Posté le : 12 mai 2023 à 01:22:01
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Note interne de Commissariat à la Paix
Concernant la République Populaire de Chérchérie.
L’effondrement des systèmes eurycommunistes sous les coups de l’ONC et le poids de leurs propres contradiction est désormais un phénomène certain, dont l’ampleur comme la durée dans le temps peuvent être sujets à débat mais ouvrent, dans le spectre établi de leur définition actuelle, d’importantes opportunités pour une action rapide et décisive de la Garde Communale.
Nous considérerons la situation à partir des observations menées en Mährenie, en Chérchérie et au Mokhaï. Des territoires de petite taille, ayant obtenu leur indépendance d’un régime plus important et tombant aussitôt dans une situation de crise politique, sociale et de totale négligeabilité géopolitique. Ces poussières d’empire, ou de nation, ne représentent pas, en tant que telles, des cibles stratégiques. Mais elles représentent des points de tension potentiellement important du fait même de leur nature de terre franche où peuvent se déployer d’une part l’ensemble des ambitions régionales et internationales, de l’autre des formes d’instabilités localisés propres aux luttes d’influence post-coloniales menées par des moyens souffrant de verticalité. Faute d’horizontalité dans les structures décisionnaires des mouvements indépendantistes, ces indépendances amènent systématiquement à la formation de système de gouvernance basés sur un usage massif de la force, nominalement au nom d’un État central fort représentant le cœur dominant du mouvement politique, mais fonctionnant, comme on le sait par observation empirique, comme un puzzle d’État dans l’État, genre de néo-féodalité militarisée propice aux luttes d’influence, guérillas et, plus généralement, à un risque généralisé d’effondrement pouvant durablement empoisonner une région donnée. La création de ces régimes amène généralement à une situation à la Pontarbeloise, où le principal effort du régime en place sera de pérenniser son existence en se trouvant un protecteur étranger capable d’assurer la stabilité de la structure militaire – politique contre un certain nombre d’avantages. Ces points mutent dès-lors pour devenir non-plus des points de tension, mais des proxys étrangers. Le principal problème de cette démarche étant qu’elle usurpe pour de bon toute potentialité d’avenir à la population régionale, qui voit son pouvoir usurpé par un format néo-colonial d’autorité que l’on commence à bien connaître.
L’avantage indéniable que représentent les systèmes eurycommunistes (ou trop réactionnaires pour les standards de l’ONC, seul ensemble géopolitique capable de réellement empêcher nos potentiels efforts en la matière), c’est qu’ils sont généralement issus d’une usurpation d’un réel désir de socialisme de la population, ce qui rend le terrain propice à une purification systématique du système politique, et que les méthodes diplomatiques eurycommunistes servent principalement à défendre des postures de politiques internes se nourrissant de force et d’opposition. L’obsession sécuritaire et agressive de ces régimes peut donner lieu à des situations catastrophiques pour la population locale, mais participant surtout à isoler ces États en les rendant définitivement intouchables. Si l’Intervention en Mährenie a pu se faire en profitant du chaos de la guerre civile, cette au Mokhaï s’est construite lentement mais sûrement à l’aide de supports régionaux, et à amener à une situation somme toute assez similaire, soit l’étape désormais pleinement perfectionnée de "Construction communale".
La question est désormais de savoir dans quelles mesures pourrait-on et devrait-on établir une logique similaire en Chérchérie.
La République Populaire de Chérchérie est un régime eurycommuniste pleinement caractérisé. Dirigé par le dictateur Lénisk, sa politique est construite autour d’une obsession sécuritaire ethnique forçant la comparaison avec certaines branches de fascismes eurysien. Son économie est médiocre, y compris en rapport à la taille de lu territoire, on considère ainsi que le pays souffrirait d’une quasi absence de secteur tertiaire, de très nombreux retards et dysfonctionnements de son modèle de planification économique et d’une forte tendance à gaspiller les rares bénéfices (notamment liés à l’agriculture) dans des projets tels que l’ubuesque ville-nouvelle de Léniskgrad. Pour l’heure il faut moins considérer la Chérchérie comme un pays que comme un camp de prisonnier à ciel ouvert, ou peut-être un État mafieux dans le sens le plus strict du terme : sa caste dirigeante vise moins à gouverner la région qu’à perpétuellement la piller. La question est donc moins de savoir pourquoi mener une opération dans la région que les biais par laquelle cette opération pourrait amener à une évolution régionale positive, et les risques que cette opération pourrait rencontrer.
Selon les informations à notre disposition il semblerait qu’il existe une forme de résistance au sein même de la Chérchérie. Si celle-là est principalement composée de cadres du système, sans doute conscients des limites inhérentes aux méthodes de l’actuel dictateur, et qu’il ne s’agit pas conséquent pas d’une base suffisamment révolutionnaire pour amener à elle seule à l’apparition d’une démocratie réelle dans la région, elle offre un levier utile clairement exploitable dans le cadre d’une transition plus douce. Ces hommes et femmes, prêts à collaborer, soient corvéables à merci du fait des crimes commis durant l’administration Lénisk, et représentent du reste moins des idéologues convaincus qu’une forme peut-être lâche, ou pragmatique, d’humanité. En bref la révolution armée visant à chasser le régime doit se faire dans le même temps qu’une opération sur un format Mokhaï, assurant la victoire sur les cœurs et les esprits. Ce point peut être facilement obtenu en accaparant les moyens mis en place par l’État, dans une logique marxiste d’exploitation des outils ennemis. La centralisation totale du pouvoir permets une décentralisation graduelle accompagnée d’un mécanisme d’accompagnement et d’apprentissage rapide. Du reste la situation humanitaire gravissime requiert une réorganisation totale de l’économie, sur des bases sociales pouvant rapidement obtenir un important soutien populaire du fait des besoins évidents des cherchers, et permettre du reste la construction en partant de zéro d’une économie sur un modèle coopératif et participatif. La présence de la Mährenie voisine représente un important atout dans cette opération, permettant de rapidement organiser des efforts d’aides, d’assistance et de régence. Dans les faits nous devons impérativement considérer que la situation de Chérchérie ne peut qu’amener à une crise totale et absolue. Nos efforts doivent pas conséquent se construise en incluant cette certitude et en s’orientant avant tout sur un modèle humanitaire. C’est dans cette même logique que l’armée nationale de Chérchérie doit moins être comprise comme la force sécuritaire d’un pouvoir politique que comme celle d’un régime d’occupation : ici comme dans tous les autres cas de figure, il faut considérer la tyrannie comme une occupation d’un territoire par une force lui étant étrangère. Le retour de la terre à ceux qui y habitent et y travail est un acte de résistance que la population sera tout à fait capable d’accepter comme telle, pour la simple et bonne raison que nos postulats sont aisément démontrables dans un contexte de grande incertitude et de crise du pouvoir.
Les principaux risques qui pourraient menacer une telle opération, maintenant, et dans le cadre très spécifique de la Chérchérie, serait celui d’une intervention Loduarienne, sur un modèle type Mokhaï. En théorie nous aimerions croire que la Loduarie est capable d’apprendre de ses erreurs. Une étude approfondie de la question semble témoigner du contraire : le gouvernement de Lyonnars semble culturellement incapable de tirer le moindre enseignement de ses erreurs politiques et stratégiques. C’est ce qui fait de la Loduarie, paradoxalement, un ennemi dangereux pour l’Union : une Loduarie apprenant de ses erreurs aurait depuis longtemps retranchée ses efforts en vue d’assurer en premier lieu la survie de son régime. L’obsession internationaliste des loduariens signifie cependant qu’ils font de la défense du modèle eurycommuniste la principale raison d’être de leur régime, et que d’une défaite à l’autre, leur volonté d’intervention ne laisse pas place à de la lassitude, ou même à un simple retrait stratégique, mais bel et bien à un fanatisme dont la nature inquiétante apparaît d’autant plus clairement que les timides éléments démocratiques du régime ont été étouffés, potentiellement pour de bon, au profit de la guerre contre le Kronos.
En d’autres termes il nous faut considérer que l’Expérience du Mokhaï n’aura pas vacciné Lyonnars contre une action précipitée en cas de crise du pouvoir chercher, et que notre aide répétée à ce régime ne l’empêchera pas de directement s’opposer à nos objectifs. En termes simples, la Loduarie se fantasme grande puissance et refuse de comprendre que son rôle géostratégique est de suivre l’Union, et non de s’y opposer. C’est une politique d’autant plus regrettable et coûteuse qu’elle nous oblige à couvrir un front dont la Loduarie aurait pu s’occuper si ses dirigeants n’entretenaient pas l’illusion de pouvoir tenir plus d’un lieu à la fois.
Concernant les capacités opérationnelles Loduariennes, maintenant, nous disposons d’informations lacunaires basées sur les achats d’équipement du régime et les précédentes confrontations. Il nous semble que cette année 2010 aura été celle de grandes pertes matérielles et de personnelles. La capacité offensive loduarienne est probablement très affaiblie après les précédents théâtres, et il est possible que le régime décide ou d’entamer une opération de contre-offensive nécessitant l’usage d’autant de troupes et de matériel que possible, ou de fortifier son territoire en préparation d’une attaque ennemie. Par conséquent nous pouvons estimer que l’éventuelle force loduarienne en Chérchérie serait une force composée d’un petit nombre de troupes, probablement rassemblés autour d’un ou deux détachements d’élite, et employant majoritairement de l’équipement de basse qualité. La Loduarie doit avoir conscience qu’elle n’a pas intérêt à provoquer une escalade des moyens kah-tanais déplacés dans la région, sous peine de devoir à son tour mobiliser toutes ces forces et abandonner un certain nombre de posture. Selon nous, le risque est plutôt celui d’une stratégie de blocage visant à provoquer une guerre symétrique de petite intensité pouvant suffire à retarder nos opérations ou à ruiner le pays, du moins plus qu’il ne l’est déjà. Si nous considérons l’armée Loduarienne proprement incapable de gagner un conflit de basse ou grande intensité contre l’Union, la question est de savoir combien de matériel nous souhaitons sacrifier contre la Loduarie dans le but de prendre la Chérchérie.