07/06/2013
21:08:06
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[RP] L'ennemi public numéro 1.

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Acte I - L'indice.

La voute céleste avait toujours été particulièrement majestueuse dans le coin surtout lors des soirées chaudes de l’été novigradien. C’était en tout cas ce que se disait l’inspecteur au teint blafard qui arborait un long manteau noir assorti d’un béret grisâtre tandis qu’il fumait paisiblement sa cigarette. Derrière-lui les bruits sourds d’une bagarre interrompaient son songe, d’un geste de la main, il intima un ordre, les coups s’arrêtèrent net laissant place à un discret râle d’agonie. Avant de se retourner, l’homme jeta une dernière fois un œil en direction du petit village qui se dessinait au milieu des arbres plus bas dans la vallée.

« C’est bon ou il en veut encore ? » Annonça l’inspecteur d’une voix exaspérée.

Face à lui se tenait deux hommes, le premier était un costaud en jogging qui affichait le brassard de la police fédérale, celui-ci retenait fermement un second bonhomme, probablement un paysan local si on en jugeait par son accoutrement et sa mine effrayée. À genoux, l’homme haletait et réclamait d’une voix tremblante qu’on le laisse tranquille.

« Tu sais ce que tu risques, l’ami. T’es à nous maintenant, qui croirais un pauvre bouseux du fin fond de l’Ourak face à des agents fédéraux ? On pourrait te descendre maintenant ou mieux te coller au fond d’un trou parmi les meurtriers et les violeurs dans une prison fédérale ? Qui vérifierait notre version ? » L’inspecteur laissa apparaitre un rictus carnassier. « Moi j’ai envie d’être gentil avec toi, l’ami. Mais tu ne m’aides pas beaucoup à t’apprécier là… tu sais c’qu’on veut savoir, on t’a vu discuter avec un gars de la milice. » Impatient, l’homme fit de nouveau signe à son compagnon qui frappa au visage le vieil homme avec violence , une giclée de sang éclaboussa le sol.

« J’vais… j’vais… j’vais parler. Mais s’ils apprennent… que je vous ai aidé, je suis mort et mes filles aussi ! » Avoua finalement le paysan ouroul en hésitant.

« Mais c’est qu’il devient raisonnable celui-là ! » S’amusa l’inspecteur. « Et tu crois qu’il va arriver quoi à tes filles lorsqu’on t’aura enfermé à l’autre bout du pays ? » Il fit mine de lever la main.

« D’accord… d’accord. Me frappez plus ! Ils sont là, je ne sais pas combien ils sont, on pense qu’ils se planquent dans la vieille usine abandonnée près de la rivière à seulement 5km du village. Moi je… j’sais rien de plus, je leur vends juste des provisions de temps en temps, un type se ramène puis il emporte tout dans son camion… c’est tout… je le jure ! » déclara le vieillard tout en toussotant.

L’inspecteur le jaugea d’un œil sérieux pendant quelques instants qui parurent interminable, il se baissa au niveau de l’homme et finalement il afficha un large sourire alors qu’il écrasait sa cigarette contre le sol. « Enfin une décision intelligente, vieil homme. Si c’est la vérité on te relâchera sans rien dire pour ta petite affaire avec les terroristes. Si tu mens, crois-moi, tu ne reverras plus jamais le soleil. » Il se releva précipitamment et fit signe à son confrère policier. « Remets-le dans l’coffre, on veut pas qu’il prévienne ses petits copains, hein. » Avant même que le vieillard ait eu le temps de protester, le costaud lui attrapa le visage et lui scotcha la bouche avec un scotch épais de chantier. Il traina ensuite l’homme malgré sa vaine tentative de résistance et il le balança finalement dans le coffre de la voiture garée derrière eux qu’il referma à clef aussitôt.

« Tu te rends compte, le bleu. Si le vieux dit vrai, c’est peut-être la planque de Vitali. Nous avons fouillé toutes leurs précédentes cachettes et tous les indices nous mènent à penser qu’il est avec eux, c’est tout ce qu’il reste de la milice alors c’est peut-être lui qui est sur place avec ce groupe. Nos chefs vont être ravis, les médailles vont pleuvoir ! » S’excita l’inspecteur. « Appelle la direction des services de renseignements, dit-leur de ramener la cavalerie, je veux la totale, la crème de la crème, cette foutue usine ne se prendra pas à deux ! » Tandis que le jeune homme s’exécutait sans perdre de temps, l’inspecteur s’éloigna de nouveau en direction du bord de la route qui dominait la vallée en contrebas.

« Vitali, espèce d’enfoiré. Tu te caches sous notre nez à seulement 80km d’Ouressa. T’as vraiment peur de rien, hein. Cette nuit est ta dernière, profite, j’arrive bientôt avec les enfers. » Marmonna t-il pour lui-même en fixant l’horizon.
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Acte II - Le calme avant la tempête.

« Vous avez bien fait de nous appeler, inspecteur. » Annonçait d’un air suffisant l’homme en costume qui venait de sortir de la voiture de tête qui menait alors le convoi de trois blindés qui était tout juste arrivé quelques minutes plus tôt, cet homme était de haute stature, les cheveux grisonnants et il arborait un insigne de la police secrète qui tenait sur une chaine autour de son col. Derrière-lui des hommes en noir s’activaient, ils s’équipaient rapidement sous les aboiements d’un officier tandis qu’ils récoltaient des équipements tactiques et des fusils d’assauts à l’arrière des blindés.

L’inspecteur de la police fédérale acquiesça en direction de l’agent de la police secrète, jetant un coup d’œil inquiet en direction des unités des forces spéciales qui se préparaient à l’assaut. « J’espère que vous savez ce que vous faites, Vitali ne doit pas s’enfuir, il est notre priorité absolue ! Ce n’est pas le moment pour vos hommes de faire du zèle. »

« Voyons, nous savons ce que nous devons faire. Ne vous inquiétez pas, les professionnels sont enfin là. » Déclara l’agent de la police secrète tout en tapotant l’épaule de l’inspecteur avec un sourire qui se voulait taquin. Ce qui agaça vraisemblablement le policier fédéral dont la mine venait de se brunir. Celui-ci s’éloigna finalement de l’équipe d’intervention tandis que l’agent en costume s’occupait de transmettre les consignes aux soldats, rejoignant son coéquipier qui se tenait silencieux près du précipice qui surplombait la vieille usine abandonnée en contrebas. « C’est la dernière fois que je travaille avec ces enfoirés des renseignements ! » Grommela l’inspecteur tout en s’allumant une nouvelle cigarette. « L’ami, je crois que ce soir on va avoir le droit à un véritable feu d’artifice. » Plus bas, ils distinguaient le bâtiment qui allait devenir le théâtre d’une opération musclée dans les prochaines dizaines de minutes.

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[Une vingtaine de minutes plus tard]

Un silence de plomb régnait dans le champ environnant le vieil édifice industriel, ce soir-là, la lune était pleine et le ciel complètement dégagé éclairant ainsi le paysage d’une faible lueur blafarde grâce aux astres qui se déployaient au-dessus d’eux. Les hommes se mouvaient avec prudence à travers les herbes hautes qui bordaient l’enceinte de l’usine décrépie. La troupe s’était divisée en deux escouades d’une vingtaine de soldats chacun, la première avançait directement en direction de l’entrée principale du bâtiment tandis que la seconde escouade progressait en direction de l’entrée arrière. « Escouade Omega en approche de l’entrée sud, présence d’individus confirmée, une lumière est allumée dans l’enceinte de l’usine. » Chuchota à sa radio celui qui semblait être le chef d’escouade. « Bien reçu. Escouade Delta en approche de l’entrée nord, soyez prudents. » Répondit presque aussitôt une voix en provenance de l’appareil.

Le souffle du chef d’escouade était léger, il avançait d’une démarche assurée et prudente observant à travers la lunette de son fusil, aussi souvent que possible le portail qui n’était plus qu’à une cinquantaine de mètres. Soudain, il s’arrêta net faisant signe aux soldats qui le suivait d’attendre en silence, ces derniers s’exécutèrent avec précaution s’accroupissant dans les herbes hautes qui servaient de camouflage naturel. Face à eux, un individu armé d’une kalachnikov était sorti subitement du portail entrouvert, celui-ci se soulageait dans l’herbe semblait-il tandis qu’il marmonnait des jurons en Ouroul, le patois provincial du coin. L’officier se raidît, il pointa son fusil en direction de celui qu’il devinait être un milicien puis il retint son souffle un instant tout en l’observant grâce à la lunette de son fusil tactique. Le tir était parfait, la balle atteignit l’homme en pleine tête, ce dernier s’écroula presque aussitôt dans son urine. Le bruit du tir avait été atténué par le silencieux du fusil mais le chef d’escouade craignait que cela ait tout de même alerté quelques insurgés. Il fit de nouveau signe à ses hommes mais cette fois-ci ils accélèrent en direction du portail. Lorsqu’ils passèrent l’enceinte de l’usine, ils tombèrent nez à nez avec deux miliciens de plus qui fumaient une clope paisiblement, avant que ces derniers ne puissent crier, les hommes de l’escouade Omega ouvrirent le feu fatalement, les insurgés s’effondrèrent dans un fracas moins subtil que la première victime des forces de sécurité. « Merde, on avance vite, vite ! » Grogna à voix basse l’officier en direction de son équipe alors qu’ils investissaient la cour intérieure.

Tout à coup, une lumière aveuglante provenant d’un projecteur s’alluma de l’autre côté de la cour, plus précisément sur un balcon situé au premier étage et qui donnait sur ladite cour. C’était comme si le temps venait de s’arrêter l’espace d’un instant, le rythme cardiaque de l’officier accéléra subitement alors qu’il comprenait ce qu’il se passait, martelant son thorax comme l’aurait fait un forgeron sur son enclume. Un bruit mécanique se fit entendre puis lui succéda une cacophonie de tirs qui éclatèrent en direction de l’escouade. « Mitrailleuse lourde, planquez-vous ! » Hurla le chef d’escouade. Si la plupart des soldats réussirent à retourner derrière le portail à temps, encore que ceux qui étaient près de l’officier le suivirent à couvert derrière un vieux conteneur rouillé, il était trop tard pour les deux soldats de tête. Les tirs atteignirent presque immédiatement le premier, son gilet par balle explosa aisément sous la puissance des balles lourdes que tirait la mitrailleuse, il s’effondra comme une poupée de chiffons, le sang qui coulait abondamment de son abdomen ne laissait aucun doute sur son décès. Le second tenta de s’enfuir mais il reçut une balle qui lui arracha littéralement une jambe puis une seconde balle explosa son dos, malgré tout c’était un bonhomme résistant et alors qu’il était grièvement blessé, il se traina en direction de son escouade laissant derrière-lui une longue trainée ensanglantée. Malheureusement, un dernier tir fatal l’atteint alors qu’il avait pratiquement rejoint son équipe derrière le conteneur. L’officier enrageait, il arracha le lance-grenade que tenait l’un de ses hommes et se mit à hurler en direction de son escouade. « Tir de suppression, maintenant ! » Les soldats s’exécutèrent sans une once d’hésitation, ils étaient tous furieux de la mort de deux de leurs confrères. Ils ouvrirent le feu en direction du balcon vidant quasi un chargeur entier chacun, le chef d’escouade profita de ce moment de paix pour ouvrir à son tour le feu mais cette fois-ci à l’arme lourde grâce au lance-grenade qu’il tenait dans les mains. Le balcon explosa et tout de suite après le silence retomba sur les lieux, c’était le calme avant la tempête.

« On entre, maintenant ! Allez, allez ! » Beugla-t-il à la radio tandis qu’on percevait déjà des hurlements provenant de l’intérieur du bâtiment, les miliciens étaient bien réveillés maintenant et ils s’armaient probablement en prévision de l’assaut. On perçut quelques tirs provenant de l’arrière de l’usine, les hommes et femmes de l’escouade Delta venaient probablement de faire leur entrée en scène de l’autre côté de l'édifice. Les hommes de l’escouade Omega ne perdirent pas non plus une seconde de plus, ils se déployèrent en petits groupes et forcèrent toutes les entrées qu’ils trouvèrent dans la cour intérieure, balançant à outrance des grenades fumigènes pour couvrir leur avancée. L’assaut venait tout simplement de démarrer même si ce n’était pas de la façon qu’ils l’avaient espérés.
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Acte III - De l'autre côté.

Depuis quelques jours, Vitali se réveillait régulièrement en sursaut, son cœur s’emballait alors et des perles de sueur coulaient abondamment le long de son crâne dégarni. Lorsque cela arrivait il était toujours pris d’angoisses nocturnes qu’il tentait de cacher tant bien que mal à ses hommes. C’était comme s’il commençait à ressentir l’étau qui se resserrait autour de lui, ce pressentiment frustrant qu’il arrivait à la fin de son parcours le prenait alors aux tripes et il ne pouvait généralement s’en défaire avant l’aube. Machinalement il se levait, s’isolant dans l’une des rares pièces qui ne s’étaient pas encore écroulées de la vieille usine abandonnée qu’ils squattaient depuis quelques semaines. S’allumant un joint de cannabis, il plongeait ensuite dans un songe profond, se remémorant le bon vieux temps lorsque sa milice était encore une véritable organisation prospère qui comptait dans ses rangs des centaines de jeunes ourouls qui rêvaient tous d’une liberté quasi anarchiste. Cela faisait presque vingt années qu’il avait abandonné sa carrière de boxeur star sur la scène nationale pour se consacrer à son véritable rêve, une idée folle qu’il s’était forgé au fil des années : celle de l’autodétermination de son peuple, celle d’un Ourak indépendant qui profiterait seul des ressources dont dépendent pourtant les provinces méridionales. Au nom de cette idée il avait payé un tribut sanglant, commettant le pire pour le meilleur selon-lui, pourtant il ne pouvait rien face à la marche de l’histoire. Depuis cinq années, le gouvernement fédéral avait tenté de détruire toute son œuvre, arrêtant systématiquement ses compagnons et détruisant une à une les planques qu’ils s’étaient trouvés. Une rage sombre bouillonnait au fond de lui, ne pouvaient-ils pas comprendre sa guerre libératrice ? Il n’était pas de ceux qui débattaient constamment comme ces quelques sénateurs indépendantistes qui jouaient après-tout le jeu du système, ces moutons qui participaient à l’oppression de son peuple, une province abondante en ressources naturelles mais qui pourtant avait le niveau de vie le plus bas de tout le pays, était-ce juste ? Il était un homme d’action, il fallait qu’il prenne en main les choses et maintenant deux décennies étaient quasiment passés, qu’avait-il accompli si ce n’est la mort et la destruction ?

« Tout va bien, patron ? » L’interrompit finalement dans son songe, l’un de ses hommes. Celui-ci portait une petite moustache que Vitali avait toujours trouvé ridicule, ces yeux globuleux et vitreux de poisson le fixaient d’une manière qui l’agaçait forcément. « Insomnie habituelle. Tu as des nouvelles du ravitaillement ? » Dit-il d’une voix qui se voulait ferme. « Non toujours pas. Le vieillard n’est pas venu ce soir et bien évidemment il ne répond pas au téléphone prépayé qu’on lui a refilé mais ce n’est pas une surprise, ce vieux paysan vie encore au moyen-âge ! » Répondit presque aussitôt le moustachu. Vitali de son côté semblait inquiet. « Quelque chose n’est pas normal, dès que l’aube se lève, on va faire une virée au village, dit le aux gars lorsqu’ils émergeront de leur sommeil. » Le milicien fit mine de répondre quand tout à coup, une déflagration retentit se répercutant dans tout l’édifice. Quelqu’un tirait à la mitrailleuse à l’extérieur, probablement la vigie qui avait la charge de surveiller la cour de l’entrée principale. Les deux hommes se regardèrent quelques instants ne pouvant retenir leur surprise. « Merde ! Aux armes ! » Hurla finalement Vitali en attrapant le fusil-mitrailleur à ses pieds. Quelques instants plus tard, une explosion secoua les murs de l’usine, les hurlements des hommes qui gardaient les entrées du bâtiment ne pouvaient signifier qu’une seule chose, les fédéraux l’avaient retrouvé ! Il se sentait pris d’une panique soudaine et urgente, il hurlait vociférant des jurons envers ses hommes qui accouraient de partout afin de se saisir des armes qui trainaient ici et là. « Défendez-vous ! Ne les laissez pas vous prendre en vie ! Soyez digne de l’Ourak libre ! » Martelait-il criant ses ordres à qui voulait bien l’entendre.

Il descendit rapidement les escaliers qui menaient au hangar du rez-de-chaussée, on entendait déjà les clameurs des combats qui faisaient rage un peu de partout au sein de l’édifice industriel. Vitali tombait alors nez-à-nez face à son compagnon moustachu, celui-ci voulut prévenir son patron mais c’était trop tard, une balle l’atteignit subitement à la gorge le coupant net avant qu’il ne puisse dire un seul mot. Une éclaboussure de sang atterrie sur le visage de Vitali, son cœur battait de plus en plus fort couvrant les bruits des explosions tout autour de lui. Soudain, un homme tenta de lui attraper le bras, il reconnut d’un seul coup d’œil l’insigne des forces spéciales de la police secrète, instinctivement il riposta de la manière qu’il connaissait le mieux, il flanqua un puissant coup de poing en direction de la pomme d’Adam du soldat fédéral. Profitant de la surprise de celui-ci qui faisait mine de s’étouffer, Vitali attrapa son fusil-mitrailleur et vida son chargeur à bout portant sur son adversaire. « Je dois foutre le camp d’ici, vite ! » Marmonna-t-il pour lui-même.
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