
En cette matinée ensoleillée, Novigrad C.F déployait tout son charme si caractéristique. La mégapole de presque treize millions d’habitants bouillonnait de vie comme à son habitude, son architecture unique en son genre et sa superficie impressionnante à mi-chemin entre un paysage côtier et un second plus vallonné participait considérablement à cette image de cité aux milles facettes. La capitale était après-toute pleine de surprises, on passait aisément des quartiers historiques à l’architecture baroque et aux monuments de toutes les époques, aux quartiers d’affaires à l’allure moderne et aux gratte-ciels intimidants, voir aux quartiers résidentiels verdoyants de la haute société ou encore d’autres zones bétonnées moins bien fréquentées où des immeubles imposants abritaient des communautés entières. C’était la ville où tout était possible, un labyrinthe fumant et agité où on pouvait se perdre à jamais comme l’on pouvait faire fortune. La réputation de la métropole novigradienne n’était plus à faire en Eurysie, elle attirait pourtant un flux de plus en plus important de touristes, investisseurs et autres curieux qui s’essayaient à l’aventure novigradienne tout en espérant découvrir les nombreux trésors que cachait cette cité. Au centre de cette fresque urbaine, le puissant fleuve bayrön à la force tranquille coupait la ville de part et d’autre, la délimitant ainsi en deux rives qui s’opposaient autant socialement que géographiquement. Les habitants de la capitale cachaient rarement leur fierté lorsqu’ils évoquaient la ville qu’ils surnommaient eux-mêmes la « Perle du Sud », c’était un sentiment patriotique qu’on retrouvait au fil de l’histoire, la centralisation culturelle du pays autour de cette cité qui avait tant attirée les convoitises, avait permis le développement d’une fierté quasi arrogante. La civilisation novi-rémienne était après-tout le cœur de la civilisation eurysienne, c’était du moins ce qui se racontait dans le pays qui considérait son influence culturelle comme légitime et supérieure par rapport aux autres continents.
Ce jour-là, l’administration novigradienne attendait de recevoir la visite de la délégation jashurienne, c’était donc toute une organisation monumentale comme souvent depuis l’ouverture du pays, des centaines de personnes avaient été mises à contribution afin que la visite se déroule dans des conditions optimales. La diplomatie novigradienne espérait que le dépaysement et la splendeur de la capitale allaient faire forte impression aux émissaires du Nazum qui reviendraient ainsi au pays en racontant la qualité de l’accueil qui leur avait été fait sur cette terre d’Eurysie de l’est. Le Chancelier en personne avait fait le choix de se rendre disponible pour l’événement qui était d’ailleurs couvert par tous les médias du pays, c’était surtout du côté du centre d’affaire qu’on attendait cette rencontre avec impatience, les marchés financiers s’affolaient à l’idée de voir s’ouvrir pour eux un marché aussi exotique que celui du Jashuria.

Le convoi de limousines s’éloigna rapidement de l’aéroport pour se diriger vers le centre-ville, la route avait été dégagée un peu plus tôt par les services de la police fédérale, un escadron de motards de la garde d’honneur escortait d’ailleurs le convoi tandis qu’ils passaient de temps à autre près des check-points contrôlés par la garde fédérale et ses blindés. Aucune dépense n’avait été évitée, le déploiement massif des forces de sécurités était non seulement nécessaire pour décourager la criminalité novigradienne de perturber la rencontre diplomatique mais c’était aussi l’occasion de montrer au Jashuria la puissance militaire montante qu’était le Novigrad surtout depuis que celui-ci se fournissait auprès de l’Alguarena. Aux abords de la route, des drapeaux de Novigrad et du Jashuria avaient été disposés des deux côtés, on pouvait apercevoir par moment quelques centaines d’habitants qui se collaient aux barrières afin d’assouvir leurs curiosités, c’est qu’on voyait rarement des hommes du Nazum dans la région et donc logiquement les curieux s’accumulaient sur le chemin. Le convoi traversa les principaux grands axes de la métropole, croisant des monuments tels que d’anciens palais de la monarchie et même le mondialement célèbre Haut-Sénat dont l’édifice était une prouesse architecturale datant de l’âge d’or novigradien. Sur la route, le diplomate novigradien en profitait pour faire office de guide touristique n’hésitant pas à décrire les monuments qu’ils croisaient et à y ajouter quelques anecdotes historiques afin de se rendre intéressant. On voyait par moment les hélicoptères de la police qui passaient au-dessus d’eux couvrant la progression du convoi vers le cœur historique de la capitale fédérale.

Tel un monarque de l’ancien régime, il se tenait sous les fresques murales raffinés de l’édifice, souriant et toujours aussi charmeur, le Chancelier afficha immédiatement une mine satisfaite en apercevant ses homologues étrangers.
« Bienvenue, c’est un honneur pour nous de recevoir les représentants du Jashuria. J’espère que vous avez appréciés la balade au cœur de notre capitale ? » Dit-il tout en conservant son rictus enjoué.