11/05/2017
22:32:06
Index du forum Continents Nazum Jashuria

đŸȘ” [RELIGIONS] Les religions au Jashuria

Voir fiche pays Voir sur la carte
9018
Les croyances au Jashuria

img


« On peut allumer des dizaines de bougies à partir d'une seule sans en abréger la vie. On ne diminue par le bonheur en le partageant »


SOMMAIRE

  • Les croyances au Jashuria : gĂ©nĂ©ralitĂ©s
  • Le Bouddhisme au Jashuria
  • L'AthĂ©isme
  • Le Taoisme / Confucianisme / Thanisme
  • L’Hindouisme
  • Le Christianisme
  • Le Judaisme
  • L'Islam



Les religions au Jashuria : généralités

La TroisiĂšme RĂ©publique du Jashuria est une rĂ©publique parlementaire laĂŻque et la sĂ©paration des religions et de l’Etat est consacrĂ©e dans la Constitution pour le Nouveau MillĂ©naire. Terre de naissance du Bouddhisme, ou du moins se revendiquant comme telle, le Jashuria est trĂšs fier d’ĂȘtre l’hĂ©ritier de cette religion qui se diffuse dĂ©sormais en Eurysie. Pourtant, contrairement Ă  ce que l’on pourrait penser, le Bouddhisme ne constitue pas la seule religion dans le pays. Non seulement, l’athĂ©isme reste particuliĂšrement important mais en plus, la religion bouddhiste doit composer avec des religions concurrentes (bien que trĂšs largement minoritaires). Le syncrĂ©tisme entre culture et religion bouddhiste au Jashuria reste trĂšs prĂ©sent dans la vie quotidienne. MĂȘme les plus athĂ©es aiment Ă  participer aux fĂȘtes religieuses laĂŻcisĂ©es, qui sont autant d’occasions pour se retrouver et Ă©changer autour de bons plats.

Les tensions religieuses au Jashuria ont rĂ©ussi Ă  ĂȘtre cantonnĂ©es dans le cercle interne des religions depuis le XIXe siĂšcle. Pourtant, cette situation a Ă©tĂ© acquise au prix de dures luttes, le Jashuria ayant une histoire particuliĂšrement tumultueuse en matiĂšre de soulĂšvement de population attisĂ©e par les religieux. Les principaux conflits existants sont d’ordre thĂ©ologique au sein du bouddhisme. Le rĂ©cente apparition du Bouddhisme tantrique dans le paysage religieux inquiĂšte les autoritĂ©s locales, qui, malgrĂ© le vƓu de neutralitĂ© de l’Etat, ne peuvent s’empĂȘcher de penser que l’apparition de gourous dans l’espace public risque d’alimenter le retour de sectes que le pays ne veut plus voir revenir. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, l'Etat n'intervient que lorsque les problĂšmes deviennent liĂ©s Ă  la sĂ©curitĂ© des personnes et au trouble Ă  l'ordre public.

Toujours est-il que le Jashuria est une terre oĂč il fait bon vivre pour les athĂ©es, les agnostiques et les apostats. Le droit de croire ou de ne pas croire est consacrĂ© dans la Constitution et l’Etat veille Ă  ce que les diffĂ©rents clergĂ©s ne dictent pas la politique intĂ©rieure et extĂ©rieure du pays. En Ă©change, l’Etat n’intervient pas dans les affaires religieuses, sauf si un danger est avĂ©rĂ© pour la population. Les persĂ©cutions religieuses n’ont plus cours depuis le XIXe siĂšcle. Les moines bouddhistes ont rangĂ© depuis longtemps leurs matraques et les gourous de sectes sont Ă©troitement surveillĂ©s par l’Etat. Les derniĂšres tensions concernaient les relations entre les chrĂ©tiens fortunĂ©ens et les Jashuriens d’obĂ©diences bouddhistes du sud du pays. Etant donnĂ© que le christianisme n’a pas le vent en poupe depuis au moins un siĂšcle et que le processus d’évangĂ©lisation du Jashuria a concrĂštement Ă©chouĂ©, les Ă©vangĂ©listes chrĂ©tiens ne sont plus en mesure de constituer une menace pour l’ordre public. Le principal problĂšme du Jashuria en matiĂšre de religion reste le phĂ©nomĂšne des gourous, prĂ©sent dans le Bouddhisme, qui constitue un vĂ©ritable souci de santĂ© publique et de sĂ©curitĂ© des personnes. Le pays a mis les moyens pour surveiller les dĂ©rives sectaires et dispose une cellule renforcĂ©e au sein de l’Etat pour quantifier, qualifier et traiter les phĂ©nomĂšnes sectaires.

Historiquement, le pays est divisĂ© en trois religions complĂ©mentaires dont le dialogue n’est plus Ă  prouver : le Bouddhisme, le TaoĂŻsme et l’Hindouisme. Le pays Ă©tant au carrefour de multiples cultures et religions, le Jashuria a Ă©tĂ© pendant des siĂšcles une terre d’accueil pour les diffĂ©rents courants religieux du Nazum. Si le sud du pays est hindou, c’est bel et bien le nord qui reste ancrĂ© dans les croyances taoĂŻstes et thanistes. Le centre du pays, berceau du bouddhisme jashurien, est ce qui fait le lien entre ces deux religions. Il en rĂ©sulte que mĂȘme si le Jashuria est une terre oĂč il fait bon ĂȘtre athĂ©e, la grille de lecture reste cependant quelque peu biaisĂ©e Ă©tant donnĂ©e la primautĂ© des rites qui imprĂšgnent la population.

Le Jashuria est un pays oĂč les mortels marchent au milieu des immortels. Des milliers d’esprits et de dieux imprĂšgnent l’espace public. Des petites idoles supervisant un carrefour aux grands temples bouddhistes en passant par les forĂȘts oĂč ruminent les esprits de la forĂȘt, chaque parcelle du Jashuria est le sanctuaire d’un esprit ou d’un dieu, auquel il convient de rendre hommage, ou du moins, de prĂ©senter ses respects.

La sociĂ©tĂ© jashurienne est cependant profondĂ©ment attachĂ©e Ă  la spiritualitĂ©, notamment au travers des trois religions principales : le Bouddhisme, le TaoĂŻsme – et ses mouvements connexes – et l’Hindouisme. Cependant, la question de l’athĂ©isme ne se pose pas dans les mĂȘmes termes que dans les sociĂ©tĂ©s occidentales. Dans le pays oĂč les dieux et les esprits marchent aux cĂŽtĂ©s des mortels, ĂȘtre athĂ©e, agnostique ou apostat n’est pas mal vu car il s’agit moins de croyance que de respect de rites quotidiens qui enchantent le paysage ordinaire du Jashuria. Ainsi, de nombreux athĂ©es entretiennent les petits rituels qui permettent la vie en communautĂ©, comme les offrandes aux esprits. La sociĂ©tĂ© jashurienne Ă©tant de nature tolĂ©rante et ne disposant pas de clergĂ©s unifiĂ©s capables de peser de tout leur poids dans la crĂ©ation d’une orthodoxie religieuse, les mƓurs sont plutĂŽt relĂąchĂ©es et les religions prises pour ce qu’elles sont : des croyances qui structurent un rapport au monde.

Il est impossible de comprendre complĂštement le Jashuria sans plonger dans la comprĂ©hensions de ses rites, ses croyances et ses pratiques. Les religions ont un fort impact sur la vie des Jashuriens, bien que dans l’hĂ©misphĂšre sud, la religion ne s’aborde pas de la mĂȘme maniĂšre qu’en Eurysie. Les religions jashuriennes ont des racines profondes et n’ont pas subi comme beaucoup d’autres religions, les outrages du temps, car les traditions Ă©crites sont fermement ancrĂ©es dans la pratique religieuse. L’hĂ©ritage artistique religieux, avec les contributions intellectuelles et philosophiques, ont grandement contribuĂ© Ă  la propagation des religions jashuriennes et Ă  l’acculturation des religions extĂ©rieures, faisant du Jashuria une terre regorgeant de symboles religieux plus ou moins discrets, qui Ă©voluent et vivent avec les ĂȘtres humains.

Les contacts intensifs des religions jashuriennes avec celles du Nazum et plus largement du monde ont grandement contribuĂ© Ă  la diffusion de l’hindouisme et du bouddhisme Ă  travers le monde, phĂ©nomĂšne qui est pris avec fiertĂ© par les Jashuriens. Pour bien des Jashuriens, mĂȘme les plus athĂ©es, les religions sont tellement ancrĂ©es dans les modes de vie qu’il est difficile de distinguer ce qui est de l’ordre du religieux de ce qui est de l’ordre de la culture. La religion, bien que l’Etat, lui, soit laĂŻc, constitue l’une des forces les plus vivaces de la sociĂ©tĂ© jashurienne. Bien que muselĂ©e politiquement, elle influence les modes de vie. Cette richesse religieuse se concrĂ©tise dans un adage simple : « Le jour se lĂšve 1000 fois sur Agartha. » 
 une maniĂšre de dire que chaque religion prĂ©sente au Jashuria annonce le jour d’une maniĂšre diffĂ©rente. Terre de syncrĂ©tisme, le Jashuria a durant longtemps vu les religions se mĂ©langer. Il n’est pas rare de voir des Hindous prier les tombes de Saints musulmans, de mĂȘme que de voir des Musulmans faire des offrandes pour la bonne santĂ© Ă  des temples bouddhistes, 
 ou mĂȘme de voir des Sikhs participer au Koi Pathong, la fĂȘte des LumiĂšres jashuriennes. Il existe un adage au Jashuria qui dit que « Shiva est le Shiva des TaoĂŻstes », une maniĂšre Ă©lĂ©gante de dire que chaque divinitĂ© a sa place dans le panthĂ©on des autres fois, pour peu que l’on garde une attitude ouverte et non prosĂ©lyte.

Le principal problĂšme du dĂ©compte des religions au Jashuria est que la diversitĂ© et la richesse de la pensĂ©e jashurienne depuis des millĂ©naires fait que les chercheurs ont Ă©tĂ© obligĂ©s de regrouper les divers courants sous des grands ensembles afin de pouvoir les distinguer, mais mĂȘme-lĂ , les gĂ©nĂ©ralitĂ©s tendent Ă  attĂ©nuer la complexitĂ©. Les doctrines, les institutions, les grandes traditions, les sectes et les chemins de dĂ©votions sont si variĂ©s qu’ils feraient Ă  eux seuls l’objet de bien des thĂšses. La modernisation du Jashuria depuis le XXe siĂšcle a coĂŻncidĂ© avec un fort exode rural. Cet exode a permis un nouveau brassage culturel, linguistique et religieux dans le pays, ouvrant les portes Ă  de nouveaux cultes 
 mais aussi Ă  la renaissance de certains, comme le JaĂŻnisme ou le VĂ©disme, qui Ă©taient tombĂ©s en dĂ©suĂ©tude. GrĂące Ă  la modernisation des villes, des communautĂ©s aux systĂšmes de croyances proches, mais disparates, se sont comme qui diraient 
 dĂ©couvertes. Et grĂące Ă  cette dĂ©couverte, de nouveaux syncrĂ©tismes ont pu avoir lieu.

Il est nĂ©cessaire de comprendre qu’au Jashuria, les traditions liĂ©es Ă  l’hermĂ©neutique et au syncrĂ©tisme sont inscrites dans la sociĂ©tĂ© jashurienne. Il en rĂ©sulte que dans le pays, les religions ont non seulement un fort degrĂ© de tolĂ©rance, mais qu’en plus, elles n’hĂ©sitent pas Ă  se transformer et Ă  interagir entre elles. DiffĂ©rentes visions du divin et du salut peuvent coexister en un mĂȘme espace, et mĂȘme changer du tout au tout au coin de la rue. On dit d’ailleurs que dans une piĂšce, si deux Hindouistes discutent, il y a bien trois religions qui dĂ©battent. La tolĂ©rance religieuse n’est cependant pas l’acceptation de tout et n’importe quoi. A la fin du XIXe siĂšcle, c’est bel et bien l’Etat qui s’est portĂ© garant de la loi et qui a veillĂ© Ă  ce que le prosĂ©lytisme n’envahisse pas l’espace public. Qu’il s’agisse des religieux ou des athĂ©es, l’Etat assure une mĂȘme Ă©galitĂ© devant la loi et refuse de s’immiscer dans les croyances des Jashuriens, tant que l’ordre public ou la sĂ©curitĂ© des gens n’est pas menacĂ©e. Ce principe a Ă©tĂ© acquis au prix d’une lutte longue des institutions jashuriennes contre les reprĂ©sentants des diffĂ©rentes religions et aujourd’hui encore, les institutions jashuriennes font en sorte de s’en tenir aux rĂšgles Ă©tablies par leurs prĂ©dĂ©cesseurs pour faire en sorte que chaque citoyen soit traitĂ© Ă  Ă©galitĂ©.




5248
Le Bouddhisme au Jashuria


Contrairement aux religions du Livre, le Bouddhisme s’apprĂ©hende diffĂ©remment. Si dans les pays pratiquants les religions du Livre, la religion est ce qui unit l’homme Ă  Dieu, le bouddhisme jashurien est une mĂ©thode de salut composĂ©e de morale, de mĂ©diation et de sagesse. L’action de la mĂ©ditation est ici essentielle car elle permet de toucher la sagesse. Mais surtout, contrairement Ă  ce que l’on pourrait penser, on parle bien des bouddhismes et non d’un seul bouddhisme unifiĂ©. Le Bouddhisme Mahayana regroupe une grande variĂ©tĂ© d’écoles de pensĂ©es, de croyances mĂ©taphysiques et de disciplines mĂ©ditatives. Il s’est largement plus diffusĂ© dans le monde que le Bouddhisme Theravada. Etant une collection, un assemblage de diverses traditions bouddhistes, les chercheurs comparent le Mahayana et le Theravada comme pourrait l’ĂȘtre la division entre les Protestants et les Catholiques. Si le Theravada forme une doctrine unifiĂ©e, le Mahayana regroupe aussi bien le Bouddhisme Zen, que des dizaines d’autres pratiques et philosophies. Professant la doctrine du « Grand VĂ©hicule », le Bouddhisme Mahayana croit dans l’idĂ©al de puretĂ© et d’harmonie reprĂ©sentĂ© par le Bodhisattva – ou Bouddha. Incarnation de l’ĂȘtre ayant Ă©liminĂ© tous ses dĂ©sirs, il est en passe d’atteindre le nirvana et par compassion envers ceux qui souffrent, se doit d’aider toutes les crĂ©atures vivantes Ă  l’atteindre.

Le Bouddha ShĂąkyamuni, dit l’EveillĂ© du clan des Shakya, est le fondateur du Bouddhisme originel. Et le Bouddhisme est aujourd’hui, la seconde religion pratiquĂ©e dans la TroisiĂšme RĂ©publique du Jashuria. Mais plus prĂ©cisĂ©ment, c’est l’école ThĂ©ravĂąda qui a prĂ©sĂ©ance en termes d’anciennetĂ© au sein du territoire et de la population. L’histoire des bouddhismes au Jashuria dĂ©bute vers le Vie siĂšcle avant notre Ăšre par le biais de l’apparition de Bouddha. L’EveillĂ© prĂŽne un rapport au monde dĂ©passionnĂ© et en retrait du monde, dans une vie monastique, loin des richesses et de la vie en communautĂ©. Le bouddhisme primitif, s’articulant autour de moines mendiants, Ă©tait donc Ă  ses dĂ©buts une religion sans institution, mais avec beaucoup d’apĂŽtres portant des consignes fortes. Ce bouddhisme gagna en influence dans la rĂ©gion en se rapprochant petit Ă  petit des pouvoirs locaux et chercha Ă  influencer les dirigeants de l’époque.

La question de la souffrance et de la dĂ©tresse est au cƓur du projet bouddhiste. Il s’agit non seulement d’entendre et de rĂ©pondre aux souffrances physiques et mentales que chacun peut Ă©prouver au fil des Ă©preuves de la vie, mais plus radicalement de lever une angoisse fondamentale qui imprĂšgne l’ensemble de l’existence. Les disciples du Bouddha apprĂ©hendent la vie comme un processus sans cesse renouvelĂ© oĂč Ă  tout moment, l’existence peut s’effondrer malgrĂ© son apparente soliditĂ©. Toute notre existence, notre volontĂ© de maĂźtriser et de contrĂŽler, sont des protections visant Ă  sĂ©curiser cette vie qui nous Ă©chappe sans cesse. Le Bouddhisme, tel que professĂ© par l'EveillĂ©, vise Ă  atteindre cet Ă©tat d'Ă©veil ou l'aspirant accepte avec joie l'angoisse que sont la vie et sa fragilitĂ©.

Les monastĂšres bouddhistes se sont toujours menĂ©s une concurrence acharnĂ©e dans l’empire Yahudharma, bien avant la naissance du pays et notamment en raison des nombreux courants de pensĂ©es qui perdurĂšrent sur le territoire de l’empire pendant des siĂšcles. La lutte des bonzes les uns contre les autres pour la primautĂ© de leurs philosophies conduisit Ă  de nombreux massacres, tout ça parce que le Bouddha n’a jamais dĂ©signĂ© de successeur officiel avant sa mort.

Ce que l’on appelle l’école ThĂ©ravĂąda, ou « Voie des Anciens » est pratiquĂ©e dans l’ensemble du sud-est du Nazum. Il s’agit de la tradition la plus ancienne et la plus proche du bouddhisme originel, qui propose un enseignement visant Ă  atteindre la perfection ultime – le Nirvana – par une philosophie radicale : le dĂ©pouillement du dĂ©sir et de la souffrance afin de se libĂ©rer du cycle des renaissances.

Les bonzes de la tradition du ThĂ©ravĂąda prĂŽnent un non-attachement radical : absence de travail, absence d’activitĂ©s, renoncement Ă  la cuisine. Ils vivent en thĂ©orie de mendicitĂ© pour pouvoir atteindre le pinacle de cette philosophie de l’absence d’attachement au monde rĂ©el.

L’école Mahayana est cependant la plus moderne des Ă©coles bouddhistes rĂ©formĂ©es. En effet, ses traditions sont plus socialement acceptables par la population. Dans cette philosophie, les bonzes renoncent Ă  leur propre Nirvana pour s’adonner au don et Ă  la compassion pour aider les individus Ă  s’élever. Cette Ă©cole a vu le jour dĂšs l’arrivĂ©e des ChrĂ©tiens dans la rĂ©gion. Le Bouddhisme ancestral s’est vu imprĂ©gnĂ© de la mystique chrĂ©tienne de la charitĂ© et du don de soi pour crĂ©er une Ă©cole de pensĂ©e qui vise non pas Ă  se dĂ©tacher du monde, mais Ă  y rester et Ă  aider son prochain Ă  s’élever. Les bonzes de cette tradition sont les plus nombreux au Jashuria, les ThĂ©ravĂądas Ă©tant considĂ©rĂ©s par beaucoup comme des fondamentalistes et des mystiques trop retirĂ©s des affaires du monde.

Mais plus rĂ©cemment, le Bouddhisme Mahayana s’est vu concurrencĂ© par une nouvelle rĂ©forme du Bouddhisme, plus impatiente et prenant appui sur des rites issus d’autres religions. L’école vajrayana, ou Bouddhisme tantrique, est extrĂȘmement minoritaire et s’organise autour de la figure du « gourou », promettant non pas le salut individuel au cours du cycle des rĂ©incarnations, mais le nirvana dĂšs cette vie. Les autoritĂ©s jashuriennes voient d’un mauvais Ɠil le dĂ©veloppement des nouvelles Ă©coles monastiques liĂ©es Ă  des gourous. Les sectes au Jashuria ont créé leurs lots de morts et de dĂ©solation, et le pays s’en souvient encore. AttirĂ©s par les promesses d’un salut individuel « immĂ©diat », certains adeptes se risquent malheureusement dans les bras de sectes 
 si bien que le Bouddhisme tantrique et ses dĂ©rives restent particuliĂšrement surveillĂ©s, bien qu’extrĂȘmement minoritaire par rapport Ă  l’école Mahayana.
2677
L'Athéisme

Contrairement Ă  ce que l'on pourrait penser dans le pays qui accueille la plus grande communautĂ© de bouddhistes et d'Hindous au monde, une partie non nĂ©gligeable de la population se dĂ©clare athĂ©e, ou Ă  minima agnostique. L'athĂ©isme prend le plus souvent un caractĂšre particulier chez les Jashuriens car il s'Ă©rige en complĂ©mentaritĂ© d'une certaine recherche spirituelle. QuestionnĂ©s sur leur rapport Ă  l'athĂ©isme, la plupart des Jashuriens dĂ©clarent avec fiertĂ© qu'ils sont des agnostiques et des athĂ©es, mais observent souvent des rites et des fĂȘtes issues de l’Hindouisme, du TaoĂŻsme ou du Bouddhisme, de mĂȘme que le culte des ancĂȘtres. Bien plus que dans d'autres pays, l'athĂ©isme au Jashuria est bien vĂ©cu et tout Ă  fait acceptĂ© au sein de la population. Leur rapport Ă  la religion tient plus de l'aspect culturel que cultuel : respect des fĂȘtes, participation aux festivitĂ©s communes, ...

Le Bouddhisme Ă©tant trĂšs intĂ©grĂ© dans le Jashuria sous des formes toutes aussi culturelles que cultuelles, beaucoup d'athĂ©es et d'agnostiques observent des rites bouddhistes et des pratiques de mĂ©ditation sans toutefois se rĂ©clamer du Bouddhisme. La frontiĂšre reste extrĂȘmement poreuse et elle n'offre pas une trĂšs bonne grille de lecture pour comprendre la relation que les Jashuriens entretiennent entre l'absence de religion et la recherche de spiritualitĂ©. Aujourd'hui, plus d'un tiers de la population dit ne croire en aucun dieu, mais ce n'est pas pour autant que la spiritualitĂ© ne constitue pas un domaine important de la vie quotidienne jashurienne. Ceci entre en combinaison avec la pensĂ©e pragmatique et rationnelle des Jashuriens, qui se rĂ©clament aussi trĂšs proches des sciences et des techniques modernes. On peut dire que si la population n'est pas trĂšs croyante, elle reste trĂšs attachĂ©e Ă  la spiritualitĂ© bouddhiste.

La Constitution du Nouveau MillĂ©naire de la TroisiĂšme RĂ©publique du Jashuria a introduit dans son droit canon la laĂŻcitĂ©, c'est Ă  dire la stricte sĂ©paration des Ă©glises et de l'Etat dans la gestion des affaires courantes. Ceci protĂšge les athĂ©es, les agnostiques et mĂȘme les apostats. Etant donnĂ© que le Jashuria ne reconnaĂźt pas le blasphĂšme, on peut dire que dans le pays, les hommes ont des droits, mais que les idĂ©es sont toutes critiquables du moment qu'elles n'en appellent pas Ă  l'atteinte Ă  la sĂ©curitĂ© d'autrui. La communautĂ© scientifique a particuliĂšrement apprĂ©ciĂ© cette orientation libĂ©rale et anticlĂ©ricale du Jashuria, Ă  un moment oĂč le pays pouvait tout Ă  fait cĂ©der aux sirĂšnes des Bouddhistes les plus fondamentalistes. Il n’en reste pas moins que la population, croyante ou non, est capable d’un certain dĂ©tachement par rapport aux rites qu’elle observe. La pression religieuse est largement moins prĂ©sente au Jashuria que dans d’autres sociĂ©tĂ©s dans la mesure oĂč il n’existe pas de clergĂ© aussi puissant que pourrait l'ĂȘtre l’Eglise catholique dans d'autres pays. En l’absence de clercs organisĂ©s en lobbys, les religions restent prises pour ce qu’elles sont et n’ont pas conduit Ă  l’apparition de troubles religieux depuis des annĂ©es.

2827
Le Taoisme / Confucianisme / Thanisme


Au Jashuria, les philosophies orientales du Nazum ont toujours eu le vent en poupe. La prĂ©sence de l'empire Yahudharma pendant des siĂšcles dans le sud-est du Nazum a permis un immense brassage de cultures et de philosophies religieuses, qui se sont petit Ă  petit cristallisĂ©es dans des Ă©coles de pensĂ©e et des temples au rayonnement culturel plus ou moins important. Si le Bouddhisme reste la religion et la philosophie la plus prĂ©sente au Jashuria (en concurrence avec l'athĂ©isme), les religions du Tao, du Confucianisme et du Thanisme restent particuliĂšrement bien implantĂ©es dans la rĂ©gion, notamment dans la partie nord du pays, au sein de la rĂ©gion d’Azur, oĂč la proximitĂ© avec les pays des archipels ont permis une large diffusion des religions confucĂ©ennes dans le bassin jashurien. ConsidĂ©rĂ©es aussi bien comme des philosophies que comme des religions, le TaoĂŻsme et le Confucianisme se mĂ©langĂšrent bien avec le Thanisme - culte des ancĂȘtres trĂšs spĂ©cifique au sud-est du Nazum - de sorte qu'elles ont rĂ©ussi Ă  survivre au travers du temps et Ă  bien s'inscrire dans le quotidien de la population.

A l’instar des Bouddhistes et des Hindous, les temples taoĂŻstes sont trĂšs bien implantĂ©s au Jashuria. Il existe deux sortes de temples : les « tzu-sun miao » et les « kuan ». Les « tzu-sun miao » constituent de petits temples privĂ©s, qui appartiennent Ă  quelques grands maĂźtres taoĂŻstes. On en trouve un peu partout au Jashuria, ces petits temples Ă©tant souvent trĂšs bien entretenus par les fidĂšles. Les « kuan », quant Ă  eux, constituent des temples plus grands, qui accueillent les communautĂ©s de prĂȘtres. On en retrouve principalement dans les plus grandes villes du pays, mais aussi parfois, dans les campagnes, oĂč les prĂȘtres s’adonnent Ă  la mĂ©ditation et Ă  l’introspection.

Les Ă©coles de cultivation, autrefois populaires au Jashuria, ont disparu au milieu du XIXe siĂšcle. Elles survivent en partie aujourd'hui sous la forme des gourous du Bouddhisme. On retrouve quelques fois des Ă©coles de pensĂ©es philosophiques se rĂ©clamant du taoĂŻsme au sein de la sociĂ©tĂ© civile, mais globalement, les Ă©coles de cultivation appartiennent au passĂ©. En revanche, la vitalitĂ© des enseignements taoĂŻstes, confucianistes et thanistes n'est plus Ă  prouver et, Ă  l'instar du bouddhisme, imprĂšgnent la sociĂ©tĂ© jashurienne dans son ensemble. La mystique quiĂ©tiste du TaoĂŻsme reste particuliĂšrement compatible avec la mystique bouddhiste et s’est exprimĂ©e tout au long des siĂšcles par une littĂ©rature abondante dont les Jashuriens sont parvenus Ă  conserver les textes et les calligraphies.

La synthĂšse entre le Bouddhisme et le TaoĂŻsme et ses dĂ©rivĂ©s reste un phĂ©nomĂšne particuliĂšrement intĂ©ressant Ă  Ă©tudier au Jashuria. Il apparait, aprĂšs des siĂšcles d’hybridations, que le panthĂ©on hindou, la mystique taoĂŻste et la cosmogonie bouddhiste fonctionnent sur des rythmes qui permettent un syncrĂ©tisme d’une complexitĂ© redoutable, mais qui, au quotidien, se manifeste dans des rites et des usages qui semblent tout Ă  fait anodin pour les pratiquants. La complexitĂ© des relations entre les trois religions est telle que des dĂ©partements entiers d’études des religions s’arrachent encore les cheveux pour comprendre les liens entretenus par ces religions.
10321
L’Hindouisme

L’HindouĂŻsme au Jashuria est la premiĂšre religion prĂ©sente au sein de la rĂ©publique. Issue de l’Ashtra et de l’AryĂ©die, l’Hindouisme est entrĂ© dans le Nazum bien plus tĂŽt que les autres religions. Les Hindous Ă©taient alors intĂ©grĂ©s Ă  la structure de l’empire Yahudharma, qui profitait de son cosmopolitisme pour organiser selon un coexistence pacifique les diffĂ©rentes religions. Les choses changĂšrent quand les Empereur-Soleil successifs dĂ©cidĂšrent de donner la primautĂ© au Bouddhisme sur le reste des religions. L’Hindouisme, bien que profondĂ©ment ancrĂ© au sein de la population, entra en concurrence avec le Bouddhisme local ainsi qu’avec les courants thanistes issus du nord. L’aire d’extension de l’Hindouisme jashurien se trouve principalement dans le sud du pays, oĂč la prĂ©sence de l’Iphlusia et l’ancien bassin culturel et religieux d’AryĂ©die ont contribuĂ© Ă  la diffusion de l’Hindouisme et Ă  sa permanence dans le temps.

La plupart des rites issus de l'Hindouisme se sont mĂȘlĂ©s aux cĂ©lĂ©brations laĂŻques du Jashuria et au Bouddhisme local. Bouddhisme et Hindouisme coexistent dans une harmonie dĂ©licate et malgrĂ© certains heurts au cours du siĂšcle dernier, les tensions religieuses se sont principalement calmĂ©es. Le Jashuria est aujourd’hui. L’Hindouisme est principalement prĂ©sent au sud du Jashuria, dans la rĂ©gion des perles, oĂč il dispose de grands sanctuaires et dispose de nombreux lieux de cultes et lieux sacrĂ©s. Les Hindous de la rĂ©gion coexistent avec les temples bouddhistes, mais cependant, on retrouve peu de temples hindous dans le nord du pays, qui accueille une population d’inspiration religieuse taoĂŻste et confucĂ©enne.

L'isolationnisme des nations hindoues sur le continent nazumi empĂȘche actuellement la diffusion de l'hindouisme au-delĂ  de ses frontiĂšres historiques, ce qui permet au Jashuria de ne pas subir la pression des croyants hindous du nord-ouest. Les Jashuriens honorent encore les dieux de l’Hindouisme et quand bien mĂȘme ils ne sont pas situĂ©s dans le bassin culturel historique de l’Hindouisme et de ses mythes lĂ©gendaires, le pays dispose de merveilles d’architecture hindoues, qui n’ont rien Ă  envier aux anciens temples d’AryĂ©die.

Dans l’ancien Empire Yahudharma, il y a ceux qui tiennent parole et sont tenus par la parole : ce sont les brahmanes qui disent le VĂ©da. De l'autre cĂŽtĂ©, il y a ceux qui retiennent leur parole et sont tenus par le silence : ce sont les yogins. De lĂ  dĂ©coule le VĂ©da, l’ensemble des textes qui rassemblent la parole sacrĂ©e des brahmanes de l’ancien empire hindou. Le VĂ©da est un mot hĂ©ritĂ© du vieux jashurien, qui signifie « vision » ou « connaissance ». Cette connaissance rĂ©vĂ©lĂ©e a Ă©tĂ© transmise oralement de brahmane en brahmane jusqu’à nos jours et a Ă©tĂ© savamment compilĂ©e au travers des siĂšcles pour consolider le vĂ©disme, le brahmanisme et leurs versions modernes : l’hindouisme.

Si l’origine des textes vĂ©diques fait dĂ©bat, il n’en reste pas moins que les auteurs jashuriens s’accordent pour dire que c’est dans les alentours de 1500 ans avant J.-C que les textes jashuriens se structurent autour du VĂ©da et de sa forme ancienne, le Triple VĂ©da. Le Triple VĂ©da est constituĂ© de trois recueils de textes : un recueil de poĂšmes (stances) forme le Rig-Veda, un recueil de chants rituels le Sama-Veda, une collection de formules sacrificielles le Yajur-Veda. Un Quadruple VĂ©da est gĂ©nĂ©ralement acceptĂ© : l’Atharva-Veda, bien que sa prĂ©sence au sein des textes religieux fasse encore dĂ©bat.

Le passage du vĂ©disme au brahmanisme commence avec la rĂ©daction des Brāhmaáč‡a, spĂ©culations rituelles en prose. Et la transition du brahmanisme Ă  l'hindouisme s'accompagne de la rĂ©daction des Āraáč‡yaka puis des UpaniáčŁad. Ce corpus littĂ©raire est l’un des plus anciens recensĂ©s dans le Nazum aujourd’hui. A la fois prĂ©cis de rituels et recueil de philosophie, ces textes constitueront la base de l’Hindouisme contemporain, mais aussi la base sur laquelle s’établira le Bouddhisme.

A la fois unique, dynamique et incréé, le VĂ©da a rythmĂ© la vie des anciens royaumes Ă©tablis avant l’apparition de la RĂ©publique du Jashuria. S’il n’a Ă©tĂ© diffusĂ© en Eurysie qu’aprĂšs l’arrivĂ©e de Fortuna sur le territoire, le VĂ©da reste un ensemble de textes qui n’a eu que peu d’impact au-delĂ  du Nazum, puisqu’il entre directement en concurrence avec des religions bien Ă©tablies comme le Christianisme et l’Islam. Le VĂ©da n’est cependant pas la parole d’un Dieu. Il est Ă©tranger Ă  l’idĂ©e d’un Dieu transcendant, mais dĂ©crit une cosmogonie complĂšte.

Le Veda est tout d’abord une parole. ComposĂ© au Nazum avant l’apparition de l’écriture, il est une tradition orale passĂ©e de brahmanes en brahmans, la classe intellectuelle dont les membres Ă©taient considĂ©rĂ©s comme des sages et des prĂȘtres. Le VĂ©da est tout d’abord rĂ©citĂ© et non lu, et s’actualisait dans les actes de paroles et Ă©tait alimentĂ© par la mĂ©moire des brahmanes, se transformant de siĂšcles en siĂšcles. Il est Ă  peu prĂšs certain que l'oralitĂ© originelle avait Ă©tĂ© conservĂ©e pour les textes d'un statut Ă©levĂ© tandis que l'on admettait l'Ă©crit pour les autres; il est probable que la limite a variĂ© selon les Ă©poques. En tout cas, le VĂ©da n'Ă©tait pas un objet matĂ©riel que l'on pouvait saisir ou voir mĂȘme s'il n'est pas impossible qu'Ă  une date indĂ©terminĂ©e, l'Ă©criture ait Ă©tĂ© utilisĂ©e comme une aide Ă  la mĂ©morisation. MĂȘme s'il existe beaucoup de manuscrits hindous, une dĂ©esse hindoue du livre, etc., mĂȘme si les Bouddhistes ont eu un vĂ©ritable culte du livre, que certains mantra ont Ă©tĂ© adorĂ©s sous leur forme Ă©crite, etc., le VĂ©da n'est devenu un livre que tardivement, quand dĂ©cidĂ©ment le pouvoir intellectuel Ă©chappait de fait aux brahmanes

Le Veda est aussi un ensemble de textes sacrĂ©s (bien que son statut vĂ©ritable soit celui de l’oralitĂ©). Il est important de prĂ©ciser que le texte en lui-mĂȘme n’est pas saint, mais le contenu, lui, est sacrĂ©. Le Veda ne fait pas l’objet d’une vĂ©nĂ©ration particuliĂšre, mais son contenu est sacrĂ© par essence. La rĂ©citation du Veda est assortie d’un certain nombre d’interdictions qui font que l’on ne peut le rĂ©citer dans certains lieux, ou Ă  certains moments, pour en garder la teneur sacrĂ©e. De plus, sa rĂ©citation est l’apanage des brahmanes. Petite minoritĂ© au sein des peuples nazumĂ©ens, les brahmanes Ă©taient les seuls Ă  disposer du pouvoir d’apprendre et de rĂ©citer le Veda pendant de nombreux siĂšcles, jusqu’à ce que la lecture se diffuse dans le sud-est du Nazum.

Les brahmanes avaient le monopole de la totalité du Véda : eux seuls pouvaient (devaient: c'était leur dû comme devoir et comme dette) l'entendre, le dire et l'enseigner ; eux seuls étaient des hommes complets parce qu'ils avaient complÚtement accÚs au Véda (à noter que les femmes avaient aussi accÚs au statut de brahmanes dans le sud du Nazum). En pratique, la plus grande majorité des peuples du Nazum reconnaissaient aux brahmanes une certaine précellence car ceux-ci ne pouvaient tirer leur subsistance que des dons qu'ils recevaient et de la rétribution de leurs services cognitifs.

SimultanĂ©ment, les brahmanes n'ont jamais eu le monopole du religieux : chaque maĂźtre de maison, quel que soit son statut, encore aujourd'hui, est son propre prĂȘtre et officie en tant que tel dans sa maison. Le temple n'est pas, tel une Ă©glise, le lieu du peuple rassemblĂ© pour la liturgie mais la maison privĂ©e d'un dieu et de toute façon il n'y a aucun temple Ă  l'Ă©poque du VĂ©da (les premiers datent du Ve siĂšcle peut-ĂȘtre). Les brahmanes sont ceux Ă  qui leur statut impose d'ĂȘtre les lieux de mĂ©moire oĂč du VĂ©da est entreposĂ©, des instruments qui transforment cette mĂ©moire en parole et les passeurs de cette parole Ă  leurs fils ou Ă  ceux qu'ils adoptent pour ce faire. Ils s'en font les conservateurs, les rĂ©citants, les utilisateurs et les passeurs. Ils n'ont pas Ă  le comprendre intellectuellement. Le VĂ©da est la source silencieuse dĂ©posĂ©e dans les mĂ©moires du flot de paroles des brahmanes et ceux-ci, en rĂ©citant, manifestent leur statut qui est de pouvoir rembourser personnellement la dette de l'humanitĂ© envers le VĂ©da.

Si aujourd’hui le Veda est devenu un ensemble de livres Ă©crits, c’est uniquement parce que les brahmanes ont perdu la prĂ©dominance qu’ils avaient sur les sociĂ©tĂ©s nazumĂ©ennes. Ils remplissent une bibliothĂšque et la rĂ©citation de toutes les formes que prend cette parole rendue Ă  un Ă©tat de littĂ©rature remplirait plusieurs bibliothĂšques. Sous l'influence de l'islam, du christianisme et de la modernitĂ©, dorĂ©navant on valorise le livre et mĂȘme l'Ă©criture. Devenu un objet, il se diffuse certes plus facilement, mais est rĂ©guliĂšrement accompagnĂ© de chants vĂ©diques.

Les divinités hindoues : 33 millions de dieux ?

Le panthĂ©on hindou est trĂšs vaste : on appelle l’hindouisme la religion aux 33 millions de dieux, ce qui n’est pas peu dire, surtout au Jashuria, oĂč chaque coin de rue est littĂ©ralement le territoire d’un dieu particulier ! Ce panthĂ©on est essentiellement composĂ© de divinitĂ©s proches des dieux vĂ©diques (la plupart de leurs attributs se retrouvent chez Brahma, Vishnu et Shiva) et de croyances locales qui s’incarnent dans chaque dieu, faisant de ceux-ci des ĂȘtres aux multiples noms et aux multiples formes. Il est commun que plusieurs divinitĂ©s, rĂ©vĂ©rĂ©es sous des noms diffĂ©rents, soient les avatars d’une mĂȘme dĂ©itĂ©. Si les VĂ©das dĂ©finissent l’Hindouisme en gĂ©nĂ©ral, deux textes relatent les exploits et la vie des divinitĂ©s hindoues : le Ramayana et le Mahabharata.

Au sommet de la cosmogonie hindoue trĂŽne la Trimurti, la Grande TrinitĂ© hindoue composĂ©e de Brahma, Vishnu et Shiva. rois dieux, en principe de force Ă©gale, reflet des trois aspects de la puissance divine : crĂ©ation, prĂ©servation, destruction. Elle peut ĂȘtre reprĂ©sentĂ©e par trois tĂȘtes reposant sur un mĂȘme cou (ou six quand Brahma est reprĂ©sentĂ© avec ses quatre tĂȘtes), chacune regardant dans une direction diffĂ©rente. Chaque membre de la Trimurti reprĂ©sente une facette du fonctionnement de l’univers hindou : la crĂ©ation, la conservation et la destruction. Au sein de cette trinitĂ© cosmique, Brahma est le dieu crĂ©ateur de la matiĂšre et de l’univers au sens large. Il est l’époux de Sarasvati, qui est aussi Ă©trangement sa fille et incarne la connaissance, l’éloquence, les sciences et les arts.

Vishnu est le dieu conservateur de l’univers. Dans son rĂȘve, il prĂ©pare un nouveau cycle de vie. À son rĂ©veil, un lotus Ă©merge de son nombril d’oĂč sort Brahma pour crĂ©er un nouvel univers. Vishnu, en tant que divinitĂ© suprĂȘme, est souvent reprĂ©sentĂ© avec une carnation bleue et a gĂ©nĂ©ralement quatre bras. Vishnu est capable de s’incarner dans des dizaines d’avatar, comme un homme-lion, un prince, ou encore son incarnation la plus cĂ©lĂšbre : Krishna. Bouddha est aussi considĂ©rĂ© comme un avatar de Vishnu sur terre. Vishnu a pour femme Lakshmi, la dĂ©esse de la prospĂ©ritĂ©, de la beautĂ© et du bonheur.

Le dernier dieu de la Grande TrinitĂ© est le dieu destructeur Shiva. Incarnation du changement et de la destruction, il dissout l’univers pour en crĂ©er un nouveau. A la fois destructeur et crĂ©ateur, terrifiant et bienveillant, il est une figure ambivalente de la mythologie hindoue. Shiva est peu vĂȘtu, voire nu, car c’est un ascĂšte. Il porte souvent une peau de tigre marquant sa maĂźtrise sur la nature. Il possĂšde trois yeux (le soleil, la lune et le feu). Parvati est la femme de Shiva, mais surtout une reprĂ©sentation de son aspect fĂ©minin. Elle est trĂšs souvent reprĂ©sentĂ©e Ă  ses cĂŽtĂ©s comme l’amoureuse, et peut prendre plusieurs formes : Durga, la guerriĂšre, Uma, la favorable, Kali, la noire, la terrifiante. Mais trĂšs souvent elle est Mahadevi, la dĂ©esse par excellence. Ganesha, le dieu Ă  tĂȘte d’élĂ©phant, est le fruit de l’union de Parvati et de Shiva (qui sont, rappelons-le, la mĂȘme personne). Il est le dieu de la sagesse qui apporte le bonheur et surmonte les obstacles. On lui connait pas moins de 90 aspects diffĂ©rents avec Skanda, le dernier fils de Shiva, reprĂ©sentant le concept de guerre.
3153
Le Christianisme

La prĂ©sence du Christianisme au Jashuria est officiellement attestĂ©e depuis les dĂ©buts de la pĂ©riode coloniale. Si des prĂ©dicateurs et des missionnaires ont souvent Ă©tĂ© croisĂ©s au Jashuria, notamment sous l’ancien empire, oĂč ils officiaient souvent comme conseillers des Empereur-Soleil, les communautĂ©s chrĂ©tiennes ne se sont vĂ©ritablement installĂ©es dans la rĂ©gion qu’à partir de l’époque oĂč Fortuna commença Ă  coloniser les environs du territoire et Ă  nĂ©gocier des concessions. Le climat jashurien Ă©tant peu hospitalier, le Christianisme a eu tendance Ă  ne pas trop tenter l’établissement de grandes communautĂ©s chrĂ©tiennes dans la rĂ©gion, prĂ©fĂ©rant y lancer des prĂ©dicateurs et convertir la population locale.

Les colons chrĂ©tiens ont suivi les marchands et les frĂ©gates occidentales. Cherchant dans le sud-est du Nazum un nouvel El Dorado, ils dĂ©couvrirent une terre luxuriante, mais trĂšs repliĂ©e sur elle-mĂȘme, et dotĂ©e de ressources incroyables, mais difficiles d’accĂšs. Les marchands chrĂ©tiens trouvĂšrent dans le Nazum des zones commerciales propices au commerce des Ă©pices et des objets manufacturĂ©s rares, mais en profitĂšrent aussi pour tenter d’évangĂ©liser ce qui allait plus tard devenir le Jashuria. Malheureusement pour les missionnaires fortunĂ©ens, le culte du Dieu Unique connut trĂšs peu d’échos au sein de la population. MalgrĂ© l’établissement d’écoles et de sanctuaires Ă©vangĂ©liques, les ChrĂ©tiens eurent beaucoup de mal Ă  convaincre la population de la primautĂ© de leur dieu sur l’éventail des religions jashuriennes.

La cohabitation entre les ChrĂ©tiens et les Bouddhistes ne fut pas de tout repos, les Jashuriens n’aimant pas le prosĂ©lytisme. L’histoire n’a pas Ă©tĂ© tendre entre les deux communautĂ©s et des heurts furent frĂ©quemment rapportĂ©s dans les Ă©crits dĂšs que l’une chercha Ă  prendre le pas sur l’autre par le biais d’une campagne d’évangĂ©lisation. Les siĂšcles comptĂšrent leur lot de temples incendiĂ©s et de missions saccagĂ©es sur un malentendu. Si depuis le dernier siĂšcle, les choses se sont calmĂ©es entre les Bouddhistes et les ChrĂ©tiens, leur cohabitation pendant les premiers siĂšcles a eu des Ă©pisodes plutĂŽt tendus.

Actuellement au Jashuria, les principaux courants du Christianisme connus sont les courants protestants. Le Protestantisme s’accommode bien du mercantilisme jashurien et il s’agit aujourd’hui de la branche de la chrĂ©tientĂ© qui a le plus d’atomes crochus avec la culture jashurienne. Les courants catholiques et orthodoxes n’ont pas cours dans le pays. Le Christianisme reste cependant extrĂȘmement minoritaire au sein du pays et ne se pratique que dans les catĂ©gories de populations ayant des origines fortunĂ©ennes.

Le Catholicisme au Jashuria est extrĂȘmement minoritaire. Pour preuve, les Catholiques ne disposent que d'un cardinal dans le pays, ce qui est extrĂȘmement peu si on le compare Ă  d'autres pays. Le Cardinal de la Curie qui reprĂ©sente le Jashuria est actuellement Jacob Kapoor. L’homme, bien qu’étant un fidĂšle serviteur de l’Eglise de Catholagne, est complĂštement isolĂ© sur la scĂšne internationale, quand bien mĂȘme il occupe des positions enviables au Saint SiĂšge. Les Ă©glises chrĂ©tiennes du Jashuria sont peu nombreuses et les rares Ă©difices emblĂ©matiques sont prĂ©sents dans les grandes villes uniquement. Les espaces des congrĂ©gations restent bien agencĂ©s, mais sont largement en-dessous des fastes des temples hindous et des monastĂšres bouddhistes, ou encore des mosquĂ©es soufies. L’Eglise de Catholagne n’a jamais mis les moyens pour tenter de relancer l’évangĂ©lisation de la rĂ©gion, ce qui ne conforte pas les positions des ChrĂ©tiens au Jashuria, qui doivent se contenter de petites Ă©glises.
9238
Le Judaisme

Les premiĂšres enclaves juives sont nĂ©es au Jashuria il y a un peu plus de 2000 ans et ne datent pas de l’arrivĂ©e des premiers Ă©missaires fortunĂ©ens. Les premiĂšres communautĂ©s juives arrivĂšrent sur les territoires jashuriens par le nord, le long des cĂŽtes, Ă  bord de navires commerciaux. Etablissant les routes commerciales entre les Jashuriens et les Eurysiens, les premiers Juifs s’installĂšrent durablement dans la rĂ©gion, jusqu’à former une sĂ©rie de communautĂ©s basĂ©es dans la partie sud du Jashuria. AttirĂ©s par les ressources importantes de la rĂ©gion, ils Ă©tablirent des comptoirs marchands de bonne taille dans le sud du pays et s’intĂ©grĂšrent progressivement Ă  la population locale. Principalement basĂ©s dans la rĂ©gion des perles, ces communautĂ©s ne pratiquĂšrent pas la conversion au cours des siĂšcles, mais augmentĂšrent en population, notamment par l’arrivĂ©e de rĂ©fugiĂ©s venus d’AfarĂ©e et d’Eurysie.

InstallĂ©es dans des enclaves protĂ©gĂ©es, ces communautĂ©s du sud du Jashuria durent composer avec le commerce fluctuant entre le Nazum et l’Eurysie, leur prospĂ©ritĂ© Ă©conomique dĂ©pendant uniquement de la sĂ©curitĂ© des routes commerciales et de la piraterie endĂ©mique dans la rĂ©gion. Si elles constituĂšrent les premiĂšres communautĂ©s du Livre au Jashuria, les communautĂ©s juives se retrouvĂšrent rapidement face Ă  un problĂšme de grande ampleur : leur survie dĂ©pendait trop du commerce mondial, alors dangereux entre l’Eurysie et le Nazum, mais aussi avec l’AfarĂ©e. Ne pouvant compter activement sur le commerce international pour s’enrichir et prospĂ©rer, les Juifs du Sud du Jashuria entamĂšrent une lente adaptation aux coutumes locales. Connus comme Ă©tant les Bene Solomon (« Les Fils de Solomon »), ces communautĂ©s prĂ©servĂšrent les textes anciens et dĂ©veloppĂšrent une expertise particuliĂšre pour la fabrication des huiles, des encens et autres produits de luxe qui s’échangeaient Ă  grands prix sur les marchĂ©s eurysiens, mais aussi locaux. Adoptant la langue jashurienne et se mettant Ă  commercer avec les royaumes locaux, ils furent Ă  l’origine de la constitution des premiĂšres Ă©coles judaĂŻques dans le pays.

C’est avec l’arrivĂ©e des FortunĂ©ens qu’une seconde vague d’émigration juive fut constatĂ©e au Jashuria, cette fois-ci au nord du pays. Bien que la premiĂšre vague d’explorateurs fortunĂ©ens arriva par le sud, c’est sur les cĂŽtes nord du Jashuria que les communautĂ©s juives les plus rĂ©centes s’installĂšrent. Sous la gouvernance de Fortuna au niveau local, les communautĂ©s juives du nord du Jashuria se mirent Ă  explorer les terres jashuriennes et Ă  remonter vers le cƓur du territoire. Si les premiers arrivants s’installĂšrent dans la partie nord du pays et constituĂšrent quartiers attractifs et modernes, une seconde vague d’arrivants reçut comme mission d’implanter des exploitations forestiĂšres et agricoles dans le cƓur du pays, dans des territoires jugĂ©s comme stratĂ©giques.

Si les communautĂ©s juives ne sont aujourd’hui que peu nombreuses, il existe une distinction claire entre les communautĂ©s s’étant Ă©tablies depuis plusieurs millĂ©naires et celles arrivĂ©es avec le Fortuna. Les Fils de Solomon Ă©taient dĂ©jĂ  prĂ©sents au sud du pays et malgrĂ© des contacts rapprochĂ©s entre les deux communautĂ©s et le partage d’une mĂȘme religion, des millĂ©naires d’écarts ont constituĂ© des liturgies diffĂ©rentes qui fait que les Juifs issus de la vague d’émigration la plus ancienne partagent peu de traits communs avec ceux arrivĂ©s il y a quelques siĂšcles. La communautĂ© qui fut envoyĂ©e monter des exploitations forestiĂšres et agricoles lors de la derniĂšre vague de colonisation est aujourd’hui basĂ©e dans le cƓur du pays, mais subit pendant des annĂ©es l’hostilitĂ© des temples locaux, tant et si bien que leur communautĂ© resta longtemps isolĂ©e. En effet, l’exploitation forestiĂšre se heurta Ă  la volontĂ© des locaux de prĂ©server les forĂȘts, soi-disant habitĂ©es par des dieux. La plupart rejoignirent les enclaves nord au cours du XIXe siĂšcle et du XXe siĂšcle, attirĂ©s par un meilleur cadre de vie.

Une autre communautĂ© juive importante au Jashuria fut la communautĂ© juive issue de Listonie. ArrivĂ©e avec les colons listoniens du cĂŽtĂ© de Macao, celle-ci fuit les persĂ©cutions de la part de l’Eglise Listonienne et s’installa du cĂŽtĂ© d’Azur. Elle se mĂ©langea rapidement avec celle arrivĂ©e de Fortuna et bĂątit des Ă©coles et des centres religieux dans la rĂ©gion, attirĂ©e par la prospĂ©ritĂ© du Jashuria et terrifiĂ©e Ă  l’idĂ©e de revivre des pogroms.

Aujourd’hui encore, les communautĂ©s juives du Jashuria restent des communautĂ©s parfaitement intĂ©grĂ©es Ă  la vie du pays. La prospĂ©ritĂ© du pays, alliĂ©e Ă  sa grande tolĂ©rance religieuse, a créé dans le territoire les conditions propices au maintien et Ă  l’évolution du JudaĂŻsme, qui s’avĂšre aujourd’hui assez diffĂ©rent du JudaĂŻsme eurysien ou afarĂ©en. Le rĂŽle des synagogues et des centres Ă©ducatifs a largement aidĂ© au maintien des traditions et aujourd’hui encore, les synagogues du Jashuria restent des lieux de culte prisĂ©s et reconnus architecturalement. Des politiques de prĂ©servation de certaines synagogues au titre de patrimoine national ont Ă©tĂ© mises en place et ont rencontrĂ© peu d'opposition, dans la mesure oĂč les lieux de culte sont universellement prisĂ©s au Jashuria, mĂȘme chez les plus athĂ©es (qui conçoivent gĂ©nĂ©ralement bien le fait que l'on puisse prendre soin du patrimoine de la nation).

Liste des communautés juives du Jashuria :

  • Les Bene Solomon : la communautĂ© la plus ancienne du Jashuria
  • Les Bene EphraĂŻm : la communautĂ© issue de la premiĂšre vague de colonisation fortunĂ©enne
  • Les Bene Asher : la communautĂ© juive issue de la fuite des Juifs listoniens de Macao
  • Les Bene Nadir : la communautĂ© juive issue de la fuite des Juifs listoniens des colonies sud et issus de l'immigration afarĂ©enne
  • Les Bene Manasseh : la communautĂ© issue de la seconde vague de colonisation, occupant aujourd'hui le centre du pays

Les Bene Solomon :

Les Bene Solomon sont basĂ©s principalement dans l’Etat de Nanakarni et d’Agartha. Issus des premiĂšres vagues d’immigration juive au Jashuria, cette communautĂ© est la plus ancienne du pays et est aussi la plus nombreuse. Les Bene Solomon sont arrivĂ©s depuis l’Eurysie il y a de cela plusieurs millĂ©naires, par le nord, leurs navires de commerce descendant vers le sud afin de commercer avec les royaumes lointains. InstallĂ©s dans des comptoirs commerciaux et organisant le grand commerce entre l’Eurysie et le Nazum, les Bene Solomon finirent par s’installer durablement dans la rĂ©gion aprĂšs avoir fuit les pogroms eurysiens au cours des Ages Sombres. La population des Bene Solomon s’est largement mĂ©langĂ©e aux populations locales et a prospĂ©rĂ© pendant des siĂšcles. On compte aujourd’hui 40 000 individus appartenant aux Bene Solomon, ou Ă©largi, dans le pays. Les principaux foyers sont situĂ©s dans le sud du pays, aux cĂŽtĂ©s des Bene Nadir.

Les Bene EphraĂŻm:

Les Bene EphraĂŻm sont principalement installĂ©s sur les cĂŽtes nord du Jashuria. Ils sont arrivĂ©s aprĂšs le XVIIe siĂšcle par le biais des commerçants fortunĂ©ens dans la rĂ©gion et se sont installĂ©s du cĂŽtĂ© d’Azur et de Medhannala. Les communautĂ©s de Bene EphraĂŻm sont restĂ©es trĂšs indĂ©pendantes du reste des Jashuriens, ne se mĂ©langeant que peu aux populations locales, mais plus avec les FortunĂ©ens de la rĂ©gion. Parfaitement intĂ©grĂ©s dans la sociĂ©tĂ© jashurienne, les Bene EphraĂŻm ont durant longtemps constituĂ© un lien prĂ©cieux entre l’Aleucie, l’Eurysie et le Nazum. Les communautĂ©s de Bene EphraĂŻm ont Ă©tabli des Ă©coles et des synagogues de styles eurysiennes dans la rĂ©gion, qui aujourd’hui sont considĂ©rĂ©s comme des sanctuaires reconnus pour leurs qualitĂ©s patrimoniales et font l'objet de politiques de protection spĂ©cifiques.

Les Bene Asher:

Les Bene Asher forment une petite communautĂ© de la mĂȘme origine que les Bene Nadir. Cette communautĂ© a suivi les Listoniens dans la colonisation du Nazum et s’est installĂ©e Ă  Macao, oĂč, comme de nombreuses communautĂ©s non chrĂ©tiennes, elle fut persĂ©cutĂ©e. Bien que les Bene Asher fassent parti de la classe commerçante de l’Empire Listonien, les vexations et les humiliations rĂ©pĂ©tĂ©es de la part de l’Eglise listonienne ont prĂ©cipitĂ© leur Ă©migration de Macao vers les terres administrĂ©es par le Fortuna. Les Bene Asher forment une population trĂšs diffĂ©rente des Bene Nadir, qui eux, sont issus d’une vague d’émigration des colonies listoniennes mĂ©ridionales et de l’AfarĂ©e. En effet, les Bene Asher ont maintenu des liens forts avec les provinces listoniennes et ont, malgrĂ© les humiliations, constituĂ© un pont entre les FortunĂ©ens et les Listoniens dans la rĂ©gion, lĂ  oĂč les Bene EphraĂŻm cherchaient Ă  s’installer sans nĂ©cessairement faire Ɠuvre de commerce.

Les Bene Nadir :

Les Bene Nadir forment une communautĂ© Ă  part. Si les Bene Asher et les Bene EphraĂŻm prĂ©sentent peu de diffĂ©rences, les Bene Nadir sont des immigrĂ©s juifs d’AfarĂ©e. Ces derniers ont Ă©tĂ© dĂ©portĂ©s par l’Empire listonien dans ses provinces nazumies il y a de cela quelques siĂšcles et ont rĂ©ussi Ă  fuir vers les provinces administrĂ©es par le Fortuna Ă  la suite d’un heureux concours de circonstance. Les Bene Nadir (« Fils de Nadir ») sont une particularitĂ© Ă©trange dans l’histoire du judaĂŻsme au Jashuria car il s’agit de la seule communautĂ© de juifs venue d’AfarĂ©e installĂ©e au Jashuria. Ces derniers n’obĂ©issent pas aux mĂȘmes rituels que les Bene Solomon et encore moins aux rituels des Bene EphraĂŻm et des Bene Asher, mais malgrĂ© leur petit nombre, ils sont restĂ©s une communautĂ© soudĂ©e de plusieurs milliers d’individus installĂ©s Ă  Wipulasin. Les historiens des religions ont remarquĂ© que leurs pratiques religieuses prĂ©sentaient beaucoup de similaritĂ© avec le soufisme jashurien et Ă©trangement avec la religion althaljir. L’universitĂ© d’Agartha et celle de Wipulasin finance actuellement des recherches pour comprendre les liens entre ces religions.

Les Bene Manasseh :

Les Bene Manasseh forment une communautĂ© religieuse arrivĂ©e en mĂȘme temps que les Bene EphraĂŻm, mais par le sud du Jashuria, via les colons fortunĂ©ens. Contrairement Ă  leurs homologues Solomon ou EphraĂŻm, ces derniers s’installĂšrent le long des rives du lac scintillant, dans la rĂ©gion de Jagath et de Khumai, afin de superviser des plantations et des exploitations forestiĂšres. Bien qu’ayant subi l’hostilitĂ© des populations locales et notamment des temples bouddhistes locaux, les Manasseh ont rĂ©ussi Ă  maintenir un ensemble de possessions terriennes dans la rĂ©gion et se sont intĂ©grĂ©s via leur participation active aux fĂȘtes locales et Ă  la vie Ă©conomique, notamment lorsque l’administration fortunĂ©enne fut Ă©vacuĂ©e. Les Manasseh forment aujourd’hui une communautĂ© essentiellement basĂ©e sur l’agriculture et a trĂšs largement absorbĂ© une partie des rituels bouddhistes dans sa propre liturgie afin de permettre son intĂ©gration dans le tissu local.
4034
L'Islam

L’Islam est prĂ©sent au Jashuria depuis plusieurs siĂšcles par le biais de la prĂ©sence des Sultanats Arabes dans la zone d’influence de l’ancien empire Yahudharma. Sa prĂ©sence est avĂ©rĂ©e dĂšs le XIe siĂšcle par le biais des rĂ©cits de marchands et d’explorateurs d’AfarĂ©e, mais aussi par le biais des contacts culturels nouĂ©s entre les territoires impĂ©riaux et les sultanats du nord. Si le Jashuria n’a jamais Ă©tĂ© vĂ©ritablement une terre d’évangile pour l’Islam, il n’en reste pas moins que les canons architecturaux de l’Islam ont eu une influence particuliĂšre sur certains monuments architecturaux de l’ouest du Jashuria, Ă  commencer par les Jardins de Kashedi. Pourtant, malgrĂ© cela, les conversions Ă  l'Islam sont restĂ©es trĂšs marginales au sein de la sociĂ©tĂ© jashurienne.

La seule prĂ©sence permanente et avĂ©rĂ©e de l'Islam au Jashuria est la prĂ©sence des communautĂ©s soufies s'Ă©tant installĂ©es au sud du pays, Ă  Agartha, et Ă  l’ouest, proche de l’ancienne zone de contact avec les Sultanats Arabes. Cette communautĂ©, essentiellement constituĂ©e de prĂȘcheurs philosophes et de penseurs axĂ©s sur la spiritualitĂ© de l'existence, est plutĂŽt apprĂ©ciĂ©e de la population et s'est parfaitement mĂȘlĂ©e au reste de la population jashurienne. Les rĂ©centes actions Ă©conomiques et diplomatiques menĂ©es avec le Banairah et plus gĂ©nĂ©ralement l’AfarĂ©e dans son ensemble ont amenĂ© au Jashuria une population de cadres musulmans. Le pays n’ayant pas spĂ©cialement de mosquĂ©es Ă  proposer Ă  cette nouvelle population, le culte s’établit dans des endroits discrets, gĂ©nĂ©ralement des plateaux de bureaux sponsorisĂ©s par des entreprises Ă©trangĂšres.Quand le soufisme est entrĂ© en contact avec l’hindouisme et le bouddhisme jashurien, ses caractĂ©ristiques principales, ayant leurs origines dans la tradition islamique, s’étaient dĂ©jĂ  dĂ©veloppĂ©es, et il avait Ă©galement subi des influences des traditions chrĂ©tiennes et nĂ©o-platoniques.

Le rapprochement rĂ©cent avec l'Althalj a permis aux Jashuriens de dĂ©couvrir une autre facette de l'Islam afarĂ©en. Un dĂ©partement d'Ă©tude sur l'Islam en tant qu'objet de sociĂ©tĂ© a mĂȘme Ă©tĂ© ouvert Ă  Agartha en collaboration avec les universitĂ©s de l'Althalj afin de bĂ©nĂ©ficier de nouvelles sources Ă  explorer.

Les idĂ©es libĂ©rales jashuriennes ont eu un effet largement positif sur la religion musulmane dans la rĂ©gion, ce qui a conduit Ă  l’élaboration d’une vĂ©ritable hermĂ©neutique du Coran, chose encore rare dans la plupart des Etats musulmans. Les Soufis et les Sunnites jashurienes arborent une approche beaucoup plus libĂ©rale que leurs coreligionnaires d’AfarĂ©e et en cela, se rapprochent des StranĂ©ens. Les pratiques religieuses locales ont Ă©tĂ© purgĂ©es de beaucoup de positions rĂ©trogrades, notamment concernant le statut de la femme et des minoritĂ©s sexuelles, si bien que l’Islam y est beaucoup plus serein. Les Jashuriennes musulmanes ont la possibilitĂ© d’ĂȘtre imames au sein de leur communautĂ© religieuse et de prĂȘcher pour les hommes, comme pour les femmes, ce qui, dans une religion peu jouasse Ă  l’idĂ©e du mĂ©lange des genres, est assez unique.

Le foulard possĂšde une dimension beaucoup moins religieuse que dans d’autres pays. Il n’est pas considĂ©rĂ© comme un impĂ©ratif religieux et ne fait pas l’objet de prescriptions particuliĂšres. Il est en revanche portĂ© comme accessoire et fait plutĂŽt l’objet d’une mode sĂ©cularisĂ©e qui vient simplement couvrir les cheveux de maniĂšre diffĂ©rente selon les femmes. En cela, c’est l’Hindouisme et le libĂ©ralisme qui ont le plus contribuĂ© Ă  la sĂ©cularisation du foulard, en le dĂ©pouillant de son sens religieux rigoriste et en le faisant entrer dans la catĂ©gorie des accessoires de mode. Cet Ă©tat de fait a permis aux Jashuriennes de confession musulmane d'affirmer leur Ă©galitĂ© vis Ă  vis des hommes et de s'emparer de leur religion, bien plus que dans d'autres pays. Les femmes musulmanes du Jashuria revendiquent pleinement un hĂ©ritage humaniste et ont trĂšs vite imposĂ© l'Ă©galitĂ© dans la religion, quand bien mĂȘme cela contredirait le Coran.

Les Tourouk Unifiées du Jashuria forment l'organe officiel de représentation des instances musulmanes soufies du pays. Dirigée par Shima Kashani, Grande Ouléma, cette institution représente l'ensemble des tourouks (monastÚres soufis) du pays, sous une forme démocratique. Récemment, l'organisation a contribué à placer le Jashuria sur la scÚne diplomatique musulmane en promouvant une politique de rapprochement des Soufis avec les Sunnites de l'Islam, ainsi qu'une politique de légitimation de la philosophie soufie au coeur de l'Islam afaréen et nazuméen. Cette politique s'est concrétisée par la mise en place d'une bibliothÚque commune entre certains pays de l'Islam et l'organisme musulman du Jashuria.
5751
Les monastĂšres bouddhistes jashuriens

La religion bouddhiste tenait jusqu’au XXe siĂšcle une place prĂ©pondĂ©rante dans la vie jashurienne, au mĂȘme titre que l’Hindouisme. L’influence du bouddhisme s’effectuait au travers de relations socio-religieuses complexes qui prenaient la forme de l’institution monachale, ou plus gĂ©nĂ©ralement, de la relation entre le chapelain bouddhique et le donateur. Ce lien s’établissait assez bien lorsqu’il profitait au monastĂšre : la production Ă©conomique des domaines aristocratiques jashuriens, gouvernementaux ou monastiques Ă©tait essentiellement dirigĂ©e vers les monastĂšres et nombres les activitĂ©s religieuses gĂ©nĂ©ratrices d’offrandes (transmission des enseignements bouddhiques, fĂȘtes religieuses, etc.) se faisaient le plus souvent dans ses murs ou Ă©taient organisĂ©es par des moines. Les monastĂšres jashuriens dĂ©diĂ©s au bouddhisme formaient des entitĂ©s quasi-autonomes dans la sociĂ©tĂ© jashurienne et s’articulaient au rĂ©seau complexe des corporations, des fiefs seigneuriaux et des territoires civils.

La relation des moines aux donateurs s’effectuait dans le cadre de la doctrine bouddhiste. Pour obtenir l’Eveil, l’impĂ©trant doit accumuler mĂ©rites et sagesse, la sagesse Ă©tant comprise comme la comprĂ©hension progressive de la vacuitĂ© des choses. Quant aux mĂ©rites, ils s’accumulent par le dĂ©veloppement du don, d’offrandes et de qualitĂ©s positives comme la patience, la gĂ©nĂ©rositĂ©, l’éthique, 
 A ce titre, l’offrande est considĂ©rĂ©e comme partie intĂ©grante de la foi et de ses pratiques. Dans le bouddhisme, il existe de multiples façons de procĂ©der pour faire une offrande au Bouddha. En gĂ©nĂ©ral, les disciples amĂ©nagent chez eux un petit autel sur lequel ils placent une reprĂ©sentation, que ce soit une statue ou une peinture. Quotidiennement, ils disposent devant la reprĂ©sentation du Bouddha les sept offrandes traditionnelles composĂ©es d’une coupelle d’eau, d’un peu de nourriture, de quelques fleurs, d’encens, de parfum, d’une bougie allumĂ©e (qui matĂ©rialise l’offrande de lumiĂšre) et d’une clochette (qui reprĂ©sente l’offrande de musique). D’ordinaire, les Jashuriens symbolisent ces offrandes par sept bols de cuivre qu’ils remplissent d’eau le matin et vident le soir.

Les besoins des moines des monastĂšres Ă©taient constants. Des besoins en matĂ©riaux, aux besoins en nourriture en passant par la construction d’infrastructures, les monastĂšres Ă©taient toujours en demande de dons pour aider Ă  la structuration et au maintien de l’institution religieuse. Ces dons, faits par les fidĂšles aux moines, permettaient de gagner du mĂ©rite et s’effectuaient en parallĂšle de l’enseignement de la foi bouddhiste. Le don, rĂ©pĂ©tĂ©, permet au moine de s’affranchir de la contrainte de devoir travailler pour se nourrir et lui permet de se concentrer sur l’enseignement et la diffusion de la foi, honorant ainsi sa mission. Il permet aussi au fidĂšle d’exercer sa gĂ©nĂ©rositĂ© envers l’institution religieuse et ainsi, d’accumuler des mĂ©rites. Ces dons, matĂ©riels ou pĂ©cuniers, pouvaient aussi prendre des formes immatĂ©rielles, comme la protection des temples. Bien entendu, les fidĂšles restaient libres de dĂ©cider de la teneur et de la frĂ©quence de leurs dons. Ils ne versent de dons au monastĂšre que s’ils estiment que l’enseignement de ce dernier est profitable Ă  la communautĂ© et leur permet de lutter efficacement contre leurs propres souffrances. Ainsi, il n’était pas rare qu’un monastĂšre dĂ©mĂ©ritant tombe en disgrĂące et soit abandonnĂ© au profit d’un autre, plus soucieux de ses fidĂšles. Les fermetures de monastĂšres par manque de dons suite Ă  un dĂ©faut dans les services rendus Ă  la communautĂ© par les moines Ă©tait plus courant qu’on ne le pense dans les premiers temps du Bouddhisme, ce qui a permis au fil du temps une meilleure fusion entre les besoins des fidĂšles, ceux des moines et le respect de leurs attentes mutuelles.

L’interrelation entre les moines et leurs donateurs a eu un impact dĂ©cisif sur le maintien des structures religieuses au Jashuria et sur la prospĂ©ritĂ© des terres nazumies. En effet, cette relation de moines Ă  donateurs a permis pendant des siĂšcles la constitution de rĂ©seaux d’entraide mutuels importants, les moines procurant des enseignements permettant l’alphabĂ©tisation de la population et les enseignements spirituels lĂ  oĂč l’Hindouisme prĂ©fĂ©rait laisser l’Etat agir. Il en est ressorti que lĂ  oĂč le Bouddhisme parvenait Ă  s’implanter durablement, les liens entre l’aristocratie locale, la population et les temples restait forte, ces classes sociales occupant chacune des domaines spĂ©cifiques. Il n’était pas rare que les seigneurs locaux procurent eux-mĂȘmes les terres au futur monastĂšre et participe Ă  son Ă©dification, tout en le protĂ©geant sur le long terme, en Ă©change de priĂšres rĂ©guliĂšres des moines pour la famille du donateur. Ce systĂšme de donation fonctionnait selon une imbrication trĂšs hiĂ©rarchisĂ©e : la noblesse jashurienne ne peut faire des dons au monastĂšre que si ses sujets procuraient de bonnes rĂ©coltes et de juteuses taxes et l’aristocratie ne pouvait protĂ©ger les moines sans l’aide d’une armĂ©e convenable, ou de paysans bien armĂ©s.

Les terres monastiques sont considĂ©rĂ©es dans la pĂ©riode prĂ©-moderne du Jashuria comme des terrains sacrĂ©s. CĂ©dĂ©s par les propriĂ©taires terriens civils, les terrains devenaient sacrĂ©s dĂšs l’édification du monastĂšre et la cĂ©rĂ©monie d’emmĂ©nagement de l’idole. Cette idole, prĂ©sente dans tous les temples, Ă©tait Ă  la fois la gardienne du caractĂšre sacrĂ© du temple, mais aussi un puissant outil de lĂ©gitimation, les moines seuls ayant le droit d’y toucher et de la dĂ©placer. Il Ă©tait inscrit dans les codes religieux et dans les lois coutumiĂšres que tant qu’une idole perdurait dans le temple, celui-ci possĂ©dait une propriĂ©tĂ© inviolable.

Les terres monastiques Ă©taient caractĂ©risĂ©es par leur caractĂšre indivisible et incessible, sauf en de trĂšs rares cas et surtout, en cas de disparition de l’idole ou de la dĂ©chĂ©ance du monastĂšre. Elles Ă©taient cĂ©dĂ©es ad vitam aeternam aux moines, qui en avaient Ă  la fois la propriĂ©tĂ© et l’usufruit. L’institution monastique pouvait se voir confier de nouvelles terres ou parcelles et celles-ci Ă©taient immĂ©diatement intĂ©grĂ©es Ă  la parcelle principale. Afin de valoriser les terres agricoles obtenues, les moines disposaient gĂ©nĂ©ralement de services d’intendance, chargĂ©s de valoriser les terres alentours pour le bĂ©nĂ©fice des moines, qui devenaient parfois de vĂ©ritables propriĂ©taires terriens prospĂšres (aux antipodes de leurs vƓux d’ascĂ©tisme).
14822
Le Soufisme jashurien

L’une des particularitĂ©s du Jashuria au cours des millĂ©naires est d’avoir Ă©tĂ© capable d’absorber dans sa sociĂ©tĂ© et sa culture de nombreux Ă©lĂ©ments exogĂšnes. Il est dit que l’air du Jashuria est capable d’apaiser le plus ardent des combattants et cet adage s’est confirmĂ© de nombreuses fois au cours de l’Histoire. La sociĂ©tĂ© jashurienne, par son attitude, s’est appropriĂ©e les marqueurs cultuels de plusieurs religions et les marqueurs culturels des peuples qui ont cherchĂ© Ă  l’envahir, offrant les conditions d’une hybridation unique au sud-est du Nazum. A ce titre, la propagation de l’Islam au Nazum du sud-est s’est heurtĂ©e trĂšs tĂŽt Ă  la rĂ©silience de l’Hindouisme et du Bouddhisme, crĂ©ant les conditions qui ont permis la modification des formes religieuses, Ă  mesure que l’Islam tentait de s’implanter dans la rĂ©gion.

L’Islam arrive au Nazum du sud-est au cours du IXe siĂšcle aprĂšs J-.C, par le biais des marchands afarĂ©ens, puis par le biais d’expĂ©ditions militaires infructueuses lancĂ©es sporadiquement au cours du Xe siĂšcle. L’arrivĂ©e de l’Islam s’est faite non pas par l’arrivĂ©e de missionnaires, mais par le biais du commerce entre les deux continents. La seconde vague de contacts avec l’Islam se fit au travers des expĂ©ditions militaires au cours du Xe siĂšcle, oĂč d’ambitieux conquĂ©rants tentĂšrent de se tailler une place dans le Nazum afin d’agrandir leurs possessions. Ils apportĂšrent avec eux les prĂ©dicateurs et les ouvrages de rĂ©fĂ©rence qui servirent Ă  consolider leur ancrage dans la rĂ©gion, mais face Ă  la rĂ©sistance des populations locales, ne purent implanter durablement l’Islam sans passer par des conversions forcĂ©es – et donc peu fiables dans le temps.

Pourtant, malgrĂ© une position ambivalente dans la rĂ©gion, l’Islam constitua une religion connue des Jashuriens dĂšs le IXe siĂšcle et prĂ©sente dans le paysage, essentiellement cĂŽtier des diffĂ©rents royaumes, sous la forme de quartiers isolĂ©s, gĂ©nĂ©ralement pourvus d’une mosquĂ©e. Les AfarĂ©ens musulmans ainsi que les NazumĂ©ens du nord qui s’installĂšrent dans la rĂ©gion se retrouvĂšrent principalement sur la cĂŽte ouest de la pĂ©ninsule sud-est du Nazum, et les enseignements musulmans se diffusĂšrent lentement par ce biais. Si l’Islam sunnite ou chiite ne perça pas dans les milieux hindouistes et bouddhistes, c’est le Soufisme qui eut le plus de retombĂ©es au sein du Jashuria. Les communautĂ©s soufies, sĂ©dimentĂ©es autour des figures spirituelles, s’accordĂšrent bien dans leur philosophie avec l’Hindouisme et le Bouddhisme, jusqu’à former une religion intĂ©grĂ©e dans la sociĂ©tĂ© jashurienne. Les ZaouĂŻas – Ă©difices communautaires soufis – devinrent rapidement des centres d’éducation pour les plus dĂ©munis hors de la communautĂ© et s’acclimatĂšrent Ă  la sociĂ©tĂ© jashurienne de l’époque pour y apporter leur regard particulier sur le monde, tout en absorbant une partie de la cosmogonie hindouisme et des rites bouddhistes.

Mais si les ZaouĂŻas actuelles tĂ©moignent de la parfaite intĂ©gration du Soufisme dans la sociĂ©tĂ© jashurienne, l’un des marqueurs les plus importants de cette hybridation culturelle et cultuelle est le port du voile chez les femmes. Contrairement aux sociĂ©tĂ©s afarĂ©ennes, oĂč le voile est considĂ©rĂ© comme un marqueur religieux fort, souvent imposĂ© aux femmes par les imams, jusqu’à devenir un marqueur d’oppression ; le port du voile au Jashuria n’est pas considĂ©rĂ© comme un vecteur d’obscurantisme, mais s’est vu progressivement sĂ©cularisĂ© jusqu’à devenir un accessoire de mode comme un autre. Cette sĂ©cularisation progressive du voile s’est faite dans un contexte inĂ©dit. Le voile, en tant que tenue vestimentaire, est connu au Jashuria depuis l’AntiquitĂ©, oĂč les larges bandes de tissus colorĂ©s viennent orner les cheveux des femmes dans des formes simples ou complexes, pour les occasions festives essentiellement. Que ces tissus soient fins, Ă©pais, colorĂ©s ou non, ils sont utilisĂ©s depuis des siĂšcles par les Jashuriennes comme Ă©lĂ©ment vestimentaire. Ainsi, l’arrivĂ©e de l’Islam sunnite et chiite dans l’espace jashurien crĂ©a une situation assez surprenante oĂč les musulmans les plus conservateurs se retrouvĂšrent aux prises avec les Hindouistes et les Bouddhistes, qui ne voyaient pas dans le voile le moindre argument ou impĂ©ratif religieux. L’Islam Ă©tant minoritaire dans la rĂ©gion, et les Sunnites et Chiites rapidement remplacĂ©s par les Soufis, les plus conservateurs durent faire des compromis pour pouvoir coexister avec les Jashuriens.

La confrontation entre le conservatisme musulman et la sociĂ©tĂ© jashurienne se sĂ©dimenta principalement autour des femmes. Ces derniĂšres, Ă©gales des hommes dans la sociĂ©tĂ© jashurienne, prirent les choses en main et refusĂšrent les injonctions religieuses des prĂ©dicateurs Ă©trangers, jusqu’à les dĂ©courager et les tourner en ridicule. Leur refus de se soumettre aux imams culmina avec un Ă©vĂšnement inĂ©dit dans l’histoire de l’islam nazumĂ©en : l’éviction des imams et la promotion de femmes imams. L’ordination de femmes imams – ou imames – fut durant longtemps refusĂ©e par les Sunnites et les Chiites, mais la transformation interne de l’Islam jashurien sous la pression de la sociĂ©tĂ© jashurienne fit que la pratique se gĂ©nĂ©ralisa chez les Soufis. Les Sunnites et les Chiites furent progressivement marginalisĂ©s par les communautĂ©s religieuses soufies, qui parvinrent Ă  intĂ©grer les codes de la sociĂ©tĂ© jashurienne Ă  leur religion – notamment le principe de l’égalitĂ© hommes-femmes 
 mais pas l’égalitĂ© entre castes, Moyen-Âge oblige -. La marginalisation des imams chiites et sunnites laissa un certain vide dans les communautĂ©s religieuses locales, et ce sont les communautĂ©s soufies, bien mieux intĂ©grĂ©es dans le tissu local, qui prit lentement le contrĂŽle du destin religieux de l’Islam dans la rĂ©gion. Petit Ă  petit, les imames remplacĂšrent leurs homologues masculins et purent apporter dans l’Islam local les particularitĂ©s de la sociĂ©tĂ© jashurienne, notamment dans l’application des lois religieuses, originellement bien moins favorables aux femmes. Parmi ces concessions – peu courantes dans l’Islam – l’ordination des imames est probablement l’une des plus grandes avancĂ©es ; ainsi que la sĂ©cularisation du voile, qui ne fut plus considĂ©rĂ© comme une obligation religieuse ; et la rĂ©vision des lois islamiques via une hermĂ©neutique des textes, adaptĂ©es au contexte jashurien.

Bien entendu, l’évolution du Soufisme au prisme de la sociĂ©tĂ© jashurienne mĂ©diĂ©vale ne fut pas sans susciter bien des dĂ©sapprobations de la part des autres Ă©coles islamiques. Le Soufisme jashurien fut considĂ©rĂ© pendant des siĂšcles comme une hĂ©rĂ©sie aussi indigne que le Chrisianisme ou le JudaĂŻsme par les plus belliqueux et conservateurs des musulmans. Dans cette vague de condamnations successives, seul l’Althalj conserva une attitude bienveillante Ă  l’égard de ces imames « illicites » et des Ă©volutions des communautĂ©s religieuses locales. Cette attitude conciliante permit aux musulmans jashuriens de bĂ©nĂ©ficier d’un rare appui parmi les plus grands tenants de l’Islam afarĂ©ens, leur Ă©vitant les foudres des autres Sunnites et Chiites. Petit Ă  petit, le Soufisme jashurien fut considĂ©rĂ© comme la seule Ă©cole islamique ayant une position durable dans la rĂ©gion et le seul ayant accĂšs Ă  un nombre suffisant de fidĂšles pour pouvoir se perpĂ©tuer.

Sous l’influence de l’Hindouisme et du Bouddhisme, le Soufisme jashurien est devenu Ă©tranger Ă  l’influence du Sunnisme et du Chiisme, crĂ©ant ses propres codes liturgiques et utilisant ses propres rites, diffĂ©rents de ceux des autres Ă©coles de l’Islam. Evoluant Ă  l’écart des autres cultes de l’Islam, mis Ă  part ses contacts rĂ©guliers avec les Qaris, le Soufisme jashurien est entrĂ© dans le XXIe siĂšcle avec des questions particuliĂšrement pressantes et notamment la crĂ©ation d’une Ă©cole de l’Islam officiellement reconnue par les autres Ă©coles. Bien que le Soufisme jashurien ne fasse plus partie des hĂ©rĂ©sies aux yeux des autres musulmans, son isolement gĂ©nĂ©ral du reste de l’Islam fait qu’il est aujourd’hui en manque d’une reconnaissance officielle. Une reconnaissance officielle du Soufisme jashurien auprĂšs de la communautĂ© internationale des croyants rĂ©soudrait une grande partie de ses problĂšmes actuels, notamment son intĂ©gration pleine et entiĂšre dans la communautĂ© des fidĂšles (et une reconnaissance officielle de ses lieux de culte). Outre cette question de lĂ©gitimitĂ©, la reconnaissance de l’ordination des imames est un sujet saillant pour les Soufis de la rĂ©gion, car leur clergĂ© est composĂ© pour plus de trois-quarts d’imames dont la formation est assurĂ©e non pas dans les grands centres religieux originels de l’AfarĂ©e, mais dans les lieux de cultes jashuriens et ceux du dĂ©sert de l’Althalj, ce qui pose de sĂ©rieux soucis pour le clergĂ© soufi, Ă  la recherche de conseils spirituels de leurs pairs.

Le Soufisme au XXIe siĂšcle se retrouve dans une situation inĂ©dite. Si sa lĂ©gitimitĂ© est reconnue Ă  l’internationale, il pourra alors former une Ă©cole de pensĂ©e officielle capable d’offrir une nouvelle voie Ă  l’Islam, plus en phase avec la modernitĂ© offerte par les sociĂ©tĂ©s nazumĂ©ennes du sud. Plus Ă©galitaire que les courants de l’Islam traditionnel, ses positions vis-Ă -vis des femmes ne font cependant pas consensus auprĂšs des imams les plus conservateurs, ce qui risque de freiner sa rĂ©intĂ©gration dans la communautĂ© des fidĂšles.

Qu’est-ce qu’ĂȘtre Soufi : dĂ©finition historique

L’étymologie du mot Soufi viendrait de souf (la laine). Le Soufi serait donc le musulman vĂȘtu de laine, qui aspire Ă  l’humilitĂ©. Il correspond aujourd’hui Ă  un double mouvement spirituel : le besoin de Dieu et le besoin de communion avec les autres. Le Soufi est donc celui qui « cherche Dieu » mais qui, par la communion avec ses semblables, cherche Dieu Ă  plusieurs. Le Soufisme se base d’abord sur la recherche de la hakika (la RĂ©alitĂ© ultime) qui est Dieu. S’il concĂšde Ă  la charia la primautĂ©, il ajoute Ă  la lĂ©gislation islamique l’exploration d’une voie mystique visant une union avec Dieu, la tarika. Le Soufisme est donc plus que le simple respect des lois du Divin, mais une recherche active de communion et de comprĂ©hension du Divin. Pour cela, les grands thĂ©oriciens du Soufisme, notamment Jashurien, recommandent la purification des dĂ©sirs par la mĂ©ditation, la rĂ©flexion et l’examen de conscience rĂ©gulier. S’ajoutent Ă  cela des pratiques complĂ©mentaires nommĂ©es fana (AnĂ©antissement) qui visent, par la lecture du Coran, la priĂšre, les pĂšlerinages et les recueillements Ă  rapprocher du Divin.
Les Maßtres : une appréhension diverse du concept

Pour suivre la voie mystique de l’union avec Dieu, les Soufis suivent les enseignements des guides, les Mourchids (« ceux qui orientent »). Les Mourchids sont gĂ©nĂ©ralement des descendants autoproclamĂ©s des compagnons du ProphĂšte, ou des disciples reconnus desdits companons (les Mouridins). Les Jashuriens ont trĂšs tĂŽt rejetĂ© l’autoritĂ© des Mourchids, prĂ©fĂ©rant une approche plus horizontale de la religion et du rapport au divin. S’il existe aujourd’hui dans leur historiographie de grands penseurs, la vĂ©nĂ©ration des MaĂźtres que l’on trouve dans le Soufisme classique est largement bannie des dĂ©bats, le pays ayant eu son lot de Gourous Ă  Ă©vincer. S’il existe toujours des OulĂ©mas, qui veillent au respect des rĂšgles, ces derniers ne disposent pas de la dĂ©fĂ©rence et des pouvoirs qui Ă©taient attribuĂ©s aux Mourchids du dĂ©but de l’Islam jashurien. Ceci a créé les conditions d’un Islam soufi plus horizontal et moins empĂȘtrĂ© dans les dĂ©votions rendues Ă  la figure influence du « MaĂźtre ».

Les Soufis dĂ©finissent deux grandes catĂ©gories d’étapes qui doivent marquer la rencontre entre l’homme et le Divin. On distingue la station (makam) et l’état (hal). La station constitue le palier d’accomplissement, obtenu par l’effort du mystique tandis que l’état reprĂ©sente les paliers de la grĂące que fait connaĂźtre Dieu Ă  son mystique. Les thĂ©oriciens du Soufisme sont divisĂ©s sur les Ă©tapes des stations et des Ă©tats, et ces divergences ont animĂ© pendant des siĂšcles les dĂ©bats entre les thĂ©oriciens du Soufisme, tant et si bien que certains vont jusqu’à parler d’une quarantaine de stations et d’états. Les stations qui reviennent le plus souvent sont la conversion, l’abstinence, le renoncement, la pauvretĂ©, la patience, la confiance, 
 Pour les Ă©tats, les plus courants sont la mĂ©ditation, l’amour, la crainte, l’espĂ©rance, l’intimitĂ©, la contemplation, 
 Ce n’est qu’au bout de ce cheminement que se trouve l’état de communion idĂ©al : l’extase.

Les Soufis du Jashuria se rĂ©fĂšrent gĂ©nĂ©ralement aux enseignements de maĂźtres disparus, ayant Ă©mergĂ© avant l’arrivĂ©e des Soufis dans le pays, prĂšs d’un siĂšcle avant leur arrivĂ©e. Les « premiers » Soufis qui foulĂšrent la Jashurie Ă©taient engagĂ©s dans une vie spirituelle exigeante qui leur avait valu de s’exiler de leur AfarĂ©e natale. Ces maĂźtres prĂȘchaient l’idĂ©e que toute la CrĂ©ation et l’homme en particulier, possĂšde l’essence divine, ce qui, dans certains canons de l’Islam, Ă©tait considĂ©rĂ© avec suspicion. L’amour de la vĂ©ritĂ© et de la communion avec Dieu fut au cƓur du projet de ces maĂźtres soufis Ă©chappant aux discriminations et aux vexations en AfarĂ©e. Elle se mĂ©langea Ă©trangement avec la recherche scientifique, la volontĂ© de communion des Soufis entrant en correspondance avec la curiositĂ© naturelle des hommes et la recherche de la « bonne mĂ©thode » pour atteindre la vĂ©ritĂ© de la CrĂ©ation. ArrivĂ©s sur une terre accueillante, les Soufis qui deviendraient plus tard les maĂźtres Ă  penser des Soufis jashuriens s’accordĂšrent sur le fait que le « dĂ©sir de communier avec le Divin » s’accommodait particuliĂšrement bien avec la curiositĂ© scientifique et la volontĂ© de dĂ©coder la CrĂ©ation. Ces Soufis fondĂšrent une Ă©cole originale, qui loin de rĂ©pudier l’approche scientifique, la fit entrer dans le canon auprĂšs du corpus des mĂ©ditations et des priĂšres. La mystique soufie fut cependant aux prises directes avec les sectes bouddhistes du Jashuria et en retira un attrait particulier pour le dĂ©tachement et pour l’ascĂšse, bien plus que ses cousins afarĂ©ens, contribuant Ă  faire des Soufis des sages Ă©pris de connaissances, mais humbles dans leurs possessions matĂ©rielles.

Les maĂźtres du Soufisme jashurien laissĂšrent Ă  la postĂ©ritĂ© de nombreux ouvrages, qui perdurent encore aujourd’hui et sont prĂ©cieusement conservĂ©s dans les bibliothĂšques des temples. Leur plus grand apport, outre l’astronomie, fut la poĂ©sie, dont nous possĂ©dons encore aujorud’hui la plupart des recueils. Ces mystiques entreprirent aussi de commenter et d’interprĂ©ter la Parole du Coran au travers des nouvelles conditions de leur vie en Jashurie et s’ouvrirent aux autres religions, ce qui contribua grandement Ă  la mĂ©fiance des Sunnites et des Chiites envers leur liturgie et leurs considĂ©rations thĂ©ologiques.

Les confréries au sein du Soufisme

Les confrĂ©ries soufies, ou tourouk (au singulier tarika, sont caractĂ©ristiques de cette pensĂ©e religieuse. InstallĂ©es dans des centres d’enseignement, ces confrĂ©ries prennent souvent naissance non loin du tombeau du fondateur de la tarika, ou encore d’un homme pieu qui en a inspirĂ© l’enseignement et auprĂšs duquel reposent ses disciples. Ces confrĂ©ries, gĂ©ographiquement situĂ©es, se sont trĂšs vite affiliĂ©es Ă  des observatoires et Ă  des centres de recherche, trĂšs prisĂ©s en Jashurie, tant et si bien que les tourouk sont devenues des lieux de savoir. Ce phĂ©nomĂšne fut Ă  l’origine du maintien du Soufisme dans la Jashurie et de sa transformation progressive au cours des siĂšcles. En effet, si dans d’autres pays le Soufisme est associĂ© Ă  une mystique quasi-magique, qui lui vaut l’opprobre des autres Ă©coles de l’Islam, le Soufisme jashurien est surtout imprĂ©gnĂ© d’une dĂ©marche Ă  la fois spirituelle et scientifique propre Ă  la structure particuliĂšre de la sociĂ©tĂ© jashurienne. Cette situation a fait que le Soufisme jashurien, loin de se confiner dans une mystique religieuse pilotĂ©e par des marabouts, s’est ouvert et a façonnĂ© des gĂ©nĂ©rations d’érudits, qui vinrent concurrencer les savants locaux.

LĂ  oĂč l’Islam sunnite se fourvoya en essayant de convertir les Jashuriens par la force – et Ă©choua - , les Soufis s’inscrirent dans la sociĂ©tĂ© jashurienne en essayant non pas de la subvertir, mais de vivre avec elle. Cette approche se rĂ©vĂ©la gagnante car pendant des siĂšcles, les confrĂ©ries se maintinrent et prospĂ©rĂšrent. Elles devinrent des outils politiques importants, les seigneurs du Jashuria prenant souvent pour conseillers des savants soufis afin de contrebalancer le pouvoir des Hindouistes et des Bouddhistes. Leur modĂ©ration et leur approche parvinrent Ă  crĂ©er une image de sagesse.

Les Soufis du Jashuria sont particuliers par rapport au Sunnisme afarĂ©en dans la mesure oĂč ils disposent un clergĂ© constituĂ© en grande partie de femmes et que ce clergĂ© est instituĂ© et dispose de ses propres organes de formation. Les Tariqas du Jashuria en rĂ©pondent Ă  une organisation nommĂ©e les Tariqas UnifiĂ©es du Jashuria, une institution de droit privĂ© qui cherche Ă  organiser la formation des reprĂ©sentants du clergĂ© et Ă  centraliser les problĂ©matiques afin de pouvoir peser dans la communautĂ© des croyants au Nazum et dans une moindre mesure, dans le monde. L’organisation des Tariqas UnifiĂ©es s’est imposĂ©e comme une structure capable d’organiser l’Islam de Jashurie. Elle centralise une grande partie des rĂ©flexions, des dĂ©cisions, mais surtout, supervise la formation des imams et des reprĂ©sentants religieux de la communautĂ© musulmane jashurienne.

6707
Le VĂ©disme : ancĂȘtre de l’Hindouisme


Lorsque les Jashis arrivĂšrent pour la premiĂšre fois sur les terres de ce qui deviendrait le Jashuria, ceux-ci emmenĂšrent leurs dieux avec eux, sous la forme d’une dĂ©esse-mĂšre et d’un dieu de la fertilitĂ©. La religion des Jashis au sortir des trĂ©fonds de l’AntiquitĂ© reste peu connue, en l’absence de textes retrouvĂ©s, mais c’est vers le second millĂ©naire avant notre Ăšre que les premiĂšres traces Ă©crites nous donnent Ă  comprendre l’évolution de la religion au sein de la sociĂ©tĂ© jashi. Ces premiĂšres traces Ă©crites sont condensĂ©es dans ce que les historiens ont nommĂ© le Rig Veda « le savoir mis en strophes ». Probablement conçu au second millĂ©naire avant notre Ăšre, il s’agit d’un recueil de 1028 hymnes sacrificiels recitĂ©s par les brahmanes durant les offices sacrĂ©s, pour honorer les dieux. Le Rig Veda, pilier fondamental de cette religion nommĂ©e le VĂ©disme, est accompagnĂ© de trois autres ouvrages : le Sama Veda, le Yajur Veda et l’Atharva Deva, tous postĂ©rieurs Ă  la crĂ©ation du Rig Veda, mais faisant partie du canon. A ces quatre textes du canon s’ajoutĂšrent deux autres ouvrages importants : les Brahmana et les Upanishad. Ces textes exĂ©gĂ©tiques visent Ă  Ă©claircir le sens des Vedas et Ă  interprĂ©ter le sens de rituels qui, au fil des gĂ©nĂ©rations, sont devenus obscurs. Les Brahmana et les Upanishad font partis des premiers textes de l’humanitĂ© qui commentent abondamment les textes religieux hĂ©ritĂ©s des gĂ©nĂ©rations prĂ©cĂ©dentes pour en rĂ©vĂ©ler le sens. Beaucoup plus rĂ©cents que les Vedas d’au moins un demi-millĂ©naire, ces textes, Ă  la fois commentaires religieux et remise en forme de certains rituels, constituent un des piliers de la tradition vĂ©dique. Cette tradition constitue aujourd’hui, le premier Ă©tat des lieux concret et certifiĂ© de la religion des Jashis au second millĂ©naire avant notre Ăšre, une sorte de proto-hindouisme que les Jashuriens nomment aujourd’hui le VĂ©disme. Par comparaison, on peut dire, sans trop s’avancer, que le VĂ©disme est Ă  l’Hindouisme ce que le JudaĂŻsme est Ă  la religion chrĂ©tienne.

Au sein du VĂ©disme, les divinitĂ©s viennent du ciel. Chose Ă©tonnante par rapport Ă  d’autres religions polythĂ©istes de l’humanitĂ©, la grande prĂ©sence des divinitĂ©s fĂ©minines dans les Ă©crits et les poĂšmes. On peut citer par exemple Prithvi, reprĂ©sentation de la Terre ; Aditi, la mĂšre des dieux ; Ushas, la dĂ©esse de l’aurore ; Ratri, dĂ©esse de la nuit ; Aranayani, dame de la forĂȘt ; 
 On peut noter cependant la similitude de certaines divinitĂ©s avec les cultes polythĂ©istes du sud et du sud-est de l’Eurysie. La principale hypothĂšse reste que des transferts religieux se sont faits entre la rĂ©gion de l’Indor, d’oĂč sont issus les Jashis et les contrĂ©es comme celles de l’ancien Empire de RhĂȘme ; ce qui tend Ă  appuyer l’idĂ©e que les religions de ces contrĂ©es dĂ©coulent des mĂȘmes mythes et croyances propagĂ©es d’un continent Ă  l’autre (pour rappel, le dĂ©troit de la Mer BlĂȘme Ă©tait autrefois beaucoup moins profond qu’aujourd’hui et pouvait ĂȘtre traversĂ© avec de petits esquifs). On pourra noter, par exemple, la similaritĂ© entre Indra, l’ancien dieu vĂ©dique de la guerre chevauchant le tonnerre, et Zeus, le dieu de la foudre eurysien.

Le Rig Veda est le rĂ©sultat de ce syncrĂ©tisme entre les croyances issues du fin fond de l’Indor originelle des Jashis et des mythes issus des anciennes peuplades qui Ă©voluaient entre l’est de l’Eurysie et le Nord-Ouest du Nazum. Chaque divinitĂ© y avait visiblement ses propres prĂȘtres et fidĂšles et le Rig Veda apparait comme le rĂ©sultat de cette compilation ordonnĂ©e de mythes, reliĂ©s par une cohĂ©rence interne. Il est intĂ©ressant de constater que dans les derniers poĂšmes du Rig Veda, les diffĂ©rentes divinitĂ©s tendent Ă  ĂȘtre mises Ă  Ă©galitĂ©, ce qui a pendant longtemps dĂ©concertĂ©s les exĂ©gĂštes et les historiens, Ă  la recherche d’une divinitĂ© qui dominerait les autres. Force est de constater que les dĂ©bats n’ont pas encore trouvĂ© de conclusion satisfaisante.

Le culte vĂ©dique tel qu’il s’est dĂ©ployĂ© de l’Indor originelle des Jashis jusqu’au Jashuria antique est avant tout une pratique sacrificielle. Le culte du feu domestique existait dans de nombreuses communautĂ©s et est attestĂ© dans plusieurs civilisations prĂ©-antiques, oĂč de petits sacrifices sont accomplis dans les autels familiaux pour plaire aux dieux. Toutefois, si la pratique sacrificielle est connue et attestĂ©e par les traces archĂ©ologiques, la formalisation des rituels est de loin postĂ©rieure au VĂ©disme et lĂ  encore, on ne parle dans les Ă©crits religieux que des grands sacrifices, ceux des notables offrant un cadeau important Ă  la communautĂ© religieuse, selon des rituels particuliĂšrement codifiĂ©s et exceptionnels.

Le but du sacrifice est bel et bien de faire plaisir aux dieux afin de s’en attirer les faveurs. A la faveur du sacrifice, les dieux Ă©taient rĂ©putĂ©s descendre sur Terre et partager les offrandes avec les hommes, avant de leur accorder leurs bĂ©nĂ©dictions (prouesse martiale, bonne rĂ©colte, chance, 
). Contrairement Ă  d’autres religions, le VĂ©disme dĂ©peint des dieux fonctionnant selon un Ă©change de bons procĂ©dĂ©s avec les humains : la qualitĂ© du sacrifice amĂšne la qualitĂ© de la bĂ©nĂ©diction et mĂȘme s’il existait des divinitĂ©s rĂ©tives et malfaisantes, le standard Ă©tait celui de l’échange de bons procĂ©dĂ©s entre les humains et les dieux. Ces derniers Ă©tant de nature plutĂŽt affable, ils Ă©taient rĂ©putĂ©s pour ĂȘtre dignes de confiance, pour peu qu’on leur dĂ©montrĂąt le respect du. Il n’y a pas, dans le Rig Veda et les Ă©crits postĂ©rieurs, de notion de culpabilitĂ© ou de repentir. Fait Ă©tonnant, il n’y a pas dans le Rig Veda, de CrĂ©ateur clairement identifiĂ©. En revanche, la notion de sacrifice y est centrale.

Les textes postĂ©rieurs du Rig Veda, notamment les Upanishad, mettent en avant un principe fondamental qui imprĂšgnera l’Hindouisme : la recherche du salut par la connaissance et l’accomplissement personnel. Le bien et le mal y sont des notions relatives, qui vont se confondre dans Brahman, essence unique de l’univers. Pour celui qui cherche la connaissance, le bien est ce qui conduit au Brahman et le mal, ce qui l’en Ă©loigne. Ainsi, les dĂ©sirs Ă©goĂŻstes sont considĂ©rĂ©s comme des obstacles Ă  une vie bonne et Ă  la rĂ©alisation de son salut. Pourtant, contrairement Ă  d’autres religions, il n’est pas nĂ©cessaire de mener une vie ascĂ©tique pour mener une vie bonne et atteindre le salut de son Ăąme.

La religion vĂ©dique est la forme la plus ancienne de la religion qui a Ă©tĂ© pratiquĂ©e dans le monde jashurien. Elle Ă©tait marquĂ©e par une forte inclination vers le rituel vĂ©dique et une dĂ©votion Ă  une panoplie de dieux naturels, Ă©manation de principes physiques, gĂ©ographiques, comme le feu, la foudre, l’ocĂ©an, ... Le brahmanisme, qui a dĂ©coulĂ© du vĂ©disme, a commencĂ© Ă  mettre en place un cadre plus structurĂ©, avec des sacrifices Ă©laborĂ©s effectuĂ©s par des prĂȘtres brahmanes. Les brahmanes, grĂące Ă  leur maĂźtrise des textes sacrĂ©s et des rituels complexes, ont acquis une position privilĂ©giĂ©e dans la sociĂ©tĂ©, en tant que prĂȘtres et rapporteurs de la parole vĂ©dique. Cette stratification sociale a eu un impact profond sur le tissu social, notamment la structuration de la sociĂ©tĂ© sous la forme des 9 castes.

Avec le temps, le brahmanisme a Ă©voluĂ© vers ce que nous connaissons aujourd'hui sous le nom d'hindouisme. Cette transformation a vu l'intĂ©gration de philosophies et de divinitĂ©s qui n'Ă©taient pas prĂ©sentes dans les textes vĂ©diques, telles que Vishnu et Shiva, devenus des pierres angulaires de l'hindouisme. Le VĂ©disme aujourd’hui n’est plus pratiquĂ©, contrairement au JudaĂŻsme, qui s’est maintenu dans le temps, face Ă  ses successeurs putatifs comme le Catholicisme et l’Islam. Le VĂ©disme a donnĂ© naissance Ă  de nombreuses religions et sectes au Jashuria et dans la rĂ©gion de l’ancienne Indor et AryĂšdie : le JaĂŻnisme en dĂ©coule, de mĂȘme que l’Hindouisme et le Bouddhisme, ou encore le Brahmanisme, Ă  l’articulation entre le VĂ©disme et l’Hindouisme.

Haut de page