Posté le : 24 sep. 2021 à 22:23:46
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Acte II - Le calme avant la tempête.
« Vous avez bien fait de nous appeler, inspecteur. » Annonçait d’un air suffisant l’homme en costume qui venait de sortir de la voiture de tête qui menait alors le convoi de trois blindés qui était tout juste arrivé quelques minutes plus tôt, cet homme était de haute stature, les cheveux grisonnants et il arborait un insigne de la police secrète qui tenait sur une chaine autour de son col. Derrière-lui des hommes en noir s’activaient, ils s’équipaient rapidement sous les aboiements d’un officier tandis qu’ils récoltaient des équipements tactiques et des fusils d’assauts à l’arrière des blindés.
L’inspecteur de la police fédérale acquiesça en direction de l’agent de la police secrète, jetant un coup d’œil inquiet en direction des unités des forces spéciales qui se préparaient à l’assaut. « J’espère que vous savez ce que vous faites, Vitali ne doit pas s’enfuir, il est notre priorité absolue ! Ce n’est pas le moment pour vos hommes de faire du zèle. »
« Voyons, nous savons ce que nous devons faire. Ne vous inquiétez pas, les professionnels sont enfin là. » Déclara l’agent de la police secrète tout en tapotant l’épaule de l’inspecteur avec un sourire qui se voulait taquin. Ce qui agaça vraisemblablement le policier fédéral dont la mine venait de se brunir. Celui-ci s’éloigna finalement de l’équipe d’intervention tandis que l’agent en costume s’occupait de transmettre les consignes aux soldats, rejoignant son coéquipier qui se tenait silencieux près du précipice qui surplombait la vieille usine abandonnée en contrebas. « C’est la dernière fois que je travaille avec ces enfoirés des renseignements ! » Grommela l’inspecteur tout en s’allumant une nouvelle cigarette. « L’ami, je crois que ce soir on va avoir le droit à un véritable feu d’artifice. » Plus bas, ils distinguaient le bâtiment qui allait devenir le théâtre d’une opération musclée dans les prochaines dizaines de minutes.
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[Une vingtaine de minutes plus tard]
Un silence de plomb régnait dans le champ environnant le vieil édifice industriel, ce soir-là, la lune était pleine et le ciel complètement dégagé éclairant ainsi le paysage d’une faible lueur blafarde grâce aux astres qui se déployaient au-dessus d’eux. Les hommes se mouvaient avec prudence à travers les herbes hautes qui bordaient l’enceinte de l’usine décrépie. La troupe s’était divisée en deux escouades d’une vingtaine de soldats chacun, la première avançait directement en direction de l’entrée principale du bâtiment tandis que la seconde escouade progressait en direction de l’entrée arrière. « Escouade Omega en approche de l’entrée sud, présence d’individus confirmée, une lumière est allumée dans l’enceinte de l’usine. » Chuchota à sa radio celui qui semblait être le chef d’escouade. « Bien reçu. Escouade Delta en approche de l’entrée nord, soyez prudents. » Répondit presque aussitôt une voix en provenance de l’appareil.
Le souffle du chef d’escouade était léger, il avançait d’une démarche assurée et prudente observant à travers la lunette de son fusil, aussi souvent que possible le portail qui n’était plus qu’à une cinquantaine de mètres. Soudain, il s’arrêta net faisant signe aux soldats qui le suivait d’attendre en silence, ces derniers s’exécutèrent avec précaution s’accroupissant dans les herbes hautes qui servaient de camouflage naturel. Face à eux, un individu armé d’une kalachnikov était sorti subitement du portail entrouvert, celui-ci se soulageait dans l’herbe semblait-il tandis qu’il marmonnait des jurons en Ouroul, le patois provincial du coin. L’officier se raidît, il pointa son fusil en direction de celui qu’il devinait être un milicien puis il retint son souffle un instant tout en l’observant grâce à la lunette de son fusil tactique. Le tir était parfait, la balle atteignit l’homme en pleine tête, ce dernier s’écroula presque aussitôt dans son urine. Le bruit du tir avait été atténué par le silencieux du fusil mais le chef d’escouade craignait que cela ait tout de même alerté quelques insurgés. Il fit de nouveau signe à ses hommes mais cette fois-ci ils accélèrent en direction du portail. Lorsqu’ils passèrent l’enceinte de l’usine, ils tombèrent nez à nez avec deux miliciens de plus qui fumaient une clope paisiblement, avant que ces derniers ne puissent crier, les hommes de l’escouade Omega ouvrirent le feu fatalement, les insurgés s’effondrèrent dans un fracas moins subtil que la première victime des forces de sécurité. « Merde, on avance vite, vite ! » Grogna à voix basse l’officier en direction de son équipe alors qu’ils investissaient la cour intérieure.
Tout à coup, une lumière aveuglante provenant d’un projecteur s’alluma de l’autre côté de la cour, plus précisément sur un balcon situé au premier étage et qui donnait sur ladite cour. C’était comme si le temps venait de s’arrêter l’espace d’un instant, le rythme cardiaque de l’officier accéléra subitement alors qu’il comprenait ce qu’il se passait, martelant son thorax comme l’aurait fait un forgeron sur son enclume. Un bruit mécanique se fit entendre puis lui succéda une cacophonie de tirs qui éclatèrent en direction de l’escouade. « Mitrailleuse lourde, planquez-vous ! » Hurla le chef d’escouade. Si la plupart des soldats réussirent à retourner derrière le portail à temps, encore que ceux qui étaient près de l’officier le suivirent à couvert derrière un vieux conteneur rouillé, il était trop tard pour les deux soldats de tête. Les tirs atteignirent presque immédiatement le premier, son gilet par balle explosa aisément sous la puissance des balles lourdes que tirait la mitrailleuse, il s’effondra comme une poupée de chiffons, le sang qui coulait abondamment de son abdomen ne laissait aucun doute sur son décès. Le second tenta de s’enfuir mais il reçut une balle qui lui arracha littéralement une jambe puis une seconde balle explosa son dos, malgré tout c’était un bonhomme résistant et alors qu’il était grièvement blessé, il se traina en direction de son escouade laissant derrière-lui une longue trainée ensanglantée. Malheureusement, un dernier tir fatal l’atteint alors qu’il avait pratiquement rejoint son équipe derrière le conteneur. L’officier enrageait, il arracha le lance-grenade que tenait l’un de ses hommes et se mit à hurler en direction de son escouade. « Tir de suppression, maintenant ! » Les soldats s’exécutèrent sans une once d’hésitation, ils étaient tous furieux de la mort de deux de leurs confrères. Ils ouvrirent le feu en direction du balcon vidant quasi un chargeur entier chacun, le chef d’escouade profita de ce moment de paix pour ouvrir à son tour le feu mais cette fois-ci à l’arme lourde grâce au lance-grenade qu’il tenait dans les mains. Le balcon explosa et tout de suite après le silence retomba sur les lieux, c’était le calme avant la tempête.
« On entre, maintenant ! Allez, allez ! » Beugla-t-il à la radio tandis qu’on percevait déjà des hurlements provenant de l’intérieur du bâtiment, les miliciens étaient bien réveillés maintenant et ils s’armaient probablement en prévision de l’assaut. On perçut quelques tirs provenant de l’arrière de l’usine, les hommes et femmes de l’escouade Delta venaient probablement de faire leur entrée en scène de l’autre côté de l'édifice. Les hommes de l’escouade Omega ne perdirent pas non plus une seconde de plus, ils se déployèrent en petits groupes et forcèrent toutes les entrées qu’ils trouvèrent dans la cour intérieure, balançant à outrance des grenades fumigènes pour couvrir leur avancée. L’assaut venait tout simplement de démarrer même si ce n’était pas de la façon qu’ils l’avaient espérés.