26/02/2015
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Liste des universités d'Albigärk la flamboyante

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Albigärk, ancienne capitale du Royaume d'Albi, est historiquement une ville universitaire. Née d'une révolution étudiante, pendant plus d'un siècle la Commune a endossé le rôle de pôle culturel et intellectuel pour la région dont elle accueillait sans distinctions tous les étudiants désireux de suivre ses prestigieux cursus en art, littérature et sciences humaines.

Si l'hégémonie culturelle d'Albigärk a été quelque peu atrophiée pendant la période de domination listonienne, la Commune entend bien redevenir dominante en Eurysie Septentrionale grâce à la réouverture de certaines de ses universités historiques et une politique pro-science volontariste.

Réunies, ces universités forment l'Albigärk Yleisyliopisto, l'université générale d'Albigärk. Elles se comptaient autrefois au nombre de vingt, dites "les vingt d'Albigärk". Toutefois il se raconte qu'une vingt-et-unième université aurait existé, bien qu'aucune source historique n'aille pour le moment dans ce sens.

(hrp : chaque université d'Albigärk correspond à une usine culturelle qui contribue au rayonnement politique de la Capitale)
Ci-dessous seront listées les principales universités d'Albigärk.

  • Magna Universita - Albigärk 1
  • Polyteknillinen Yliopisto - Albigärk 2
  • Avaruusyliopisto - Albigärk 3
  • Ajattelun Akatemia - Albigärk 4
  • Kukka-akatemia - Albigärk 5
  • Musta Akatemia - Albigärk 6
  • Seikkailunhaluinen humanistinen yliopisto - Albigärk 7
  • Uuden talouden yliopisto - Albigärk 8
  • Konkreettisen yliopiston kielitiede - Albigärk 9
  • Soveltavan kirjallisuuden yliopisto - Albigärk 10
  • Sillat ja tunnelit - Albigärk 11
  • Näyttävän maalauksen akatemia - Albigärk 12


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MAGNA UNIVERSITA

Albigärk 1 - Université d'art moderne et post-moderne


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Albigärk 1, aussi connue sous le nom de la Magna Universita, est l'une des plus anciennes écoles supérieures de la capitale et également la seule à être demeurée ouverte quasiment sans interruption durant l'occupation Listonienne. Située au cœur du quartier résidentiel, sa taille imposante et son allure alanguie, à la fois massivement haute et allongée d'un seul long bloc serpentin lui donne des airs de cathédrale moderne, dédiée aux arts et à la culture.
Le bâtiment historique a été pensé comme un complexe agencement de salles et d'espaces de travail dédiées à l'expérimentation libre, et divisé en plusieurs niveaux dont l'architecture brutaliste et déconstruite permet l'accès à la lumière. La thématique du rond qui tranche avec l'aspect extérieur du bâtiment, cherche à bannir les angles trop agressifs à l'intérieur afin de favoriser la déambulation des étudiants au milieu des oeuvres de leurs pairs.

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Les salles de cours et amphithéâtre ont progressivement été déplacés dans des bâtiments annexes du quartier qui au fil du temps est devenu un vaste campus à ciel ouvert. Du fait qu'elle soit restée ouverte durant les cinquante années de domination listonienne, le paysage urbain a été fortement influencé par la présence des étudiants, entrainant naturellement une multiplication des bars, lieux d'exposition, salles de concerts et espaces dégagés pouvant accueillir les performances et démonstrations de chacun.

Fondée en 1539 sur ordre du Roi d'Albi Eljas III, par son surintendant au rayonnement, la Magna Universita commence en tant que conservatoire aux lettres et à la théologie, censé former la future élite intellectuelle du royaume, capable de conseiller le Couronne face à l'influence de l'Eglise Catholique, perçue à l'époque comme sous domination des puissances continentales. Le Roi Eljas cherche à s'entourer d'une administration au fait des affaires spirituelles mais sans que celle-ci ne prêche systématiquement pour un rapprochement avec les nations catholiques du Sud.

La fondation de la Magna Universita s'inscrit donc dans les premiers balbutiements d'un nationalisme Albien et sa fonction restera assez inchangée jusqu'à la révolution de 1831, quelques trois-cents ans plus tard. Entre temps, elle comble les attentes des souverains d'Albi et fournit au Royaume plusieurs ministres dont les noms ne nous sont pas inconnus tels que le Prévôt des marchands Leevi Kaleva, le surintendant des finances Juha ou le ministre des armées, premier maréchal du Royaume et régent du jeune Roi Eljas VII, le Duc d'Helmi Joona Jarkko.

La Magna Universita, d'abord de taille modeste, se verra rajouter plusieurs modules au cours des siècles, faisant progressivement disparaitre toute trace de son architecture originale. Une dynamique qui se poursuivra jusqu'en 1934 avec la dernière restauration (quinze ans avant l'invasion listonienne) qui offre à l'université son apparence actuelle.

Lors de la Révolution de 1831, la Magna Universita joue un rôle majeure puisqu'une grande partie de ses étudiants se soulèvent à l'appel des organisation syndicales de la capitale. Le quartier qui ressemble déjà à un campus, est barricadé et tient lieu de place forte pendant les dix jours que dure le conflit. C'est ici qu'a d'ailleurs lieux la déclaration d'indépendance proclamé par les étudiants, et ratifié deux mois plus tard par le Pharois Syndikaali.

A partir de cette date, la Magna Universita s'aligne sur le régime des autres universités et devient autogérée. Penchant déjà depuis plusieurs décennies vers l'art subversif, elle devient un lieu d'expression contestataire et d'expérimentation libre, mais aussi réputée pour ses moeurs sulfureuses. La Magna Universita devient dans l'imaginaire collectif un temple du vice et de l'imagination débridée, véritable cathédrale amorale au point d'être affectueusement renommée par certain "le trou du loup".

Lors de la prise d'Albigärk par l'armée listonienne en 1949, la Magna Universita tente d'organiser la résistance un peu mollement et se laissera finalement fermer le temps d’apaiser les troubles. Réouverte un an après, elle est investie par des enseignants venues de l'Empire et reprend son usage pensé sous l'influence de la Royauté Albienne de former une élite listo-albienne capable de servir de futurs cadres pour l'administration et le rayonnement de la ville, stoppée dans son élan, mais dévoués à l'Empire.

La processus fonctionne relativement, mais la Magna Universita perd rapidement sa réputation sulfureuse au profit de celle d'une fabrique à élites un peu trop conformistes. La rétrocession d'Albigärk et le retour à l'indépendance, en 2006, voient l'université rendue à son autonomie. A nouveaux les étudiants affluent, même si certains craignent que la dynamique qu'a connue l'université post-révolution soit définitivement éteinte et que les nouveaux venus ne cherchent qu'à s'auréoler de l'aura et du prestige d'une institution devenue mythique au cours de l'histoire.
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Polyteknillinen Yliopisto

Albigärk 2 - Université polytechnique des sciences et arts de la mer


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Albigärk 2, ou Université polytechnique d'Albigärk des sciences et arts de la mer, est la première des dix-neufs universités de l'ancienne capitale à avoir été restaurée et réouverte suite à l'indépendance de la Commune en 2006. Comme son nom l'indique, l'université polytechnique se veut la jonction entre les nombreux savoirs liés à l’ingénierie de la mer. En lien étroit avec les différents centre de recherche en mathématiques théoriques et appliqués, physique, biologie et chimie, la Polyteknillinen Yliopisto se veut proposer une application originale et libre de ces savoirs pratiques. Les ingénieurs sont ainsi encouragés à laisser libre cour à leur imagination et à l'expérimentation, ambitionnant la jonction entre des connaissances formelles et une dimension plus littéraire appliquée à la recherche.

Installée sur la côte rocheuse, isolée du cœur de la ville, on accède à l'université polytechnique grâce à un monorail réservé aux étudiants et au personnel administratif. Le bâtiment offre un accès à la mer à plusieurs endroits ce qui lui permet de posséder ses propres docks et hangars, surnommés « les chantiers », où la mise à l'eau des prototypes des étudiants peuvent être laissés à la discrétion de l'école. Indissociable de son image, la bibliothèque de l'université se situe dans ses trois grandes et larges tours, chacune d'entre elles étant reliée aux autres par des passerelles rétractables et dédiée à une discipline en particulier. Les amphithéâtres les plus prestigieux s'y trouvent également afin de favoriser l'entrée de la lumière, bien que la plupart des lieux et ateliers de travail se trouvent au rez-de-chaussée.

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La fondation de la Polyteknillinen Yliopisto remonte aux années 1860, presque trente ans après la révolution qui renversa la Couronne d'Albi et l'indépendance d'Albigärk, la péninsule fait face à un retard technologique certain. Les puissances montantes de l'Eurysie poursuivent à pas de géant leur industrialisation et la République Pharoise s'embourbe dans des conflits internes et un manque de ligne politique claire. C'est sur décision du président du conseil, le Citoyen Président Aapeli, qu'est voté un budget commun avec la Commune d'Albigärk pour la fondation d'une université polytechnique censée aider au rattrapage de la péninsule en finançant une nouvelle génération d'ingénieurs formés aux technologies méridionales.

Le projet met un peu de temps à démarrer, principalement à cause des freins que posent les factions pirates, assez peu enclines à centraliser les nouveaux savoirs entre les mains d'une petite élite de citoyens. L'expertise en ingénierie navale est alors assez décentralisée sur le territoire Pharois, chaque ville possédant ses propres ateliers, les équipages peuvent ainsi profiter d'une offre disparate, en concurrence permanente, ce qui favorise leurs intérêts pour ne pas s'aliéner une clientèle disputée. La concentration d'ingénieurs à un seul et même endroit fait craindre que l'Etat cherche à posséder la main-mise sur ces nouvelles technologies et en refuse l'accès à la société civile.

C'est en 1863, deux ans après le vote du budget par le gouvernement Aapeli que la première pierre de la Polyteknillinen Yliopisto est finalement posée sur la côte d'Albigärk. Le bâtiment est dans un premier temps modeste, ressemble assez largement à un chantier naval traditionnel pharois. Sous l'impulsion des sociétés étudiantes chez qui la concentration produit une certaine émulsion, les plans architecturaux sont revus et le projet ne tarde pas à montrer son potentiel stratégique. Disséqués dans les hangars à bateaux, les navires étrangers sont étudiés à la loupe afin d'en prélever les innovations technologiques dans le but de les associer aux savoir-faire traditionnels pharois.

L'école prospère et se fait rapidement un nom, les ingénieurs diplômés de l'université polytechnique sont réclamés dans les différents chantiers navals pharois comme une marque de prestige. Le nouveau gouvernement du Syndikaali, conscient de l'instabilité de son régime politique et des difficultés qu'il rencontre à se moderniser militairement, subventionne largement l'école, comptant en voir émerger une intelligentsia au fait des enjeux de son temps et capable de permettre à la péninsule de rivaliser, à termes, avec ses puissants voisins.

En 1878, l'école traverse une crise : plusieurs syndicats étudiants protestent contre ce qu'ils qualifient d'une « instrumentalisation à but nationaliste de la part du Syndikaali ». Albigärk tient à sa liberté de conscience et ne supporte plus l'agendas militaire auquel le grand-frère pharois conditionne ses généreux budgets. Débute un bras-de-fer entre le Capitaine Armas, ministre de la Défense territoriale, et les syndicats étudiants. Ceux-ci maintiennent le blocus malgré les pressions politiques du Syndikaali, menaçant de couper dans les budgets. Finalement, personne n'en démord, le Capitaine Ministre Armas décide de financer la fondation de la Sotakoulu, « l'école de la guerre », où l'inscription est conditionnée à l'enrôlement dans les forces militaires pharoises et destinée à former des officiers ingénieurs pour la marine.

Sa gestion de la crise étant fortement décriée au Syndikaali, le Capitaine Ministre Armas perd les élections suivantes au profit de la Capitaine Ministre Vuokko qui choisit de couper la poire en deux en maintenant ouverte la Sotakoulu tout en renouvelant les budgets de la Polyteknillinen Yliopisto.

Bastion contestataire, l'université entretient son état d'esprit complexe en refusant systématiquement toute forme de partenariat publics ou privés suspectés d'êtres des formes d'instrumentalisation. En augmentant ses frais d'inscription, par la commercialisation de brevets et grâce à l'excellente réputation dont elle jouit, l'école polytechnique parvient à s'auto-financer à partir des années 1890 et maintiendra son budget à l'équilibre jusqu'en 1949.

Traversant les crises et les conflits, la Polyteknillinen Yliopisto conserve systématiquement sa neutralité politique ce qui lui évite de se retrouver au cœur des batailles idéologiques traversant le Syndikaali et la Commune d'Albigärk. Une neutralité qui lui est toutefois reprochée plus d'une fois par les autres étudiants de la Commune : l'université est ainsi considérée comme peu fiable, briseuse de grèves, et faisant souvent bande à part. Un stigmate qu'elle retourne en se disant « attachée à la science neutre et au service d'elle-même ».

Lors de la prise d'Albigärk par l'Empire Listonien, la Polyteknillinen Yliopisto reste ouverte de manière artificielle : espérant bénéficier de l'excellence de sa formation, les Listoniens maintiennent ses budgets mais étudiants et enseignants désertent massivement un cursus qu'ils jugent instrumentalisé à des fins bellicistes. Si l'Empire tâchera de maintenir les apparences en parachutant ses propres enseignants sur place, l'illusion trompe peu de monde et la Polyteknillinen Yliopisto est finalement fermée en 1954, cinq ans après la conquête.

Elle réouvrira en 2006, après avoir été remise à neuf par les fonds du Syndikaali et accueille désormais une nouvelle génération d'étudiants ingénieurs.
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Avaruusyliopisto

Albigärk 3 – Université spatiale


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Albigärk 3 aussi appelée Avaruusyliopisto (l’université spatiale) est l’une des deux plus jeunes université que compte la ville Albigärk. Issue de la réorganisation de trois institutions qu’étaient l’Institut Royal d’Astrophysique, l’Ecole Supérieure d’Ingénierie Volante et l’Académie Militaire d’Albigärk, le département d’astrophysique et d’ingénierie ont été fusionnés pour aboutir à la création d’Avaruusyliopisto en 1937, avec pour objectif assumé de mutualiser les projets de conquête spatiale des nations de la péninsule. Une collaboration qui s’éteignit malheureusement douze ans après son lancement à la suite de la prise d’Albigärk par l’Empire Listonien – et ce sans avoir obtenu encore de résultats probants.

Marquant un coup d’arrête à la recherche en astrophysique et aux ambitions spatiales de la Commune ainsi que celles du Pharois Syndikaali, Avaruusyliopisto est refinancée en 2006 après l’indépendance de la ville. Cette fois-ci, plus de faux départs : le bâtiment est entièrement rénové dans l’objectif d’offrir un confort optimal aux étudiants malgré le manque de place du campus. Situé en plein cœur d’Albigärk, cet immense building ne peut s’étendre en largeur et est de fait rehaussé de neuf étages afin d’accueillir divers infrastructures de loisir, détente et restauration aux élèves. Les vingt-neuf étages inférieurs sont quant à eux dédiés aux salles de cours et de travail, hébergeant les laboratoires de mathématique fondamentale et appliquée ainsi que ceux d’astrophysique.

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L'histoire de la conquête spatiale par les albiens serait probablement amusante si elle n'était pas si ridicule. Gens de la mer par excellence, ayant tiré leur prospérité de l’exploitation des vastes et profuses ressources sous-marines bordant la péninsule d'Albi, les nations issues de la Révolution de 1930 accusent rapidement un grand retard pour tout ce qui touche de près ou de loin aux sciences spatiales et aéronautiques. Pour des raisons culturelles et la crainte de voir les activités halieutiques perdre de leur valeur, la population demeure particulièrement résistante à financer la recherche dans ces domaines spécifiques.

En 1937 toutefois, face à l'indiscutable avantage militaire que procure une aviation puissante et alors que les ambitions spatiales commencent à se dessiner, un accord est signé entre les principales puissances péninsulaires : à défaut de s'engager de manière indépendante dans une opération de rattrapage technologique, elles choisissent d'unir leurs forces pour donner un nouvel élan à la recherche spatiale et aéronautique. Le très théorique Institut Royal d'Astrophysique est fusionné avec les plus pragmatiques École Supérieure d’Ingénierie Volante et l’Académie Militaire d’Albigärk pour fonder Avaruusyliopisto.
Une manière pour le gouvernement pharois de financer indirectement des recherches qu'il sait essentielle sans provoquer l'ire de sa population.

Le projet fait toutefois face à des résistances. Peu dupe, le puissant syndicat des chantiers navals appelle à la grève ce qui paralyse pendant deux mois et demi une part majeure de l'économie du Syndikaali. Un accord est finalement trouvé avec les représentants des travailleurs en leur garantissant des subventions publiques croissantes pour les trente prochaines années. Tout cela commence à coûter cher d'autant que le lancement d'Avaruusyliopisto est plus compliqué que prévu. Les ingénieurs, astrophysiciens et mathématiciens ont du mal à se faire à la cohabitation et mus par des réflexes corporatistes chaque département continue ses petites affaires sans se soucier des autres au sein de leurs nouveaux locaux. C'est finalement une restructuration des laboratoires et de l'architecture interne qui permet à tout ce petit monde d'enfin coopérer.

Un élan malheureusement tué dans l’œuf, alors que des premiers résultats commençaient à être espérés, l'Empire Listonien prend la cité d'Albigärk par la conquête. Possédant déjà dans sa métropole des académies spécialisées dans la recherche en aéronautique et Avaruusyliopisto coutant très cher à entretenir, celle-ci est fermé moins d'une semaine après la capitulation de la Commune et du Syndikaali.

Transformé en bureaux le bâtiment accueille de nombreuses entreprises au gré des baux et contrats de locations. Ces derniers sont finalement unilatéralement révoqués en 2006, la Commune préempte l'ensemble du building et grâce aux fonds Pharois se lance dans une opération d'aménagement de l'immeuble pour lui ajouter des étages et adapter l'intérieur à l'accueil des cours. Le 4 décembre 2006, Avaruusyliopisto est finalement réouverte, prête pour la rentrée prochaine.
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Ajattelun Akatemia

Albigärk 4 – Académie Royale de Psychoscience


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Curiosité architecturale, Albigärk 4 est bâtie directement sur un flanc de côte rocheuse ce qui oblige étudiants et personnel administratif à emprunter une ligne monorail privée appartenant à l'Académie et qui pénètre directement à l'intérieur de ses murs en franchissant une passerelle surplombant l'océan aux heures de marée haute. A l'image de son accessibilité, l'Académie Royale de Psychoscience entretient sa réputation d'institution élitiste et mystérieuse, nimbée de mystères et abritant des savoirs dérangeants sur la psyché humaine gardés jalousement au sein de ses bibliothèques secrètes.

Le bâtiment fabriqué en briques blanches et rouges n'a guère bougé depuis sa restauration en 1867 ce qui lui confère une aura d'authenticité et de pureté scientifique. Conçue à l'origine pour la société nobiliaire d'Albi, l'Académie dispose d'une capacité d'accueil relativement limitée comparé aux autres université d'Albigärk, moins de quatre-cents étudiants sont acceptés dans le prestigieux cursus de quatre ans, ce qui implique mathématiquement des promotions d'une petite centaine d'élèves. L'Académie Royale joue toutefois sur ce sentiment de rareté pour mettre en valeur le suivi hyper-personnalisé dont bénéficient les étudiants, l'excellence de la formation et les réseaux privilégiés qui s'y tissent et perdurent toute la vie.

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Avec la Magna Universita, Ajattelun Akatemia qu'on pourrait traduire littéralement par "Académie de l'esprit" fut fondée en 1573 par le Roi d'Albi Eljas IV, fils et successeur d'Eljas III le bâtisseur, dans le but de former directement au sein du Royaume d'Albi les esprits éclairés de demain. Si la Magna Universita répondait au besoin des souverains de la péninsule de pouvoir compter sur un clergé indépendant de l'influence des puissances eurysiennes, l'objectif de l'Ajattelun Akatemia est plus obscur. Alors que le pays traverse à l'époque de grands questionnements théologiques, on soupçonne le Roi Eljas IV d'être porté sur les pratiques occultes et de se rapprocher des herméneuticiens. L'Ajattelun Akatemia aurait alors été une façade pour accueillir sous couverture des théologiens dissidents, mages et prêtres du culte abyssale à l'époque considéré comme hérétique.

S'il n'existe pas de preuves formelles d'une telle volonté plusieurs indices poussent les historiens à envisager cette piste comme crédible. D'abord l'accès improbablement compliqué à l'Académie (le monorail était autrefois remplacé par un pont-levis) serait une preuve de la volonté du Roi de donner le temps à ses amis de s'enfuir et de faire disparaitre les traces de leurs activités des fois que l’Église ou une armée étrangère aurait tenté de prendre la ville. De plus, la présence de souterrains datant du XVIème siècle a bel et bien été établie. L'autre indice allant dans le sens d'une académie d'arts occultes est la raison donnée par Eljas IV pour financer sa construction : dans un décret de l'époque, il exprime son souhait d'offrir un lieu de retraite et de travail isolé pour les poètes sous son patronage. Or aucune production poétique provenant d'Ajattelun Akatemia n'a jamais été retrouvée ce qui laisse à penser qu'il ne s'agissait en définitive que d'un prétexte.

Au fur et à mesure des années, l'Académie Royale va prendre divers fonctions et ses objectifs être revus à plusieurs reprises, selon la sensibilité des rois et reines d'Albi qui succèdent à Eljas IV. La Reine Karoliina d'Albi en fait ainsi l'une de ses retraites personnelles et fonde l'aile ouest, encore aujourd'hui appelée "aile de la reine" bien qu'elle serve à présent de dortoir pour les enseignants. Le Roi Eljas VII transforme l'Ajattelun Akatemia en pavillon de pêche et le Roi Aulis II choisit d'en faire son observatoire personnel. Enfin, le Roi Eljas X reprend la tradition ésotérique, presque deux siècles après Eljas IV et installe un laboratoire d'alchimie sur place. Fait notable toutefois, malgré les nombreuses transformations et aménagements de l'Akatemia, celle-ci n'est jamais complètement vidée de ses résidents et continue d'étudier les "sciences de l'esprit" dans une relative tranquillité.

C'est à partir de 1677, dit "l'ère des universités" que l'Akatemia prend réellement un visage scolaire puisque les premiers étudiants y sont accueillis et non plus simplement des "novices" ou "disciples" qui accompagnaient jusque-là les érudits. La pensée se professionnalise, prend la forme de disciplines et de cours. Des diplômes royaux sont délivrés et les petites promotions de savants intègrent la société civile après un cursus de sept années, comme philosophes naturels.

La Révolution de 1830 opère néanmoins un tournant rationaliste et l'Akatemia est jugée trop proche du pouvoir royal. Les révolutionnaires en donnent le siège mais conformément à sa fabrication, celle-ci résiste suffisamment longtemps. Quand les portes cèdent, la bibliothèque est vide. L'Akatemia est dans un premier temps transformée en grenier à grain puis, deux ans après, réinvestie par les étudiants qui en reprennent la substance : à cette époque la psychologie est encore balbutiante mais donne de premiers résultats particulièrement enthousiasmants ce qui motive la Commune d'Albigärk à faire de l'Akatemia la première école de psychoscience de la péninsule.

Comme n'importe quelle université, l'Akatemia dispose rapidement d'une autonomie étendue et d'un budget conséquent dont elle se sert pour réaménager les locaux ainsi qu'entreprendre des fouilles sur le site. Elle construit également le monorail censé amener les étudiants d'Albigärk jusqu'au campus en moins de vingt-cinq minutes de trajet. Malgré que la Commune soit particulièrement petite en terme de superficie et que la plupart des élèves des autres institutions résident dans les quartiers universitaires de la ville, l'Akatemia tient à accueillir un internat "pour renforcer l'esprit de corps". Certains y voient plutôt une crainte que les étudiants ne bavardent sur le contenu de leurs enseignements.

L'Akatemia opère une stricte sélection et l'entrée se fait sur concours, concours dont les questions posées varient de manière imprévisible d'une année sur l'autre, rendant les révisions très complexes. Plusieurs étudiants recalés témoignent de questions "étranges" ou "déstabilisantes", parfois personnelles, parfois sans aucun sens ou dont la syntaxe aurait été volontairement distordue. Certains y voient une volonté de perturber les postulants pour tester leur capacité de répartie, d'autres la preuve que les enseignements de l'Académie Royale sont destinés à des esprits déjà sensibles à certains savoirs secrets. D'autres enfin pensent qu'il s’agit simplement de bullshit pseudo élitiste.

Lors de la prise d'Albigärk par l'Empire Listonien, l'histoire se répète : les bibliothèques sont vidées et étudiants et professeurs s'enfuient dans les catacombes, laissant les bâtiments abandonnés et déserts. L'Akatemia n'est pas gardée en activité et la fouille des bâtiments ne donne aucun résultat.

En 2006, de manière un peu inattendue le Syndikaali débloque des fonds pour financer la réouverture prioritaire de l'Akatemia. Si certains y voient l'action d'almuni passés dans la haute administration pharoise, d'autres suspectent des motifs plus étranges liés à des intérêts cachés et l'action de sociétés secrètes. Théories sensationnalistes, n'ayons pas peur de le dire.
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Kukka-akatemia

Albigärk 5 – Académie Florale


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La fondation d'Albigärk 5, la Kukka-akatemia, trouve son origine dans la continuité de la Renaissance albienne et la diffusion du courant moderniste en architecture. La réunion dans des salons privés de petits cercles artistiques portés sur ce mouvement donnera lieu à son institutionnalisation dans un hôtel particulier 27 rue Pyhät. Si le modernisme architectural débute d'abord en Eurysie de l'ouest et du sud, il est importé par la Commune après la révolution de 1830 et atteindra son apogée autour de la fin du XIXème siècle entre les années 1850 et 1880. Son nom "Académie Florale", lui vient de ce que le mouvement moderniste cherche à imiter les formes végétales dans l'art et l'architectures, formes qu'il transpose et adapte aux espaces de vie quotidien afin de rapprocher l'homme et la nature dans une période où la révolution industrielle bat son plein.

Alors que la Commune d'Albigärk s'inspire des théories du socialisme utopique, son horizontalité politique n'empêche pas un certain élitisme de se former au sein des classes éduquées de la ville. La sensibilité artistique devient plus que jamais un outil de distinction sociale et tandis que la Commune cherche à diminuer les inégalités en son sein, le patrimoine culturelle se transforme en atout majeur pour les héritiers de la bourgeoisie et de l'aristocratie. Pendant que les ouvriers et travailleurs voient leur environnement s'urbaniser à grande vitesse, certaines populations se mettent à regretter une proximité avec la nature rétrospectivement fantasmée. Pour les élites concentrées dans les centres-villes, le mouvement moderniste très actif en Eurysie propose de répondre à l'urbanisme devenu étouffant en réintroduisant des formes végétales dans un environnement qui en est de plus en plus dépourvu. A Albigärk, ce mouvement sera accueilli très positivement pendant quelques décennies avant de tomber progressivement dans l'oubli. L'architecture de Kukka-akatemia est aujourd'hui l'un des derniers vestiges de cette époque.

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Le 25 avril 1842 madame Suomi Ale (ndlt : Sirpa Ale, la présidente honoraire de l’Yleisyliopisto est sa descendante directe) invite dans son salon monsieur Antonio Marquez, célèbre architecte Kronien, afin de le présenter à la haute société albienne. La rencontre fait sensation et marque, pour les historiens de l’art, le début de la diffusion du moderniste kronien sur la péninsule d’Albi. Madame Ale, qu’on soupçonne d’être devenue l’amante de Marquez, contribue largement à cette popularité par ses nombreux voyages à sein de la République de Kronos dont elle rapporte photographies, traités théoriques et plans qu’elle expose et présente dans son salon.

Le mouvement du modernisme kronien connaitra un très rapide succès pendant les décennies suivantes, inspirant plusieurs architectes aujourd’hui encore célèbres et venant nourrir les débats artistiques de l’époque. Dans les années 1880 toutefois, la mode passe au profit d’une conception plus géométrique et moins naturaliste qui deviendra l’Art Nouveau. Cela n’empêchera pas Suomi Ale de rester fidèle au modernisme kronien – et désormais albien – qu’elle persiste à faire vivre en réunissant autour d’elle de nombreux artistes qu’elle parraine. Elle fera entièrement restaurer sa demeure dans ce style, quoique déjà à l’époque marqué par les débuts de l’Art Nouveau, ce qui n’en fait pas stricto sensu un bâtiment moderniste.

A sa mort, Suomi Ale fait don de son hôtel particulier à la Magna Universita dans le but d’accueillir spécifiquement ses étudiants en architecture. La Magna Universita qui dispose déjà à l'époque d’un campus pluri-disciplinaire choisira deux ans plus tard de se séparer du bâtiment en le revendant. La mairie d’Albigärk préempte.

Ce n’est qu’en 1911 que l’hôtel de ville qui servait alors de bâtiment administratif est cédé à la Fondation pour l’Art Albien (FAA) qui décide d’ouvrir sa propre université d’architecture. Le projet se veut à contre-courants des enseignements délivrés par la Magna Universita qui déjà à l’époque marque son intérêt pour le proto-brutalisme et le réalisme. La Kukka-akatemia ouvre ses portes à l’automne 1912 et accueille dans un premier temps une vingtaine d’étudiants de niveau master. L’objectif de la Kukka est de promouvoir une conception moins utilitaire de l’architecture et de renouer avec les passions anciennes qui cherchent dans la construction des bâtiments d’abord l’exigence du beau.

A contre-courant du mouvement réaliste et dada, alors en vogue au début du XXème siècle à Albigärk, la Kukka s’éloigne du réalisme et du matérialisme en cherchant à promouvoir l’élévation et l’émancipation par l’art pour l’art. L’idée étant qu’une ville belle produira par contagion des caractères sensibles et une ouvert d’esprit sur le monde, dans la tradition des conceptions humanistes des Lumières.
De fait la Kukka restera longtemps et encore aujourd’hui perçue comme une université bourgeoise et idéaliste, favorisant un certain entre-soi des classes sociales les plus aisées mais néanmoins sensibles à l’art. Bien que leurs effectifs n’aient rien à voir, une rivalité potache s’installe entre la Kukka et la Magna, qui perdurera jusqu’à la prise d’Albigärk.

Lorsque celle-ci survient, la Kukka est rapidement jugée dangereuse pour les plans de l'administration impériale listonienne. Perçue comme un espace de formation des élites albiennes, attachées à la culture péninsulaire, la Kukka est fermée dès l’année suivant la capture de la ville dans le but de remplacer les classes dirigeantes albiennes par des listoniens. Elle redevient alors un hôtel particulier accueillant les membres de l’administration impériale.

Ce n’est qu’en 2006 que la Kukka sera finalement rachetée par la Commune d’Albigärk et que le projet d’en refaire une université fonctionnelle verra le jour. Celui-ci aboutit finalement en septembre de la même année, pour la rentrée scolaire. La Kukka-akatemia redevient une école d’architecture et d’art, mêlant travail sur la forme et la matière, point de rencontre entre dessinateurs et peintres avec des étudiants en architecture, plus portés sur les savoirs techniques.

Aujourd'hui, la Kukka accueille plus d'un millier d'étudiants en architecture et jouit d'une très bonne réputation sur la péninsule albienne, prenant le pas sur les enseignements de la Magna Universita en terme de prestige et de qualité de l'enseignement.
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Musta Akatemia

Albigärk 6 – Académie noire


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La Musta Akatemia – de son vrai nom Sotilaallinen tutkimus- ja koulutusakatemia : Académie de recherche et de formation militaire – se fait surnommer populairement « Académie noire » en raison évidente de la couleur des briques de son bâtiment principal. Bien que celui-ci, planté au cœur de la Commune, ne serve plus désormais qu’à abriter les bureaux administratifs et les très pompeuses cérémonies de remise des diplômes, il reste emblématique pour de nombreux albiens. Dotée d’une architecture visuellement impressionnante mêlant néo-gothique et art-nouveau, la Musta Akatemia se détache dans le paysage boisé du vieux centre d’Albigärk où sa structure massive peut, à première vue, intimider le badaud. L'intérieur du bâtiment est également dérangeant, de l'avis de ceux qui l'ont visité, les teintes rouges, or et noir y sont largement dominantes donnant à l'ensemble un aspect organique. Pour des raisons de sécurité, le verre des fenêtres est opaque et la lumière artificielle éclaire les lieux même en plein jour, donnant à ceux qui y travaillent l'impression étrange d'être hors du temps.

A la raison officielle du surnom « Musta » s’en ajoute une autre, plus sulfureuse. Albigärk VI possède un statut à part au sein du panel des autres université de la Commune, hérité de sa fondation en 1757 et qui place ses enseignements, encore aujourd’hui, sous le sceau du secret défense. Dédiés à l’étude des technologies militaires de pointe et à toutes les formes de contre-espionnage, pour modeste que soit sa capacité d’accueil la sélection à l’entrée de la Musta requierait obligatoirement un passage dans l’armée régulière pharoise et désormais ouverte aux quatre nations de l’ancienne Albi. Fort d’un petit effectif d’étudiants et de fonds opaques, la Sotilaallinen tutkimus- ja koulutusakatemia semble destinée dans les prochaines années à retrouver une place centrale dans la stratégie de défense de la péninsule.


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En 1751 a lieu la célèbre conspiration des anguilles contre la famille royale albienne. Abusivement qualifiés ainsi, deux anarchistes infiltrés au palais d’Albigärk déversent dans les bains royaux une dizaine de serpents de mer dissimulés sous la mousse. Le Roi Eskia Ier qui de notoriété publique aimait à tenir conseil dans les thermes perd la vie, ainsi que deux de ses conseillers, foudroyés par la morsure des reptiles venimeux. Son gendre, le Prince Arthuuri, échappe de peu au trépas mais restera paralysé de la jambe droite.
Alors qu’un seul des deux anarchistes est finalement capturé – ce dernier refuse de livrer son complice et décède trois jours après son arrestation dans les cellules de la police d’Etat – l’hériter d’Eskia, Silmo Ier, sombre dans une forme larvée de paranoïa. Le destin de son père est une mise en garde et une leçon qu’il compte bien apprendre : la royauté albienne n’est pas suffisamment protégée contre les ennemis de l’intérieur.

L’inefficacité de la police d’Etat à remonter la trace du réseau d’assassin le convint de la nécessité de réformer ce corps en séparant les agents chargés du contrôle social et de la prévention des crimes, de ceux dont la mission principale sera de déjouer les conspirations et protéger la royauté de ses propres serviteurs. Une police dans la police, un Etat dans l’Etat.

L’idée n’est pas nouvelle, bien sûr, mais prendra sous le règne de Silmo Ier une envergure jamais vue encore en Albi. La Sotilaallinen tutkimus- ja koulutusakatemia voit le jour six années plus tard, après un chantier de cinq ans, à quelques cinq-cent mètres à vol d'oiseau du palais royal albien. La rumeur voudrait que le Roi Silmo aurait spécifiquement demandé à ce que l’Akatemia soit visible depuis la fenêtre de sa chambre à coucher – ce qui est factuellement le cas – afin de se rassurer à sa vue, mais aucunes sources ne corroborent un ordre aussi spécifique. A l’heure actuel, d’après les historiens, il pourrait simplement s’agir d’une coïncidence.

La koulutusakatemia, très vite surnommée Musta Akatemia par la population et bientôt l’administration également, se voulait autant quartier général de la police secrète qu’un lieu de formation pour ses agents. Le but était d’y séparer l’éducation des deux corps de police afin que les agents de la police régulière ignorent les techniques d’enquête de la police secrète et ne puissent donc y échapper. Dans les faits, les deux corps restent poreux pendant longtemps, la mort prématurée de Silmo Ier coupe dans son élan son projet de noyauter complètement l’administration et ses successeurs ne partagent pas ses priorités.

Reste que la Musta Akatemia se développe progressivement et deviendra pendant toute la fin du XVIIIème et le début du XIXème siècle un levier de la Couronne albienne particulièrement important. En 1829, toutefois, il ne suffit pas à palier les contradictions structurelles de la féodalité qui plongent le pays dans les troubles civiles. L’arrestation et l’exécution d’opposants tentent d’enrayer le processus mais rien n'y fait, les tensions débouchent tout de même en 1830 sur la révolution albienne.

Lors du soulèvement d’Albigärk, la Musta fait dans un premier temps l’objet d’âpres affrontements. Considérée – à raison – comme une institution organique de la répression royale, la Musta est rapidement encerclée de barricades et les étudiants lui donnent le siège. Bien défendue, reposant sur des galeries et des stocks de vivres importants et pouvant compter sur le soutien de ses tireurs d’élites postés aux fenêtres, les combats semblent destinés à durer mais une fronde interne met finalement fin au siège après une dizaine de jours. Plusieurs officiers et commissaires se rangent du côté de la révolte et ordonnent de rendre les armes. La Musta est prise et en récompense pour s'être volontairement rendue, sera conservée dans ses fonctions.

Dès la fin de la guerre civile, le rôle de l’Akatemia devient ambiguë. Autrefois loyale au pouvoir central de l’Etat, celui-ci a désormais disparu, remplacé par cinq nations aux intérêts divergents. S’il est dans un premier temps envisagé de conserver la Musta Akatemia pour servir les services secrets de la Commune d’Albigärk, son protecteur direct, le Pharois Syndikaali, fait pression politiquement et tue le projet dans l’œuf pour ne pas laisser se développer un contre-pouvoir au sein de ce qu’il considère objectivement comme une enclave. La plupart des agents de la Musta Akatemia sont alors débauchés par ce même Syndikaali, posant les fondations de la première agence du renseignement pharois extérieur qui donnera plus tard naissance à la C.A.R.P.E.

Quelques années passent et il devient de plus en plus évident qu’Albigärk est destinée à remplir le rôle de pont entre les nations rivales de l’ancienne Albi. Si ces-dernières n’ont pas encore cicatrisé des affres de la guerre civile et se vouent toujours une franche méfiance teintée de détestation, la Musta devient le thermomètre de la pacification des relations. Des conférences sur la sécurité de la péninsule y sont timidement organisées, pointant de manière précurseur la nécessité de remettre en place des dispositifs de coordination de défense militaire à échelle du territoire albien et non strictement nationaux.

La Musta est alors un lieu de rencontre et de discussion neutre pour les états-majors d’Albi. Peu utilisé, le bâtiment reste toutefois sécurisé, protégé et entretenu afin de remplir ce rôle principalement symbolique et diplomatique. On y forme encore quelques personnes mais moins aux arcanes du renseignement intérieur qu'aux techniques d’enquête policière. La Musta Akatemia accueille des conférences alors que tout au long du XIXème siècle et du début du XXème siècle les avancées de la psychologie, des sciences humaines et sociales mais également les tentatives d’explication du crime par la génétique et la phrénologie permettent au lieu de faire se rencontrer des idées venues de toute la région. On y met en commun les avancées balbutiantes de la science et les réflexions naissantes autour du contrôle social à grande échelle et de la surveillance de masse.

Cerclée d’idéologie libertaire du fait de la proximité du Syndikaali et de la nature dadaïste d’Albigärk, la Musta fait figure d’îlot pragmatique et conservateur – du moins se définit-elle ainsi – au sein de la Commune. Il n’empêche que les idées progressistes n’ont jamais cessé d’infuser y compris dans ses murs et que nombre de programmes de recherche eurent pour objet la question de l’émancipation réelle et la mise en place de politiques positivistes (souvent maladroites) visant à élever le niveau de conscience général de la population, homogénéiser la culture autour de piliers humanistes et permettre l'accès de tous aux enseignements classiques et aux arts.

En 1949, les agents de la Musta Akatemia participent à la défense d’Albigärk face à la flotte de l’Empire Listonien. Malheureusement les forces du Syndikaali sont surpassées en nombre, la Commune est prise par l’Empire.
Le bâtiment est alors fermé par les autorités coloniales, jugé subversif et dangereux, on veut éviter qu’il ne devienne un lieu d’organisation et de diffusion des idées insurrectionnelles et décoloniales. Le résultat est qu’à nouveau les agents, scientifiques, élèves et formateurs de l’Akatemia émigrent vers les autres nations albiennes, venant enrichir leurs services secrets respectifs. C’est sans aucun doute l’apport de ces exilés qui permit très tôt l’infiltration de l’administration listonienne d’Albigärk par la C.A.R.P.E. et sa mise sur écoute.
De manière plus certaine encore, c’est la disparition de la Musta Akatemia qui motiva et justifia les financements massifs du Syndikaali dans des services secrets puissants et autonomes. Dans le cadre de leur Nouvelle Doctrine, les Pharois devaient impérativement se doter d’une agence de renseignement indépendante et capable de réagir à des évènements d’une très grande gravité telle que la disparition complète et soudaine de leur Quartier Général.

La disparition de la Musta Akatemia mit en pause la collaboration des nations albiennes sur les questions de défense et de contre-espionnage, pendant plus de cinquante ans.

En juin 2007, néanmoins, Sirpa Ale, présidente honoraire de l'Yleisyliopisto, lance un appel aux nations de l’Union albienne afin de refinancer la Musta Akatemia à hauteur de dix milliards d’investissement. Soutenu par le Pharois Syndikaali, le Royaume-Uni du Norstalkian et la République Démocratique Fédérale de Finnevalta, le projet démarre réellement à l’été 2007. C’est moins la restauration du bâtiment qui coûta chère que sa mise en norme en matière de protection des données et de sécurisation des lieux, ainsi que l’élaboration d’un campus secondaire situé au nord de la Commune dans le marécage de Suo, destiné à servir de zone d’entrainement et de tests pour former les unités spéciales du contre-espionnage albien et les technologies militaires étrangères, principalement venues d’Alguarena.

S’il est encore tôt pour dire si oui ou non la remise en service de la Musta Akatemia signera le retour d’une collaboration albienne en matière de défense et de contre-espionnage, il n’en reste pas moins qu’elle est un symbole de coopération fort et ambitieux pour des nations qui, un siècle et demi plus tôt, se faisaient encore la guerre totale.

La Musta Akatemia forme chaque année quelques centaines d'officiers militaires, rodés aux sciences humaines et sociales, la psychologie, les sciences cognitives et aux technologies modernes en matière de défense et d'espionnage. Le but est d'en faire des agents polyvalents et capables de s'adapter selon les contextes d'opération. Ils servent de force d'appoint aux état-majors, de formateurs et apportent une expertise nécessaire aux forces de l'armée et de la police afin de gérer les situations de tensions. Traduction, connaissances poussées en ingénierie, contrôle social, techniques d'interrogatoire, manipulation, soutien psychologique aux soldats mais également aux populations, mise en place de politique de pacification, conception de réseaux d'écoute et logistiques, les formations dispensées par la Musta Akatemia sont nombreuses et embrassent largement tous les domaines des SHS nécessaires pour mener une bonne politique militaire.
Le cursus, plutôt de fin d'étude, vient se greffer à une carrière entamée dans la police ou dans l'armée. Les individus repérés pour leurs compétences au sein de celles-ci se voient proposer une formation allant de deux à quatre ans à la Musta afin de répondre aux projections des besoins spécifiques des institutions.
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Seikkailunhaluinen humanistinen yliopisto

Albigärk 7 – Université d’anthropologie aventurière


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L’université d’anthropologie aventurière n’est devenue formellement une université que tardivement dans l’histoire du Royaume d’Albi, aux alentours du début du XIXème siècle. Néanmoins, les bâtiments et la vocation de l’humanistinen existent déjà depuis plusieurs siècles, sans qu’il soit possible d’établir une date exacte de sa fondation. Les travaux des archivistes font remonter le début de son histoire à la fondation d’un petit comptoir marchand fortunéen à Albigärk aux alentours du VIème siècle, à la suite de négociations entre les commerçants de la Sérénissime et les autorités locales. A cette époque, la péninsule d’Albi n’était pas encore complètement unifiée par une unique couronne et ses domaines fonciers souffraient largement de leur enclavement. Les richesses de la civilisation eurysienne se concentrent alors surtout autour de la Leucytalée et l’océan du nord n’a pas encore acquis son statut de voie de passage privilégiée pour le commerce.

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Si déjà à cette époque les habitants de la péninsule sont connus pour leur goût de l’exploration du monde et que des expéditions outre-mer sont périodiquement organisés à la découverte de nouvelles terres où commercer et piller, les méthodes et l’institutionnalisation des compagnies de marchands est à la peine par rapport à celle des fortunéens. C’est cette prise de conscience, au contact de leurs commerçants et usuriers qui fait prendre conscience aux Pharois de la nécessité de réformer ce qui jusqu’alors se résumait à des voyages privés et de petite envergure.

Les réformes, qui ne peuvent être prises qu’à petite échelle, sont d’abord balbutiantes. Une première guilde d’exploration est créée, fonctionnant sur le modèle de la créance et du mercenariat : des propriétaires terriens financent sur leurs fonds propres des expéditions outre-mer dans un objectif de rentabilité. C’est cet objectif qui marque véritablement un tournant dans l’histoire pharoise puisqu’il oblige à rationaliser les pratiques du pillage et du commerce. Jusqu’alors les capitaines avaient seule voix au chapitre quant à leurs destinations et leurs stratégies, ce qui poussait autant à l’audace qu’à la stupidité. Il n’était alors pas si rare de voir des raids tourner au fiasco en raison d’un manque de préparation des assaillants.

La guilde change la donne : plus question d’y aller à l’aveugle. Les expéditions commencent à être planifiées à l’avance, bornées dans le temps, et s’appuient sur la connaissance du terrain et des faiblesses locales pour optimiser le pillage et le commerce. Bien sûr, les expéditions privées restent largement la norme, mais l’optimisation des voyages permet plusieurs innovations stratégiques et techniques, notamment dans le domaine de la construction navale qui doit désormais répondre à des problèmes concrets de terrain. Les financeurs souhaitent maximiser les profits et réduire les risques au minimum, ne pouvant plus contrôler les équipages une fois ceux-ci en mer, le contrôle s’exerce de plus en plus sur les préparatifs à l’occasion de quoi les capitaines doivent donner des gages de sérieux et de rentabilité. Ces critères demeurent toutefois profondément ancrés dans la mentalité de leur époque. Ainsi, si une organisation solide et des critères de professionnalisme sont exigés, ceux-ci est à remettre en contexte : l’esprit d’entreprise et le goût de l’audace sont largement valorisés et perçus comme des signes d’intelligence et de valeur au combat.
C’est aux alentours de la deuxième moitié du XIème siècle que la Couronne d’Albi semble s’intéresser aux agissements des guildes – qui se sont multipliée depuis. L’un des objectifs du pouvoir royal est alors de maîtriser l’influence des propriétaires locaux pour éviter les frondes, récurrentes tout au long de la première partie du siècle.
Les guildes sont devenues la norme, désormais. Elles font office de chasseuses de tête pour trouver les meilleurs marins, capitaines et guerriers du territoire, elles concentrent et accumulent les cartes de l’Eurysie et des océans, amassent les informations sur les fortifications et points faibles régionales. Certaines des plus influentes vont même jusqu’à entretenir des réseaux d’informateurs dans les cours du continent afin de se tenir informées des conflits politiques et militaires qui les traversent et en tirer parti.
Par ailleurs toutefois, les guildes sont souvent tombées sous la coupe des alliances locales au sein du territoire d’Albi. Si chaque région n’a pas la sienne attitrée, plusieurs sont en concurrence directe, souvent calquées sur les rivalités commerçantes des régions entre-elles. Par certains aspects, les grands corps expéditionnaires qui étaient à l’origine destinés à l’outre-mer font désormais office de véritables compagnies de mercenaires, attachées à des villes ou des domaines fonciers, et servent autant à ramener des richesses venues du reste du monde qu’à protéger les propriétaires de leurs propres compatriotes pirates.

Un éclatement de la force militaire que la Couronne d’Albi cherche à endiguer, d’autant que le recours à des forces mercenaires privées pour protéger les côtes souligne implicitement l’incapacité de la royauté à sécuriser le territoire. Est alors fondée la kuninkaallinen kilta, ou la guilde royale, afin de venir concurrencer directement les autres guildes et, grâce aux grands moyens financiers engagés, attirer à elle l’élite des capitaines et marins de la Péninsule.
Cette initiative se révèle un succès relatif qui sans mettre fin à l’influence des guildes de mercenaires privées limite parfois leur influence mais les oblige également à se montrer plus audacieuses dans leurs expéditions et pousser les voyages de plus en plus loin, jusqu’aux côtes afaréennes et nazuméennes.

Ce n’est qu’au siècle suivant, avec l’essor des universités au moyen âge et l’implantation en Albi de la religion catholique et de son modèle monacal que la kuninkaallinen kilta se voit affublée d’une nouvelle mission : former les capitaines et équipages qu’elle embauche aux différents arts de la navigation, de la stratégie et du commerce, plutôt que de simplement compter sur leurs compétences déjà acquises par ailleurs.
La raison de ce changement de paradigme est multifactorielle : tout d’abord, les capitaines travaillant pour les guildes prestigieuses acquièrent rapidement une grande notoriété et la concurrence entre ces-dernières leur permet d’exiger de nombreux privilèges, au risque de partir travailler pour une autre guilde. De plus, ces Albiens impétueux prennent de plus en plus la mesure de leur rôle militaire crucial dans la défense du pays, au point de pouvoir faire de l’ombre à certains pouvoirs terriens locaux ou de choisir de détourner le fruit de leurs expéditions en mentant sur les butins, voire en ne donnant plus signe de vie pour jouir de leur fortune. Une catastrophe économique pour les guildes qui financent bien souvent en amont une partie de l’expédition. Enfin, ce pouvoir que possède les capitaines les pousse parfois à la faute : les guildes ne peuvent plus leur imposer autant de conditions qu’elles le voudraient ce qui remet en question jusqu’au sens de leur existence puisqu’à nouveau des équipages partent mal préparés et sans suivre les plans, ce qui cause de lourdes pertes financières à leurs employeurs.
A cette crise de la profession, la guilde royale choisit de former ses propres capitaines en prenant sous son aile de jeunes garçons talentueux, souvent cadets de familles argentées et attirés par l’aventure. Elle pourvoie non seulement à leur éducation mais leur apprend également à se battre tout en les plaçant dans un état de dépendance vis-à-vis du pouvoir royal par la créance, les jeunes capitaines doivent rembourser leur formation sur leurs futures expéditions.

Ce modèle porte rapidement ses fruits et est imité avec un temps de retard par les autres guildes, provoquant en l’espace de deux générations une aristocratisation de la piraterie dont les effets s’en ressentent encore aujourd’hui. S’ancre définitivement dans l’imaginaire collectif et dans la structure de la société l’idée que s’ils n’occupent pas le pouvoir politique, les capitaines font partie d’une élite militaire et intellectuelle, les plaçant dans une position similaire à celle des chevaliers dans le reste de l’Eurysie.

L’un des facteurs majeurs de la réussite de cette réforme, et qui ne cessera de s’affiner au cours des siècles suivants, est la mise en avant de l’art militaire et stratégique, allant de paire avec l’espionnage et la connaissance des pays ciblés par les expéditions. Un bon capitaine n’est plus seulement un bon marin et un bon commandant, il doit aussi avoir une connaissance fine de la géographie, de la géopolitique et de la manière d’en tirer parti à son profit. L’Eurysie fait l’objet d’une cartographie toujours plus minutieuse et voit l’émergence d’une première véritable politique internationale de la part de la Couronne d’Albi qui joue alors un rôle stratégique important en monnayant aux puissances régionales d’être épargnées par ses expéditions de pillage, ou de les diriger contre leurs ennemis.

Si cette stratégie de contrôle de la piraterie à des fins d’influence géopolitiques perd progressivement en efficacité au cours des siècles suivant, en raison de la stabilisation des puissances eurysiennes et de leurs investissements dans les défenses côtières, le levier demeure néanmoins entre les mains de la Couronne qui s’en servira à plusieurs reprises, notamment dans le cadre de frappes punitives ou préventives contre des nations menaçantes. Elle s’en sert également pour saper l’influence économique des pays concurrents dans la région, posant les bases d’une ambition hégémoniques dans les deux mers du nord, la Manche Blanche et l’Océan gelé.

C’est avec l’ère coloniale que la guilde royale verra son rôle une nouvelle fois bouleversé en profondeur. Tandis que le Royaume-Uni du Norstalkian se lance dans une série de conquêtes outre-mer, la Couronne d’Albi, plutôt orientée vers les régions de l’Est, temporise et préfère préserver et affiner son modèle de pillage qui fait sa fortune. Le monde, néanmoins, s’agrandit et plusieurs expéditions d’un nouveau genre son commanditées afin de partir à la découverte des régions les plus éloignées de la Péninsule.
Si celles-ci n’en porte pas encore le nom, on peut avec le recul parler de voyages anthropologiques, dont la visée est d’abord et avant tout de mieux comprendre et cerner les rapports de forces politiques et économiques hors de l’Eurysie. Si la Couronne d’Albi ne cherche pas à s’imposer par droit de conquête, consciente de son retard technologique, militaire et démographique par rapport à nombre de grandes puissances concurrentes et belliqueuses à ses frontières, les expéditions cherchent à étendre leurs ambitions de pillage. Comprendre le monde pour mieux en tirer profit est au cœur de la doctrine militaire d’Albi. Mais si ces ambitions sont intéressées, nombre des explorateurs qui partent de la Péninsule n’ont pas de mauvaises intensions et sont souvent mus par une sincère curiosité et désir d’ouverture sur le monde, quitter les mornes marécages de Suo pour s’ouvrir à de nouveaux horizons plus verdoyants et ensoleillés.

Particularité des ambitions pharoises, celles-ci ont eu très vite une dimension multidisciplinaire, pourrait-on dire aujourd’hui. Aux travaux géographiques et cartographiques s’ajoutent un intérêt linguistique et bientôt civilisationnel, cherchant à comprendre les grandes fractures entre cultures, les recenser et les catégoriser, en comprendre l’évolution dans le temps dans un véritable soucis de classification. Avec un aspect notable : très rares ont été les savants albiens à s’aventurer dans les théories de hiérarchisations raciales et culturelles. La raison en est assez complexe mais peut s’expliquer par la place prise par le pillage dans la société albienne : action furtive et rusée, usant de surprise et fuyant devant l’ennemi, la population n’est guère bercée de récits de batailles héroiques, de bravoure et de valeurs chevaleresques. Sont mis en avant la roublardise et la finesse d’esprit plus que la noblesse des idées. En effet, si la Couronne pille les autres nations, c’est bien que celles-ci sont plus riches qu’elle. De fait, la Péninsule a longtemps et encore aujourd’hui entretenu un rapport complexe et paradoxal aux autres cultures, jugées souvent supérieures à la sienne car plus prospères et mieux organisées politiquement, là où l’Etat a toujours eu un rôle très secondaire pour la Couronne d’Albi.
Ne pouvant ni se prévaloir d’une supériorité militaire, économique ou culturelle, Albi conservera un rôle discret et un rayonnement régional en Eurysie, à la fois curieuse du reste du monde mais finalement peu ouvert sur celui-ci, copiant les inventions et découvertes des autres mais systématiquement dans un soucis de les adapter aux spécificités locales et aux besoins de la Couronne, sans prétention à imposer au reste du monde un modèle politique ou civilisationnel.

C’est sans doute cette modestie frisant l’introversion qui explique la place majeure qu’occupa rapidement l’anthropologie dans les enseignements universitaires à Albi, cette discipline étant perçue comme l’une des plus complètes et des plus nobles des humanités, faisant la synthèse de toutes les autres.

Au fil des années, la kuninkaallinen kilta perd progressivement son hégémonie militaire en raison de la démocratisation des techniques de navigation qui diminuent les prix des navires de guerre. En parallèle, la guilde royale voit se renforcer son rôle d’institution de formation aux arts de la navigation et du voyage. Toutefois, la maîtrise de l’océan devient elle aussi progressivement plus technique, à mesure que de multiples champs académiques s’en réclament telle que l’ingénierie, la météorologie, la thermodynamique des fluides, etc. A mesure que ces domaines d’étude demandent une expertise de plus en plus spécialisée, la guilde royale se rabat donc sur les humanités, la linguistique, la géographie, l’histoire et l’anthopologie.

Cette reconversion est actée définitivement au début du XIXème siècle avec la création de la Seikkailunhaluinen humanistinen yliopisto, l’Université d’anthropologie aventurière qui vient remplacer l’ancienne kuninkaallinen kilta, la guilde royale officiellement dissoute. La centralisation du mercenariat n’ayant plus guère de sens puisque la Couronne cherche à se constituer une armée de métier pour ne plus dépendre des capitaines.
Cette dissolution, bien qu’assez symbolique, fait d’ailleurs partie des coups de boutoirs que la Couronne inflige à la piraterie, expliquant certainement la révolte des capitaines qui survient une décennie plus tard et aboutira à la révolution de 1930.

Pendant les dix années précédent la révolution, l’Humanistinen bénéfice de larges financements royaux. Les entreprises coloniales battent leur plein en Eurysie et la Couronne d’Albi qui a achevé d’unifier la Péninsule, ambitionne de réclamer sa part du gâteaux en poursuivant l’expansion norstalkienne. Une dynamique tuée dans l’œuf par le soulèvement des capitaines et des forces socialistes dans l’Est du pays et la révolution pharoise qui aboutit à la fracturation du pays.

Dans un premier temps perçue avec méfiance en raison de ses ambitions coloniales affichées, l’Humanistinen d’Albigärk est finalement remise en service trois ans après l’indépendance d’Albigärk, ses enseignements étant jugés précieux au regard des nouvelles valeurs de la Commune. Elle connaitra une forte activité pendant la deuxième moitié du XIXème siècle et la première moitié du XXème siècle, jusqu’à ce que la conquête listonienne n’amène à sa fermeture. Jugée couteuse et peu utile, elle subit le même sort que la plupart des universités de sciences humaines qui sont transformées en bâtiments administratifs.

Elle est finalement rénovée et réouverte en fin d’année 2007, prête à accueillir à nouveau les étudiants de la Péninsule. Elle se caractérise et se repère par sa forme emblématique et son architecture brutaliste particulièrement populaire au Syndikaali tout au long du XXème siècle. Le bâtiment d'origine ne présentant que peu d'intérêts et s'étant révélé peu pratique pour accueillir un grand nombre d'étudiants, il est remplacé par une façade en forme de cercle plat, symbolisant la rotondité du monde. L'architecture interne évoque vaguement des formes organiques, comme si la planète était une chose vivante, parcourue de veines et irriguée par les couloirs qu'arpentent les visiteurs.
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Uuden talouden yliopisto

Albigärk 8 - Université d'économie nouvelle


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Construite de quatre blocs de béton autour d’un puits de lumière central, l’Uuden talouden yliopisto est en propre l’une des plus petites université que compte la Commune. Les amphithéâtres y sont au nombre de quatre et accueillent des étudiants pour un cursus court, souvent jumelé avec d’autres formations comme celles proposées à la Musta Akatemia, l’Ajattelun Akatemia ou la Seikkailunhaluinen humanistinen yliopisto. D’après les observateurs extérieurs la disposition des bâtiments et le fait que ces derniers soient reliés les uns aux autres évoquerait l’agencement d’une église chrétienne en forme de croix. Une inspiration qui n’a toutefois jamais pu être vérifiée en raison du décès précoce de l’architecte, quelques années après l’inauguration des lieux.

L’Uuden talouden yliopisto est en effet l’une des institutions universitaires les plus récentes d’Albigärk puisque fondée neuf ans avant la prise de la ville, en 1940. Elle est le fruit d’une volonté d’émancipation vis-à-vis d’Albigärk 7 – l’Université d’anthropologie aventurière, inspirée par le découpage des disciplines à l’étranger qui consacre l’autonomie de la science économique par rapport aux autres sciences humaines. Cette séparation répondait également à l’époque aux besoins du gouvernement pharois qui souhaitait enfin se doter d’un corps d’économistes spécialisés dans les approches strictement néo-classiques.

Pour comprendre les raisons de cet intérêt tardif des albiens de l’Est pour l’économie, il faut opérer un léger retour en arrière afin de contextualiser le rapport parfois ambiguë des Pharois avec cette discipline controversée.


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L’économie est-elle une vraie science ? C’est cette question épistémologiquement lourde qui n’a cessé de planer au-dessus de tout le processus menant à la fondation de l’Uuden talouden yliopisto. Si l’économie est une vraie science, elle doit s’intégrer au cursus des humanités et proposer des formations universitaires afin de former les économistes de demain aux méthodes de la discipline. Si en revanche l’économie n’est qu’une sous-branche de l’anthropologie – position longtemps tenue par le conseil de l'université générale d'Albigärk, alors elle doit rester dans le giron d’Albigärk 7.

Loin d’être une simple querelle de chapelle, le débat est un vérité révélateur du rapport des Pharois et plus généralement de la force des conceptions libertaires au Syndikaali lorsqu’il s’agit d’épistémologie. La question qui a traversé le choix de séparer une université d’économie des études d’anthropologies est celle de savoir si la science a pour vocation d’objectifier et de rationaliser le vivant. Pour le dire plus simplement, les postulats de l’économie moderne impliquent – résumé grossièrement – que la plupart des décisions prises par une société, un individu ou des institutions, peuvent se résumer en une succession de choix rationnels visant à répondre à la pluralité des objectifs que l’humanité est susceptible de se fixer.

L’économie serait alors la science des choix (les comprendre et affiner) et, dans son versant politique, proposerait une méthode pour rationaliser ces choix, qui pour le profane sont souvent pris dans le flou le plus complet.
L’économie dans sa forme est donc une science fondamentalement positiviste et dans ses théories les plus abouties, ultra-rationaliste.

En cela, elle s’inscrit dans un courant de pensée qui est déjà en soi une certaine conception politique de l’existant, ce qui détermine ses axiomes et donc ses conclusions. Bien sûr, il existe une économie non-orthodoxe, mais force est de constater que celle-ci a toujours eu du mal à percer pour des raisons structurelles mais également méthodologique. La question de l’économie non-orthodoxe est en fait la question plus vaste de la scientificité de l’économie : l’économie orthodoxe est défaillante et politique, mais l’économie non-orthodoxe ne peut se prévaloir d’une méthodologie et d’un outillage capable de l’élever au rang de science.
En résulte naturellement la conclusion que l’économie n’est pas une discipline autonome.

C’est en tout cas la position qu’a très longtemps tenu le Pharois Syndikaali, après avoir rompu avec le pendant marxiste mais tout aussi positiviste de l’économie, utilisé pendant la République Pharoise, d’inspiration socialiste.

Ce refus de reconnaître l’économie en tant que science a aboutit sur le long termes à deux effets assez spécifique au sein du monde académique albien. Tout d’abord, le refus de considérer l’économie comme une discipline à part entière a permis de la garder intégrée aux sciences sociales ce qui a été un terrain fertile au développement des thèses non-orthodoxes à Albigärk. Deuxièmement, le gouvernement pharois s’est trouvé assez vite incapable de se mesurer aux autres nations car ne disposant pas d’indicateurs et d’outils de calculs communs avec les pays capitalistes.

Cette tendance explique certainement certaines étrangetés pharoises comme le fait que le Syndikaali n’ait commencé à essayer de calculer son PIB que très récemment dans son histoire, et plus généralement le refus de se doter des moyens de contrôler ses flux économiques internes. Ce choix d’une économie relativement anarchique est de fait autant une impossibilité technique, la science économique orthodoxe n’étant pas adaptée au modèle pharois qu’une volonté politique d’empêcher l’Etat d’exercer sa main mise sur le tissu économique de la nation, laissée volontairement dans un flou artistique propice aux affaires.

Dans ce contexte, quelle est donc l’origine de l’Uuden talouden yliopisto ? C’est en vérité moins pour ses besoins personnels que dans un soucis de comprendre le reste du monde que le Syndikaali a choisi d’ouvrir finalement une université d’économie sur son sol. L’objectif est d’apporter à ses stratèges la connaissance non pas de l’économie réelle – si ce mot a un sens – mais des projections économiques et des réflexions que sont susceptibles d’avoir les autres nations du monde. Comprendre l’état d’esprit des pays libéraux et capitalistes, mais également marxistes, féodalistes, mercantilistes et autre. L’Uuden talouden yliopisto a donc pour vocation de donner aux Pharois les outils pour anticiper les stratégies de ses voisins.

Cet objectif très spécifique et moins scientifique que politique explique la taille modeste de l’Uuden talouden yliopisto qui n’accueille en vérité qu’une petite centaine d’étudiants spécialisés chaque année afin d’offrir à l’administration pharoise, mais également à sa piraterie, des clefs de compréhension des autres visions du monde. Être capable de se mettre à la place d’autrui et d’adopter ses perspectives et sa conception de la richesse et du profit est l’assurance de mener de meilleures négociations ou de s’attaquer à des fonctions vraiment stratégiques.

Ainsi, l’Uuden talouden yliopisto a pour charge de dresser des sortes d’idéaux types d’affects économiques pour mieux dévoiler la « rationalité » dont se prévalent les acteurs de l’économie mondiale. Quel type de produits doit être visé pour s’implanter sur un marché ? Que faut-il boycotter pour produire une réaction de l’opinion publique ? autant de questions auxquelles les chercheurs de l’Uuden talouden yliopisto ont pour mission de répondre en travaillant sur le terrain, mais aussi des les laboratoires de l’université situés aux sommets des tours.

Bien qu’ambitieux, ce projet quasiment encyclopédique fut soumis à un coup d’arrêt lors de la prise d’Albigärk, neuf ans après le début des travaux de l’université et deux ans seulement après la première rentrée scolaire. Convaincu toutefois de l’importance des travaux menés, le gouvernement Pharois décida cependant de débloquer les fonds afin de rouvrir l’université en 2008, conscient de l’enjeu pressant qu’il y avait à opérer une distinction précise entre les différents modèles économiques du monde pour saisir plus finement les jeux d’alliances et les inimités entre ceux-ci.
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Konkreettisen yliopiston kielitiede

Albigärk 9 – Université de linguistique concrète


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La fondation de la Konkreet – le surnom donné par les étudiants à leur université – date de la période du XVIIème siècle, lorsque la Couronne d’Albi, ayant conquis l'ensemble de la péninsule, commence à se tourner vers les autres nations du monde qu’elle estime désormais pouvoir tutoyer. Les efforts de la royauté s’étant concentrés pendant les dernières décennies sur les affaires internes et la construction d’un État central et unifié, cette-dernière possède du retard en matière strictement diplomatique et n’accueille que peu d’ambassades étrangères sur son sol. A une époque où le prestige se mesure à l’image de la cour, ce manque de diversité au sein du Royaume d’Albi pose problème.

Afin d’y remédier, la Konkreettisen yliopiston kielitiede est fondée, avec pour fonction de mener des expéditions à travers l’Eurysie et le Nazum – dans un premier temps – former des traducteurs et réaliser des dictionnaires à usage des nobles albiens de façon à leur permettre de s’éduquer aux langues étrangères. L’ambition des rois d’Albi est simple : pouvoir, en une génération, pourvoyer les autres nations du monde en diplomates afin de représenter le royaume à l’étranger. Largement subventionnée, la Konkreettisen yliopiston kielitiede se développe rapidement et s’impose bientôt comme un centre culturel de rayonnement international, posant, sans le savoir, les premières bases de ce qui sera plus tard considéré comme le soft power albien.


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Dès le départ, la Couronne d’Albi a l’ambition de faire de son université un espace de formation et de réflexion destiné à servir le pouvoir d’Etat, ce qui en fait de facto un lieu hautement sensible pour le fonctionnement du pays. A la recherche d'un endroit capable d'accueillir et de garder les secrets de la nation, décision est prise d’investir le château de Tummametsä, une bâtisse aristocratique datant du siècle précédent et située au nord de la ville d’Albigärk, à la frontière des marais. La famille noble qui l’occupe est alors heureuse de céder le terrain et le château qui leurs sont rachetés à bon prix. Accessible depuis Albigärk en deux heures de calèche, l’isolement de la nouvelle université assure la discrétion des étudiants et des diplomates qui se retrouvent isolés de la vie mondaine et sont ainsi moins tentés de bavarder.

Tout au long du XVIIème siècle puis du XVIIIème siècle, le château sera progressivement aménagé et agrandi pour répondre aux besoins de la Couronne qui parachève d’en faire un lieu hautement stratégique. Il n’est alors pas rare que, préméditant une opération politique ou militaire, le gouvernement voire les rois eux-mêmes s’y rendent afin de dresser un bilan de la situation du pays et recueillir les avis des diplomates en missions.

Vers la fin du XVIIIème siècle et le début du XIXème, des annexes à l’université vont commencer à s’ouvrir dans le village en bordure du château. Ce petit hameaux qui n’accueillait jusque là que les paysans locaux ainsi qu’une auberge et quelques maisons privées pour accueillir le personnel de l’université s’étoffe et grandit. La proximité de la capitale et le prestige de la Konkreettisen yliopiston kielitiede attirent une haute société qui déjà montre des signes d'étouffement à l'intérieur de l'imposante capitale. L'accès aux marais et bientôt à des terrains de chasses fait du village de Tummametsä un lieu de villégiature et de contemplation. En parallèle des activités de diplomatie, des écoles privées pour jeunes gens et jeunes filles ouvrent afin d’apprendre à la bonne société les bases de l’étiquette noble, puis bourgeoise. Maintenir un bon port, se comporter en société sont autant de savoirs nécessaires à la vie mondaine qui se développe très rapidement à Albigärk. Les diplomates de l’université deviennent rapidement des invités de marques qu’il est bien vu de fréquenter et plusieurs salons s’ouvrent dans le village qui devient rapidement une petite ville bourgeoise.

La révolution de 1830 bouleverse finalement assez peu les habitudes de l’université et de ses environs. La bonne société y est préservée car à l’écart des troubles de la capitale et certaines fortunes iront même jusqu’à fuir la capitale pour se réfugier à Tummametsä, emportant avec elle fortune et carnet d’adresse. Malgré quelques accrochages, notamment avec les révolutionnaires albiens, l’université demeure d’utilité publique et le réseau de diplomates qu’elle forme et héberge est trop précieux pour être mis de côté. La Konkreet s’ouvrira toutefois à une population d’origine plus modeste en mettant en place des bourses d’études pour les étudiants les plus doués, sous l’impulsion des différentes nations de la péninsule.

Tummametsä devient assez rapidement une sorte de lieu de rencontre entre diplomates albiens – désormais fracturés dans divers nations – où il est possible discuter et de travailler loin des postures politiques et conflictuelles du reste du monde. Bien que les gouvernements respectifs de la péninsule d’Albi se chamaillent voire soient toujours en guerre les uns avec les autres, il est communément admis que Tummametsä est un espace neutre, où les conversations ne portent pas forcément à conséquences. D’une certaine manière, l’université et la ville feront office de pont entre des nations autrefois sœurs, ce qui explique certainement la relative bienveillance dont elle a pu bénéficier à travers les époques.

Lors de la prise d’Albigärk par l’Empire Listonien, nombreux sont les dignitaires de la ville qui pensent qu’une situation similaire à celle du soulèvement d’Albigärk est en train de se produire et beaucoup fuient vers Tummametsä en espérant voir se calmer les tensions. Il n’en est rien cependant. Les troupes de l’Empire progressent vers le nord, jusqu’au marécage de Suo, et s’empare de la ville et du château dans l’idée d’en faire un poste frontière pour prévenir de toute contre-attaque venue de l’intérieur du marais. Militarisé, Tummametsä devient une ville garnison. Jugés inutiles et remplacés par la bureaucratie listonienne, les diplomates sont renvoyés – et s’exilent d’ailleurs pour la plupart dans les nations frontalières – et l’université est transformée en lieu de vie pour les militaires.

Ce n’est qu’à la reprise de la ville que Tummametsä retrouvera une fonction plus neutre. Une grande part de sa population bourgeoise est toutefois partie et malgré un patrimoine architectural de grande valeur, la ville est sans le sou. Elle le restera plusieurs années jusqu’à ce que les fonds débloqués par le Pharois Syndikaali permettent la réouverture de la Konkreettisen yliopiston kielitiede en février 2008. Une part conséquente de la diplomatie est à ce moment depuis longtemps dévolue à des écoles spécialisées mais la Konkreet reprend des fonctions en se spécialisant en linguistique et traductologie.

La formation est pour le moment de niveau master et vise à spécialiser et professionnaliser les étudiants, mais plusieurs projets ambitieux ont été évoqué afin d’améliorer le niveau des albiens en langue étrangère, un investissement particulièrement précieux pour des hommes et des femmes amenés bien souvent à voyager de part le monde. Elle accueille aujourd'hui plus de huit mille étudiants, formés aux langues de tous les continents. On note toutefois une grande appétence pour les langues slaves, eurysiennes en général, Damann et française, en plus d'un petit pic statistique au département d'études de linguistique kah-tanaise et althaljir.
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Soveltavan kirjallisuuden yliopisto

Albigärk 10 – Université de littérature appliquée


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La Sovelt’, comme surnommée par ses étudiants, est le produit de la fusion, au début du XXème siècle, de trois institutions aux buts et fonctions distinctes : l’Ambassade des Mythes et Légendes Albiennes, le Club de poésie irréelle d’Albigärk et L’Institut Dramatique de Pharot. Chacune possède sa propre histoire sur laquelle il est nécessaire de revenir pour comprendre les conditions de créations de la Sovelt’ et les buts que cette dernière s’est fixée.

Aujourd’hui la Sovelt’ se compose de trois pôle, chacun héritier des trois institutions, le premier dédié à l’analyse historique et structurale des récits et mythologies traditionnelles, le deuxième dédié à l’expérimentation littéraire et poétique, et le troisième forme aux métiers de scénariste et narratologue dans le domaine des arts. Certaines mauvaises langues estimeront peut-être que la proximité de ces trois pôle explique en partie la réputation compliquée des œuvres pharoises et leurs difficultés à s’exporter, mais d’autres y voient au contraire une richesse certaine.


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L’Ambassade des Mythes et Légendes Albiennes est un titre quelque peu pompeux pour qualifier le grand projet de recensement inauguré au XVIIIème siècle par le Souverain d’Albi Harri Ier. De tradition principalement orale, comptés par des poètes et scaldes itinérants, les contes traditionnels de la région albienne ont été un levier important pour la fondation du nationalisme albien, lorsque les peuples de la péninsule, réunis sous une seule couronne, ont commencé à chercher à s’identifier à une culture partagée. Un projet encouragé par les Souverains d’Albi qui, sur le modèle des recueils de contes traditionnels eurysien, ont rapidement compris l’intérêt de coucher sur le papier les légendes communes aux peuples d’Albi.

D’abord nommé « bureau des scaldes », celui-ci s’est petit à petit qualifié d’Ambassade autant dans un but parodique qu’une recherche de légitimité. Le nom a finalement été adopté quelques années plus tard, devenant l’Ambassade des Mythes et Légendes Albiennes, installée à Albigärk. Celle-ci a aboutit dans son histoire à quatre recueils appelés Epopées, respectivement en 1765, 1769, 1789 et 1812. Chacun de ces livres est numéroté de I à IV et actualise et enrichit le précédent avec de nouveaux contes ou des versions retouchées et commentées de ces-derniers. En effet, il n’est pas rare qu’une même histoire possède plusieurs variantes selon la région où elle est raconté. Il a donc été nécessaire de parcourir la péninsule à la recherche de ceux dépositaires des mythes traditionnels et volontaires pour les raconter, mais aussi, dans une perspective historique, d’essayer de retrouver la version « originelle » des mythes. Une conception un peu naïve et désormais datée mais qui anima dans un premier temps les premières rédactions des Epopées dont les notes d’époque sont encore aujourd’hui un matériaux précieux pour les chercheurs s’intéressant à cette période.

Le Livre IV de 1812 est la dernière version des Epopées rédigée par l’Ambassade, interrompue quelques décennies plus tard par la guerre civile albienne. L’Ambassade va alors voir la nature de son travail évolué, préservée par la Commune d’Albigärk, elle conserve un statut particulier et est considérée comme un lieu de travail dont les valeurs persistent à défendre l’unité albienne, moins politique que culturelle, et nourrir le débat public de considérations historiques et scientifiques sur le patrimoine partagé entre les différentes nations d’Albi. Pour cela, l’Ambassade va s’emparer d’outils scientifiques nouveaux : celle des folkloristes slaves qui, à l’Est, utilisent une méthode proto-structuraliste pour étudier leurs propres contes et mythologies. L’objectif de ces-derniers est alors de dégager des structures récurrentes dans les histoires traditionnelles, avec pour ambition de découvrir dissimulés derrières certains des rouages de la psyché humaine.

L’Ambassade reprend cette méthode à son compte mais, moins ambitieuse, l’utilise pour identifier certaines structures narratives propres à la région d’Albi et qui constitueraient, selon les pionniers de ces travaux, « la base partagée de l’identité albienne ». Malgré la richesse intellectuelle indiscutable de ces travaux, ceux-ci font l’objet de vives critiques aussi bien venues du monde politique que scientifique. En cause : une vision trop albo-centrée, qui consacrerait une fois de plus la supériorité de la culture albienne sur les autres de la région. Les études sont discutées au sein même de l’Ambassade qui accueille des chercheurs d’origines diverse et deux ans plus tard, reprenant les précédents travaux sur la base desquelles ils s’appuient pour identifier un pan plus large de structures narratives, augmentant leur nombre à trente-trois.

L’Ambassade poursuivra ses travaux tout au long du XIXème siècle, jusqu’à l’essouflement progressif du courant folkloriste. Progressivement supplantée par l’émergence d’autres disciplines scientifiques telle que la linguistique et l’histoire qui mobilise ses travaux pour leurs propres recherches, l’institution perd petit à petit en prestige et finit par se limiter à la compilation et la recherche des légendes et folklores de la péninsule, tout en en proposant des interprétations et des origines divers. Marquée par le courant de la psychanalyse, elle reprendra son souffle à la fin du XIXème siècle en travaillant et publiant une série d’ouvrage « psychanalyse des contes d’Albi » où elle associe par exemple le rapport des Pharois à l’eau avec celui de la maternité et compare notamment le Détroit à « l’utérus maternel ». Des travaux assez médiatisés mais qui feront également l’objet de méfiance, jusqu’à ce que le déclin de la psychanalyse et la conquête listonienne d’Albigärk ne les enterre.

L’Ambassade des Mythes et Légendes Albiennes occupe une fonction moins scientifique que patrimoniale et également politique. Elle accueille notamment des think tank pro-réunification et fit l’objet de controverse et de polémique pour avoir offert des tribunes à certains intellectuels nationalistes et royalistes, dans des moments où ces courants étaient très mal vus. Qualifiée de conservatrice voire de réactionnaire, l’Ambassade s’est toujours défendue de faire de la politique et se dit ne défendre que la culture partagée de la péninsule. En 1920, suite à une nouvelle polémique, l’Assemblée Générale d’Albigärk vote pour son intégration à une nouvelle institution : la Soveltavan kirjallisuuden yliopisto, espérant que la proximité avec d’autres chercheurs et disciplines permettra de scientificiser d’avantage les travaux de l’Ambassade.


Le Club de poésie irréelle d’Albigärk est beaucoup plus récent que l’Ambassade des Mythes et Légendes Albiennes. Il voit le jour à la fin du XIXème siècle, dans les années 1880, où un grand nombre d’écrivain albiens, inspirés par le mouvement dada en Eurysie, s’en emparent et cherchent à lui donner une vitalité sur le territoire de la péninsule. Si les écrits du Club demeurent marginaux et assez confidentiels pendant quelques années après sa création, ils exploseront dans les années 1890 où leurs propositions artistiques absurdes serviront d’inspiration à l’Assemblée Générale d’Albigärk qui les politise et les intellectualise.

D’abord simple proposition artistique, celle-ci trouve un écho dans la société d’inspiration anarchiste et aboutit à des projets d’organisation sociale surprenants. Si un certain nombre reste de l’ordre du pur symbole, d’autres ont des répercussions concrètes telle que l’adoption de la « langue des oiseaux » comme langue nationale de la commune ce qui aura des effets sur le droit qui se trouve obligé de prendre en compte la dimension poétique de ses arrêtés. La recherche constante d’absurdité est en fait la part esthétique de la volonté de la Commune de demeurer ingouvernable. En jouant de son étrangeté elle se rend incompréhensible et donc inaccessible pour les gouvernements.

Dans ce projet politique qui se construit, le Club aura une importance grandissante et si beaucoup des écrivains et artistes qui y produisent prennent la chose avec amusement, d’autres s’intégreront parfaitement aux débats de l’Assemblée Générale en proposant notamment des performance et en incarnant des figures politiques parfois ambiguës. La poétesse Joosefina Eesteri sera ainsi proclamée « déesse » par ses partisans qui occuperont pendant plusieurs années un quartier entier de la ville dédié à sa gloire. Plusieurs accusations de dérive sectaire viendront entacher ce qui, à l’origine, ne prétendait pas à plus qu’à inspirer les jeunes générations par l’art. D’autres scandales auront lieu au cour des années, conduisant à une certaine méfiance de la part de la population vis-à-vis de ce Club de plus en plus envahissant.

En 1920, sur décision de l’Assemblée Générale, le Club est intégré à la Soveltavan kirjallisuuden yliopisto dont qui met dans un premier temps son budget sous tutelle, avant de l’intégrer définitivement comme l’un de ses pôles disciplinaire. Plusieurs des artistes du Club se voient proposés des postes d’enseignants ou de chercheurs ce qui, l’âge aidant, participe à normaliser leur place dans la société. Si plusieurs figures politiques, artistiques et intellectuelles majeures déploreront a posteriori la perte de créativité entraînée par la décision de fusionner le Club avec la Soveltavan kirjallisuuden yliopisto, l’influence de ce-dernier n’en restera pas moins extrêmement marquante dans l’histoire d’Albigärk au XXème siècle.

C’est la colonisation listonienne en 1949 qui mettra un coup d’arrêt à la chienlit en imposant une politique sociale particulièrement ferme à la ville. Les anarchistes s’enfuient ou entre dans la clandestinité et le rayonnement artistique d’Albigärk se déplace dans les pays voisins, fortement amputé.


L’Institut Dramatique de Pharot, contrairement à ce que son nom indique, ne s’est pas cantonné à la ville de Pharot, au Syndikaali, mais c'est là qu’elle a vu le jour. Lors de la guerre civile albienne qui voit consacrée l’indépendance de la Commune d’Albigärk, achève de faire prendre conscience à l’ex-minorité pharoise de son particularisme culturel. L’époque est alors aux nationalismes et la République Pharoise souhaite se distinguer de l’ancienne politique culturelle albienne sur laquelle elle s’est à son goût trop longtemps calquée. Le retard est néanmoins lourd à rattraper, la majeure partie des universités pharoises étant concentrées à Albigärk qui s’impose, avec Kanavaportti, comme les deux pôles culturels majeurs de l’Est de la péninsule.

Le gouvernement républicain de l’époque choisit donc de financer plusieurs initiatives pour promouvoir les spécificités de la culture pharoise, et décide de les installer dans sa nouvelle capitale : Pharot. L’Institut Dramatique de Pharot voit alors le jour, pensé pour former une nouvelle génération d’écrivains, scénaristes et auteurs affranchis de la culture albienne et capable de porter les couleurs de celle des Pharois. Le projet est rapidement un succès, porté par l’enthousiasme d’une nouvelle génération de Pharois ayant grandit pendant la guerre civile et désireux d’incarner un renouveau national après l’indépendance.

En raison de ce succès, L’Institut Dramatique de Pharot sera décliné dans plusieurs autres villes du Syndikaali, Helmi dans un premier temps, puis les ports-libres et enfin Kanavaportti pourtant de culture albienne. De simple institut de formation d’écriture, il se transforme petit à petit en conservatoire accueillant plusieurs autres formes d’art liés entre-autre à la scène, le chant, le théâtre et plus tard le cinéma. Fortement dépendante des subventions d’Etat et associé à un projet de revitalisation nationaliste porté par le gouvernement de la République Pharoise, le changement de régime qui voit naître le Pharois Syndikaali rend désormais l’Institut suspicieux aux yeux du nouveau gouvernement. Celui-ci pousse d’abord à sa scientifisation pour l’épurer de son projet identitaire, puis décide de proposer sa fusion au sein de la Soveltavan kirjallisuuden yliopisto.

Les autres Instituts Dramatiques de Pharot sont simplement transformés en conservatoires municipaux et placés sous la responsabilité des villes qui les accueillent. L’Institut gardera pourtant longtemps intacte sa réputation prestigieuse et s’enrichira des pratiques artistiques d’Albigärk pour proposer un syncrétisme salué entre culture pharoise et albienne, faisant parler de « renouveau de l’art est-albien ». Marqué par l’austérité pharoise et l’absurdité albienne, une nouvelle génération d’artiste verra en effet le jour dans les années 40 et influencera la péninsule pendant une décennie avant que la prise d’Albigärk en 1949 ne force ses représentants à s’exiler.


Courant d’année 2008, la Soveltavan kirjallisuuden yliopisto est restaurée et réhabilitée dans ses fonctions grâce à un budget commun pharo-finnevalto-albien, dans le cadre du rapprochement des trois pays. Aujourd’hui, elle accueille pour sa rentrée plus de trois mille étudiants en art mais aussi en étude du folklore, anthropologie, histoire et narratologie. Signe de sa vitalité, plusieurs syndicats étudiants et enseignants rejoindront le mouvement de contestation albien contre la tenue du festival international de cinéma à Hvari au Novigrad, pour protester contre l’invasion du Prodnov par l’ONC. Bien que faiblement suivi dans le reste du monde, ce mouvement participera à donner de la voix à l’Université et servira de base pour nouer des partenariats entre artistes, chercheurs et étudiants.
Ambitieuse, la Soveltavan kirjallisuuden yliopisto annonce souhaiter participer au prochain festival du cinéma en 2009, si celui-ci se déroule cette fois dans un pays fréquentable.
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Sillat ja tunnelit

Albigärk 11 – École des Ponts et tunnels


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L’école des Ponts et tunnels fut fondée au XVIIIème siècle avec pour projet de former les futurs ingénieurs du Royaume d’Albi, capables de réaliser concrètement son unification territoriale. Parcourue de marais et de montagnes, la péninsule d’Albi est un territoire difficilement praticable dès lors que l’on s’éloigne du tracé de ses côtes. Une spécificité géographique qui explique l’attrait de ses peuples pour le canotage et les longs voyages en mer, ainsi que l’implantation de la majeure partie des communautés humaines en bord de mer.

Malgré l’unification politique de la péninsule par la Royauté Albienne, celle-ci demeura longtemps fragmentée ethniquement en raison des difficultés de circulation à l’intérieur des terres. Plusieurs grands travaux furent mis en place tout au long des siècles, bien que souvent interrompus par les crises et les luttes aux frontières, mais ce n’est qu’au début du XVIIIème siècle, lors d’une période d’accalmie politique, que la Couronne décida d’organiser la formation d’un corps d’officiers du génie et d’ingénieurs civils capables de concrétiser l’ambition d’unifier définitivement la péninsule.

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En 1732, la Sillat ja tunnelit – école des Ponts et tunnels, est fondée par décret royal. Une spécificité de la Sillat est que dès sa création, elle ouvre ses portes aux enfants des classes bourgeoises et même du Tiers Etats, dans une société par ailleurs encore très féodale. L’objectif de cette ouverture est moins altruiste que pragmatique : la noblesse préfère encore envoyer ses enfants faire carrière dans l’armée et se montre peu enthousiaste à l’idée de former des ingénieurs et des architectes. Pour garnir les rangs de la Sillat, la Couronne va alors mettre en place des bourses d’étude et valoriser le statut d’ingénieur par des grâces, des récompenses symboliques et, le cas échéant, des réductions d’impôts ou de taxe pour les familles dont l’un des enfants se spécialise dans ce domaine.

L’effet est immédiat, la bourgeoise qui se tournait d’ordinaire plus volontiers vers le commerce et le droit, se montre rapidement volontaire pour spécialiser ses enfants dans l’ingénieurie. Le manque d’expertise est toutefois un problème récurent des débuts de l’école des Ponts et tunnels, poussant la Couronne à avoir recours à l’espionnage industriel en envoyant ses étudiants accompagner ses ambassadeurs en Eurysie du sud, où ils observent les prouesses architecturales inconnues de la péninsule albienne.

L’un des premiers grands exploits de l’école des Ponts et tunnels sera la conception et la réalisation du canal de Kavanaportti dans la ville du même nom. Un canal de plus de 45 kilomètres et large d’environ 200 mètres, c’est une prouesse architecturale pour son époque. Réalisé par l’ingénieur royale Jaakkima Erno, il s’agit du premier « grand travaux » d’ambition nationale, si on exclue palais et fortifications. Bien qu’aujourd’hui considéré comme légèrement archaïque en raison de sa faible profondeur, le canal est à l’époque une grande réussite qui offre à la flotte royale albienne un moyen exclusif d’accéder à la Manche Blanche par l’océan du nord sans emprunter le détroit et donc potentiellement prendre ses ennemis à revers. C’est également un moyen de relier le sud-ouest de la péninsule avec le sud-est sans avoir recours à un long détour ou le déchargement des marchandises à Kanaportti.

Principalement basés au sud de la péninsule, les albiens enchaîneront plusieurs projets d’envergure, dont une route côtière reliant Albigärk à Kanavaportti de sorte de pouvoir relier le Royaume au continent par voie de terre. L’école des Ponts et tunnels s’illustrera également en construisant plusieurs digues imposantes pensées pour moderniser la protection militaire des ports des attaques pirates ou ennemies. Si les albiens n’ont que peu brillé dans l’histoire de la région pour leurs talents d’architectes, leur savoir-faire dans la confection de digues ambitieuses et en avance pour leur époque est unanimement saluée.

Quelques autres réalisations notables sont à mettre au crédit de l’école des Ponts et tunnels, dont ceux qui lui vaudront son nom : marécageux, entouré de falaises, ponctué des montagnes et parcouru de rivière, le territoire de la péninsule d’Albi nécessite un certain nombre d’aménagement notables pour devenir praticable, à commencer par le fait d’enjamber ou de passer sous les différents obstacles géographiques. Les ponts et tunnels deviennent le prérequis nécessaire pour envisager une circulation terrestre fluide et la Couronne planifie tout au long du XVIIIème siècle de poser les bases d’un réseau de routes et de postes interne au pays.

L’objectif est double puisqu’il vise à émanciper la Couronne de la mer pour sa stratégie militaire, en effet une défaite navale isolerait terriblement les différents territoires alors incapables de communiquer entre eux. L’autre intérêt est d’assécher la manne de ressources tirées de la piraterie en mer en favorisant les routes commerciales terrestres sur lesquelles le pouvoir royal a beaucoup plus d’emprise.

Les crises économiques et troubles politiques survenant au début du XIXème siècle, puis la guerre civile de 1830 marqueront toutefois un coup d’arrêt dans cette politique de grands travaux. L’école des Ponts et tunnels en souffrira dans un premier temps, avant d’être sollicitée par les nouvelles entités politiques de la péninsules désireuses de recruter des ingénieurs militaires. La guerre civile étant encore fraîche, plusieurs nations se lancent dans une politique de fortification et de militarisation régionale, nécessitant un grand nombre d’architectes qui vendent alors leurs services à prix d’or.

Albigärk indépendante se dotera à cette occasion d’un nouveau réseau de digues et de murs correspondant aux enjeux d’une guerre moderne. Ces efforts seront toutefois réduits à néants par la pression de la République Pharois qui impose, pour maintenir son aide économique, la destruction des murailles d’Albigärk. Un projet justifié à l’époque par la nécessité de garder la ville neutre, mais qui sera considéré rétrospectivement comme une lourde erreur après la prise de la ville par l’Empire Listonien.

Ce dernier conquiers la Commune en 1949, après avoir mis en déroute la flotte pharoise. L’université des Ponts et tunnels perd alors sa fonction puisque la ville se retrouve coupée du reste de la péninsule et les ingénieurs s’exilent dans les autres territoires albiens. Paradoxalement l’impulsion listonienne remilitarisera la Commune mais mobilisera principalement des ingénieurs métropolitains. L’école ferme donc et ne réouvrira que cinquante années plus tard, en 2009.

Aujourd’hui, l’école des Ponts et tunnels dispense une importante activité de recherche orientée vers les différents types d’industrie civile et militaire. Ses domaines de recherche s’étendent de l'énergétique aux matériaux, en passant par les mathématiques appliquées, les géosciences appuyées des sciences économiques et sociales pour adapter les nouvelles technologies et l’architecture aux populations destinées à en faire usage.
L’école d'ingénieurs développe également la création de chaires d’enseignement et de recherche sur des thèmes émergents tels que les hautes technologies, l’informatique et l’écologie. Elle accueille désormais plus de quatre mille étudiants pour un peu plus de six-cents diplômés par promotions. Majoritairement financée par des fonds pharois, l’école des Ponts et tunnels est ambitionnée par le Syndikaali comme la clef de voûte de sa politique d’industrialisation rapide et massive, lui permettant à termes de concurrencer des pays beaucoup plus peuplés.

Encore très dépendant du fret maritime, le Syndikaali et les nations de la péninsule ont compris l’intérêt de développer des moyens de transports moins coûteux et plus rapides, au moins pour les questions industrielles, sinon pour le transport civil voire touristique. La géographie d’Albi n’a guère changée depuis le XVIIIème siècle et les problèmes de marécages persistent, ainsi que la division en deux de la péninsule par les montagnes finnevaltaises. Bien que les Pharois demeurent encore assez hostile aux développement des infrastructures terrestres, l’investissement dans le tissu urbain est une nécessité pour irriguer le pays et éviter que la progression extrêmement rapide de son économie ne pose à court et moyen termes des catastrophes sociales extrêmement redoutées.

La rupture des Albiens avec une économie traditionnelle – certains diront archaïque – tournée vers la mer et le commerce pourrait en effet déstabiliser profondément la structuration sociale du pays et provoquer des résistances populaires. Le cahier des charges de l’école des Ponts et tunnels mentionne spécifiquement que devra s’engager dès courant 2009 une réflexion de fond sur la manière d’aménager et penser l’organisation du territoire afin de répondre à ces enjeux naissants et de plus en plus inquiétants.

D’un point de vue architectural, l’école est entièrement repensée durant la décennie 1930-1940 où elle fait l’objet de plusieurs concours de rénovation afin de moderniser son apparence et son agencement. Elle est partiellement détruite, bien que certains bâtiments architecturalement notables soient conservés pour accueillir l’administration, et repensé dans un style beaucoup plus organique, proche du modernisme kronien. Les ingénieurs de l’école des Ponts et tunnels proposeront à cette fin plusieurs projets en partenariat avec la Kukka-akatemia, d’où des inspirations assez avant-gardistes pour l’époque. Le choix des matériaux, mélange de béton et de boiseries est censé représenter l’alliance de la modernité et de la nature, harmonie entre progrès et retour aux sources primitives et païennes de la péninsule.

Vue de l’extérieur, les bâtiments principaux prennent la forme d’un aileron de requin, évoquent à la fois l’élévation scientifique et technologique mais reposent sur une base immergée – d’ailleurs une part conséquente des amphithéâtres se trouvent en sous-sols – censé signifier que le corps réel de la technique est toujours invisible et que le progrès n’est que la surface émergée d’un chose plus ancienne et imposante.
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Näyttävän maalauksen akatemia

Albigärk 12 – Académie de peinture spectaculaire


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La Maalauksen fut pendant plusieurs siècles la principale académie d’art pictural du Royaume Albien. Aujourd’hui concurrencée par les conservatoires régionaux et ayant perdu une grande part de ses étudiants durant l’occupation listonienne, elle entend jouer sur son prestige passé pour se refaire un nom dans la péninsule et attirer à elle les étudiants en arts plastiques les plus prometteurs et talentueux de leur génération.

A l’origine pensée comme une école d’art classique, elle s’enrichie à l’aube du XXIème siècle d’ambitions plus diversifiées, accès sur l’essor des nouvelles technologiques pour former des étudiants en graphisme et design. Financée par des fonds pharois, la Näyttävän maalauksen akatemia s’équipe en outils de création modernes et adaptés aux enjeux de l’époque. Elle se dote également d’un département de recherche en ergonomie appliquée, dédiée à l’étude et l’adaptation des nouvelles technologies aux habitudes, besoins et réflexes humains.

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« Votre Majesté a bonne figure, il lui faut un peintre assez talentueux pour ne point la gâcher. » cette phrase, qu’on attribue au Bourgmestre de Kanavaportti, l’Intendant de la Couronne au Roi Eelis, a été rapporté dans les écrits de la Cour de Monsieur Anti au XIVème siècle. Elle marque, pour les tenants du roman nationale, un tournant ambitieux dans la politique de soft power des rois d’Albi, grâce à la peinture. A cette époque, l’expression du pouvoir royal se réalise principalement par des chroniques littéraires qui vantent les exploits des souverains de la péninsule dans les cours étrangère.

Pour les paysans, bourgeois et chefs locaux, ce sont les poèmes chantés qui circulent. Des scaldes itinérants font à cette époque le tour du pays pour apporter les nouvelles et donner leur interprétation des grands événements de la région. On attribue d’ailleurs à la tradition orale et aux réinterprétation des événements par les poètes les prémisses de la culture romantique albienne et pharoise par ricochet. L’histoire n’est jamais qu’une histoire, racontée à un public qu’il s’agit de captiver afin d’en obtenir les faveurs.

Si la tradition orale demeure encore longtemps prédominante dans la péninsule, l’importance d’employer d’autres outils et moyens de diffusion de la culture albienne est rapidement comprise par la Couronne d’Albi. Il ne s’agit pas que de tenir le pays, mais également d’en exprimer la puissance à travers une lecture avantageuse des réformes et des succès de ses souverains. Si, comme dit plus haut, la chronique littéraire est dans un premier privilégiée pour s’adresser aux autres cours du nord de l’Eurysie, cette dernière demeure ronflante et un peu trop illustrative. Il faut trouver moyen de susciter des émotions, de la peur mais aussi de l’admiration pour la puissante Royauté d’Albi.

Ainsi, ce serait sous l’impulsion du bourgmestre de Kanavaportti – déjà à cette époque connu pour son patronage de nombreux artistes – que le roi Eelis aurait posé les fondements d’une nouvelle politique culturelle, prémisse du soft power albien. Il cherche alors à faire venir du sud de l’Eurysie, fameuse pour la grande maestria de ses artistes, des peintres et sculpteurs afin de rendre compte de sa puissance et de sa richesse. Ce mécénat se heurte toutefois à des réalités malheureuses : manque de liquidités, faible loyauté des artistes ou simple difficulté à évaluer leur talent véritable, le roi Eelis peine à entretenir une véritable cour des arts et des lettres comme il l’aurait souhaité.

A sa mort, son fils et successeur reprend à son compte les ambitions de son père mais cette fois en privilégiant le patronage et la formation d’artistes originaires de la péninsule, afin de s’assurer que leur vision culturelle s’ajuste bien aux intérêts de la Couronne. S’il recrute dans un premier temps au sein d’ateliers déjà existants, le roi financera la fondation d’une académie de peinture en 1386 qui deviendra la Näyttävän maalauksen akatemia. Le cahier des charges de cette dernière est alors clair : entretenir un collège permanent d’artistes, prêts à se former aux arts Franciens et de former en retour les nouvelles générations.

C’est le début de la tradition picturale albienne et de l’école d’Albigärk. Des réalisations assez pompiers, représentant des scènes religieuses ou de bataille, mettant l’emphase sur le charactère prestigieux, héroïque ou sacré des personnages représentés. Les proportions sont alors atypiques, y compris pour l’époque, héritage d’une vision mythologique et onirique du monde qualifié de « vertigineux ». Dans la peinture albienne, les choses sont souvent vaporeuses et les lignes de fuite les font échapper à nos yeux et nos sens, comme si elles filaient entre nos doigts.

La Näyttävän maalauksen akatemia se maintiendra tout au long de l’existence du Royaume d’Albi. Tantôt prestigieuse, tantôt désargentée, la qualité des productions et des artistes qui en sortent semble assez corrélée aux financements de la Couronne qui, dans les périodes de crise, rogne sur les fonds alloués à l’art. S’il ne s’agit bien entendu pas de l’unique école d’art sur la péninsule, le patronage royal en fait une autorité qui débouchera progressivement sur une mission de prescripteur vis-à-vis de l’art et des artistes.

Avec le temps, la Näyttävän maalauksen akatemia est érigée en gardienne du temple et du classicisme. Elle fustigera de manière quasi systématique les modernes au cour de l’histoire et tentera d’établir à plusieurs reprises des ouvrages sur les règles canoniques de l’art, qu’elle éditera à mesure que de nouvelles techniques apparaîtrons ou que les goûts des souverains albiens la forceront à changer de position.

A l’aube du XVIIIème siècle, la Näyttävän maalauksen akatemia a assez mauvaise réputation. Qualifiée d’archaïque et conservatrice, elle tente en effet de censurer plusieurs artistes issus d’autres régions de la péninsule, pour le caractère supposément choquant ou blasphématoire de leurs œuvres. Tantôt soutenue par le pouvoir royal, tantôt non, l’Académie pourra s’appuyer sur la puissance de l’Eglise catholique en Albi qui voit dans la censure de l’art un moyen de guider les hommes vers une meilleure conduire. La crainte que des représentations païenne, très mobilisées par les artistes albiens, ne participent à la corruption des âmes est particulièrement présente.

Il est d’ailleurs intéressant de noter que tout au long de son histoire, en raison de la place que les rois albiens chercheront à donner à l’Eglise catholique pour justifier leur pouvoir, les contestations politiques et idéologiques s’appuieront de fait souvent sur cette manne culturelle païenne qui vient alors irriguer l’art contestataire. La Näyttävän maalauksen akatemia se positionne donc comme une institution de contrôle social et cherche à imposer une vision hégémonique de l’art pictural, conforme aux canons du classicisme et des valeurs de l’époque portée par la religion et la Couronne.

Lors de la guerre civile albienne, l’Académie se trouve alors en difficulté. Outil répressif et censeur du pouvoir royal, elle est assez mal vue par la population révolutionnaire et sera fermée trois ans au moment de la proclamation de la Commune. Elle sera finalement réouverte à la demande de plusieurs artistes peintres souhaitant en moderniser l’enseignement et la pédagogie. Ces derniers s’engagent à rompre avec la tradition classique et à s’ouvrir à des formes d’art plus modernes et engagées.

En dix ans, la réputation de la Näyttävän maalauksen akatemia change du tout au tout. Perçue comme conservatrice et prescriptive, elle ouvre ses portes à des artistes de tous les horizons et à un certain nombre d’écoles étrangères, l’obligeant à s’agrandir pour faire face à l’afflux d’étudiants. Le développement d’un forme prototypique de street art avec l’importance donnée aux expressions de la révolution dans les rues, sur les murs, et le développement des théories d’agit-prop inspire grandement l’Académie qui devient une référence en art contestataire. Cela ne se fait toutefois pas sans quelques dérives propres à l’art politique, un style un peu trop littéral dans sa dénonciation : l’art à message encouragé par la Commune suscite la controverse.

Dans le même temps, des expérimentations tout à fait avant-gardistes sont réalisées au long du XIXème siècle. L’Académie participe fortement à l’émergence du mouvement dada à la fin du siècle, puis du surréalisme début XXème dont elle incarne le pendant pictural. Elle est alors l’objet de violentes controverses qui se règlent en débats dans les amphithéâtre et parfois en bagarres de rues. Plusieurs pôles se forment au sein même de l’Académie pour répondre aux besoins de cohabitation des différentes écoles qu’elle héberge.

En 1949, la prise d’Albigärk met un coup d’arrêt aux activités de la Näyttävän maalauksen akatemia. Cette dernière reste alors active de manière informelle. Des cours de dessin sont organisés dans la clandestinité et la résistance à l’envahisseur se poursuit sur les murs de la ville, par le graffiti, les slogans révolutionnaires, caricatures et appels à l’insurrection. Tout du long de l’occupation, les dirigeants listoniens peineront à endiguer cette atmosphère contestataire qui s’incarne dans le paysage urbain. Plusieurs artistes verront alors le jour et se feront connaître pour leurs détournements des lois et des règles et la moquerie constante des gouvernements coloniaux successifs, jusqu’à la libération.

Il faudra finalement attendre 2009, trois ans après la rétrocession d’Albigärk, pour que la Näyttävän maalauksen akatemia réouvre ses portes avec comme ambition de transformer l’énergie révolutionnaire d’Albigärk en nouveaux courants artistiques. Toutefois, certains investissements conditionnés de la part du gouvernement pharois inquiètent quant à la possibilité que l’Académie redevienne à termes un outil de soft power politique plus qu’un espace libre d’expression. Le directeur de l’Université Générale, Ransu Rasanen, prononcera à ce sujet un discours remarqué lors de l’inauguration pour rappeler l’inanité des arts politiques.

« La politique vient après, dans la façon dont l’art est saisi. Qui pense faire de l’art pour sa fonction d’utilité ne fait pas de l’art, mais des outils. »

La recherche fondamentale pharoise étant depuis quelques années très tournée vers les nouvelles technologies, elle entend cependant mettre à contribution la Näyttävän maalauksen akatemia pour la confection de logiciels et d’interface ergonomiques, afin de faciliter l’utilisation des écrans pour une population en voie de connexion. Aujourd’hui, en plus de son pôle d’art plastique et de ses formations à la peinture, l’Académie s’est donc dotée de nouveaux départements de recherche fondamentale, censé permettre la jonction entre art et technologie.

Architecturalement, la Näyttävän maalauksen akatemia s’est réinstallée dans une usine de ciment désaffectée, vendue une bouchée de pain par la Commune. Les besoins en place en raison de l’extension des fonctions de l’Académie ont poussé à déserter les anciens bâtiments pour construire une université complétement nouvelle. Alliant béton et nature, l’Académie est un lieu reposant, organisée autour de grandes arches qui permettent de laisser entrer la lumière et de nombreux jardins intérieurs ou suspendus. Pensée comme un espace d’expression créative, elle laisse les étudiants s’approprier les structures bétonnées, redécorées progressivement par les peintures murales, graffiti et pochoirs qui s’accumulent et se recouvrent les uns les autres d’années en années.
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