentiment révolutionnaire et progressistes, des dons à des associations caritatives non-affilées aux bonnes et respectables institutions catholagniques ou encore un goût très prononcé pour la couleur rouge. On pourrait également citer le soutien aux initiatives sociales comme les droits des travailleurs par le biais d'appels à la grève ou à la manifestation qui sont également de forts signes de communisme... Mais ce qui fait, à mon sens, du communisme une véritable pathologie neurologique, c'est l'addiction au collectivisme qu'elle suscite et qui est pourtant contraire au principe de la liberté et au bon sens même. La société humaine est par essence fondée sur une hiérarchie claire et structurée entre les puissants, ceux qui commandent, et les faibles, ceux qui les servent. Le collectivisme, chargé d'amener à l'égalité et donc à la suppression de cette hiérarchie, va ainsi à l'encontre de la nature humaine telle que Dieu l'a conçue et qui nous a apporté tant de richesses à travers les âges. Le communisme produit ainsi chez ses victimes, un très fort attrait pour la destruction de la pensée humaine jusqu'à faire sombrer les personnes touchées dans la barbarie. Je pourrais résumer tout cela avec une simple comparaison : quelles sociétés reposent naturellement sur le collectivisme ?Pour toutes ces raisons, je classerai volontiers le communisme parmi les maladies neurodégénératives.
La Prensa Libre : Ben, je ne sais pas.
Professeur Fabio Vida : Exactement, les fourmis ! Les termites ! Les abeilles ! Des sociétés primitives reposant sur la répartition du travail et la collectivisation des ressources produites pour nourrir la ruche. Les communistes se prennent pour des insectes sociaux, tout simplement. Vous voulez devenir une fourmi ? Non ? Et bien c'est normal, vous êtes un être humain. C'est là le fondement même du communisme, pourquoi il doit être considéré comme une dégénération mentale : c'est un effacement de l'esprit humain au profit d'un cerveau de fourmi. C'est pourtant évident !
La Prensa Libre : Et comment devons nous agir en présence d'une personne atteinte de communisme ? Doit-on l'abattre à vue selon le même processus utilisé contre les immigrés ?
Professeur Fabio Vida : Non, non, surtout pas. Si vous rencontrez un communiste, c'est ainsi que l'on nomme les pauvres victimes de la terrible pathologie, le GIEPNEA recommande de ne pas tenter de le raisonner, ses troubles mentaux lui ayant également retiré toute logique et tout discernement, preuve une fois encore de la dangerosité de cette tare, mais plutôt, si la victime présente un comportement agressif, de le signaler aux forces de sécurités les plus proches qui se chargeront de les prendre en charge, ou , dans la majorité des cas, de tout simplement passer son chemin et de les ignorer. Il est en effet à noter que, comme beaucoup d'autres malades mentaux, seule une partie des communistes sont dangereux.
La Prensa Libre : Mais comment faire pour reconnaître un communiste dangereux ?
Professeur Fabio Vida : C'est simple : s'il appelle à manifester contre le gouvernement ou à lancer une révolution prolétaire contre la bourgeoisie, garante de la civilisation, de la démocratie et du bon développement économique et social de notre pays, c'est qu'il est dangereux.
La Prensa Libre : Mais comment se propage cette maladie au fait ?
Professeur Fabio Vida : Ah, et bien justement, le communisme est un trouble psychiatrique avec un mode de propagation très particulier. Il n'est pas génétique, ni transmit par une maladie infectieuse, ni par le stress ou l'environnement de vie mais par la propagande. Oui, la propagande, que ce soit à la télévision, dans les journaux ou même dans l'art, les personnes atteintes d'une sévère forme de communisme sont poussées à défendre leur cause ubuesque et à la diffuser. Les cerveaux les moins développés ou les esprits déjà fragiles sont ainsi spontanément infectés par la maladie dès l'instant où ils ont étés en contact avec une source de propagande. C'est ainsi que dans certains États comme la Loduarie, le communisme atteint des proportions inquiétantes car justement ses plus hauts dirigeants sont eux mêmes devenus malades suite à une trop longue exposition au communisme et pratiquent désormais une intense propagande diffusant d'autant plus la maladie. CQFD.
La Prensa Libre : Enfin, dernière question : en quoi consiste cette fameuse méthode NAR pour soigner les communistes ? Vous leur mettez une balle dans la tête selon le même processus utilisé contre les polythéiste qui refusent de suivre la voie du Christ ?
Professeur Fabio Vida : Et bien tout d'abord, la première étape, soit celle de la négation, consiste à pousser le malade à renier le communisme, le collectivisme et l'égalitarisme insensé. J'avoue que cette étape est la plus difficile de toutes et que nos experts n'arrivent pas à déterminer quelle peut-bien être la meilleure méthode pour y parvenir. Est-ce une éducation intensive aux dangers du communisme ? Des démonstrations de l'impossibilité d'une société collective ? Des prières quotidiennes et des offrandes à la main invisible ? De la lobotomie ? De la sismothérapie ? Ou tout simplement des semaines tortures comme nos ancêtres avaient l'habitude de faire lorsqu'il s'agissait de purifier les natifs stupides de leurs fausses croyances ? On pourrait également créer artificiellement des traumatismes chez les sujets en utilisant des stimulus négatifs comme des décharges électriques en présence d'images ou d'objets rappelant le communisme, comme de pauvres ouvriers syndiqués ou des manifestations pour l'augmentation des salaires, entraînant de fait une peur du communisme, et inversement des stimulus positifs en présence d'objets ou d'images rappelant le libéralisme économique, comme des liasses de billets verts, produisant à l'inverse une forte attirance pour le capitalisme. Ensuite, une fois que le patient a reconnu le mal qu'est le communisme et l'a renié, on pourrait le considérer comme guérit mais non. Il n'est pas suffisant de se débarrasser de sa maladie, il faut être sûr qu'elle ne reviendra jamais s'installer. Et pour ça quoi de mieux que de faire des patients de fervents capitalistes ? Ainsi, la deuxième étape, celle de l'acceptation, passe par l'éducation des patients aux beautés du capitalisme en leur donnant par exemple juste assez d'argent pour investir en bourse et voir leur portefeuille se remplir à vue d’œil pour leur donner envie d'en gagner encore plus. Enfin, la dernière étape, celle de la réinsertion, ne peut se faire que par le guérit seul sous la supervision discrète mais attentive de nos spécialistes afin de le suivre pendant trois à six mois pour vérifier le bon fonctionnement du traitement et prévenir toute rechute. Pour ce faire, nous conseillons au patient de pratiquer une activité économique hautement capitaliste et de rejoindre des organisations anti-communistes comme des partis politiques ou des bandes de jeunes racailles d'extrême-droite.
La Prensa Libre : Et bien, merci beaucoup pour cette entrevue très enrichissante. C'était très intéréssant.
Professeur Fabio Vida : Tout le plaisir est pour moi. Ça fera 1 000 pesos.
La Prensa Libre : Pardon ?

Mais comme une pièce a généralement deux faces, nous avons également pris soin d'envoyer nos courageux reporters dans une périlleuse nouvelle interview, celle de Bernardo Rata, ancienne victime du communisme ayant figuré parmi les premiers volontaires de la méthode NAR.

La Prensa Libre : Bernardo, pouvez vous nous dire comment êtes vous devenu communiste et comment viviez vous votre handicap au quotidien ?
Bernardo Rata : Je viens d'une famille pauvre donc comme beaucoup de gens de ma classe sociale j'ai toujours été exposé à la contamination. Il y'avait plein de jeunes de mon âge qui se teignaient les cheveux et s'habillaient en rouge, ils étaient sales et ils puaient mais ils ont quand même réussis à me transmettre leur maladie à cause de leur propagande égalitariste et progressiste. Je devais avoir pas loin de 18 ans quand je suis devenu communiste, à partir de là j'ai commencé à m'insurger contre toutes les inégalités que je voyais. Chaque fois que je rencontrais un mendiant j'étais obligé de lui donner quelques sous. Vous vous rendez compte ? Donner de l'argent à des pauvres ! Beurk ! J'en tremble rien à y repenser !
La Prensa Libre : Calmez vous monsieur, tout va bien. C'est fini maintenant, vous êtes guéri. C'est fini. Alors comment avez vous eu l'idée éclairée, je dirais même brillante voire lumineuse, de suivre le traitement NAR ?
Bernardo Rata : Partout où j'allais, j'étais discriminé à cause de ma différence. On me refusait des emplois par peur que je ne me syndique et que j'organise des grèves ouvrières. Je pense que les gens ne sont pas assez instruits sur ce qu'est le communisme et en quoi il rend la vie de ses victimes difficile. Il y'a vraiment un fort niveau d’intolérance envers les handicapés en Costa Sueñoleja malgré les progrès évidemment faits dans ce domaine ces dernières années. C'est pour fuir cette intolérance que je me suis porté volontaire pour le tout nouveau programme du GIEPNEA. J'ai trouvé une annonce dans un journal, je me suis rendu à l'adresse indiquée et j'ai été pris. Voilà.
La Prensa Libre : Pouvez vous nous raconter le déroulé de votre traitement ?
Bernardo Rata : Mon traitement a été assez long et difficile, il a consisté principalement en de longues semaines de tortures pour me faire perdre toute volonté et me pousser à rejeter le communisme. Je vivais directement sur le site du laboratoire où avaient lieues les expériences et tout les matins, pendant un mois, de huit heures à vingt heures, je subissais des chocs électriques ou d'autres formes de douleurs dès que j'émettais des opinions de gauche ou que je tentais de regarder des photos d'ouvriers miséreux. À l'inverse, quand j'émettais des opinions de droits bien réactionnaires, j'avais le droit à du gâteau ou des trucs du genre. L'objectif étant de créer un dégoût pour la gauche et un intérêt pour la droite vous comprenez ?
La Prensa Libre : Oui, je comprends parfaitement. Cela me parait en effet absolument limpide. Enfin, dernière question : aujourd'hui, à l'heure où je vous parle, pensez vous être guéri.
Bernardo Rata : Et bien, comment dire que sachant qu'il y'a quelque mois à peine je me sentais obligé de venir en aide à plus pauvre que moi, que je manifestais mon opposition à la politique capitaliste du gouvernement et aux inégalités et injustices qu'elle engendre et que j’appelais régulièrement les prolétaires affamés et miséreux à manifester leur mécontentement, à faire gréve pour de meilleures conditions de travail voire à se révolter contre l'État et les classes sociales tandis qu'aujourd'hui je suis devenu millionnaire grâce à l'exploitation illégale des migrants et des enfants que je sous-paye, des ouvriers que j'opprime et réprime en engageant des mercenaires ou des cartels, que je délocalise des usines dans des pays encore plus pauvre pour économiser quelques malheureux dollars de main d'oeuvre et que je défiscalise des millions de pesos dans des paradis fiscaux, je pense pouvoir dire sans me tromper que oui, je suis parfaitement guéri de mes vices.
La Prensa Libre : Très bien, merci beaucoup de nous avoir accordé un peu de votre temps lib...
Bernardo Rata : Ça fera 2 000 pesos.
La Prensa Libre : Excusez moi ?
Bernardo Rata : Je ne fais plus rien gratuitement. Même mes poignées de main et mes formules de politesse sont rémunérées maintenant que je suis guéri. La peur de rechuter, vous comprenez ?
La Prensa Libre : Bon, très bien.

En reconnaissant le communisme mais aussi l'homosexualité ou le polythéisme comme des maladies mentales, le très célèbre et reconnu Grand Institut d'Étude Psychiatrique et Neuropathologique d'El Águila et la très grande República Federal de Costa Sueñoleja s'imposent aux yeux du monde comme une référence internationale en matière de psychologie de pointe et de traitements psychiatriques révolutionnaires et comme un facteur de progrès majeurs dans le domaine de la recherche scientifique et plus particulièrement dans la compréhension de l'esprit humain pourtant complexe.
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La Prensa Libre
Édition du 18 Mai 2015

Trois-cents ans, ça se fête !
Par Roberto Bambolero qui a amené l'alcool et le saucisson

Trois-cents ans ! Ce 18 Mai 2015, cela fait trois-cents ans que notre beau, grand et riche pays a proclamé son indépendance, arrachée au prix d'innombrables vies de la poigne d'acier de nos cousins Guadamos que nous avons malgré tout généreusement pardonnés comme nous savons si bien le faire. Trois siècles donc durant lesquels la Costa Sueñoleja a connue de nombreuses péripéties allant de défaites honorables en défaites honorables, arrachant victoires glorieuses sur victoires glorieuses, conquérant des terres fertiles et des mers poissonneuses pour, au final, devenir la puissance phénoménale et irréductible mais néanmoins sage et retenue que nous connaissons tous aujourd'hui. Aaaah, une très belle et longue histoire que nos géniaux et bienveillants gouvernants nous conteront majestueusement dans une somptueuse, gigantesque et subliminale parade d'anniversaire composée de plusieurs dizaines de chars, tous parés de décorations aussi magnifiques que somptueuses et représentants chacun magistralement une scène précise de notre noble et glorieuse histoire tellement incroyable et fantastique que l'on pourrait la croire tout droit sortie d'une légende ancestrale et multi-millénaire ou des rêves fous et utopiques d'un auteur trop plein d'inspiration, qui défileront sur les rues droites et lisses de notre lumineuse et divine capitale, symbole même d'excellence architecturale et de virtuosité artistique dont la culture singulière mais admirable rayonne invariablement à travers toutes les chaumières de notre monde et de tout autre.

Parmi ces chars de parade, l'on pourra citer le sobrement mais génialement intitulé Ombre du passé contant l'arrivée de nos ancêtres lointains mais jamais oublié venus de Guadaires jusqu'à nos terres encore vierges de civilisation grâce à leurs fiers galions, bravant les terribles tempêtes et les bourrasques destructrices de l'Océan d’Espérance, manquant malgré leur habilité naturelle et leur dextérité sans pareil de se fracasser un nombre incalculable de fois contre les nombreux récifs des Burbujas Verdes et du Grand Golfe Alguareno avant d'atteindre rien de moins que le Paradis. Vient ensuite Souvenir des Premiers, ode à la culture et aux traditions des Sakkins, premier peuple a avoir jamais foulé le sol de notre délicieuse nation et qui, désormais intrinsèquement et définitivement intégrés à la civilisation occidentale supérieure en tout point que nos ancêtres leur ont magnanimement apportés. Un rappel que, malgré les apparences, les indigènes de notre beau pays font partie intégrante de notre culture et de notre patrimoine mais aussi qu'il est important de respecter un quota minimal de minorités ethniques ou sexuelles dans nos représentations artistiques pour conserver une bonne image à l'international. Oh mais qui voilà ? Ne serait-ce pas Mémoire de conquêtes, symbolisant à la perfection l'expansion territoriale et coloniale de notre beau pays, luttant sans merci, infatigable, contre des ennemis puissants et nombreux pour former, victoire après victoire, année après année, siècle après siècle, un véritable empire rivalisant aisément avec ceux de Listonie ou de Fortuna, écrasant sans mal ceux de Caratrad ou d'Antérinie, humiliant ceux de Velsna ou de Zélandia avec une telle facilité que l'on n'hésiterait pas à le qualifier de fantasmagorique. Nous passerons en vitesse sur Joie de la Liberté, hommage exceptionnel au Coup d'État Républicain du 14 Octobre 1868 qui a posé les bases de notre chère démocratie aimée et défendue, ainsi que sur Destinée tragique, représentant avec brio la terrible Guerre Civile qui a déchirée notre pays entre 1911 et 1922, et sur Clarté obscure, rappel émouvant de la terrible période autoritaire des régimes de l'Estado Nuevo et de la República Popular qui ont cruellement arrachés la démocratie à notre peuple, qui l'ont privés de sa liberté sans aucune once de remord. Ah, funeste période que la Révolution de 1974, évoqué avec génie par l'époustouflant Lueur d'Espoir qui conclut cette majestueuse parade de larmes et de rires, commémorant mieux que n'importe quelle autre les tristes réalités et les joyeuses vérités de notre Histoire.

Mais cette parade, si elle est évidemment le clou du spectacle, la cerise sur le gâteau, la plus impressionnante partie de cette Fête Nationale du trois-centenaire, n'est pas la seule célébration, bien au contraire. En ce jour glorieux, vous pourrez également assister, comme à l'accoutumée, à un défilé de notre glorieuse, puissante et invincible armée qui ferait pâlir de frayeur les ridicules forces de la tout aussi ridicule Akaltie voisine si nos dirigeants intelligents et sages ne se retenaient pas de libérer nos terres injustement occupées par les forces fascistes venues de l'autre-côté-du-Détroit afin d'éviter des milliers de victimes Akaltiennes et assimilées que ce conflit ne pourrait malheureusement pas éviter d'engendrer malgré l’éthique internationalement reconnue de nos forces armées qui inspire le respect à tous leurs semblables à travers le monde. Mais si vous ne pouvez vous rendre en notre sublime capitale pour ce défilé rassurez vous : chaque État de notre grande República Federal organisera son propre défilé dans sa capitale locale avec sa puissante et loyale Milice d'État.

Et si par hasard vous n'appréciez pas voir des canons gigantesques et des véhicules blindés indestructibles tenus par des hommes virils et plein de testostérone contrairement aux mensonges honteusement colportés par un célèbre forum web que nous ne vous ferons pas le terrible affront de nommer conformément au respect immérité mais néanmoins irréductible que nous avons pour les utilisateurs d'Icama-Chan, il y'aura, soyez en sûr, de nombreuses autres façons de célébrer cette journée exceptionnelle. Que diriez vous de visiter l'un des quatre-vingt-sept musées ayant généreusement accepté d'ouvrir leurs portes GRATUITEMENT pendant vingt-quatre heures ? Vous préférerez peut-être visiter l'un des quarante-six cinémas en plein air éphémères dont dix-neuf installés sur les plages sublimes de nos côtes resplendissantes ? Et que diriez vous d'acheter des places en réduction pour un match amical de football, de Baseball ou de lucha libre ? Tout est possible en ce jour de fête !

Attention ! Cette phrase de conclusion ne doit pas être prise au premier degré. Les lois et la Constitution de la República Federal de Costa Sueñoleja et de ses entités fédérées et les lois de la physique ne seront bien sûr pas abolies durant la journée de 17 Mai 2015 et devront évidemment être respectées à la lettre, il n'est donc de fait pas possible de les outrepasser. La rédaction de La Prensa Libre rejette toute responsabilité dans le cas d'une incompréhension de cet article et ne financera aucunement ni votre défense dans le cas d'un procès lié à une incompréhension dudit article ni vos frais d'hôpitaux dans le cas d'une hospitalisation liée à cette même incompréhension.
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La Prensa Libre
Édition du 19 Juillet 2015

Contrat historique entre l'État Fédéral et l'Union Syndicale des Mercenaires et Paramilitaires.
Par Simón Enojado, fan de chars et de lolis

Après des semaines de négociations secrètes entre le Gouvernement de la República Federal de Costa Sueñoleja, représenté par le Ministre des Armées Gabriel Armagrande et le Commandant en Chef des Armées Manolo Solera, et l'Union Syndicale des Mercenaires et Paramilitaires de Costa Sueñoleja, ou USMP-CS, conglomérat de plusieurs organisations militaires privées généralement concurrentes mais néanmoins réunies pour s'accorder sur leurs tarifs, la répartition de leurs zones géographiques de prépondérance ou le règlement des disputes liées notamment à des désaccords concernant la signature de contrats avec de tiers parties, représenté par son Secrétaire Général, Monsieur Romano Maniqueo, également Président des Fuerzas de Defensa Patrióticas (Forces de Défense Patriotiques ou FDP), de loin l'organisation paramilitaire la plus puissante et la plus influente du pays. Le mercenariat est en effet massivement utilisé en Costa Sueñoleja, y compris par l'État Fédéral, ses composantes et même les plus grande fortunes qui y voient un moyen d'augmenter de manière significative les capacités défensives et sécuritaires du pays à moindre coup. En somme, la défense nationale de la Costa Sueñoleja est, fait peu répandu dans le monde, un secteur en partie privatisé bien que toujours en collaboration avec le Gouvernement et l'Armée Fédérale dont les organisations paramilitaires ne sont que des suppléantes.

Ainsi, le Gouvernement de la República Federal de Costa Sueñoleja a, par le passé, souvent engagé des groupes mercenaires pour pallier au manque de moyens et d'hommes de l'Armée Fédérale et des Milices d'États lors des situations de crises qui bouleversaient le pays. Dans les années 2000, des milliers de mercenaires de plusieurs organisations militaires privées ont ainsi étés engagés pour mener des opérations de police et de maintien de la paix dans des zones sensibles, pour lutter contre les nombreux gangs et la criminalité extrême dans régions du pays et, surtout, pour combattre les différents groupes insurrectionnels, pour ne pas dire terroristes, aux inspirations gauchisantes et indigénistes qui n'hésitent pas à prendre les armes pour nous prendre notre démocratie, notre liberté et nous convertir de force au boudhisme ou Dieu sait quelle autre religion fondamentalement barbare, agressive et décadente qui n'est même pas Chrétienne. Le plus connu de ces groupes insurgés étant, vous le savez surement déjà, l'Armée Zacariste de Libération, groupuscule révolutionnaire créé au crépuscule du deuxième millénaires et prônant la paix et l'égalité entre les peuples et un mode de gouvernance fondé sur la démocratie directe et sur une fédération de communes indépendantes et autogérées. Il s'agit donc d'une menace évidente pour la liberté. Si les exactions commises par ces groupes paramilitaires pendant ces opérations de maintien de la paix, incluant l'exécution sommaire de plusieurs centaines de prisonniers de guerre ou le massacre de quelques milliers de civils, mais également leur participation active au trafique clandestin d'armes et de drogue a définitivement entaché leur réputation tant nationale qu'internationale et brisé le peu de soutien populaire qu'ils avaient à leurs débuts mais leurs qualités de combattants aguerris et sans pitié et de forces efficaces capables des pires excès pour arriver à leurs fin leur permet de conserver une certaine image de respect ou de crainte qui, à elle seule, saurait décourager le révolutionnaire le plus téméraire à s'y opposer.

Mercenaires des Fuerzas de Defensa Patrióticas dans le Belalcázar en 2006
Mercenaires des Fuerzas de Defensa Patrióticas dans le Belalcázar en 2006. Le Belalcázar est l'État Fédéré de la Costa Sueñoleja où l'Armée Zacariste de Libération, mouvement insurrectionnel anarcho-communaliste, a été fondée en 1996 et est la plus active.

Mais revenons à nos moutons, (Il s'agit, cela va de soit, d'une métaphore, cet article ne parle bien sûr pas d'ovidés mais bel et bien de mercenaires. La rédaction de La Prensa Libre sait pertinemment que beaucoup de nos lecteurs les moins instruits ont du mal avec ce concept de métaphore et s'excuse des incompréhensions que cette dite métaphore aura pu provoquée.). En effet, même si, comme dit précédemment, des mercenaires ont étés recrutés par l'État Fédéral pour épauler son armée dans ses principales opérations militaires, notamment dans les années 2000 avec l'avènement de l'Armée Zacariste de Libération, ceux-ci n'ont plus eus de contrat avec le Gouvernement depuis 2012 et sont donc devenus, de fait, totalement absents de la lutte contre la criminalité et le terrorisme qui avait pourtant fait leur célébrité. Cependant, pour des raisons encore inconnues aujourd'hui, le Gouvernement de Javier Eeyore a, au début de ce mois de Juillet 2015, organisé un sommet, dont le déroulement est également tenu secret, avec l'Union Syndicale des Mercenaires et Paramilitaires de Costa Sueñoleja (USMP-CS) et les Présidents des Organisations Militaires Privées membres du conglomérat afin de déboucher sur un nouvel accord et donc le recrutement de nouveaux mercenaires de l'USMP-CS par l'Armée Fédérale et afin de déterminer la part, en paramilitaires engagés et en compensation financière, que prendra chaque entreprise de mercenariat dans le contrat. Après près de dix-huit jours de négociations, c'est finalement le 18 Février au soir qu'est signé le contrat liant l'État Fédéral, l'Armée Fédérale et l'USMP-CS pour une durée indéterminée à ce jour, contrat s'étant conclu par le recrutement par l'Armée Fédérale de près de dix mille mercenaires, un chiffre rarement atteint à ce jour représenté à quatre-vingt-dix pour cent par las Fuerzas de Defensa Patrióticas et los Aleucianos Unidos por la Conservación, les deux principales organisations paramilitaires du pays.

Si le coût économique, annoncé comme étant de plusieurs millions de pesos par un porte-parole du Ministère des Armées, n'a pas été précisément dévoilé, la question que semble se poser les Sueñolejos est toute autre : Pourquoi ? Que prépare l'Armée Fédérale pour avoir besoin de recruter une dizaine de milliers d'hommes ? Sommes nous ici à la veille d'une nouvelle opération anti-criminelle de grande ampleur ? Ou bien la bande de Doscientos, horriblement nommée Lahunkal par les Barbares-de-l'Autre-Côté-du-Détroit va-t-elle enfin être libérée de l'affreuse et méprisable tyrannie Akaltienne ? L'avenir nous le dira.
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