
Palais du Sénat à Wojwograd
123L’année 1771 marque sans doute un tournant décisif dans l’histoire politique de la Morakhan. Ce n’est pas un hasard si c’est alors que le tsar Alexandre Ier, désireux d’affermir son pouvoir tout en organisant le vaste empire mor autour d’un corps stable, institue officiellement ce qui deviendra le Sénat dirigeant mor. Cette initiative s’inspire ouvertement des modèles d’Eurysie occidentale, même si elle s’en distingue par un formalisme plus strict et une concentration du pouvoir plus marquée, et, bien sûr, une touche slave.
123Ce Sénat n’est, au départ, pas qu'une simple chambre consultative. Il est avant tout conçu comme une instance de gouvernement collégial, garant de la légalité impériale et de l’ordre social. Son objectif premier est de pallier la décentralisation excessive qui caractérisait jusqu’alors le pays, à une époque où les élites locales jouaient souvent des intérêts personnels contraires à ceux de l’État. Le Sénat est pensé pour être une main ferme — inflexible — qui coordonne, surveille et sanctionne.
123On pourrait être tenté de dire que cette institution est froide, distante. C’est en partie vrai. Mais elle est aussi, et assez, humaine, avec ses divisions internes, ses luttes d’influence, ses débats parfois houleux. Les archives de l’époque témoignent de querelles vives, notamment entre les sénateurs issus des anciennes élites Boyards et ceux nommés pour leurs fidélités aux tsars Alexandre, Pierre...
123Au fil des décennies, le Sénat devient peu à peu la colonne vertébrale du gouvernement mor. Sous le règne de Pierre III (1823-1851), on assiste à une rationalisation de ses procédures. Les sénateurs reçoivent désormais des portefeuilles définis : justice, finances, armée, administration intérieure. La pratique du cumul des fonctions est limitée, afin d’éviter les conflits d’intérêts trop flagrants.
123Il faut noter cependant que cette organisation commence à vriller vers un organisme conseiller : le Sénat est un lieu de décision, mais le tsar conserve toujours le dernier mot. En réalité, le Sénat ne peut exister sans son souverain. Cette dépendance est exprimée dans le serment prêté par les sénateurs : « Par ma vie et mon honneur, je servirai le tsar et l’Empire jusqu’à la dernière goutte de mon sang, et ne trahirai jamais la volonté impériale. » Ce serment, tout à la fois solennel et politique, démontre la nature même de l’institution : un corps administratif au service d’un pouvoir personnel fort.
123Dans la pratique, le XVIIIe voit une montée en puissance progressive des sénateurs issus des classes moyennes ou bourgeoises émergentes, alors que l’ancienne aristocratie, bien que toujours influente, voit son monopole s’éroder lentement. Ce phénomène ne se fait pas sans conflits ouverts, voire rancunes. Certains rapports internes évoquent même des tentatives de sabotage, des alliances occultes, et une surveillance mutuelle constante entre factions.
123Avec l’aube du XXe siècle, le Sénat dirigeant mor fait face à de nouvelles épreuves. Le vent des idées républicaines et socialistes, qui balaye le reste du continent eurysien, gagne peu à peu du terrain au sein même de l’Empire mor. Des mouvements contestataires s’organisent dans les villes, et parfois même dans les campagnes.
123La première moitié du XVIIIe siècle voit l’institution conservatrice devoir s’adapter à une réalité politique mouvante. Une tendance à la bureaucratisation accrue est observée, avec la création de comités permanents, d’agences spécialisées, et un renforcement de la police politique sénatoriale. Ce durcissement est vécu par beaucoup comme une régression, mais il est aussi la condition de la survie du régime impérial face aux menaces intérieures.
123En 1860, la Morakhan ne peut échapper à son propre séisme politique. La révolution marron éclate et remplace l'empire par la RSFSM (République Socialiste Fédérative Soviétique de Morakhan). Le Sénat est dissous, remplacé par un régime soviétique multipartite, composé notamment de la Sosialchambr (Burzhuaziya), du Proletarii (Blagorodnii Soviet), et du Sovyit (Chovyit) — trois chambres représentant respectivement la bourgeoisie, les paysans aisés, et les ouvriers.
123Cette période est celle de l’effacement apparent du Sénat dirigeant, mais en réalité, ses traditions et son personnel ne disparaissent pas totalement. Nombre d’anciens sénateurs et fonctionnaires sont intégrés dans les nouvelles structures ou continuent d’influencer les décisions dans l’ombre. On parle même d’une certaine continuité « administrative », malgré le changement idéologique radical.
123Après plusieurs décennies d’instabilité, et un conflit civil interne sanglant, la monarchie est restaurée sous une forme qualifiée de « monarchie démocratique » en 1950. Cette restauration est marquée par une volonté de concilier autorité impériale et participation politique élargie.
123Cependant, la structure politique héritée de la RSFSM persiste dans ses fondations. Les anciennes chambres soviétiques sont conservées sous de nouveaux noms, avec un rôle institutionnel plus limité.
123En 2016, un tournant majeur intervient : la dissolution officielle des anciennes chambres, la Burzhuaziya, le Blagorodnii Soviet, et le Chovyit. En lieu et place, le Sénat dirigeant mor est réinstauré. Toutefois, ce n'est pas une réforme totale : ce sont toujours les partis politiques issus des trois chambres disparues qui composent le nouveau Sénat.
123Ce changement brise quelque peu la tradition sénatoriale classique. Le Sénat n’est plus seulement un corps administratif homogène, mais devient un organe politique composite, reflet des forces sociales et idéologiques du pays. Ce Sénat « hybride » est à la fois un symbole de continuité historique et une rupture avec l’ancien temps.
123Cette évolution a provoqué un débat vif au sein des élites mores. Certains y voient une modernisation nécessaire, d’autres une dilution du pouvoir impérial. Pourtant, le Zagroy Nicolas II, dont l’autorité s’est affirmée en même temps que cette réforme, semble l’accepter pleinement, considérant ce nouvel équilibre comme une garantie de stabilité dans un monde complexe. Mais qui sait, cela pourrait changer avec le temps.
2. Partis politiques

Parti Anarchiste

Parti Socialiste

Parti Zagroyiste

Parti Royaliste

Parti Unique

Parti Républicain

Parti Capitaliste

Parti Impériale

Parti Nationale

Parti Nasi
