Posté le : 17 déc. 2021 à 18:11:41
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– Manu militari, comment vous y allez monsieur le ministre. Elle se retourna sur sa chaise, lançant un regard amusé aux nombreux miliciens qui s'accumulaient de part et d'autre du petit salon. Ce n'est pas évident à dire en ces circonstances mais tout n'a pas à être un acte de guerre. Puis elle pivota à nouveau vers Xénophilos, retrouvant par la même son sérieux. Si vous me permettez de vous reprendre, je tiens à signaler que les kah-tanais – et donc l'Union dans son ensemble – n'ont rien contre la francisquie en tant que nation. Nous n'avons aucune haine existentielle envers votre peuple, sa culture ou ses frontières. Vous êtes globalement réactionnaires mais c'est un souci d'éducation et de système, pas de nation. Non. Si nous avions un problème avec votre nation cet échange n'aurait pas lieu d'être.
Elle se redressa un peu, son ton se fit neutre.
– Cependant. Nous avons un problème, un problème très net, avec votre gouvernement. C'est vrai. Il incarne à nos yeux l'une des constructions sociétale les plus vile et haïssable qui soit. Et toute votre histoire récente illustre votre administration comme une machine folle, dévorant ses enfants et, à l'occasion, écartant ses jambes pour pondre de nouveaux meurtres. C'est vrai. L'Empire est une nation qui a tué, autant ses propres ministres que les citoyens étrangers. Et souvent – toujours ? – pour des raisons soit obscures, soit totalement ubuesques. Nous n'attendons pas grand-chose de votre gouvernement.
Elle joignit les mains sur la table, indiquant d'un signe au ministre de la laisser terminer.
– Maintenant même une institution que nous considérons vérolée peut donner, à l'occasion, naissance à des initiatives souhaitables. Et être, par moment, traversée par quelques individus plus recommandables que les autres. Je pense à vous, dans le cas présent. Bref. Tout accord entre nos deux gouvernements serait aberrant. Contre-nature. Mais nos peuples peuvent s'entendre, à cela je n'ai rien à redire ou à vous apprendre. Vous savez que le Kah est internationaliste. Que pour nous les hommes et femmes sont victimes des frontières qu'ils habitent, et des systèmes qui les oppresse. Pour toute notre détestation de votre monarchie, nous n'avons rien contre ses sujets.
Actée écarta les mains.
– Les lignes de voyage sont envisageables. Je ne peux pas me prononcer sur leur succès, considérant le passif qu'a votre nation à assassiner les étrangers se trouvant sur son sol, ou à les refouler à la frontière sans explication, mais sur le principe rien n'empêcherai d'ouvrir la possibilité à ces voyages. Malgré l’improbabilité de leur exécution finale. De même d'autres alliances entre nos sociétés civiles – bien que le terme n'ait aucun sens chez nous où la société civile se gouverne elle-même ni chez vous ou elle est entièrement dominée par un monarque – est envisageable. Accords universitaires, échanges culturels, commerce de produits de consommation culturelle et ainsi de suite. À défaut de rapprocher votre gouvernement de notre union, cela permettra à nos peuples de mieux se comprendre. Ce genre d'initiative évitera peut-être, comme vous dites, que nous continuions à nous percevoir comme autant de terroristes. Nous pourrions aussi ouvrir des consulats – notez bien, je ne parle pas d'ambassades pour le moment – pour accompagner ces initiatives.