Posté le : 25 avr. 2024 à 10:23:47
9648
Histoire du Delta de l’Erdrin de la préhistoire à la fondation du Royaume du Canta
Depuis des millénaires, le fleuve Erdrin se jette en un vaste delta dans la Manche Blanche, si l’Erdrin forme alors des centaines de branches, ramifications et canaux naturels, le temps a formé 3 grands chenaux : la Meur, l’Escrot lui même divisé en deux sous chenaux : occidental et oriental et le Rate.
Depuis près de 2.500 ans, les hommes, plus particulièrement ceux de la tribu des Ets, se sont définitivement établis sur les îlots les plus hauts du Delta, au Nord de ce dernier qui regroupe aujourd’hui des villes telles que Roune, Bois Hardi, A’Rosay ou encore Defort. Ces îlots étaient non seulement les seuls épargnés par les crues printanières consécutives à la fonte des neiges de Frochine mais aussi par les plus importantes tempêtes, très courantes en automne et en hiver dans le Golfe de Ckey. Les îlots sont en outre protégés de toute invasion grâce au système naturellement complexe de navigation entre les îlots due à des marées très importantes et rapides avec parmi les plus gros retraits de marée de l’Eurysie. Mais aussi de très nombreux guets qui enlisent plus d’un navire dirigé par un capitaine inexpérimenté mais aussi des courants très changeants…
Grâce à cela, la civilisation Ets a pu se développer plus rapidement que les autres civilisations régionales en établissant un certain nombre de villes et villages sur les plus hauts îlots du delta, en particulier autour de ce qui n’est alors qu’une petite place fortifiée : Roune. Ces villes naturellement protégées par l’eau ont vu rapidement se développer l’artisanat du cuir ou du bois, source de grandes richesses pour les Ets. Ce n’est que vers le IIe siècle avant Jésus Christ que la petite place forte de Roune s’imposa comme la “capitale” de la civilisation Ets. Roune s’est détaché du lot grâce à deux phénomènes, tout d’abord un phénomène naturel de sédimentation de nombreux bras d’eaux qui ont réduit l’accessibilité de nombreux villages couplés à l’augmentation de la taille des navires de commerce, qui ne pouvait s’arrêter que dans les îlots donnant directement sur le Golfe, à l’instar de Roune, Donestal et St Agnan.
Plusieurs siècles plus tard, vers l’an 300, le développement plus tardif des civilisations Cata et Nata amènent la venue de ces premiers dans le delta qui vont profiter de la faible puissance militaire des Ets pour piller la région. Alors que les Cata et les Nata développent des civilisations assez structurées et aristocrates tournés vers le travail de la terre au service des combattants, à pied pour les Cata et à cheval pour les Nata. Les Ets vont conserver un mode de vie plus archaïques et se rapprochant d’une forme de démocratie presque exclusivement tournés vers l’eau dans toutes ses dimensions. Les Ets vont durant plusieurs siècles artificialiser le delta pour le rendre plus agréable à vivre en multipliant les rigoles pour irriguer leurs champs, mieux maîtriser le niveau des principaux chenaux et en construisant de nombreuses digues.
Il existe de très nombreux fantasmes autour des premiers systèmes de maîtrise des eaux inventés par les Ets. Tombés dans l’oubli à la suite de la fondation du Royaume du Canta, les premières traces de ces systèmes sont retrouvées dans quelques écrits primitifs en langue Ets retrouvés dans plusieurs bibliothèques cantaise au XVIe siècle, consécutivement aux travaux massifs de maîtrise du delta entamés à cette date. Longtemps tombés dans l’oubli, la langue Ets ne sera redécouverte qu’au XIXe siècle, en même temps que la jeune Fédération du Canta se passionne pour sa riche histoire ancienne. Les premiers historiens- conteurs imaginent rapidement à partir de ces écrits, un système de maîtrise des eaux jusqu’alors inconnu et d’une rare perfection où les Ets, grâce à des technologies difficiles à comprendre à cette époque serait capable de faire baisser en quelques heures le niveau de l’Erdrin dans le delta et ainsi d’éviter complètement les inondations. Ces “découvertes” sont rendues encore plus impressionnantes par les très influents activistes de l’identité Ets qui y voient la preuve de leur supériorité sur les autres peuples du Canta. Toutefois, la prodigiosité de ces technologies sera remise en cause au début du XXe siècle avec les progrès de la connaissance du passé et de l’archéologie qui vont certes mettre au jour quelques ouvrages rudimentaires Ets composés de digue et de vannes, mais permettant tout au plus grâce à un système de barrage sommaire de retarder une inondation ou d’en accélérer la décrue, de manière très relative. Au moment de la mise en place du Plan Erdrin à partir de 1949, les ingénieurs cantais vont essayer de reproduire des mécanismes décrits par les Ets, sans grand succès. Toutefois, depuis quelques années, avec l’avènement d’internet, de nombreuses thèses complotistes développées dans des pays étrangers viennent affirmer toute sorte de fantasmes, souvent extra terrestres, en lien avec ce fameux système hydraulique Ets.
Durant le IIIe siècle, la plupart des villes du delta seront pillées et incendiées par les Cata, en particulier celles les plus éloignées du Golfe. Les Cata, peuples habitant les actuels duchés de Toipou, du Nord, de Dicarpie et d’Elsace est un peuple de montagne et de marais, en opposition aux Nata, peuple de plaine et de forêt habitant actuellement la Ckey, la Frochine et le Baden. Les échanges entre ces 3 cultures sont relativement ambivalents, les échanges commerciaux sont importants mais les frictions sont également assez nombreuses, les chevaliers de Ckey et de Frochine faisant régulièrement face, avec succès, à une masse de guerriers à pied dicarpiens, elsaciens ou toipouvins. Après de nombreuses défaites Cata face aux souverains Nata, ces premiers vont chercher un adversaire plus à leur taille en la personne des Ets, peuples faiblement armés et habitant des terres bien moins hostiles que les leurs.
Après une succession de nombreux saccages, les Cata vont progressivement s’installer dans la région du delta de l’Erdrin et avancer, avec une certaine difficulté vers le bout du delta. Les Cata, peuple de la terre, ne connaissent pas la maîtrise relative des eaux du delta par les Ets et vont presque immédiatement abandonner l’entretien de leurs ouvrages, à commencer par les digues. Faute d’entretien constant, les digues et vannes vont rapidement être détruites par les plus puissantes tempêtes hivernales, détruisant presque totalement certaines îles du delta, habité par les Cata. La “conquête” du delta par les Cata est alors totalement stoppée et les Ets peuvent accélérer leur repli vers les îles plus protégées du Nord, en premier lieu Roune. Cependant, avec le temps, les Cata apprendront de leurs erreurs et feront plus attention aux ouvrages hydrauliques qui les entourent, en reconstituant avant tout de nombreuses digues.
Grâce à des conditions météorologiques globalement plus clémentes et à une plus grande maîtrise des ouvrages hydrauliques construits par les Ets, les Cata peuvent reprendre leur conquête du delta vers l’an 359. En revanche, elle s’avère beaucoup plus compliquée qu’initialement, comme dit précédemment, les Ets ont profité des péripéties des Cata pour se replier et renforcer leurs principales villes en imaginant plusieurs lignes de défense aquatique mais également en érigeant d’importantes murailles en pierre, en remplacement des clôtures en bois. Les Cata peuvent donc moins piller les villages Ets, complètement désert et vide et engagent alors de longs sièges des principales villes. La première à tomber sera Defort en 366, suivi l’année d’après par Donestal, se sera ensuite le tour d’A’Rosay en 369, de Bois Hardy en 370 et enfin de St Agnan en 373. Le siège est extrêmement compliqué puisque les Ets sont massivement soutenus par les souverains Nata, en particulier le roi de Ckey qui assure la quasi-totalité de l’approvisionnement de ces villes par la mer, depuis les ports ckeyois de Nazer et Le Roto. Cela va pousser les Cata à construire de véritables navires de combat en mer pour essayer de stopper l’approvisionnement des villes Ets.
La dernière île Ets résistante à la conquête des Cata est la plus importante de toute : Roune. Le siège qui la touche est extrêmement important puisqu’au fur et à mesure de la levée des sièges, les combattants Cata sont positionnés autour de Roune et l'approvisionnement par la mer est extrêmement difficile face à la montée en puissance de la marine des Cata. En 374, de très nombreux navires ckeyois, environ une cinquantaine, sont coulés en l’espace de quelques semaines au large de Roune par les Cata. Par ailleurs, la pression sur l’enceinte de la ville est de plus en plus forte et la famine touche toute la ville et toutes les classes sociales. Les dirigeants Ets se résoudent alors à implorer l’aide du roi de Ckey pour déloger les Cata des alentours de Roune. Le roi de Ckey va immédiatement entendre son appel, tout en voulant venger l’affront de la destruction d’une partie de sa flotte, il va alors lever une gigantesque armée avec l’aide de ses puissants alliés, le Koenisbourg, souverain du Baden et les Norter, duc de Frochine.
En quelques semaines, les armées ckeyoises, badenois et frochiniennes délogent les Cata d’une grande partie du sud du delta, là où ils étaient pourtant implantés depuis plus de deux décennies. Leur remontée vers le Nord est fulgurante et grandement aidée par l’alliance des deux puissantes marines du Baden et de Ckey qui vont libérer toutes les grandes villes en l’espace d’un été. Vient enfin le moment fatidique de forcer la levée du siège de Roune, les Nata installent alors un second siège, encore plus important, pour empêcher toute aide des souverains Cata envers leurs guerriers. Les escarmouches sont nombreuses et dégénèrent rapidement en bataille importante au pied de la muraille de Roune. Finalement, le siège ets totalement levée le 4 septembre 375 après l’assassinat, 2 jours plus tôt, du roi de Dicarpie, Alastor III par la duchesse de Frochine, Clothilde Norter. Cette bataille bien plus longue, ayant notamment pour origine le “serment de la clairière” est aujourd’hui le mythe fondateur de la naissance du royaume du Canta, le 6 septembre 375 par les rois Sirius de Koenisbourg (Baden), Merlin de Ckey et Clothilde Norter (Frochine) auquel viendront s’ajouter très rapidement les représentants Ets et Cata d’Elsace, du Nord, du Toipou et de Dicarpie.
La capitale du royaume est alors fixée, de manière consensuelle, à Roune, ville relativement petite mais très riche et extrêmement belle. Elle est en outre située à un emplacement idéal, dotée d’un grand port au bord de la Manche Blanche permettant des liaisons rapides vers les anciennes grandes capitales royales du Roto et de WeissBorer mais également au bout du chenal de l’Escrot occidental, permettant une liaison rapide vers l’Erdrin, fleuve qui irrigue une grande partie du territoire du jeune royaume. Dans les décennies suivants la fondation du royaume, les Ets vont avant tout concentrer leurs efforts sur les ouvrages permettant l’accès et la protection de Roune, au détriment du reste du delta qui va progressivement se couvrir de tourbes.