Celui qu’on appelait le Saint Palais impérial, dans la Confédération, situé dans la capitale impériale de Warenburg, était le palais où l’Empereur vivait, convoquait son gouvernement et accueillait les rencontres diplomatiques. D’habitude, ces rencontres avaient presque toujours exclusivement lieu entre Etats kaulthiques et l'Empereur, si ce n’était que de rares exceptions dans des cas de force majeurs. Mais aujourd’hui, l’Empereur allait accueillir le représentant diplomatique du Walserreich – une grande première historique, qui symbolisait à la fois la cession de la politique isolationniste de la Confédération et la volonté de celle-ci de nouer des liens pangermaniques.
Walserreichiens et Kaulthes partageaient une histoire, une culture et une langue assez semblable, ayant été alliés à une époque et rivaux à une autre. Mais cette fois, l’Empereur souhaitait construire une alliance forte et durable entre le puissant Walserreich et l’antique Confédération kaulthique – c’était sa volonté, mais il allait peut-être falloir du temps pour la mettre en place.
Il avait décoré le Palais aux couleurs de la Confédération kaulthique et du Walserreich, les deux aigles cohabitant fièrement les couloirs. Deux rangées de Gardes impériaux entouraient des deux côtés l’allée qui reliait la poste d’atterrissage au Palais, et lorsque le représentant walserreichien arriva, il fut accueilli au son des cors qui jouaient l’Hymne pangermanique, un vieil hymne du XIXe siècle. L’Empereur lui-même conduisit le représentant jusqu’au Palais.
L’Empereur Franz II von Warenburg avait 17 ans depuis quelques jours, en faisant sûrement le plus jeune dirigeant du monde. Petit et blond aux yeux bleus, il était cependant très costaud – une conséquence sûrement de l’entraînement rituel à l’escrime pour les nobles de la Cour impériale. Malgré son très jeune âge, Franz était quelqu’un d’extrêmement calme et son accueil au représentant se fit exactement selon le protocole, sans une seule imperfection – la rigueur kaulthique ! Le prendre pour un simple adolescent était une grande erreur : il avait été élevé dans l’optique de régner depuis qu’il était né, avait assassiné sa mère de ses propres mains pour mettre fin au désastre de la Régence, avait constitué un réseau d’alliance très fort au sein de la Confédération et dirigeait depuis le pays avec une poigne de fer. Son sérieux et sa vigueur n’empêchaient pas pour autant une certaine chaleur quoi faisait de lui un bon diplomate, et il entama d’ailleurs assez rapidement la discussion :
« Monsieur Zückerstürm, je tenais d’abord à vous remercier d’avoir accepté cette rencontre. En effet, avec l’instabilité croissante qui monte en Eurysie, il est assez rassurant de voir un lien se créer entre nos deux nations. Qui de mieux qu’une République libérale, démocratique et en plus de cela, germanique, pour entamer notre premier lien depuis près d’un demi-siècle d’isolation ? Je suis donc très enchanté de vous rencontrer.
Premièrement, je voulais connaitre les alignements politique et diplomatique actuels du Walserreich. La situation eurysienne actuelle me préoccupe, et celle à l’intérieur-même de la Confédération kaulthique n’en est pas moins dangereuse. Le Höngar tend à s’éloigner de moi, menace de provoquer une insurrection indépendantiste, les tensions entre le Wassenberg et le Mustheid s’accentuent, le peuple veut un gouvernement démocratique et les Etats kaulthiques refusent pourtant mes réformes démocrates. Pour l’Eurysie, vous connaissez comme moi la situation : la révolution vogimskienne, le détroit, la Damanie et les tensions que provoquent l’Empire listonien.
Je voulais connaitre, Monsieur Zückerstürm, la position de votre pays et de votre gouvernement sur tous ces sujets. Que veut le Walserreich ? »